Chapitre 14 : Choix et combats
J'étais épuisé. Allongé sur mon lit, je n'essayais même plus de trouver le sommeil. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit, les événements des dernières heures défilant devant moi sans me laisser le moindre répit. J'entendais encore les cris de Granger, ses supplications, toutes ses choses qui ne m'avaient pas touchées au moment où je la torturais. Toutes ses choses qui m'avaient effleuré sans jamais m'atteindre.
La colère m'avait emportée, encore une fois. Je ne parvenais pas à la maîtriser, à me maîtriser. Lorsqu'elle me contrôlait, plus rien ne me touchait, je pense que j'aurais pu faire n'importe quoi. C'était comme s'il existait un autre Drago, enfoui tout au fond de moi, qui attendait son heure, patiemment.
Ce n'était que, plus tard, que je me rendais compte des mes actes, aussi affreux soient-ils. J'avais beau me dire qu'elle l'avait mérité, je m'en voulais, malgré tout.
Toute la nuit, elle n'avait pas quitté mes pensées, pas une seule fois. Elle ne méritait pas de souffrir ainsi, personne ne le méritait. Même si elle était de Sang Impur, même si je la détestais depuis presque sept ans. Même si, plus d'une fois, j'avais souhaité la voir se tordre de douleur sur le sol froid, la voire pleurer toutes les larmes de son corps. Même si j'avais voulu qu'elle se taise, une fois pour toutes, l'humilier, lui faire mal. Ces pensées, m'avaient quitté, elle ne devait plus faire parti de moi à présent. Pourtant, il y avait toujours ces moments où elles s'insinuaient en moi en même temps que la haine. Je redevenais le gamin colérique et vaniteux, comme si je n'avais pas grandi. Comme si, finalement, j'étais resté le même. Comme si, au fond, rien n'avait changé !
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Je n'avais pas quitté ma chambre de la matinée, les yeux ouverts fixés au plafond. J'avais la ferme intention de ne pas bouger de mon lit de la journée. Je ne voulais voir personne. Pas mon père avec sa déception et son semblant de dignité. Pas ma mère avec sa peur, sa tristesse, ses grands yeux larmoyants qui voyaient en moi pas plus qu'un enfant. Pas Granger, avec sa souffrance dont j'étais la cause, son corps meurtri et ses yeux dont la flamme ne s'éteignait lentement. Personne !
Mon vœu ne fut malheureusement réalisé puisque, en fin de matinée, un « plop » audible se fit entendre. Je fermai un instant les yeux, fortement, avant de me redresser. J'observai la petite créature au milieu de la pièce, aux grands yeux et à la carrure squelettique. Elle me dit, d'une voix suraigüe :
-Pardon de vous dérangez, jeune Maître, mais Maître Lucius a ordonné à Trinky de vous passez un message.
Je soupirai, je pouvais tirer un trait sur ma journée à l'écart de tous. Je l'encourageai après un soupir :
- Oui, dis-le-moi !
-Vous devez vous rendre dans le salon, le Maître vous y attend.
J'hochai la tête et l'elfe disparut dans un nouveau bruit. Je n'avais aucune envie de quitter ma chambre, et encore moins de m'entretenir avec mon paternel. Néanmoins, je me levai à contrecœur, m'habillai soigneusement sans perdre trop de temps, la ponctualité était le maître-mot chez les Malfoy.
Je quittai donc la pièce et me rendis dans la pièce principale du Manoir. Comme l'avait dit Trinky, mon père m'y attendait déjà, installé dans l'un des grands fauteuils qui y trônait. Un verre d'alcool dans la main, il semblait songeur. Je me raclai la gorge pour signaler ma présence :
-Père.
-Ah, fils.
Il ne semblait pas décider à engager la conversation de lui-même. Ca risquait de durer longtemps comme cela. Je l'encourageais à poursuivre :
-Vous m'avez fait venir, qui y a-t-il ?
Il avait à nouveau reporté son attention sur son vin, faisant tourner le liquide bordeaux dans le verre. Il eut comme un sourire et je me dis que je ne voulais vraiment pas savoir ce qu'il allait me dire. Je pouvais bien imaginer le plus terrible, mais ce qu'il était sur le point m'apprendre dans les prochains instants était encore pire que ça. Je le sentais, j'en étais absolument certain.
-J'ai pensé qu'il serait préférable pour toi de savoir que ...
