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Peu après l'heure du déjeuner, un brouhaha s'éleva de la place. Lua, trop accaparée à enchanter chaque pièce de l'auberge pour que leurs locataires soient émerveillés, n'avait plus écouté ce que le vent lui soufflait. Elle se précipita à l'extérieur et s'approcha de l'attroupement formé à l'entrée du village. La masse compacte l'empêchait de visualiser ce qui se tramait, mais les acclamations ne la trompaient pas. L'excitation mêlée à l'appréhension l'envahit. Elle traversa la foule qui s'écarta sur son chemin, créant un passage lui permettant de dévisager les arrivants.
Myrdhin déchargeait un paquetage.
Il avait grandi. Beaucoup grandi. Ses oreilles rondes surmontaient sa chevelure blanc et noir en longs épis. Une tresse épaisse descendait le long de son épaule nue jusqu'à son torse recouvert d'un haut bleu serré et d'une protection foncée. Son aura imposait une nouvelle maturité qui surprit Lua. Son apparence avait-elle elle aussi changé à ce point ?
Le jeune semi-humain se retourna vivement et elle s'élança vers lui alors qu'il l'imitait. Elle sauta dans ses bras robustes.
— Ma Lua, je suis si heureux de te retrouver !
— Tu m'as tant manqué !
Des larmes de joie se déversèrent sur ses joues et trempèrent la tunique de son ami dans laquelle elle avait enfoui le visage. La queue de Myrdhin, aux impressionnantes rayures blanches et noires, s'enroula autour d'elle pour resserrer leur étreinte. Elle leva les yeux vers les siens dont le bleu, presque translucide, la transperça comme jamais. La fente de leurs pupilles était encore plus fine qu'avant.
Les traits de Myrdhin rayonnaient d'enfin retrouver sa plus chère amie. Il glissa ses mains dans les longs cheveux de Lua et entortilla des mèches entre ses doigts.
— La couleur est magnifique. La saison promet d'être incroyable.
La chevelure de la semi-dryade s'était parée quelques jours auparavant de multiples teintes chaudes, mêlant rouge, orange et jaune. Ils s'éclairciraient naturellement l'hiver prochain pour tirer vers le bleu très clair, voire le gris ou le blanc, comme l'année où il avait tant neigé.
— Je termine avec le chargement et on se retrouve à la roseraie ? J'ai tellement de choses à te raconter !
La voix enjouée de Myrdhin avait quelques octaves plus graves. Elle coulait sur Lua comme le ruisseau sur les rochers, caressant son âme. L'écho produit en elle la déconcerta. Comprendre qu'il n'avait pas non plus oublié ses activités lui apporta du réconfort.
— Oui, je dois m'occuper des fleurs de toute façon. Nous ne sommes plus à quelques minutes près, concéda-t-elle à regret.
— Si je m'écoutais, j'abandonnerais tout sur l'instant pour rattraper immédiatement ce temps passé loin de toi, lui glissa Myrdhin.
— Mais ce chenapan doit d'abord aider ses parents ! scanda son père.
— Oui, oui, je m'y remets !
Myrdhin déposa un baiser sur le crâne de Lua avant de retourner vers la charrette tandis qu'Osaan s'approchait avec sa femme pour saluer Lua :
— Quel plaisir de te revoir !
— J'ai l'impression que nous sommes partis depuis une éternité, renchérit Uffa en serrant la semi-dryade contre elle. Ta présence nous a manqués.
— Parcourir Priyan avec tes deux hommes était si terrible ? s'amusa Lua.
— Tu n'as pas idée ! rit la mère de Myrdhin.
— Uffa, tu exagères ! Nous nous sommes bien comportés.
— Oui, quand vous n'entriez pas en compétition pour savoir lequel de vous deux parviendrait à récolter le plus d'ingrédients ou à vendre le plus de potions ! Mais à part ça, notre fils dépérissait à vue d'œil sans toi. Il était temps de rentrer.
Ainsi, lui aussi avait souffert de leur séparation. Elle s'éloigna à reculons pour garder son ami le plus possible dans son champ de vision. Elle avait des tâches à accomplir, tout comme lui, et leurs retrouvailles devraient encore patienter.
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