02/11/45

— Pourvu que tout se passe bien, murmura Lara.

Lara, Gilda et Don se tenaient juste devant une fenêtre du premier étage, à l'emplacement choisis pour l'opération. Ray était parti occuper Maman, tandis qu'Emma et Norman escaladaient le mur le plus vite possible.

Lara avait la boule au ventre. Malgré l'assurance des autres plus âgés, elle ne pouvait s'empêcher de penser que Maman allait contrer le plan.

Isabella était une fine stratège. Lara avait des souvenirs enfant, comme quoi elle, Norman ou bien encore Ray, n'avaient jamais réussi à battre Maman à un simple jeu d'échecs. Ils perdaient toujours.

Isabella a dû se douter que nous préparions un plan, songea Lara avec anxiété.

— Toujours aucun signal de Ray, fit Don quelques minutes plus tard.

— Pourvu que ça dure, lâcha Lara qui ne détournait pas le regard de la fenêtre.

Soudain, la porte de l'orphelinat s'ouvrit. Laissant apparaître Isabella, le traceur en main. Elle sourit aux orphelins qui attendaient à la fenêtre, bouche bée.

— Que se passe-t-il ? chuchota Gilda sous le choc. Maman sort alors que Ray ne nous a rien dit...

— Don, on va aider Ray ! Maman a dû lui faire un sale coup... s'exclama Lara qui prit les choses en mains. Gilda, reste ici et fait le guet !

La petite fille opina, tremblante de peur. Don hocha vivement la tête, et les deux orphelins s'empressèrent d'entrer dans le bâtiment. Ils montèrent les marches quatre à quatre, paniqués.
Ils entendirent des bruits de coup, dans la remise.

— Ray ? cria la blonde. C'est toi ?

— Lara ? Qu'est-ce que tu...

— Pousse-toi !

Lara recula de plusieurs pas. Elle courut à toute allure, et sauta, tout en donnant un coup de pied à la porte. Celle-ci céda sous la force du coup. Mais Lara ne put se rattraper et, lorsqu'elle allait tomber, des mains l'attrapèrent les côtes.

La blonde se retourna et découvrit le visage de Ray, visiblement frustré de la situation.

— Merci, souffla Lara en se redressant.

— Pas de quoi ! lui répondit-il, un sourire en coin.

— On a plus grave ! Il fait vite retrouver Norman et Emma avant Maman !

— Tu as raison !

Les trois orphelins sortirent du bâtiment, et foncèrent à toute allure. Don récupéra Gilda au passage, aussi tremblante que lorsqu'ils l'avaient laissée.

Lara sentit sa gorge se nouer au fur et à mesure qu'ils approchaient de Norman et d'Emma. Et si Isabella était déjà là ? Avaient-ils un moyen de trouver une excuse ?
Mais surtout, qu'allait faire Maman si elle avait une preuve irréfutable comme quoi on savait la vérité ?

Je ne veux même pas y penser...

Soudain, un cri perçant résonna dans toute la forêt. Un cri long et douloureux. Cette voix, ça ne pouvait être que..

— Emma ! s'exclama Lara en devançant ses frères et sœurs.

Que s'est-il passé ?

Lara arriva la première, la scène lui glaça le sang. Emma était couchée sur l'herbe, le genou déplacé et enflé. Isabella se tenait là, juste à côté d'elle, avec son sourire habituel.

— Emma ! cria Lara presque en pleur.

Plus loin, se trouvait Norman qui regardait la scène, tétanisé. Il fixait tour à tour Emma et Maman, ne sachant pas quoi faire.

Lara fut rejointe par Ray, Gilda et Don, également horrifiés.

La blonde s'apprêta à courir vers Maman pour la blesser, lorsque la mère lui fit un geste de la main, signifiant de ne pas bouger.

— Ne bouge pas Lara, ou elle aura encore plus mal.

L'intéressée se stoppa net. Elle serra les poings, frustrée et emplit de rage. Lara ne pouvait rien faire. Elle ne voulait pas qu'Emma ait encore plus mal par sa faute.
La blonde ne devait juste pas bouger, et écouter ce que sa mère allait dire.

— Tu vois Lara, tu es forte de l'extérieur, mais faible à l'intérieur, commença la femme en lui souriant. Tu t'inquiètes beaucoup trop aux autres. Tu te sacrifierais pour quelqu'un sans hésiter.
Tu me fais penser à Emma...

Lara brûlait de rage à chaque parole qu'Isabella prononçait. N'avoir le pouvoir de ne rien faire était la pire chose qui existait dans ce monde. Et Lara n'avait en ce moment même.

— Je te...

— Tu es forte Lara, la coupa-t-elle. 
Mais tu n'utilises pas pleinement ton potentiel.

— Ça veut dire quoi ça ?

Isabella sourit de plus belle. Elle se releva et la regarda droit dans les yeux.

— Tu le sauras tôt ou tard.

Elle se tourna ensuite vers Norman qui ne quittait plus Emma des yeux.

— Félicitation, ta livraison est pour demain.

Les orphelins regardèrent l'intéressé, bouche bée. Non, ce n'était pas possible, elle ne pouvait pas faire ça !
Norman ne pouvait le croire. Ses yeux brillèrent d'une inquiétude folle.

Il détourna enfin son regard d'Emma, pour se poser dans celui d'Isabella, visiblement heureuse à en croire son sourire habituel.

Emma cria à plein poumon, rageant. Les enfants avaient perdu. Norman allait se faire livrer demain, et Emma était blessée, sûrement jusqu'à la livraison de Ray.

Est-ce que c'était vraiment la fin pour Lara et sa famille ?