Chapitre 15 : Prendre sa décision
On dit souvent que la nuit porte conseil. Je pensais que c'était vrai. J'avais réfléchi, inventé un plan qui nous donnerait le plus de chances de nous en sortir. Une mission était organisée aujourd'hui, mission à laquelle je devais participer. Je ne savais pas encore en quoi elle consistait, rien d'important d'après ce que j'avais pu entendre. Dès mon retour, j'irai trouver Granger et lui parlerai de mon idée. Je ne pouvais pas la laisser dans le secret plus longtemps, elle devait savoir, je ne pouvais plus supporter la tristesse de son regard.
Je m'accordais toute la journée pour préparer notre départ, rassembler des affaires et régler quelques détails. Demain, avant l'aube, nous sortirions du Manoir et transplanerions en sécurité. Ca paraissait simple, trop peut-être. Je ne me faisais pas d'illusions, tout n'allait pas se passer sans accrochage. Il fallait imaginer le pire et toutes sortes de situations. Pour mettre toutes les chances de mon côté, pour ne pas laisser sa place au hasard, jamais !
Je descendis les escaliers, il était moins tard que d'habitude. Je ne me levais jamais aussi tôt. J'étais debout depuis des heures de toute manière. J'entrai dans la salle à manger où ma mère était installée, remuant pensivement son thé. Elle releva de grands yeux étonnés lorsqu'elle me vit :
-Drago chéri, tu es bien matinal aujourd'hui.
-Bonjour, mère. La saluai-je, ignorant de mon mieux sa remarque, pourtant parfaitement justifiée.
Elle entreprit de beurrer soigneusement mes tartines. Je me souvins que, peu après mon admission à Poudlard, je râlais contre cette vieille manie digne d'une mère poule. Elle n'avait jamais cessé, sourde à mes protestations. Maintenant, je ne m'en plaignais plus, j'aimais ce geste qui me rappelait une enfance trop lointaine. Un petit bout d'insouciance.
Je sentis ma poitrine se serrer. S'il y avait bien une chose que je ne pouvais laisser derrière moi sans sourciller, c'était bien elle. Ma mère était tout pour moi, depuis toujours. Elle était la seule à me soutenir, quoi que je fasse, peu importe la situation. Elle avait toujours été là pour moi. Et je savais que, même maintenant, elle allait me pardonner, elle accepterait mon choix. Je m'en voulais de lui faire ça, tellement, de la laisser au milieu de Mangemorts.
Je pouvais bien tourner le dos à tout, à toute ma vie, à ce destin qui semblait avoir été choisi pour moi, à cette facilité rebutante, à tout. Mais pas à ma mère, c'était comme si on arrachait une part de moi, qu'on me déchirait en deux.
Je savais qu'elle n'approuvait pas les actes des sbires du Mage Noir, autant de violence la répugnait. Bien que ses idées fussent celles d'une Sang-Pur, elle avait fini par être dégoûtée par autant d'extrémisme si bien que ses pensées s'étaient éloignées de celles qu'on lui avait inculqué. Aux yeux de tous, elle restait, envers et contre tout, la femme parfaite du Bras droit du Seigneur des Ténèbres. Elle restait droite et encaissait tout, derrière sa fragilité, celle de tous ses mouvements, se cachait une force incroyable !
Je pensais qu'elle approuverait mon choix, je le souhaitais en tout cas. De tout mon cœur. Tout restait flou dans mon esprit, bien que je venais de passer les dernières heures à me torturer les méninges. L'avenir semblait instable, tout pouvait basculer d'un moment à l'autre et je détestais ce sentiment. Ce tiraillement au niveau de l'estomac qui menaçait de se retourner, cette peur qui était née au creux de mes entrailles et qui ne me quittait plus.
