Chapitre 2
POINT DE VUE EREN.
Le silence régnait en maître dans la voiture alors que nous nous dirigions vers une destination qui m'était encore inconnue.
Calme, lourd, malaisant*...
Ce silence qu'on s'imposait mutuellement, et qui ne laissait ouïr plus que le ronronnement constant du moteur de la bagnole, se révélait à la fois réconfortant et dérangeant. L'obscurité de la nuit, parfois compromise par l'éclat de certains lampadaires, raffermissait cette ambiance accablante, cette tension palpable qui ne faisait que raffermir mon mal-être. Ma respiration ayant néanmoins fini par se régulariser au fil du temps, bien que certains tracés de larmes épuisées demeuraient distinguables sur mes pommettes empourprées, longeant mon visage telles des rivières asséchées.
La fraicheur de la glace submergea ma tempe dès l'instant où ma tête rencontra la fenêtre du véhicule, la charge incommensurable de l'humiliation persistant à me ronger l'âme, émiettant impudemment ce qui me restait de dignité. Quand mon attention s'hasarda sur divers passants qui flânaient inconsciemment dans les rues de la ville, une vision vis-à-vis laquelle j'eus de la difficulté à déglutir convenablement. Un poids lourd s'insufflant par l'intermédiaire de mon œsophage, n'omettant aucunement de faire resurgir les souvenirs de cette poigne abusée contre ma gorge, de ces doigts gras comme de ces ongles acérés qui n'eurent possiblement guère failli à graver ma peau au fer rouge. Divers hématomes ayant sans le moindre doute d'ores et déjà commencé à jaillir sur celle-ci, peignant mon épiderme d'une multitude de couleurs violacées qui par leur présence en elles seules suffiraient à m'illustrer l'ampleur des dégâts. Une ébauche qui parvint sans nulle difficulté à rembrunir mon regard déjà bien assombri par la mémoire de toutes ces atrocités alors que des tremblements persistaient à tirailler mon corps sans que je ne puisse y remédier.
Eh bien qu'il n'eut suffi davantage de temps avant que j'eusse senti Levi me prendre la main, tentant possiblement de me réconforter sous l'emprise de l'inquiétude qui devait incontestablement le ronger, ses prunelles grises cherchant à croiser les miennes vertes-bleutées. Pas la moindre parcelle d'hésitation ne m'entrava la route lorsque j'eus entrepris de rompre le contact de nos doigts d'un geste nonchalant. Des larmes menaçant nouvellement de parer la barrière de mes yeux sans pour autant qu'elles ne daignent se déverser sur mes joues, ce terrible sentiment de pitoyabilité m'incitant à ravaler mes sanglots avec une peine insoutenable. Ne sachant simultanément pas ce qui m'insupportait le plus : voir les gens persistés à déambuler dans les rues en toute assurance après l'horreur à laquelle je venais d'être confronté, ou sentir le regard affligé du noiraud posé sur moi, accentuant par ce fait ma culpabilité en dépit de cet inconfort intenable.
