Chapitre 28 : Une Seconde Chance
[ Dans la peau de Dayana ]
__ Dayana, tu n'as pas encore pris ta pause ? me demande mon nouveau patron.
__ Non, Richard, je souhaitais d'abord terminer les commandes que j'avais prises.
__ Bah, si t'as terminé maintenant tu devrais la prendre.
J'accepte d'un mouvement de tête et retire mon tablier.
Après avoir démissionné aux éditions Bowns, je me suis faite engagée comme serveuse dans un café pas très loin de chez moi. Ainsi, je suis assez éloignée d'Alphonse, même si je le suis aussi d'Adrien.
Cela fait déjà trois semaines que je me suis convertie en serveuse de café. Ce boulot ne me dérange pas, car il m'a aidée à avoir plus d'argent de poche pendant mes années à la fac. La seule chose qui me titille, c'est cette incapacité de pouvoir recroiser Adrien.
En sortant de son bureau l'autre jour, j'ai réalisé qu'il restait des zones d'ombre. J'aimerais pouvoir tout lui raconter, qu'il entende également ma version, et peut-être que tout reviendrait comme avant.
J'ai affronté ma honte plusieurs fois et l'ai appelé, mais ce fut en vain. Il n'a jamais décroché à mes appels, ni répondu à mes messages. Je ne lui en veux pas. Même si je le voulais, je n'en aurais pas le droit. Je le mérite. Absolument.
En ce qui concerne Alphonse, il n'y a rien de son côté non plus, et c'est une bonne nouvelle. Il n'est pas Adrien, il ne lui ressemble même pas, alors plus il est loin de moi et mieux c'est. Je ne compte pas lui demander de ses nouvelles, ni lui en donner de moi. Cet homme est beaucoup trop arrogant, il n'en vaut pas la peine.
Je sors de mon lieu travail, un sandwich au poulet à la main. Je m'asseois sur banc dans un parc juste à côté et commence à goûter.
Mon téléphone se met à sonner dans ma pauche. Je le récupère et décroche lorsque je vois que c'est Marie qui m'appelle.
__ Allô ?
__ Dayana, où es-tu ? On était sensé se rencontrer aujourd'hui. Je suis venue au café, mais tu n'y es pas. Pourtant, c'est ton heure de pause.
Mais bien sûr... Ça m'était complètement sorti de la caboche.
Marie a demandé à me rendre visite il y'a une semaine. Au début, je me retenais d'approuver, car elle a beau être mon amie, elle est d'abord la soeur d'Alphonse, et je ne désire plus avoir de contact même de loin avec lui.
Mais, après les supplications de Marie, j'ai finalement cédé. Elle n'a pas à payer du comportement révoltant de son parent. Je lui ai donc proposé de venir me chercher à mon heure de repos.
__ Je suis désolée, ma belle, j'avais oublié.
__ Dayana, je sais que tu me fuis à cause de mon frère, mais je ne suis pas lui. Je suis ton amie.
Elle semble attristée à l'autre bout du fil. Ça m'atteint.
__ Je sais, tu as parfaitement raison. Rejoins moi dans le parc près du café. Je te ferai signe à ton arrivée.
__ C'est d'accord.
Elle raccroche.
Quelques minutes plus tard, je l'aperçois entrer dans l'endroit indiqué et lui fais signe de la main pour qu'elle me rejoigne. Elle s'approche très vite de moi. Nous nous enlaçons et nous assoyons sur le banc.
__ Je suis vraiment désolée, débutais-je.
__ Ce n'est pas grave. Je comprends que tu veuilles balayer mon frère de ta vie.
Je lui souris pour la remercier de sa compréhension. Elle me remet mon signe de joie.
__ Et sinon, c'est comment au café ?
__ Tout va bien. Je m'y sens plus à l'aise.
__ C'est parfait. Et... Adrien ?
Ma mine change. Je deviens plus chagrinée.
__ Je suis sûre que ça ira mieux, vraiment.
Je fais un sourire crispé, espérant que ma copine ait raison.
Nous discutons ensuite de tout et de rien, nous expliquons nos dernières semaines. Cependant, je ressens que celle qui me tient compagnie drape quelque chose ou peine juste à me l'avouer.