La vue de mes tartines beurrées me donna la nausée et je me forçai à les avaler malgré tout le dégoût qu'elles m'inspiraient. Le regard attentif de ma mère me dissuadait de quelconques parades. J'avalai jusqu'à la dernière miette de mon petit-déjeuner sans le moindre mot, je quittai alors la table après un baiser soufflé sur le front de ma génitrice. Une marque d'affection infime, mais si rare qu'elle ne put masquer sa surprise. J'avais besoin de cela, de lui montrer qu'elle comptait pour moi, bien plus que tout ce qu'elle pouvait bien s'imaginer.
En quittant la pièce, je croisai mon père, parfaitement affairé, le visage froid, il m'accorda un sourire crispé, qui n'avait rien de vrai. J'osais espérer qu'il saurait prendre soin de sa femme lors de mon absence. Je n'en espérais pas trop, juste ça. Il ne lui avait jamais fait du mal, en tout cas, pas directement, alors je pouvais peut-être y croire.
Une fois arrivé dans ma chambre, j'entrepris de me préparer, soigneusement. L'heure tournait, inexorablement, en dépit de tout. Mais j'étais prêt, il le fallait !
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La mission était terminée et avait pris une grande partie de la journée. Le soleil commençait déjà à disparaître derrière l'horizon, colorant le ciel de toutes ses nuances orangées. Mais je ne m'en préoccupais pas, il y avait plus important, plus urgent à mes yeux.
Je passai les portes du Manoir à grandes enjambées, gardant à grand peine ce masque sur mon visage. Une sorte d'angoisse était née dans mes entrailles, je devais me dépêcher !
Je descendis les escaliers quatre à quatre, mon cœur résonnant au rythme de mes pas. J'arrivai devant la porte de la cellule en un temps record lorsque je m'aperçus que cette dernière n'était pas verrouillée. Mon cœur manqua un battement, se serra brusquement dans ma poitrine. Toute l'angoisse que j'avais portée tout au long de la journée se déversait. Les émotions se mélangeaient et menaçaient, elles aussi, de me submerger.
Doucement, j'entrouvris l'issue, ma baguette à la main et la peur au ventre. Les images qui se formèrent devant mes yeux, je ne pourrai jamais les oublier. Jamais ! Il fallut un temps avant que je ne réalise vraiment, le temps que je comprenne réellement. Et pour cause, malgré la faible luminosité, je pouvais très bien voir ce qu'il se passait. Au fond de la cellule, Dolohov était affairé à arracher les vêtements de la sorcière qui se défendait comme elle pouvait, avec une férocité remarquable. Les grognements qui pouvaient facilement être qualifiés de bestiaux se mêlaient aux cris et aux pleurs de Granger. Des mots se détachaient, des insultes bien plus cruelles que celles que j'avais pu prononcer.
Le poing du Mangemort atterrit durement sous la mâchoire de la Gryffondor dans un craquement sonore. Ce fut geste qui me fit reprendre mes esprits, ce son, c'était le déclencheur ! Je ne saurais dire ce qu'il se passa par la suite, je n'étais pas dans mon état normal.
C'était comme si quelque chose s'était réveillée en moi. Quelque chose que je ne contrôlais, contre qui je ne pouvais rien. C'était fort, j'en étais dépassé, noyé par tous ces sentiments qui coulaient dans mes veines. La haine n'avait jamais été aussi puissante, aussi dévastatrice. C'était comme un Feudymon, ça détruisait tout, cela me brûlait de l'intérieur. Les flammes me léchaient la peau, je les sentais et c'était grisant. J'étais comme coupé du monde, enveloppé par cette chaleur qui n'avait rien d'agréable.
Le cœur au bord des lèvres et après un regard à ma baguette, un temps, juste un moment, je sus qu'il n'y avait plus de retour possible. Le sort s'échappa de mes lèvres, si simple, tandis qu'en un instant, il frappa Dolohov. C'était fini, terminé. Le corps sans vie retombait mollement sur le sol sale de la cellule.
