Chapitre 22 : Le Mensonge Ou La Vérité

[ Dans la peau d'Alphonse ]

Ça fait un peu plus d'une heure que je suis dans ma chambre, assis sur mon matelas. Mes doigts tapotant sur l'écran de mon mobile et mes yeux fixés sur celui-ci, j'essaie de me mettre à jour sur ce qui se passe autour de moi, notamment sur l'entreprise.

J'ai reçu un e-mail d'un auteur. Il semblerait qu'il veuille faire le film et peut-être le dessin animé de son dernier livre. Intéressant...

Après quelques minutes encore à lire et répondre à des messages, je mets enfin mon téléphone en mode veille.

Je laisse mon dos tomber sur le lit, froissant au passage les draps, que j'avais déjà si bien étalé dessus.
Je me remets à penser à Dayana.

Oui, toujours et encore elle.

Depuis quelques jours maintenant, cette femme ne quitte plus mon esprit. Son visage y est gravé, comme si elle l'habitait complètement. Sa voix sonne en boucle dans ma tête et son odeur semble être collée à ma peau. Le tendre vert qui brille entre ses paupières, a désormais le don de me faire fondre. Son regard innocent me déstabilise et son sourire rend mon coeur heureux.

Je me demande si elle a le même effet sur Adrien. Et si c'était le cas ? Et si c'était réciproque ?

Je dédaigne toujours à l'imaginer avec lui, à accepter qu'elle lui appartient à présent. Cela me blesse encore, et pas juste à cause de mon amour pour soi.

Depuis cet appel, Dayana n'est pas la seule à avoir changé, à l'intérieur de moi aussi quelque chose n'est plus comme avant.
Je me sens bizarre, presque nouveau.

Ma façon de voir ma secrétaire n'est plus la même. Auparavant, je l'estimais à peine comme un simple jouet sexuel, une femme parmi tant d'autres, rien d'exceptionnel. Mais maintenant, je la juge comme une dame, une femme respectable par sa manière d'agir et de réfléchir. Une femme remplie de qualités.

J'ignore comment un inutile coup de fil a pu tout bouleversé, alors que pendant près de six ans rien, ni personne n'y est parvenu.
C'est étrange. J'ai vu plus d'une dizaine d'hommes faire des avances à Mlle Blems, sans pour autant ressentir une quelconque jalousie. Cependant, à cet instant, j'aimerais qu'elle soit aussi proche de moi qu'elle l'est de mon partenaire.

Je ne sais vraiment pas ce qui me prend. C'est si imprévu, que je me crois dans un rêve, ou plutôt un cauchemar.

Pourquoi je ne ressens ça que maintenant ? Pourquoi ça se montre si vrai et profond ?

Ce qui me rends encore plus perplexe, c'est le goût amer que je sens, lorsque l'idée que ce début de je-ne-sais-quoi soit aussi présent en Dayana, mais à l'égard d'Adrien.
Je demanderais que son coeur m'appartienne, qu'il refoule la présence de mon concurrent en lui. Je voudrais que ma petite chauffeuse soit toujours aussi caduque quand ses yeux scrutent ma personne. Dit autrement, que tout redevienne normal.

Soudain, un bruit retentit derrière la porte, me sortant ainsi de mes rêveries. Je me redresse et demande à l'auteur du bruit d'entrer.

C'est Marchal. Il entre, referme l'issue, puis commence :

__ Désolé de vous déranger, monsieur, mais votre avocat vient d'arriver.

__ Oh, ok. Dîtes-lui de m'attendre dans le bureau de mon père, j'arrive tout de suite.

__ Très bien, monsieur.

Il s'apprête à partir, mais je le retiens.

__ Marchal ?

__ Oui, monsieur ?

__ Pourquoi ce n'est pas Marie qui est venue me prévenir ?

__ Elle et mademoiselle Dayana sont sorties. Votre soeur m'a chargé de vous dire qu'elles ne dureront pas.

__ Je vois. Merci.

Il acquiesce, puis dispose.

Pourquoi sont-elles sorties ? Et où sont-elles allées ? Pour discuter de quoi ?
J'espère que Dayana ne va pas encore se mettre à raconter sa vie à Marie, parce que franchement, ça commence sérieusement à m'embêter, surtout que mon nom ressort à chaque fois.

Je déteste lorsque ma soeur se mêle trop de ma vie, notamment quand il s'agit des femmes. Ensuite, elle se permet toujours de faire des commentaires.
Bon sang, je ne suis plus un gamin !

