Chapitre 17 : Un Autre Alphonse Bowns
[ Dans la peau de Dayana ]
Mes yeux s'ouvrent doucement, obligés par les rayons du soleil qui traversent les rideaux de ma chambre. Je m'étire pendant quelques secondes, puis reste un moment allongée sur mon lit, les pensées ailleurs.
Je pense à tout ce qui s'est passé entre Alphonse et moi jusqu'à présent. Je revois toutes les fois où il m'a tentée. Toutes les fois où son regard brûlant de désir s'est posé sur moi. Toutes les fois où mon coeur s'accélérait, alors que je me demandais quelle serait la suite, qu'allait-il me faire.
Je me souviens du sourire charmeur qui était plaqué sur son visage, tandis que moi, je ressentais un sentiment étrange en moi.
On ne va pas se mentir, c'est vrai que le sentir tout près de moi, d'avoir ses doigts sur ma peau, a le véritable don de mettre mon corps en chaleur.
Mais, pourquoi fait-il ça ? Pourquoi cela semble-t-il lui plaire ?
Pourtant, il est sobre à chaque fois et paraît le faire consciemment.
J'espère juste qu'il ne me dira pas ensuite qu'il regrette, et surtout qu'il ne me sortira pas des excuses bidons; ça ne serait pas logique.
Ce qui est le plus bizarre, c'est l'expression que je lis sur son visage. Il paraît toujours ravi de ma réaction, comme si c'était son seul et unique but. Pourquoi serait-il satisfait de lire un mélange d'excitation et de surprise en moi ?
Est-ce qu'il s'intéresse enfin à moi ?
Non. Du jour au lendemain ? C'est impossible. Il ne faut même pas que je l'espère. Même si cette situation est très étrange, il faut l'avouer.
Allez, j'en ai assez de penser à tout ça. Il faut que j'arrête de me poser autant de questions. Je dois me reprendre et essayer de ne pas m'emballer la prochaine fois qu'il s'approchera de moi.
En plus, il y'a Adrien. Le pauvre, il ne sait même pas que je suis ici avec Alphonse. Le pire, c'est que je dois rester ici encore pendant au moins quarante-huit heures. Déjà que pendant les quarante-huit heures précédentes je n'ai pas pu me calmer comme je le souhaitais, y arriverai-je durant les prochaines ?
Et quand je pense que je n'ai même pas écrit à Adrien durant ces deux derniers jours... Il doit sûrement se poser une multitude de questions.
Mais si je l'écris aujourd'hui, que vais-je bien pouvoir lui dire ? Il va vouloir savoir pourquoi je ne lui ai pas donné signe de vie pendant un week-end entier, et il aurait raison.
Je ne peux quand même pas lui dire où je suis et surtout pas avec qui je suis; il s'imaginerait déjà tellement de choses...
Il vaut mieux que je ne fasse rien. Si il me pose des questions à mon retour, j'inventerai un récit.
En plus, ce n'est pas juste à moi de l'écrire, même si c'est vrai que c'est lui qui commence le plus. Il est très entreprenant comme homme, et j'aime bien.
J'espère vraiment qu'il ne sera au courant de rien du tout.
Je soupire puis sors enfin de mon lit. Je regarde l'heure sur mon portable : 08h27min.
Je me brosse, me douche et me maquille. Je prends ensuite le peignoir de la douche et le porte en attendant que mon patron me donne de vrais habits. Je sors de ma chambre.
Je déballe les quelques marches et entre dans la cuisine.
Arrivée dans la cuisine, je suis surprise par la présence d'Alphonse, qui boit déjà son café.
__ Bonjour, entamé-je.
__ Bonjour, bien dormi ?
__ Oui et vous ?
__ On peut dire. J'ai fait du café, si vous en voulez.
__ Oui, j'en veux bien.
Je m'approche de la cafetière et me sers une tasse de café. J'y ajoute un carreau de sucre et le bois.
Un silence pèse dans la pièce.
Je ne préfère pas ouvrir ma bouche, non seulement parce que je ne sais pas ce que je pourrais lui dire, mais aussi parce que je ne sais pas si il a réussi à avaler ce que je lui ai raconté la veille. Je pense toujours y être allée un peu trop loin.
Par contre, je ne m'interdis pas de l'observer. Il porte un pantalon en tissu noir, une chemise blanche et des classiques noire en din.