__ Et c'est ainsi que j'ai décidé de mettre mon mannequin vedette au régime. Je n'allais quand même pas changer de mannequin ni faire des retouches sur mes robes juste pour quelques kilos en trop, finit-elle son récit.
Je rigole suite à sa détermination.
Mais mes pensées sont encore confuses. Je ne retrouve pas entièrement mon adorable Marie. Un détail sonne faux.
Je dois le découvrir.
__ Tu ne m'as toujours pas dit pourquoi tu étais rentrée à New-York, m'interressais-je. Toute cette histoire s'est déroulée à Los Angeles, et tu ne vas pas me dire que tu n'es rentrée que pour moi.
__ Bah, crois-le ou non, mais tu comptes assez pour moi pour que je fasse ce voyage pour te revoir.
Je plisse mes yeux pour lui montrer que je ne la crois pas.
Je prends ensuite ses mains et captive son regard avec le mien. Je me fais docile et lui dis :
__ Marie, tu l'as dit toi-même, tu es mon amie, ce qui signifie que tu n'as pas à me cacher quoique ce soit.
Elle abaisse ses pupilles et un souffle chaud s'échappe de ses lèvres.
Son geste confirme tout. Cette jolie demoiselle a bien un petit problème en tête, mais elle hésite à me le confier.
__ Marie...
Je relève sa binette en tenant son menton avec deux de mes doigts.
__ ...raconte-moi tout, l'incitais-je avec un air réconfortant.
Elle inspire profondément en mordant sa lèvre inférieure et je lâche son menton. Puis elle s'abandonne enfin :
__ Je ne voulais plus te mêler à cette histoire et... je ne suis pas sûre de le vouloir maintenant.
Je la scrute, intriguée.
__ Cette histoire t'a déjà causé beaucoup trop d'ennuis, continue la belle brune.
__ De quoi parles-tu ?
__ Un "qui" serait plus approprié.
Je fonce mes sourcils, toujours dubitative.
__ Je parle d'Ericka.
Je relâche les mains de Marie et tourne des yeux.
__ Je savais que ça ne te plairait pas.
__ Je constate que ton frère n'a toujours pas retenu la leçon.
__ Cette fois, Alphonse n'y est pour rien.
__ Ah non ?
__ C'est Ericka elle-même qui a demandé après toi.
__ Pardon ? Et puis-je savoir pourquoi ?
__ Elle veut que toi seule sois au courant de l'hôpital où se fera le test ADN.
J'observe ma copine, abasourdie. Décidément, ils veulent tous me mêler à cette histoire abracadabrante.
__ Elle dit avoir confiance en toi seule, m'affirme-t-elle.
J'arque un de mes sourcils. Ce que dit Marie est complètement absurde. Comment peut-elle avoir foie en moi, alors que c'est à peine si elle sait que j'existe ? De plus, la dernière fois qu'elle m'a croisée, elle m'a clairement manqué de respect. Et aujourd'hui, elle a besoin de ma présence ?
Je n'y crois pas. Cette femme espiègle a sûrement quelque chose de sournois en tête. C'est certain.
__ Et je suis sensée faire quoi selon toi ?
__ Accepter.
Je me lève du banc et touche mon front. Je ne sais pas si c'est la température qui vient d'augmenter, mais je sens ma tête chauffer.
Je ne peux pas accepter la demande de Nathalie, non seulement à cause de son comportement qui laisse fortement à désirer, mais aussi parce que je ne veux plus revoir Alphonse.
J'ai conscience qu'assumer ce rôle, serait acceuillir à nouveau mon ancien patron dans mes bras, et rejeter pour de bon Adrien. Je ne peux me permettre de commettre la même erreur.
__ Marie... Franchement, je t'adore, mais je ne peux pas accepter. Cette femme est une sorcière et c'est sûr qu'elle ne m'apprécie pas.
__ Dayana, je sais que ce n'est pas elle ton problème, mais mon crétin de frère.
Elle se lève à son tour du banc. Elle attrape mes mains. Elle se fait légèrement hésitante.
__ Écoute, ne le fais pas pour elle, mais fais-le pour mon père, cet homme qui te considère comme sa deuxième fille.
Je lis de la pitié et du tourment dans ses prunelles. Ça ne lui ressemble pas.
