Une semaine s'est passée. Alphonse et moi venons d'atterrir à Los Angeles, notre chauffeur nous conduit à notre hôtel habituel. C'est un grand hôtel de cinq étoiles, il est superbe et on s'y sent très à l'aise.

L'homme de la réception nous donne les clés de nos chambres, elles sont juste... côte-à-côte.

Pas de chance ! Je serai obligée de le voir emmener des sales putains, telle que la blonde qui était venue lui rendre visite au bureau.

Je rentre dans ma chambre et m'allonge sur mon lit. Un employé de l'hôtel m'a apporté mes valises, je rangerai mes vêtements plus tard.

Une heure après, je descends rejoindre le père d'Alphonse à la cafétéria. Il préfère toujours me rencontrer avant chaque soirée de travail. Cela ne m'embête pas du tout, il est comme un second père pour moi.

__ Bonjour, M.Bowns.

Il se lève pour me faire la bise et son parfum m'enivre ; il sent si bon !
Il m'invite ensuite à m'asseoir en face de lui, et j'exécute.

__ Voyons, Dayana, combien de fois vais-je donc vous dire de m'appeler Erick ? se plaint-il d'un ton amusé.

Cet homme a toujours été humble. Il dégage un sentiment doux et agréable.

__ D'accord mons... euh... Erick.

__ Ne vous inquiétez, vous vous y habituerez, me rassure-t-il tout sourire. Mais bon, parlons de choses plus sérieuses. Je suis ravi de vous revoir, Dayana. Comment allez-vous ?

Sa voix est tendre et rassurante.

__ Je me porte très bien et vous ? Je suis heureuse de constater que votre âge ne vous ressemble pas.

Un rire s'échappe des lèvres du sage homme.

__ Et bien, comme le montre ma jeunesse, appuie-t-il sur un ton comique, je vais à merveille. Comment va mon fils ? Il n'a pas fait trop de bêtises, j'espère ?

__ Non, Alphonse sait s'amuser, bien sûr, mais lorsqu'il s'agit du boulot, il devient très responsable.

__ Et je suppose que c'est ce changement de visage que vous aimez chez lui ?

Je me sens rougir. Il ne me semble pas approprié de parler de mes sentiments pour Alphonse avec Erick.

Il cherche toujours un moyen d'en parler à chaque fois qu'on se voit. Et habituellement, j'arrive à éviter le sujet, mais cette fois-ci, j'ai un mauvais pressentiment.

__ Euh... quoi ? Voyons, Erick, monsieur Alphonse est mon patron et ri...

__ C'est bon, Dayana, ne vous inquiétez pas, m'interrompt-il. Je ne serai jamais contre une relation sérieuse entre vous deux. D'ailleurs, avez-vous acheté une nouvelle robe comme je vous l'avais demandé ?

__ Oui mais... pourquoi ?

__ Il y aura de très jolies femmes ce soir, de bonnes proies pour Alphonse. Je veux que vous soyez la plus belle de toutes.

__ À quoi ça servirait ? Je suis à ses côtés sept jours sur sept. Je le connais et ...

__ Et moi je l'ai élevé, m'arrête-t-il encore. Faites- moi confiance et faites vous belle ce soir. Lâchez-vous un peu ! Sortez de votre bulle pour une fois !

Je le regarde un instant, hésitante à sa proposition. On a beau élever nos enfants, rien ne nous garantit que nous arriverons à les reconnaître, ni même à les comprendre, lorsqu'ils seront plus grands.

Erick sourit face à mon hésitation, puis il dit :

__ Bon je dois m'en aller, moi aussi je dois me préparer pour cette soirée. À ce soir, Dayana.

__ À ce soir, Erick.

Il se lève de sa chaise, me donne une tape sur l'épaule et s'en va. Moi, je reste assise encore un petit moment.
Me faire belle ? Franchement, à quoi ça servirait ? Je ne suis pas son genre de fille et ça, je le sais très bien.

Je me prépare pour la soirée.
Je boucle mes cheveux, me maquille puis enfile ma robe. Elle est en soie et de couleur bleue de nuit. Elle a des manches longues et traine légèrement. J'ai mis, pour habiller le petit décolleté de ma robe, un collier argenté très fin avec une petite pierre au bout. J'enfile ensuite mes escarpins noirs vernisés et prend ma pochette noire, elle aussi.

Je sors de ma chambre et m'avance vers le hall de l'hôtel où m'attend Alphonse.

Je m'arrête net lorsque je le vois aux côtés d'une ravissante femme. Il porte un smoking noir avec une cravate noire.
Maintenant c'est clair, il ne me remarquera jamais.

