Tome IV - Chapitre 5 : Le dernier ennemi qui sera vaincu, c'est la mort

Salut ! Pas d'intro énorme je pense pour aujourd'hui, mais quelques infos à vous donner. Ca ne va toujours pas fort en ce moment, et disons que ça impact un peu mon écriture. Je n'ai toujours pas avancé dans LHDI, j'en suis vraiment désolée... Comme j'ai de l'avance dans ATDM, je continue au moins les post dessus !

Sinon, petite anecdote parce que ça a fait rire Perri : devinez qui se lance à s'intéresser à la Formule 1 ? Ouais, je sors un peu de la gymnastique et du patinage... mais parce que j'ai un nouveau crush sur Charles Leclerc haha ! C'est une porte d'entrée comme une autre haha ! 

Bon allez, trêve de bavardages, voilà THE chapitre. Ladies, gentlemen, and non-binary people, je vous offre le mariage de James et Lily Potter ! 

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Chapitre V : Le dernier ennemi qui sera vaincu, c'est la mort

Une odeur de rose et de fleurs flottait dans le jardin des Evans en ce jour radieux et Sirius tira sur le col de sa robe de sorcier en regrettant déjà de ne pas avoir pu mettre quelque chose de plus léger pour lutter contre le soleil. Subtilement, il se décala un peu pour se mettre sous le barnum installé spécialement pour le grand évènement du jour. L'ombre lui permit de ne plus plisser les yeux face au soleil et de mieux voir le parterre d'invités sur la pelouse des parents de Lily. Ils n'étaient pas nombreux, mais l'espace limité donnait presque cette impression.

Des frères Prewett, il n'y avait que Gideon pour le moment, accompagné d'une Emmeline ravissante avec ses cheveux habituellement attachés en tresse lâchés sur ses épaules. Elle n'avait pas poussé le vice à porter une robe, sûrement pour être prête à repartir en cas d'urgence à tout moment, mais l'intention était là. Ils auraient dû arriver bien plus tard mais avaient pu se libérer au dernier moment. Un peu plus loin, assis sur les chaises en plastique blanches bien alignées, se trouvait presque l'entièreté de son ancienne équipe de Quidditch : Adrian Connelly, Mary McDonald, et Olympe Belby. Ne manquait que Kevin Mells et Matthew Bones, mais il doutait que le premier soit le bienvenu pour des raisons évidentes tandis que le second avait peu de chance de venir si ses parents ne le faisaient pas non plus. Edgar devait être de garde au Bureau des Aurors.

- Ils ont prévu une banderole, fit une voix dans son dos. Pour James.

Il ne se retourna même pas. Il aurait pu reconnaître Remus dans le noir rien qu'à son ton rauque tous les jours.

- Sérieusement ?

- Ouais. Enorme avec les couleurs de Gryffondor et marquée « meilleur capitaine ».

- Merlin, il va adorer, s'esclaffa-t-il.

Remus sourit.

- Son ego aussi. Et puis regarde qui est là.

D'un coup de menton, son ami lui désigna le fond du jardin et il tourna la tête pour découvrir un chapeau à motif écossais d'anthologie. Il resta bouche-bée, incrédule.

- McGonagall est venue ? s'exclama-t-il. Oublies la fois où on a déguisé tout le monde pour Halloween en plein banquet, ça, c'est notre plus beau coup de Maraudeurs !

- Notre postérité, approuva Remus avec solennité.

Tous les deux, ils regardèrent leur ancienne directrice de maison qui observait la petite maison de banlieue avec intérêt, les lèvres pincées mais relevées en un mince sourire. Ils faillirent en manquer Peter alors que ce dernier se glissait entre eux sous le barnum.

- Ca y est, tout est prêt, dit-il, les joues rouges à cause de la chaleur. Benjy est repassé, on a jeté des sorts repousse-moldu et d'illusions, les voisins devraient rien voir et... bon sang c'est McGo là-bas ?

- Et oui, Queudver. Qui l'aurait cru ?

- Sûrement pas nous en première année, jugea Remus en riant. D'ailleurs je crois qu'aucun de nous aurait pensé être au mariage de James et Lily tout court. Ça paraît presque improbable si on y repense.

Sirius ne put qu'approuver.

- Tu m'étonnes. Toutes les épreuves qu'on a dues endurer...

-... les tentatives de drague...

- ... les refus...

-... les claques...

-... les insultes...

-... la période où ils se tournaient autour...

- ... les poèmes à la gloire de Lily !

Tous les trois ensemble, ils poussèrent un soupir de dépit au souvenir des rimes atroces de James.

Il aurait presque pu être pris par une bouffée de nostalgie si une certaine agitation n'avait pas commencé à se former sur le seuil de la maison. Visiblement, Mr Evans indiquait à tous les invités de rejoindre leur siège et ils virent le sorcier représentant du Ministère qui devait présider la cérémonie remonter l'allée dans leur direction. Le mariage allait commencer. Il inspira une grande inspiration, soudain presque nerveux sans bien savoir pourquoi, et Remus et Peter lui donnèrent chacun une tape sur l'épaule avant de rejoindre Alexia et Dorcas sur le côté. En tant que témoin officiel, il était le seul à devoir rester sur le petit podium aménagé. Marlène le rejoignit une seconde plus tard et prit place comme demoiselle d'honneur.

Elle avait laissé ses cheveux blonds sur ses épaules, au naturel, mais portait la sublime robe bleu nuit brodée de tulle doré au niveau de la taille qu'elle avait à la fête de fiançailles de Cissy. Le soleil faisait ressortir des petits éclats sur le tissu, comme une nuit étoilée, et il aurait dû la complimenter si ça ne lui rappelait pas le fiasco qu'avait été cette soirée.

- Lily est prête ? demanda-t-il plutôt.

Marlène acquiesça.

- Sa mère vient de monter la chercher, confirma-t-elle. Et James ?

- Je l'ai laissé il y a une demi-heure, il était prêt.

