Chapitre 28 : Ultime lutte


            Je mis plusieurs minutes à reprendre mes esprits, à retrouver un semblant d'équilibre. Malgré mes efforts, je m'étais effondré contre le mur alors que mes jambes ne portaient plus. Je ne vis même ma que Potter s'était lui aussi écroulé.

Hermione était face à moi, une main réconfortante posée sur mon épaule. Elle lançait également des regards furtifs au Survivant, quelques mètres plus loin. L'adrénaline quittait lentement mes cellules, la terreur suivait elle aussi, laissant mon organisme vidé de toute énergie. Je pouvais encore sentir la chaleur sans équivalant du Feudeymon, ses flammes léchant ma chair. Je n'étais jamais passé aussi proche de la Mort et ce souvenir ne pouvait me quitter. J'en frissonnais encore !

Nous étions seuls. Aucune trace de Crabbe et Goyle, dans les alentours et la Salle-sur-demande était définitivement close. Je n'avais aucune idée de ce qu'il leurs était arrivé. Avaient-ils réussis à s'en sortir ou avaient-ils péris ? Un léger pincement au cœur et je me morigénai immédiatement : des questions aussi futiles n'avaient pas leur place ici !

Potter haletait, sans toutefois faire le moindre mouvement. Son regard était perdu dans le vide, écarquillé par une terreur qui nous échappait. J'articulai silencieusement, à l'intention de la sorcière :

-Voldemort ?

Elle hochait la tête, à regret, une lueur sombre dans son regard noisette. Je comprenais, il venait de détruire un Horcruxe, quelles en seraient les conséquences ? Potty semblait souffrir, sa tête basculant de droite à gauche par intermittence régulière. Nous attendions son retour dans le monde des vivants, plus ou moins patiemment.

Finalement, le Balafré se redressa avec lenteur. Une lueur étrange tout au fond du regard. Un mélange de détermination et de ... peur ? Je ne saurais le dire. Il dit, sans le moindre trémolo dans la voix :

-Je sais où il est.

Si Hermione et Weasmoche semblèrent s'accommoder de cette brève répartie, ce ne fut pas mon cas. Suivre mon pire ennemi m'était suffisamment difficile pour en plus n'avoir droit à aucune explication. J'étais à bout de nerfs, et ce qui se jouait en ces lieux n'aidait pas. Je m'enquis, non sans ironie :

-Et tu voudrais bien nous faire l'honneur de quelques détails ?

Il planta immédiatement ses prunelles dans les miennes et je sus que son humeur à lui était bien pire. Saint Potter était d'une humeur exécrable et si je l'haïssais moins, j'aurais sans doute pu le comprendre. La guerre pouvait se sentir même ici, entre les murs de Poudlard qui ne formaient aucune protection. Une sorte d'urgence oppressante qui me donnait simplement envie de serrer Hermione dans mes bras et de m'enfuir avec elle.

-Ton très cher Maître est dans la Cabane Hurlante accompagné de Rogue, ton parrain.

La voix doucereuse employée me donnait envie d'exploser sa petite tête à coup de pierres.

-Tu vois que tu es capable d'une phrase construite, Potter. Tu progresses, tu m'impressionnerais presque.

J'aurais sans doute prendre sur moi et ne rien ajouter. La main d'Hermione qui serrait mon bras me le conseillait certainement. La mâchoire du Survivant se contracta au même moment, comme un avertissement. Le rouquin répliqua :

-On n'a pas de temps à perdre avec ça, Malfoy.

La sorcière semblait sur le point de répliquer quelque chose, mais Potty ne lui en laissa pas l'occasion :

-On est plus sur les bancs de Poudlard. Si Hermione me dit que l'on peut avoir confiance en toi, je la crois. Maintenant, tu fais ce que tu veux mais j'ai d'autres choses à faire que discuter gentiment avec toi.

Une certaine sorte de maturité ? Le petite Balafré tremblant sur les bancs de l'école était bien loin. Je me retins d'ajouter quoi que ce soit, et hochai simplement la tête, froidement. Mon choix était fait depuis bien longtemps et un regard pour la Gryffondor suffit à me le rappeler.

Tout s'accéléra à nouveau, l'adrénaline signa son grand retour alors que Potter se mettait en route, suivi de près par nous autres. J'avais toujours haï être dépendant d'une personne, ne pas diriger n'était pas réellement habituel pour moi. Mais les circonstances excusaient largement et je n'étais même pas capable d'y songer. Les éclats lumineux et colorés s'imposèrent à ma vue, de sorte à ce que je ne puisse pas les fuir ! Le danger à nouveau et mes pires angoisses, la Mort tout proche qui imprégnait ces murs. Il n'y avait rien de plus, la moindre pensée correcte m'était interdite et je n'agissais que par réflexe. Les sorts devenaient un automatisme macabre alors que je ne reconnais même pas mes assaillants. Il me fallait rester en vie, c'était la seule vérité !