Ce qu'elle me dit me touche énormément. Elle a raison. Je dois aider Erick ; je lui dois tellement déjà...
Si je m'arrête juste au fait qu'Alphonse soit aussi concerné, je m'aventure à faire du mal à une de mes amies les plus proches ainsi qu'à un homme bon et humble. Eux, ils ont sincèrement besoin de moi. Ce n'est pas de leur faute si Nathalie est aussi vicieuse.
Je soupire longuement, me sentant coincée à un mur, sans issue pour m'enfuir.
__ Promets-moi une seule chose : à chaque fois que je la verrai ou que je verrai Alphonse, tu seras avec moi.
__ Je te le promets.
Sa bouille s'illumine. Je me sens plus détendue, malgré le petit soupçon de crainte qui persiste en moi.
Tu le fais pour Erick et Marie, ne l'oublie pas, me ramène ma conscience.
Mon amie me raccompagne jusqu'au café et monte dans sa voiture pour suivre son chemin vers une direction inconnue.
Quant à moi, je remets mon tablier et reprends mon travail, ne cessant pas de me remémorer pour qui j'ai accepté cette mission, ne tenant pas compte des multiples répercussions qu'elle pourrait m'apporter.
[ Dans la peau d'Adrien ]
Positionné derrière mon pupitre, je revois quelques contrats avec de nouveaux et anciens auteurs. Il y'a toute une paperasse. J'ai l'impression de ne jamais réussir à tout vérifier.
Ça fera bientôt quatre heures que je fais des va-et-vient entre ces papiers et mon ordinateur. C'est épuisant.
Soudain, je retombe sur un contrat qui m'est plus familier que les autres. J'admire ma signature dessinée dessus, comme si je venais de la découvrir. Elle est voisine à celle de mon associé.
Je me souviens parfaitement de ce papier. C'est le premier que j'avais signé dès mon arrivée dans ces locaux.
Je me rappelle que c'était Dayana elle-même qui me l'avait apporté pour que j'y dépose mon accord. Elle était si angoissée juste en me voyant, et moi, même si je faisais tout pour le camoufler, je me sentais déstabilisé par sa présence. Mon écritoire nous servait de barrière, cependant son parfum et le son de sa voix me transportaient. Je ne désirais qu'une chose : cajoler à nouveau ses lippes avec les miennes.
Mais je ne pouvais pas, elle s'était cachée la veille à cause de cette maladresse. Je m'étais donc retenu.
À présent que j'y repense, je trouve que j'y suis allé un peu trop vite avec Dayana. Je me suis laissé obnubilé par sa beauté et sa délicatesse. J'ai tenté d'apprendre à mieux la connaître, mes intentions étaient des plus honnêtes, mais je m'y suis très mal pris. J'ai accéléré le mouvement, alors qu'elle n'était pas prête.
Je le regrette...
Aujourd'hui, il est trop tard, le mal a déjà été fait. Tout m'est déjà retombé dessus, et sans que je m'y attende. J'avais des doutes, certes, mais la vérité a surpassé mes imaginations. C'était douloureux. Ça l'est encore d'ailleurs.
Le plus cruel, c'est que plus rien ne peut être réparé. Dayana ayant démissionné, tous les espoirs se sont éteints. Envolés.
Je me sens vide. J'ai beau réfléchir, je ne sais toujours pas quoi faire. La jolie dame ne cesse de m'appeler, de m'envoyer des messages, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée qu'on se revoie. Que pourrais-je bien lui dire de plus ?
De surplus, elle est partie d'elle même, personne ne l'a renvoyée, ce qui laisse croire qu'elle ne veut plus nous revoir, Alphonse et moi. Elle nous a abandonnés. Je ne peux donc plus me rapprocher d'elle.
Une partie de moi espérait qu'elle reste, au moins pour ma personne. Nous ne discuterions toujours pas, néanmoins j'aurais vu qu'elle tient réellement à se faire excuser. Au lieu de cela, elle s'est éloignée de moi. Il m'arrive parfois de me demander si elle ne l'a pas fait simplement pour continuer son histoire avec Alphonse, sans avoir le regard des autres sur le dos.