Et si Dayana lui racontait tout ce qui s'est passé jusqu'à présent ? Et si elle lui parlait de ma réaction d'hier ?
Je n'ai pas envie que Marie vienne me poser des questions à son tour. Je n'arriverais pas à lui mentir, pas à elle.

Je me lève du lit et prends mon portable pour appeler la personne qui était sensée m'informer de l'arrivée de notre avocat. Ça sonne, puis elle décroche.

__ Allô ?

__ Marie, où êtes-vous ?

__ Nous sommes sorties pour discuter un peu entre filles. Il y'a un souci ?

__ L'avocat est là. C'est toi qui étais sensée me prévenir lorsqu'il arriverait, pas l'inverse.

__ Roh, ça va, t'es pas mort. On arrive bientôt.

Je soupire et raccroche. Des fois, je me demande qui est l'aîné entre elle et moi.

Je sors de la chambre et rejoins mon défenseur.
Je rentre dans le bureau et lui tends la main pour le saluer.

__ Jonh !

__ Alphonse ! lâche-t-il en me la serrant.

Jonh est un proche de la famille. En plus d'être notre avocat, c'est aussi un ami de lycée d'Erick. Ils s'étaient perdus de vue après le BAC, mais se sont retrouvés lors d'une vente aux enchères organisée par une amie en commun.

C'est un homme bon et de confiance. Je sais que je peux lui confier l'affaire de Nathalie et lui demander des conseils, sans avoir honte ou peur qu'il juge mon père, d'autant plus qu'il connaît quelques secrets de mon paternel, que j'ignore moi-même.

__ Comment vas-tu ? je continue.

__ Très bien et toi ?

__ Je vais bien aussi, merci. Euh... Marie s'est déplacée un instant, elle ne devrait plus tarder. Je suis vraiment désolé.

__ Ce n'est pas grave.

__ Mais, je t'en prie, prend place.

Il exécute.

__ Tu veux boire quelque chose ?

__ Non, ça va. Je préfère que tu m'expliques ce qui se passe.

__ Très bien, dis-je en m'assoyant sur le siège d'en face.
Écoute. Mon père et toi vous connaissiez depuis très longtemps. Vous êtes assez proches. Alors, ce que je vais te confier maintenant ne doit pas sortir de cette pièce.

__ Bien entendu. Ne t'angoisse pas pour ça.

__ Merci. Alors...

Je commence mon récit, sans en oublier un détail. Je lui explique aussi la raison de sa présence ici, aujourd'hui.
Jonh, lui, se contente de tendre attentivement l'oreille.

[ Dans la peau de Dayana ]

Je suis assise sur un banc, dans un parc, pensive. Marie s'est levée tout à l'heure pour répondre à son frère.

Ce que mon amie m'a dit lorsque nous étions au fast-food, me fait énormément réfléchir. A présent, je me demande ce qui se trame réellement dans la tête de mon patron : est-ce qu'il s'intéresse finalement à moi ? Est-ce qu'il a fait tout ça juste pour se rapprocher de moi ? Est-ce qu'il est en réalité jaloux d'Adrien ?
Toutes ces questions défilent en boucle dans ma tête, sans que je n'y trouve une seule réponse.

Et si, au contraire, Marie se trompait ? Alphonse est tellement incompréhensible, qu'il m'arrive parfois de douter que quelqu'un puisse le saisir, même pas sa soeur. Cet homme bascule d'un visage à un autre en une seconde, ce qui a le don de me faire perdre la boule.

J'aimerais tant lui entendre m'avouer la faiblesse qui l'habite lorsqu'il est près de moi. Qu'il me dise qu'il essaie juste de camoufler l'effet que j'ai sur lui.

Pfff... Il ne faut pas que je m'emballe, non plus. Peut-être que tout ça n'est juste qu'une coïncidence. Je n'ai pas envie de me prendre un autre vent en pleine face, j'en ai déjà assez reçu. J'ai déjà beaucoup trop espérer, sans avoir le résultat attendu, pour que je m'achemine dans cette nouvelle voie sans avoir recouvert mon coeur d'une armure indestructible.

Au surplus, je ne voudrais pas donner une raison de plus à Adrien d'être déçu, ce qui serait une occasion supplémentaire à Alphonse de m'humilier.
C'est toujours comme ça. En tout cas, ça l'a été jusqu'à ce jour. Et je commence à en avoir marre. Je souhaite que tout change. Mais c'est tellement difficile, que je baisse vite les bras.

__ Dayana ?! résonne une voix féminine.

Je regarde Marie, revenant enfin sur Terre.