∞∞∞∞∞∞∞∞
Un peu plus de dix minutes se fut encore écoulé avant que le retentissement des pneus circulant soudainement sur ce qui me parut comme étant un sentier de gravelle ne s'émisse dans mes oreilles. Une petite maison plus ou moins délabrée, et dont la verdure abondante dévoilait aisément son ancienneté surgit dans mon champ de vision. Le paysage persistant à défiler sous mes yeux ternis par la désillusion, jusqu'à ce que le conducteur n'opte finalement à stopper la voiture, éteignant le moteur d'un geste habile, ce qui provoqua la répercussion de plusieurs éclats métalliques se rattachant à la fonte d'une multitude de clefs qui s'entrechoquaient dorénavant les unes aux autres. La sonorité des vêtements se frictionnant abruptement à l'imitation de cuir qui recouvrait les sièges m'incitant à croire que le châtain venait de se retourner dans notre direction. Un pressentiment qui fut fondé lorsque j'eus senti le regard avisé de ce dernier voyager de ma personne à celle de Levi, nous dévisageant tour à tour sans pour autant que je ne daigne lui prêter la moindre attention. Celle-ci étant momentanément focalisée sur un seul et même point pourtant superficiel, si ce n'est même existant. Un voile compact obscurcissant mes iris teintées de vert, mais également bourrées d'une intense révulsion. Quand la rouquine, qui résidait pour sa part sur le second siège avant, déboucla subitement sa ceinture de sécurité, émettant par ce fait une sonorité qui parvint aussitôt à me pétrifier, les pulsations de mon cœur s'intensifiant davantage sous l'effroyable soubresaut que m'eut procuré cet écho. Un écho ne cessant dorénavant plus de se réitérer dans mon esprit, faisant ainsi ressurgir chacune de mes insécurités et renforçant également ces sensations répugnantes dont était désormais imprégnée ma peau. L'air cessant brusquement de s'infiltrer dans mes poumons aux seuls souvenirs de ce parterre gelé éraflant mes cuisses mises à nues, de cette puissance exercée sur mon corps comme du touché de ces mains effroyablement baladeuses. Des pensées qui ne tardèrent pas le moins du monde avant de m'engendrer une chair de poule des plus insupportables tandis que mes muscles se contractaient sous l'agitation, redoublant leurs spasmes incontrôlés.
« Eren ! »
Je parvins difficilement à discerner une voix grave et familière, mais dont je ne parvins cependant pas à capter le sens des paroles m'étant adressées, la lourdeur de mon crâne me procurant la désagréable impression de sombrer sous l'eau. Cette pression qui m'engloutissait tout en m'obstruant les tympans, me séparant par ce fait d'une quelconque forme de réalité, ce qui me déstabilisa davantage, accentuant la panique qui me rongeait l'être depuis déjà bien trop longtemps. L'adrénaline se déversant dans mes veines au même titre qu'une forte injection de stupéfiant illicite, n'omettant guère d'engendrer la descente de plusieurs sueurs froides sur mon épiderme, et qui longèrent mon dos dans une sérénité déconcertante.
« Oi, calme-toi... ! » Poursuivi cette seule et même voix d'un timbre pourtant si mal assuré, Levi entreprenant manifestement de se rapprocher de moi, un air inquiet déformant ses traits. Mais sur lequel je ne sus toutefois m'attarder, m'empressant de repousser violemment la main qu'il me tendait dans un élan de panique excentrique avant que je ne me recule prestement. La peur m'incitant à m'éloigner au maximum de sa personne, jusqu'à plaquer mes omoplates à la portière de la bagnole.
« Ne me touche pas ! » J'ordonnais en lui hurlant comme jamais auparavant, espérant sans doute tracer une frontière par-delà ces paroles insensées, car effrayé à la simple idée qu'il puisse pauser ne serait-ce qu'un seul doigt sur cette peau souillée.
« Ere —
Ne t'approche pas j'ai dit ! » J'ajoutais précipitamment, cherchant aveuglément la poignée derrière mon dos que j'eus dénichée dans la seconde, l'enserrant fermement de mes doigts tremblants. Les larmes dévorant cependant mes yeux de constater la douleur que suscitaient mes paroles au noiraud, celui-ci s'étant figé sous cette dernière revendication, une once de tristesse parcourant ses prunelles grises qui me broya le cœur malgré ma frayeur, honteux de lui générer pareille souffrance.