Alphonse tourne sa tête vers moi et je détourne immédiatement mon regard de lui. Après quelques secondes d'observation, il me dit :
__ Après avoir bu nos cafés, nous irons dans la chambre de Marie pour que vous choisissiez votre tenue d'aujourd'hui.
Je dis "oui" de la tête et nous continuons de boire notre boisson chaude, toujours dans le silence.
Lorsque nous finissons notre dégustation, comme il l'avait dit plus tôt, Alphonse me conduit jusqu'à la chambre de sa soeur.
Nous y pénétrons et je remarque à quel point elle est immense. Nous entrons ensuite dans son dressing, il est aussi spacieux que ma chambre entière, et rempli de magnifiques vêtements. Et quand je pense que ce ne sont pas ses seuls habits...
Alphonse me montre ensuite où sont les sous-vêtements neufs, puis il me dit de choisir les vêtements et les dessous que je voudrai et sort pour me laisser me changer.
Je choisis des sous-vêtement noirs et une combi-short grise. J'accompagne le tout de mes escarpins noirs.
Je descends ensuite pour retrouver Alphonse, mais ne le trouve pas à l'entrée. Je m'approche donc de la pièce où se trouve la cheminée décorée de cadre-photos et le trouve enfin.
Il est assis sur l'un des canapés, un des cadre-photos entre ses mains. Je le reconnais, c'est celui où il est petit et que sa mère le tient entre ses bras. Ils sont très joyeux dessus.
Normalement, cette photo transmet la joie, mais j'ai l'impression qu'elle apporte toujours de la tristesse à Alphonse. Ça me fait de la peine de le voir ainsi, aussi triste et pensif, ça ne lui ressemble pas. Dois-je l'interrompre ? Je pense que non, mais je ne supporte pas de le voir comme ça, il a tellement de problèmes en ce moment, le pauvre.
Son regard sur cette photo devient de plus en plus triste. Puis, tout d'un coup, je vois un petit liquide sortir de ses yeux. C'est si touchant...
Sans vouloir paraître impolie, je frappe doucement sur la porte. Alphonse regarde dans ma direction, puis il essuie ses larmes en se levant.
__ Je ne savais pas que vous étiez là.
__ Je viens d'arriver.
Je mens pour qu'il se sente moins mal à l'aise.
Il remet le cadre sur la cheminée puis s'approche de moi.
__ J'ai envie de faire un tour, vous voulez venir ?
__ Euh... oui, pourquoi pas.
__ Bien. Allons y alors.
Nous sortons de la maison et nous avançons de sa voiture. Il récupère les contacts des mains de son chauffeur et nous entrons dans la voiture, tandis que le gardien s'empresse de nous ouvir le portail. Nous sortons enfin de la parcelle, dans une direction inconnue pour moi, mais celui qui conduit semble avoir un lieu précis en tête.
Après un long moment de route, nous arrivons enfin en haut d'une falaise d'environ vingt mètres.
Alphonse se gare, mais son regard reste placé sur le pare-brise, tandis que le mien est sur lui. Il prend une profonde inspiration puis sort de la voiture et je le suis.
Il fait quelques pas vers le bord de la falaise, mais ne s'y approche pas trop. Je me place à sa hauteur et l'observe. Lui, il regarde l'horizon.
Et, après quelques secondes, son esprit semble s'en aller loin, très loin.
Il redevient ensuite triste, comme tout à l'heure. A quoi pense-t-il ?
Il croise ses bras, mais ne dit toujours rien et reste pensif.
Je regarde alors à mon tour l'horizon. La vue est sublime. D'ici on peut voir la mer, c'est magnifique. Le bruit des vagues nous berce, comme si elles nous emportaient.
Je souris et respire cet air frais.
__ Ma mère adorait cet endroit.
Je me retourne vers Alphonse. Il a les yeux fermés.
__ C'est elle qui m'y a emmené la première fois, dit-il le sourire aux lèvres. Depuis ce jour-là, j'aimais y venir lorsque j'étais en colère ou même triste. Du coup, quand je disparaissais trop longtemps, elle savait très bien où me trouver. Elle me demandait ensuite de lui expliquer ce qui n'allait pas, et je finissais toujours par le faire. Elle faisait tout pour me rendre heureux, afin qu'elle le soit aussi.
C'étaient nos moments, notre endroit.
Mais...
Il ouvre ses yeux. Il y'a de l'eau à l'intérieur et son sourire a disparu.
__ ... après sa mort, je ne venait plus ici. Je n'y arrivait plus, jusqu'à aujourd'hui.
Il respire profondément. Je sens de l'émotion dans sa voix.
