Chapitre 5
–Mademoiselle?
J'émerge du monde des rêves, la tête lourde et douloureuse. J'observe ce qui m'entoure, et après quelques secondes pour reprendre mes esprits, je découvre un homme, penché au dessus de moi, sa tête frôlant dangereusement la mienne. Sans réfléchir, je lâche un petit cri et le repousse. Malheureusement, c'est avec mon bras blessé que je le fais et une douleur intense me pétrifie sur place.
–Du calme, du calme. Je ne suis que le chauffeur du bus, nous sommes au terminus ! Déclare-t-il d'une voix douce mais ferme.
Je cligne plusieurs fois des yeux puis regarde autour de moi. En effet, le véhicule est à l'arrêt et complètement vide à l'exception de nous deux. L'homme qui m'a réveillée porte bien la casquette si caractéristique des chauffeurs de bus de tous les temps (enfin, tous les temps qui ont connu le bus). J'ai donc la certitude qu'il me dit la vérité. Un miaulement résonne près de moi et je vois une patte gratter la toile du sac qui la retient.
–Bah les pattes sac à puces ! Je m'exclame en tapant gentiment le doux pelage qui tente de retrouver sa liberté.
Enrelevant les yeux, je me trouve face au regard dérouté duchauffeur.
–Je parlais au chat... Je me sens obligée de justifier.
Il hoche la tête d'un air toujours aussi méfiant. Bon sang, cet homme me prend pour une folle !
Parce que tu ne l'es pas ? Toi, la fille qui vient de fuir son logement, sa famille, sa vie après avoir tenté de sauver un homme blessé par balle que tu ne connaissais même pas ? Toi qui t'es endormie en admirant la couleur fluorescente de ta nouvelle tâche sur le bras comme si de rien n'était ?
Oui, cet homme aurait bien raison de me croire cinglée... Avec un soupir, je me redresse et attrape toutes les affaires que j'ai étalées autour de moi.
–Je suis désolée de vous avoir causé des soucis, mais merci d'avoir pris la peine de me réveiller. Au revoir, lui dis-je avec un air penaud.
Il hoche la tête et s'écarte pour me libérer le passage. Je saute de la marche et arpente le petit couloir avec prudence, mon équilibre encore précaire à cause de mon réveil récent. Arrivée à l'avant du véhicule, je me retourne et vois l'homme se pencher pour ramasser un sachet en plastique laissé sur un des sièges.
C'est vrai qu'il conduit un bus de seconde zone... Je ne sais pas pourquoi, mais les gens ont tendance à croire que parce qu'ils ne sont pas dans un espace luxueux, ils peuvent se permettre de le salir puisque dans les faits, il paraît moins propre. Mais cette crasse provient justement de leurs habitudes d'idiots qui ne prennent soin de rien et au vu des faibles moyens financiers qu'a cette compagnie de bas étage, la saleté s'accumule.
Je regarde le conducteur se plier en deux pour décoller des chewing-gum sous un siège avec compassion. Un coup d'œil sur le reste de l'engin me montre qu'il va en avoir pour un sacré bout de temps :les sièges, verdâtres, sont couverts de détritus de toute sorte, allant du vieux mouchoir au morceau de nourriture non identifié quia déjà commencé à amasser les mouches... Je le plains.
–Encore merci ! m'exclamé-je, bon courage !
Il se relève pour me lancer un regard reconnaissant puis il se remet à la tâche. Je descends les deux dernières marches qui me séparent de la terre ferme et émerge dans l'air frais de l'après-midi. Une brise automnale vient faire virevolter mes cheveux, et me donne l'impression de revivre.
C'est apparemment aussi le cas de Bellatrix, qui se dandine dans le sac, essayant de s'en échapper. Comme je ne fais rien pour l'aider, elle sort son petit museau et me dévisage avec des yeux suppliants.
–Du calme petit chat potté, on va bientôt arriver !
Oui, j'ai atteint un tel stade de solitude que je parle à mon chat. Je remonte la lanière sur mon épaule et prends une profonde inspiration pour me donner de l'énergie. Prochaine étape : trouver un hôtel. Je dois vraiment prendre une douche.
Je m'avance vers le brouhaha que je peux déjà entendre depuis l'arrêt de bus, à l'extérieur de la ville. J'ai un pincement au cœur en retrouvant cette atmosphère si particulière d'East Town que j'avais presque oubliée depuis le temps. East Town, la ville de l'Orphelinat Hope, la ville qui rassemble tous mes souvenirs d'enfance. Je ne me rappelais plus de son ambiance oppressante et malaisante. Il n'y a que des Autres dans ce côté de Capital City.C'est aussi là que sont rassemblés tous les orphelinats de la ville, ce n'est donc pas un endroit très recommandé...