Une expression neutre n'ayant toutefois guère tardé à s'emparer de ses traits, substituant de ce fait cette douleur fulgurante sur sa figure lorsqu'il dévia légèrement la tête vers ses deux compagnons, interpellant subséquemment son amie qui m'observait silencieusement. Ses grands yeux verts semblant sonder mon âme de toute part, amplifiant ce sentiment de pur malaise dans ma poitrine, mais également cette peur constante de ne pouvoir parvenir à prédire les prochains événements. La rouquine s'étant toutefois résolue à glisser ses iris chargées d'une curiosité déconcertante vers son interlocuteur, le considérant quelques instants de son regard flamboyant. Ce qui renforça cette tension insoutenable, l'air nous oppressant à la manière d'un vulgaire rouleau compresseur jusqu'à ce que je ne puisse nouvellement distinguer la voix de l'Ackerman raisonner à mes côtés. Une voix terne, presqu'éteinte qui ne lui ressemblait pas.
« ... Jt'en prie. » Il avait péniblement poursuivi à l'égard de la jeune fille, le dos vouté sous la culpabilité qui semblait impitoyablement l'accabler à l'instant où ses mains se crispèrent sur son jean délavé par le temps. Une attitude qui parvint sans nulle difficulté à me pétrifier, car n'ayant jamais entendu la moindre supplication franchir les lèvres de mon petit-ami. Mes yeux peinant à se détacher de sa personne tandis que ses camarades le dévisageaient d'une surprise mal dissimulée, mais belle et bien partagée. Un air déterminé n'ayant toutefois guère tarder à surgir sur leur visage lorsqu'ils acquiescèrent du même pas. Tous deux s'affairant à descendre de la Mercedes, faisant ainsi retentir le claquement sonore de leur portière respective. Ce qui raviva ma nervosité, mes iris ayant brusquement dérivées vers l'endroit d'où semblait survenir le fracas jusqu'à ce qu'elles ne fussent attirées par la fine silhouette de la rousse qui se dessinait vaguement à travers la pénombre extérieure. Seule la clarté de la lune m'apprenant qu'elle s'empressait de contourner la voiture. Une observation qui ne fit qu'accélérer ma respiration déjà bien difficile alors qu'un silence déchirant amplifiait mon inconfort. L'anxiété m'incitant tant bien que mal à focaliser l'entièreté de mon attention sur le noiraud dont les prunelles n'avaient jusqu'alors déviées leur trajectoire du pare-brise. L'accablement le pressant cependant à relever les yeux pour aussitôt se passer nonchalamment les mains sur le visage, remontant farouchement ses mèches en pagaille vers l'arrière de son crâne.
Son regard finissant toutefois par s'ancrer dans le mien au bout de plusieurs secondes, lorsqu'on ouvrit précautionneusement ma portière, générant par ce fait la diffusion d'une source de lumière automatique. Un fait qui m'incita à me retourner précipitamment sous l'impulsivité, délaissant un moment les billes grises de l'Ackerman pour ainsi rencontrer celles verdoyantes de cette fille dont je n'étais parvenu à retenir le prénom, un sourire désolé figeant ses traits enfantins alors qu'un vent frisquet s'infiltrait à l'intérieur du véhicule.
« Tu t'appelles Eren, c'est ça... ? » Elle me questionna d'une voix douce, une lueur de tendresse scintillant via la profondeur de ses pupilles. « Viens avec moi, je vais te soigner... Enfin, du mieux que je peux ! » Elle précisa avec entrain, m'offrant l'un de ses plus beaux sourires qui ne suffit cependant pas à m'apaiser comme il se devrait. Une boule d'angoisse demeurant stagnante dans mon estomac, jusqu'à ce que je ne reporte mon attention sur Levi, le considérant de mes orbes empreints d'une incertitude démesurée, et qui lui provoqua un soupire presqu'inaudible. Ce dernier ne sachant manifestement plus comment réagir au vu des événements précédents.
