Chapitre 19 : Écrasons-nous

[ Dans la peau d'Adrien ]

Je suis toujours devant la porte de l'appartement de Dayana, même si je sais qu'elle n'y est pas; elle est avec Alphonse. J'aurais préféré qu'elle soit ici, chez elle, et qu'elle vienne m'ouvrir la porte, mais non, et je dois l'accepter, malheureusement.

Lorsque je l'ai appelée et qu'elle a décroché, j'espérais entendre sa voix à à l'intérieur de l'appartement, à travers la porte, mais non, je n'entendais rien. Le silence total.

Le pire dans tout ça, c'est qu'elle a osé me mentir encore une fois. J'aurais accepté qu'elle me dise réellement où elle est, que ça sorte de sa bouche, plutôt que je l'apprenne grâce à la voix d'Alphonse qui résonnait à ses côtés.

Je fus extrêmement déçu d'elle, et ce n'est pas la première fois, néanmoins il me semble qu'elle néglige ce détail, littéralement. Si ce que je pensais d'elle lui importait réellement, elle cesserait de me mentir. En réalité, elle ne serait même pas avec Alphonse je-ne-sais-où, pour faire je-ne-sais-quoi, sans m'en avoir informer.

C'est vrai que nous ne formons pas un couple, mais elle me donne souvent l'impression qu'elle s'intéresse à moi, comme je m'intéresse à elle. Mais, des fois, comme sous un coup de tête, elle semble changer d'avis. Elle s'éloigne un peu de moi et se rapproche d'Alphonse. Elle le laisse dormir chez elle, ils passent la journée ensemble... Pourquoi ?

Je m'éloigne de son appartement et remonte dans ma voiture. Je démarre d'un coup sec le moteur, et me mets en route pour l'entreprise.

Sur le goudron, je n'arrive pas à me sortir cet appel de la tête. À vrai dire, je pense à tout ce qui se passe entre Dayana et moi. Je repense à son comportement, qui est vraiment difficile à cerner. Je m'interroge sur ses sentiments à mon égard. Est-ce qu'ils existent ? Si oui, sont-ils réciproques aux miens ?

Je ne la comprends pas. Pourquoi se rapproche-t-elle de moi pendant quelques semaines, si c'est pour ensuite passer du bon temps avec un autre ?
J'aimerais qu'elle réponde à mes questions, qu'elle me dise ce qu'elle ressent, ce qu'elle veut, et surtout qu'elle me dise pourquoi !

Je suis en colère contre elle, mais surtout contre moi-même. Je me sens manipuler, j'ai l'impression de n'être qu'un vulgaire pantin, et je déteste ça !

J'en ai ras-le-bol d'espérer dans le vide, alors que ça ne me sert à rien !
Mais, pourtant, je ne peux m'empêcher de vouloir être près d'elle, de lui parler, de savoir comment elle va.

C'est stupide...

Mon téléphone sonne. Je regarde brièvement qui c'est et vois que c'est elle. Je ne décroche et laisse sonner.
Ma sonnerie s'arrête, puis elle reprend quelques secondes après, mais je ne réponds toujours pas. Je ne veux pas converser avec elle, ni même écouter ne fût-ce qu'un mot qui s'échapperait de sa bouche. Je préfère que l'on parle à son retour, si elle décide de revenir un jour, bien sûr.

Après près d'une quinzaine de minutes, je me gare enfin sur le parking de l'entreprise. Je sors de la voiture et me dirige vers mon bureau.

Quand je pense que j'ai fait annuler une réunion pour elle...

Stupide !

En passant devant Rachelle, je lui demande de me suivre, j'ai quelques questions à lui poser.
Nous entrons donc ensemble dans mon bureau, je lui fais face, et je commence l'interrogatoire, les nerfs toujours tendus.

__ Tu savais bien où elle était, pas vrai ?

__ Euh... Mais de quoi parlez-vous ?

Elle en faisant semblant de ne pas comprendre.

