Chapitre 8 : Une Obligation

Je suis toujours à l'hôpital où se trouve Marie, j'attends que les médecins qui l'examinent, sortent de sa chambre. Daniel vient de s'en aller, je suis donc toute seule.

J'ai peur que ma relation naissante avec Adrien, s'arrête déjà. Je commence sincèrement à l'apprécier. Parfois, j'ai même l'impression que ce sentiment grandira et qu'un jour il se transformera en un amour pur. Je ne sais pas si cet amour sera égal ou même plus grand que celui que je ressens pour Alphonse, mais ce qui est sûr, c'est que je l'aimerai à ma manière, si bien sûr tout cela arrive.

Le médecin sort enfin de la chambre de Marie, il est accompagné de deux infirmières et d'un jeune homme apparemment stagiaire. Je m'approche donc du médecin le plus âgé, pour me renseigner sur l'état de Marie.

__ Bonjour docteur. Je suis une amie à mademoiselle Bowns, je souhaiterais savoir comment elle se porte.

__ Mademoiselle Bowns se porte vraiment mieux depuis ce matin. Je lui ai prescrit de nouveaux produits pour son asthme, elle devra les prendre tous les jours.

__ Jusqu'à la fin de sa vie ?

__ Oui malheureusement.

J'abaisse les yeux et soupire de déception.

__ Ne vous en faites pas trop, mademoiselle Bowns est une femme jeune et très forte, il suffit juste qu'elle suive bien son nouveau traitement et tout se passera pour le mieux.

J'acquiesce, toujours un peu déçue.

__ Puis-je entrer la voir ? demandais-je au médecin.

__ Oui bien sûr, allez-y.

__ Merci.

__ Je vous en prie.

Je m'avance vers la porte de la chambre de Marie et toque.

__ Entrez !

Je laisse s'introduire ma tête dans sa chambre et dévoile toutes mes dents lorsque je la vois, assise sur son lit d'hôpital, le visage un peu pâle.

__ Hey, hey, hey ! fais-je, rassurée de la voir en vie.

__ Salut, Dayana, me réplique-t-elle.

__ Alors, comment va ma fausse malade préférée ?

__ Je vais bien, merci. Mais entre voyons, tu ne vas quand même pas rester au seuil de la porte.

__ Bien sûr que non, t'as raison.

J'entre entièrement et me dirige vers la chaise placée juste à côté de son lit.

On se regarde tendrement. Je réalise que j'aurais pu la perdre cette nuit, et ne plus avoir le plaisir de voir sa joie de vivre. Et Alphonse aurait perdu l'une des personnes qu'il aime le plus.

__ Tu nous a vraiment fait peur, Marie, commençé-je d'un ton soulagé. Tu n'aurais pas dû arrêter ton traitement.

__ Je sais, c'est juste que... << elle soupire >> Dayana, c'est hyper chiant de savoir que ta vie dépend de quelques comprimés.

Il y'a de la tristesse dans ses yeux. Elle regrette sûrement ce qu'elle a fait, mais elle doit aussi l'impression que sa vie est un fardeau.

Je ne peux imaginer ce que mon amie doit ressentir chaque jour. Avoir une telle maladie, à un tel niveau, doit sûrement être insupportable.

__ Mais bref, dit Marie, ne soyons plus tristes. Je suis là, et c'est tout ce qui compte.

Je reconnais bien là ma Marie. Le bonheur, avec un grin de folie, est ce qui la caractérise le mieux.

__ Alors, reprend-t-elle, comment ça se passe au bureau ?

__ Bien, très bien même. Alphonse dirige tout à la perfection, comme d'habitude. Bien sûr, notre nouvel associé est très performant lui aussi. Je dois dire qu'à eux deux, ils forment une équipe de choc !

__ C'est génial !

__ Ouais.

__ Mais... sinon, il est comment ce nouvel associé ?

__ C'est-à-dire ?

__ Bah... physiquement je veux dire.

__ T'es vraiment pas croyable comme fille.

Nous rions face à l'absurde curiosité de mon amie.

Ça me fait du bien de la voir ainsi.

__ Bah quoi ? Comprends-moi. Je viens de sortir d'un coma, il faut bien que je me change les idées, non ?

__ Mais oui, mais oui... A vrai dire... Adrien est vraiment un très bel homme. C'est un brun avec des yeux verts très envoûtants. Il est grand et sexy. C'est un gentleman, simple, drôle, sociable et...

__ Attends, attends... m'interrompt-elle. Ça sent un peu trop la romance, tout ça. Il s'est déjà passé quelque chose entre vous ?

