Chapitre 27 : Le Feudeymon


Fuir était désormais impossible. Je voyais cette résolution dans chaque regard. Ils étaient tous prêts à se battre, à mourir s'il le fallait !

Je me sentais étranger à cela. Je me dressais contre mes convictions, contre toute ma vie. Comment réagirait les Mangemorts en me voyant combattre aux côtés de « l'ennemi » ? Ma trahison n'était pas à secret, mais je ne pouvais que m'imaginer la rage de ma tante et des autres sous-fifres.

Les regards m'accrochaient toujours, alors que je restais là, devant l'entrée du château. La vieille MC Gonagall s'arrêta un instant devant moi, avant de poursuivre son chemin sans rien ajouter. Elle avait certainement des problèmes plus importants à régler.

J'attendais le combat. Le jour déclinait et l'obscurité déposait son voile sur le théâtre de la bataille. A l'issue de cette dernière, il aurait un vainqueur et un perdant. Cette journée déciderait de bien des destins, des vies dont le terme arrivait déjà. Une sorte d'urgence incompréhensible qui accompagnait chaque battement de mon cœur. Celle qui m'avait poussé à avouer mes sentiments à Hermione, qui me soufflait d'aller la rejoindre. La vie semblait alors bien fragile, prête à nous quitter à tout moment et sans que l'on s'en doute.

En un clin d'œil, tout commença. J'entendis d'abord un cri, long et effrayant. Et puis un vacarme assourdissant le remplaça, et je sus qu'ils étaient arrivés, avant même de les voir !

Comment décrire ce qui se déroulait alors sous mes yeux ? Des sorts qui s'échangeaient, la Magie Noire sous toutes ses formes et j'en découvrais les pires aspects. Les pertes étaient déjà là, des deux côtés. Je voyais des sorciers de tous âges tomber, des étudiants qui se battaient sans même savoir pourquoi. La terreur, la douleur et la Mort. Partout. L'horreur si elle devait être de ce monde !

Je murmurai des sorts, à l'occasion. Je sauvai une Poufsouffle des assauts d'un Rafleur dont je ne connaissais pas le nom. La Belette fille qui se débattait farouchement contre Mulciber. Les éclairs coloraient l'obscurité de la plus cruelle des façons. Alecto Carrow s'élançait dans ma direction, la baguette levée et baragouinant en ma faveur :

-Sale traître ! Tu mérites de crever, chien !

-Stupéfix !

J'observai une dernière fois son visage immonde avant de tourner les talons. C'était prévisible ! Ce genre d'insulte à mon égard était tout ce qu'il y avait de plus logique. C'en devenait presque légitime, bien que cela n'inspirait que mon dégoût. Ces personnes étaient bien incapables de comprendre mes motivations !

Poudlard était déjà en proie aux flammes. Je montais les escaliers sans savoir exactement ce que je cherchais. Des blessés se tenaient là, sur les marches, épaulés par leurs amis. Je les dépassai, sans leur porter trop d'attention. L'humanité et les sentiments n'avaient pas leur place ici. Je les réservai à une seule personne et je crevais d'envie de la rejoindre.

Je croisai Lovegood dans un des nombreux couloirs du château. Fidèle à elle-même, ses cheveux blonds emmêlés et ses grands yeux bleus, une expression rêveuse vissée au visage. Je ne comptais en aucun cas m'attarder sur sa personne, quand sa voix m'arrêta :

-Malfoy.

C'était simplement mon prénom. Sans rien de plus, sans rien de ce dont je m'attendais. Pas d'intonation particulière. Pas d'attente, de colère, de mépris, de haine ou de compassion. Non. Juste sa voix enfantine et ses yeux clairs. Je ne sus quoi répondre ni comment réagir. C'était inattendu. Elle poursuivait :

-Hermione est avec Ron, ils allaient tous les deux vers les toilettes des filles. Harry est à la recherche du diadème perdu d'Helena Serdaigle.

