Chapitre 2
Coucou !
Merci à tous ceux qui ont voté pour cette fanfiction, et merci pour à aanaklusmos pour son commentaire !
Voici la suite sans attendre, en espérant que ça va vous plaire !
Bonne lecture ;)
Lorsqu'il descendit ce matin-là, sa mère n'était pas dans la cuisine ni dans sa chambre. Cela ne l'étonna pas car il lui arrivait souvent de partir tôt pour ses recherches d'emploi. Il savait qu'elle avait fait une liste de chaque entreprise qui cherchait quelqu'un et elle s'y rendait souvent en personne.
Il avala un léger petit déjeuner avant de se préparer et d'empoigner ses affaires.
Dans le couloir, il croisa à nouveau Mme Bolston devant sa propre porte en train d'ajuster la manche de son pull sur son avant bras. Elle leva la tête et sourit.
- J'ai l'impression de vous croiser sans arrêt, plaisanta Zach.
- C'est parce que je t'espionne mon petit, répondit Mme Bolston en lui faisant un clin d'œil.
Zach rit et l'aida à descendre les escaliers.
- Voilà pourquoi je sors en même temps que toi, fit sa voisine, parce que je sais que tu me seras toujours serviable.
- Et où allez-vous comme ça Mme Bolston ?
Elle rajusta son petit sac à main crocodile sur sa frêle épaule et répondit :
- Je vais retrouver mon petit-fils, on va boire un café ensemble, un peu en dehors de la ville.
Zach lui jeta un coup d'œil surpris. En baissant les yeux il ne pouvait voir que les cheveux blanc neige de Mme Bolston.
- Je ne savais pas que vous aviez un petit-fils.
- Il a ton âge environ, il est à l'université à l'extérieur de la ville.
Zach ne dit rien, mais il était presque persuadé qu'il n'y avait pas d'université autre qu'à l'intérieur de San Francisco.
Arrivés en bas, Zach lui demanda s'il ne vaudrait pas mieux qu'il l'accompagne. Mme Bolston rit.
- Ne t'en fais pas pour moi, j'ai toujours aimé les voyages, courts ou longs. J'ai ça dans le sang ! Merci, et passe une bonne journée mon petit !
Et elle s'éloigna en trottinant gaiement sur le trottoir.
Zach secoua la tête. Parfois Mme Bolston disait vraiment des choses étranges.
Il arriva au café, Gabrielle était déjà arrivée et le salua joyeusement :
- Salut Zach ! Merci encore une fois pour hier !
- Pas de problème, répondit Zach. Alderman n'est pas là ?
Gabrielle secoua la tête.
- Jerry et Matthew sont dans les vestiaires, mais le boss n'est pas encore arrivé.
Il s'approcha d'elle.
- Ma mère avait rendez-vous avec lui hier soir. Une histoire de boulot qu'il aurait trouvé pour elle.
Gabrielle haussa un sourcil en essuyant un verre.
- Encore ? Entre toi et elle, on pourrait penser qu'il vous a à la bonne.
- Tu parles, t'as vu comment il est avec moi ? répliqua Zach en pensant aux postillons d'Alderman quand il s'énervait.
Gabrielle ne dit rien pendant un instant, les lèvres pincées.
- Ça reste bizarre ... Écoute, je ne sais pas trop quoi te dire, personne ne connaît vraiment Mr Alderman. Il a débarqué un beau jour et puis t'es arrivé juste après. On a de la chance qu'il nous ait gardés les gars et moi.
- Pourquoi est-il parti votre patron précédent ? demanda Zach.
Gabrielle fronça les sourcils.
- Scott ? Oh euh ... une histoire de famille je crois.
Silence, pendant lequel Gabrielle semblait perdue dans ses pensées. Un premier client l'empêcha de continuer de poser des questions, et Zach se mit au travail.
À 12h30, Mr Alderman n'était toujours pas arrivé.
- C'est vrai que ça commence à m'inquiéter cette histoire, avoua Jerry.
À vrai dire, Zach s'inquiétait plus pour sa mère qui avait été la dernière à avoir vu son patron. Lors de sa pause, il se rua sur son téléphone et envoya un message à sa mère : « Comment était le rendez-vous hier soir ? » Puis il glissa le portable dans sa poche et retourna à ses clients. Au bout de deux heures à vérifier son écran, il se décida à l'appeler. Immanquablement, il tomba sur la messagerie.
