Chapitre 11 : Prisonnier de ses pensées
/ ! \ Début du PDV Drago
Quelques rayons de soleil se faufilèrent entre les volets de ma chambre. Ce furent ces mêmes rayons qui me réveillèrent, ils avaient choisis de ce placer juste sur mon visage. Je grognai de mécontentement et profitai encore quelques minutes de mon lit, le visage enfoui sous mon coussin. Je me résolus à me lever après m'être étiré avec flegme. Il n'était pourtant pas tôt, presque onze heures.
Encore à moitié endormi, j'entrai dans la salle de bain. Je ne fis même pas attention à sa grandeur, ni même à sa blancheur éclatante, sans la moindre poussière. J'entrai dans la douche et ouvris le robinet. Paresseusement, je me prélassai sous l'eau chaude pendant de longues minutes. Ce n'était pas avec ça que j'allais me réveiller, mais je m'en fichais pas mal. Je m'habillai, enfilant mes robes de sorcier sans même les regarder, mécaniquement. Je jetai un bref regard à mon reflet. Les mêmes yeux gris hérité de mon géniteur, le même teint pâle, ces cheveux presque blancs qui faisaient de moi un Malfoy. Il y avait quelque chose, quelque chose de nouveau. Je ne saurais dire quoi, la nommer, c'était indescriptible. Ce n'était pas les légères cernes, ni même la coupure sur ma joue, non, rien de tout ça. Je soupirai et sortis de la pièce.
Je descendis les escaliers et arrivai dans la salle à manger. Assise d'un côté de la table, ma mère mangeait tranquillement son petit déjeuner. Elle m'adressa un grand sourire :
-Bonjour Drago, bien dormi ?
Je l'embrassai sur la joue et répondis par un grognement. Elle ne s'en formalisa même pas, sachant parfaitement que je n'étais pas très bavard le matin. Ni bien agréable non plus. Je ne devais pas tenir ce gène d'elle. Dès le matin, elle était fraiche et pimpante, à croire qu'elle était réveillée depuis des heures. J'entrepris de beurrer une tranche de pain grillé. De l'autre côté de la table, mon père buvait son café tout en lisant la Gazette du Sorcier. Par moment, il grimaçait, haussait les sourcils, ou même, levait les yeux au ciel. Je pouvais presque deviner ce qu'il lisait, en fonction de sa réaction.
Je mangeai du bout des lèvres ma tartine beurrée. La routine. C'était ma routine matinale et elle était la même depuis toujours. Du moins, lorsque je n'étais pas à Poudlard. Mon père et moi étions d'accord sur ce point, je n'avais plus ma place à l'école de sorcellerie. C'était avec grand plaisir que j'avais quitté les bancs de l'établissement. Ne plus revoir Potter, Granger, Weasley et tous les autres, ceux que je haïssais. Mais, eux aussi étaient partis, pas pour la même raison, bien-sûr. Nous nous étions toujours mis des bâtons dans les roues et depuis notre première année, je ne pouvais pas les supporter. Potty avec sa sale manie à d'être toujours au centre de l'action pour finalement jouer les innocents et venir pleurer dans les robes de Dumbledore dès que les choses tournaient mal. Weasmoche à suivre « l'Elu » comme un petit chien, la même tête que ses aînés, le même caractère aussi, toujours à faire le malin. Et Granger, la Miss Je-sais-tout, la Sang-de-Bourbe ... Elle m'avait immédiatement agacé, avec son air supérieur lorsqu'elle répondait à une question et à aller voir les professeurs au moindre problème. Le nez toujours plongé dans un bouquin et à avoir toujours des Optimales dans toutes les matières. J'avais beau travailler, elle me surpassait toujours, je ne pouvais que la détester. Elle m'insupportait même avant que j'apprenne qu'elle était une Sang Impur.
Une fois mon petit déjeuné terminé, je quittai la table, repoussant ma chaise d'un coup de pied. Ma mère me retient alors que je commençais à monter les escaliers :
-Drago ! Tu ne voudrais pas aller voir tes amis ? Le Maître n'a pas besoin de toi aujourd'hui et j'ai croisé Pansy hier, elle m'a dit que ça faisait longtemps que vous n'aviez pas passé du temps ensemble.
Je me retins de lever les yeux au ciel et de pousser un soupir monumental. Pansy ... Une fille charmante et attachante, à très petite dose ! Au-delà de ce degré, on se rendait compte qu'elle était véritablement insupportable. Il y a longtemps que je m'en étais aperçu, plusieurs années. Malgré notre aventure en sixième année, je n'avais aucun sentiment pour elle, loin de là. A ce moment, j'avais surtout besoin d'affection, de soutien et de me prouver que je pouvais plaire. Comme si je n'avais pas déjà compris que toutes les filles de Poudlard étaient à mes pieds ... Je stoppai le cours de ma réflexion et répondis, après avoir réfléchi à la réponse la plus sûre :
-Aujourd'hui, ce n'est pas possible. Je ne peux pas laisser les prisonniers. Et puis, elle n'apprécierait pas que je la prévienne à la dernière minute !
