Chapitre 21 : Adieux et fuite
C'était la douceur qui accompagna mon réveil. Une chaleur bien agréable, une sorte de cocon bienfaiteur. Un sourire s'étirait sur mes lèvres et je ne cherchais même pas à le masquer. J'étais heureux, pourquoi en avoir honte ? C'était rare, à tel point que je peinais à y croire et que je voyais déjà cette joie nouvelle m'échapper.
Je me décalais légèrement, juste assez pour contempler celle qui se tenait à mes côtés. Hermione Granger. Pas la Sang-de-Bourbe, la Gryffondor collée au Survivant, l'abomination qu'elle était aux yeux des miens. Non. C'était juste Hermione. Et elle était belle ainsi, endormie. Les yeux clos, elle semblait paisible, un léger rictus étirait ses lèvres et ses traits étaient comme apaisés.
Doucement, mes doigts parcouraient son visage qui avait perdu toutes les rondeurs de l'enfance. Je me perdais dans les boucles brunes qui formaient comme une auréole autour d'elle.
Je ne regrettais rien, absolument rien. De lui avoir fait l'amour ou de l'avoir sauvé. C'était sans doute les plus belles choix de mon existence, les plus fous aussi, mais puisqu'il le fallait ! J'avais tué pour elle. J'avais assassiné un être humain de sang froid et sans même sourciller. Je savais que je porterai cette culpabilité pendant longtemps encore. Je repensais sans cesse à cette fameuse nuit, les conséquences et le poids des souvenirs. Je revoyais le corps de Dolohov s'écrouler, ses yeux fixés sur son assassin et tellement plus loin. Je me sentais monstrueux, j'avais le sentiment de ne pas valoir plus que ces Mangemorts.
Je m'efforçais de me rappeler la raison pour laquelle j'avais agis. Le traumatisme qu'avait subi Hermione n'était rien à côté de ce qu'elle aurait vécu si je n'étais pas intervenu. C'était un bien piètre réconfort mais il avait le mérite d'être sincère. Est-ce que je l'aimais ? Surement !
C'était le grand jour. J'étais partagé entre le soulagement et la terreur sourde qui me rongeait les entrailles. Soit nous quittions définitivement le Manoir sans possibilité de retour et nous obtiendrons un répit supplémentaire. Soit nous échouions, et je préférai ne pas imaginer la suite.
Tous pensaient Hermione morte, comme ordonné par le Seigneur des Ténèbres. A leurs yeux, je m'étais simplement débarrassé du corps, puisqu'elle n'était plus d'aucune utilité. Seule la disparition d'un fidèle Mangemort suscitait quelques bribes d'intérêts. Si certains s'imaginaient qu'il s'était enfoui comme tant d'autres, tandis que d'autres pensaient à une prise d'otage de la part des l'Ordre du Phoenix. Mon Maître était trop occupé pour s'en préoccuper réellement et je me devais dire que c'était une bonne chose pour nous.
Un soupir et je rassemblai mon courage pour me lever. Un dernier regard pour la Gryffondor plongée dans les limbes du sommeil et je quittai la pièce.
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-Je t'en prie, Draco soit prudent !
Je ne crois pas avoir déjà vu ma mère aussi paniquée. Elle parvenait d'habitude à contrôler ses émotions, à ne rien laisser paraître. Mais pas aujourd'hui et comme je la comprenais !
-Je le serais, mère. Ne vous vous inquiétez pas pour nous, on s'en sort toujours !
Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres rosées. J'admirai son visage, sa beauté aristocratique, les années ne pouvaient rien faire contre sa beauté. Narcissa Malfoy était d'une rare beauté, et remplissait son travail de mère du mieux qu'elle le pouvait et pour ça, je lui serai éternellement reconnaissant.
L'étreinte qu'elle me donna était maternelle, elle me fit du bien. Je respirais l'odeur fruitée de ses cheveux, mes souvenirs d'enfants refaisant surface. Je la serrai fort dans mes bras, c'était ma mère, celle qui avait été pendant longtemps mon seul soutien.
-Je suis si fière de toi mon fils, tellement fière !
Les larmes me montaient aux yeux soudain et il me fallut puiser dans tout mon contrôle pour ne pas y laisser libre court. Je murmurai :
-On va y arriver, je vous le promets. Elle ... Elle n'est pas comme les autres et je peux le faire pour elle. On va s'en sortir, mère, croyez-moi !
