Gasoline
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Lynx
Il est déjà onze heures. Onze heures passé, il y a vingt bonnes minutes. Et je suis encore là, affalé de tout mon long sur mon vieux matelas trop dur, bras repliés derrière la tête et le regard rivé au plafond, errant comme une âme en peine et sans repère.
Parce que je le suis. Une âme sûrement pas en peine mais sans repères.
Paige m'attend certainement et...je m'en fous. Je me fous totalement de tout, tout de cette existence morbide. Mais surement pas de l'horreur qui m'attend si jamais je mets un pied dehors, se croit bon de me rappeler mon subconscient.
Non, surement pas.
Nous n'avons rien à faire avec toute cet histoire qu'ils nous ont lâchement fait porter; je pourrais mettre ma main au feu, je l'affirmerai encore et encore. De un, nous étions trop occupés à ne pas attirer le regard des flics sur nos affaires et de deux, je ne tue pas. Jamais au grand jamais, je n'attenterai à la vie de quelqu'un, ma fierté et ma dignité en passerait.
Je suis peut-être un criminel, mais jamais je ne serai un meurtrier.
Et dire qu'il y a une époque, mon seul problème était de m'enfuir de cette petite maison abandonnée au fin fond de l'Arizonie. C'est presque ironique et sinistre de voir comment la vie me renvoit l'ascenseur. Je me souviens de ce gamin trop curieux animé par l'envie profonde d'aventure. Je me souviens aussi de cet adolescent craintif et bouillant d'une colère hors norme qui était prêt à tout pour rien. Et maintenant, je ne suis qu'un miserable trapé dans mes propres filets.
La porte de ma chambre s'ouvre brusquement. Et comme de la gasoline sur le feu, mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines et la colère sourde qui martèle mes tempes double de fréquence.
J'ai horreur de ça, et il n'y a qu'une seule personne sur cette terre assez bornée pour s'en passer. Son odeur légèrement fruité vient titiller mes narines et emplit presque la pièce...King.
_ Qu'est ce que tu veux?
Ma voix fait vibrer ma gorge. Elle ne me répond pas. Mais je sens toujours sa présence; elle se déplace dans la chambre et bientôt, je sens le bout de mon matelas s'affaiser.
Je n'ai pas envie de lui parler, je n'ai pas envie qu'elle parte non plus.
_ Quel accueil!
Son air enjoué me martelle le crâne. Je me demande comment elle peut garder son stupide sourire alors qu'on vient tout juste de toucher le fond là. D'un moment à l'autre, Donna peut se jeter sur nous et j'ai un mauvais pressentiment qui me rode autour.
_ Qu'est ce que tu trafiques, Einstein?
King m'agace.
Et moi, je m'agace encore plus à ne pas me résoudre à lui dire vraiment ce que je pense d'elle; lui dire qu'elle est une putain d'égoïste, une malhonnête et une manipulatrice dans l'âme. Et que j'ai réussi à m'y faire.
Je me redresse sur les coudes et la retrouve installée, ses jambes crémeuses croisées en tailleur, au bas de mon lit. Sans étonnement, je me détends rapidement lorsque je la vois me fixer avec ses grands yeux bleus où je crois me noyer à chaque je me plonge dedans.
Un océan de mystère.
_ Qu'est ce que tu veux, King, soufflé-je, exaspéré.
_ Tu me détestes, c'est ça? Parce que si c'est le cas, je comprendrais.
Je ne fais même pas l'effort de lui montrer un quelconque signe ou geste qui lui ferait penser le contraire. Je me garde avec mon éternelle froideur et ma nonchalance.
_ Je n' t'ai jamais détesté.
Si, parfois je la déteste. Fortement.
_ Je suis mauvaise. Ce ne serait pas nouveau que quelqu'un me déteste, elle rigole, ma propre mère me détestait.
C'est vrai.
Je ne connais pas cette femme et King m'a vaguement parlé d'elle, une nuit où on a fait le mur. Nous sommes restés dans le café en bas, et on a grignoté tous les petits fours d'Ivan en nous racontant les quelques souvenirs qui nous restait encore.
_ Elle ne te méritait pas.
_ Tu as toujours su quand me mentir Lynx.
Dans un élan, elle se hisse jusqu'à moi et s'allonge sur le côté de sorte qu'on soit maintenant face à face. Et tellement prêt.
_ J'adore ça avec toi.
Mon sexe tressaute. Et j'hoquète.
Esta chica podría preguntarme cualquier cosa, la seguiré.
Cette fille pourrait tout me demander, je la suivrais.
Et soudainement, elle éclate de rire tout en renversant sa tête en arrière révelant alors la courbe sensuelle de sa poitrine parfaitement mise en valeur par son débardeur au décolté plongeant.
Il me faut quelques secondes pour rappeler toute ma lucidité, je cligne plusieurs fois les cils...et je comprends.