- Maman, appelle-moi dès que tu reçois ce message s'il te plaît.
Il raccrocha, l'inquiétude le tenaillant. Les minutes s'écoulaient, sans qu'aucun appel ne vienne le rassurer. Ses collègues jetaient des coups d'œil à leur téléphone également. Il entendit Matthew râler à son ami :
- Il pourrait prévenir quand même.
Gabrielle revenait de la terrasse. Elle s'approcha de Zach et lui souffla :
- Va te changer les idées, la table 12 attend.
Il redressa la tête. En effet, Reyna attendait, comme à son habitude, la chaise tournée vers la rue, les jambes croisées. Son regard impassible examinait les gens qui passaient devant elle. Zach ne pensait pas que sa simple vue lui mettrait du baume au cœur, lui qui pensait que sa journée ne pourrait se dérouler que de pire en pire.
Il lui prépara le chocolat chaud qu'elle allait forcément demander et alla à sa rencontre. Elle se retourna avant même qu'il n'arrive, et ses yeux firent la navette entre le chocolat et lui.
- Bonjour, fit Zach, un chocolat chaud j'imagine ?
Reyna le fixa avant de sourire légèrement.
- Merci.
Zach posa la tasse et sourit brièvement en retour. Il se redressa et s'apprêta à lui tourner le dos sans un mot quand elle le rappela :
- Vous allez bien ?
Il se tourna vers elle et la fixa, indécis.
- Vous avez l'air préoccupé, continua-t-elle. Vous n'êtes pas le seul à savoir lire chez les gens, vous êtes comme un livre ouvert vous savez.
Zach se dandina sur ses pieds, mal à l'aise. Il ne voyait pas trop ce qu'elle pourrait faire pour l'aider. Mais son instinct lui disait qu'il ne devrait pas se fier aux apparences. Reyna avait l'air mortellement sérieuse et ne détachait pas son regard du sien. Ses mains étaient croisées devant elle. Une bague ornait un de ses doigt et de là où il était, Zach pouvait apercevoir un bout de tatouage sur son avant bras gauche.
Finalement, il dit :
- Ma mère semble avoir disparue depuis hier soir et elle ne répond à aucun de mes messages ni appels.
- Vous ne pouvez pas appeler la police ? s'enquit la jeune fille en fronçant les sourcils.
Zach jeta un coup d'œil vers le café.
- C'est à dire que ... notre patron aussi, a disparu ...
Et la police ne le croirait jamais surtout. La dernière fois, il était passé pour un fou, victime d'hallucinations.
Reyna croisa les bras et s'adossa contre sa chaise.
- Il y a un rapport entre les deux disparitions ? demanda-t-elle.
- Ma mère avait rendez-vous hier soir avec lui, pour un travail.
Zach pouvait presque voir les rouages du cerveau de Reyna fonctionner.
- Vous pensez qu'ils ont été enlevés tous les deux ?
Zach hésita. Mr Alderman ne l'avait jamais vraiment apprécié mais il aurait pu le renvoyer à tout moment alors ...
- Je ne vois pas pourquoi il l'aurait enlevée, répondit-il prudemment.
Reyna plissa les yeux.
- Le fait que vous ayez pensé à la possibilité qu'il l'ait enlevée devrait vous inquiéter, souligna-t-elle.
Cela n'arrangea pas l'état de Zach. Pourquoi Alderman ferait une chose pareille ? Il était certes désagréable et insupportable, mais ça ne faisait pas de lui un criminel.
- Zach ! appela Gabrielle à l'entrée du café. Viens, j'ai besoin de ton aide.
Zach tourna son regard sur Reyna qui continuait de le fixer.
- Désolé, je dois y aller. Mais ... merci de votre aide, c'est gentil. Je suis sûr que ça va s'arranger.
Il s'éloigna et rejoignit Gabrielle qui tapait gentiment du pied.
- Ecoute, si tu veux la voir, emmène la boire un verre, reprocha-t-elle. Mais les clients attendent, on a besoin de toi.
