Chapitre 4 : Lord Voldemort

   Je me réveillai, la boule au ventre. J'avais beau tenter de me convaincre que Malfoy m'avait raconté n'importe quoi, simplement pour me faire peur. Une partie de moi-même, me disait que, de toute manière, la rencontre avec Voldemort me pendait au nez depuis que l'on m'avait emprisonnée, le fait que ça arrive n'avait rien d'étonnant. Je me redressai sur ma couche de paille, nauséeuse, ma tête tournait et me lançait. Au même moment, une violente crampe tordit mon estomac et je me contorsionnai dans le but d'atténuer la douleur. Quand la sensation se calma enfin, je me rallongeai sur mon lit improvisé, tentant de conserver le maximum d'énergie pour la suite de la journée.

Le temps passait, sans que je remarque combien exactement, je somnolai par moment, ou récitai toutes sortes de choses que je connaissais par cœur et qui me semblaient bien inutiles dans ces conditions. Cela servait au moins à m'occuper l'esprit, à ne pas trop penser.

La porte s'ouvrit et je m'efforçai de ne pas sursauter, je relevai seulement la tête et vit un garde, ce n'était pas le même que celui qui venait depuis deux jours. Ses cheveux étaient châtains, mi-longs et bouclaient sur ses tempes. Ses yeux étaient clairs, mais je ne saurais dire s'ils étaient plutôt gris ou bleus, dans l'obscurité. Il portait des petites lunettes rectangulaires qui lui donnaient un air sérieux, bien trop sage pour un endroit aussi monstrueux et sanguinaire. Je remarquai également que ses mains étaient vides, il ne portait pas de plateau. Il me jeta un bref regard et me lança brusquement :

-Suis-moi !

Je m'empressai de me lever, je titubai légèrement, mais je me dépêchai de rétablir mon équilibre. Ma tête tournait et le décor gris autour de moi était très instable, mais je m'efforçai d'ignorer le malaise qui s'emparait de moi. Je quittai ma prison, mon cachot et la désagréable sensation disparue.

Je traversai un long couloir où des dizaines de portes semblable à la mienne étaient alignés. Je songeai tristement à tous les prisonniers entassés dans les cellules qui espéraient comme moi, pouvoir sortir vivants de cet endroit. Nous tournâmes plusieurs fois, les couloirs s'enchainaient, aucun ne se différenciait des autres. Je tentai de retenir le maximum de détails qui se présentaient à moi, mais c'était peine perdu, cette endroit ressemblait à un labyrinthe. Le garde évitait mon regard et marchait, la tête baissé, il semblait mal-à-l'aise, étrange, pour un Mangemort. Soudain, il s'arrêta devant une porte, la dernière du couloir, il se retourna, me faisant face, il dit :

-Tu as cinq minutes.

J'hochai la tête et entrai dans la pièce. L'intérieur était du même gris froid que celui de ma cellule et n'était que très peu éclairé. Il n'y avait pas de toilette à proprement parler, mais il y avait un trou qui devait remplir cette fonction. L'odeur d'urine était presque insupportable tant elle était forte et j'eus un haut-le-cœur. Je me dépêchais de faire mes besoins en essayant d'ignorer la puanteur de la pièce. Dans un des coins de celle-ci un récipient rempli d'eau avait été posé, je me penchai pour en voir le contenu. Le liquide était presque opaque, à l'évidence, je n'étais pas la première à me laver les mains dans cet eau. Je déglutis, rassemblai mon courage et plongeai mes mains dans le seau avec un dégoût évident.

Je sortis des cabinets et le garde n'ouvrit pas la bouche, il tourna les talons et me raccompagna au cachot dans un silence pesant. J'avais envie de parler, de dire n'importe quoi, mais juste prononcer quelques mots. Je dis bêtement pendant que nous traversions les interminables couloirs qui menaient à ma cellule :

-Où sommes-nous ?

L'homme se retourna vivement, étonné de mon audace, sans aucun doute, il sembla réfléchir, puis, il répondit :

-Dans un endroit où tes amis ne te trouveront pas.

Je ne m'attendais pas vraiment à une réponse plus précise, je m'étais même préparée à ne rien recevoir de la part du garde. Bientôt, nous arrivâmes devant la porte de ma cellule, il la déverrouilla et j'entrai tandis qu'il la refermait dans un tintement métallique. Pendant mon absence quelqu'un était venu pour me donner à manger, le même garde que les autres jours, sans doute possible. Il n'y avait pas de pomme aujourd'hui, juste un morceau de pain et de l'eau qui furent bien vite englouti.

La porte s'ouvrit à nouveau et je sus tout de suite de qui il s'agissait : Malfoy. Je relevai calmement la tête, tentative que je savais vaine de garder mon sang froid. Il me regardait droit dans les yeux, ses prunelles d'un gris ardoise étaient électrisant. Il me rendait mal à l'aise, une sensation que je m'haïssais de ressentir, devant lui. Je remarquai que ses vêtements semblaient encore plus coûteux que les jours précédents, il voulait certainement faire bonne figure devant Voldemort. Il resta devant l'issu et lança, narquois :

-En forme Granger ?