« Prêt » était peut-être un peu galvaudé. Une boule dans la gorge, il revit son meilleur ami en train de se battre avec son nœud papillon, les mains tremblantes. Personne n'aurait pu le blâmer aujourd'hui, mais l'émotion l'avait rattrapé à quelques heures du grand moment et il avait passé de longues minutes, juste assis en silence à ses côtés, alors que James pleurait en réalisant avec brusquerie que ses parents ne seraient pas là pour son mariage. Ses sanglots avaient empli toute la pièce et Sirius s'était retrouvé impuissant tout en sachant qu'il avait juste besoin d'extérioriser, que c'était naturel que leur souvenir lui revienne maintenant, même si ça n'avait pas empêché sa propre douleur de lui labourer les entrailles. Heureusement, quand il était reparti, James avait commencé à se calmer et a retrouvé le sourire.

En tout cas, c'en était un grand qui s'étalait sur son visage alors qu'il venait prendre place sur le podium, dos à l'allée autour de laquelle tous les invités attendaient désormais le début de la cérémonie. Sirius l'inspecta du coin de l'œil.

- Nœud papillon maîtrisé, costume repassé, cheveux décoiffés, chuchota-t-il en le détaillant de haut en bas. Tout à l'air en place.

- Sauf mon estomac... J'ai l'impression qu'il remonte et redescend, c'est infernal.

- Ça s'appelle le stress, Cornedrue. Et c'est bon signe. Tu dois stresser, tu vas te marier à Lily Evans !

James écarquilla les yeux derrière ses lunettes. Il n'eut pas le temps de paniquer davantage que des notes de piano douces s'élevèrent et un murmure empressé traversa la foule des invités. Ils se retournèrent tous les deux : Lily remontait l'allée au bras de son père, rayonnante. Il ne l'aurait avoué à personne et pour rien au monde, mais l'émotion le saisit sans doute un peu trop vite. Heureusement, il devait faire pâle figure face à James. Son meilleur ami dévorait des yeux Lily, comme s'il n'y avait d'un coup plus qu'elle dans ce jardin, et un sourire ému étirait ses lèvres.

- Tu baves, lui glissa-t-il.

- La ferme, rétorqua James sans quitter sa future femme du regard.

Sirius pouffa. Désormais toute proche, Lily quitta le bras de son père pour les rejoindre et se plaça près de Marlène. Quand elle prit les mains de James entre les siennes, il repéra sa montre prêtée ce matin à son poignet et ils échangèrent un bref regard. Le sorcier du Ministère s'éclaircit la gorge.

- Bienvenue à tous en ce jour de célébration, accueillit-il d'une voix étonnement fluette pour sa taille. Au nom du Ministère, je suis ici pour unir devant vous Lily Catherine Evans et James Fleamont Potter ici présents. C'est toujours un plaisir pour moi, et plus particulièrement en ces temps troublés, de célébrer l'amour et l'union magique de deux personnes dont les destins se rencontrent pour se lier ensemble. (Il se tourna successivement vers les deux époux). James, Lily... Je pense parler également au nom de toutes les personnes présentes en vous souhaitant du bonheur, de la joie, et de la force. Votre union doit être un rappel pour tous que la différence fait notre force, mais aussi que nos émotions nous unissent au-delà de tout. L'important se trouve en l'amour et vous l'illustrez parfaitement en ce jour.

Tout le monde sourit, l'air approbateur, même si James et Lily paraissaient à peine les avoir entendus tant ils étaient perdus dans leur monde. Pourtant, les mots lui parurent presque familier et il se rappela que le sorcier avait été recommandé par Dumbledore lui-même au moment de choisir un représentant ministériel qui n'aurait pas peur de marier une née-moldu et un sorcier sang-pur en ces « temps troublés ». Instinctivement, il chercha dans la foule, mais l'illustre directeur n'était pas là : il devait avoir tellement de choses à faire que ça ne l'étonna pas, même si personne ne pouvait vraiment prévoir les lubies de Dumbledore.

- Bien, j'invite maintenant les deux témoins à s'avancer s'il vous plait. Nous allons commencer la cérémonie des rubans.

Il se mit en mouvement avant même que le sorcier du Ministère ait fini de parler, soudain nerveux mais résolu à ne pas le montrer. Sur la pelouse, toute l'assemblée avait les yeux braqués sur eux. Avec nonchalance, il plongea la main dans sa poche et Lily lui fit un sourire, l'air de voir clair dans ce jeu. Il lui rendit un simple rictus.

En vérité, c'était la première fois qu'il assistait à un vrai mariage sorcier : il avait loupé celui d'Andromeda, réalisé en secret par crainte de représailles de la part des Black ; il n'avait évidemment pas été invité ni à celui de Bellatrix et celui de Cissy, et il avait été trop petit pour se souvenir de ceux de ses oncles, tantes ou cousins éloignés. Il savait simplement que la cérémonie des rubans était une tradition magique ancestrale et n'en connaissait que la théorie. Le représentant du Ministère désigna les mains jointes de Lily et James.

- Un ruban pour une valeur, déclama-t-il. Que chaque proche vous souhaite dans votre mariage en vous unissant aujourd'hui.

D'un geste de sa baguette, il invita Marlène à commencer. Elle enroula son ruban rouge soigneusement avec un sourire et le sorcier approuva avec la formule consacrée :

- Le rouge de la passion. Puissiez-vous le vivre éternellement.

- Ah ça, on n'en doute pas... marmonna-t-il.

James lui donna un coup de coude. Amusé, il succéda à Marlène et imita son geste avec son propre ruban jaune.

- La confiance ! proclama le sorcier. Puissiez-vous en savourer chaque moment.

Il leva à nouveau sa baguette. Comme après Marlène, un fil d'or en jaillit pour entrelacer la magie au ruban, et ils s'effacèrent tous les deux sur le côté tandis que les parents de Lily venaient prendre leur place et ajouter de nouveaux rubans. Le vert de la prospérité et le bleu de la sincérité. A leur suite se succédèrent Remus et Peter, puis Alexia et Dorcas avec le blanc de la paix, le noir du succès, le violet de la santé et l'argent de la sagesse. Chaque invité montait et descendait du podium, ensevelissant les mains de James et Lily sous des couches de ruban jusqu'à ce que sa montre ne soit presque plus visible au poignet de Lily. La dernière personne à clore le cérémonial fut Bathilda Tourdesac, la vieille voisine des Potter à Godric's Hollow avec un ruban couleur or symbole de la vitalité. James lui fit un clin d'œil lorsqu'elle redescendit à sa place.