« Aller gamin... » Il renchérit pourtant d'une faible intonation, quoique bien trop faible pour lui concorder. La poigne de ses mains liées se renforçant sobrement lorsqu'il discerna mon hésitation constante. Bien que mon corps eût bougé de lui-même à la simple éventualité de devoir demeurer dans cet état de débauche intenable, une réalité qui me contraignit bien malgré-moi à supporter le contact d'autrui. La rousse m'offrant de nouveau son aide afin que je puisse me remettre sur pieds pour ensuite refermer la porte d'un revers de la main. Celle-ci entreprenant simultanément de me conduire à l'intérieur de cette bâtisse insalubre alors que Levi demeurait dans cette bagnole dont les vitres teintées restreignaient ma vision, ce dernier ne semblant s'autoriser à sortir qu'une fois que je fusse assez loin, claquant sa portière d'une rage dont je fis abstraction.
∞∞∞∞∞∞∞∞
« Attends-moi ici, je reviens. » Me fit savoir la rouquine une fois que nous eûmes franchi l'embrasure de ce qui me parut être une salle d'eau. Mon interlocutrice me considérant encore quelques instants de son regard bourré d'une indécision nouvelle jusqu'à ce qu'elle ne se résolve à repartir précipitamment. La sonorité de ses espadrilles retentissant faiblement dans les couloirs de l'endroit sans pour autant que je ne songe à m'y attarder. Ce sentiment de pure malaise psychologique se revigorant au creux de mon être tout entier tandis que je constatais l'obscurité omniprésente de cette pièce bien trop étroite à mon goût. Une obscurité que je ne pouvais qu'associer à la noirceur précédemment générée par cette capuche répugnante sous laquelle j'eus suffoqué plus tôt, et que j'eus vainement tenté de contrer. Mes yeux parcourant la salle d'un bout à l'autre dans l'attente inespérée de parvenir à distinguer quelque chose de familier et qui parviendrait à me tranquiliser, sans succès. L'absence de lumière ne tardant plus l'ombre d'une seconde avant de parvenir à me déstabiliser complètement, une crainte soudaine m'incitant à me reculer précipitamment, ce qui me fit aussitôt perdre pied, bien que je parvins à me cramponner dans un réflexe purement spontané. Mon cœur frappant si fortement contre ma cage thoracique qu'il me fut possible d'en discerner les battements, ce qui m'empêcha par ce fait de réfléchir convenablement. Le bout de mes doigts défilant simultanément sur la surface du gyproc afin d'en parcourir le moindre millimètre, cherchant désespérément la trace d'un interrupteur qu'ils eurent d'ailleurs aisément déniché, agitant frénétiquement le commutateur sans pour autant que le moindre rayon de luminosité ne se manifeste en soi. Une constatation qui suffit à décupler mon effarement, les larmes qui me montèrent aux yeux menaçant de me faire succomber au même titre que ma respiration de plus en plus difficile.
« N-Non... je, c'est pas possible, il doit sûrement... » Je bafouillais sous l'affolement, mes prunelles ne sachant plus où se poser dans ce noir inquiétant, jusqu'à ce je ne parvienne à distinguer l'ombre de ce qui me sembla être une lampe à l'huile. Celle-ci résidant sur le comptoir de la salle d'eau auquel je me fus accroché plus tôt de manière à m'éviter une chute des plus lamentables.
« Dieu merci... ! » J'ajoutais dans un souffle à peine audible, une lueur d'espoir s'illuminant au fond de mes pupilles lorsque j'eus constaté au touché qu'il s'agissait bel et bien de la chose escomptée et que je me fus appropriée avec empressement. L'une de mes mains palpant aveuglément le dessus de cedi comptoir dans l'intérêt d'y trouver un briquet, ou encore, une vulgaire boite d'allumettes. Ce qui ne tarda heureusement pas à me tomber sous la main. Un sentiment de pur soulagement s'insufflant aussitôt dans ma poitrine lorsque j'eus distingué la multitude de bâtonnet qui logeait sagement dans cette petite boite au creux de ma paume et dont la quantité assez suffisante m'eut permis, d'un geste plus ou moins pourvu de tremblement, de faire surgir les flammes. Faisant ainsi naître un feu dansant qui ne tarda pas l'ombre d'un instant pour embraser les murs de ses couleurs rougeoyantes, propageant une chaleur agréable qui parvint à m'apaiser sobrement. Chacun de mes muscles se décontractant moindrement, jusqu'à ce que mon regard ne trace son chemin vers mon reflet, dans ce miroir qui me faisait face, mais dont je n'avais précédemment, par l'absence d'une quelconque clarté, guère discerné la présence.
