IX - Responsabilité

Média : solnaskin (instagram)

Or, quand j'arrive dans le bureau exagérément parfait de mon amie, celle-ci ne semble pas du tout disposée à me parler. Elle est "débordée" comme elle-dit, même si je doute vu l'organisation apparente de son cerveau que ce soit possible. Elle écrit rapidement à la plume dans une écriture qui reste par miracle terriblement soignée et une pile de dossier montant quasiment jusqu'au plafond est dressée à coté d'elle. Quand j'entre dans le bureau elle ne lève même pas la tête. Quand elle termine enfin son interminable rédaction, elle me regarde, et à ma grande surprise, m'adresse un sourire. Est-ce ce genre de dispute qu'on a quand on est enfant ? Ou une nuit de sommeil finit à tout pardonner ? 

Son visage détendu me déstabilise, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu comme ça, et même si ça m'a manqué, j'ai aussi peur qu'elle se souvienne qu'elle a été très en colère contre moi durant ses dernières semaines. 

Comme je reste figée avec une expression confuse qui montent dans mon arcade sourcilière, Hermione soupire. 

« Je réfléchis à faire voter une lois pour l'interdiction des filtres d'amours, annonce-t-elle. 

Je m'assieds sur la chaise placée en face de cette qu'elle occupe, le bureau nous séparant, s'il était utile de cacher mon enthousiasme j'en serai incapable. Depuis le temps que je lui dis ! 

- Vraiment !? C'est génial ! Pourquoi tu ne le fais pas ?

Son regard se fait un peu plus froid et je me souviens de la fragilité de nos liens, ses derniers temps. Je sens qu'elle vas encore me reprocher ma vie dysfonctionnelle sans mari, enfants, ou travaux à grande responsabilité -selon elle, je rappelle que je suis quand même responsable d'affaires criminelles !- mais elle contrôle son exaspération envers moi. 

- En temps que Ministre de la Magie j'ai la responsabilité de satisfaire tout le monde. J'ai reçu de nombreuses demandes d'interdictions de filtres d'amours depuis que j'ai débuté, mais surtout de la part d'association de féminisme sorcier, et, tu sais bien ce que les autres en disent. Accepter de traiter leurs demandes ce serait déclencher une guerre. »

Je m'apprête à lui répondre mais elle reprends son monologue :

« Tu te rends compte, les filtres d'amours sont très populaires, ils sont vendus dans toutes les boutiques de farces et attrapes, de potions, on en distribue même dans les écoles, souvient toi de Poudlard ! Et puis les gens qui les utilisent sont très nombreux, même Molly a avoué en avoir utilisé quand elle était jeune. Je me mettrait à dos tout les vendeurs, tout les adolescents, et même les Weasley !

Si Hermione et moi avons un défaut en commun, c'est qu'il nous est difficile de reconnaitre nos tord. Je pourrais tenter de me placer de son point de vue, admettre que je comprends que cette demande représente un véritable combat pour elle, que ce que je lui demande est dur à assumer pour une seule personne... mais mon esprit de révolte et d'action est seulement en colère, encore et toujours. Alors je proteste :

- Tu te mettrait quelques connards∙sses à dos pour sauver des millions de personnes victimes de viols et d'attouchements ! Tu ne les vois les défiler dans mon bureau, détruit∙es par tout ce qu'iels ont subit. 

Hermione croise les bras sur sa poitrine et ferme son visage. Elle n'as pas l'air autoritaire, seulement épuisée. 

- Je suis une femme au cas ou tu l'aurai oubliée, et j'ai une vie privée, je sais parfaitement ce que sont les dragues lourdes, les attouchements et les absences de consentement, j'en ai été victime depuis que j'ai des seins. »

Je baisse la tête. Je me sens un peu honteuse d'oublié si souvent que je dois réfléchir avant de parler. Ça m'arrive vraiment régulièrement de faire la leçon sur un sujet à une personne qui y est bien plus sensible que moi. 

Les dragues lourdes, les attouchements et toutes les horreurs qui vont avec, je dois admettre que je n'en ai quasi-jamais été victime. J'imagine que c'est plutôt un truc de relation hétéro, donc je me doute que Hermione y a été plus confrontée que moi et j'espère que je n'étais pas de la part de mon frère. De mon coté, je suis rarement sortie avec des gars, j'ai eu la chance qu'ils soient tous adorables et je crois bien qu'il est rare de trouver des filles qui ne se préoccupent pas du consentement... même si tout existe. Et merde, pourquoi ses histoires de flirts me font-t-elle encore penser à Luna ?