Mes pieds me guident d'eux-même, comme s'ils suivaient un chemin tellement familier qu'ils n'avaient pas besoin que je les dirige.J'entre donc dans la première des nombreuses ruelles d'East-Town et me retrouve aussitôt plongée dans une terrible cacophonie. Je retrouve les vieux bâtiments décrépis dont j'avais enfin réussi à me débarrasser en partant.
Les murs sont encore plus sombres que dans mes souvenirs et des sortes des traînées noirâtres zèbrent la pierre usée jusqu'à la corde sous les fenêtres. Si East-Town est le quartier le moins apprécié de Capital City c'est pour deux raisons : ses fréquentations et son architecture. C'est la partie créée en dernier, quand nous n'avions plus assez de place pour héberger la population et ça se voit beaucoup.
Les rues sont tellement étroites que les voitures ne peuvent pas passer- d'où l'arrêt de bus aux abords de la ville - et les immeubles sont si hauts qu'ils masquent le soleil et emprisonnent l'endroit dans un climat ténébreux. J'ai littéralement l'impression d'être au milieu d'une fourmilière. Les gens grouillent de partout, ils sortent des maisons, des magasins, présentent leur stand de produits surement illégaux ou volés, serrés dans cet espace si exigu. On dirait presque qu'ils vont finir par se grimper les uns sur les autres.
J'essaie de me frayer un passage, sachant pertinemment où se trouve l'hôtel et par où je dois passer pour le rejoindre. Et il n'est hélas pas tout près. Je ne me souvenais pas qu'il y avait tant de monde dans les rues auparavant. Peut être parce qu'aujourd'hui, je vis dans un coin moins délabré... Ou peut être parce qu'aujourd'hui, mes yeux ont décidé de me jouer des tours. Je m'arrête pour me poser sérieusement la question car je remarque que quelque chose cloche.
La foule ne me paraît pas plus dense parce qu'il y a plus de monde qu'avant, mais parce que je discerne une sorte de faisceau lumineux qui entoure chacune des personnes. C'est tellement intense que ça m'aveugle. Je m'arrête quelques secondes pour me frotter les yeux, essayant d'effacer cet effet d'optique que je n'avais jusque là jamais eu. Cependant, cet arrêt soudain au milieu du passage me vaut d'être secouée dans tous les sens.
C'est vrai qu'ici, on ne fait pas attention aux gens qui nous entoure. On marche, et, si quelqu'un est sur notre chemin, on le pousse. Ca a toujours été la loi du plus fort... à croire que rien ne changera jamais dans ce quartier malfamé. Je tente de me rabattre sur le côté, pour m'appuyer contre un mur le temps de reprendre mes esprits. Mais comme je ne vois rien, je manque de tomber et me rattrape in extremis au frêle bras d'une enfant, qui ne doit pas avoir plus de douze ans.
Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la pitié quand je me rends compte qu'elle porte un t-shirt à manche courte complètement déchiré en plein hiver.
–Ça va ? Je demande, cette fois plus inquiète de son sort que du mien, reconnaissant en elle celle que j'avais été.
La jeune fille ne me répond pas, elle se contente de m'observer avec de grands yeux effrayés et je ne sais pas quoi faire pour la rassurer.Je veux tellement l'aider, effacer cette inquiétude qui tire les traits de son visage comme ils ont tiré les miens à son âge. Et dans cette volonté presque surhumaine de l'aider, je sens ma main se mettre soudainement à chauffer et j'aperçois une sorte de lumière grise émaner d'elle. Une voix apparaît très distinctement dans ma tête, tandis qu'autour de moi, le bourdonnement de la foule semble avoir disparu, englouti dans un silence de plomb.
" Ne lui réponds pas Spencer, maman a dit qu'il ne fallait pas parler aux inconnus, détaches-toi de cette dame et pars en courant..."
Je lâche le bras de la fillette d'un geste rapide, comme si je m'étais brulée et porte la main à ma tête qui ne cesse de me lancer. La petite fille en profite pour s'enfuir et disparaît dans la foule, me laissant dans l'incompréhension la plus totale, la tête embrumée et le cœur au bord des lèvres.
Salut !
Nous écrivons ce petit message pour vous demander ce que vous pensez d'AURAS ! Il est vrai que nous en sommes au début mais vos commentaires pourraient beaucoup nous aider par la suite donc n'hésitez pas à nous faire des remarques sur vos ressentis, vos craintes... Ce sera avec plaisir qu'on les lira et qu'on vous répondra !
Oui, on adore discuter, de vraies petites pipelettes ! Enfin bon, on vous remercie déjà tous autant que vous êtes pour nous lire et pour toutes les petites étoiles que vous faites tomber autour de notre fiction, qui illuminent nos visages, parce que oui, dès qu'on voit une nouvelle notification, on a le même sourire que le chat de Alice au pays des Merveilles !
Donc on vous adresse un énorme Cheshire cat smile,
Amy et Ellecey
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