Il marqua un temps, son regard rencontra le mien tandis que ce même sourire tordait toujours ses lèvres. Il semblait prendre plaisir à me faire languir, il devait se sentir puissant et je sais qu'il aimait ça.
-Que le Maître nous a autorisés à se débarrasser de la Sang-de-Bourbe de Potter !
Malgré tous mes efforts, je ne pus masquer les émotions qui me frappèrent de plein fouet. La surprise était clairement lisible sur mes traits et je parviens à grand peine à la ravaler, en même temps que tout le reste. Il me fallut quelques instants pour accuser le coup. Je demandai, après avoir rétabli ce masque qui caractérisait :
-En avons-nous l'ordre ?
-C'est exact, et ce, dans les trois jours.
Je déglutis avec difficulté. Le temps était compté, c'était si peu. Je ne pouvais pas croire qu'il ne restait que trois jours à vivre à Granger. Trois jours, trois malheureux jours et la fin. Trois jours avant la mort ...
-M-Merci de m'avoir averti, père.
J'esquissai le mouvement de quitter la pièce, mais la voix de mon géniteur m'arrêta avant que je puisse aller au bout de mon idée :
-As-tu l'intention de t'en occuper ou devrai-je m'en charger moi-même ?
Il n'avait pas manqué l'occasion de me rappeler mon incompétence, évidement. Je serrai les dents, avant de répondre :
-Je me chargerai d'éliminer la Sang-de-Bourbe et sous les délais donnés par le Maître.
Sur ses mots, je quittai la pièce à grands pas. Je m'arrêtai quelques mètres plus tard, justes devant l'escalier menant aux cachots. Je ne savais pas quoi faire, tout s'embrouillait dans mon esprit. J'aurais juste voulu un peu de temps, m'offrir le luxe de prendre les bonnes décisions. Mais existent-elles seulement, ses bonnes décisions ? Ces choix dont j'aurais à ne souffrir aucune répercussion. Non, ils ne faisaient pas partie de ce monde, ou, du moins, pas du mien. Il fallait choisir vite et bien, ne faire aucune erreur, ou sinon, il fallait payer trop cher. Tous ses choix, je les détestais !
La plupart du temps, ce n'était qu'un mensonge. Je n'avais jamais vraiment eu le choix, on ne me l'avait jamais laissé. Et aujourd'hui encore, l'avais-je vraiment ? Je pouvais tuer Granger de sang-froid, au nom des Mangemorts et au dépit de ce que j'étais réellement, de l'humain qui continuait à souffrir. Ou alors je l'aidais à s'échapper, ce qui incluait de risquer ma vie et de tout perdre. Tout semblait incertain, menaçait de s'effondrait à chaque instant. L'étau se resserrait autour de moi, comme une prise sur ma gorge qui se faisait de plus en plus forte. J'étouffais, j'avais besoin de temps, de réfléchir. J'avais peur.
Pourtant, c'était maintenant, maintenant qu'il fallait choisir. Instinctivement, mes mains agrippèrent une poignée de cheveux blonds, j'étais terrifié.
Ce que j'étais ou ce que je voulais être ? La sécurité même si, pour elle, il fallait commettre les actes les plus atroces. Ou le danger, pouvoir me racheter, changer celui que j'étais et enfin être libre de faire mes propres choix ? Oui, une nouvelle liberté, c'était ce que je souhaitais, pouvoir me reconstruire. Mais à quel prix ? Il y avait toujours un prix à payer, toujours.
Après une profonde inspiration, je descendis les escaliers. Il y avait trop de Mangemorts dans le Manoir pour que je puisse mener ma mission à bien.
J'ouvris la porte de la cellule sans hésitation, cette fois. Granger était assise au fond, son visage masqué par sa tignasse brune et la pénombre. D'un mouvement de baguette, un plateau apparu dans ma main. De l'eau, un bol de soupe chaude et une part de gâteau préparé par les elfes de maison. Je le posai devant elle et reculai d'un pas. Le tout fut engloutit en très peu de temps et je me retins de tout commentaire de mauvais goût.
Je sortis lentement ma baguette, me préparant à toutes sortes de réactions de la part de la sorcière. Elle ne se fit pas attendre, elle bondit en arrière, le dos collé au mûr sale. Je levai ma main libre, vaine tentative de démontrer que mes intentions étaient pacifistes. La réussite n'était pas au rendez-vous, mais elle ne bougea plus. Je passai ma baguette sur son visage, murmurant des sorts de guérison visant à effacer les dégâts que j'avais causés la veille. Elle se détendit et je finis mon travail sans un mot. Je dis, après un temps :
-Lève-toi, on sort.