Je restai ainsi, interdit. Pourquoi me dire cela maintenant ? Une lueur particulière brillait dans son regard. Ce que j'aurais pris à l'époque pour de la folie alors qu'elle n'était à mes yeux qu'une pauvre fille dérangée. Elle savait pour Hermione et moi. Elle semblait même avoir connaissance de ce que j'ignorais encore. L'existence des Horcruxes m'avait été révélée par la sorcière, il y a quelques jours de cela.

-Il pourrait avoir besoin d'aide, tu sais.

Je réfléchis quelques instants. Je voyais en ces quelques mots une proposition cachée. C'était pour moi l'occasion de le rendre utile et même s'il s'agissait de Potty, cette idée ne me déplaisait pas. Je pensais à Hermione et la savoir avec la Belette suffisait à m'énerver. Il fallait absolument que je pense à autre chose, sinon j'allais les rejoindre et pas pour faire figuration !

-Tu sais où il est ?

-Il est allé voir Helena Serdaigle mais je pense qu'il a reçu les informations qu'il recherchait. La Salle-sur-demande me semble correcte.

Je ne sais d'où elle tirait ses informations mais je ne doutais pas de sa parole. J'hochai la tête et m'apprêtai à tourner les talons lorsqu'elle ajouta :

-Bonne chance, Malfoy.

-Bonne chance à toi aussi. Répondis-je après une brève réflexion.

Elle était définitivement quelqu'un de très étrange et je ne parvenais pas à la cerner. Elle s'en allait déjà, d'une démarche sautillante, inconsciente de ce qu'il se passait à quelques mètres de là. C'était incompréhensible !

Je montai encore d'un étage, sans trop me presser. Il y avait de ces moments que l'on ne voulait pas voir venir. Que l'on craignait, sans trop savoir pourquoi. Même ici, je pouvais entendre le bruit ambiant et les sorts qui ne cessaient jamais. Une crainte sans précédant s'était emparée de moi et ne me laissait aucun répit.

Deux silhouettes massives s'imposèrent à mon regard. Je les reconnus immédiatement : Vincent Crabbe et Grégory Goyle ! Je me collais immédiatement au mur le plus proche, jugeant plus prudent de ne pas révéler ma présence. Ils étaient idiots mais leurs parents étaient des Mangemorts, j'étais certainement un traître, à leurs yeux. Discrètement, je les suivais, avec un pressentiment étrange.

-Tu es sur qu'il est allé à la Salle-sur-demande ?

-J'ai entendu l'autre folle le conseiller et je l'ai vu de mes propres yeux.

Je ne pu m'empêcher de lever les yeux au ciel. Lovegood avait vu juste alors, et ça ne m'étonnait pas vraiment. Les choses en devenaient presque trop faciles grâce à elle et aux deux Serpentards. Les suivre jusqu'au but, sans encombre ? Il fallait être fou pour y croire, et je ne l'étais pas. J'attendais sans que je ne formule cette pensée que la situation m'échappe. Que la guerre me rattrape de sorte à ce que j'en comprenne tout l'horreur. Que les atrocités soient réelles pour moi aussi !

Une porte se dessinait devant mes yeux et devant ceux de mes anciens alliés. L'entrée de la Salle-sur-demande apparaissait, née de rien et pourtant d'une grandeur impressionnante. Des sourires ahuris s'étaient peints sur les visages des deux imbéciles. Un dégoût bien perceptible remonta dans ma gorge, un mépris que je leur vouais désormais. Je ne parvenais pas à faire preuve de compassion pour ces fils de Mangemorts.

Grégory ouvrit la porte, sans la moindre délicatesse, et avec une brutalité complètement aberrante. Je les laissai entrer, le cœur battant si fort que je craignais que cela me trahisse. Je me sentais proche d'un danger, alors que je passais le seuil de la Salle. Comme s'il m'était désormais impossible de faire demi-tour et que je signai là mon destin. C'était à la fois étrange et effrayant.