__ Arrête de me mentir, Rachelle, ce n'est pas le bon moment ! Tu le savais, oui ou non ?

Elle reste silencieuse et baisse ses yeux. Je comprends immédiatement.

Elle le savait. Depuis le début, elle le savait, mais elle a préféré le nier lorsque je le lui ai demandé.
J'aurais dû me douter qu'elle me mentait, sa réponse de tout à l'heure était loin d'être claire. J'aurais dû insister, au lieu de m'en aller et d'annuler une réunion.

Je passe une main dans mes cheveux, je suis aussi déçu de Rachelle maintenant. Mais à quoi pouvais-je bien m'attendre ? C'est normal qu'elle m'ait menti, c'est sa meilleure amie.

Mais si elle savait déjà que Dayana n'était pas chez elle, cela signifie qu'elle sait aussi où elle se trouve et qu'est-ce qu'elle y fait.

Il faut que je sache, je dois éliminer tous mes doutes.

__ Où est-elle ? je demande froidement.

Ma secrétaire relève sa tête, mais elle hésite à me répondre. Je suppose qu'elle se demande si elle doit encore me mentir ou me dire la vérité.

Je l'observe minutieusement, je fais attention à chacun de ses gestes pour savoir si sa prochaine réponse sera la bonne.

__ Euh... Je n'en ai aucune idée.

Elle me ment, je le sens.

__ Mais tu sais qu'elle est avec Alphonse, je me trompe ?

Son visage s'attriste, comme pour me dire qu'elle est désolée. Je comprends donc que c'est un " oui ".

Je trouve sa réponse encore plus curieuse. Comment peut-elle savoir avec qui est son amie, sans savoir où elle est ?
Elles me prennent vraiment toutes pour un débile !

Je sens ma colère augmenter petit à petit.

__ Pourquoi ne pas me l'avoir dit ?! Je t'ai posé la question avant de m'en aller, t'aurais pu me dire la vérité, non ?!

__ Je... Je suis désolée. maronne-t-elle en baissant sa tête, telle une enfant qu'on réprimande.

__ J'y crois pas...

Je me mords les lèvres. Je n'en peux plus. Quoique je fasse, quoique je dise, elle ne me dira jamais la vérité, alors je n'insisterai pas plus que ça.
Par contre, elle doit savoir ce que je ressens.

__ Écoute, Rachelle, je sais que tu me mens, que tu veux couvrir ton amie, et je te comprends parfaitement. Mais sache une chose : tôt ou tard je saurai ce que vous me cachez depuis si longtemps, et j'espère pour vous que vous ne regretterez pas vos craques.

Elle relève sa tête et répond :

__ Je l'espère aussi...

Nous nous regardons un court moment. Moi, toujours furieux et elle, déçue et un peu triste.
Je lui fais ensuite signe de disposer, et elle obtempère.

Je soupire et vais m'asseoir derrière mon écritoire. Je respire longuement pour me calmer, je ne veux pas laisser ma colère me gagner encore plus.

Après m'être enfin détendu, j'allume mon ordinateur et reprend mon travail, tout en évitant de repenser à Dayana, ce qui est difficile, j'avoue.

[ Dans la peau de Dayana ]

Je suis toujours face à Alphonse, un silence résonnant au milieu de nous.

Je ne sais pas quoi lui dire, en réalité, je ne l'écoute même plus. Je ne cesse de penser à ce que m'a dit Adrien au téléphone.

Je le déçois... Il m'a dit dit que je le décevais. Ça me brise, je ne le voulais pas, ce n'était pas mon objectif. Je suis tellement désolée.

Il faut que je lui parle, même si on doit se disputer, je ne peux lui laisser sur cette déception; je dois le rappeler.