Ses yeux m'interrogent, comme si leur propriétaire se demandait ce qui n'allait pas. Je lui souris légèrement pour que ses pupilles cessent leur interrogatoire, et ça fonctionne. Néanmoins, elle décide de se rassurer :

__ Ça va ? Tu pensais à quoi, t'avais l'air soucieuse ?

__ À rien d'important.

__ Tu pensais à mon frère, pas vrai ?

Je reste silencieuse, mais cet absence de voix en dit long, car elle poursuit :

__ Je me disais bien. Tu ne devrais pas te casser la tête avec lui, il n'en vaut pas la peine. Il a beau être mon frère et j'ai beau l'aimer à la folie, mais il ne reste pas moins un connard.

Marie me sourit. Son sourire est presque blagueur. Il m'avait manqué. Aujourd'hui elle a été un peu trop triste à mon goût, et je n'apprécie pas qu'elle soit de cette humeur. Ça ne lui convient pas.

Je lui rend son sourire, je ne peux m'en empêcher.

__ Il faut qu'on rentre, maintenant. L'avocat vient d'arriver.

__ Ce n'était pas à toi de prévenir ton frère ?

__ Mais on s'en balle les cacahouètes ! L'essentiel, c'est que tout le monde soit au courant, au bon moment. Non ?

Cette fille a toujours eu ce brin de folie depuis qu'on se connaît. Je dois dire que cette facette de sa personnalité me plait beaucoup. On ne s'ennuie jamais avec elle.

__ Mais bien sûr... je rétorque d'un ton un peu amusé.

__ Et puis, j'avais vraiment besoin de me balader un peu et de parler à une amie. Une vraie amie, articule-t-elle, un sourire tendre sur les lèvres.

Mon visage s'illumine automatiquement.

Ma copine et moi nous levons ensuite du banc et nous marchons jusqu'à sa voiture. Nous y pénétrons et elle fait vibrer le moteur en direction de la villa d'Erick.

Arrivées à destination, nous descendons du véhicule et nous dirigeons vers la maison. Nous entrons et Marie se dirige directement vers le bureau d'Erick. Je la suis.

Mon acolyte toque, puis nous entrons après avoir entendu le 《entrez !》qui sortait de la pièce.

__ Mon cher Jonh ! s'exclame-t-elle.

__ Ma petite Marie ! Que t'as grandit, proclame ce dernier en quittant sa chaise, pour enlacer sa connaissance.

__ Et toi alors ! J'ai l'impression que tu ne prends pas de l'âge.

Pendant que ces deux personnes se retrouvent, moi, j'en profite pour jetter un coup d'oeil à mon employeur, debout derrière le pupitre.

Il paraît joyeux d'assister à ce spectacle, un sourire décore sa binette. Mais, quand ses iris croisent les miens, cette mine heureuse disparaît, laissant place à une autre froide et impénétrable.

Cette oeillade me glace le sang, je me sens figée sur place. Je n'ose même plus bouger, tant ce changement de figure me perturbe.

Pourquoi réagit-il encore ainsi ? Qu'ai-je fait de mal ? Ce regard est-il vraiment mon mérite ? Quelque chose me chuchote que non. Alors, pourquoi diable ai-je le malheur de le subir ?

Son regard est intense et insistant, comme s'il me grondait, pour une raison que j'ignore d'ailleurs. Et s'il m'envoulait parce que je me suis rabibochée de son associé ? Après tout ce que Marie m'a confié, ça ne m'étonnerait pas, bizarrement. Mais est-ce réellement la raison de cette "colère" inattendue ?

J'aimerais tant lui poser la question, mais j'ai peur qu'il ne me réponde pas, ou qu'il le fasse, mais méchamment. Je crains que sa réponse ne soit pas celle à laquelle je m'attends.

Tout à coup, Alphonse repose ses yeux sur les deux autres personnes, mais son sourire semble être parti pour de bon.

Je sens une main secouer mon bras, me faisant échapper le pays des rêves. Je regarde Marie, l'esprit désert, ne comprenant pas les signes qu'elle me fait avec ses pupilles.

__ Je disais à Jonh que tu es une bonne amie à moi, mais aussi la secrétaire d'Alphonse, m'éclaire-t-elle finalement.

__ Oh !

Il s'avérait que j'ai été beaucoup trop à l'ouest, et surtout beaucoup trop longtemps. Que doit maintenant penser l'avocat de moi ?

Oh, Dayana... Toi et ta conscience vagabonde...

