III - Coup de fil

Média : pestoprongs (instagram)

Tw : encore mentions d'abus sexuels, mention d'enbyphobie et de discrimination envers les personnes autistes 

J'ai profondément méprisé mon petit appartement mais je donnerai n'importe quoi pour y retourner à l'instant où je rencontre le regard de Hermione. Elle est assise à la table du salon avec Ron, elle n'as pas du tout l'air de sortir d'une journée de dur labeur. Elle a seulement troqué le blaser de son costard pour un gros pull en laine douce. Sa chemine, son pantalon de travail et son expression envers moi sont toujours les mêmes. Elle rit à gorge déployée avec Georges, comme si elle ne venait pas de faire de ma vie un enfer aujourd'hui. 

Je n'ai pas le temps de lui en vouloir que maman arrive pour me débarrasser de mes affaires. Harry et moi sommes arrivé∙es ensemble par transplannage il y a une minute, maman a déjà commencé à me parler de Luna. 

« Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vue, dit donc ! s'exclame-t-elle. Tu n'as pas à regretter Luna, je l'ai jamais sentie, cette fille...»

Elle enchaine sur une longue liste de ce qu'elle n'aimait pas chez Luna. Je n'en écoute pas un mot. Je sais déjà très bien tout ça. En fait, à part Ron, Harry, Georges, Lee, Charlie et Papa, personne n'a jamais vraiment aimé Luna. Le fait qu'elle ne soit pas un garçon et qu'elle soit autiste étaient les deux raisons principales, mais personne ne les a jamais dites à voix haute, on préfèrait lui reprocher de petits détails de façade pour dissimuler les réelles intolérances. 

Je m'assied à la table de la salle à manger. Je n'ai pas le moindre appétit pour les choses diététiques que ma mère a préparé. Je songe à ma pizza, mon appartement... Toute cette effusion de joie n'est pas faite pour moi, ce soir. J'aurais vraiment voulu que personne ne me parle, ou alors, quitte à ne pas être calme, sortir dans une boite et y danser et y boire toute la nuit... mais dans tout les cas tout ça était impossible. Il faut rester ici, sourire, faire la conversation, garder la tête haute. Je pensais pouvoir compter sur Harry pour faire mine de discuter avec moi et pouvoir me reposer en paix mais celui-ci s'est lancé dans une conversation avec Ron et je suis confrontée à Hermione. 

Il est difficile de faire semblant que nous sommes en parfaite harmonie l'une avec l'autre.  

« Alors, les affaires ? je demande, par politesse. 

- Oh, tu sais, répondit Hermione sur le même ton, j'ai vu défiler des aurors qui avaient des problèmes avec leurs missions toute la journée. Ce pauvre Rajan, par exemple, on lui a donné le cas d'un patronus obscur alors qu'il vient d'arriver ! »

Ma colère s'évanouit quelque peu pour de la gêne. Il vaut mieux que je ne laisse rien paraitre. 

Je sais très bien pourquoi cette affaire de partonus obscur est revenue à un apprenti comme Rajan. La vérité, c'est que c'est moi qui ai refilé mes affaires de magie amoureuse aux apprenti∙es sans prendre soin de séparer les affaires par difficulté mais en les donnant simplement au hasard. C'est pour cela que je me retrouve avec certaines affaires de débutant∙es et que les autres se retrouvent avec des missions si complexes. Je n'en dis pas un mot à mon amie, bien sur, elle aurait une raison de plus de me renvoyer pour mon comportement désorganisé... Et cette fois-ci je dois bien admettre que j'aurais du mal à lui donner tord. 

« C'est quoi un patronus obscur ? demande Harry, curieux. 

En une phrase il a éveillé l'esprit savant de Hermione qui se met à réciter, comme si elle était un dictionnaire de magizoologie :

- Les patronus obscurs sont des créatures créées par les émotions trop refoulées d'un sorcier, par exemple dans cette affaire là, il s'agissait d'un renard enragé. Il a mordu quelqu'un, pas loin de Big Ben. On les appelle comme ça parce qu'ils ressemblent à des patronus physiquement... D'ailleurs la forme de patronus d'un sorcier est souvent la même que son patronus obscur. Mais, enfin, c'est un nom commun parce que leurs vrai nom n'a rien à voir et qu'ils sont incontrôlables contrairement aux patronus.  

- Un peu comme des loups garous ? tente Ron. 

- Oui, pas loin de ça. approuve Hermione, les sorciers qui en ont ne s'en rendent même pas compte, en général. »

Je n'écoute plus vraiment après cela, mes paupières se ferment seules. Je sais déjà toutes ses choses de toutes évidences. J'ai vu passer quelques porteur∙euses de patronus obscurs dans ma carrière, j'ai toujours trouvé assez injuste la façon dont on les arrêtaient alors qu'iels n'y étaient pour rien ! Leurs émotions avaient formées des créatures dangereuses malgré elleux, ce n'étaient tout de même pas de leurs fautes ! D'un autre coté, les personnes en questions n'inspiraient pas vraiment la sympathie. En fait, iels étaient carrément antipathiques. Dans le genre de Pansy Parkinson, d'ailleurs... Et voilà que je ramenais encore les conversations à mon horrible journée.

« Hermione, je la prends à part une fois que son cours improvisé est terminé. On pourrait faire quelque chose pour la procédure des victimes d'agressions ? 

- C'est-à-dire ? demande-t-elle. Mais avec la fatigue elle est devenue bien moins autoritaire, je me souviens pourquoi je l'aime bien, elle est de nouveau douce et à l'écoute. 

- J'ai dut interroger une fille aujourd'hui et j'ai juste eu l'impression de lui faire revivre son agression une seconde fois. 