Elle pinça ses lèvres rosées avec une moue songeuse, comme si elle réfléchissait à mes paroles. Elle n'eut pourtant le temps de répondre que la voix grave et trainante de mon géniteur se fit entendre :
-Laisse-le, Narcissa. Le Maître veut qu'il soutire des informations à la Sang-de-Bourbe et il n'y est toujours parvenu ! Ta prisonnière t'attend, Drago !
Avec sa canne, il me montra l'escalier qui descendait au cachot. Je réussis à réprimer une grimace à grandes peines. Ma mère lança un regard incendiaire à mon père et dit, presque acide :
-Lucius, c'est encore un enfant, laisse-le prendre un peu de bon temps.
J'enviais son courage, elle osait lui tenir tête. J'avais pourtant envie de lui hurler que je n'étais plus un môme, mais j'étais bien content qu'elle prenne ma défense. Je me tus. Mon père répliqua :
-C'est un Mangemort, il n'est plus à l'école et il doit prendre ses responsabilités. Il a l'honneur de s'occuper de cette Granger, qu'il s'en montre digne !
Si je l'avais pu, je me serais enterré vivant. J'aurais creusé un trou dans le carrelage et je m'y serais caché. Lorsque j'avais su que le Seigneur des Ténèbres m'avait choisi pour m'occuper de cette Sang-de-Bourbe, j'avais été tiraillé entre plusieurs sentiments. La fierté, tout d'abord, j'avais enfin ma vengeance ... Granger, cette fille, je pouvais enfin la remettre à sa place, celle qui devrait être la sienne depuis toujours. Mais, quand je m'étais retrouvé devant elle, les choses s'étaient passées différemment. J'avais eu pitié d'elle. Je ne le pouvais pas pourtant, les ordres étaient les ordres et je ne pouvais me laisser attendrir par elle. Lorsqu'elle se tordait de douleur sur le sol, combien de fois avais-je eu l'envie de tout arrêter, de quitter la cellule en courant et de retourner dans ma chambre ? Je ne saurais le dire. Pourtant, à chaque fois, je restais impassible et je ne fléchissais pas. Dans ma tête, j'entendais les voix de mon père, avec son honneur et les menaces de mon maître. J'étais lâche, je le savais, mais je ne supportais pas que l'on me le fasse remarquer, c'était trop douloureux.
Ma mère eut un de ces regards, de ceux qui veulent dire « on en reparlera » et je jugeai bon de m'en aller. Je quittai la pièce sans un mot et descendis les escaliers, la boule au ventre. Je n'avais aucune envie de torturer Granger, les souvenirs de la veille affluaient déjà. Ça avait été horrible, plus encore qu'à l'ordinaire. Dans ses yeux noisette, il y avait eu autre chose que de la haine, du mépris, de la douleur ou encore de la rage. Quelque chose d'effrayant. De la folie, de la démence. Je ne parvenais pas à l'oublier. Ni son regard, ni ses paroles. Je n'espérais qu'une chose : que sa perte de connaissance l'ait ramenée à la raison. Si, par ma faute, la Granger que je connaissais disparaissait, je ne pourrais me le pardonner. J'avais beau la détester depuis toujours, c'était ainsi.
J'arrivai au long couloir où les portes des cellules étaient alignées par dizaines. Je détestais cette partie du manoir, c'était bien trop sinistre. Je m'arrêtai devant une porte, celle qui portait le numéro « 31 ». J'inspirai un grand coup, il me fallut une seconde. Rien qu'une seconde. Le temps de rassembler mon courage, de rétablir sur mon visage ce masque d'impassibilité et de regagner une attitude froide. Et j'ouvris la porte.
Au milieu de la pièce sombre et humide, Granger était allongée sur une couche de paille. Elle n'avait pas bougé depuis la veille, elle était à l'endroit exact où je l'avais déposée. Un flash m'aveugla et je revis mes actes, ceux que je préférais oublier mais qui ne cessaient de me hanter. Dans les yeux de la sorcière, la démence, une flamme effrayante qui dansait et ses lèvres qui murmuraient des paroles sans sens. J'avais paniqué, littéralement, je ne savais plus quoi faire, je voulais juste qu'elle se taise et qu'elle redevienne comme avant. Revoir la miss Je-sais-tout de Poudlard, que cette dégénérée disparaisse et ne plus jamais avoir à lire dans ses yeux noisettes cette folie. Alors, je l'avais étranglée, j'avais serré mes doigts autour de sa gorge jusqu'à ce qu'elle perde connaissance.