__ Mademoiselle Dayana, je suis ravi de vous rencontrer, reprend l'homme de justice, la main tendue vers moi.

Je serre sa main et réponds un peu gênée par mon léger manque d'attention :

__ Le plaisir est partagé. Dayana suffira largement, et tutoyez-moi, je vous prie.

__ Très bien. Alors, tutoyons-nous.

__ Avec joie.

À première vue, cet homme est sympathique, tout comme Erick ; c'est très agréable.

Il lâche ma main et se tourne vers Marie.

__ Bien. Vu que les retrouvailles sont faites, je pense que l'on peut reprendre notre discussion. N'est-ce pas, Alphonse ?

__ Mais bien évidemment.

Marie et Jonh prennent place en face d'Alphonse, qui est resté debout. Il me fixe de son regard glacial, avant de se prononcer :

__ Dayana, c'est bon, vous pouvez vous en aller.

__ Mais non, elle peut rester si vous lui faites confiance, m'autorise Jonh.

__ Exactement, je lui fais confiance, approuve mon amie.

Les globles oculaires d'Alphonse toisent Marie, assombris par la colère qu'elle venait de réveiller sans s'en apercevoir, car elle a la caboche tournée vers moi.

__ Et bah, pas moi.

La tête de la jeune femme s'oriente vers son frère. Une guerre éclate désormais entre les yeux des enfants Bowns.

Jonh semble ilote face à cette scène dont il ne comprend pas le sujet.

__ Ce n'est que ma secrétaire, alors qu'elle sorte !

__ Mais...

__ Je vais patienter dehors, j'interrompt.

L'aînée des Bowns m'observe à présent, déçue par ma décision, mais plus par la situation.

Je ne veux pas qu'ils se disputent encore par ma faute. D'une part, Alphonse a raison, je ne suis que sa secrétaire, je ne devrais pas être là. Quoique je le mériterais, puisque c'est lui qui m'a embarquée dans tout ce raffut.

L'éternel indécis me scrute, attendant sûrement que j'exécute mes mots, les yeux toujours sombres. Ils sont tellement enténébrés, qu'on a le sentiment qu'ils dégagent de la fumée noirs, tel les démons dans certains films.

Je vise alors ma camarade et lui souris tendrement, avant de finir :

__ À plus tard, Jonh.

__ À bientôt.

Et je sors enfin.

Je descend l'escalier et vais dans le jardin : l'endroit le plus tranquille de cette chartreuse. Je m'installe sur l'une des chaises autour de la table et profite de l'air frais.

Un vrai instant de paix.

[ Dans la peau d'Alphonse ]

Je vois ma petite chauffeuse s'en aller, une expression de déception sur sa figure.

Que c'est dommage. J'aurais préféré que ça se passe autrement, mais je n'arrive plus à être trop près d'elle, et ce, même si son odeur me manque.

Je me rasseois sur mon siège, pendant que ma soeur ralle.

__ Pourquoi t'as fait ça ? Dayana est une personne de confiance.

__ Jonh, poursuivons s'il te plait.

J'ignore complètement les propos de Marie, car au fond de moi je suis du même avis qu'elle, mais il ne faut pas que ça se voie.

Mon aînée soupire de rage. Je crois qu'elle va vouloir revenir sur le sujet plus tard.

__ Excuse-moi, Jonh. Tu peux continuer, s'exprime Marie.

__ Bien, reprend l'ami de mon père. Alors... Ton frère et moi avons examiné tous les dossiers, y compris les anciens dont tu m'as envoyé les copies.

__ Et donc ?

__ Ils sont tous en ordre. Et, par rapport à l'histoire que j'ai entendue, je ne pense pas qu'il y ait de quoi s'inquiéter. Le père de Tina nous avait vendu toutes ses parts, ainsi que ses terrains, avant de décéder. Ces papiers nous montrent bien qu'Erick a tout acheté, et qu'il ne doit pas cette famille. Par conséquent, Ericka...

__ Nathalie. Elle s'appelle Nathalie, le coupe Marie.

__ Euh... bien sûr, Nathalie. Elle n'a aucun droit sur l'entreprise.

__ Et pour le test ?

__ Pour ça, c'est à vous de décider. Votre père aurait dû le faire plus tôt, mais il n'est pas trop tard.

__ Je compte le faire, je déclare brusquement.

Marie me fixe, dégoûtée et ahurie par ma décision.

__ Pourquoi ?

__ Je veux juste que tout soit clair.

__ Mais tout est clair.

__ Pas pour elle.

__ Voyons, Alphonse, cette sorcière n'est pas notre soeur, c'est certain ! Tout ce qu'elle veut, c'est notre argent !

__ Peut-être pas. Elle a peut-être d'autres raisons. De toute manière, on n'a rien à perdre. Et puis, comme ça on pourra lui fermer le bec.