Je me détachai de cette chaleur presque avec regret alors que la porte de la cuisine s'ouvrit en grand. Bellatrix était là, sur le seuil, ses yeux roulant dans leur orbite alors qu'elle parcourait la pièce du regard, s'attardant sur nous. Ma mère s'était redressée et était parvenue à retrouver une forme d'impassibilité. J'arborai l'expression la plus neutre possible, feignant l'indifférence et un naturel inventé de toutes pièces. Ma tante nous scrutait, soupçonneuse derrière quelques mèches folles qui lui masquaient une bonne partie du visage.
-Bella ! Qui a-t-il ?
Les deux sœurs nées Black se dévisageaient, comme à la recherche d'un élément de réponse. Les narines frémissantes, le regard de l'ainée déviait parfois vers moi, j'y lisais des doutes derrière la folie.
-Qu'est-ce que vous faites là tous les deux ? Seuls dans la cuisine alors que tu n'y mets jamais les pieds, Cissy. Qu'est-ce que vous préparez tous les deux qui ne mériteraient pas d'être transmis au Maître ?
Ma respiration se bloqua dans ma poitrine alors que je luttai pour paraître détaché.
-Mais voyons, Bella, qu'est-ce que tu me dis là ? Je parlais simplement à mon fils, où vas-tu chercher ces balivernes ?
Pas entièrement convaincue, ma tante n'ajouta rien, tournant les talons et quittait la petite pièce. Tous les muscles de mon corps se relâchèrent d'un coup. Merlin !
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Lorsque je rejoignais ma chambre, Hermione était bien réveillée. En vérité tout était prêt. Elle avait rassemblé quelques affaires dans un petit sac soumis à l'un des sorts dont elle avait le secret.
Nous nous retrouvâmes face à face. Le temps semblait s'allonger, le silence s'installait entre nous deux. Je lisais la crainte dans ses yeux automnaux et un espoir fou, complètement fou. Je partageai ces sentiments. Les souvenirs de la veille me revenaient, la douceur et la beauté de cette nuit-là. Jamais je ne pourrais l'oublier, ou pire, avoir honte de quoi que ce soit. Alors je fis mourir l'espace entre nos deux corps et l'enlaçais. Comme j'avais pu le faire avec ma mère plus tôt dans la journée. Oui, c'était pour elle que je faisais tout cela et même si c'était risqué, même si tout pouvait mal se terminer, je n'avais aucun regret.
Je respirai l'odeur d'Hermione, ce parfum fruité que je connaissais bien maintenant. Je profitai de ce moment de calme, de plénitude, pour la simple raison que je savais qu'il ne durait pas. Je serrai le corps frêle de la Gryffondor, aussi fort que je le pouvais et ses maigres bras m'entouraient avec la même vigueur.
Finalement, nous nous séparâmes. Je fis taire cette irrépressible envie de rester contre elle, de l'embrasser encore et encore. Sans un mot, je lui tendis sa baguette devant ses yeux ébahis :
-Elle était dans le bureau de mon père, j'ai pensé que tu aimerais la récupérer.
Je la sentais émue et j'étais plutôt fier de ma surprise. Hermione prit l'objet dans ses mains et le sourire qui s'étendit sur ses lèvres valaient toutes les peines du monde. Elle balbutia :
-M-Merci, Draco. T-Tu n'imagines pas à quel point c'est ...
La fin de sa phrase mourut alors qu'elle peinait à contenir ses émotions. Je ne savais pas comment réagir, mais déjà elle me serrait contre elle. Une nouvelle étreinte bien plus furtive. Je demandai alors, pour la forme :
-Tu es prête ?
-Tout est en ordre. Et toi ?
Je déglutis. J'avais appréhendé ce moment, au moins autant que je l'avais espéré. Mon regard balaya la petite pièce, s'y attardant un peu plus longtemps que nécessaire. Cette chambre qui avait bercé mon enfance, remplie de souvenirs de toutes sortes. Je ne la reverrais sans doute jamais ! Résolu, je chassai ces sinistres pensés et répondis, d'une voix parfaitement maîtrisée :
-Tous les Mangemorts ont dus quitter le Manoir, la voie est libre pour nous. On devrait y aller, il est l'heure !
