C18 - Anniversaire (3/4)

Inconscient du danger à sa porte, le souverain s'inclinait sous les acclamations joyeuses. Les convives félicitèrent ensuite le couple royal à tour de rôle. Flore se joignit à la procession, avec l'espoir de retrouver la trace du jeune homme inconnu. En vain.

Lorsqu'elle s'arrêta devant Kris, celui-ci lui parla en pensée.

Ta présence me ravit. Je sais la difficulté pour toi à t'intégrer, à vivre parmi les miens. Amélia et moi continuerons de t'aider. Néanmoins, je n'oublie pas non plus ton rêve et, en ce jour particulier, je fais le vœu de sa concrétisation.

Flore déglutit, amère : pour qu'il se réalise, ses amis devraient enfreindre les lois de la Confédération. Or, rien ne déciderait Kris à prendre une telle action. Elle remercia le couple et poursuivit son chemin dans la file vers le buffet des pâtisseries.

Elle saisit une assiette d'un geste distrait, focalisée sur ses recherches mentales. Une bousculade contre son dos l'arracha de sa quête. Si brutalement que son dessert s'étala sur sa robe.

— Excusez-moi ! s'exclama Mélinda. Avec tout ce monde, j'ai été gênée.

Elle pivota vers la belle rousse. Ses iris violets trahissaient sa jubilation sous le masque de contrition. Se souvenant de la mise en garde d'Iliane, Flore susurra :

— Ne vous inquiétez pas, la tâche se nettoiera facilement.

Un salut d'un signe de tête, il fallait continuer sa mission. La pensée vindicative de Mélinda l'atteignit.

Sainte nitouche et cruche ! Tu me reviendras très vite, Brian, j'en suis persuadée.

Si elle ne comprit pas les premiers mots, le ton employé ne lui laissa pas de doute sur la teneur. Une insulte à laquelle elle ne céderait pas. Elle prétexta la nécessité de se changer pour quitter la salle. Malheureusement, son pied glissa et elle se rattrapa au bras de Mélinda.

Lorsque le verre de la belle rousse tomba, de larges traînées brunâtres zébrèrent sa robe fuchsia. Des rires étouffés fusèrent. Flore posa une main sur sa bouche.

— À mon tour de m'excuser. J'espère que ce n'est pas grave !

Mélinda garda un sourire aimable, mais ses réflexions baissèrent d'un cran.

Mon fourreau est ruiné, petite garce maladroite ! Les étrangers comme toi devraient être chassés. Je soutiens les Néofeles.

Flore se figea : une nouvelle piste s'ouvrait. À ne surtout pas la laisser passer. Aucune d'ailleurs, après la terrible déclaration de Kris ; tout indice nécessitait d'être exploité.

Elle s'écarta de l'endroit sans lâcher du regard l'ancien amour de Brian.

Une servante proposa à Mélinda de l'emmener se changer. Le palais conservait des habits pour ce genre d'incident, mis à disposition dans un salon réservé aux convives à l'étage, expliqua-t-elle. La tête haute, la noble se dirigea vers l'ascenseur.

Flore emprunta l'escalier avant de se téléporter dans sa chambre, où elle perdit peu de temps au nettoyage. La protection du tissu évitait à la tâche d'abîmer sa tenue. Elle gagna ensuite la pièce des invités.

Où elle s'immobilisa, médusée.

Un ouragan avait pris possession des lieux. Un patchwork coloré de vêtements s'étalait sur divers canapés, fauteuils et tables. Toutefois, le clou du spectacle demeurait Mélinda. Elle essayait une robe face à une psyché, avec des grognements et des gestes brusques. La reine au port altier avait laissé place à une furie !

Réprimant un fou rire, Flore projeta une boule d'énergie sur la noble qui glissa inanimée au sol. Elle utilisa la lecture forcée, sans états d'âme, tandis que ses dents se crispaient contre la douleur. Le mot Néofeles brilla aussitôt sous le crâne de Mélinda. Un bon début. Elle enchaîna avec une fouille approfondie dans les tiroirs de la mémoire.