__ Mouais.

__ C'est une sage idée, m'encourage Jonh. Après tout, on ne sait pas de quoi elle est capable. Elle pourrait faire un scandale parce qu'on lui aurait refusé le test.

__ Très bien. Alors nous ferons comme ça, conclué-je, satisfait.

__ Quand comptes-tu l'appeler ? m'interroge Marie.

__ Dans environ un mois. Le temps de tout arranger, et aussi au cas où papa se réveillerait dans ce délai.

__ D'accord.

Ma soeurette paraît apaisée. Nous sommes enfin en accord sur tout et unis comme jamais !

Nous rangeons tous les papiers, discutons encore un peu de tout et de rien, puis raccompagnons Jonh jusqu'à la porte d'entrée.

__ J'espère vous revoir bientôt, avec votre père plus en forme.

__ Nous l'espérons aussi, affirmé-je.

__ Où est Dayana ?

__ Je l'ignore, mais je peux aller... se proclame Marie.

__ Mais non, elle est sûrement occupée, la troublé-je.

Je sens ma parenté chauffer à côté de moi. Je trouve qu'elle exagère parfois.

__ Oh, dommage. Passez mes salutations à Dayana.

__ Bien sûr, je réponds.

__ Au revoir, les jeunes Bowns.

__ Au revoir, Jonh, nous répliquons à l'unisson.

Jonh part et je referme la porte juste après.

Je me tourne vers ma soeur. Elle a les yeux qui brûlent, tant elle est en colère.

Mon Dieu... C'est reparti pour un tour...

Je n'ai pas du tout envie de l'écouter chanter pour un rien. Elle veut tout le temps prendre la part de sa copine, alors qu'elle est assez grande pour se défendre toute seule. De plus, je ne vois vraiment pas ce que j'ai fait de travers.

__ Je peux savoir ce qui te prends ?! m'engueule Marie.

Je soupire, paumé.

Je ne comprends pas. C'est elle qui m'a "trahi", pas l'inverse. Et c'est elle qu'on devrait réprimander, pas moi.
Franchement, c'est le monde à l'envers.

Je commence à me diriger vers ma chambre, mais une main me tire.

__ Pourquoi es-tu autant désagréable ?!

__ Mais qu'ai-je fait ?

__ Tu sais très bien ! me crie-t-elle.

Elle est très en colère et sa voix résonne trop fort dans la pièce. Si elle persiste ainsi, nous entendrons deux grands sons différents dans cette demeure ; je ne compte pas me laisser gronder pour un rien !

__ Tu mets le doute dans le crâne de Dayana et tu penses que c'est normal ?!

__ De quoi tu parles ?

Mon employée fait soudainement intrusion dans l'entrée.

Il ne manquait plus qu'elle, pensais-je.

Elle semble hésitante, comme si elle savait qu'elle arrivait au mauvais moment. Marie et moi l'observons.

__ Je dérange ? demande-t-elle.

__ Oui, affirmé-je.

__ Non ! me contredit l'aînée de nous trois. Tu arrives au bon moment. Alphonse allait justement m'expliquer pourquoi les domestiques n'ont pas travaillé hier.

Je toise Marie, surpris. Comment l'a-t-elle su ?

Mais bien sûr... Ça doit être à cause de Dayana, comme d'habitude. Décidément, cette fille ne sait pas maintenir sa bouche fermée !

Je foudroie mon adjointe du regard. Celle-ci détourne le sien vers Marie, honteuse de sa langue agitée.

__ On t'écoute, Alphonse.

Je remets mon oeillade sur Marie. Elle arque un sourcils, signe de son insistance.

Mon sang commence à bouillir ; cette situation m'agace de plus en plus.

J'ai l'opinion d'être pris au piège. Que faire ? Dois-je céder à la vision acharnante de ma frangine, ou plutôt me durcir contre la présence de Dayana ?

Dans cette situation, je ne perçois que deux solutions : le mensonge ou la vérité.

Hey guys !

Comment trouvez-vous ce chapitre ?

J'aimerais avoir vos idées sur deux sujets :

1) D'après vous, pourquoi Alphonse semble-t-il jaloux maintenant, alors qu'il ne l'a jamais été, même quand d'autres hommes s'intéressaient à Dayana ?

2) Pourquoi les ménagères n'ont-elles pas travaillé la veille ? Est-ce à cause d'Alphonse ? Si oui, pour quelle raison ?

J'espère que vous me repondrez.

Et merci pour les 3k.

😘

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