XVII - Rayons de Soleil
Je suis réveillée par les rayons du soleil. Cela devrait me faire penser à Luna qui pianotait souvent de ses doigts fins le long de la peau mon ventre quand nous nous réveillions en disant : « Tes cheveux sont plus roux au Soleil.» D'autre fois elle m'avait dit que j'étais le Soleil et elle, la Lune. Et je me souviens avoir trouvé ça très romantique, mais en même temps, moi et le romantisme, ça faisait plus de deux. Maintenant les mots doux de Luna me laisse un gout écoeurant dans la gorge, parce qu'une partie de mon cerveau pense qu'elle me mentait. Elle n'en pensait pas un mot. Alors que c'est faux. Je n'ai rien voulu entendre mais ce qu'elle m'a expliquer reste dans mon inconscient : elle n'était pas amoureuse de moi, mais elle m'aimait quand même plus que tout. Parce que, il parait que l'aromantisme diffère énormément en fonction des personnes mais tout de même, iels ne sont pas "sans sentiments", au contraire, iels ne ressente juste pas d'amour romantique et ne le place pas au sommet. Alors, pour Luna, j'étais une amie. Mais d'une amitié très puissante comparable à de l'amour... car pour Luna l'amitié n'est pas moins importante que l'amour. Moi, j'y comprends pas grand chose, même quand j'essaye, et je crois pas que je puisse. Comme pour la non-binarité. Je n'avais pas compris comment elle pouvait ne pas être une fille alors qu'elle se genrait au féminin, qu'elle mettait des robes tout le temps, qu'elle était douce et avait toutes les qualités d'une femme. Ou comme l'autisme, je ne comprenait pas toujours sa façon de penser et d'agir, de se comporter. Pourquoi faisait-elle ça comme ça ? Mais je pouvais respecter et m'adapter. Ce n'est pas toujours à elle de le faire.
De toute façon, Luna et la rupture n'effleure pas mon esprit quand je me réveille. Je savoure seulement la chaleur du soleil qui passe depuis la fenêtre. Et puis, je n'ai encore aucune envie de me réveillé alors je garde les yeux fermé et je visualise les trois cactus posés sur le rebord de la fenêtre. Je ne les vois pas -car mes paupières sont closes si vous avez suivi, vous le savez- mais comme ils sont là depuis que j'ai emménagé ici je sais qu'ils sont très heureux d'avoir du soleil et qu'en face d'eux il y a un autre immeuble très beau et un magasin de légumes, qu'il y a la rue en travers avec la poubelle des voisins que personne ne rentre jamais et la voiture du gars qui n'est jamais sortit de chez lui. Et, je sais que je suis dans la seule chambre de l'appart' et que je suis pas seule mais que je n'ai aucune envie de me prendre la tête avec ça.
En fait, j'aimerai vous dire que je n'ai aucuns souvenirs de ce qui s'est passé hier soir, que j'ai bu de l'alcool et que tout à dérapé... sauf que ce serait un mensonge et que, même si je ne suis pas foncièrement opposée aux mensonges -je suis même persuadée qu'ils peuvent sauver des vies- je ne vois pas vraiment l'intérêt de vous mentir. En vérité, j'ai laissé les choses se faire. J'ai senti dans quoi je m'embarquais. J'avais encore pleinement conscience de ce que je faisais et elle aussi mais ça n'a rien empêché. Je me souviens que je l'ai emmenée danser, qu'on s'est embrassée, qu'elle a dit que c'était une mauvaise idée et qu'elle m'a ré-embrassée, et puis, le reste, je vous l'épargne mais vous le connaissez, je le sais.
Et maintenant je n'ai même pas l'impression d'avoir fait une connerie, je ne m'en veux même pas. Et quand j'ouvre les yeux et que mon regard croise le visage de Pansy, dont les cheveux tombent largement devant ses yeux, je ne me demande pas ce qui m'a prit, je me dis seulement qu'elle est belle, et que, franchement, il est très agréable de sentir mon coeur s'éloigner de Luna.
Je tends la main, écarte le rideau de cheveux qui recouvre ses yeux et ça la réveille. Nous nous retrouvons face à face. Une seconde, j'ai l'impression d'être exactement là où je suis censée être, je ne pense à rien, je me sens seulement... heureuse. Et je réalise que je ne l'avais pas été depuis un moment. Mais se moment se brise car Pansy détourne le regard, se tourne sur le dos et pose ses deux mains sur son visage, grognant entre elles.