Je m'approchai, lentement, je voulais la réponse à ma question tout en ayant peur d'elle. Elle avait beaucoup maigri depuis son arrivée. Ses pommettes étaient plus saillantes, ses épaules étaient à présent osseuses et, quand je l'avais portée, j'avais parfaitement senti ses côtes sous le vêtement. Elle était sale, ses cheveux étaient complètement emmêlés et formaient des nœuds énormes. Ses habits étaient aussi crasseux et déchirés, du sang y était même collé par endroit. Son sang. Ce sang qui avait coulé par ma faute.
Je n'avais aucune envie de la réveiller, elle avait l'air si paisible, ainsi, endormie. Elle paraissait presque sereine, tous les traits de son visage étaient détendus comme si elle avait oublié où elle était. Pourtant, je m'y résolus quand même, hésitant entre la technique dite plus douce ou l'autre, plus brutale. J'optai pour la première, la plus sage à mon sens. Je lui secouai doucement l'épaule, en répétant :
-Granger. Granger.
Elle grogna et tenta de se dégager, mais je ne cédai pas, me faisant plus insistant. Elle finit par entrouvrir les paupières, encore à moitié endormie, la bouche pâteuse. Elle marmonna, encore dans les brumes du sommeil, apparemment :
-Malfoy ...
Elle était redevenue normale. Je soupirai, réellement soulagé. Ses yeux étaient un peu brumeux mais il n'y avait aucune trace de démence. Elle n'essaya même pas de s'échapper, de m'insulter ou de me frapper. Elle était épuisée, et je m'en étais douté. Je sortis de l'intérieur de ma robe de sorcier, une petite fiole, je la secouai devant le nez de la Gryffondor. Lui expliquant avec toute la patience dont j'étais capable mes intentions :
-Tu vas boire ça, d'accord ? Ca ira mieux après.
Elle hocha la tête, incapable de faire mieux. J'approchai ma main de son cou et elle eut un minuscule mouvement de recul, effrayée. Malgré l'agacement qui commençait à poindre, je ne pouvais que la comprendre. Je jetai un coup d'œil à son cou et mon cœur se serra. Sur la peau fine, des marques violacées étaient apparues, la forme de mes doigts. Du bout des ongles, je touchais les hématomes, elle semblait confuse, mais je n'essayai même pas de me justifier, elle ne me comprendrait pas. Je passai donc ma main droite sous sa nuque et la soulevai avec précaution. J'avais l'impression que je pouvais la casser, que d'un mouvement, je lui casserais la nuque. J'approchai le goulot de ses lèvres et la fit boire jusqu'à la dernière goutte le liquide violet.
Je devais la faire parler, je devais encore une fois lui poser ces questions. Moi qui étais, au début, si confiant. J'étais certain qu'elle parlerait rapidement, j'étais tombé de haut. J'avais toujours l'espoir que mes efforts payent, mais j'avais de plus en plus de mal à m'en persuader. Je devais le faire, pour moi, parce que si je ne le faisais pas, ils me puniraient. Mais c'était de plus en plus difficile, je n'y arrivais plus. Elle devenait de plus en plus faible, son corps commençait à lâcher et je l'avais remarqué, bien qu'elle tente à tout pris de me montrer le contraire. Ses paupières étaient lourdes et ses forces l'abandonnaient. Je pouvais en profiter. Profiter de ce moment où elle ne pouvait rien mais ... Non ! Je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais simplement pas. Je soupirais, j'étais pathétique, vraiment. Je quittai la cellule, laissant Granger et tous les soucis qu'elle me causait derrière moi.
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J'étais dans ma chambre, seul. Allongé sur le dos sur mon lit et lançant distraitement une balle au dessus de ma tête, je réfléchissais. Pensais. Je détestais ces moments. Je faisais tout pour y échapper, pour m'occuper l'esprit. Je me proposais volontaire pour les missions du Lord, le plus souvent. Je ne voyais plus mes amis, je n'arrivais plus à m'amuser comme avant, les choses avaient changé depuis ma sixième année. Pourtant, je ne pouvais pas me défiler toujours. Mes pensées me rattrapaient et je ne pouvais rien faire. Rien ne pouvait m'empêcher de penser, même pas moi. Je me retrouvais seul. Seul face à moi-même. Face à mon passé, à ses images qui défilaient sous mes yeux sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. On ne m'offrait même pas la possibilité d'oublier ces actes qui me faisaient horreur et dont j'avais tellement honte. Finalement, j'étais comme Granger, nous étions tous deux prisonniers.
Alors, que pensez-vous de ce premier chapitre de PDV Drago ? J'ai tout fait pour respecter son caractère, ce qui est compliqué étant donné que son personnage est très complexe. J'aurais besoin de vos avis et de votre soutien, alors à vos claviers, l'auteur vous remercie d'avance ;)
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