Alors que le maître de cérémonie achevait les sorts complexes censés les lier pour le meilleur et pour le pire, Sirius osa finalement relever les yeux vers les invités. Il ne fut pas surpris de voir que plusieurs regards se faisaient humides et émerveillés face à cette magie si ancienne, peut-être la plus pure qui soit. Elle tourbillonnait autour de Lily et James, les enfermant ensemble – toujours ensemble, comme si c'était l'évidence de leur vie – et s'ancrait en eux pour les lier aussi sûrement que les rubans venaient de le faire.

Quand les étincelles de magie cessèrent enfin, le sorcier du Ministère rangea sa baguette et reprit la parole :

- Et maintenant, pour honorer toutes les traditions avec respect, je vous invite à échanger vos vœux et vos alliances.

Il y eut des murmures perplexes parmi la foule de sorciers, peu habitués à cette partie de la cérémonie – les alliances se remettaient généralement après le mariage dans l'intimité du couple, un peu comme les bagues de fiançailles – mais Sirius les ignora. Il tendit la petite boîte gardée précieusement dans sa poche à James et celui-ci souffla un « merci » à peine audible avant de se tourner vers Lily.

- Lily... je sais que c'est un peu tard pour demander, entonna-t-il avec sérieux, mais est-ce ça veut dire que tu veux bien sortir avec moi du coup ?

Ce fut plus fort que lui : Sirius éclata de rire, pris au dépourvu. Heureusement, Lily eut la même réaction, tout comme la moitié des invités et James se joignit à eux, l'air ravi de son effet.

- Pardon, je n'ai pas pu résister, fit-il sans paraître désolé du tout avant de reprendre contenance. Mais je suppose que c'est pour ça que je t'aime en un sens, Lily. Tu m'as fait me dépasser. Pour toi. Et même si personne ne le croyait, je savais que ce jour viendrait parce qu'il n'y avait aucun doute pour moi : tu es la femme de ma vie, Lily Evans. (Il marqua une pause, perturbé). Potter ? rectifia-t-il en fronçant les sourcils. Je peux déjà le dire ?

- Encore un peu de patience, lui glissa le représentant du Ministère.

Une nouvelle vague de rire secoua l'assemblée.

- Evans alors, obtempéra James. (Il replongea son regard dans celui de Lily). Vraiment, ça a été une évidence dès le début. Si j'avais dû convaincre le monde entier, toi y compris, alors je l'aurais fait. Je savais juste. C'était toi. Et aujourd'hui, je sais aussi que c'est une nouvelle vie qui commence pour nous et j'ai tellement hâte de la vivre à tes côtés. Lily, je te le promets, je resterai avec toi dans l'amour et la maladie, je supporterai tes pieds gelés tous les matins, je te soutiendrai, je te ferai des tartes au citron et s'il le faut... je serai le dernier des remparts entre toi et la mort car rien ne pourra t'enlever à moi tant que j'aurais encore mon mot à dire.

- James...

La voix étranglée de Lily se perdit dans la vide, mais Sirius l'entendit aussi clairement qu'à l'époque où elle criait ce même prénom avec un ton exaspéré. Il frissonna malgré le soleil. Ce que James promettait n'était pas hypothétique, ni même des mots dans le vent portés par un élan de sentiments un peu trop mièvres... C'était une réalité bien tangible et il connaissait James par cœur, mieux qu'il ne se connaissait lui-même. Il était bien assez buté pour faire face à la mort elle-même si ça signifiait protéger Lily.

- A vous, miss, indiqua le maître de cérémonie.

- Hum ? Oui, oui...

Emue, Lily prit une profonde inspiration et se lança à son tour :

- James... Evidemment que la réponse est oui, je veux de toi, sourit-elle avec bienveillance. Je veux même tout avec toi. Regarde-nous, mon Dieu, on est en train de se marier ! Donc oui, je veux construire notre vie, je veux me réveiller à tes côtés et manger des tartes au citron à tous les repas parce que ça sera la seule chose que tu sauras faire.

- Eh !

Evidemment, elle ignora son indignation et il vit Remus et Peter étouffer un rire sous cape depuis leur place.

- Pour tout dire, je crois que j'oublies tout le discours que j'avais préparé mais on s'en fiche, reprit Lily en secouant la tête. De toute façon, je n'ai jamais eu besoin de préparer quoique ce soit pour te parler, James. Ni pour te crier dessus quand je voulais faire baisser ton ego surdimensionné, ni pour te confier mes doutes et mes espoirs... Et c'est vrai que j'ai juste eu besoin d'un peu plus de temps que toi pour m'en rendre compte, mais ne doutes pas une seconde de combien de j'aime aujourd'hui. Je t'ai vu passer d'un gamin immature à l'homme devant moi, celui qui vient de me jurer d'être toujours là pour moi. (Elle resserra soudain sa prise autour des mains de son mari et continua, la gorge prise par l'émotion). Alors laisse-moi te rendre ta promesse, James. Je me battrai pour toi et pour nous tant que j'aurais encore des forces. Je t'aimerai dans cette vie et dans la prochaine parce qu'à la fin le dernier ennemi que nous vaincrons ensemble, c'est la mort.

- Lily...

Ce fut au tour de James d'être à court de mots et Sirius ne pouvait pas l'en blâmer. Soufflé par l'intensité des vœux de Lily, il resta figé comme le reste de l'assistance, le cœur comprimé. A l'image du discours de James, il savait que la guerre qui faisait rage et leur engagement pour l'Ordre flottaient au-dessus des mots de Lily et ça ne rendait leurs promesses l'un envers l'autre que plus concrètes et belles. Certains auraient pu dire qu'elles étaient teintées de noirceur, sans doute un peu trop morbides pour un mariage, mais Sirius trouva soudain que c'était tout le contraire. Lily et James se promettaient de tout donner au nom de leur amour et, en faisant cela, ils étaient sûrs que leur amour gagnerait à la fin, peu importe l'issue de cette guerre. Il y avait quelque chose de Dumbledore dans la croyance même et le cérémonial des rubans prenait encore plus son sens grâce à cette idée : il n'y avait pas plus ancienne, ni plus forte, ni plus pure que la magie de l'amour.

