La vie étudiante, ce sont tes meilleures années (non)
Bonjour !
Ce texte est juste un petit billet d'humeur, parce que j'ai vraiment besoin de lâcher mon sac et d'exprimer mon ras-le-bol. J'ai pas l'habitude de parler de politique, mais avec tout ce qui se passe dernièrement, en fait, ce n'est plus vraiment possible de ne rien dire.
J'espérais pas grand chose des annonces de ce soir, mais ça m'a quand même bien fait sourire. On a exprimé notre souffrance sur les réseaux sociaux cette semaine, ça fait même plusieurs jours que le #étudiantsfantômes est en tendance maintenant, et on s'est dit : "Oh, puisqu'il a invité la ministre de l'enseignement supérieur, il y aura peut-être enfin du mouvement ?"
Ah, ah, ah. Quelle bonne blague. A notre souffrance, elle a juste dit "Oui, bah on va doubler les psys dans les facs"... Et c'est tout ??? Déjà, si l'on écarte le fait que, notamment dans ma fac, tout est fermé et que 2/3 des étudiants habitent à plus d'1h30 de Lille, c'est vraiment tout ce que vous avez trouver à répondre ?
Donc du coup, si jamais vous en doutiez, si je ne suis pas très présente et très irrégulière sur tout en ce moment, c'est parce que je ne vais pas bien mentalement :) Je suis épuisée, je fais des insomnies et mes seules sorties, c'est la promenade de mon chien. Je n'ai vu personne physiquement depuis octobre dernier et mes conditions de travail sont médiocres puisque ma mère est assistante maternelle et garde des enfants qui braient à longueur de temps à la maison, ce qui fait que je ne peux même pas utiliser mon micro la plupart du temps et donc, en fait, parler physiquement à quelqu'un d'autre. Ajoutez à cela le fait que ma mère a du mal à comprendre le but de mes études et me fait du mental shaming tous les jours et vous avez à peu près une bonne idée de mon état aujourd'hui : je n'en peux plus et je suis sur le point de faire un burn out.
On a eu une période de dossiers absolument horrible parce que les profs se sont dits que comme on était à la maison, ça allait. Bah oui, tout le monde fait des journées de 15h de travail, 7 jours sur 7, quel est le problème ? C'est tellement normal et sain de se retrouver 15h devant un PC parce que tu ne peux même pas avoir accès à une bibliothèque universitaire (1h30 de route, remember ?) et que tu es incapable de te concentrer sans avoir un enfant qui vient foutre la merde là où tu travailles toutes les dix minutes.
Je sais que je suis plutôt une bonne élève, avec un sang froid important, et pourtant je n'ai plus aucune confiance en ce que je fais, tout simplement parce qu'on a presque 0 retour sur notre travail. Chaque devoir que je rends, j'ai l'impression d'avoir écrit de la merde et le fait de ne jamais avoir de retour, bah à la longue, ça vous fait rentrer dans une boucle où vous vous désévaluez constamment, où vous pleurez pour un rien parce que vous êtes tellement sur les nerfs, que vous avez l'impression que si vous ne travaillez pas dix minutes c'est que franchement, vous pourriez faire encore mieux, et tombez de fatigue le soir après avoir épuisé tout ce que votre cerveau a pu produire en journée. Je ne sais pas si vous réalisez, mais en fait, ça peut rendre n'importe qui complètement fou. Les tentatives de se foutre en l'air augmentent chez les étudiants, et si ça continue comme ça, ça va forcément continuer en fait. Ce n'est pas magique, ça ne va pas s'arrêter parce qu'on nous a donné une tape sur la tête en mode "mais oui, mais oui, gentil tutudiant".
Il y a des jours où je me demande "mais en fait, ça sert à quoi ?" parce qu'on sait tous que même si on valide et qu'on nous dit que ce sera pas le cas, tout le monde sait que le diplôme de cette année vaudra rien, parce que les médias et le gouvernement ont niqué les étudiants en leur donnant une image de "ils font la fête H24, franchement, de quoi ils se plaignent". C'est facile de rejeter la faute sur la population alors que le gouvernement ne fait absolument rien pour changer ça. Tout ce qui arrive, c'est majoritairement de la faute du gouvernement, et il faudrait arrêter de culpabiliser aléatoirement des groupes de gens pour cacher les trous dans le mur et faire genre "oh, mais au moins ça va tenir un peu plus longtemps".
La fausse pitié du gouvernement, j'en veux pas. Des demi-mesures de "consolation", on n'en veut pas. On veut être pris en considération, que notre avis ait un putain de poids, et je sais pas pourquoi c'est si dur à comprendre ?
Si on avait pas certains profs pour vraiment nous soutenir et nous encourager, quitte à prendre 20 minutes par cours pour nous rassurer et nous écouter, discuter d'autre chose que les cours, tout simplement, parce qu'en fait, c'est littéralement la seule interaction qu'on a : LE TRAVAIL, je ne pense pas que j'aurais tenu ce semestre-ci. Et encore merci à eux, et tout particulièrement à notre professeure d'histoire littéraire et ses mots d'encouragements, ses photos de chats, ses petites blagues pendant les cours qui font que, une heure par semaine, enfin, on pouvait se détendre un petit peu, ou encore à la prof de librairie avec qui on a pu parler de nos problèmes librement et sans jugement, ce qui est vraiment tout ce dont on a besoin en ce moment pour ne pas avoir l'impression d'être entièrement livrés à nous mêmes.
J'espère que ça s'arrangera un peu dans le futur, mais en attendant, j'avais besoin de lâcher ce que j'avais sur le cœur.
Et courage à tous les étudiants, on va bien finir par s'en sortir à un moment ou un autre <3 Gardons le moral en attendant de meilleurs jours.
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