__ Lorsque je viens ici, je ne peux m'empêcher de penser à elle. J'ai l'impression que l'air à son odeur. Et, lorsque je ferme les yeux, je vois son visage. Je vois ses jolis yeux marrons, son magnifique sourire.
C'est comme si elle était encore avec moi. Mais quand j'ouvre les yeux, je me souviens qu'elle ne l'est pas et qu'elle ne le sera plus jamais. Cette réalité est affreuse, je n'arrive toujours pas à l'accepter. C'est tellement dur...
Il est triste, je le vois sur son visage. C'est comme s'il revivait des souvenirs affreux de sa vie, ce qui lui pousse à poursuivre son récit.
__ Elle me disait toujours que j'étais plus à elle qu'à mon père. Peut-être parce qu'elle m'avait porté en elle pendant neuf mois... Pourtant, c'est Marie qui lui ressemble le plus. Elle a son sourire et un peu sa voix, et...
Il émet un petit sourire.
__ .... je la revois souvent en elle.
Il devient encore plus triste, ses yeux sont plus remplis. J'ai la sensation qu'il peine à dire quelque chose, et ça déchire mon petit coeur.
__ Le matin de mon premier jour à BOWNS EDITION, ma mère m'avait dit : " Rends ton père toujours fier de toi, suis ses pas à la perfection, et tu feras à jamais mon bonheur ".
Mais, ce que vous m'avez dit hier, m'a fait comprendre que je ne suivais pas du tout les traces de mon père, et que par conséquent, elle n'était pas heureuse.
Si je savais que ça lui aurait fait tant de mal, je me serais tu. Au fond de moi, je suis sûre que sa mère est fière et heureuse de voir ce qu'il est devenu aujourd'hui.
__ Je suis vr...
__ Vous n'avez pas à l'être, me coupe-t-il. Vous n'avez dit que la vérité. Je me trompe ?
Oui, c'est vrai que ce que je lui ai dit hier soir était vrai, mais... ça lui a fait si mal.
Il tourne son regard humide vers moi.
__ Ne me mentez pas, s'il vous plaît.
Je dis "oui " avec ma tête, je ne veux pas parler, j'ai bien trop peur que le son de ma voix le rende encore plus abattu.
Je baisse mes yeux, j'ai honte de ma réponse.
Il me remercie d'une voix douce.
Mes iris se relèvent, étonnés, pour faire face aux siens.
Je ne comprends pas son "merci". Néanmoins, il me montre que ma réponse lui a apaisé, bizarrement.
Il me sourit tendrement, sûrement pour me rassurer qu'il va bien, mais j'y vois encore du chagrin.
Je lui remets tout de même son sourire, la peine au coeur, moi aussi.
Il observe de nouveau l'horizon et je fais de même.
__ Cette femme, au bureau...
Je me tourne vers lui, attendant qu'il finisse sa phrase.
__ ... c'était Nathalie.
J'écarquille mes yeux et fais un O avec ma bouche; je n'y avais même pas pensé.
__ Elle veut la moitié de mes parts de la société. Elle m'a proposé de faire un test ADN pour que je sois certain qu'elle est bel et bien ma soeur. J'ai accepté, dans l'espoir qu'elle ne le soit pas et qu'elle nous foute la paix.
Mais, au cas où elle serait si têtue, j'ai préféré regrouper les dossiers importants de l'entreprise.
Je comprends mieux pourquoi je suis ici.
__ Mais ce n'est pour ça que vous êtes ici.
Je ne saisis plus rien.
__ Vous êtes ici parce que je ne voulais pas me retrouver tout seul face à tous ces souvenirs douloureux.
__ Je comprends.
Après ce bref échange, nous restons tous les deux silencieux, profitant du paysage qui nous est offert.
Trente minutes passées, nous remontons enfin dans la voiture, nous dirigeant vers la maison, me semble-t-il.
Je suis toujours chamboulée par tout ce que m'a avoué Alphonse. Pour une fois, il s'est confié à moi, sans honte. Ça me fait plaisir. Mon intuition me dit que l'on s'est un peu rapproché, et que ce n'est que le début.
Je crois que je ne le regarderai plus jamais de la même manière.
Désormais, en face de moi se trouve un autre Alphonse Bowns.
Hey ! Voilà un chapitre de plus.
Je sais que ce chapitre manque d'action, mais je tenais à l'écrire pour que vous connaissiez un autre aspect d'Alphonse.
Est-ce qu'il vous a plu ?
À bientôt, j'espère, pour le prochain chapitre, en espérant qu'il soit plus mouvementé !
😘
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