__ Euh... oui. Il m'avait invitée à dîner une fois et j'avais accepté.

__ Et ?

__ Et... euh... Et bien... << je soupire >> la soirée avait bien commencé, nous avions bien dîné, puis Adrien a souhaité que l'on marche un peu.
Nous avons discuté, ensuite il m'a raccompagnée chez moi et...

__ Et...?

__ Adrien m'a ambrassée.

__ Mais c'est génial !

__ Ensuite, je me suis cachée dans mon appartement.

__ Pardon ? Tu t'es enfuie ? Mais pourquoi ?

__ Je ne me suis pas enfuie, voyons... Je me sentais mal à l'aise. J'aime toujours Alphonse et voilà que j'accepte le baiser d'Adrien. Je ne veux pas donner de faux espoirs à Adrien.

__ Et qu'est ce que tu ressens pour Adrien ?

__ Il me plaît beaucoup, et je crois que mes sentiments pour lui pourraient bien aller au-delà du physique, mais pas maintenant.

__ Et pour Alphonse ?

J'abaisse mes yeux pour fuir le regard de Marie. J'ai un peu honte de lui avouer que j'ai couché avec son frère cette nuit.

__ Qu'est-ce qui ne va pas ? me demande-t-elle. Tu me caches quelque chose Dayana, je le sens, je le sais. T'as couché avec Alphonse, c'est ça ?

J'ouvre grand mes yeux suite à la question de Marie. Mais comment elle l'a su ? Je ne lui ai encore rien dit.

Mon coeur bat vite, j'ai un peu peur de sa réaction. Je ne lui réponds toujours rien, surprise par sa question et cherchant quoi lui répondre.

Remarquant mon silence beaucoup trop long, elle ouvre grand, à son tour, ses yeux et sa bouche; je crois qu'elle vient déjà de répondre à sa propre question.

__ Mais non, Dayana ! grimace-t-elle, telle une gamine. Qu'est-ce qui t'a pris ?

__ Je suis désolée.

__ Ça s'est passé quand ? Au fait, c'est arrivé combien de fois ?

Je prends une grande inspiration avant de lui répondre.

__ Ça s'est passé cette nuit et ce n'est arrivé qu'une seule et unique fois.
Et... malheureusement, ce fut une erreur.

__ Et pourquoi donc ?

__ Et bien parce que ton frère était complètement saoul et qu'il ne savait plus ce qu'il faisait. Il m'a dit ce matin qu'il ne m'aimait pas et... qu'il ne m'aimera jamais.

La déception et la frustration se lisent sur ma figure.
Le visage de Marie s'atriste, j'aurais préféré qu'elle ne me voie pas dans cet état.

__ Je suis vraiment désolée, me dit-elle d'un ton abattu.

__ Tu n'as pas à l'être.

__ Je suis désolée pour moi.

Je l'interroge du regard.

__ Bah oui. Pendant que moi je suis allongée dans ce lit, dans le coma, mon petit frère et mon amie se font une partie de jambes en l'air !

Je me sens tout à coup gênée et abaisse mes yeux.

__ Non mais ça va, je rigole. Même si, il faut l'avouer, tu n'aurais pas dû accepter mon frère dans ton lit.

__ Ne t'inquiète pas, ça ne se reproduira plus.

__ J'espère bien. Tu mérites mieux.

[ Dans la peau d'Alphonse ]

Je viens d'arriver à l'hôpital, je me gare dans le parking. J'ai acheté un bouquet de roses blanches pour Marie, ce sont ses préférées.

Je suppose que Dayana, comme je le lui ai demandé, doit m'attendre dans la salle d'attente. J'ai deux manuscrits à lui donner, en plus d'un contrat d'écriture que je veux qu'elle lise avant que l'écrivain du livre à publier ne le signe.

J'entre dans l'hôpital et me dirige vers la salle d'attente. Je n'y trouve ni Dayana, ni Daniel et encore moins Adrien. J'appelle donc Dayana pour connaître sa position.

__ Allô ?

__ Dayana, où êtes-vous ?

__ Je...

__ Je vous avais dit de m'attendre à l'hôpital où se trouve Marie ! la coupais-je.

__ Mais j'y suis monsieur.

__ Aah ! Donc je suis devenu aveugle, c'est ça ? dis-je d'un ton ironique.

__ Bien sûr que non, monsieur, je suis dans la chambre de Marie ; elle s'est réveillée il y'a environ une heure.

Je sens sa voix trembler à l'autre bout du fil. Elle panique.

Je soupire d'agacement et raccroche, soulé.

Mais pour qui elle se prend ? Elle n'a aucun droit d'aller voir ma soeur sans mon consentement. Leur amitié ne me plaît absolument pas !