« Merde. »
Je me lève sans un mot, m'habille rapidement avec ce que je trouve et m'assieds sur le lit. Peut-être qu'elle jure parce qu'elle est en retard de trois heures au ministère, parce que l'affaire des filtres d'amour nous échappe ou parce qu'elle a la gueule de bois... je me dis. Sauf que je sais très bien qu'elle jure à cause de moi. De nous. Elle regrette. Moi non, du moins pas avant, maintenant je me sens honteuse de m'être sentie heureuse car je comprends qu'elle me considère comme une erreur de parcours alors que je continue à tomber amoureuse.
Je sors de la chambre, oublie d'arroser les plantes de Luna et mets ma doudoune puis je part au ministère. Sur le chemin une rage silencieuse me monte à la tête.
Pansy me considère comme une erreur.
Luna n'a jamais été amoureuse de moi.
Toutes les autres filles ne m'ont connue qu'un soir. Tous les autres garçons aussi. Et il n'y avait pas eu de personne non-binaire avant Luna.
Harry avait besoin d'être seul, parce que la célébrité l'étouffait et qu'il n'avait pas l'énergie pour sortir avec qui que ce soit.
Dean aimait Seamus.
Dans tout les cas, mon amour était à sens unique, jamais partagé, toujours un poids pour les autres et jamais réciproque. Et ça faisait mal.
Je suis arrivée au ministère en larmes, mais je n'étais pas triste. J'étais juste toujours terriblement en colère. D'abord contre ce coeur d'artichaut, et puis contre cette vie. Les gens violés à cause de ces stupides filtres et personne qui n'en avait rien à foutre, l'entraineur de Quidditch qui me rappelait qu'une femme qui jouait au Quidditch avait une carrière d'une très faible espérance de vie (parce que "les femmes ne se conservent pas aussi bien que les hommes, voyez-vous, et puis une femme doit arrêter le sport pour fonder sa famille"), et puis Pansy qui m'avait proposé d'aller boire un verre -était-ce elle ou moi ?- et qui maintenant regrettait, parce que je n'étais probablement pas assez bien, comme toujours.
Trop focalisée sur ma rage, je n'ai vu rien d'autre que les films de souvenirs qui se rejouaient dans mes pensées, totalement inconsciente de ce qui se passait autour. Je savais que j'étais dans le hall du ministère, que mes pieds faisaient seuls le chemin que ma mémoire musculaire avait mémorisé depuis longtemps, mais je ne faisais pas attention.
« GINNY ! » Je crois que c'était la voix de Seamus. La main dont les ongles trop longs de fille hétéro griffait mon bras, c'était celle de Hermione. Les filles hétéros ont des ongles trop sophistiqués. Elle me tenait. Je me sus rendue compte que je ne la voyais pas, alors que j'avais les yeux ouvert. Qu'un brouillard opaque de fumé noire me noyait littéralement. Je sentais de la magie s'échapper directement de mon coeur. Ce n'était pas comme lancer un sort avec sa baguette, en s'y attendant et en maîtrisant tout. Là, c'était une magie sauvage et incontrôlable comme celle que j'avais produite à dix ans et demi, quand j'avais inconsciemment balancé la tarte au fraise à la figure de ma tante en plein repas de famille parce qu'elle m'énervait. Tout le monde était tellement fier∙e que je lance mon premier sort que personne n'avait pris la peine de plaindre ma tante, je crois même que Fred et George en avait profité pour la prendre en photo...
« GINNY ! »
Cette fois c'est la voix de Hermione, ma rage part en un clin d'oeil. Je suis agenouillée au sol, j'ai les mains pleines de sang... pourquoi est-ce que j'ai les mains pleines de sang ?
Un bruit fracassant me distrait. Harry sort d'une cheminée et tout va trop vite. Qu'est-ce qu'il fait là, lui ?
Pourquoi tout le monde me regarde comme ça ?
En fait, iels ne le font pas vraiment tous∙tes de la même façon. Hermione, Seamus et Harry sont inquiet∙es, Rajan a peur, et le plus vieux de tous, que je ne distingue pas mais qui doit être chef des aurors, me regarde avec sévérité comme si j'étais une meurtrière.
Et en une seconde je suis dans le bureau de Hermione. Elle, Harry et Seamus sont toujours là, le monsieur autoritaire aussi. Je ne lève pas les yeux, je n'ose pas regarder autour. Plus tard je suis toujours à la même place mais nous sommes le soir et je n'ai rien fait de la journée à part rester là.
Harry s'agenouille prêt de moi, accroupit face à ma chaise. Je serre ma doudoune contre mon ventre.
« Tu as un partonus obscur, Ginny, me dit-il, il a fait du mal à Parkinson. Elle est à St Mangouste. Tu comprends ? »
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