Nous nous retrouvâmes bientôt aux portes de Poudlard, sans que je ne puisse décrire notre parcours avec précision. Un regard pour les autres et je compris que nous partagions cet état indescriptible. L'esprit avait laissé sa place à quelque chose de bien plus redoutable, un instinct des plus primitifs !

Je me rappelai soudain la raison de notre présence, et une bouffée d'angoisse submergea tout mon être. Le Seigneur des Ténèbres. La Cabane Hurlante. Mon parrain. Je frissonnai dans la nuit sans que la fraicheur n'en soit coupable. Rien que cet endroit ne m'avait jamais inspiré confiance. En fait, c'était plutôt la peur que ce taudis rappelait aux élèves par ici.

-Drago ?

C'était la voix d'Hermione et malgré l'obscurité, je pouvais lire une tension sur ses traits. Je les parcourus avec lenteur, inscrivant au fer rouge son visage dans mon esprit. Pour que jamais, jamais je ne l'oublis. Je replaçai distraitement une mèche folle derrière son oreille. Geste empreint de plus de tendresse que ce que je ne voulais bien l'admettre. Je répondis, d'une voix rauque :

-Je vais bien, Hermione.

Un effort surhumain avait été nécessaire pour masquer les tremblements de ma voix. J'en oubliais presque la brûlure de ma jambe, restée inaperçue jusqu'alors.

Des ombres sombres rampaient sur le sol irrégulier alors que nous progressions en silence. Les clameurs du château en paraissaient presque lointaines, venues d'un autre monde. Elles me parvenaient comme par écho, celui de la douleur qui sonnait encore à nos oreilles. Je suivais Potter et je n'étais même pas en état de relever à quel point la situation était inédite et improbable. Je courrai droit vers le danger, le sentant se rapprocher à chacun de mes pas. Je manquai à chacun d'eux de trébucher sur le sol humide et froid, ravivant l'élancement de ma chair.

Bien trop à mon goût nous arrivâmes devant la Cabane Hurlante. Je sentis clairement mes poils s'hérisser sous le tissu. Derrière Hermione, je longeai l'abri sans le moindre bruit. J'étais à fleur de peau, seule l'adrénaline me permettait de ne pas m'effondrer alors qu'elle quittait lentement mon organisme.

Je retins ma respiration qui se bloqua immédiatement dans ma poitrine. Un bruit sinistre résonna longuement dans le silence béant de la nuit. Une silhouette percuta durement la vitre épaisse dans un son mat. Je la reconnus à la seconde où je la vis, sombre et décharnée. Severus ... Un hoquet m'échappa alors que la main de la sorcière se plaqua sur ma bouche sans attendre. Je comprenais que trop tard ce qui se déroulait dans la Cabane. Avec toute l'horreur imaginable, me heurtant sans la moindre pitié. Sans réfléchir, puisque j'en étais incapable, je me jetai en avant. Deux bras m'immobilisèrent et étouffèrent un cri de rage. Le Rouquin m'interdisait le moindre mouvement alors que je l'insultai intérieurement, bouillonnant de rage. Mon parrain était en train de se faire tuer et on m'empêchait d'intervenir. C'était un cauchemar !

Les bruits écœurants ne cessaient pas. Celui des multiples morsures de Nagini et du sang qui giclait. Jusqu'à ce que le silence revienne, enfin. Pesant sur nos épaules, empli de douleur. J'avais cessé de me débattre et l'emprise de Weasley se faisait moins forte. Je n'osai pas faire le moindre geste, paralysé par l'horreur de la situation. Réaliser était alors trop dur, l'espoir inutile et factice en devenait bien plus doux.

Potter se mit en route en premier et je le suivis, la mâchoire serrée. Une faiblesse immense me hurlait de m'arrêter, de ne pas affronter ce qu'il m'attendait de l'autre côté du mur. Je l'ignorai, je ne sais par quelle force. Et la pire atrocité s'ouvrit à mes yeux, et j'eus tout le loisir de regretter.

Mon parrain se tenait là, affalé sur la vitre sale. Sa pâleur d'origine en était que plus affolante, offrant un contraste inquiétant avec ses robes sombres. Une tache vermeille s'élargissait au niveau de son cou, et mon cœur ratait un battement. L'impensable, l'inimaginable se déroulait sous mes yeux sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Impuissant et je ne pouvais que m'en blâmer. Severus Rogue s'éteignait à l'aube du plus grand des combats !