Elle opina du chef et je vis dans ses yeux cette détermination qui la définissait. Je me penchai vers elle et l'embrassai, doucement, avec toute la passion qui m'animait, cette volonté de vivre et de s'en sortir. Si nous devions mourir aujourd'hui, je n'aurais aucun remord. Les lèvres d'Hermione contre les miennes ne laissaient aucune place pour le doute, seule notre conviction commune subsistait.
Nous passâmes la porte et soudainement, mon cœur prit un rythme bien plus soutenu. Le couloir était désert et je jetai un regard derrière moi. La Gryffondor tenait sa baguette bien dans sa main, prête à réagir au moindre pépin. Nous avançâmes lentement, traversâmes le couloir et les escaliers, sans faire le moindre bruit.
Je savais que je ne serrais pas soulagé avant que nous soyons en sécurité. Pourtant, quand nous la porte d'entrée fut dans mon champ de vision, je ne pus m'empêcher de sourire. Nous étions si proches du but, si proche ! Encore quelques pas, une petite poignée de seconde et nous serons dehors, nous pourrions alors transplaner. Je tendis le bras vers la poignée, une douce euphorie me gagnait alors que nous étions presque libres. Presque !
Mais un rire retentit. Un son que je connaissais par cœur et qui me fit frémir d'horreur. Un rire de dément, cristallin et bien trop aiguë. Je me retournai, la silhouette de ma tante se dessinait à ma droite. Un sourire n'exprimant que sa folie la défigurait.
-Draco, mon petit Draco. Tu es si mauvais, si prévisible ! Qu'est-ce que tu comptes faire ? La libérer, la laisser s'enfuir alors que mon Maître la croit morte ? Je savais que tu ne valais pas mieux que ton père. Un traître de plus dans la famille Malfoy, quoi d'étonnant ? Et tout ça pour quoi ? Pour une Sang-de-Bourbe !
Instinctivement, je lui lançai le premier sort qui me vint à l'esprit alors que je sentais la terreur d'Hermione derrière moi. Un déluge de couleur s'abattit sur nous, incantations les plus terribles de ce monde. Je les parais du mieux que je le pouvais alors que la Gryffondor en envoyait d'autres. Je ne parvenais pas à réfléchir correctement, mon instinct de survit avait pris la relève.
Bellatrix ne faiblissait pas et je réalisai que nous ne pourrions pas nous en sortir de cette manière. J'hurlai en direction de la sorcière à mes côtés :
-Sors Hermione, je te rejoins ! Cours !
Sans s'arrêter de riposter, elle semblait peser le pour et le contre, ses capacités intellectuelles en parfait état de fonctionnement. Finalement, elle recula encore, ouvrit la porte en grand pour faciliter l'accès et passa l'issue.
J'inspirai profondément et entrepris de me décaler vers la sortie. Ma tentative n'avait pas échappée à ma tante qui en plus de me jeter des sortilèges, s'avançait dangereusement de moi. Ma respiration se bloqua dans ma poitrine, alors que j'abandonnai tout semblant de stratégie. Je me jetai le plus rapidement possible sur la porte, esquivant les incantations lancées à répétition. Hermione semblait paniquée, la main tendue devant elle. Nous devions transplaner et je me précipitai sur elle. Mes oreilles sifflaient et le vacarme assourdissant des sorts qui frappaient les murs étaient insupportables.
A l'instant où j'atteignis la Gryffondor, je sentis une douleur émergée sans que je parvienne à la localiser. Un dernier sort venait de me frôler et je ne pouvais en constater les dégâts. Le cri de rage de ma tante se fit encore entendre, et dans un son sinistre, nous transplanâmes.
Pas mal d'action pour chapitre, ils quittent définitivement le Manoir Malfoy cette fois-ci. Les « adieux » entre Drago et sa mère. Apparition surprise de Bellatrix, toujours là quand il ne faut pas XD
J'espère que cette suite vous aura plu. Je poste beaucoup plus souvent et j'essaie d'être un peu près régulière. Il n'y a pas de correction par contre, je m'en excuse ^^
Vote, commentaire et review, je compte sur vos avis :3
Jade
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