Le point positif de cette distance, c'est qu'elle m'a permis de me calmer, de tout avaler, indépendamment du chagrin. Je ne suis plus en colère, seulement encore déçu et un peu surpris. Je n'aurais jamais imaginé que c'était aussi sérieux entre eux. Si je l'avais su dès le début, je n'aurais rien essayé d'aussi stupide, et encore moins aussi rapidement. C'était mon erreur.
Tant de pensées me viennent en tête...
Et elle, elle me manque malgré ses manipulations. C'est stupide, mais je n'y peux rien.
Et en ce qui concerne mon acolyte, on s'évite presque. C'est à peine si nos regards se croisent. Aucun de nous ne veut se quereller, on se satisfait de continuer notre coopération pour faire évoluer l'entreprise. Nos employés ne suspectent rien, et c'est mieux ainsi. Seule Rachelle sait tout. C'est un peu déplaisant, elle m'en parle tous les jours.
Ma secrétaire me donne très souvent des nouvelles de son amie, alors que je ne les lui demande pas. Ce n'est pas que je ne m'inquiète pas pour Dayana, mais je ne veux pas avoir l'air désespéré, ni qu'elle croie que je regrette notre dernière discussion.
J'ignore si Rachelle fait de même avec Alphonse, mais ça m'étonnerait, elle n'a pas l'air de l'apprécier, et elle ne l'étouffe pas.
Ce qui me laisse penser que mon associé a peut-être légèrement exagéré son conte. Mais peu importe, le fond reste le même, il y'a toujours de la tromperie.
Je me reconcentre enfin sur mon travail inachevé et les heures recommencent à filer.
On frappe deux fois à ma porte et je vois ensuite Rachelle entrer. Elle referme l'issue et se place en face de moi.
Elle grogne de fatigue devant tout le travail qu'il me reste. Son geste ne manque pas de m'amuser.
__ Tu pourras tout achever demain si tu veux, il se fait tard.
__ Je n'ai rien de prévu ce soir. Mais toi, tu peux rentrer, je ne te retiens pas.
Je me remets au boulot, tandis qu'elle récupère un des contrats posé sur ma table.
__ Jonhy Baldau, lit-elle à haute voix.
Ce nom attire mon attention. Je relève alors mes pupilles sur Rachelle.
__ C'est le premier contrat que t'as signé ici, retrace-t-elle, la gaieté au visage.
__ Possible, répondais-je vaguement en rabaissant ma caboche.
__ Fais donc taire ton côté têtu et arrogant. Je sais que tu te souviens de lui et aussi de qui te l'avait emmené.
Elle a raison. Je n'ai rien oublié, mais je ne veux pas qu'elle comprenne que j'y prête encore réflexion.
__ Adrien, ne fais pas semblant. Cette feuille était à l'écart des autres, c'est pour cela qu'elle a capté ma curiosité. Tu l'avais mise à part.
Je ne m'en étais même pas rendu compte. Même maladroitement, je privilégie ce qui est lié à Dayana. Je suis stupide.
__ As-tu au moins repensé à ce que je t'ai conseillé ?
Je ne lui réponds pas. Effectivement, j'y ai médité, mais je ne suis toujours pas sûr de ma décision.
__ Adrien ! s'irrite-t-elle.
Je souffle, blasé de cet harcèlement.
__ J'y ai réfléchi, la rassurais-je sans lever mes yeux de ma pile de papiers.
__ Et donc ?
__ Rien.
__ Comment ça rien ?
Je l'ignore complètement. Je ne veux plus rapporter le sujet sur la table.
__ Adrien ! se fâche mon employée en me retirant mon stylo.
J'expire brouillament et la scrute finalement.
Elle veut discuter ? Alors, on va le faire. Il est peut-être temps qu'on le fasse.
__ Rachelle, si Dayana tenait réellement à ce qu'on reparle de tout ça, elle n'aurait pas démissionné.
__ Elle l'a fait pour se débarrasser d'Alphonse.
__ Mais elle n'a pas songé à moi.
__ Bien sûr que si. En échappant à ce démon, elle a retiré le mur de Berlin qui vous séparait.
Mon torse se jette sur le dos de mon siège en cuir, tant je suis exténué.
__ Adrien, tu ne lui as pas vraiment laissé le temps de tout t'expliquer. Tu n'as écouté que ce calomnieur. Et elle, tu l'as rejetée.