Zach s'excusa, même s'il savait que son amie n'était pas réellement fâchée. Il jeta un dernier coup d'œil à Reyna qui semblait réfléchir à toute allure, les sourcils froncés. Ses yeux étaient fixés sur l'entrée du café, comme si l'endroit était un lieu de crime où la réponse aux enlèvements allait apparaître.
Il tenta une nouvelle fois d'appeler sa mère mais tomba à nouveau sur le répondeur. Gabrielle, voyant son regard inquiet, lui accorda une pause.
- Détends-toi un peu, conseilla-t-elle.
Zach la remercia et s'installa à une table inoccupée. Là, il prit son sac et en ressortit un carnet à dessins et un crayon. Il laissa sa main le guider et peu à peu, le croquis se révéla être un des monstres qu'il avait vu en février dernier, un de ceux qui étaient apparus en tant que chiens errants à la police. En réalité, ils ressemblaient plus à un mélange entre un taureau et une antilope. Leurs yeux étaient aussi rouges que des rubis et ils dégageaient une vapeur violette qui semblait tout sauf bénéfique. Sur le haut de leur tête s'étirait une crinière sombre qui suivait ensuite la colonne vertébrale. Quand Zach les avait vus, ils avaient tous la tête baissée et il en avait déduit que c'était une caractéristique de cette chose. Sa mère avait toujours dit qu'il avait trop d'imagination en voyant ses dessins. Depuis qu'il lui avait certifié qu'il allait mieux désormais, il faisait en sorte de les cacher. Sa mère n'entrait jamais dans sa chambre, il ne craignait donc rien. Personne d'autres n'avait jamais vu ses croquis. Même si Gabrielle était son amie, elle ne le croirait jamais, qui le pourrait ? Quant à Mr Alderman, il l'aurait renvoyé en prétextant ne pas vouloir d'un cinglé dans son café.
Il griffonna sauvagement sur la crinière de la bête en soupirant. Cela allait-il s'arrêter un jour ? Et sa mère qui disparaissait du jour au lendemain, son patron suspect dans l'affaire, qui s'ajoutaient ...
Quelqu'un se racla la gorge juste en face de lui. Il leva les yeux et croisa ceux bruns de Reyna qui lui tendait des pièces. Zach secoua la tête.
- C'est cadeau de la maison. Vous êtes là tous les jours.
Reyna haussa les épaules mais rangea sa monnaie et le remercia. Puis, ses yeux furent attirés par son carnet. Zach se raidit, s'attendant à un « d'où sortez-vous cette chose ? », mais Reyna réagit tout autrement. Elle eut un léger mouvement de recul et écarquilla les yeux.
- Qu'est-ce que...
Zach se leva, rabattit son carnet. Il ne voulait pas non plus qu'elle le prenne pour un fou.
- Ma pause est terminée, je dois m'occuper des clients, excusez moi.
Il rangea son carnet dans son sac qu'il reposa aux vestiaires. Il pouvait sentir le regard perçant de Reyna dans son dos et savait qu'elle le suivait des yeux jusqu'à ce qu'il sorte de son champ de vision.
Sa réaction avait été différente de celle des autres. Elle n'avait pas semblé étonnée de la bête. Elle avait plutôt paru surprise de trouver cette bête sur son carnet. Après coup, il regretta la façon dont il avait réagi. Peut-être connaissait-elle ces choses que seul lui pouvait voir ? Il décida de retourner la voir mais quand il rentra dans le café, il ne la trouva nulle part. Elle était déjà partie. Zach se sentit déçu. Elle n'avait pas tardé, ni cherché de réponses. Se trompait-il à son sujet ?
Les heures passaient et Zach n'avait qu'une envie, c'était de rentrer chez lui. Malheureusement, ses collègues ne semblaient pas de cet avis.
- Ce soir, tu fais la fermeture Zach, dit Jerry.
- Mais ..., tenta Zach.
- On l'a faite hier pour toi mon gars, renchérit Matthew, c'est ton tour.
Gabrielle essaya de plaider sa cause mais Zach l'arrêta d'un regard. Il n'avait pas envie que les deux autres se mêlent de ses histoires.
- Il n'est pas bien aujourd'hui, dit quand même Gabrielle.
- T'as qu'à la faire toi ! la piqua Jerry.