-Tu n'imagines même pas.

-J'espère bien, aujourd'hui est un grand jour.

-Le grand Lord Voldemort ...

-Ne prononce pas son nom ! Me coupa-t-il, l'air mi-effrayé, mi-énervé, les sourcils froncés, son expression en était presque drôle.

Je poursuivais, sans me laisser perturbée par l'éclat du mangemort :

-...Va me faire l'honneur de sa présence afin de pouvoir me torturer en personne, c'est si aimable à lui.

Je vis clairement son visage pâlir pour arriver à une couleur grisâtre, sa mâchoire se crispa et il s'élança dans ma direction. J'étais allée trop loin, je le savais. Je m'efforçai de n'avoir aucun mouvement de recul, de garder la tête haute et le regard fixe. Il empoigna le haut de mon tee-shirt et cracha, menaçant :

-Tu ferais bien de mesurer tes paroles, espèce de sale Sang-de-Bourbe. Essaie de ne pas oublier ton rang et qui il est.

-Ce n'est qu'un homme !

Ma tête partit de côté sous la violence du coup, ma joue me brûla, mes oreilles bourdonnaient et un goût de sang se rependit dans ma bouche. Le visage de Malfoy était tout proche du miens, la rage était peinte sur ses traits.

-Tu es sous ma responsabilité, Granger. Le Seigneur des Ténèbres attend de toi obéissance et respect, si tu ne lui rends pas satisfaction ... Ce sera de ma faute.

Je vis une lueur troublée dans le gris métallique de ses yeux, ça ressemblait à de la peur. Mais un homme tel que  lui pouvait-il vraiment ressentir quelque chose d'aussi humain ?

-Alors, tu vas être bien sage, c'est compris ?

Je ne lâchai plus ses yeux, gardant ma bouche hermétiquement fermée, par pure provocation. D'un mouvement vif, il sortit sa baguette et un sort m'entailla la joue, à l'endroit même où il m'avait giflée. Je sentis le sang tiède commencer à couler sur ma peau, ce n'était pas si douloureux, finalement. Je ne parlais toujours pas. Son poing s'abattit de l'autre côté de mon visage, ma lèvre se fendit sous le coup. Je passai ma langue sur la petite blessure et je me rendis compte que la scène pouvait encore durer longtemps, jusqu'à ce que je réponde, en fait. Je devais garder mes forces pour la véritable épreuve de la journée. Je lâchai, du bout des lèvres et d'un ton acerbe :

-Compris.

Il eut un sourire satisfait, de ceux qui me donnaient envie de vomir, de frapper ce visage, un visage d'ange pour une âme de démon, de le faire souffrir le plus possible. Il me fit signe de me lever et j'obtempérai de mauvaise grâce. Nous traversâmes le labyrinthe de cellules et, finalement, nous montâmes un escalier où la lumière devint plus vive. Je me protégeai les yeux, n'étant plus habituée à une grande luminosité depuis mon enlèvement. Malfoy s'arrêta devant une porte incrustée de joyaux, il inspira profondément, puis l'ouvrit. Il entra le premier et je le suivis sans tarder.

Mon cœur fit un bon dans ma poitrine lorsque je le vis. Voldemort. Je l'avais déjà vu, mais jamais d'aussi près et aussi immobile. Il était installé sur une sorte de trône ornée de pierres précieuses en tout genre, à côté de lui, son serpent, Nagini avait la tête posée sur en accoudoir du siège. L'homme en face de moi, si toutefois c'en était réellement un, était aussi pâle que la mort, d'une blancheur de craie. Ses yeux étaient rouges vermeils, d'une intensité à glacer le sang dans les veines. Ses doigts étaient longs et fins, semblables à des araignées et surement bien plus dangereux encore.

Je restai pétrifiée, la boule au ventre. Malfoy me poussa et me força à m'agenouiller, je me laissai faire, les jambes en cotons. Mes genoux rencontrèrent le béton dans un choc douloureux, je relevai immédiatement la tête.

-Baisse les yeux, Granger ! Me siffla le Serpentard

Je continuai de fixer Celui-dont-l'on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom avec insistance. Contre ma volonté je sentis mon dos se vouter jusqu'à avoir le visage vers le sol. Je maudissais Malfoy, lui et tous ses Mangemorts sans pitié, ni humanité.

-Mhh ... La Sang-de-Bourbe ...

Je serrais les dents qui grincèrent, je ne devais pas réagir, surtout pas, ou je signai mon arrêt de mort. Ainsi, je ne protestai pas, me battant contre moi-même.

-L'amie du « Survivant ». L'Elu.

Son visage de craie se tordit dans un horrible rictus, se qui devait surement être un sourire. Malfoy avait les yeux rivés sur son maître et buvait littéralement ses paroles, il était aussi statique qu'une statue grecque, il était tendu, nerveux, ça sautait aux yeux.

-Maintenant, Sang-de-Bourbe, tu vas me répondre et je ne te ferais pas de mal, tu as ma parole.