- Nous vous remercions pour ces vœux, dit gracieusement le sorcier du Ministère. Maintenant, je vous invite à échanger vos alliances et à sceller votre union par une ultime promesse. Monsieur James Fleamont Potter, acceptez-vous de prendre pour épouse Mademoiselle Lily Catherine Evans, ici présente ?

James glissa son alliance au doigt de Lily.

- Je le jure solennellement, accepta-t-il.

A nouveau, Sirius n'arriva pas à contenir son rire, trop heureux de la « subtile » référence tandis que Remus roulait des yeux et que Peter souriait à s'en décrocher la mâchoire. Le représentant du Ministère cilla, perplexe.

- Hum... un « oui » aurait suffi, mais ma foi... Mademoiselle Lily Catherine Evans, voulez-vous prendre pour époux légitime Monsieur James Fleamont Potter, ici présent ?

Lily glissa son alliance au doigt de James.

- Oui, j'accepte de sortir avec toi, Potter, répondit-elle en riant.

**

*

Très honnêtement, la suite fut un peu floue pour Sirius.

Apparemment, il avait perdu une sorte de pari – c'est ce qu'Alexia lui avait crié dans l'oreille dès qu'elle l'avait rejoint – mais il jurait que ses yeux s'étaient simplement embués pour un court instant. De toute manière, ça aurait été dur de voir quelque chose car l'équipe de Quidditch avait choisi ce moment pour déployer sa fameuse banderole, mais surtout pour lâcher une dizaine de vif d'or dans les airs avec des applaudissements euphoriques. James n'avait évidemment pas résisté à en attraper un au vol et l'avait montré à Lily, l'air fier de lui. Peu impressionnée, elle l'avait tout de même embrassé sur la joue en riant, bien loin de l'époque où elle l'aurait juste traité de crétin immature par réflexe.

Après cela, il était resté auprès de l'heureux couple un moment alors que tous les invités défilaient devant eux, désireux de leur adresser leurs mots de félicitations. Les phrases avaient commencé à se brouiller ensemble et il s'était donc décalé pour commencer à lancer la musique.

- Un coup de main avec ça ?

Il releva les yeux. Adrian Connelly avait visiblement terminé toutes ses surprises et se tenait devant lui, les mains dans les poches. Il sourit en reportant son attention sur le vieux gramophone magique, déterré de la Cabane Hurlante maintenant que Remus n'y passait plus ses pleines lunes.

- Non, c'est bon. Je m'y connais avec celui-là.

- A force de faire des fêtes dans la salle commune ? se moqua Adrian. Merlin, ça me manque presque je crois...

- Quoi ? De finir bourré avec James et moi à minuit sur les tables en chantant des chants de Quidditch ?

Adrian éclata de rire.

- Peut-être...

- Oh allez, cette année ça sera toi le capitaine. Tu feras les fêtes toi-même ! Et rends-nous fiers surtout, si j'apprends que Gryffondor n'organise plus les meilleurs fêtes du château, je reviens à Poudlard pour te donner un coup de batte, c'est clair ?

Même à ses oreilles, il sentit bien qu'il ne mettait pas tout son cœur dans ce petit discours, comme s'il récitait un texte appris par cœur, quelque chose qu'on attendait de lui. En prendre conscience le perturba. A quel moment le Quidditch et les fêtes et la rivalité entre maisons étaient devenus une préoccupation du passé, une préoccupation d'enfant ? Face aux missions de l'Ordre et aux combats contre les mangemorts, ça semblait juste soudain si futile, mais il savait qu'il n'avait pas le droit de le vocaliser. Après tout, ça resterait encore la réalité d'Adrian pour un an. Il ne voulait pas lui enlever.

- Ouais... En parlant de ça... fit celui-ci, l'air gêné. Hum... j'ai refusé. Le poste de capitaine, je veux dire.

- Quoi ?

Surpris, il se tourna vers lui alors que les premières notes de musique résonnaient dans le jardin.

- Mais Mary McDonald est partie, non ? T'es le joueur le plus ancien de l'équipe !

- Je sais... Elle voulait que je reprenne le poste. Elle m'a même fait jurer de faire mordre la poussière à Serpentard, elle a pas digéré la défaite de cette année... Ton frangin devrait se méfier s'il la croise un de ces quatre. Elle pourrait vouloir l'étouffer avec son vif d'or de la victoire.

Il se figea. Il n'avait même pas su qui avait gagné la Coupe de Quidditch cette année, mais visiblement Serpentard – et Regulus – s'était offert un sacre longtemps espéré maintenant que James n'était plus là. Dans sa poitrine, il ressentit le nœud familier qui le prenait à chaque mention de son frère et tenta de ne pas s'attarder sur la pointe de fierté enfouie au fond de lui qui s'éveilla en imaginant Regulus, lancé à pleine vitesse pour attraper le vif d'or et soulevé la Coupe sous l'œil noir de McGonagall et de Mary McDonald. Heureusement, Adrian regardait les couples en train d'envahir la piste de danse et ne remarqua rien, trop occupé à se justifier :

- Enfin bref, ouais j'ai refusé... Faut que je me concentre sur mes Aspics, ça serait trop galère sinon. Je veux essayer d'entrer à l'IRIS et disons que mes résultats en sortilèges... bon c'est pas encore ça...

- Je croyais qu'ils ne prenaient presque jamais juste après Poudlard ?

- Non, c'est rare, confirma Adrian. Mais je voudrais faire quelques formations en recherche magique au Ministère et candidater d'ici deux ou trois ans... Et les notes des Aspics compteront quand même.

Il hocha la tête. C'était donc à cela que ressemblait un projet d'orientation construit et réfléchi quand on ne se jetait pas tête la première dans une organisation secrète de résistance.