Mon souffle se rompit sous la vision qui me fut offerte, les larmes inondant ces rangées de cils propre à mon regard écarquillé, brillant d'une stupeur momentanée, presqu'aussi douloureuse que ces blessures dont était marquée ma peau d'une surface habituellement si lisse et sans imperfection.
Plusieurs secondes s'écoulèrent durant lesquelles je demeurais immobile, comme s'il me fallait réaliser qu'il s'agissait belle et bien de moi, de ce jeune homme qu'il fut un temps, souriait à tout va. Ou encore de ce petit garçon qui, depuis sa plus tendre enfance, n'espérait qu'une chose, poursuivre le rêve de sa mère et devenir un chorégraphe de renommée...
J'entrepris de considérer ce qui restait de cette âme insouciante, j'observais cette lèvre inférieure à la plaie béante et gonflée, cette sève grasse et rougeâtre imbibant mon cuir chevelu d'un naturel pourtant si soyeux. Je constatais ces mèches brunes plaquées contre mon front, sans oublier ces giclées de sang qui ne passèrent guère inaperçu, peignant ma figure d'un rouge pourpre scandaleux. Une multitude d'ecchymoses trainant ici et là, grugeant ma peau de leurs nuances jaunâtres, bleuâtre, voir même violacées sur certains fragments de cet épiderme malmené.
« Tu vas continuer à nier si jm'en prend à ta pute ? »
Ces paroles me revinrent à l'esprit sous l'aspect d'une effroyable gifle, élargissant mes lèvres en une grimace écœurée. La distinction de plusieurs démarcations à même imprimées sur ma gorge entravant ma déglutition, déjà bien difficile.
« Attend... ! Lâche-moi ! »
L'écho d'un rire morbide se réitéra dans mon esprit à la manière d'un éclat foudroyant, déchargeant une trolée de souvenirs les plus atroces les uns que les autres. Mon estomac se tordant de douleur alors que je me revoyais giser sur le sol glacé de ce parterre rugueux, le dos maintenu sur l'asphalte et les cuisses en l'air. Mon intimité bien en vue face à ces voyeurs, ces monstres... Face à Levi.
« Arrête de bouger ! Tu me casse les couilles, sale merdeux ! »
« C'est pas ton boulot de faire la pute ? Tu devrais être habitué depuis le temps... »
« Donc t'es puceau... C'est encore mieux ! Pas vrai Ackerman !? »
« Regarde-moi bien voler la première fois de ta petite trainée. »
Il n'en suffi guère davantage avant qu'une envie de nausée ne me submerge, un flot d'acidité gravissant les échelons de ma gorge telle une lave en fusion lorsque j'eus resongé à ces attouchements ignobles précédemment exercés sur mon corps, l'imprégnant à jamais d'une saleté sans nom. Ces répliques abjectes suffisant en elles seules à faire ressurgir un séisme de diverses sensations immondes, influant en moi l'indéniable impression d'avoir été souillé. Une ébauche cauchemardesque sous laquelle je sentis mes jambes flageoler de surcroit tandis que je menais une paume à mes lèvres avec précipitation. Le boitier d'allumette m'ayant systématiquement glissé des mains avant d'atterrir sur le sol dans un bruit strident. Mes pas m'engageant presqu'aussitôt vers la cuvette de la pièce de sorte à ce que je puisse y vider mes tripes à l'instant même où le retentissement de la porte d'entrée se fit entendre. Quelques bribes de conversation s'infiltrant partiellement par le canal de mes tympans sans tout du moins s'avérées net et précis sous le bruissement de ma régurgitation. Des larmes de frustration, mais surtout d'humiliation se hâtant à me brouiller la vue, irritant mes yeux de leur aigreur, quand on cogna à la porte préalablement restée grande ouverte. Une constatation qui me fit tressaillir d'une violence incommensurable, honteux qu'on puisse me voir dans un état aussi déplorable. Bien que je ne pus réfréner une once de soulagement lorsque j'eus reconnu la silhouette de cette petite rousse et non celle de Levi, n'ayant aucunement l'envie de ternir davantage mon image à ses yeux bleu-gris.