Le silence qui s'est installé me fait me mordre les lèvres. Hermione me regarde toujours avec un petite sévérité. 

« Désolée. » je dis, et elle secoue la tête avec un sourire sans les yeux pour dire que ce n'est pas grave. Elle soupire, ferme le dossier sur lequel elle griffonnait véhément quelques instants plus tôt. Elle sourit, avec les yeux cette fois.

« Je t'aime bien Gin', mais pourquoi tu es là en fait ? Je ne sais pas comment j'ai fait, mais je viens de retrouver ma meilleure amie. J'exploserai de joie si le souvenir de la raison de ma visite ne me rendais pas dégoûtée de l'humanité. 

- J'ai le nom d'un type qui a agressé plusieurs personnes dans plusieurs bars sorciers et quelques un moldu, je crois. Il s'appelle Noam. Je dis alors, me laissant peut de temps pour respirer entre mes mots. Je voulais te demander la permission d'aller sur le terrain. »

J'ai peur d'être un peu trop heureuse en disant cette dernière phrase alors que je fais référence à des actes aussi horribles, mais je peux difficilement contenir ma joie à l'idée d'aller de nouveau sur le terrain, bouger, mener des enquêtes. Il y a des semaines que je n'ai pas fait autre chose que de remplir des dossiers et faire d'affreux interrogatoires, l'adrénaline des lieux sombres me manque ! Je sais bien que ce n'est pas un jeux, mais Merlin, faire la partie du travail que j'aime serait si agréable ! 

« Oui, bien sur. Mais n'oublie pas Pansy.»

Mon enthousiasme se fane quelque peu. Celle-là, je risque pas de l'oublier. 

.

En retournant à mon bureau je tombe justement sur elle. Il fait nuit depuis un bon moment, celleux qui travaille au ministère de jour vont devoir rentrer chez elleux sous peu, cela m'étonne que Parkinson soit encore là et encore plus qu'elle n'ait pas du tout l'air prête à partir. Elle travaille à la lumière d'une lampe de bureau qu'elle a posé dangereusement près d'une potion -il faut vraiment faire-faire une formation de technologie moldue aux sorcier∙es, iels se comportent souvent de façon bien dangereuse. Comment ne peut-elle pas savoir que l'eau et l'électricité font un mélange mortel ? Quoi que, c'est déjà un miracle qu'elle ait trouvé comment allumer l'une de mes lampes.

Je m'approche d'un pas de plus après avoir saisir mon sac à dos et mis ma doudoune. Quand Hermione fait ça tout le monde lève aussitôt la tête grâce à ses talons mais je porte des converses et Parkinson ne m'entends pas, je suis obligée de l'interpeller :

« Eu... Parkinson ? »

Elle lève la tête, me regarde froidement et je regrette d'avoir fait un pas vers elle. Elle me toise, je me rend compte que je n'ai pas grand chose à dire. Qu'est-ce que je me demandais, déjà ? 

« Je dois fermer la salle, je lui dis alors. Tu as fini tes heures, tu devrais rentrer chez toi. 

Elle expire par le nez. Je ne vois pas ce que j'ai dit de mal mais je commence à croire que le monde entier s'est mis d'accord pour être contre moi aujourd'hui. 

- Donne les clefs, je fermerai à ta place, il faut que je reste pour finir ça.

C'est la première conversation à peu-près cordiale qu'on a, alors, même si je doute de sa confiance, je décroche les clés de mon porte-clés et je lui tends. J'en profite pour lui glisser rapidement :

- Demain on devra partir sur le terrain pour commencer à enquêter sur ce... Noam. »

Elle hoche la tête, renifle et ne me regarde plus du tout. Elle retire sa veste, ce qui semble vouloir dire qu'elle ne compte pas partir avant un moment. Merlin, est-ce que toutes les personnes organisées sont capables de bosser au bureau hors-heures de travail ou bien Parkinson appartient à une espèce particulièrement rare du même genre que Hermione ? Elle est désormais en chemise, en cette nuit d'hiver, j'ai froid pour elle. Elle n'a pas autre chose à se mettre ? Elle est habillée pareil depuis qu'elle travaille ici.

Mais après tout, c'est pas comme si ça m'intéressait. Je me détourne et sort de ce foutu ministère, assez sereine pour oser un sourire à l'idée de travailler pour de vrai dès demain.



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