Qui ne dura guère. Une musique signalait l'arrivée d'une personne !

Elle se dépêcha, les yeux rivés sur la porte, le cœur affolé. À la seconde où le battant coulissait, elle s'éclipsait. Déçue de déjà arrêter ses recherches.

Et dépitée.

Mélinda supportait les idées de ce groupuscule, mais semblait ne pas œuvrer avec eux.

Flore retourna dans la salle de bal et reprit ses investigations sans relâche. Sans accepter la moindre interruption. Sans oublier la terrasse et le parc, tous les deux arrangés pour les invités. Ils pouvaient ainsi admirer les trois lunes qui paraient l'eau de voiles chatoyants et le ciel nocturne traversé de comètes dorées.

Ses pas l'amenèrent près de l'abri du hangar à bateaux. Sa quête fut enfin récompensée lorsque son esprit capta celui du noble qu'elle cherchait depuis des heures. Il était engagé dans une discussion avec un autre homme.

Je ne souhaite plus collaborer avec les Néofeles, annonça-t-il.

Pourquoi ? rétorqua son interlocuteur.

L'adrénaline jaillit dans ses veines, et son rythme cardiaque s'accéléra. Elle allait en apprendre plus ! En espérant assez pour attraper ces meurtriers.

Quand j'ai adhéré, ils tentaient juste d'obtenir le pouvoir lors des élections parlementaires. Je soutenais leurs actions, jusqu'à...

L'assassinat du couple royal ?

Vous êtes allé trop loin ! Je veux quitter le groupe.

Flore se raidit. Une terrible peur parcourait son corps : celle du noble.

Je n'ai rien à voir avec ces monstres, hurlait son esprit.

Le regard de son interlocuteur devait générer cette frayeur. Un regard qu'elle imagina dur, glacial. Il lui arracha des tremblements. Elle le rejeta avec force et essaya de s'insinuer dans les pensées de ce Néofeles. Sans succès.

Comment est-ce possible ?

Un point auquel elle réfléchirait plus tard. Pour l'instant, la suite de la confrontation importait plus. Les informations avec. Le jeune inconnu supplia :

Je me tairai, rendez-moi ma liberté !

Ce n'est ni l'endroit ni le moment d'en discuter. Prends congé de nos hôtes, puis retourne chez toi, Glayon. Un aérocar t'y conduira, tu n'es pas en état de rentrer seul. Je te visiterai dans quelques jours et nous établirons une solution acceptable pour tous.

J'ai tenté de vous rencontrer plusieurs fois, en vain, il ne me restait plus que cette soirée, se défendit-il avant de remercier son interlocuteur.

Les deux hommes se séparèrent, et Flore alerta Brian. Quoique choqué, il réagit avec vivacité :

Je connais Glayon, je vais lui parler tout de suite.

Je file l'autre pour découvrir son identité.

Elle coupa le contact, une silhouette approchait. Sa cible. Elle se transporta à l'intérieur de l'abri et observa à travers la fenêtre. L'inconnu passa devant le hangar : il était enveloppé d'une cape noire de la tête au pied. Elle téléporta un manteau sombre, disponible dans sa chambre, et suivit le Néofeles. Il marchait en bordure de forêt, invisible depuis la terrasse où se tenait Brian.

Le prince attendait Glayon.

Quant à sa cible, elle se faufilait derrière un mur du palais. Flore contourna rapidement le bâtiment et s'arrêta.

L'oiseau s'était volatilisé !

En désespoir de cause, elle activa ses kiriahs. L'absence d'esprit dans les parages se confirma. Son seul soulagement était que l'homme ne l'avait pas détectée. Elle en était persuadée. Il connaissait simplement les lieux.

Qui est-il ? Un noble s'il appartient au Néofeles. Il a les moyens de résister à la lecture forcée. Grâce à une technologie ? Plus que probable, puisqu'ils en utilisent une très avancée d'après Brian.

Elle retourna vers la salle de réception en souhaitant à son ami d'avoir plus de chance.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top