Un désordre sans nom s'étalait à perte de vue. Des meubles entassés là, par centaine, formaient des tas indistincts. J'avais tout juste la place de circuler alors que je masquais toujours au mieux ma présence. Je devais trouver Potter et avant les deux crétins ! Je déambulai entre les amas de bois informes, sans un son et ma baguette toujours bien en main. J'étais prêt à me défendre, à jeter le premier sort qui me viendrait à l'esprit. Une tension incroyable s'était prise de moi et, une angoisse.

Soudain, une silhouette que je connaissais bien se distingua du décor uniforme. Celui que tous appelait le Survivant, Potty ! Je baissai sans attendre ma baguette alors qu'il se retournait vivement. Je dis, simplement ;

-Potter.

-Malfoy.

Contrairement à ma neutralité, le sorcier qui me faisait face ne cachait pas son animosité. Il était sur la défensive, et son expression trahissait une sorte de dégoût, un mépris certain. Cela me blessa plus que de raison, alors que mon égo Malfoyen en prenait un coup. Je gardai pourtant mon impassibilité, la jugeant plus approprié.

-Ecoute, Potter. Je ne suis pas là pour te mettre des bâtons dans les roues si c'est ce à quoi tu penses. Hermione ne t'as rien dit ?

-Hermione ? Je ne l'ai plus vu depuis qu'elle s'est fait enlevée et qu'elle a été emmené dans ton Manoir. Je ne sais pas où elle est et ce serait plutôt à toi de me le dire !

Sa baguette était pointée sur moi, en véritable menace. Il ne savait rien, vraisemblablement et les chances pour qu'il me croit était minimes, peut-être même nulles.

-Potter. On n'a pas vraiment le temps pour les explications, parce que crois-moi : elles seront longues. Hermione doit être avec Ron et elle va bien, tu as ma parole. Et je ne suis plus une menace, ni pour elle, ni pour toi !

Je lui laissai quelques instants mûrir mes paroles, alors que je voyais un conflit intérieur dans l'émeraude de ses prunelles. Je pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert, Hermione même masquait mieux ses pensées. J'ajoutai, alors que la précarité de notre situation me rattrapait :

-Tu dois faire vite, nous ne sommes pas seuls. Il y a ...

-Endoloris !

Un réflexe me sauva du sort qui filait vers moi alors que je le bloquai d'un geste. Une rage inouïe s'éveilla dans mes cellules. Vincent avait osé m'attaquer dans le dos, au summum de la lâcheté. Potter était complètement abasourdi, la baguette brandit devant lui. Je lançai, à mon ancien acolyte :

-Tu ne salues pas ton vieil ami, Goyle ? Je serais déçu si ton attitude m'étonnait ne serait-ce qu'un peu. Je reconnais bien là ta faiblesse !

Le Serpentard verdit instantanément de colère alors qu'il cracha à mon égard :

-Sale traître ! On n'a pas tout abandonné pour se casser avec une Sang-de-Bourbe. Le faible ici, c'est toi, Malfoy !

J'avoue avoir été surpris : je ne pensais pas cet idiot capable d'une phrase aussi longue et construite. Il n'y a pas si longtemps, de tels propos m'auraient blessé, mais ce n'était plus le cas. J'avais tout sacrifié en m'enfuyant du Manoir et ce n'était pas une pauvre merde de son espèce qui me ferait douter de ma décision. Je remarquai à peine l'absence Grégory alors que je fulminai.

-Venant de celui qui m'a léché les pieds pendant toutes ses années, je ne me sens pas plus offensé que ça !

-Enculé ! s'exclama l'autre, le visage cramoisi.