Mais ce soir était les deux ans de Gabrielle et Lena, et elles avaient prévu de fêter cela ensemble.
- Laisse tomber Gab, soupira Zach, merci quand même.
Gabrielle lui jeta un regard désolé avant de finalement prendre ses affaires et de s'éloigner, suivie peu après des deux autres employés.
Zach se mit immédiatement à la tâche. Plus vite il aurait fini, plus vite il pourrait rentrer chez lui. Il nettoya toutes les tables, empila les chaises et rentra tout le mobilier à l'intérieur. Puis il se mit à la vaisselle des derniers clients et rangea les tasses et soucoupes dans les placards. Il lava le plan de travail, ferma les vestiaires à clé, éteignit les lumières, empoigna ses affaires et abaissa la grille du café. Le soleil était en train de se coucher et baignait les rues d'une lueur orangée.
Zach prit la route et courut presque jusque chez lui. Il ne croisa ni voisins, ni Mme Bolston.
Lorsqu'il ouvrit la porte de son appartement, il eut le désespoir de trouver les volets abaissés et les lumières éteintes. Il appela tout de même :
- Maman, t'es là ?
Pas de réponse.
Personne n'avait appelé sur le fixe, tout avait été laissé comme au moment où il était parti ce matin. Il essaya une nouvelle fois.
- « La personne que vous essayez de joindre n'est pas disp ... »
Il raccrocha.
Il ne pouvait pas rester les bras ballants à l'attendre. Cela faisait presque une journée entière désormais qu'elle avait disparue. Il ne pouvait prévenir la police, du moins pas maintenant, pas avant d'avoir compris ce qu'il se passait. Alderman l'avait embauché suite à une dette envers sa mère. Trois mois plus tard, il affirmait avoir trouvé un emploi pour sa mère et lui donnait rendez-vous à son bar favori. Puis les deux disparaissaient sans donner aucune nouvelles, ce qui n'était absolument pas le genre de sa mère.
Non, décidément, quelque chose clochait dans cette histoire et Zach allait tout faire pour tirer cela au clair.
Il prit avec lui son sac et ressortit de l'appartement. Il savait qu'il devait commencer par Chez Barry, puisque c'était là qu'ils s'étaient donnés rendez-vous hier soir.
Dans le bar, les gens commençaient à affluer, leur journée de travail achevée. Zach se dirigea vers le gérant qui le salua d'un hochement de tête.
- Bonsoir, commença Zach, j'avais une question à vous poser. Hier soir, vers 21 heures, auriez-vous vu deux personnes ? Un homme et une femme. Lui a la quarantaine, un peu bedonnant, des cheveux un peu couleur fauve mais dégarni au dessus de la tête.
- Et elle ? demanda nonchalamment le barman en essuyant un verre.
- Petite brune, des yeux bleus, des taches de rousseurs. Elle portait un tailleur gris.
Le barman réfléchit un instant avant de répondre.
- Je crois me souvenir, oui.
Zach déglutit et demanda :
- Ont-ils parlé d'un endroit où ils comptaient aller ?
L'homme posa son verre, et lui répondit tout en servant une bière :
- Ecoute petit, même si je le savais je ne te le dirais pas, leur vie privée ne te regarde pas.
Zach s'apprêtait à insister quand une voix de femme susurra à ses côtés :
- Moi je les ai vus, mon chou.
Zach se retourna et eut le souffle coupé. Devant lui se tenait une magnifique jeune femme brune, les yeux verts perçant fardés. Elle portait une robe rouge qui lui allait à merveille et des talons qui devraient être classés dans le top 10 des objets de torture à bannir de la planète.
Elle sourit, et ses parfaites dents blanches contrastèrent avec le rouge de ses lèvres.
- Tu parles d'Éric, n'est-ce-pas ?
Zach acquiesça, le cœur battant.
- Vous ... Vous savez où ils ont pu aller ?
La femme porta son cocktail à ses lèvres et prit soin de boire tranquillement sa gorgée. Zach se retînt de faire valser son verre. Jolie, mais crispante.
- Bien sûr. Je connais Éric depuis tant d'années ... En fait, j'étais avec eux, mais ils ont fini par partir, ils ne sont pas restés longtemps.
- Mais où sont-ils partis ?