Il laissa un petit temps, surement pour me permettre de bien intégrer ses paroles et réfléchir, si nécessaire. Mais c'était inutile, peine perdu. Dommage pour lui.

-Où est-ce que Potter a-t-il décidé de se rendre ?

Je relevai lentement la tête, la mâchoire serrée et je fixai Voldemort, sans scier, malgré le dégout et la peur que son apparence m'inspirait. Il comprit rapidement que je ne répondrais pas, il eut un petit soupir et, s'en aucune expression, il s'empara de sa baguette et prononça la formule :

-Endoloris.

Encore une fois. La douleur. Mais là, c'était différent, je n'avais pas seulement l'impression que le mal était plus fort, il l'était réellement. La sensation était pire encore, bien pire. Mes entrailles semblaient être arrachées de mon corps, mes yeux, crevés par un métal chauffé à blanc, mon sang brûlait mes veines et mon crâne semblait être sur le point d'exploser pour salir le sol immaculé de son contenu. Il n'existait pas un seul endroit qui ne m'était pas insupportable de souffrance. J'implorai Merlin de faire taire cette douleur si forte qu'elle semblait fausse, rêvée. Mais le temps s'était comme arrêté, non, il n'existait tout simplement plus, ne subsistait plus le mal qui me faisait me tordre par terre. Et puis, soudain, tout s'arrêta.

J'étais toujours allongée sur le sol, haletante, la tête toute retournée, les idées pas toute à fait clair. Voldemort posa encore une fois sa question, je refusai toujours de répondre, sachant parfaitement ce qui m'attendait. La douleur, encore, indescriptible, interminable et pourtant, si réelle.

Le Lord semblait agacé, cette fois, je ne satisfaisais certainement pas ses attentes. Il prononça une nouvelle fois sa phrase, dans l'espoir irraisonné que la torture m'ait « remise dans le droit chemin ». Quand il vit que ma bouche restait close, il indiqua d'un geste las de la main à Drago de prendre le relais. Il le fit sans hésiter, je n'en fus même pas étonnée. La souffrance, une nouvelle fois, juste après qu'il ait prononcé le sort. Mais elle était tellement moins forte que les fois précédentes. Je mettais de plus en plus de temps à récupérer entre deux incantations, j'étais épuisée.

Et encore, la même phrase, détachant bien chaque syllabe. Mes lèvres ainsi que tout mon corps tremblaient, mais aucun son ne sortit. Je m'apprêtai à ressentir la même douleur, peu en importait le degré, mais rien ne se produisit. Voldemort s'était tourné vers Malfoy et lui demandit d'une voix glaciale :

-Tu as réussi à la faire parler, hier ?

Ce dernier eut un mouvement de recul, minuscule, presque imperceptible, mais je le vis. Il déglutit avec difficulté et bégaya une réponse d'une voix qu'il voulait sûre et forte :

-N...Non, mon maître.

Vous-savez-qui tiqua, comme si une mouche l'avait contrariée, sa baguette glissa entre ses doigts et, pendant un instant, j'ai crus qu'il allait la pointer vers moi. Mais je me trompais, le sort toucha Malfoy dans un éclair rouge comme le regard de son maître. Il ne cria pas, il gémissait seulement, se tortillant sur le sol sous la douleur que je connaissais si bien à présent. Je détestai voir les gens souffrir, même ceux que je haïssais, ça m'était insupportable. Je serrais les poings, je ne devais pas avoir pitié de lui, pas après ce qu'il m'avait fait. La torture dura des secondes et des secondes, jusqu'à ce que le Lord lève le sort, le visage toujours aussi impassible.

Le Serpentard se releva lentement, la respiration laborieuse et sifflante, comme l'était la mienne quelques minutes auparavant. Il était pâle, le teint cireux, ses cheveux blonds presque blancs étaient en bataille. C'était étrange de le voir ainsi, fragile, plus tellement intouchable, il pouvait souffrir et ça m'étonnait presque, les gens comme eux, si inhumains, étaient vraiment capables de ressentir la douleur ? Apparemment.

Voldemort dévisageait l'autre, je ne savais pas s'il était déçu, ennuyé, amusé ou tout simplement, ne ressentait aucune émotion. Il lança :

-Ramène-la. Et je veux des informations, prouve-moi que tu vaux mieux que ton couard de père. Sortez.

Malfoy serra les points au moment où Vous-savez-qui insulta son père. Il répondit, les yeux baissés :

-Bien, mon seigneur.

Il me fit signe, d'un signe vif de la main, de le suivre. J'obéis, trop heureuse de pouvoir mettre le plus de distance possible entre cet homme abject qu'est Voldemort. Nous regagnâmes ma cellule dans un silence de plomb, il avait l'air énervé, il marchait très rapidement et je peinais à suivre le rythme. Quand nous arrivâmes à mon cachot, j'entrai et il claqua directement la porte derrière moi. Je m'allongeai sur ma couche sans demander mon reste, complètement vidée de mes forces.

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