J'inspirais profondément, ne parvenant pas à réaliser. La haine s'échappait de mes pores, celle qui m'avait contrôlé. Je l'avais tué ? Déjà la culpabilité naissait et je sus que ce moment m'hanterait toute mon existence. J'avais volé une vie humaine pour la première fois ... Je me sentais pas mieux, juste infiniment mauvais, l'image que j'avais de moi-même ne pouvait être pire. J'aurais voulu pleurer, mourir aussi. Alors je ne valais pas mieux qu'eux ? Que cette ordure qui gisait là, cet homme que tu avais tué sans même sourciller. Quel genre d'être étais-je ?
Les sanglots de Granger me forcèrent à mettre un terme aux remises en question qui étaient les miennes. Elle tremblait de tous ses membres, le visage strié de larmes. Ses vêtements, initialement très abimés ne recouvraient qu'une infime partie de son corps. Le reste, en lambeaux, gisait par terre, témoignant de la violence qu'elle venait de subir. Sa peau était recouverte de griffures, du sang coulait de diverses plaies sur son visage. Je m'approchai d'elle, doucement, ne voulant surtout pas l'effrayer.
Son corps frêle semblait sur le point de se briser dans mes bras. Je serrais les dents, refoulant tous ces sentiments qui m'habitaient encore. Les questions aussi, je ne devais pas y penser, pas maintenant, il y avait plus important.
-Ca va aller Granger, c'est fini ... C'est fini, tout va bien maintenant.
Je murmurais tout ce qu'il me passait par la tête, juste des mots pour l'apaiser. Les minutes défilaient et les pleurs de la sorcière restaient les mêmes, déchirants et terriblement douloureux.
Je ne parvenais pas à réfléchir, il fallait pourtant faire un choix et vite ! Il y avait une urgence dans les sanglots qui secouaient son corps, dans le temps dont la course était comme une menace. J'avais raison, les choses ne se passaient jamais comme prévues, jamais ! Il fallait pourtant s'en sortir, malgré ça, malgré tout.
Je pris ma baguette, un geste mesuré, à l'inverse de l'état dans lequel je me trouvais. Un mot soufflé, une excuse, et elle tombait dans mes bras, endormie. Je fermai les paupières, douloureusement. Un choix qui allait en engendrer des nouveaux, imprévus et peut-être des mauvais. Surement ! Qu'étaient-ils, quels seraient ces choix qui mèneraient à ma perte ?
Je quittais cette cellule, le poids de Granger dans mes bras n'était rien. J'avais tué un homme, aucun mot ne pouvait me décrire et rien ne pourrait réparer ça. Mais je pouvais l'aider, je pouvais sauver Granger et changer. Je tournais la page, et elle aussi, plus jamais elle ne reverrait cet endroit, je m'en faisais la promesse. J'avais fait mon choix !
J'ai perdu personne ?
Je sais que ce chapitre peut choquer mais soit. Drago n'a pas été capable de tuer Dumbledore, mais pour moi, cette fois était différente. Comme souvent, il a agit sans penser aux conséquences, il s'est laissé emporté par sa rage. Et le regrettera surement longtemps, comme j'ai pu l'écrire dans le chapitre. Même si Dolohov était quelqu'un de mauvais et qu'il méritait peut-être son sort.
Si vous avez des questions, des remarques, n'hésitez pas (juste, pas de scandale et de commentaires méchants dans le genre « mé c n'importe koi, Drago il feré jamet sa !!! », je les prends très mal). Je me ferais un plaisir de répondre sur des points qui ne vous semble pas forcément clairs.
J'espère que le chapitre vous a plu, il signe la fin du PDV Drago après ces cinq parties. Les choses vont s'enchainer plus rapidement maintenant et les sentiments vont évoluer aussi.
N'hésitez pas à laisser votre avis (reviews, votes et commentaires), ça me fait toujours plaisir ^^
Kiss !
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