Je me rapproche de lui lorsque cette femme s'en va.

Lorsqu'il me voit, il me lance un regard étrange. Il me dévisage un instant, repassant chaque détail de ma tenue.

__ On y va ? je demande.

__ Oui...

Il ne me fait aucun compliment. Ma confiance en moi prend un gros coup.

Je suis déçue...

Nous arrivons à la soirée. La salle réservée pour cette occasion est incroyable. Dans le fond, à gauche, un orchestre joue un son apaisant. À droite se trouve une estrade avec un micro positionné dessus. Des rideaux dorés décorent les grandes fenêtres situées sur les côtés de la salle. On se croirait dans une pièce de château. Erick ne fait décidément jamais les choses à moitié.

M.Bowns s'approche de nous, il est très élégant comme à son habitude. Il est vêtu d'un smoking gris foncé et porte un noeud papillon noir sur une chemise blanche.

__ Bonsoir, les jeunes !

__ Bonsoir papa, lui répond Alphonse en lui donnant une accolade.

__ Il faut que je te présente certaines personnes, Alphonse. Mademoiselle Dayana, vous êtes splendide ce soir. Tu ne trouves pas, Alphonse ?

__ Désolé mais... je ne lui trouve rien d'exceptionnel. Bon, tu me les présentes ou pas ces << certaines personnes >> ?

__ Ne l'écoutez pas, vous êtes magnifique. Bonne soirée à vous, Dayana.

__ Merci, à vous aussi, Erick.

Ils s'en vont et me laissent toute seule.

Nos représentants de Marseille s'approchent de moi. Parfait, ça me fera un peu de compagnie.

Une heure plus tard, toutes les conversations sont interrompues par la voix d'Erick qui résonne dans un micro.

__ Hum-hum. Excusez-moi. Bonsoir à tous !
Tout d'abord, je souhaitais vous remercier d'être présents, ici, ce soir. Sachez que c'est pour moi un honneur d'être entouré de tous les représentants de BOWNS EDITION, car sans vous, notre entreprise n'aurait pas une aussi bonne réputation internationale.
Mais si nous sommes réunis
ce soir, ce n'est pas que pour de simples remerciements. Je tenais aussi à vous présenter deux personnes qui sont, désormais, deux des plus importantes figures de BOWNS EDITION.
La première d'entre elles est le nouveau PDG de 99% de mes entreprises. Veuillez accueillir avec un tonnerre d'applaudissements, mon fils, Alphonse Bowns !

Son discours était génial.

Alphonse monte sur l'estrade. Il est tellement beau et je ne suis pas la seule à le penser, les trois filles derrière moi sont du même avis.

__ Je tuerais pour être dans son lit ! commence l'une d'elles.

__ On dit qu'il est aussi libre que le vent, dit une autre.

__ Maintenant que je le sais, je meurs encore plus d'envie d'être dans ses bras, finit par dire la troisième.

Et voilà, ce sont sûrement les prochaines conquêtes pétasses de mon patron.

Les applaudissements s'arrêtent quand Alphonse commence son discours.

__ Bonsoir !
Je sais que la majorité d'entre vous me connaissent déjà et que certains m'ont même vu grandir. Mais pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis Alphonse Bowns, le fils d'Erick Bowns et le nouveau PDG de 99% des entreprises de mon père.
Je vous promets que je ferai de mon mieux pour que cette entreprise, notre entreprise, ne cesse de se faire connaître. Je veux qu'ensemble nous puissions progresser, augmenter nos compétences et faire de BOWNS EDITION la meilleure maison d'édition du monde.
Et maintenant, en tant que votre nouveau PDG, j'ai le privilège de vous présenter notre nouvel associé et j'espère le meilleur, M. Adrien Chonor.

Adrien Chonor ? C'est lui notre nouvel associé ?

Il monte sur l'estrade. Je dois l'avouer, il est très plaisant. Il porte un smoking de couleur... bleu de nuit ? Comme moi. Avec un noeud papillon de la même couleur sur une chemise noire. C'est un bel homme.

__ C'est lui le nouvel actionnaire ? Je le trouve trop canon ! reprend l'une des filles derrière moi

__ Moi aussi ! continue une autre.

__ Tu m'étonnes ! termine
la troisième.

Je constate que cet Adrien a autant de charme qu'Alphonse. Il est vraiment stupéfiant.

Il commence son discours, je me languis d'écouter sa voix.