La femme balaya sa question de la main.
- Ils parlaient boulot, je crois qu'Éric lui a trouvé un job. Vraiment, tu n'as pas à t'en faire.
Zach hésita. Si même cette femme disait qu'ils avaient discuté à propos d'un travail ... Il se secoua. Quelque chose ne tournait pas rond. Sa mère avait disparue depuis un jour, bien sûr qu'il devait s'inquiéter ! Et puis quoi encore, son nouveau travail l'extasiait tellement qu'elle y était restée durant la nuit et le reste de la journée ?
- Je vous ai posé une question, assena-t-il.
Il attrapa le verre de la dame avant qu'elle ne l'atteigne. Celle-ci pinça les lèvres, ce qui la rendit tout de suite moins jolie. Le barman, qui écoutait toujours l'échange, intervint :
- Mademoiselle, vous pouvez lui dire tout de même ... vous avez dit connaître l'emplacement, le gamin veut juste savoir.
La femme lui lança un regard incandescent et Zach crut qu'elle lui sauter dessus et le réduire en miettes. Elle se recomposa rapidement un visage doux et finit par dire :
- Va voir à l'usine désaffectée, à l'ouest de la ville.
- Pourquoi Alderman amènerait-il ma mère là-bas ? répliqua Zach en plissant les yeux. Il devait lui parler pour un travail.
La femme leva ses mains manucurées en l'air.
- Je n'en sais rien moi, riposta-t-elle. Je jure sur tout ce qui est sacré que je dis la vérité, maintenant rends-moi mon verre mon chou. Et tu seras bien gentil de rentrer chez toi.
Zach rajusta son sac et ne dit pas un mot. Alors qu'il lui tournait le dos, la main de la femme se referma sur son bras, et ses ongles s'enfoncèrent dans sa peau. Montrant son dos au gérant, celui-ci ne pouvait rien voir des yeux brûlant de haine qu'elle faisait à Zach.
- N'ose même pas t'y rendre. Je te dis qu'ils vont très bien. Si tu y vas, tu le regretteras amèrement.
Il aurait dû avoir peur. Après tout, c'était la première fois que quelqu'un le menaçait ainsi. La femme était peut-être jolie, mais il savait que derrière ce maquillage se cachait une férocité sans nom.
Juste au moment où cette pensée traversait son esprit, l'image de la belle brune se brouilla.
Les yeux vert serpent dardaient des éclairs de haine dans sa direction. Jusque là, pas de nouveauté. Le premier changement que Zach remarqua fut ses cheveux dont les mèches brunes se mêlaient désormais à des langues de flammes crépitantes. Quelque chose lui disait que ce n'était pas un effet d'optique. Il baissa les yeux sur la main qui enserrait son bras. Les ongles étaient devenus des griffes acérées qui semblaient bien capables de déchiqueter une proie d'un seul mouvement.
Mais le plus grand choc résidait dans la partie basse du corps. Alors que la femme (pouvait-il encore l'appeler ainsi ?) disposait auparavant de longues jambes gracieuses et élancées, celles-ci étaient désormais ... en quoi au juste ? Les deux étaient différentes. L'une était indéniablement une jambe d'âne dont le sabot était aussi poli que ses ongles (griffes) manucurés. L'autre ... était-ce du bronze ? Ça en avait tout l'air.
De tous ceux qu'il avait put voir, Zach n'avait jamais vu un être comme elle.
Et il n'en avait jamais été confronté. Il sentit une goutte de sueur glisser dans son dos alors qu'il forçait ses yeux à remonter sur son visage. Il ne devait surtout pas montrer à la femme qu'il pouvait la voir telle qu'elle était vraiment. Celle-ci pencha la tête sur le côté.
- Qu'est-ce que tu regardes ? siffla-t-elle.
Zach déglutit difficilement. Le barman avait arrêté d'essuyer ses verres et observait avec inquiétude la scène. Zach devait à tout prix tuer le conflit dans l'œuf, avant que quiconque ne soit blessé.
- Heu, je pensais à vos ... talons, balbutia-t-il. Ne tombez pas.
Les griffes se resserrèrent sur son bras et pendant un moment, Zach crut qu'elle l'avait démasqué. Il se voyait déjà entraîné dans une ruelle et dépecé sans que personne ne sache où il était.
