Chapitre 1: Ma Routine

Les bras saillants, le torse bien large, les cheveux soigneusement coiffés et le regard enchanteur ; cet homme, dans toute sa posture imposante, me fait littéralement fondre de l'intérieur. Et ses lèvres... A chaque fois que je les vois, j'ai juste envie de poser les miennes dessus.

Je n'écoute absolument pas ce qu'il me dit, je suis bien trop concentrée à contempler son physique, caché sous ces vêtements qui soulignent bien ses muscles.

__ Alors Dayana, vous avez tout compris ?

__ Euh... Oui bien-sûr.

__ Bon, je reprends, dit-il en soupirant. Je veux que vous reportiez la réunion de demain, avec nos représentants du Canada arrivés hier, pour lundi. Et n'oubliez pas d'appeller mon père pour confirmer ou pas, notre voyage à Los Angeles. Est-ce que tout est clair maintenant ?

__ Oui, complètement monsieur.

__ Très bien, vous pouvez disposer.

Je sors du bureau d'Alphonse.

Et oui, je viens encore de dessiner du regard sa corpulence et devant lui, alors qu'on parlait du boulot. Mais c'est plus fort que moi, je suis amoureuse de lui depuis environ cinq ans.

Je l'ai rencontré pour la première fois le cinquième jour de mon stage dans la société de son père, BOWNS EDITION.

Je me souviens très bien de ce jour.
Il était si beau, comme d'habitude. Si distingué, comme toujours. Mon coeur s'était emballé dès que nos iris se sont croisés ! De son côté, je ne suis pas sûre que son coeur ait subi le même sort.

Je me souviens que c'était son père qui nous avait présentés. Il avait dit à Alphonse, je cite : << Cette jeune demoiselle est très talentueuse et intelligente. Je suis sûr qu'elle nous sera plus qu'utile à l'avenir >>.
Mais, même à ce moment-là, je semblais déjà être invisible aux yeux du fils Bowns. Même si son regard posé sur moi était neutre, j'eus l'impression qu'il se demandait pourquoi son paternel avait accepté ma demande de stage.

Tandis que moi j'admirais sa posture, lui regrettait mon apparition dans sa vie. Il m'observait, telle une créature étrange. Je m'étais sentie très mal à l'aise et déstabilisée.

Ce fut très démoralisant.

Pourtant, après mon stage, M. Bowns, le père d'Alphonse, m'a recrutée en tant que la secrétaire personnelle de son fils. J'étais surprise et heureuse qu'il m'ait donné un aussi haut poste juste après mon essai.

Je m'asseois sur la chaise de mon bureau et appelle l'hôtel où sont logés nos représentants, le jeune homme de la réception décroche et me passe leur ligne. Une de nos représentants me répond.

Je lui annonce les petits changements de dernière minute. Elle accepte et nous nous entendons sur l'heure exacte de notre réunion.

Je raccroche et appelle le bureau du père d'Alphonse, qui se trouve à Los Angeles.

Il faut que j'aie toutes les informations demandées au plus vite, je ne veux pas qu'Alphonse soupire encore comme tout à l'heure.

__ Oui, ici la secrétaire de monsieur Bowns, bonjour !

__ Bonjour, Nina, c'est Dayana. Je voulais juste savoir si notre voyage pour Los Angeles est confirmé.

__ Oui, il l'est. Vous recevrez vos billets de vol dans une semaine.

__ D'accord, merci pour tout !

__ Ok, à plus !

Je raccroche. Je soupire longuement et vois Rachelle arriver dans ma direction.

Rachelle est ma meilleure amie depuis mon arrivée à BOWNS EDITION. Elle est ici depuis plus longtemps que moi, c'est la secrétaire du père d'Alphonse, elle est sa messagère à New-York. Elle m'écoute toujours et vice-versa. Elle sait que j'aime Alphonse. Elle sait aussi chacune des illusions que je me fais au sujet de ma relation avec ce dernier. Elle me conseille toujours d'arrêter, mais à vrai dire, c'est plus fort que moi. C'est presque comme une maladie.

Ma complice s'approche de mon bureau et se met debout juste devant en y posant ses mains, signe qu'elle veut savoir si j'ai encore admiré Alphonse devant lui.

__ Avant que tu ne me le demandes, oui, j'ai encore bavé sur lui et devant lui, me précipité-je d'avouer.

__ Combien de fois vais-je donc te dire de l'oublier une bonne fois pour toutes ? dit-elle d'un ton agacé. Dayana, Alphonse est ton patron, il ne t'aime pas, il te remarque à peine.

Merci, c'est très gentil de ta part de me le rappeler, se plaint ma conscience.

__ Alphonse est un homme à femmes. Combien d'appels as-tu reçus de ses concubines sur ce bureau ?

Ce qu'elle me dit est vrai, mais je ne peux pas m'en empêcher, je l'aime.

__ Je sais mais... je me dis qu'un jour peut-être, il chang...

Je ne termine pas ma phrase, lorsque je vois une jeune femme blonde s'approcher de nous.
Elle est magnifique et a environ mon âge. Elle est vêtue d'une robe légèrement évasée, jaune avec un petit décolleté en V. Elle porte des mules blanches. Ce style correspond parfaitement à sa taille de guêpe. Tous les hommes autour de nous la dévisagent. Certains semblent avoir l'audace de la déshabiller rien que par leur regard sans aucune gêne.

