- Vous êtes sûre qu'elle est fiable patron ? demanda une voix aiguë et manièré.

- Qu'est ce que j'en sais ? répondit Chad, Je ne la connais que depuis quelques jours... Et puis, elle n'a pas l'air vraiment dangereuse...

C'est la première fois depuis quelques jours que le noireaud qui partage ma chambre est réveillé avant que le réveil ne sonne. Étant donné que c'est ce qui m'arrive à chaque fois, je reste silencieuse cette fois-ci à l'écouter parler. Avec qui est ce qu'il parle d'ailleurs ? Il n'a pas l'air d'être ce genre d'imbécile qui se parle tout seul en modifiant sa voix.

- A qui tu parle ? demandais-je en me tournant vers lui.

C'est alors que mon regard se posa sur une... créature jaune avec des yeux globuleux d'escargot et un corps lâche d'humain. Le pire est qu'il porte un slip banane rouge... On dirait très clairement une créature sortie d'un hentai yaoi foireux...

- C'est quoi ce truc ? demandais-je à mon colocataire qui est bien étonné de me voir réveillée, Un esprit de carte je suppose...

- Je ne suis pas un "truc" ! se plaignit l'esprit, Je suis Ojama Jaune !

Rien qu'à le voir, cette esprit me dégoute... Et puis c'est quoi cette manie de toujours remuer du cul ? Et puis il est d'un vulgaire, je me demande qui a bien pu créer une carte pareille, certainement un pervers. Au moins, Kuriboh Ailé a le mérite de ressembler à quelque chose, à une boule de poil avec des ailes certes, mais au moins ça ne ressemble pas à un Picasso. Avant de pouvoir dire quoique ce soit d'autre, Ojama Jaune fonça sur moi, si bien que je cru qu'il allait me rentrer dedans. Par reflexe, j'ai fermé les yeux et ai mis mes bras devant moi pour me protéger d'une éventuelle collision. Ce qui n'arriva pas. En ouvrant doucement les yeux, je pu voir cette répugnante créature à quelques centimètres de moi. Cette proximité est des plus déplaisante, si bien que je du étouffer un sursaut en le voyant aussi prêt de moi.

- Il y a un truc qui cloche patron, dit-il en plissant les yeux.

Il aurait pût froncer les sourcils s'il en avait eut, mais il n'en a pas. De son côté, Chad ne sait visiblement pas comment réagir face à ce genre de situation. Je pense que si c'était possible, il aurait très certainement attrapé le Ojama pour l'écarté mais il fut bien trop surpris par la remarque de sa carte pour lui demander de s'éloigner.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda alors le noiraud.

- Elle est clairement pas d'ici...

- Ca se voit qu'elle est française quand même...

- Non, non, c'est pas ça patron ! Quand je dis qu'elle est pas d'ici... C'est qu'elle est pas de notre monde.

Suite à cette déclaration, Chad écarquilla les yeux et me fixa puis alterna en fixant le Ojama. Un long silence s'en suivit, si long qu'il était incroyablement gênant. Il fût finalement brisé par un éclat de rire, celui du brun. En le voyant rire à gorge déployée, je commence alors à rire moi aussi mais de manière bien plus forcé.

- Arrête donc de dire des conneries..., dit-il en rigolant encore un peu.

Le réveil qui était sensé nous réveiller sonna enfin mais l'ancien Bleu Obelisk l'éteignit avant que je ne puisse le faire puis partit prendre la salle de bain. Ojama Jaune me lança un regard des plus désapprobateur avant de disparaitre à son tour. Au fond, ça me rassurait que mon colocataire ne croit pas ce que lui avait dit sa carte. C'est la vérité, certes, mais je me vois très mal crier sur les toits que je viens d'un autre univers où celui ci est fictif. Je ferai très certainement un aller simple pour l'asile. Et puis je doute que qui que ce soit veuille apprendre qu'il est un personnage fictif dans un univers différent, ça doit être incroyablement triste à apprendre.

Heureusement pour moi, Chad n'est pas aussi long qu'une fille pour se préparer, et puis il part immédiatement pour le petit déjeuner après donc je n'ai pas à supporter sa tronche de hérisson plus longtemps. Ca fait un tout petit peu plus d'un mois que j'ai commencé les cours à la Duel Academy et j'ai très clairement l'impression que chaque jour est semblable au précédent. Pour commencer, j'ai absolument tous les matins cours avec le Dr. Crowler, puis c'est avec le Professeur Banner et ensuite ce sont des matières secondaires. La tête difforme m'ayant mise de mauvaise humeur dès le matin, je ne me vois clairement pas enchainer directement avec Crowler et sa tête caricaturale. Avoir cours en général aujourd'hui n'est pas une idée qui m'enchante plus que ça. En soit, si je ne sèche qu'une seule journée de toute l'année, ça ne devrait pas être si grave.