Je sens quelque chose atterrir sur mon épaule, me sortant brusquement de mes pensées.
C'est Alphonse, il a posé sa main sur moi. Il m'interroge du regard, avant de se prononcer :

__ Qu'est-ce qui se passe ? Vous parliez avec Adrien, c'est bien ça ?

__ Euh... Oui.

__ Pourquoi vous a-t-il appelée ?

__ Pour rien.

__ Ne me mentez pas ! me gronde-t-il.

Pourquoi il réagit comme ça ? Depuis quand il s'intéresse à ma vie ?
Tout ça, c'est de sa faute. Si il ne m'avait pas demandé de l'accompagner, cet appel ne se serait jamais passé ainsi.

Je n'ai pas la tête à lui répondre, il faut que je discute avec Adrien.

Je commence à m'en aller en direction des marches, mais il me retient par le bras.
Qu'est-ce qu'il me veut ?

__ Depuis quand Adrien prend-t-il le droit de vous appeller ?

__ Est-ce un problème ?

__ C'est moi qu'il doit appeller si un souci se présente à la société.

__ Ce n'était pas notre sujet de discussion.

__ Alors que voulait-il ?

Je sens la colère menter en moi. J'ai blaissé un homme bien à cause d'un âne comme lui ! C'est à peine si il me remarque, pourtant je le suis toujours comme un toutou.

__ Ne vous mêlez pas de ma vie personnelle, elle ne vous regarde absolument pas !

Alphonse parait surpris par mes mots. Il rit nerveusement, puis continue :

__ Ah ok. Donc il a fallu que ce crétin vous appelle, pour que vous sortiez vos griffes.

__ Je ne vois pas de quoi vous parlez.

__ Vous étiez plutôt du genre câline tout à l'heure. Vous l'étiez tellement, qu'on aurait dit que je faisais partie de votre vie personnelle, que j'étais une personne intime, mais très, très intime, si vous voyez ce que je veux dire...

Je détache mon bras de son emprise, et le contourne pour rejoindre les marches, furieuse.

C'est lui, le gros crétin !

Je rentre dans ma chambre et compose le numéro du seul homme qui s'intéresse réellement à moi.

Ça sonne, encore et encore, mais il ne répond pas. Je réessaye et tombe sur sa messagerie vocale, trois fois de suite. Je ne lui laisse aucun message, je ne le veux pas. Ce que je veux, moi, c'est lui parler de vive voix; je veux l'entendre me dire qu'il me pardonne, que tout va bien, qu'il me rassure, mais rien. Je n'entends pas le " allô " que j'attends.

Il m'a toujours répondu, même qu'on ça n'allait pas, mais, cette fois-ci, il ne le fait pas. Suis-je allée trop loin ?

Je me sens mal, coupable, et surtout affectée. Je ne veux pas qu'on s'éloigne, je ne l'ai jamais voulu, et c'est justement la raison pour laquelle je ne lui ai pas informé de ce voyage. J'avais peur qu'il le prenne mal, dans un mauvais sens. Mais maintenant, je le regrette, j'aurais dû le lui dire, tout lui expliquer dès le début.

Je trouve normal qu'il soit déçu de moi, qu'il soit en colère. Je l'ai menti, alors que je sais qu'il déteste ça. Et en plus, ce n'est pas la première fois.

Il s'est déplacé pour moi, pour savoir comment je vais, et moi je lui mens. Ce n'est pas juste. Il ne le mérite pas.
Il faut que je me rattrape, je dois me faire pardonner, mais comment ? Il doit s'imaginer plein d'histoires, plus exagérées les unes que les autres, maintenant qu'il sait avec qui je suis.

Tout ça, c'est de sa faute !

Il me met toujours dans des situations nuisibles, et cela semble le dernier de ses soucis. C'est vrai qu'il n'est pas au courant de mon rapprochement avec son associé, mais il exagère !