« Attend, je vais t'aid — » Me proposa soucieusement mon interlocutrice avant que je ne lui coupe la parole, la dissuadant silencieusement de m'offrir son aide alors que je tentais misérablement de me relever, passant outre ces étourdissements ainsi que ce mal de crâne abominable.
La jeune fille ayant toutefois fini par s'approcher au bout de plusieurs secondes suivant mon rejet. Celle-ci ayant sagement patienté que je me fusse convenablement installé sur le couvercle de la toilette avant de ne se départir d'une frêle couverture laineuse qu'elle m'eut déposée sur les épaules d'un geste consciencieux. Une action qui me prit de court à l'instant où j'essuyais mes lèvres encrassées d'un revers de la manche, mon cœur ayant semblé s'arrêter l'espace d'une seconde quand l'écoulement d'un fluide jaillissant d'une bouteille d'eau minérale me fit revenir à la réalité. Ma vis-à-vis ayant visiblement entreprit de verser plusieurs ML dans une bassine prévue à cet effet avant d'y plonger un linge qu'elle tordit à la suite. Une expression concentrée figeant ses traits méprenables tandis qu'elle considérait la guénille de ses grands yeux verts, sa langue franchissant ses lèvres rosées pour aussitôt disparaître derrière ces dernières lorsqu'elle s'approcha de moi d'une démarche assez calme, mais qui ne suffis cependant pas à me mettre en confiance. Tout mon corps se raidissant au seul contact de ses doigts contre ma peau, ce frêle morceau de tissus arpentant mon visage défiguré par les hématomes dans une délicatesse inouï qui parvint bien malgré tout à me faire grimacer. Ma mâchoire se contractant légèrement sous la douleur occasionnée tandis qu'un léger rictus naissait sur la figure de ma congénère, son regard navré brillant sous la lueur de la flamme à l'instant même où elle recula craintivement sa main, possiblement de peur de ne m'infliger plus de mal. La rouquine ayant cependant bénéficié de ce moment d'incertitude pour rincer son linge imbibé d'hémoglobine, faisant ainsi retentir les divers éclats de perle rosées dont la résonnance seule parvenait à briser ce silence pesant qui nous surplombait depuis maintenant quelques minutes.
« ... Comment vous êtes-vous connu ? » Ces mots m'eurent échappé, bien qu'ils fussent à peine audibles de par la détérioration de ma voix, mes cordes vocales ayant manifestement subi des dommages sous ces précédant cris de désespoir. Une observation qui me fit resserrer ma prise sur mon jean sous l'œil attentif de la jeune rousse qui me toisa silencieusement, reportant son linge sur ma figure afin d'en éponger le maximum de sang.
« Disons que c'est une longue histoire... » Elle eut fini par m'avouer dans un maigre soupire, ancrant ses prunelles indélébiles dans les miennes intelligible. Un certain lapse de temps s'écoulant encore avant qu'elle ne poursuivre d'une voix conciliante, ses épaules s'affaissant sobrement alors qu'un faible sourire prenait place sur ses fines lèvres.