- Je suis d'accord avec toi, soupire mon amie, mais on a pas le choix, il faut être sure qu'ils ne mentent pas et on ne peut pas utiliser de veritaserum sur autant de personne, presque tout le monde apprends à y résister, de nos jours. 

- On pourrait être plus doux∙ces avec elleux. Je contredit. Et puis je n'aime pas partir du principe qu'iels mentent, on ne fait ça que lorsqu'il s'agit d'abus sexuels. Pour tout les autres crimes c'est le coupable qu'on accable, pourquoi, là, c'est toujours la victime ? 

- Parce qu'il est facile d'accuser quelqu'un de viol sans preuve. soupire Hermione une nouvelle fois. »

À ses pieds, son fils Hugo tire un pan de la veste qui repose sur sa chaise en bois pour attirer son attention avant qu'elle ne lui ordonne d'aller plutôt embêter son père. 

« Facile ? Tu aurai vu l'état de la fille, aujourd'hui ! je m'exclame. Elle était toute tremblante, elle pleurait. J'ai aucun doute sur le fait qu'elle ne mentait pas. Et puis je pense franchement que les personnes qui mentent à ce sujet sont une minorité, ça nous arrange juste de penser qu'iels sont nombreux∙ses pour excuser les agresseur∙euses plutôt que les victimes. Parce que les agresseur∙euses sont souvent des hommes, et qu'on vit dans un monde qui adore leurs donner raison, t'as pas remarqué ? 

J'ai du m'emporter sur ma phrase finale car Hermione croise les bras et qu'elle reprend la grimace qu'elle fait toujours lorsque quelqu'un lui dit quelque chose de trop extrémiste. C'était souvent de cette façon qu'elle regardait Luna, surtout la fois où mon ancienne copine a tenté d'expliquer la non-binarité à tout de Terrier. À la fin de la soirée c'était encore moins clair qu'avant et tout le monde détestait encore plus Luna. 

- Je suis d'accord avec toi sur le fond, tente de d'apaiser mon amie, Mais tu es dans l'extreme, tu pense que les femmes sont toujours de pauvres choses innocentes. Il ne faut jamais se fier aux apparences, c'est même toi qui me le rappelle tout le temps ! La fille que tu as interrogée aujourd'hui était peut-être uniquement une très bonne comédienne ! 

Je réprime l'élan de colère qui s'empare de moi. Je veux me lever et hurler à la figure de Hermione qu'elle devrait réfléchir avant de parler, à la place je fais les cents pas. 

- Mais enfin quel intérêt aurait-elle à mentir sur un sujet aussi grave !? 

- Qu'est-ce que j'en sais, moi !? »

Les autres nous regardent, je ne me suis pas rendue compte que les conversations s'étaient stoppées et que tout le monde nous détaillaient pour saisir le conflit. 

« Je sais ce que tu penses, dis-je en me rasseyant mais pourtant en sentant monter encore plus de colère. 

- Quoi ? dit-elle avec agacement. 

- Tu penses que tout ce que je dis, ce sont des idées que je tiens de Luna et que je les recrache bêtement. »

Une grimace trahi que je l'ai percée à jour. Elle ne réponds pas. 

« Ce que je pense, dit-elle après une courte réflexion, c'est que tu es sur les nerfs en ce moment et que tu ne comprends rien à ce que tu dis. Tu veux juste te défouler contre moi parce que je t'ai mise avec Parkinson. »

Je dois avouer qu'elle n'a pas tord. 

« Tu as quoi ? » intervint Ron en s'étranglant. 

Hermione lui explique rapidement la situation et je décide qu'il est temps pour moi de m'en aller car je n'ai aucune envie de m'emporter ce soir et de confronter ma famille à des vérités que je pourrais regretter. Je n'ai pas envie de me donner en spectacle, ni vraiment de faire de la peine aux autres... mais c'est ce qui risque d'arriver si je reste ici. Avec la fatigue et la colère je deviens incontrôlable. 

.

Je me réveille avec beaucoup de difficulté en demandant à une personne imaginaire d'arrêter de sonner comme ça avant de reconnaitre la sonnerie du téléphone fixe. C'est étrange, car personne ne l'utilise jamais. 

La plupart des personnes que je côtoie sont des sorcier∙es utilisant des hiboux et j'ai appelé un∙e magéléctricien∙ne pour immuniser ma ligne aux publicités lorsque j'ai acheté ce téléphone. J'ai un instant de panique en pensant que si je réponds, je risque encore d'être en retard avant de me souvenir que je ne travaille pas le week-end et que nous sommes samedi matin. Je décroche et réponds avec lassitude :

« Allô ? 

- Bonjour, je suis bien chez Ginny Weasley ? 

- Eu... Oui, c'est pour quoi ? 

- Mademoiselle, excusez moi de vous déranger, vous êtes la première personne inscrite sur la liste d'urgence de Mlle Luna Lovegood, pourriez-vous venir la chercher à l'hôpital d'Uxbridge ? 

Mon coeur rate un battement et je manque de faire tomber l'appareil que je retiens par son fil torsadé. Dans ma fatigue je n'ai même pas penser que derrière cette sonnerie insupportable pouvait se cacher une horrible nouvelle. 

- O-Oui, bien sur... il s'est passé quelque chose ? 

- Elle est tiré d'affaire mais elle a été attaqué, par un animal probablement. 

- Un animal ? je répète, perplexe. À Londres ? 

- Il y a toujours des chiens errants, mademoiselle. »

Je n'en suis pas aussi sure que lui, en cinq ans de vie à Londres je n'ai jamais vu l'empreinte d'un seul chien sans maître∙sse mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Je m'habille rapidement et me prépare à partir. 

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