Et puis, pourquoi il voulait savoir la raison de l'appel d'Adrien ? Pourquoi ça le dérange qu'il m'appelle ? Il ne se soucie pas de moi d'habitude, alors pourquoi ça changerait aujourd'hui ?

Je réfléchis un instant.

Mais bien sûr... Monsieur n'est pas content qu'on ait interrompu son petit jeu de tentations. Il n'a pas pu aller jusqu'au bout de ses désirs, et maintenant il s'énerve contre le monde !

Il n'y a que le sexe qui l'intéresse, cet imbécile !

Et moi, je suis là, à ses côtés. J'écoute et crois en tous ses discours.

Quelle idiote, je suis...

[ Dans la peau d'Alphonse ]

Je suis toujours au rez-de-chaussée, je fais les cent pas dans la pièce où Dayana m'a laissé en plan. Je repense à ce qu'elle m'a dit et de la manière dont elle a réagit.

Elle s'est mise sur la défensive dès que je lui ai demandé pourquoi Adrien l'avait appelée.
Pourquoi ? Y'a-t-il quelque chose entre eux ?

Je n'en suis pas sûr. Si c'était le cas, elle ne serait pas ici avec moi, et surtout elle m'aurait repoussé à chaque fois que j'ai osé m'approcher d'elle. Dayana n'est pas le genre de femme au double visage, ou du moins elle n'en donne pas l'image.

Et cet idiot d'Adrien, qu'est-ce qui lui prend ? À cause de lui, tous mes plans semblent être gâchés.

Depuis son arrivée aux éditions Bowns, il n'arrête pas de suivre Dayana partout, mais je ne me disais pas qu'ils étaient devenus aussi proches.

J'espère que cet appel lui a permis de comprendre que ma petite chauffeuse se contrefiche de lui. Mais, si il n'a toujours pas saisi, je vais personnellement me charger de le lui faire comprendre à mon retour, une bonne fois pour toutes. Ensuite, je me chargerait de Dayana; il va falloir qu'elle apprenne à garder ses cuisses fermées, temps que je ne les aie pas encore écartées.

Et oui, je suis très égoïste.

[ Dans la peau de Nathalie ]

La chanson unstoppable de Sia retentit dans mon oreille, me sortant ainsi de mon rêve.

J'attrape mon téléphone posé sur ma table de nuit et décroche :

__ Allô ? dis-je encore un peu endormie.

__ Salut, Nathalie, c'est moi.

Je me redresse brusquement en entendant cette voix féminine. C'est elle. Je la reconnaîtrais entre mille.
Cela fait plus de six mois que j'attends cet appel. Je vais enfin avoir ce que je voulais.

__ Nat' ? T'es toujours là ?

__ Euh, oui. Oui, je suis là.

__ Ok. On se voit à l'endroit habituel.

Elle raccroche et je souris.

C'est elle, et elle veut qu'on se voie. Je suis tellement heureuse. Elle m'a tellement manqué.

Je sors du lit et file sous la douche.

Après m'être douchée et brossée, je m'habille d'un jean noir taille haute, d'un T-shirt blanc et met mon blazer noir avec une paire de baskets blanches.

Je sors de ma chambre et descends vite les marches. Je dois me dépêcher, je ne veux pas lui faire attendre trop longtemps.
Je saute donc mon petit-déjeuner et sors de la maison. Le chauffeur propose de me conduire, mais je refuse; je veux y aller toute seule, personne ne doit savoir qu'elle est ici et qu'on s'est vu. Je prends donc un taxi et lui indique l'adresse.

Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivons à destination. Je paye le teximan et me tourne vers l'hôtel où elle se trouve.

Ça y est, plus que quelques secondes et j'aurais ce que je souhaite, et je la reverrai, elle.

J'entre dans l'hôtel, monte dans l'ascenseur et m'arrête au dix-huitième étage. Je sors de la cage métallique et me dirige jusqu'à la chambre deux-cents-dix-sept. Je toque et elle m'ouvre juste après.