« Comme tu le sais, chacun à sa part d'ombre dans sa vie... » Elle entama tristement, éveillant par ce fait ma curiosité. « Je ne sais pas s'il t'en a parlé, mais il fut un temps où plus rien ne comptait réellement aux yeux de Levi. » Elle m'eut admis en baissant quelque peu son regard emplis d'une profonde mélancolie. « Disons que c'est durant cette période que nos chemins se sont croisés... » Elle poursuivi sans interrompre sa tâche, me remémorant de ce fait cette discussion que nous avions échangée ce fameux soir, où la maison de mon oncle avait été saccagée.
Mon interlocutrice s'abstinent toutefois d'en dire davantage alors qu'elle déviait ses orbes de ma personne, cette dernière se détournant de manière à mieux abreuver sa guénille dans la bassine prêt de l'évier, la tordant derechef pour ensuite revenir à moi, ce même regard empreint de tristesse figeant son visage enfantin.
« Crois-moi, j'aimerais pouvoir t'en dire plus, mais ce n'est pas à moi de le faire... » Elle ajouta calmement, l'une de ses paumes se posant sur la poigne de ma main qui froissait encore et toujours le tissu de mon pantalon. « Saches seulement qu'il n'y est pour rien. Il a seulement été au mauvais endroit, au mauvais moment... » Elle m'assura sur un ton compatissant qui parvint à me donner des frissons, mes yeux peinant à se détacher des siens lorsqu'elle ajouta :
« S'il te plaît, ne sois pas trop dure envers lui... Il n'a pas vraiment eu la vie facile par le passer, et le voir comme ça aujourd'hui... »Elle fit une pose en baissant de nouveau les yeux, un air réfléchi s'emparant de ses traits. «Je crois bien ne jamais l'avoir vu tenir autant à quelqu'un... »
∞∞∞∞∞∞∞∞
Deux heures sonnèrent lorsque Levi et moi eûmes franchi le seuil de la porte d'entrée de chez Hannes, les camarades de mon petit-ami nous ayant reconduit à domicile une fois qu'Isabel, la fameuse rouquine, eut fini de me soigner.
J'observais les alentours de cette maisonnée, considérant le silence omniprésent des lieux pour ensuite retirer mes chaussures une à une sous le regard inquisiteur du noiraud qui n'échoua guère à me rendre mal à l'aise. Ce dernier ayant cependant semblé vouloir m'adresser la parole avant que je ne m'empresse de lui couper la parole, m'éloignant quelque peu de sa personne, un sourire crispé sur mes lèvres encore tremblotantes.
« ... J-Je, je vais prendre une douche, OK ? » Je fis d'une voix non-contrôlée, mes doigts ne cessant de gigotés malgré le soulagement qui m'eut préalablement submergé en constatant l'absence de mon tuteur, pour une fois réconfortante. « Je serai pas long... » J'ajoutais sans lui laisser la chance de répliquer quoique ce fut, gravissant d'ores et déjà l'escalier à pas pressant, car ne sachant comment lui faire face, mais surtout puisque je n'avais qu'une envie, me décrasser au plus vite.
À peine fus-je arrivée à l'étage que je me précipitais dans ma chambre afin d'y dénicher quelques vêtements que je ne pris guère la peine de choisir, poursuivant aussitôt mon chemin vers le placard à serviette avant d'atterrir dans la salle de bain. La froideur du carrelage refroidissant la base de mes pieds à l'instant même où j'eus pénétré dans la pièce, mes doigts activant l'interrupteur d'un geste habile tandis que je refermais la porte d'un revers de la main. Ma pile de vêtements trouvant bien rapidement sa place sur le comptoir avant que je n'opte à me dévêtir de ces habits maculés de sang, et qui d'ailleurs, ne tarderaient plus à finir leurs jours dans la poubelle la plus proche, n'ayant aucunement l'envie d'associer quoique ce soit à cette effroyable soirée.
Un certain lapse de temps défila durant lequel j'eus examiné mes contusions dans la glace, de même que ces bandages soigneusement posés par l'aide d'Isabel, mais dont je dû me défaire bien assez vite, faute de ne pouvoir me doucher en leur présence.
