Chapitre 2

— C'est vraiment trop nul que tu ne joues jamais Ray ! râla Lara à son ami qui lisait tranquillement.

Ray haussa les épaules et reprit sa lecture. Il restait tout le temps adossé à un arbre près de l'orphelinat, un livre en main. Il ne jouait jamais, et passait son temps lire des livres, la plupart du temps sur le monde extérieur qui le fascinait, ce qui désolait la blonde ! 

— Je ne préfère pas jouer. Et puis, il n'y aurait personne pour faire le temps du jeu si je joue, répliqua le garçon avec nonchalance.

Lara soupira d'exaspération et fit une mine boudeuse, dos à son ami. Celui-là ne voulait jamais jouer, cette attitude l'énervait tellement ! Elle qui essayait de le faire sortir de ses bouquins, rien à faire, même après de nombreuses tentatives et de supplices, Ray ne voulait toujours pas jouer !

— Allez, va jouer, ajouta Ray.

Lara se tourna vers lui, lui tira la langue, avant d'aller rejoindre les autres. Lorsque la blonde s'éloigna, elle pût entendre un "quelle gamine..." s'échapper de Ray. L'adolescente en fut satisfaite.

Lara rejoignit les enfants avec excitation. La blonde adorait le jeu du loup, c'était de loin son jeu favori. L'orpheline se plaça près d'Emma et soupira.


N'empêche, ça aurait été bien que Ray joue pour une fois,
se dit Lara avec peine.

— Prêt ? C'est partit ! s'exclama Norman qui prenait le rôle du loup.

Tous les enfants commencèrent à courir et à se diriger dans la forêt pour aller se cacher. Au bout de dix secondes, Norman partit à leur chasse.

~

Un silence calme et reposant régnait dans la forêt, baignée par les rayons du soleil de l'après-midi. Tous les enfants s'étaient fait finalement attraper par Norman, le meilleur au jeu du loup. Personne ne pouvait rivaliser avec ce petit génie qui gagnait chaque partie.

Enfin, peut-être que cela allait changer.

Comme toutes les fins de parties, il ne restait plus qu'Emma et Lara en liste. Elles réussirent à échapper à Norman, grâce à leur physique largement supérieur au garçon, qui peinait à les rattraper.

Et c'était pour ça qu'il usait de la stratégie, connaissant leurs points faibles.

Les deux filles restèrent perchées dans un arbre, non loin d'un torrent. Norman arriva peu de temps après et se mit juste en dessous d'elle, traquant ses dernières proies.

Le garçon trébucha et dans un cri de surprise, il s'étala par terre. Lara se doutait bien que ce n'était pas vrai. Mais évidemment, Emma, inquiète, se précipita et descendit de l'arbre, tombant dans le piège du loup.

— Norman, tu vas...

— Attrapée ! rit Norman.

— Mais ce n'est pas juste ! Tu m'as piégé !

— Ta faiblesse est ta gentillesse, lui dit-il avec bienveillance.

Lara descendit de l'arbre, déçue que la partie se termine déjà. Si seulement Emma n'était pas aussi gentille. Parfois, ses qualités se transformaient en défauts.
Dépitée par cette défaite, la blonde commença à râler :

— Emma, on allait gagner cette fois-ci !  

— Pourquoi es-ce que tu sors de ta cachette ? demanda soudainement la rousse étonnée.

Lara haussa les épaules.

— Ça ne sert à rien, Norman m'avait repéré de toute façon !

Le concerné lui sourit. Norman était vraiment le meilleur pour le jeu du loup, personne n'était capable de le battre. Malgré sa faible endurance et son manque de capacités physiques, il comblait cela par un très bon sens de la stratégie, et une intelligence très développée.

Peut-être que si Lara n'était pas sortie de sa cachette, elle aurait pu gagner. Même si Norman l'avait repérée, la blonde se serait échappée jusqu'à que le temps soit terminé.
Cette décision de toujours sortir de sa cachette, personne ne le comprenait. Seule l'adolescente savait pourquoi elle se dénonçait lorsqu'elle était la dernière.

~

— Le jeu du Loup est un jeu de stratégie, expliqua Ray à Emma. C'est comme un jeu d'échec en grandeur nature !

— Ah bon ? s'étonna la rousse.

— Norman peut confirmer.

L'intéressé hocha la tête. Norman changea de sujet et demanda :

— Dis-moi, Lara, pourquoi sors-tu de ta cachette lorsque tu es la dernière à ne pas avoir été trouvée ?

À l'entente de son nom dans la conversation, la concernée se tourna vers le garçon. La blonde réfléchit un instant, douteuse. Devait-elle lui dire la vérité : parce qu'elle se sentait différente des autres ? Parce qu'elle ressentait une force indescriptible en elle ?

Lara lui répondit, après quelques réflexions :

— Je suis juste épuisée à la fin.

— Je vois...