Nous nous regardons, des sourires larges sont plaqués sur nos visages. C'est bien elle, elle n'a pas tant changé, elle est toujours aussi belle.
On s'analyse encore un peu, puis elle m'invite enfin à entrer et referme la porte derrière moi.

Elle se retourne et me regarde encore, ses yeux brillent de joie, et les miens aussi.

Ça fait près de onze ans que l'on ne s'est pas vu. C'est mon amie la plus proche, et elle l'a toujours été. Nous nous connaissons depuis le primaire, elle me maîtrise mieux que personne.
Mais lorsqu'elle a déménagé, nous nous sommes un peu éloignées. Pourtant, elle n'a pas hésité à m'aider quand je le lui ai demandée.
Aujourd'hui, elle est dans le FBI, comme elle l'a toujours voulu.

Je me jette dans ses bras, ça m'avait manqué. Nous restons enlacées un moment, puis nous nous détachons. Elle me sourit, puis on s'asseoit sur le matelas.

__ Alors, je commence, quoi de neuf ?

__ Bof, toujours la même chose, des crimes par ci, par là. Et toi alors, ça va mieux ?

__ Si on veut. Toujours pas mariée ?

__ Non, mais en couple.

__ Ah, enfin.

Nous rions, comme au bon vieux temps.

__ Et toi alors ?

__ Non, je n'ai pas la tête à ça. Je suis toujours dans le même état et j'ai toujours la même motivation.

Elle semble déçue, sa joie s'est en aller.
Elle n'est pas d'accord avec ce que je m'apprête à faire. Elle ne l'était déjà pas lorsque c'était ma mère qui contrôlait tout. D'après elle, j'aurais dû arrêter après la mort de ma mère, mais ça, il en est hors de question. Je n'abandonnerai pas !

__ Arrête de faire cette tête, Brenda, nous en avons déjà parlé.

__ Je sais, mais comment veux-tu que je réagisse ? Es-tu consciente de ce que tu vas faire ?

__ Oui, complètement.

Elle secoue sa tête, désespérée.

Je ne comprends pas sa réaction, elle devrait être d'accord avec moi. C'est moi sa meilleure amie, pas ces monstres !

__ Je crois que tu devrais encore y réfléchir.

__ Je l'ai déjà fait un million de fois, mais mon avis est resté le même.

__ Je pense que tu es en train de commettre une grave erreur, Nathalie.

Je me lève du lit, lassée d'écouter le même serment tout le temps.

__ C'est pour ton bien que je le dis, Nat'.

Je n'en crois pas mes oreilles, elle n'a pas osé. Malgré tout ce qu'elle sait, elle persiste à croire que je me sentirais en paix en croisant mes bras, en laissant tout tomber.
Si seulement elle savait à quel point elle se trompe...

__ Tu rigoles, j'espère ?

__ Écoute, Nat', c'est du passé tout ça. Tina est déjà morte, ça ne te servira à rien. Tu vas juste te détruire en continuant dans cette voie.

__ Je n'arrive pas à y croire...

Je croise mes doigts sur ma tête, je crois halluciner.

__ Nat', je suis policière et je sais...

__ Tu ne sais rien du tout ! hurlais-je. Où étaient la police et la justice, lorsque ma mère en avait besoin, hein ?! Tu peux me dire ?

Je la scrute, me remémorant toute l'histoire, tout ce qui s'est passé, tout ce que ma mère et moi avions vécu. Je me souviens de ses larmes, de sa tristesse; de tout.
Personne n'était là au tout début, nous nous sommes battues seules, elle et moi. Rodrigo n'est arrivé que six ans après. Un ange descendu du ciel rien que pour nous.