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Pendant que les autres prennent leur petit déjeuner, j'en profite pour m'éclipser dans la vaste forêt qui recouvre l'ile et entoure ainsi l'académie. Au moins je devrais être tranquille. Depuis l'arrivée de Chad dans ma chambre, j'ai du me faire à l'idée qu'Alban ne reviendrait pas y dormir avec moi. Il est mort, et c'est entièrement de ma faute. J'aurais dû être plus présente à ses côtés quand il avait besoin de moi. Tout est entièrement de ma faute. Je suis sans le moindre doute la pire sœur qui puisse exister. Il méritait tellement mieux, si seulement il avait eut mieux que moi, il serait certainement en vie actuellement.

Sans vraiment faire attention où je vais, je continue de m'enfoncer dans la forêt de l'île qui était autrefois l'île du duel. Mes yeux sont rivés sur le sol plutôt que sur la verdure qui m'entoure et qui serait bien plus divertissante à regarder que des cailloux. Il me suffit de relever légèrement la tête et d'observer tous les arbres qui m'entourent pour comprendre que je suis sans aucun doute perdue.

- Excuse moi ? demanda une voix sortie de nulle part qui me fit sursauter.

En me retournant, mon regard se pose sur une ravissante femme d'une trentaine d'années. Elle a une peau très pâle qui contraste parfaitement avec sa chevelure noire. Ce qui capte le plus l'attention chez elle est très certainement son beau regard clair. La beauté de cette femme est vraiment fascinante. Ce qui est tout de même étrange, ce sont les vêtements qu'elle porte, ils semblent tout droit tirés d'un récit sur l'Egypte Antique. Une fois sortie de mon observation, je me rend compte que j'ai regardé cette femme pendant un peu trop longtemps, si bien qu'elle s'est mise à afficher un sourire, certainement pour se retenir de rire.

- Oui ? Qu'est-ce que je peux faire pour vous aidez ? demandais-je en espérant rendre la situation un peu moins gênante.

- Et bien... A vrai dire c'est toi que je cherchai. Olive c'est bien ça ?

Jamais je n'aurai imaginé rencontrer quelqu'un capable de deviner mon prénom pourtant si atypique. En plus de ça, c'est la première personne que je rencontre ici qui ne se fout pas de ma gueule en entendant mon prénom.

- Oui... Je peux savoir comment vous le savez ? demandais-je tout de même curieuse.

- Je m'appelle Aeryn et je pense que tu vas probablement avoir besoin de moi pour comprendre comment et pourquoi tu es arrivée là, répondit-elle sans cesser de sourire.

Alors que j'allais lui poser une nouvelle question, la mystérieuse brune tourna les talons et commença à s'éloigner. Bien évidemment, je veux en savoir plus, elle ne peut tout simplement pas la laisser partir sans qu'elle ne me donne plus d'explications, alors je la suis pour être sûre de ne pas la perdre.

- Tout comme moi, tu es ce qu'on appelle une Passeuse, commence-t-elle à expliquer.

- Une Passeuse ?

- Oui, un Passeur, une Passeuse. Nous sommes des personnes ayant la capacité et la possibilité de voyager à travers l'espace et le temps, continua-t-elle.

- Donc... C'est à cause de moi si mon frère et moi sommes arrivés ici ?

- Plus ou moins... Si tu es arrivé ici, c'est que tu as un mission à accomplir en cet endroit, tu ne pourras alors rentrer chez toi que lorsqu'elle sera accomplie.

- Comment est-ce que je saurai que j'ai remplit ma mission ?

- Techniquement, tu seras la seule à savoir, ou plutôt comprendre que ta mission sera achevée.

Les mots de la mystérieuse Aeryn me plongent dans une grande réflexion, si bien que j'ai cessé de la suivre. Ce n'est d'ailleurs qu'une dizaine de mètres plus loin que mon interlocutrice remarque que je ne suis plus sur ses talons. Elle revint alors sur ses pas pour se retrouver à mon niveau. Machinalement, ma tête s'était penchée vers le sol, je sentis alors une main se placer sous mon menton pour le redresser, me forçant ainsi à regarder la brune qui me faisait face.

- Tu peux me demander toutes les questions que tu te poses, je te promet d'essayer d'y répondre, me dit-elle comme si elle pouvait lire dans mes pensées.

- Pourquoi est-ce que mon frère est...

