C1 - L'accueil des Exilés (3/3)


Une forte secousse sur son épaule réveilla Kris, et il croisa le regard goguenard de Brian.

— La sieste est bonne ? lui lança-t-il.

— Depuis combien de temps suis-je... ici ?

— Je dirais une heure. Ne te voyant pas revenir, nous nous sommes inquiétés et je n'ai pas résisté à l'ordre de ta dulcinée de te retrouver, pendant qu'Iliane la rassure. Décidément, impossible de te laisser seul. Assommé par une faible exilée ! Tu me déçois.

— Elle a utilisé ses pouvoirs psychiques contre moi.

Son frère recula comme s'il avait été électrocuté à son tour.

— Par les gonades des Ancêtres, tu plaisantes ! C'est un peuple pacifique !

— La boule d'énergie dans ses mains était bien réelle, je te le garantis.

Kris s'assit avec une grimace. Ses muscles lui donnaient l'impression d'avoir couru un mille mètres tel un dératé sans échauffement.

— Je ne l'imaginais pas capable d'employer ce genre d'armes, poursuivit Brian. Les paroles de son compagnon, ou fiancé, au sujet d'une résistance ne seraient pas vaines. Une chance pour celle-ci de chasser ce prince de pacotille.

— Ne t'enthousiasme pas trop vite. Seule la princesse pourrait posséder ce don, rien ne prouve qu'un tel groupe de combattants existe. De plus, les Astrydiens disposent d'une technologie très avancée, supérieure à ce que l'on trouve au sein d'Aequalis, et leur réputation de guerriers est reconnue. Ils ont certainement développé des moyens de neutraliser les pouvoirs des Auroréens.

— Toujours aussi rabat-joie ! Comment sais-tu tout cela sur eux ?

L'héritier du trône ne retint pas un soupir de découragement.

— Quand t'intéresseras-tu à la Confédération ? Parmi ses comités, celui d'Anthropologie et Ethnologie étudie les peuples d'Aequalis, ainsi que ceux représentant une menace externe.

— La pluie va tomber, nous devrions rentrer, lui indiqua Brian. Histoire de bavarder au sec.

Kris se releva sous les premières gouttes, en silence. Il n'était absolument pas dupe de la dérobade de son benjamin. Réussirait-il un jour à mettre du plomb dans cette tête brûlée ? Comment lui faire apprendre et accepter les règles de la Confédération ? La réflexion ouvrit aussitôt la porte à ses propres tourments.

Ai-je eu tort de les respecter, d'abandonner Aurora à son sort ?

Au moment où cette question allait engendrer une suivante, l'ondée se transforma en une averse glaciale. Elle l'obligea alors à se concentrer sur ses pas dans ce chemin glissant. Les épaules rentrées, il accéléra l'allure et atteignit le palais sous les éclairs.

À peine franchissait-il le seuil d'entrée, dégoulinant comme une éponge, que sa fiancée lui tendait une serviette, pendant qu'Iliane en lançait une autre à son jumeau.

— Rassure-toi, Amélia, une petite pluie ne les tuera pas, se moqua-t-elle.

Puis elle pointa un index vers Brian qui se frictionnait la tête vigoureusement.

— Tu as perdu ton pari, Renardeau : ramener notre frère avant l'orage. Je suis enchantée de t'avoir demain à mon entière disposition. Magasins de luxe au programme, tu adores cela !

Son benjamin pâlit tant que Kris éclata de rire avec Amélia, ce qui leur valut un regard meurtrier. Il afficha ensuite un air de chien abattu face à sa jumelle.

— Ce n'est pas de ma faute si notre aîné a été assommé par une malheureuse exilée, Tigron. Aie pitié de moi !

— Assommé ? répétèrent les deux jeunes femmes en chœur, les yeux écarquillés.

L'héritier du trône leva les mains pour les calmer et expliqua :

— Rien de grave, un petit coup électrique. La princesse Flore a refusé de revenir au palais.

— La prochaine fois, on m'écoutera plus quand je donnerai un avertissement, lui déclara Iliane avec un sourire en coin. Méfie-toi d'eux, je tiens à ce que tu restes en vie !

— Excellent conseil, sœurette, renchérit son jumeau. Sur ce, dépêchons-nous, nos amis nous attendent.

— Surtout ta belle Mélinda !

Brian répondit à la taquinerie d'Iliane par une grimace, et ils s'éloignèrent bras dessus bras dessous. Kris remercia son benjamin en pensée de lui avoir évité une nouvelle dispute avec sa cadette. Quoiqu'il reconnût le bien-fondé de ses propos et son manque de prudence, il n'adhérait toujours pas à son idée d'un danger.

Les apparences jouaient contre toi, lui confirma Amélia dans sa tête. Retournons maintenant à ton appartement, mourir de froid n'est pas plus raisonnable que de te battre avec Iliane.

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