La surprise passée, je me précipitai vers mon parrain. Il posa un regard saturé de souffrance sur moi dans un râle presque animal. J'y lus une telle douleur que j'en fus pétrifié. Une mélancolie immense accompagnée d'un Mal qui le rongeait. J'en fus transpercé !

Une voix rendue rocailleuse d'éleva et fit disparaître ce lourd silence en un instant :

-Drago.

Je réprimai un profond frisson, un sanglot qui menaçait de m'ébranler tout entier. Je me repris instantanément et lançai à mon tour, sans masquer ma peine :

-Parrain.

Je sentais la présence de Potter toute proche et celles, plus discrètes, d'Hermione et Weasley. Je ne m'en préoccupai pas, mon regard se perdait dans celui de Severus dont la vitalité en était douloureuse. Une main tremblante vint se poser sur ma joue au prix d'un grand effort et d'une nouvelle plainte. Un contact plein de sens, m'émouvant au-delà des mots.

-Tu as fait le bon ... choix, Drago. Et ... je suis fier de mon ... filleul.

Sa respiration se faisait toujours plus laborieuse, et l'urgence se présentait à nouveau. Une panique malsaine, qui me rongeait alors que la Mort s'approchait, inexorablement. Une main masculine, que je reconnus comme étant celle de Potter, se pressa sur la carotide de Severus. Je me maudis encore une fois pour mon impuissance alors que mes lèvres formaient ces mots :

-Oh, Merlin.

Un sourire triste se peint sur celles, grises, de mon parrain. Je tremblai moi aussi, retenant les larmes qui me brûlaient les yeux. La voix soyeuse se fit entendre encore, alors que je sus que mes faiblesses allaient ressurgir :

-P-Promets-moi ... d'être ... heureux, Drago.

Je déglutis avec difficulté, les points serrés pour ne pas hurler. Je ne le quittai pas des yeux, me refusant ce geste. Je pleurai, pour la première fois depuis bien longtemps. Et ce n'était pas libérateur, cela faisait mal. Un putain de mal !

J'osai un regard furtif pour Hermione, en retrait, et elle hocha gravement la tête. Je murmurai alors, avec toute la force que ces mots renfermaient :

-Je te le promets, Severus.

Il semblait de plus en plus faible et, en cet instant, j'aurais fait absolument n'importe quoi pour gagner de précieuses secondes. Du temps contre la Mort qui s'invitait déjà, toujours trop tôt.

Le Maître des potions parla encore, mais s'adressait à quelqu'un d'autre désormais :

-P-Prenez-les ! Prenez ... mes larmes ...

La situation rendait ces paroles insensées mais personne n'osa poser de question. Je me retournai vers la sorcière qui sortit instantanément une petite fiole de son sac. Elle murmura alors, certainement plus pour elle que pour moi :

-La Pensine, bien-sûr.

J'ignorai sa remarque et me précipitai en direction de mon parrain pour recueillir le liquide transparent. Qu'espérai-je ? Gagner quelques secondes tout en les sachant inutiles. Le calvaire et l'agonie ne pouvaient plus durer et pourtant, je ne parvenais pas à me résoudre à cette idée. Un égoïsme pur et qui me dégoûta immédiatement.

La vie quittait lentement le corps de Severus, je pouvais le sentir alors que je serrai sa main dans la mienne. Sa souffrance m'était insupportable, la regarder dans les yeux me fit presque honte. J'aurai tant voulu l'aider, dans l'espoir de sauver cet homme à qui je tenais tellement.

-Vous ... avez ... les ... yeux ... de votre ... mère.

Le regard d'obsidienne quitta Potter, balaya rapidement l'assemblée, étrangement trouble, pour se poser sur moi. Je retins ma respiration, la vue brouillée par les larmes. La Mort était là, je pouvais sentir la froideur qui l'accompagnait, cette tristesse glaciale qui ne pardonnait pas. Je m'effondrai à mon tour, secoué par les sanglots, alors que la réalité m'heurta sans préavis. C'était douloureux, inhumain, insupportable. L'âme s'envolait dans un soupir et sonnait comme un soulagement. La lumière s'éteint dans les prunelles sombres et je ne pus l'éviter. La Mort posait son voile sur toute une existence, la réduisant à néant juste devant mes yeux. La plus terrible des vérités !

Severus Rogue n'était plus.

Nouveau chapitre très, très triste. J'ai dû regarder à nombreuses reprises les deux derniers films pour rester cohérentes. C'était pas facile pour moi, surtout arrivée à ce moment ...

J'espère que ça vous aura plu, j'ai intégré Drago au mieux sans pour autant modifier les événements originaux. C'est pas évident de ne pas détruire ce que l'on connait tout en ajoutant notre Serpentard adoré ^^

Laissez-moi vos avis, c'est toujours encourageant à mes yeux. Je vous en remercie d'avance ;3

Bisous les bambous ~

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