Prononcer ce mot m'est impossible. Il ne veut pas dépasser la frontière imposée par mes lèvres, comme si elles vont se déchirer si jamais je le dis à voix haute. Je n'aurai jamais imaginé qu'un mot puisse être aussi difficile à prononcer.

- Si ton frère n'est plus parmi nous c'est parce qu'il n'était pas un Passeur. Son enveloppe corporelle n'a pas pût s'adapter à cet univers et a finit par disparaitre. Nous autres Passeurs, avons un gêne nous permettant de nous adapter à n'importe quel univers. Par exemple, nous sommes au Japon, et je suppose que tu n'avais jamais parlé un mot de japonais avant d'arriver sur cette île.

Elle avait raison, dès que j'avais rencontré Alexia puis les autres, je n'avais pas eu la moindre difficulté à communiquer avec eux, comme le Japon avait été ma langue natale. Alban n'avait pas eut cette chance, il ne parlait pas couramment le japonais mais avait tout de même sut se débrouiller. Ce changement de langue soudain devient alors plus clair et compréhensible.

Voyant que j'étais moins sceptique face à ce qu'elle me raconte, elle recommença alors à marcher en me faisant signe de la suivre. Elle se déplace à travers la forêt comme si elle la connait par cœur. Je n'y ai pas fait spécialement attention jusque là mais il me semble que nous nous sommes sacrément éloignées des bâtiments de l'académie. En soit, ce n'est pas si mal puisqu'Aeryn s'est incrustée sur l'ile sans demander l'autorisation à qui que ce soit. Au final, plus nous nous éloignons et plus j'en saurai sur toutes ces choses étranges qui se passent.

- Pourquoi les Passeurs existent ? demandais-je en enjambant une grosse racine à moitié sortie du sol.

- Les Ténèbres ont toujours existés. Ils sont absolument partout et se manifestent sous différentes formes, humaines ou non. Les Passeurs sont là pour maintenir l'équilibre, pour que ni la lumière, ni les ténèbres ne soient trop présents dans un univers ou un autre.

Quelques centaines de mètres plus loin, nous arrivons enfin quelque part. Devant nous se trouve un grand lac cerné par les arbres. C'est un endroit incroyablement calme où les seuls bruits sont le souffle du vent dans les arbres et les chants des oiseaux vivant aux abords de ce lac. Pour une raison inconnue, je me sens un peu plus à l'aise en présence de la brune. Elle est certes mystérieuse mais elle n'est nullement mal intentionnée, pas envers moi en tout cas. Elle s'avança de quelques pas pour se rapprocher de l'eau et se baissa pour y plonger ses mains faisant ainsi se mouvoir cette étendue plate. Le soleil est haut dans le ciel et ce dernier est dénué du moindre nuage, donnant ainsi un bel éclat bleu au lac qui me faisait calme.

- Pourquoi est-ce que tu es là Aeryn ? Je me doute que tu n'es pas venue dans le seul but de devenir mon maitre Yoda.

La jeune femme se redressa alors, visiblement surprise par ma question. Elle retira ses mains de l'eau et les laissa gouter le long de son corps alors qu'elle avait plongé son regard clair dans le mien. Il est à la fois étonné et plein d'incompréhension. J'en déduis qu'elle n'a pas compris ma référence à Star Wars. Peut-être qu'elle ne l'a tout simplement pas mais elle semble tout de même comprendre le sens de ma question. Elle rompit alors notre échange de regard pour poser ses yeux sur le paysage qui s'offre à nous.

- Disons que j'ai fait quelque chose dont je ne suis pas vraiment fière... D'une certaine manière, je pense me racheter en venant te voir. Tu dois accomplir ce que je n'ai pas eu le temps de faire, dit-elle en étant soudainement devenue plus sérieuse.

- C'est-à-dire ?

- Nous sommes plusieurs Passeurs. Il n'y a pas que nous deux, il y en a d'autres. Pendant je les ai cherchés mais je n'ai pas eu le temps d'aller les rencontrer, c'est pour ça que tu dois le faire à me place.

- Pourquoi ne pas le faire toi-même ? Tu les as cherchés alors il est plus légitime que tu les rencontres et les regroupes...

- Je ne peux pas... J'ai une dernière mission à accomplir et je n'en reviendrait pas.

Elle m'a dit d'une manière si sincère que ça me choque. Comment quelqu'un peut être aussi certain de sa propre mort ? Personne ne sait quand elle doit frapper, elle est sensée être imprévisible. Aeryn fait preuve d'une certitude si accablante qu'elle en ait perturbante et au fond de moi, je ne peux que la croire. La brune passa ensuite ses mains sous le haut de sa robe pour sortir un collier qu'elle cachait dessous. Elle le détacha ensuite et me le tendit pour que je le prenne. La chaine est banale mais le pendentif était une sorte de cristal bleu taillé en forme de losange. C'est d'une incroyable simplicité mais suffisante pour rendre ce bijoux ravissant.