__ N'oublie pas...
__ Oui, je sais, elle t'a blessé en premier, me trouble la jeune femme. Mais elle l'a fait pour ne pas te perdre.
Elle marque une pause, patientant sûrement que je rétorque quelques mots, mais rien ne me vient à l'esprit.
__ Adrien, je t'en prie, va lui rendre visite ce soir et discutez. Écoute ce qu'elle a à te dire, ne l'arrête pas. L'heure est bien avancée pour continuer à travailler, mais pas pour sauver ton histoire avec Dayana.
Elle me fait un sourire crispé, dépose le pauvre stylo et sort de mon bureau.
Je reste silencieux un moment, immobile, me demandant que faire.
Quelques minutes après, je me lève de mon siège, prends ma veste et m'approche de la porte. Au moment de l'ouvrir, je me retiens. Je recule et réfléchis encore. Je fais quelques pas à gauche puis à droite, toujours aussi hésitant.
Et si Rachelle avait raison ? Dayana avait à peine ouvert sa bouche, que je lui avais déjà ordonné de me laisser.
Et si au contraire, mes craintes étaient justifiées ? Vais-je une fois de plus être déçu ?
Il n'existe qu'un seul moyen de le savoir.
Je franchis finalement l'encadrement de la porte et me dirige vers la sortie de l'immeuble. Il ne reste presque plus personne, je pense être le dernier à partir.
J'arrive sur le parking, monte dans mon carrosse et conduis comme un malade en direction de l'appartement de Dayana.
Lorsque je me gars devant chez elle, le souvenir de ce soir-là me revient. Le soir où elle avait annulé notre deuxième dîner pour rester avec mon concurrent pour, soi-disant, juste discuter. Le fait d'avoir vu la voiture d'Alphonse encore placer ici le lendemain matin, m'avait frustré. Elle m'avait laissé tomber pour lui, et elle avait osé me mentir pour se couvrir. Si Rachelle n'était pas restée avec moi ce soir-là, je n'aurais jamais remis en cause sa fausse excuse.
J'y repense encore et encore, et je finis par me demander si le fait de venir lui parler est vraiment une bonne idée. Ne vais-je pas le regretter ?
A-t-elle réellement autre chose à m'informer ?
Et s'il ne s'était rien passé ce soir-là et qu'elle n'avait pas triché à ce sujet ?
Je tire mes cheveux en arrière, je crois que je vais perdre la tête. Tant de questions m'accablent. J'ai besoin de réponses. Je ne veux pas avoir de remords.
Je quitte enfin mon véhicule et arrive à la porte d'entrée, mais ne toque pas encore. Je revois notre premier baiser. C'était ici même. Elle s'était enfuie par la suite comme si elle n'aurait pas dû. Peut-être qu'elle s'en voulait d'avoir trahi son amant ?
Mais si c'est le cas, alors que fais-je ici ?
Je pose quelques pas en arrière et tire une nouvelle fois ma tignasse.
__ Fais chier ! marmonais-je.
Je ne saisis pas ce qui m'arrive. Frapper de simples petits coups sur ce bout de bois, m'exige à ce jour plus d'efforts mentaux que physiques. C'est une pure torture.
J'ai beau me motiver, c'est toujours autant difficile.
Vaut mieux une autre déception que des repentirs, me dicte ma voix intérieure.
__ Allez, Adrien ! m'encourageais-je.
Je me précipite vers la porte et dame deux coups sans accorder un temps de plus à une délibération.
Après quelques secondes qui découlent telles des heures, j'entends la porte se déverrouiller et elle s'ouvre enfin sur une séduisante femme, à la chevelure éclatante.
Mon coeur bat la chamade lorsque nos iris se rencontrent. Nous nous examinons pendant un instant afin de bien assimiler la situation.
__ Adrien...
__ Dayana.
La femme me sourit, à la fois gaie et surprise de me découvrir au seuil de son entrée.
Elle s'écarte pour me laisser librement emprunter le chemin qui mène à son salon, ce que je fais évidemment. Je l'entends refermer la sortie.
Je me retourne vers elle, et elle me contemple ébahie. Elle est si ravissante...
__ Je suis désolé de te contrarier à une heure pareille.
__ Je suis contente que tu sois là.
Je ne sais pas quoi lui dire. Comment puis-je amorcer le sujet ?