Elle fronça les sourcils et demanda rapidement :
-Où ?
-Ne me pose pas de questions ! Lançai-je, je n'avais aucune envie de me justifier.
Heureusement, elle ne chercha pas à insister et se leva avec quelques difficultés. Nous traversâmes les couloirs sans qu'aucun mot ne soit échangé. Après un arrêt rapide aux toilettes, je bifurquai et empruntai un chemin que Granger ne connaissait pas. Elle regardait attentivement autour d'elle, scrutait chaque détail.
Finalement, j'ouvris une grande porte sculptée et la lumière du jour apparue. Je jetai un coup d'œil derrière moi, Granger semblait émerveillée, une expression béate sur ses traits alourdis par le manque de sommeil. J'avançai de quelques pas et elle suivit le mouvement. Le soleil commençait à redescendre, mais brillait de tous ses rayons. Aucun nuage ne venait troubler la pureté du ciel bleu. Il faisait frais, sans que cela en devienne désagréable, une légère brise venait soulever la masse de cheveux de Granger qui, la bouche ouverte, ressemble ni plus ni moins à un enfant le jour de Noël. Ses lèvres s'étirèrent d'un sourire éclatant tandis qu'elle tournait sur elle-même, ne perdant pas une miette du spectacle.
Je songeai soudain que, ainsi, le visage illuminé et cette joie qui s'émanait d'elle, Granger était belle. Que tous les risques que j'avais pris et les autres que j'allais prendre valaient bien ce sourire.
Je l'observais, inspirant l'air pur pour la première fois depuis deux semaines, caressant l'herbe grasse comme si c'était la plus belle chose dans ce bas monde. Des larmes de joie coulaient le long de ses joues amaigries. Je m'assis et la laissai profiter de cet instant. Un instant de répit, d'insouciance.
Le temps passait et le soleil déclinait vers l'ouest, lentement, il allait falloir rentrer. Je savais qu'il n'y aurait pas de Mangemorts dans cette partie du Manoir, mais il ne fallait surtout pas que quelqu'un remarque notre absence. A contre cœur, je l'apostrophai :
-Granger, il faut rentrer maintenant.
Il eut un petit sourire triste. Elle était intelligente, elle comprenait la situation, j'en étais certain. Après un dernier regard pour ce semblant de liberté, elle me suivit et le trajet du retour fut silencieux. Elle entra la première dans la cellule, et j'observai longuement son visage. Malgré sa maigreur, elle semblait aller mieux, elle semblait presque apaisée. Soudain, elle demandit, plongeant sn regard dans le mien :
-Ils vont me tuer, c'est ça ?
J'eus un mouvement de recul. J'aurais voulu éviter ses yeux, j'avais honte de pouvoir la regarder en face. J'hochai la tête, lentement, comme si chaque mouvement me faisait souffrir. Elle ferma les paupières, douloureusement et mon estomac se tordit. Cette expression, sur son visage, non, elle ne devait pas abandonner. Elle devait se battre, elle devait survivre.
Ma main se posait sur sa joue et repoussait une de ses très -trop- nombreuses mèches rebelles. Lentement, sans la quitter des yeux, je me penchai vers elle et effleurais ses lèvres d'un baisé. Une caresse, à peine un contact, si léger, si aérien, qu'il aurait pu être imaginé, rêvé.
Avant qu'elle ne puisse réagir, j'avais déjà quitté la petite pièce. Oui, pour elle, je me battrai !
Bonjour tout le monde !
Tout d'abord, je tenais à m'excuser pour le retard (immense) de ce chapitre. De base je voulais publier toutes les deux semaines, mais voilà.
Donc, un chapitre à la fois plus léger avec cette dose de menace supplémentaire, toujours plus présente. Je voulais offrir ce contraste. A partir de là, les choses vont changer et s'accélérer, le contexte aussi, bref quelques changements sont à prévoir ! J'espère que cette petite fin vous aura plus (petit bisous et tout :3)
Comme d'habitude, laissez- moi votre avis (votes, commentaire, reviews), ça me fera très plaisir et m'encouragera pour la suite puisque cette fanfiction est très loin d'être terminée (elle comptera 30 chapitres alors accrochez-vous ;3)
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