— "Entrée interdite" ? lit Lara sur le panneau de la porte de l'infirmerie. On ne peut pas jouer avec Norman ?

— Non Lara, pas tant qu'il sera malade, lui répondit Maman avec douceur. Interdiction d'aller à l'infirmerie, compris ?

— D'accord !

À ces mots, la mère lui adressa un sourire, avant de descendre les marches pour préparer le dîner.

Emma sortit juste après de sa cachette, regardant de droite à gauche pour apercevoir l'adulte. Lorsque la rousse comprit qu'il n'y avait plus aucun danger, elle rejoignit son amie.

— Elle est partie ? lui demanda Emma en regardant autour d'elle.

— Oui ! Allons le voir !

Les deux petites entrèrent discrètement dans la salle, là où Norman restait éveillé.

Emma fit signe à Lara de ne pas faire de bruit. La blonde acquiesça, et mit sa main sur sa bouche. Arrivées près du lit du garçon, Emma se leva brusquement, en criant.
Norman sursauta et toussa en même temps.

— Emma !

Lara se leva également en riant.

— Et Lara ! s'exclama Emma.

Norman écarquilla les yeux et toussa une nouvelle fois.

— On est venu te voir ! continua Emma en s'étalant sur le lit du malade.

— Pourquoi ? Vous n'avez pas le droit... contra le blanc en se tournant à l'opposé de son amie.

— Vu que t'es toujours tout seul quand tu es malade, reprit Lara, on vient te tenir compagnie !

Emma s'assit sur la chaise près du lit et s'exclama gaiement :

— On va discuter !

Lara s'assit également, mais sur le lit de Norman, trop haut pour elle. La blonde sauta plusieurs fois, avant d'enfin réussir se hisser dessus.

— Non, je risque de vous contaminer, déclara Norman, prit une nouvelle fois d'une quinte de toux.

— Mais non ! lui assura la rousse. On est immunisées avec Lara !

Le blanc regarda son amie, bouche bée. Il ne comprenait pas comment elles pouvaient être immunisées contre les microbes.

— Allez viens Norman, reprit Lara, je vais te faire un gros câlin...

— Lara, Emma !

Lara lâcha un hoquet de surprise, en voyant Maman entrer dans la chambre, des serviettes à la main. Emma fit de même à l'entente de son prénom.

— Quand êtes-vous entrées ? reprit l'adulte. Que fera-t-on si vous vous enrhumez ensuite ?

— Ray m'a dit qu'on ne risquait rien ! répliqua la blonde.

— Ray ?

Le regard de Lara se posa derrière le petit garçon. La mère se tourna vers lui, visiblement en train de lire, à en juger par le livre qu'il portait à la main.

— J'ai lu que les idiots ne s'enrhument pas, dit-il en montrant du doigt l'une des pages du manuscrit.

Maman lâcha un soupir. Elle prit les deux petites filles par la main et ajouta :

— En tout cas, vous ne pouvez pas rester ici, je vous l'interdis. Comprîtes-vous deux ?

— Oui...

Puis, Maman referma la porte, laissant Norman seul.

~

Plusieurs heures passèrent et, avec l'aide de Ray, Lara fabriqua un objet pour discuter avec Norman de loin.
C'étaient deux gobelets, reliés par un fil.

La blonde donna un gobelet à Emma et lui fit signe d'entrer. La rousse hocha la tête et entra.
Après plusieurs minutes, Emma ressortit, se faisant traîner par Maman hors de la chambre.

Lara se plaqua contre la porte, le gobelet dans son oreille.

— Allô ? Norman, tu m'entends ?

Emma la rejoignit à ses cotées, attendant impatiemment la réponse.

— Oui, je t'entends.

Emma regarda la blonde avec un sourire jusqu'aux oreilles.

— Lara, Ray !

Ray opina, on savait maintenant que l'appareil marchait.

— Trop bien ! s'écria Emma. Je peux te parler même depuis dehors ! Génial !

— Si tu cries autant, il t'entendra même sans le téléphone, contra Ray.

— Ah oui, c'est vrai...

Enfin, Lara rit, accompagnée d'Emma et Norman. Un rire sincère, heureux.

Ce moment était un souvenir magnifique. Cette innocence qu'ils avaient quand ils étaient que de simples enfants. Cette joie de vivre, cette naïveté...

Mais ce n'était plus pareil maintenant. L'insouciance était partit, laissant place à la liberté.

Au désir de s'évader.

Et de trouver la liberté qui leur manquait dans leur vie.