- C'est bien, approuva-t-il sans vraiment le penser. (La simple idée d'emprunter la même voie lui donnait de l'anxiété). Et du coup qui va récupérer le brassard de capitaine ? Olympe ?

- Non. McGonagall a décidé que ça serait Bones.

- Oh...

Pas un mauvais choix en soit. Il avait vu Matthew Bones entrer dans l'équipe quand il était en troisième année et lui en sixième année, ce qui faisait qu'il n'avait pu jouer que deux saisons ensemble, mais ça avait été la première recrue de James en tant que capitaine. Et s'il ne doutait pas de quelque chose, c'était de la vision de son meilleur amie concernant le Quidditch.

- Ca va être intéressant, jugea-t-il finalement.

Mais Adrian ne l'écoutait déjà plus. Il avait les yeux fixés sur James qui lui faisait signe de le rejoindre, Mary McDonald à ses côtés. Son ancienne camarade portait une robe rouge qui dévoilait ses jambes et il sut qu'il venait de perdre Adrian sans compromis.

- Hum... Bon bah à tout à l'heure, Black ! (Il commença à s'éloigner). Oh Capitaine, mon capitaine ! hurla-t-il à travers le jardin. Ça y est, t'as passé la corde autour du cou ?

Il n'entendit pas la réponse de James, noyée par la musique qui emplissait désormais tout le jardin. Il chassa la soudaine mélancolie qui l'avait saisi à l'instant, bien décidé à s'amuser, et attrapa une flûte de champagne. Il était temps de danser. Et oh Merlin, il remercia mentalement l'entraînement des frères Prewett pour lui avoir donné de l'endurance.

Il accorda sa première danse à la mariée du jour : « Je t'ai vu, Black, t'as pleuré, avoue-le » ; « Dans tes rêves, Evans ».

Il dansa la seconde avec Alexia, évidemment : « Je pensais que je serai la première » ; « T'es toujours la princesse de mon cœur, princesse, c'est juste que Lily est la reine de la journée ».

La troisième fut pour Dorcas qui ne lui laissa aucun choix : « Je n'ai pas appris à danser la valse pour rien, Black. Ramène-toi » ; « Et heureusement que c'est pas toi qu'on a envoyé en mission, c'est une catastrophe » ; « Tais-toi ».

Pour ne vexer aucune des filles, il s'inclina ensuite devant Marlène alors que le soleil commençait à décliner et elle glissa sa main dans la sienne en souriant : « Désolé, ça ne doit pas être aussi bien que la dernière fois que t'as dansé avec un Black, Reg a toujours été meilleur que moi, un vrai mélomane. » ; « Je m'en fiche, ce soir c'est avec toi que je veux danser ». « Ouais ? » « Ouais... On en avait besoin, je crois. D'un jour heureux comme ça. On a envie de se dire que si on se bat, on arrivera tous à être aussi heureux qu'eux, que ça vaudra la peine... ». Marlène, l'éternelle optimiste... Sous le ciel aux couleurs crépusculaires, il n'avait rien répondu.

Le reste de la soirée, il le passa au bras de Mrs Evans, d'Alice Londubat juste avant que son Auror de mari ne vienne la récupérer, et même McGonagall quand il mit une chanson écossaise rien que pour elle. Elle le complimenta même sur ses talents de danseur et il lui demanda de le noter par écrit sur un bulletin spécial mariage. Après quelques verres, il redansa avec Alexia et fit même une espèce de farandole avec Remus et Peter autour de James. Il avait à peine assez de souffle pour rire, mais qu'importe, rien n'aurait pu l'arrêter ce soir. C'était comme si le temps s'était suspendu, loin de la guerre, préservé de tout dans ce petit jardin de Carbonne-les-Mines.

- Mange un peu ou tu vas finir par faire ton discours ivre, lui ordonna Remus au moment de passer à table.

Il aurait pu protester si les étoiles ne s'étaient pas mises à tanguer un peu trop et accepta le conseil de bonne grâce. Il piocha même des pommes de terre dans l'assiette de Peter.

- Il va finir par te donner un coup de fourchette, le prévint Marlène, assise à côté de lui.

- Oh, ça ferait l'animation de la soirée, fit mine de s'extasier Dorcas.

Il lui fit un geste grossier de la main pour seule réponse. Remus lui attrapa la main pour la cacher sous la table.

- Les parents de Lily te regardent !

D'un même ensemble, ils se tournèrent vers les Evans dont l'attention était effectivement dirigée vers la table et éclatèrent de rire en chœur. Il crut entendre Remus marmonner « le tact » dans sa barbe alors que Marlène manqua de renverser son verre de vin, une main contre son front de désespoir et l'autre accrochée à la chaîne de son collier. Le pendentif était une petite montre à gousset en argent qui avait dû être cachée dans son décollette plus tôt dans la journée. Il s'apprêtait à lui dire qu'il la trouvait jolie lorsque Mr et Mrs Evans se levèrent soudain.

- Oh ! Ça va être les discours ! se réjouit Dorcas.

Effectivement, le couple avait tous les deux un papier à la main et se plaça en face de Lily et James, assis la table juste à côté. Il les voyait se tenir la main sous la table comme les deux romantiques irrécupérables qu'ils étaient.

- Bonsoir à tous. J'ai donc la lourde tâche d'ouvrir les discours. Très bien, allons-y, déclara Mr Evans avant de se râcler la gorge. Je tiens par commencer en disant que, contrairement à beaucoup de personnes présentes aujourd'hui, je savais que ce jour viendrait. En effet, j'ai pu parler à nombre d'entre vous au cours de la journée et ce qui est revenu avec le plus d'assiduité a été « mille gargouilles galopantes, James et Lily quand même ! ». J'avoue ne pas savoir ce que sont des gargouilles galopantes, veuillez m'en excuser, mais l'affirmation incrédule m'as surpris car comme je vous le disais, je savais.

Avec un sourire amusé, il fixa les mariés et Sirius manqua de s'esclaffer en voyant que James paraissait vouloir disparaître sous la table.

- Je n'ai aucun mérite à le savoir malheureusement, reprit Mr Evans, car si ma vision du couple qui se tient devant nous a été aussi claire, c'est grâce à James en personne. La première fois que nous nous sommes rencontrés lui et moi, il était avec ma fille et s'est en effet présenté comme « son futur mari ».