La femme jeta un bref regard circulaire dans la salle qui était pleine, puis elle lâcha son bras avec un dernier avertissement.
- N'oublie pas mon chou, rentre chez toi et tout ira bien.
Zach fit semblant d'acquiescer et il s'éloigna en titubant. Il sentait un point dans son dos et il savait que la femme -la chose- le fixait toujours.
Alors qu'il avait été tenté de l'écouter un peu plus tôt, il était certain maintenant qu'il connaissait sa véritable nature, qu'elle avait utilisé un quelconque pouvoir de séduction pour l'embobiner.
Si de telles choses existaient, pourquoi n'auraient-elles aucun pouvoir malveillant ?
Mais ce qui l'inquiétait plus, c'était que sa mère était réellement et officiellement en danger. Si la femme connaissait Alderman cela voudrait dire qu'ils étaient liés. Zach n'osait imaginer ce que sa mère était en train de vivre.
Était-elle même encore en vie ? Il chassa cette pensée insidieuse de sa tête.
Il reprit le chemin de chez lui. Il n'allait évidemment pas obéir à la femme, mais s'il devait affronter une de ces choses pour sauver sa mère, il préférait prendre un objet très très coupant, et au passage prévenir quelqu'un si jamais il finissait par disparaître lui aussi.
Il grimpa quatre à quatre les escaliers et rentra dans son appartement. Là, il se dirigea vers la cuisine et chercha le couteau le plus long et le plus coupant qu'il puisse trouver. Il porta son choix sur un couteau de boucher que sa mère utilisait pour la viande. Un peu barbare, mais à vrai dire Zach s'en fichait un peu. Tant que ça coupait. Il le coinça sous sa ceinture en espérant qu'il n'aurait pas à s'en servir. Il n'était pas sûr de maîtriser les arts martiaux, voire certain.
Il regarda un bref instant autour de lui avant de sortir. Il alla sonner chez Mme Bolston. Il entendit des pas de l'autre côté avant que la vieille dame n'ouvre la porte.
- Zach ! Je peux t'aider ? T'as pas l'air en forme, rentre un instant.
Zach jeta un coup d'œil à l'intérieur. Le vestibule donnait sur un salon bien rangé où des tapisseries ornaient les murs. Il entendit le glatissement de son aigle spécial appart.
Le mur gauche du vestibule n'était décoré que d'un objet que Zach identifia comme un caducée. Pour apporter la bonne santé peut-être ? Il se tourna finalement vers sa voisine qui attendait sa réponse :
- Je viens juste vous prévenir que si je ne suis pas à l'appartement demain matin, vous devrez appeler la police. Dites leur de chercher à l'usine désaffectée à l'ouest de la ville.
Mme Bolston le regarda bouche bée.
- Mais... comment ça, si tu « n'es pas à l'appartement demain » ? bredouilla-t-elle. Zach as-tu des problèmes ? Quelque chose dont tu voudrais me parler ?
Zach secoua la tête. Il n'avait pas le temps de s'attarder.
- Je n'ai pas de problème, ma mère oui et je vais l'aider. Souvenez-vous Mme Bolston : demain matin, usine désaffectée.
Il lui serra les mains brièvement et lui tourna le dos. Mme Bolston l'arrêta d'un cri.
- Attends ! Laisse-moi te donner quelque chose qui pourrait t'aider.
Zach la regarda s'éloigner dans son appartement, fouiller dans un tiroir et revenir avec une pochette transparente, un peu comme les pochettes de stockage de sang après un don, sauf que le contenu était vert.
- Tiens, dit-elle en lui tendant la poche. Cela te sera sûrement utile.
Zach observa l'objet d'un œil curieux.
- Qu'est ce que c'est au juste ? demanda-t-il en la retournant plusieurs fois.
Mme Bolston la lui arracha des mains avec un air affolé.
- Sois prudent ! Au moindre contact violent, et la pochette s'activera et explosera dans les secondes qui suivront. Tu ne dois l'utiliser qu'en dernier recourt, tu m'as bien comprise ?
Zach la regarda, horrifié.
-Mais qu'est ce que cette chose fabrique dans votre appartement ?