Je m'avance vers la chambre de Marie, et je l'ouvre sans même frapper avant.

__ T'es enfin là, me reproche Marie. T'en as mis du temps.

__ Ouais, désolé. Dayana, j'aimerais parler à ma soeur seul à seule, s'il vous plaît.

__ Oui, bien sûr.

__ J'ai laissé des dossiers pour vous dans la voiture. Mon chauffeur vous conduira au bureau, je vous y rejoindrai plus tard.

__ D'accord, monsieur. Au revoir, Marie.

__ Salut, Dayana. On se revoit bientôt, j'espère ?

__ Oui, bien sûr.

Dayana se lève et s'en va finalement.
Je suis enfin seul avec Marie, elle et moi avons plein de choses à nous dire.

Je pose le fleurs sur la table de nuit de Marie et m'asseois sur la chaise sur laquelle était assise Dayana. Je me mets à l'aise, puis regarde Marie ; elle me lance un regard noir. Pourquoi ? Ai-je fait quelque chose de mal ?

Je soupire. Je sens qu'elle va encore me faire sortir tout un dictionnaire. Ses yeux en feu ne présagent jamais rien de bon. Je le dis par expérience.

__ Alors, dis-moi. Qu'ai-je encore fait de mal ?

__ T'es sérieux là ?

__ Bah oui.

__ Tu couches avec une fille qui a des sentiments pour toi, le lendemain matin tu lui dis que c'était une erreur, et toi tu trouves tout ça normal ?

Je lève les yeux au ciel.

__ Alphonse !

__ Quoi ?! Ce n'est pas comme si je lui avais promis la lune non plus. On a juste couché ensemble. Et j'étais saoul en plus.

__ Mais elle a un coeur !

__ Et ? Tout le monde en a un, je te signale. En plus, je ne l'ai jamais forcée à coucher avec moi. Donc, si elle est triste, ce n'est aucunement de ma faute.

__ Non, mais tu n'étais pas obligé de lui dire que tu ne l'aimeras jamais. En plus, cette nuit était vraiment une erreur pour toi ?

__ Bien sûr que oui ! Tout ce que je lui ai dit ce matin n'est que la pure et simple vérité. Et il est hors de question qu'elle s'imagine le contraire. Je te préviens, t'as pas intérêt à lui faire croire ou espérer quoique ce soit avec moi.

__ Je ne lui ferai rien espérer du tout, ne t'inquiète pas. Tu ne la mérites.

Je soupire longuement. Je suis fatigué de ses jérémiades.

__ Et sinon, le médecin a dit quoi sur ton état de santé ? repris-je.

__ Il m'a prescrit de nouveaux produits. Je les commencerai dès que je sortirai de l'hôpital.

__ Et tu sors quand ?

__ Dans la semaine.

__ D'accord.

__ C'est tout ce que t'as à me dire ?

__ Ouais. Je préfère que ce soit papa qui te réprimande.

Elle lâche un << Pfff >>, telle une adolescente rebelle. Parfois il m'arrive encore de me demander qui est l'aîné entre nous deux.

__ Bon, je ferai mieux de m'en aller maintenant.

__ Tu reviens demain ?

__ Évidemment. Ah ! Je voulais aussi te dire de t'éloigner de Dayana.

__ Et pourquoi donc ?

__ Parce que c'est ma secrétaire, que je suis son patron et que toi, tu es ma soeur ; tu es la soeur de son patron.

__ Et ?

__ Tu ne peux pas être amie avec mes employés.

__ Et toi, tu n'as pas le droit de choisir MES amis.

__ C'est ce qu'on verra.

Je me lève de la chaise, m'approche de Marie pour l'embrasser, mais elle me repousse. Elle ne veut toujours pas comprendre que j'ai raison.
Je sors donc de sa chambre sans dire un mot.

Je me dirige vers le bureau du médecin de Marie, je souhaite avoir plus de détails sur son nouveau traitement.

En route, je n'arrête pas de penser à ma discussion avec ma sœur.

Il est hors de question que je me mette en couple avec Dayana. Elle n'est que ma secrétaire. Je ne comprends pas pourquoi personne ne souhaite accepter ma décision.

Le sexe est une chose simple et éphémère. Mais une relation sérieuse remplie d'amour est un fait beaucoup trop important à gérer. Il peut apporter énormément de bien, tout comme il peut être la cause de tant de drame.

De mon plein gré, je ne me mettrai jamais en couple avec Dayana. Je ne le pourrai pas et ça, qu'ils le veuillent ou non. Ce n'est pas une obligation.

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