C19 - Les meurtriers (4/4)

— Flore ! Flore ! l'appela une voix chargée d'anxiété. Mohann, essaye de la ranimer encore une fois.

— Sois raisonnable, Brian. Son cœur a cessé de battre depuis trop longtemps.

Sous la lumière aveuglante, elle conserva les paupières closes et tendit une main. Sans succès. L'inquiétude la gagna.

Suis-je paralysée ?

Terrible idée. Elle se concentra sur ses pieds. Quand elle parvint à les bouger, l'étau autour de sa gorge se détacha. Elle ouvrit ensuite les yeux. La doyenne rangeait du matériel, les épaules frémissantes, et le front de Brian reposait sur sa paume humide.

Voilà pourquoi sa main était bloquée.

Afin de ne pas les effrayer, elle les contacta par la pensée. Le jeune homme se redressa, alors que Mohann poussait une exclamation. Un mélange de surprise et de joie.

« Tu es vivante, mon bel ange bleu. Je n'aurais pas supporté de te perdre », capta-t-elle dans l'esprit bouleversé de Brian qui se baissait vers elle pour la prendre dans ses bras.

Il changea d'avis et s'écarta.

— Tu es vivante, répéta en écho la doyenne sans le savoir. Tu nous as fait une de ses peurs !

— Vous avez réussi à me ramener.

— J'avais abandonné l'électrochoc, ton retour tient du miracle.

Électrochoc ? Flore se souvint de ceux sur Brian, puis des éclairs dans le monde des Morts.

Leur puissance est telle que je les ai vus.

— Que s'est-il passé ? enchaîna-t-elle.

— Le prisonnier a été éliminé par un acolyte, grommela Brian, ce qui t'a tu... emporté dans le monde des Morts. Encore une réussite de leur part ! Qui peuvent-ils être ?

— Des Astrydiens !

Sa déclaration véhémente déclencha un regard dubitatif entre ses amis.

Ils se demandent si je suis revenue indemne.

— Mon temps dans le monde des Morts n'a pas duré, et je suis une kiriahni !

Un instant d'hésitation. Brian glissa une main dans ses cheveux en bataille.

— D'accord ! Les Néofeles sont déterminés à voler le pouvoir. À assassiner, corrompre, menacer et... employer des Astrydiens.

— Pourquoi ne les as-tu pas reconnus lors de ton combat avec eux ? l'interrogea Mohann. Tu n'as pas étudié les différents peuples sur Ores ?

— Je me suis concentré sur ce dont j'avais besoin pour mes missions diplomatiques au sein d'Aequalis. Néanmoins, je sais...

— Il a dit être un clone, coupa Flore. Qu'est-ce que c'est ?

Mohann apporta une définition compréhensible.

— Une copie en tout point identique à son original, fabriquée à partir de ses cellules.

— Aurora a été vaincu par des machines !

— Ce sont des êtres vivants aussi capables que les Astrydiens, grâce à leur technologie, contredit Brian avec douceur. J'allais te l'expliquer. Une part de leur population se compose des « originels », ainsi qu'ils se nomment. Je n'imagine pas Xénon se désintégrer si je le tuais.

— Pourquoi ont-ils envahi ma planète ?

Son ami fourragea encore plus dans ses cheveux. Quand elle tenta d'établir un contact mental, il l'évita. Son malaise se répercuta sur son pouls, qui s'emballa, et elle déglutit avec difficulté. Une partie d'elle souhaitait connaître la réponse, une autre se boucher les oreilles. Elle laissa Brian prendre la décision.

— Des rumeurs circulent sur leur compte sur Ores, l'éclaira-t-il d'un ton lugubre. Leur civilisation serait en voie d'extinction. Ils chercheraient un peuple compatible afin de se créer une descendance... Je suis désolé.

Flore se mordit l'intérieur de la joue au sang, tant elle craignait de hurler la douleur de son cœur. Il se déchirait, partait en lambeaux. Des images explosaient dans son esprit : la volonté du monstre de préserver les siens, de s'imposer comme son compagnon de vie, d'associer les pouvoirs psychiques avec leur technologie.

Elles s'assemblèrent pour former un puzzle, suintant l'horreur.

Brian ne se trompait pas !

Un grognement brutal la sortit de son choc. Malgré le rideau de ses larmes, elle discerna le visage crispé du jeune homme et ses doigts sur ses tempes. Il souffrait. Ses barrières mentales montèrent au maximum. Quelques respirations profondes plus tard, elle répondit aux appels inquiets de Mohann.

Sa douleur n'avait pas disparu, mais était devenue supportable. De même pour Brian. La pâleur sur ses joues s'estompait. La doyenne toussota, comme si elle chassait une boule qui aurait bloqué sa gorge, et demanda :

— Au vu de la situation, ne devrions-nous pas informer Kris et Iliane de nos découvertes ?

— Non ! riposta Brian. Pour l'instant, conservons cette enquête entre nous.

— Pourquoi ?

— Comment la porte de la cellule a-t-elle été ouverte, d'après toi ? L'identité biométrique est nécessaire, impossible à falsifier. Celle des assassins, identique je suppose, était par conséquent enregistrée. Et qui gère la sécurité de votre université ? Le palais. Avec le vol des plans du bateau, je suis convaincu que les Néofeles ont trouvé le moyen d'accéder aux gardes. Chantage ou promesses, qu'importe.

Mohann fronça les sourcils, puis rétorqua d'une voix réfléchie.

— Cela se tient. En plus, leur technologie a permis de détruire les vidéos du captif et de ton combat, nous ne possédons pas une seule preuve. Sans, nous ne persuaderons personne sur l'implication des Astrydiens.

— Le prisonnier a avoué qu'ils prenaient leurs ordres auprès d'un homme, intervint Flore tristement. Hélas, il ne l'a jamais vu et ne connaît pas son nom !

— Une organisation huilée, dont nous découvrirons la faille.

Les yeux noirs de Brian reflétaient la détermination de ses paroles, et elle l'espéra de toute son âme. Avec des évidences, non seulement ils captureraient les meurtriers du couple royal de Dalghar, mais elle retournerait défendre sa cause sur Ores.

Et les déciderait enfin à libérer Aurora.

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