Mme Bolston mit les poings sur les hanches, l'ai sévère.
-Tu ne veux pas m'expliquer, je ne te dirais rien non plus. Maintenant dépêche toi, tu n'as pas de temps à perdre !
Zach hocha la tête, reprit avec précaution la poche et la rangea dans son sac. Puis il dévala les escaliers sous le regard inquiet de sa voisine.
Dehors, le soleil renvoyait toujours lueur orangée. Zach ne savait s'il devait accueillir l'obscurité avec soulagement ou pas.
Il prit un bus qui l'amena à l'extérieur de la ville.
- Vous approchez pas trop de l'usine, lui conseilla le chauffeur alors qu'il lui ouvrait les portes pour sortir. J'ai entendu dire qu'il se passait des drôles de trucs là-bas depuis quelques mois environ.
- Trois mois à peu près ? devina Zach.
Le chauffeur se gratta la tête.
- Trois mois, vers juin, ouais c'est ça. Enfin bref, soyez prudent.
Zach le remercia tout en se sentant nauséeux. Il n'était pas prêt. Quoique ce fût qui l'attendait, il savait qu'il ne serait pas de taille. Il sentait que rien de normal n'était là-bas. Il savait que c'était encore une de ses choses qu'il voyait et qui le faisaient passer pour un fou. Qu'espérait-il faire une fois arrivé à l'usine ? C'était comme si un monde totalement différent, une fosse aux lions, s'offrait à lui et qu'on l'y jetait.
Mais sa mère était en danger. Et il n'osait imaginer la peur qu'elle devait ressentir. Elle qui ne voyait pas comme lui, que devait-elle penser ? Sentait-elle qu'elle avait été embarquée dans quelque chose de bien plus grand que ce qu'elle pensait être un simple enlèvement ?
Finalement, il décida que l'obscurité lui serait d'une grande aide. L'usine se trouvait au milieu d'une plaine désertique, et sa silhouette mouvante tranchait avec l'aridité et l'immobilité du terrain.
C'était une vieille usine aux tons de couleurs brique et marronâtre. La plupart des vitres étaient brisées et ajoutaient à l'aspect sinistre de l'endroit.
La grille d'enceinte comportait un trou dans lequel les choses avaient dû passer. Un panneau « attention danger » pendait misérablement sur les barreaux.
Zach pénétra dans l'enceinte du bâtiment, incertain de la direction qu'il devait prendre.
Soudain il entendit une clameur plus loin. Une voix prit ensuite la parole mais Zach était incapable d'entendre ce qu'il disait. D'autres voix approuvaient ses dires par des cris d'approbation, ou alors manifestaient leur désaccord avec des huées. On aurait dit un meeting politique. Zach imagina toutes les choses qu'il avait dessinées dans sa vie en train de réagir à une autre en face en levant le poing. Cela lui donna presque envie de rire, mais l'image de sa mère s'imprima dans son esprit, et il frissonna.
Il inspira un bon coup avant de s'avancer, les jambes jouant les castagnettes, jusqu'au lieu du « meeting ».
Zach pouvait voir une foule dos à lui plus loin. Un zigoto s'agitait en face d'eux, et les personnes réagissaient avec excitation. « Non pas des personnes », songea Zach alors que tout se brouillait devant lui.
Désormais, une foule d'êtres hauts d'un mètre environ avec des pieds palmés se trouvait en rang. Sur le côté, nonchalamment adossées à un des murs de l'usine, se dressaient deux femmes, l'une rousse et l'autre brune que Zach reconnut immédiatement comment étant celle du bar. Il frissonna. La rousse avait également des mèches enflammées qui se confondaient avec sa couleur naturelle, et ses jambes identiques à celles de la brune.
Zach dirigea son regard vers l'estrade, et faillit sauter en l'air lorsqu'il vit qui s'y trouvait. C'était Mr Alderman. Mais ses yeux semblaient briller d'une haine inconnue de son patron, d'une haine mauvaise et viscérale. Et accessoirement, ils étaient dorés.
C'était Mr Alderman, mais ce n'était pas non plus vraiment lui.
- Mais qu'est-ce que tu fais là ?
Zach retint un cri et se retourna brutalement, se retrouvant nez à nez avec ... Reyna.
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