Elle s'est foutue de moi...comme elle le fait si souvent avec les autres.
_ Tu aurais dû voir ta tête.
_ ¡Puta!
King sait qu'elle est belle...magnifiquement belle et elle adore jouer à qui va céder en premier. C'est une femme confiante et sûre d'elle...visiblement trop sûre d'elle, cela causera sa perte.
D'ici là, King risque probablement de se perdre avant même qu'elle ne s'en rende compte. Ce n'est plus qu'une bombe auto-destructrice sur pattes.
Elle rit toujours quand je l'interpelle, la voix légèrement cassée, comme si je redoutais ce qui allait s'en suivre. Je ne devais pas, c'est elle qui devait me fuir maintenant mais comme tout le temps, je me retrouve à vouloir arranger les pots cassés alors qu'elle, elle ne prive pas de tout casser.
_ King...
Seul un léger "mmh" me parvient.
_ Réponds-moi franchement.
Elle le sent venir. Et pourtant, elle ne fait rien pour se dérober de mon regard intense qui la détaille à la recherche désespérée d'une faille où pénétrer son âme.
_ Pourquoi as-tu recommencé à prendre cette merde?
Elle baisse ses yeux comme une gamine prise en faute.
_Qu'est ce qui se passe?
Et puis elle reprend son air hautain qui semble me crier "Va te faire foutre, connard."
_ Qu'est ce que ça peut faire que j'ai replongé? C'est pas comme si quelqu'un s'en souciait vraiment.
_ T'es plus que ça.
Elle rigole sèchement, et le son qui sort de sa gorge n'est pas avenant du tout. Les secondes s'écoulent, puis les minutes et je reste à la fixer, yeux dans les yeux et j'ai même l'impression qu'on s'est encore plus rapprochés.
_ D'accord. Vas-y, fous en l'air ta vie, King. Je m'en fous.
Je me lève mais elle a été plus rapide que moi, elle se jette carrément en califourchon sur moi et me plaque contre le lit. Nous y voilà maintenant, à nous regarder en chien de faïence prêt à nous jeter dans un combat sanglant.
Si je le voulais, je pourrais la faire basculer dans une piquenaude mais nous n'avons jamais été aussi proche que maintenant et j'adore cette sensation de renaissance que me procure cette fille. Mon corps se recouvre entièrement de chair de poule et je tressaillis presque de plaisir sous le poids de ses petites mains qui épousent parfaitement mes épaules. Et je ne sais plus où placer les miennes -se serait trop osé si, enfin, j'écrasais son fessier qui m'a toujours fait tourner l'oeil?
Non, putain! Je suis en colère contre elle.
_ T'as pas le droit de me dire ça, murmure t'elle, si prêt que je sens sa douce enfluve fruitée aggresse carrément mes narines.
Son souffle me frappe en plein fouet et là, l'envie de me jeter sur sa bouche perfide me tente encore plus. Ses joues me paraissent encore plus juteuses, je les mordrais jusqu'au sang. Et je descendrais jusqu'à son cou, puis, encore plus bas jusqu'à son nombril percé d'un petit diamant.
_ Et qu'est ce que je devais te dire au juste?
Sa respiration se saccade et la mienne aussi. Et l'excitation prend totalement les rènes de mon corps; je me vois la plaquer brutalement contre ce mur, je prendrais possession d'elle et elle en rendemanderais, encore et encore.
Oh King...Nò King.
Ma gorge s'assèche et je n'arrive même pas déglutir. Mon pantalon est prêt à craquer et je sens mon coeur battre en bas. Juste en bas.
Nò King...O King.
_ C'est lui qui t'as fait replongé.
Just...
C'est une affirmation et pas une question.
Elle n'a pas besoin de répondre, je lis au fond de ses prunelles qui ne m'ont pas lâcher une seconde. Sa prise se relâche. Mais je ne fais rien pour m'extriper de sa poigne.
_ On ne change pas la nature de quelqu'un, Lynx. Tu dois comprendre que les gens ne méritent pas toujours d'être sauvés.
Et elle me libère.
***
Oh Gosh!
C'était chaud bouillant là, nah?
Après deux mois on se retrouve et pour mon excuse, je n'ai aucune excuse juste l'inspiration n'était pas au rendez-vous.
Je ne vais pas vous mentir, j'ai longtemps pensé à tout abandonner mais dernièrement vos retours sur l'histoire m'ont fait réaliser que vous lisez vraiment et qu'elle vous plait. Ce que je n'ai jamais pensé.
Merci infiniment pour votre soutien et nous revoilà reparti pour l'aventure!
La pauvre Paige, elle doit poireauter en ce moment, Lynx est un vrai connard, nah? Et King, qu'en dit-on?
Icekiss et à bientôt!
Stay safe et n'oubliez pas vos masques, le virus est toujours là mes amis.
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