Ces maudites larmes remontent, ma faiblesse veut refaire surface, mais je ne le permettrai pas.
Je laisse la haine remplacer cette maudite faiblesse, car c'est cette haine qui me poussera à aller jusqu'au bout. Cette haine qu'ils ont semé en moi, et que ma mère a nourri jusqu'à son dernier souffle.
C'est cette haine qui me donne la force d'être en face de cette famille qui a détruit une partie de mon enfance, et par conséquent toute ma vie ainsi que celle de la femme qui a eu le plaisir de me la donner.
Rien, ni personne ne m'ôtera cette rancoeur que mon âme emmagasine.

Je respire, encore et encore. Je dois rester forte, même devant ma soeur de coeur. Rien ne m'arrêtera. Si je dois me détruire, alors je les detruirai eux aussi, ils ne m'échaperont pas. Alors ça non, même pas dans mes pires cauchemars.

Elle me regarde tristement. Je n'approuve pas ce sentiment venant d'elle, ni même de qui que ce soit d'autre. Je ne veux pas aspirer de la pitié, plus maintenant.

__ Tu as apporté ce que je t'ai demandé ?

Elle soupire.

__ Natha...

__ Oui ou non ?

Elle sort une chemise cartonnée de son sac et me la tend. Je la prend et l'ouvre pour vérifier que c'est bien ce que je cherchais, et c'est exactement ça.

__ Dedans, tu as toutes les informations sur lui. Ce qu'il aime faire ou non, ses habitudes, quelques trucs sur son passé, sa famille, ses amis les plus proches... Tout.

__ Il est marié ?

__ Non.

Par-fait.

__ L'ami que j'ai engagé pour l'espionner m'a dit qu'il n'a rien à voir avec les Bowns. Alors, que veux-tu de lui ?

__ Il me sera utile. Très utile.

__ Je n'en suis pas sûre. C'est un homme bien, il ne ferait même pas de mal à une mouche.

__ Et bah donc c'est l'homme qu'il me faut.

__ Tu risques de tomber dans ton propre piège, comme avec E...

__ Je t'interdis de parler de ça ! dis-je en refermant la chemise.

__ J'espère juste que tu ne le brisera pas, lui aussi. Il ne le mériterait pas.

__ Je verrai bien.

__ Ton beau père est au courant ?

__ Non. Il est encore en Russie, alors j'attends son retour.

Un silence s'installe, elle ne dit plus rien. Je pense qu'elle a enfin compris. Et, si ce n'est toujours pas le cas, elle finira bien par se faire une raison un jour oul'autre. C'est ma décision et celle de personne d'autre.

__ Je vais y aller.

__ D'accord.

Je m'avance vers la porte et appuie sur la poignée, lorsque sa voix me retient une dernière fois.

__ Promets-moi de ne pas faire de bêtises et de faire très attention à toi.

__ Je te le promets.

Je réponds sans même me retourner.

Je franchis enfin la porte et me dirige vers la sortie de l'hôtel. J'arrête un taxi et monte à l'intérieur. Je rentre à la maison.

Ce qu'elle m'a dit est vrai, je prends énormément de risques dans cette histoire, mais j'y suis obligée. Il faut que la vérité sorte, car c'est tout ce que je demande; la vérité. C'est elle qu'ils ne cessent de cacher, mais l'heure est venue de retirer le voile.

Désormais, je ne suis plus une gamine, ni une femme faible. Alors, s'il le faut, écrasons-nous.

                                                                        

Hey ! Voilà un nouveau chapitre.
Assez mouvementé, non ?

Premièrement, vous en savez plus sur Natalie. Ici, on apprend qu'elle a fait des recherches sur un homme, mais qui est-ce ? Elle dit qu'il va lui être très utile, mais en quoi ?
🤔

Deuxièmement, pourquoi Alphonse a-t-il réagit ainsi ? Pourquoi le fait que Dayana se soit rapprochée d'Adrien ne lui plait pas ?
Bizarre, bizarre... 🤔

Si vous avez des petites idées, j'attends vos réponses. 😉

Et aussi, merci pour les 2k. ☺

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