Rachelle se met de côté pour laisser de la place à cette femme, tout en me faisant des signes avec ses yeux.

__ Bonjour, je suis venue voir Alphonse, m'informe-t-elle avec arrogance.

Je n'ai vraiment pas de chance... Quand est-ce que sa liste de femmes conquises, s'arrêtera enfin ? Jamais ?

Cette situation m'épuise.

__ D'accord. Attendez un instant, je vous annonce.

Elle lève les yeux au ciel.

__ Pas besoin. Il me recevra de toute façon, réplique-t-elle avec insolence.

Elle s'achemine vers le bureau d'Alphonse et je la suis, mais n'arrive pas à la rattraper. Elle ouvre, sans frapper, la porte du bureau de mon bien aimé.

__ Excusez-moi, monsieur Alphonse, j'ai essayé de l'en emp...

__ C'est bon, Dayana, laissez-nous seuls.

Mais bien sûr, comme d'habitude, ils ont besoin d'intimité.

Je sors de son bureau et repars vers Rachelle. Cette dernière m'affiche un petit sourire crispé, signe qu'elle est désolée. Elle n'a pas à l'être, je suis déjà habituée, malheureusement.

Deux heures plus tard, cette garce sort enfin du bureau d'Alphonse, accompagnée par lui-même. Ils s'embrassent et se disent au revoir. Je regarde la nouvelle conquête de mon employeur s'en aller, me demandant encore ce qu'elle a de plus que moi.

Comment ce genre de filles arrive à lui plaire ? Elles sont aussi hautaines les unes que les autres ! Est-ce qu'il faudrait que je leur ressemble pour qu'il me remarque un jour ?

__ Avez-vous appellé mon père ? me demande Alphonse.

__ Euh... oui monsieur, répondis-je en revenant sur Terre. Sa secrétaire m'a informée que nous recevrons nos billets de vol dans une semaine.

__ D'accord. Et concernant nos représentants du Canada ?

__ Ça aussi c'est fait.

__ Très bien.

Il repart dans son bureau.
Je sais déjà ce qu'il a fait avec cette salope, mais je préfère ne pas y penser, ça me ferait encore plus de mal.

Et dire que dans environ deux semaines nous voyagerons ensemble pour Los Angeles, tout seuls, juste... nous deux. Je suis sûre que là bas aussi, il verra encore ce genre de sale garce.

Mais bon, quoi faire, c'est sa nature. En plus, je dois avouer que, bizarrement, son côté coureur de jupons est l'une des choses que j'aime le plus chez lui, même si je suis obligée d'assister à des scènes aussi frustrantes, voire même plus, que celle-ci.

Une semaine plus tard, nous recevons nos billets d'avion.

Je suis en train de préparer le discours d'Alphonse, car ce voyage a pour but d'officialiser Alphonse comme étant le PDG de certaines entreprises de son père. Et en plus de cela, il a aussi pour but de présenter le nouvel actionnaire de Bowns Édition.

Le père d'Alphonse m'a aussi envoyé de l'argent pour que je m'achète une nouvelle robe juste pour l'occasion.

Cet homme est bon, humble et surtout très attentionné. Je l'apprécie énormément. Lui aussi se doute bien que je sois amoureuse de son fils. Il m'en parle souvent indirectement pour ne pas me mettre mal à l'aise. Je crois qu'il souhaite qu'il se passe quelque chose de sérieux entre Alphonse et moi.

Il est veuf depuis maintenant dix ans. Ce qui est étonnant, c'est qu'il ne se soit pas remarié depuis. Avec sa beauté que le temps n'arrive pas à gâcher, je suis sûre que certaines femmes succomberaient facilement, d'autant plus qu'il a une fortune très, très élevée. Néanmoins, il a une fille nommée Marie, c'est la grande soeur d'Alphonse de deux ans. Elle est magnifique.

Elle et moi nous entendons très bien. Marie est au courant pour mes sentiments à l'égard de son frère. Pour elle aussi, Alphonse et moi ferions un très beau couple.

__ Avez-vous terminé mon discours ? me demande Alphonse d'un air hautain.

__ Non, mais presque. Il sera prêt avant notre voyage.

__ J'espère bien. Ah ! Avant que je n'oublie, les dossiers pour notre réunion sont-ils déjà prêts ?

__ Oui, monsieur.

__ D'accord.

Il retourne dans son bureau.

Quand est-ce qu'il m'adressera la parole, pour me parler d'autre chose que du boulot ? Parfois, je me dis que cela n'arrivera jamais.

Une heure plus tard nous commencions la réunion. Nous préparons l'arrivée du nouvel actionnaire parmi nous.

Cette réunion a duré plus de deux heures.

Je rentre chez moi à 21h, complètement épuisée. Mais je n'ai pas le temps de me reposer que je me remets aussitôt au travail. Je dois terminer le discours d'Alphonse ce soir, il en aura besoin la semaine prochaine et je sais que je n'aurai pas le temps de le finir un autre jour.

Je sais que normalement je devrais me plaindre d'avoir autant de boulot, mais comme c'est Alphonse qui me l'a donné, cela ne m'embête absolument pas.

De toute manière, je ne peux rien y faire. C'est mon patron et je suis sa secrétaire. Je l'aime, mais lui non.
Je suis obligée de vivre avec cette monstrueuse réalité, car c'est ma routine.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top