L'assemblée éclata de rire. Il vit James piquer un fard alors que Lily lui donnait un coup de coude, hilare.

- Je dois l'admettre, c'était ambitieux, mais regardez où ça l'a mené. Certains pourraient dire que c'en est même aspirant. (Mr Evans marqua une pause, un sourire amusé sur son visage bienveillant dont Lily avait hérité et reprit d'un ton plus solennel). En tout cas, il en fallait de l'aplomb à ce jeune homme de dix-sept ans pour faire une telle déclaration. De l'aplomb ou des sentiments forts. Et bien que je ne doute absolument pas de ces derniers, James, laisse-moi quand même avoir quelques mots à ton égard.

Son regard aux prunelles vertes se fixa sur son meilleur ami et celui-ci se redressa sur sa chaise, à l'écoute. Il entendit Remus rire sous cape près de lui.

- C'est ma fille que je te confie, James, asséna Mr Evans avec gravité. C'est ma petite fille et elle mérite tout ce que tu pourras lui donner. La réciproque est vraie bien sûr et c'est ce que qui fera la force de votre couple. Un quotidien, ça se construit à deux. Alors sois toujours à ses côtés, épaule-la quand elle en aura besoin, appuie-toi sur elle quand tu en ressentiras la nécessité... C'est un équilibre à trouver. Parfois, ça demande toute une vie. Mais c'est ce qui est fantastique, vous avez toute votre vie devant vous et rien ne pourrait être plus beau. Chérissez chaque moment. Vivez-les intensément. Et n'oublies pas une chose, tu veux bien ?

- Oui... ? fit James, presque sur la réserve quand Mr Evans laissa passer les secondes, en attente d'une réponse.

Cette fois, son regard s'était dévié vers sa fille lorsqu'il conclut :

- Je resterai toujours le premier homme de sa vie.

Sirius sourit, touché. Il vit littéralement l'émotion traverser le visage de Lily alors que James serrait sa main dans la sienne. Il échangea un nouveau coup d'œil avec Remus et Peter de part et d'autre de lui : ils avaient sûrement tous les trois le même air niais, mais ils s'en fichaient. Quand il releva les yeux, le micro avait changé de main et Mrs Evans le portait à sa bouche presque avec prudence. Elle tapota deux fois comme pour voir s'il fonctionnait bien, puis sa voix se diffusa à travers le jardin :

- A mon tour, c'est cela ? Parfait... Alors, je suis là aujourd'hui en tant que maman et c'est pour cela que j'ai décidé de faire un peu deux discours en un. Lily, ma chérie, tu m'excuseras, je vais commencer par ton mari... Ça fera une bonne transition avec celui de ton père.

- Tu gardes juste le meilleur pour la fin, ne t'inquiète pas, lança Lily en riant.

- Eh !

James laissa échapper une exclamation indignée qui fit à nouveau éclater de rire tous les invités. Quelque part dans le fond, quelqu'un cria à Lily « qu'elle pouvait faire mieux qu'un hérisson mal coiffé » et Sirius reconnut la voix de Gideon sans l'ombre d'un doute même en connaissant la phrase puisque c'était la même qu'il avait dit à Lily quand elle avait annoncé leurs fiançailles à l'Ordre.

- Renouvelle-toi, Prewett, se moqua-t-il à voix basse.

Remus lui donna raison en riant.

- Un peu de tenu, les amoureux, rappela à l'ordre Marguerite alors que le silence retombait petit à petit. Bien, James Potter donc... Ah j'en aurais des choses à te dire aussi, mais Chris a déjà dit l'essentiel et je sais que tu rendras notre Lily heureuse. Laisse-moi donc, si tu me l'autorises, parler au nom de ta maman, James... Je sais qu'elle n'est pas là ce soir et que je n'ai pas eu la chance de la connaître, mais je n'ai aucun doute sur ce qu'elle t'aurait dit. Je le sais parce que l'amour d'une mère pour son enfant est toujours spéciale et j'espère te faire entendre sa voix à travers la mienne, juste pour quelques instants...

Les rires s'étaient définitivement évanouis. Avec la sensation que ses entrailles se nouaient, il osa jeter un regard vers James et le découvrit les yeux soudain humides derrière ses lunettes. Les larmes de ce matin lui revinrent à l'esprit et il déglutit en imaginant le sourire d'Euphemia, celui avait toujours réussi à apaiser James, tandis que Mrs Evans continuait d'une voix douce.

- Elle serait fière de toi, James. Elle aurait pleuré en vous voyant prononcer vos vœux tous les deux ; elle t'aurait demandé une danse ; mais plus que tout elle t'aurait dit qu'elle t'aime. Evidemment, elle aurait eu aussi la gorge serrée en prenant conscience que son petit garçon est un homme, mais ne lui en veut pas... Pour une maman, le souvenir de la première fois où on tient notre enfant dans nos bras restera le moment de comparaison pour toute une vie. Donc n'en doutes pas, James. Euphemia aurait été fière de toi, tout comme ton papa, car malgré les épreuves que tu as subies cette année, tu as choisi l'amour. Et en faisant ce choix, tu honores tes parents. (Mrs Evans inclina la tête, presque avec reconnaissance). Ils ont en tout cas élevé un jeune homme formidable et je ne pourrais pas être plus rassurée de voir ma fille à ton bras.

- Merlin, s'étrangla Peter en reniflant à côté de lui. Elle va nous mettre Cornedrue à terre.

- Bah, elle l'a déjà pour moi... marmonna Remus.

Discrètement, ce dernier essuya le coin de ses yeux avec sa manche et Sirius tenta de ravaler la foutue boule dans sa gorge qui ne voulait pas passer. Il refusa de se tourner à nouveau vers James. Il savait que s'il voyait son expression, il allait se retrouver dans le même état et il avait encore son discours à faire, bon sang ! Résolu à garder son sang-froid, il se concentra sur le visage avenant de Mrs Evans dont le regard se posait maintenant sur sa fille.