Les sorts pleuvaient sur Potter et moi alors que nous les parions les uns après les autres. De la Magie Noire, des incantations à la fois puissante et dangereuse dont je m'étonnais qu'il en ait la connaissance. Ne jamais sous-estimer un adversaire. C'était là les mots de mon père et j'en prenais conscience.

Soudainement, la baguette de Vincent s'envola pour atterrir plus loin dans un bruit mat. L'expression de son possesseur se décomposa alors que je me retournai. Hermione et la Belette. Je retiens de justesse un sourire alors que le rouquin à ses côtés suffit à me faire désenchanter. Elle m'adressa un léger rictus et je compris que les explications devraient attendre. Il y avait plus important, plus urgent, bien que je crève d'envie de la prendre dans mes bras.

-Drago, tout va bien ?

Son inquiétude me toucha comme à chaque fois bien que je refuse d'en montrer quoique ce soit. Ron me dévisageait, sans cacher le mépris que je lui inspirai, un sentiment tout réciproque. Je reportai mon attention sur Hermione mais n'eus pas le temps de répondre. Un craquement résonna dans toute la pièce alors que, instantanément, une chaleur intense se propagea. Les sens en alerte, je ne sus que trop rapidement la source de cette fournaise. Grégory courait comme si sa vie en dépendait en hurlant à pleins poumons. Derrière lui, des flammes immenses aux formes de dragon se profilaient. Je compris avec épouvantes de quoi il était question : le Feudeymon !

-Courrez !

La voix de Weasmoche me tira de ma léthargie. Je me jetai en avant, suivant le mouvement des autres sorciers. Je me faufilai entre les amas de meubles qui s'embrassaient les uns après les autres. J'avais perdu les autres de vu, trop absorber dans ma fuite. J'étais désormais seul au milieu des flammes ! La chaleur en devenait insupportable et rendait ma respiration difficile. Je connus le véritable Enfer !

Le Feudeymon était partout, engloutissant tout ce qui se trouvait sur son passage. L'espoir de m'en sortir se réduisait de seconde en seconde alors que j'envisageai pour la première fois ma fin. Encerclé par les flammes, je grimpai frénétiquement à l'un des nombreux tas de bois. Je savais pourtant que tout cela était peine perdue et que je m'accordai par là qu'un sursis, bien dérisoire. Je priais tous les dieux, mes ancêtres et tous les grands sorciers de l'Histoire. La panique me consumait alors que les flammes étaient toutes proches, prêtes à lécher ma peau, à la réduire à néant !

Je vis à peine les balais tant mon désespoir était grand. J'avais certainement perdu tout espoir, en cet instant. Lorsqu'une main ferme attrapa mon bras, je crus à un miracle. Merlin m'avait-il entendu ? Je fus hissé derrière une silhouette que je reconnus comme celle de Potter. Mon ennemi de toujours venait de me sauver la vie et réaliser n'était simplement pas possible. Une brûlure enflammait mon mollet mais le véritable brasier, je le laissais derrière moi. Hermione volait, accrochée à Ron et ma jalousie caractéristique ne s'éveilla pas, l'état de choc me l'empêchait.

J'osai un dernier regard derrière moi, pour les flammes qui occupaient désormais tous l'espace. Je risquai un ultime coup d'œil pour l'Enfer auquel j'avais échappé avant d'en être définitivement tiré. Nous quittions cette fournaise dans un grand bruit. J'avais survécu au Feudeymon !

Intense ce chapitre, une vraie plaie à écrire XD Quelques petites vulgarités et des visages familiers font leur apparition.

On approche considérablement de la fin et le rythme s'accélère lui aussi. Les trois derniers chapitres seront tout aussi intenses et le prochain ... pas mal triste. J'en dis pas plus mais préparez vos mouchoirs les enfants :3

Votes et commentaires pour les Wattpadiens et reviews pour les petits lecteurs de fanfiction.net. Je compte sur vos réactions et soutiens ^^

Bisous les glaces fondues ~

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