__ J'avais peur que tu ne veuilles plus jamais me voir, avoue-t-elle.
Si tu savais à quel point je mourais d'envie de te revoir, reconnaît mon esprit.
__ C'est grâce à Rachelle, elle m'a tellement harcelé pour que je vienne.
Son visage s'attriste.
__ Oh... Alors, tu ne voulais vraiment plus me croiser ?
__ Euh... ce n'est pas ça.
J'expire brouillament.
__ J'ai plein d'interrogations sans réponses. J'ai cherché à les effacer, mais en vain. Voir tes appels et tes messages n'a fait que les accumuler. J'essayais juste de fuir. De te fuir.
__ Et pourquoi es-tu là ce soir ?
__ J'ai besoin de tes aveux.
__ Que veux-tu savoir exactement ?
__ Tout. Avec tous les détails.
__ Très bien. Tu veux boire quelque chose avant ?
__ Non. Je veux seulement t'écouter.
__ D'accord. Assoyons-nous.
Nous prenons place et elle commence son discours.
Elle m'explique qu'en réalité elle aime Alphonse depuis près de six ans, mais que depuis mon arrivée, ses sentiments ont été chamboulés.
Elle confesse avoir couché avec son précédent patron deux fois et ne manque pas de me dire où et quand. Elle précise aussi le regretter, car Alphonse est un vrai monstre et que je ne méritais pas ses craques.
Elle m'affirme ne pas avoir eu d'autres relations intimes après, même pas pendant leur séjour à Miami, qui d'ailleurs est le résultat de la venue d'un problème personnel dans la famille Bowns. Elle dément le fait d'avoir entretenu une liaison sérieuse avec Alphonse et maintient qu'ils n'ont été amants que deux horribles soirs.
Elle finit par reconnaître que ses sentiments pour Alphonse ne sont pas complètement éliminés, mais qu'elle a convenu de s'éloigner de lui, car ce qu'elle ressent pour moi est pur et pourrait devenir plus qu'amical.
__ J'ai juste besoin de temps, s'exprime Dayana.
__ Je ne sais pas. Je ne veux plus être déçu.
__ Recommençons tout à zéro.
Je me lève du canapé et fais des petits pas pour raisonner. Dayana se lève à son tour et s'approche de moi.
Elle glisse ses mains le long de mes joues et incite ma vue à cadrer que son minois. Je déteste ça. Je me sens si faible, noyé dans sa flore.
__ Adrien... je t'en conjure, offre moi l'opportunité de me faire pardonner.
Ses mirettes implorent mon indulgence, et mon âme s'adoucit.
Elle s'avère plus loyale. Je ne sais pas si ce n'est que mon cerveau qui s'évertue à la croire, mais j'ai envie de me livrer à elle, sans pourtant calculer les conséquences.
J'attrape ses hanches et l'attire vers moi. Nos mines sont très voisines. La tentation est à son comble, mais mes hormones se maîtrisent.
__ Je... Je veux bien nous accorder une dernière chance. Cependant, nous n'allons pas nous précipiter. Je veux bien faire les choses maintenant. Et... jusqu'à ce que tu sois certaine d'avoir effacé Alphonse de ton coeur, je ne veux plus autant m'attacher. Moi aussi, j'ai besoin de temps. Tu me comprends ?
__ Bien sûr. Prends le temps qu'il te faut. Je serai inlassable pour toi.
Nous nous sourions tendrement. J'appuie ensuite mes labres sur son front. Nous savourons tous les deux ce moment de douceur, les yeux clos et la respiration endormie. C'est si agréable...
Je décolle nos peaux et je la reluque à nouveau.
__ Je dois y aller maintenant.
Elle opine d'un mouvement de tête.
Elle me raccompagne jusqu'à ma voiture, nous nous disons au revoir, puis je remonte dans mon bolide.
Sur la route qui mène à ma demeure, je repense à notre discussion. Pour une fois, on a parlé sans fausseté. Elle m'a attribué tout ce que je réclamais : la vérité.
L'absence de mystère donnera accès à plus de liberté. C'est pour cette merveilleuse raison que j'ai décrété de m'exposer à nouveau à Dayana. Je suis heureux de nous consacrer une seconde chance.
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