- Lily, maintenant à toi ma chérie... Mon dieu, je ne sais même pas par quoi commencer. Je dois admettre que je pensais avoir plus de temps pour préparer ce discours. Dix-neuf ans, c'est sûrement très jeune pour prendre un tel engagement, mais l'amour a une temporalité qui lui est propre je suppose. Et comme je le disais à l'instant, tu as choisies l'amour au-delà de tout et c'est ce qui te rend si forte aujourd'hui. Alors ma chérie, je te souhaite une vie de bonheur. Vous vivrez des hauts et des bas ensemble, mais ça te fera grandir un peu plus chaque jour, ça t'apprendra tellement de choses sur toi-même aussi. Et n'oublies pas que je serai là à chaque étape de ton chemin pour te donner des conseils comme je l'ai fait depuis que tu es petite. Je t'aime, ma chérie.

A ce stade, il y avait peu d'yeux secs dans l'assistance et les conversations reprirent alors que Mr et Mrs Evans s'avançaient à la table des mariés pour les enlacer et discuter à voix basse. Remus se pencha vers lui.

- Ca va être ton grand moment. Prêt ?

- Rappelles-moi pourquoi c'est pas toi ou Peter qui le fait déjà ? répliqua-t-il, traversé par l'envie de rester à sa table à boire jusqu'à quatre heures du matin.

- Parce que c'est toi qui a parlé à James la première fois dans le train, rappela Peter avec fatalisme. Fallait mieux choisir ton compartiment, Patmol.

- Il a raison, tu pourrais faire le discours de témoin d'Evan Rosier à l'heure actuelle, renchérit Remus en riant.

Il avala la fin de son verre de vin d'une traite.

- Pitié, je préfère encore épouser McGonagall...

- Vraiment ? C'est parfait, elle est là-bas. Va faire ta demande, on détourne l'attention d'Alexia.

- Vous êtes vraiment des amis en carton...

En roulant des yeux, il se leva, son parchemin froissé où il avait griffonné son discours jusqu'au dernier moment ce matin dans sa poche. Peter et Remus lui donnèrent une tape dans le dos et leurs rires le suivirent alors qu'il prenaient la place des parents de Lily sur l'estrade. Immédiatement, l'attention générale se fixa sur lui. Il vit même de loin Gideon cacher un sourire amusé dans son verre, comme s'il s'attendait à du grand spectacle, tandis que McGonagall plissait les yeux, l'air de le défier de faire n'importe quoi tel l'élève turbulant qu'il avait un jour été.

Il pointa sa baguette sur sa gorge et commença en gardant son regard résolument fixé sur le fond du jardin.

- Très bien, à mon tour. On va tout de suite établir quelque chose : mon discours ne sera pas larmoyant. Je n'ai rien contre les vôtres, Mr et Mrs Evans, loin de là ; mais nous n'avons clairement pas vécu la même chose, déclara-t-il d'un ton dramatique. Qu'on se le dise : supporter Lily et James et assister à la naissance de leur couple n'a pas été une partie de plaisir, ni même une belle et grande histoire romantique. Pour vous prouver que je ne raconte pas n'importe quoi, je vais même m'appuyer sur des chiffres précis. (Il pointa la table qu'il venait de quitter du doigt). Remus, combien de fois James nous a parlé des « yeux émeraudes » de Lily en octobre 1978 ?

- Dix-sept fois ! répondit Remus haut et fort aussitôt.

- Peter, combien de fois Lily a traité James de crétin au second semestre de notre cinquième année ?

- Quinze fois !

Il baissa la main, satisfait, et retourna son attention vers les invités qui écoutaient en riant à moitié.

- Ais-je besoin d'en dire plus ? demanda-t-il avec évidence. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Mais heureusement, les chiffres nous disent quand même autre chose. La détermination de James Potter à trouver Lily Evans extraordinaire a toujours été supérieure à celle de Lily Evans à percevoir James Potter comme un imbécile. Si nous sommes là aujourd'hui, c'est grâce à cela. Et peut-être aussi un peu grâce à moi, ajouta-t-il après une seconde de réflexion. Je pense que Evans – oui désolé, Lily, je vais prendre du temps pour m'habituer – a craqué le jour de notre interview par un journaliste de la Gazette pour le Tournoi de Poudlard. Ma description de James a fait chavirer son cœur.

- C'est faux, j'avais envie de te tuer ! lança Lily.

Sa voix porta à travers le jardin et provoqua un éclat de rire général. Il ne se laissa pas déstabiliser. A sa table, James commençait à avoir l'air de regretter de l'avoir nommé témoin et se tourna vers Remus et Peter, mais ils ne firent que lui renvoyer un sourire que Sirius interpréta comme « prépare-toi, Cornedrue, on ne peut plus rien faire ».

- Raconte pas n'importe quoi, Evans. Tu as ouvert les yeux grâce à moi, c'est tout. Et regarde ! J'avais raison, non ? Si je me souviens bien de mes mots, j'avais dit que James était coiffé comme un hérisson – oui Prewett, j'ai fait toutes les vannes avant toi, désolé de te l'apprendre – qu'il pouvait louper Hagrid déguisé en Père Noël sans ses lunettes, qu'il était tyrannique au Quidditch et impossible à vivre le matin sans tarte au citron...

- Tu veux me faire divorcer le jour de mon mariage, Patmol ? le coupa James, indigné.

Il lui adressa un rictus d'excuse.

- Attends, laisse-moi arriver aux qualités, Evans était suspendue à mes lèvres. Bon, où j'en étais ? Ah oui ! (Il abandonna son parchemin en réalisant qu'il n'en avait même pas besoin). Malgré tout ça, James Potter est... mon meilleur ami, affirma-t-il, soudain presque sur la retenue. Nous nous sommes rencontrés dans un compartiment à bord d'un train et l'histoire aurait pu s'arrêter là, mais tout ceux qui connaissent James savent qu'il n'abandonne pas facilement. Et James ne m'a jamais abandonné. Pas une fois. Il m'a ouvert sa porte, il m'a montré une version de moi-même que je n'aurais jamais rêvé atteindre s'il n'avait pas été là, il m'a suivi dans les pires coups, dans toutes mes retenues et toutes mes nuits blanches à refaire le monde... En échange, je l'ai écouté parler de Lily Evans dix fois par jour, mais il nous prouve aujourd'hui qu'il avait raison d'y croire. C'est ce que James fait de toute façon. Il croit aux choses jusqu'à ce qu'elles se réalisent et il emporte tout le monde avec lui. Je dois dire que... le voyage a été mouvementé. Mais je ne reculerai pour rien au monde et si je devais tout refaire à ses côtés, je rentrerai dans ce même compartiment à onze ans, sans hésiter.