- J'ai un ami qui répond au nom de Damoclès, trouve le lorsque tu auras achevé ta mission ici. Il pourra t'aider à rassembler les autres Passeurs.

- D'accord, répondis-je sans vraiment savoir dans quoi je m'engageai.

J'observe encore pendant quelques instants le collier qu'elle m'a confié avant de l'attacher autour de mon cou et de le cacher sous mes vêtements, ne voyant pas spécialement l'intérêt de l'exposer à la vue de tous.

- Ce fut un plaisir de te rencontré avant de mourir, Olive.

Puis, avant que je puisse dire quoique ce soit, une rafale de vent vint secouer tous les arbres qui entourent le lac, attirant ainsi mon attention pendant quelques secondes. Lorsque mon regard se reposa là où se trouve la brune, mais elle n'y est plus. Elle s'est volatilisée, comme emportée par le vent. La fatalité de cette femme m'a certainement marqué à jamais. Et puis, je ne vois pas comment il est possible d'oublier une femme aussi belle et aussi mystérieuse. Je suis persuadée qu'elle doit avoir plein d'histoires à raconter. L'inconvénient de sa soudaine disparition est qu'elle m'a laissé au beau milieu de nulle part. Et puis, contrairement à elle, je ne connais pas l'ile de la Duel Academy comme ma poche.

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J'ai très clairement passé le reste de la journée à chercher le chemin pour retourner à l'académie. Sauf que cette forêt est un véritable dédale. Mais qui est le taré qui a eut la merveilleuse idée d'installer une académie de duel de carte au beau milieu d'une ile aussi grande et avec si peu de renseignement ? Au bout de quelques heures de marche sans interruption, je me décide enfin à prendre un peu de repos en m'asseyant contre un arbre. Le sport faisons bel bien plus de deux. Il me hait et je le lui rend plutôt bien. Rencontrer Aeryn m'a permis d'avoir des réponses à mes questions, surtout concernant Alban. Peut-être que je ne suis pas responsable de sa mort finalement... Mais c'est tout de même de ma faute si lui et moi sommes arrivés ici, donc je l'ai indirectement tué...

Mes sombres pensées furent coupées par le bruit provoqué par une branche qui vient de craquer. Ce n'est certainement pas grand chose mais quelque chose d'autre était étrange, les oiseaux qui chantent sans cesse sont maintenant silencieux. Il n'y a plus le moindre bruit autour de moi. C'est alors que je perçois du mouvement venant de ma droite. Le ciel était devenu sombre, annonçant la fin de journée alors il n'est pas très facile de voir d'où venait précisément ce mouvement. Je tourne tout de même ma tête vers la droite et à ma grande surprise, j'arrive à distinguer une silhouette un peu plus loin. Ce qui est perturbant c'est que je n'arrive pas à voir si cette personne à des cheveux ou même un visage. C'est comme si sa tête est lisse et aussi blanche que de la neige. Je me suis relevé pour pouvoir mieux l'observer, c'est alors qu'il commence à marcher dans ma direction, doucement, puis il commence à courir. Qu'est-ce qui est le plus logique de faire quand un inconnu des plus étrange vous fonce dessus ? Courir dans sa direction est très fortement déconseillé, c'est pour ça que j'ai prit mes jambes à mon cou.

Je n'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie et pas un seul instant je me suis retourné pour voir si l'homme en blanc me court toujours après. J'ai bien manqué de me casser la gueule une bonne dizaine de fois mais l'idée d'être attrapé par ce type étrange me fait trop peu pour me permettre de tomber. J'ignore combien de temps j'ai couru mais je fini enfin par voir le dortoir des Rouges Slifer à travers les arbres. Ce n'est qu'une fois sortie de la forêt que je m'arrête enfin, être sur un sentier dégagé me rassure énormément. Au moins, s'il m'arrive quelque chose ici je pourrai crier en étant sure que je serai entendue.

Ca doit bien faire une dizaine de minutes que je reprend mon souffle en appuyant mes bras contre mes jambes. C'est alors que j'entend un éclat de rire bien familier venir dans ma direction. En relevant la tête, mon regard croise celui de Jaden qui est accompagné de... Chad. Le châtain semble étonné de me voir aussi rouge que mon gilet, si bien qu'il se rapproche, suivit de loin par le noiraud.

- Tout va bien Olive ? me demande-t-il inquiet.

- Vous deux, dis-je en me redressant, Il faut qu'on parle.