__ Bonsoir !
Je me présente, je suis Adrien Chonor. Vous avez sûrement entendu parler de la famille Chonor grâce à mon feu père, Vivien Chonor, paix à son âme. Je sais que sa réputation n'est plus à faire, mais que la mienne par contre, l'est encore. Je tenais à remercier M. Erick Bowns d'avoir accepté de signer ce contrat avec moi. Je sais qu'il avait plus confiance en mon défunt père plutôt qu'en moi, mais... ne soyez pas inquiets, je compte bien être aussi et même plus prestigieux que mon défunt père.
Merci et très bonne soirée à tous !

Tout le monde l'applaudit. Il descend de l'estrade et salue plusieurs invités.

Je discute avec des anciens employés de l'entreprise, les plus proches d'Erick. Ce dernier s'approche de nous avec le nouvel associé à ses côtés.

__ Excusez-moi, puis-je vous voler mademoiselle Dayana un instant s'il vous plait ? demande Erick aux anciens employés.

__ Bien-sûr, pas de problème, répondent-ils.

Les anciens s'en vont, tandis que moi, je reste avec Erick et notre nouvel associé.

__ Dayana, je tenais à vous présenter notre nouvel actionnaire, Adrien Chonor. Adrien, je vous présente Dayana Blems, la secrétaire personnelle d'Alphonse.

__ Enchanté de faire votre connaissance mademoiselle Blems, s'exclame M. Chonor.

__ De même, M. Chonor.

__ Je vous en prie, appelez-moi Adrien. Et surtout tutoyez-moi s'il vous plaît, je ne peux laisser une femme aussi belle que vous me vouvoyer de la sorte.

Je sens mes joues chauffer.

__ D'accord, mais seulement si vous me tutoyez également, dis-je toute gênée.

__ Cela se fera avec plaisir, poursuit-il avec un sourire charmeur.

Son sourire est tout simplement par-fait. Je suis obnubilée par ses yeux qui plissent légèrement.

__ Au fait, félicitations pour le discours d'Alphonse de ce soir. Il était parfait tels que les précédents, reprend Erick.

__ Oh ! Mais je n'ai fait que mon travail.

__ Voyons Dayana, ne sois pas si modeste, soutient Adrien.

Je souris subtilement.

La soirée se passe très bien.
Je cherche Alphonse du regard mais ne le trouve pas. Je décide de sortir et de demander au voiturier s'il sait où se trouve Alphonse, mais celui-ci me dit qu'il s'en est allé il y'a environ une heure. Ce dernier m'explique qu'Alphonse était accompagné de deux jolies jeunes femmes et qu'ils sont partis avec notre voiture.

Je rêve ou Alphonse m'a réellement oubliée ? Je prends une grande inspiration pour éviter de pleurer.

Je retourne dans la salle pour prévenir Erick que je m'en vais. Il discute toujours avec cet Adrien.

__ Hum... excusez-moi. Erick, je dois m'en aller.

__ Quoi ! Mais pourquoi ?

__ Eh bien... il commence à se faire tard et... eh bien... je préfère rentrer maintenant.

__ D'accord, c'est comme vous voudrez. Avez-vous prévenu Alphonse ?

__ Il est déjà rentré avec... hum... notre chauffeur.

__ Quoi ! Mais quel... argh !

__ Si tu le souhaites, je peux te raccompagner, me propose Adrien.

__ Non, ne te dérange pas.

__ Mais cela ne me dérange absolument pas, insiste-t-il.

__ Voyons Dayana, allez-y, soutient Erick.

Je suis un peu gênée.

Erick insiste avec son regard. Je me sens obligée d'accepter.

__ Très bien, allons y. Bonne nuit, Erick.

__ Très bonne nuit à vous aussi.

Nous laissons Erick à la soirée et je me retrouve avec Adrien dans sa voiture. Il y'a un énorme silence entre nous durant tout le trajet.

Nous arrivons très vite à l'entrée de l'hôtel où je séjourne. J'hésite à parler. Que puis-je lui dire ?

__ Bon bah, merci de m'avoir raccompagnée.

__ Ce fut avec plaisir.

__ Hum...

__ Tu es superbe.

__ Tu me l'as déjà dit, je rappelle timide, mais souriante

__ Oui, mais pas encore assez à mon avis.

Je commence à avoir chaud. Mais pourquoi ? Je le connais à peine.

Il faut que je sorte tout de suite de cette voiture.

__ Hum... Je ferai mieux de m'en aller maintenant.

__ Très bien. Bonne nuit, Dayana.

__ Bonne nuit, Adrien.

Je sors de sa voiture et me dirige vers la réception pour reprendre la carte de ma chambre.

J'ouvre la porte de ma chambre et m'allonge, presque essoufflée, sur mon lit. Mon coeur bat vite, très vite. Pourquoi ?

Pour je ne sais quelle raison, ma rencontre avec Adrien, fut une rencontre bouleversante.