A ce stade, il marqua une pause, le souffle court. Une drôle d'émotion s'était logée dans sa poitrine et il se demanda d'où avaient pu venir tous ces mots. Il détestait parler de ce qu'il ressentait habituellement et voilà qu'il déclamait toute son amitié avec James sans filtre devant une cinquantaine d'invités, Gideon Prewett compris.

Il se sentit presque gêné un instant, mais la gêne lui parut moins importante que la propre émotion sur le visage de James à cet instant quand il croisa son regard. Remus et Peter, eux, le regardaient avec une fierté et un étonnement mêlés qu'il n'arriva pas à totalement interpréter et il aurait voulu qu'un des deux lance quelque chose : une blague, une anecdote, n'importe quoi. Heureusement, il put compter sur quelqu'un d'autre.

- Sirius, tu réalises que c'est moi qui épouse James, pas vrai ? fit Lily en riant. Pas toi ?

Le remarque provoqua un nouvel éclat de rire général et, la gorge serrée, il lui jeta un regard reconnaissant. Les invités se mirent à chuchoter entre eux, amusés, et il ne chercha pas à réclamer le silence avant que le bruit ne retombe de lui-même. Son intervention lui avait au moins permis de retrouver sa maîtrise de soi et il reprit, la voix légèrement prise par l'émotion mais stable malgré tout :

- Je ne t'oublies pas non plus, Evans. Potter. Lily. Peu importe. (Il balaya le nom de la main). Où est-ce que je peux commencer avec toi ? Merlin, pendant longtemps, je ne te supportai pas. Désolé, Mr et Mrs Evans. Vous avez une fille formidable, mais aussi butée qu'un hippogriffe.

- Elle tient de sa mère, se défendit immédiatement Mr Evans.

- Christopher ! protesta-t-elle.

Lily leva les yeux au ciel et il ne s'arrêta pas cette fois-ci.

- Mais bon, qui suis-je pour dire que quelqu'un est buté ? évalua-t-il. Remus dirait que c'est la charité qui se moque de Ste-Mangouste et c'est sûrement vrai. C'est aussi sûrement pour ça qu'on a fini par s'entendre toi et moi, Lily. Parce que malgré tout, tu étais celle qui essayait de nous faire garder les pieds sur terre, qui nous rappelait d'être un peu mature de temps en temps, mais qui n'hésitait pas non plus à nous protéger parfois. Oui, professeur McGonagall, je suis désolé de briser vos espoirs, mais Lily Evans n'a pas été une préfète exemplaire.

- Et je vous blâme entièrement, Black, rétorqua leur ancienne directrice de maison depuis le fond du jardin où elle était postée un peu en retrait.

Pris au dépourvu par la soudaine répartie, il cilla alors que Lily rougissait et il porta la main à sa poitrine, faussement blessé.

- Professeur, je vous rappelle qu'elle épouse James, ce qui fait que c'est plus sa faute que la mienne ! Allez, maintenant, laissez-moi aller au bout de ce discours, enchaîna-t-il en vitesse avant que James ne puisse protester. Tout ça pour dire que Lily Evans savait faire preuve de compassion pour notre blagues et mauvais coups et elle a su garder nos secrets... Et en faisant cela, elle m'a montré qu'elle était la fille parfaite pour James. Elle s'est intégrée dans notre groupe petit à petit, avec tout son calme et sa sagesse infinie, sans briser notre dynamique. A sa manière, elle a su devenir une Maraudeur et je ne peux pas te faire de plus beau compliment, Lily. Parce que tu es plus que la femme de mon meilleur ami, tu es mon amie à moi aussi. Une amie qui m'a soutenu, qui m'a fait rire dans les bons comme dans les pires moments et je ne pourrais pas être plus heureux pour vous deux.

L'émotion le reprit, implacable, mais il ne la repoussa pas cette fois-ci. Au contraire, il se plongea dans celle qu'il pouvait clairement lire dans le regard de Lily et James et leva son verre vers eux.

- A Lily et James, célébra-t-il. Pour leur volonté inflexible et leur optimiste absurde qu'ils étaient fait l'un pour l'autre. 

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Alors ? Verdict ? ^^ 

Disclamer : je remercie PtiteCitrouille qui m'a gentiment laissé lui piquer l'idée de la cérémonie des rubans pour le mariage sorcier. Cette idée n'est absolument pas de moi mais je l'avais trouvé géniale dans sa fanfiction Minerva McGonagall (n'hésitez pas à aller la lire) donc encore merci à elle de m'avoir laissé lui piquer honteusement haha ! Love you Clem ! 

J'ai adoré écrire ce chapitre. Il y a pas mal de discours (peut-être trop) mais ça me tenait à coeur de donner la parole à tout le monde en ce grand jour ! En tout cas, j'espère que vous avez aimé et on se retrouve samedi dans deux semaines. Mais avant de se quitter, petit teaser pour le prochain chapitre : 

Chapitre VI : Opérer dans les angles morts 

Le cœur prêt à exploser, il ressortit à l'air libre dans la ruelle et la porte en fer se fracassa à moitié contre le mur de brique dans un bruit assourdissant. Il prit une profonde inspiration. L'atmosphère nocturne du mois de septembre était encore moite, mais il se sentit revenir petit à petit.

Lorsqu'il se retourna, Ornella sortait à son tour.

- Putain, Lupin ! hurla-t-elle, furieuse. Qu'est-ce que tu viens de me faire ?

- Moi ? Moi qu'est-ce que je viens de faire ? Et toi ?! Tu sais qui c'est, cet homme ? 

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