La blonde fut étonnée qu'il ait découvert son petit manège. Mais en même temps, c'était Norman, le garçon le plus intelligent de l'orphelinat, celui qu'ils nommaient "génie".

Lara se sentait différente depuis la première partie de loup. L'adolescente ne savait pas comment décrire ce qu'elle ressentait, c'était comme si la blonde n'était pas à sa place. Comme une sorte de malaise en fait.
Et cette force, Lara non plus ne pourrait pas la décrire. C'était un sentiment bien étrange, comme peut-être une puissance infinie.

Ses choses-là, l'orpheline n'en n'avait jamais parlé à personne. Peut-être que tout le monde avait ses étranges sensations aussi ? C'est à partir de ce moment-là que Lara commença à douter de cet orphelinat.

La voix de Don tira l'adolescente de ses pensées :

— Ce n'est pas juste ! s'exclama-t-il, plus loin. Cette fois-ci, c'est nous qui devons te trouver, Norman !

— Il abuse, nous tous contre toi... soupira Lara en levant les yeux au ciel.

L'intéressé se tourna vers son amie, un grand sourire aux lèvres.

— Mais pourquoi pas ? Ça peut être amusant !

Alors qu'Emma et Norman se levèrent, Lara secoua négativement sa tête, lorsque ses deux amis se tournèrent vers elle.

— Je ne joue pas, je vais tenir compagnie à Ray.

Le concerné leva les yeux vers l'adolescente, avant de replonger dans sa lecture.

— Comme tu voudras ! s'exclama la rousse avec impatience.

Les enfants se regroupèrent au pied de la petite colline, et leur partie commença.

~

— Dis Ray, tu pourrais me lire à voix haute ce que tu lis ?

Le garçon planta ses yeux noir charbon dans ceux de son amie. Il esquissa un sourire narquois, avant de lui demander :

— Tu ne peux pas lire toi-même ? Tu sais, tu es grande maintenant.

L'orpheline répliqua avec un ton à la fois exaspérée et suppliant :

— Très drôle. Mais tu racontes vraiment bien !

Lara le connaissait par cœur, Ray ne pouvait résister à l'envi de lui lire une histoire. Depuis qu'ils étaient petits, Ray lui lisait des histoires lorsque la blonde lui demandait, comme Lara ne savait pas très bien lire. Et finalement, cette habitude était secrètement restée.

— Comme tu veux, mais ne t'endors pas, répondit le noiraud avec indifférence.

Et il débuta sa lecture sur, cette fois-ci, un livre de style fantasy.

Après plusieurs minutes, Lara posa doucement sa tête sur l'épaule du garçon. Elle ne se sentait pas fatiguée, mais essayait juste de se rapprocher de Ray, qui était un garçon distant. Le cœur battant, la blonde attendait avec impatience sa réaction.

L'adolescent stoppa net sa lecture. Un silence s'installa entre les deux enfants. Lara fut horriblement gênée, pourquoi c'était-il stoppé ? Est-ce qu'elle avait fait quelque chose de mal ?

Le garçon brisa enfin le silence en demandant :

— Lara, qu'es-ce que tu voudrais faire une fois dehors ?

À son grand étonnement, jamais l'adolescente n'aurait pensé qu'il lui poserait ce genre de question, surtout dans un moment comme celui-là. Mais l'orpheline y avait longuement réfléchi à la réponse, et elle lui répondit, sans hésiter :

— J'irais d'abord voir la mer ! On dit que le bruit des vagues est apaisant, et que les reflets du soleil sur l'eau sont magnifiques ! Après, je visiterai le monde avec toi, Emma, Norman et tous nos frères et sœurs. !

Le garçon ne répondit rien. Connaissant Ray, Lara savait qu'il avait dû faire attention à chaque détail de sa phrase, notamment au fait de visiter le monde avec lui.
Toujours la tête posée sur l'épaule de son ami, la blonde lui demanda, voulant continuer la conversation :

— Et toi, ça serait quoi ton rêve ? 

— Je survivrai d'abord.

Lara lui donna un léger coup de coude.

— Oh, allez ! Et quoi d'autre ?

— Bon, j'irais voir la Sagrada Familia dans une ville appelée Barcelone, il paraît que c'est immense. Et puis, j'irais voir une célèbre peinture appelée Mona-Lisa à Paris, c'est la peinture la plus célèbre. Dans les livres, ce sont les choses que j'ai le plus envie de voir.

La blonde voulait lui demander une chose, mais elle n'osait pas. L'adolescente ne savait ce que Ray allait lui répondre.
Le cœur battant la chamade, Lara prit son courage à deux mains et lui demanda :

— J'aurais le droit de t'accompagner ?

Pétrifiée, Lara s'attendait à une moquerie ou un refus direct. Mais à sa plus grande surprise, Ray lui répondit avec un léger sourire :

— Bien sûr.

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