Chapitre 21

— Norman, enfuis-toi sans nous demain midi, déclara Ray d'un ton neutre.

Norman venait de rentrer dans la chambre d'Emma, un verre d'eau à la main. Il fut surpris en voyant Ray et Lara aux côtés d'Emma.

— Ray ? Lara ?

C'était les mots qu'ils avaient prononcé en les voyant. Un visage toujours souriant, et une expression neutre comme à son habitude. Il avait un vrai don pour cacher ses émotions.

Emma c'était redressée de son lit. Lara était assise à côtée d'elle, tandis que Ray restait debout. Après avoir reprit des esprits, Norman c'était assis sur une chaise simple.

Après de longues secondes de silence, Norman déclara avec un sourire :

— Pardon, mais je ne peux pas.

— Si ! s'exclamèrent les trois autres orphelins en cœur.

Norman sursauta, prit au dépourvu.

— Pour être plus précis, tu vas faire semblant de t'évader, reprit Ray. Tu vas désactiver ton traceur et disparaître. Tu te cacheras jusqu'à la guérison d'Emma.

— Comme ça, tu t'enfuiras avec nous le "jour J" ! ajouta Emma.

Norman parut ennuyé face à ce plan. Il répliqua avec un sourire :

— Mais, si je simule une fuite, ils renforceront la sécurité.

— J'en doute, contra Lara. Ce serait contre les principes de cet élevage.

Le blanc cligna plusieurs fois des yeux, pensif.

— Les "principes" ?

Lara se releva et commença à faire les cents pas au centre de la pièce.

— En premier, le bien-être du troupeau. Le second est le secret.

— Le premier est crucial pour le cerveau, expliqua Ray. Ils veulent des enfants épanouis et en bonne santé.
Le second est que si ils nous contrôlent par la peur, notre cerveau sera influencé et sera de moins bonne qualité.

Norman réfléchit un instant. Lara s'arrêta de marcher, attendant une quelconque réponse ou réaction de la part de son ami.

Finalement, il demanda avec son sourire habituel :

— Je veux bien, mais si ils augmentent la hauteur de mur ?

— Tu seras planqué, tu feras une échelle ! contra Ray.

— Et si ils nous mettent un meilleur traceur ?

— On saura où il est et on le neutralisera ! Il y a plein de solutions !

Ray s'énervait contre Norman au fur et à mesures des questions que le blanc posait. Voyant que Norman baissait la tête, Ray s'exclama :

— Tu le sais aussi bien que moi ! En tout cas tu crèveras pas ! On te fournira des vivres, ils n'y verront que du feu ! On déjouera la sécurité ! J'ai encore de quoi mettre Maman en échec !
Alors tu dois feindre ton évasion, survivre et...

— Non, coupa Norman.

Ce mot, si simple pourtant, stoppa net Ray. Lara regardait le blanc, bouche bée. Pourquoi ne voulait-il pas partir ?

— Je ne peux pas, reprit Norman avec nostalgie. Ça ne marchera pas.

Il releva la tête et regarda Ray en face, toujours un sourire aux lèvres.

— Même si j'arrive à m'enfuir, ils vont livrer un de vous trois à ma place. Je refuse catégoriquement que l'un de vous trois meurt à ma place.
Ils peuvent avoir ma vie, mais je ne leur laisserai rien d'autre.

Ray, surprit, ne répondit rien. Lara, elle, regardait Norman sans rien dire. Qu'est-ce qu'il racontait ? Le rôle du sacrifice, ça devait être à elle de l'endosser, pas à lui !

— Merci, Emma, Lara et Ray. Maintenant, il faut réfléchir à ce que vous ferez après mon départ...

— Tu plaisantes ? cria Ray, enragé. Si tu fais ça, tu fous en l'air six ans de préparatifs !

Norman baissa de nouveau la tête. Impossible de savoir ce qu'il pensait en ce moment-même.

— Désolé ! répondit le blanc innocemment.

Il eut un silence. Personne ne voulait que Norman parte, pourtant, il était bien décidé.

Lara sentit les larmes lui monter. Alors ça y est, c'était vraiment finit ?
La blonde serra les poings, frustrés de ne rien pouvoir faire. Elle se sentait faible, impuissante et bonne à rien.

Ça y est, les larmes commencèrent à couler. Lara s'en fichait que ses amis la voit pleurer ainsi, mais elle ne pouvait plus se contenir.

La blonde repensa à toutes ses années de bonheur à l'orphelinat avec Norman. C'était lui qui l'avait apprit à jouer aux échecs, à avoir de meilleurs notes à l'école, qui l'aidait pour les devoirs, celui qui la réconfortant quant elle n'allait pas bien.

C'était son grand frère à elle.

Le laisser partir lui brisait le cœur. Non, elle ne pouvait pas, elle ne devait pas le laisser...

Mais elle n'avait pas le choix.

Lara pleurait en silence. Elle pouvait discerner du coin de l'œil Norman qui ne la regardait même pas dans les yeux. Elle pouvait voir Emma, plongée dans l'incompréhension.
Et enfin Ray. La blonde pouvait sentir son regard lui brûler le dos tellement il la fixait intensément.

— Ray et Lara n'ont qu'à se casser quelque chose ! lâcha Emma.

Lara fit volte-face vers son amie. La blonde ne comprenait rien, qu'entendait-elle par là ?

— Comment ça ? questionna Norman.

— Et bien, on doit être livrer sans aucune blessure ou autre, comme ça, ils ne pourront pas nous livrer à ta place !

Lara essuya du revers de sa manche les quelques larmes qui avaient coulées. Elle esquissa un sourire. C'était une bonne idée !
Ray éclata de rire, il ajouta :

— Je n'y avais pas pensé, faisons ça ! Le bras suffira non ?

— Je pense même qu'un rhume sera suffisant Ray ! compléta Lara avec amusement.

— C'est vrai, tu as raison !

Norman restait dans l'incompréhension la plus totale.

— Mais pourquoi ? coupa Norman en nous regardant avec un air ahuri.

— On reculera devant rien pour que tu ne te fasses pas livrer ! lui répondit Lara avec un sourire aux lèvres.

Emma prit les mains de Norman et reprit :

— Tu l'as dit toi même ! "On partira d'ici tous ensemble", si ça ne t'inclut pas je m'en fiche !

Les larmes aux yeux, la rousse ajouta :

— Survivons ensemble, Norman !

Norman ne put se retenir. Les larmes coulèrent le long de ses joues. Il éclata en larme, et souffla un "oui".

Il faudra qu'Emma ait déjà traversé le mur avant que je parte, pensa Lara en regardant l'intéressée. Elle ne va pas apprécier que je parte sans même lui dire au revoir...

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