Cinq, dix minutes s'écoulèrent tandis que je poursuivais cet examen, mes prunelles résolument posées sur mon reflet, jusqu'à ce que je ne me décide à les détourner de ce carnage abominable. Mes pas s'engageant d'eux-mêmes en direction de cette douche tant convoitée à la suite de quoi je m'y fus faufilé, tirant sur le revers du rideau sans oublier d'enclencher la champlure pour aussitôt m'emparé du gel-douche. L'eau glacée ne tardant guère à ruisseler sur mes muscles endoloris, inondant mon cuir chevelu sans pour autant que je n'en tienne compte, me souciant peu de la température, car bien trop obnubilé par l'idée fixe de parvenir à me nettoyer de fond en comble, et ce, dans les plus brefs délais. Mes doigts arpentant le moindre millimètre de cette peau halé, la savonnant au mieux, et à plusieurs reprises. Seulement, tout juste j'eus entamé la répartition du shampoing sur mon crâne que mes plaies commencèrent à me brûler, l'eau savonneuse suintant sur celles-ci dans une lenteur affligeante alors que la panique commençait progressivement à refaire surface. Chacune de mes pensées se confondant les unes aux autres sous ces sensations, ou encore, sous cette odeur qui ne semblaient vouloir se dissiper malgré la quantité exorbitante de gel que j'eus utilisé pour m'en défaire.
Je senti ma respiration devenir pantelante sous la boule d'angoisse qui se forgeait peu à peu au creux de mon estomac, mon cœur se retrouvant submergé d'un cataclysme d'émotions distincts qui parvint à m'ébranler plus que de raison. Chacun de mes gestes devenant plus rustre, plus précipités. Si bien que des plaques rouges, ainsi même que des griffures se mirent à surgir sur divers endroits de mon épiderme. Une observation qui me fit rater un battement, la bouteille de shampoing me glissant simultanément des mains sous le choc cataclysmique. La soudaine impression de suffoquer m'incitant prestement à refermer le levier de douche avant que je ne songe à sortir précipitamment de la baignoire, des larmes chaudes dévalant mes joues alors même que j'eus manqué de tomber à deux reprises, m'emparant maladroitement de ma serviette que je parvins tant bien que mal à poser autour de ma taille malgré ma crise. L'émotion forte suffisant finalement à me faire m'effondrer sur le parterre froid de la pièce, mon dos s'appuyant systématiquement contre le rebord du bain à l'instant où j'eus ramené mes jambes contre ma poitrine. Ma tête ne tardant pas le moins du monde à s'enfoncer dans mes bras tremblant tandis qu'une multitude de sanglots surgissaient de ma gorge devenue douloureuse, des torrents de perles inondant mes lèvres de leur saveur amères.
J'avais craqué.
∞∞∞∞∞∞∞∞
* Malaisant : Terme québécois pour désigner le malaise générée par une situation.
Bonjouuuuuuur !! Oui, oui ça fait un bail en effet, mais sachez que je travail sur ce chapitre jour pour jour depuis un mois, no joke o.o
Les pdv Eren me donnent vraiment du fil à retordre hahaha....... 😅 Que diriez-vous d'un pdv Levi ? 😏 Vous voulez savoir ce qui se passe dans la tête de notre cher Ackerman, je me trompe ? 😏
Enfin personnellement, je n'ai qu'une hâte, être dans sa tête ! Hahahaha
Sinon, comme toujours, j'espère que ce chapitre vous à plus sinon je vais faire une dépression nerveuse ! X'DDDD (J'ai vraiment galérée !!) Sur ce, si vous avez apprécié, n'oubliez pas de mettre une petite étoile, ça fait toujours plaisir ! ^^ Et commenteeez, je vous adores !
Donc voilà, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et À TOUTE MES CHÉRI(E)S ! On se retrouve bien vite (espérons-le) Pour le chapitre 3 !! :3
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