Tome IV - Chapitre 4 : Faire honneur à la tradition

Hello ! Désolée, je n'ai pas pu poster ce matin, mais le chapitre est bien là ! J'avoue que mes deux dernières semaines ont été paradoxales : d'un côté, j'ai passé de supers vacances à Istanbul entre amis (je recommande en destination ^^) et de l'autre, j'ai malheureusement perdu mon chat, Bella... Elle avait seize ans, c'était ma petit bouille d'amour depuis qu'elle avait trois mois et vraiment ça fait un vide immense. Donc pas trop la tête à écrire, je n'ai pas avancé des masses, mais j'ai ce chapitre de prêt alors let's go ! 

Bonne lecture :) 

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Chapitre IV : Faire honneur à la tradition

- Alors ? C'est le grand jour ?

Plongée dans ses pensées, Lily sursauta vivement et porta une main à son cœur. Dans le miroir en face d'elle, elle avisa la tête brune passée dans l'embrasure de la porte.

- Sirius ! T'es pas censé être là ! s'indigna-t-elle en faisant volte-face.

Ses cheveux lui fouettèrent la joue et elle se demanda pour la énième fois comment elle allait les attacher avant que Sirius ne réponde, un sourire d'enfant terrible aux lèvres.

- Pourquoi ? C'est le marié qui ne doit pas voir sa future femme avant le mariage. Moi, je suis libre comme l'air. Et j'estime avoir le droit de venir voir la fille qui me pique mon meilleur ami.

- Je ne te pique rien du tout. Il fallait déclarer ta flamme à James plus tôt si tu voulais l'épouser. Tant pis pour toi.

Elle croisa les bras sur sa poitrine, pleine de défi, et Sirius s'esclaffa en poussant plus franchement la porte. Il ne portait pas encore son costume, mais elle supposait qu'il en était encore tôt. L'aurore pointait à peine par la fenêtre. Elle aurait dû encore dormir pour se préserver – sa mère le lui avait conseillé au moins trois fois – mais la nervosité l'avait réveillé dès les premières lueurs du soleil.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu dois t'occuper de ramener James... Oh Merlin, je savais que j'aurais dû demander à Remus...

- Ouch, merci pour la confiance. C'est moi, son témoin. C'est mon rôle.

- Et pourtant t'es là avec moi.

Il roula des yeux. Sans cérémonie, il s'invita un plus dans la pièce et se laissa tomber sur le lit avec désinvolture. La vision avec quelque chose de perturbant. Sirius Black, assis sur son lit d'enfant, dans sa chambre de petite fille à Carbonnes-les-Mines où elle avait passé la nuit.

- Calme-toi, Evans, fit-il, apaisant. Le mariage est dans plusieurs heures, je te ramènerai James pile à temps pour te déclarer son amour éternel. Tu as ma parole de Maraudeur.

Solennel, il leva la main à hauteur de son cœur, comme s'il prêtait serment, et elle s'autorisa légèrement à détendre ses épaules crispées.

- Désolée ? Je suis hystérique, c'est ça ? Maman m'a dit que j'allais la rendre folle hier... Et Pétunia n'est carrément pas revenue à la maison. Y'a même une part de moi qui me dit qu'elle ne viendra même pas...

- T'es la mariée du jour, Evans, t'as le droit d'être autant imbuvable que tu veux, on ne dira rien. Et Pétunia va venir, c'est promis. Si elle ne le fait pas, Dorcas et Alexia iront la chercher pour la traîner de force par les cheveux.

L'image lui parut tour à tour effrayante et distrayante dans un mélange confus. Elle se contenta d'une moue sceptique.

- Je ne préfère pas... Si elle ne veut pas venir, je ne la supplierai pas. Elle serait capable de me gâcher la fête.

- Et je ne laisserai pas ça arriver. Aujourd'hui, je veux te voir sourire non-stop, Evans, c'est clair ?

L'air menaçant, il pointa deux doigts vers ses yeux puis vers elle dans un geste de surveillance très sérieux et elle se surprit à sourire. Soudain heureuse de ne plus être seule en cette matinée si particulière, elle se leva, abandonnant ses bijoux et son maquillage qu'elle avait soigneusement aligné sur sa coiffeuse pour être bien prête tout à l'heure, puis rejoint Sirius sur son lit. Le matelas s'affaissa sur son poids et elle posa sa tête sur son épaule, le ventre noué.

- Sirius...

- Hum ?

- J'ai l'impression de prendre la meilleure décision de ma vie. Alors pourquoi j'ai peur ?

Elle le sentit prendre une profonde inspiration. Plusieurs secondes, il garda le silence et elle crut qu'il n'allait pas trouver de réponse, mais il finit par s'éclaircir la voix :

- Parce que vous vous jetez dans le vide ? Parce que si on n'était pas en guerre, peut-être que vous auriez pris plus de temps ? Parce que tu vas épouser James Potter que tu avais juré de détester toute ta vie ?

- Oh Merlin... C'est vrai. Je vais épouser James Potter.

Etourdie, elle porta une main à sa joue brûlante et Sirius rit sous cape.

- Tu ferais mieux de le réaliser, Evans. (Il marqua une pause, songeur). Mince, est-ce que je vais devoir t'appeler Potter dans quelques heures ? lâcha-t-il soudain.

- J'en ai peur.

- Lily Potter...

Le nom roula sur sa langue, étrange, et les sonorités la percutèrent tout entière. Elle cilla, luttant contre des larmes qu'elle n'avait même pas senti monter. Ça lui paraissait presque irréel. Son « moi » de cinquième année en serait tombée de sa chaise et lui aurait hurlé qu'elle avait perdu la tête si elle la voyait aujourd'hui, prête à s'unir à cet arrogant de Potter.

- Tu crois vraiment qu'on aurait pris plus notre temps ? demanda-t-elle brusquement. Si on n'était pas en guerre ? Tu penses qu'on aurait attendu pour se marier ?

- Oh... hum...

Sirius fronça les sourcils. Doucement, il inclina la tête vers elle et posa son menton contre le haut de son crâne. La sensation l'ancra au moment présent.

- Je ne sais pas... reconnut-il. Sans doute. C'est l'effet de la guerre, non ? Nous faire prendre conscience qu'on doit vivre vite, maintenant... Qu'on risque de trop perdre pour remettre à demain ?

C'était vrai. Elle le ressentait au quotidien, surtout après les drames et les épreuves. Après le coup de Ste-Mangouste, elle avait même passé une nuit entière, les yeux grands ouverts, à faire la liste de tout ce qu'elle n'avait pas pu faire. De tout ce qu'elle aurait voulu faire. Elle avait déjà ressentie cette sensation à Poudlard, juste après l'annonce de la mort de Gemma Ackerley. Même si la guerre avait déjà fait rage depuis quelques années, ça n'avait été qu'à à ce moment-là qu'elle avait réalisé qu'on pouvait être à l'aube de sa vie et mourir quand même.

Pourtant, le discours de Sirius lui laissa un goût amer. Elle ne voulait pas que son mariage soit un acte désespéré, un moyen vain de course contre la montre pour tromper une potentielle mort. Si elle épousait James, c'est parce qu'elle l'aimait. Parce qu'elle se sentait aimée. C'était la plus grande conviction de sa vie, surtout aujourd'hui.

Sirius dû sentir qu'elle s'était un peu crispée car il reprit, plus mesuré :

- Mais ça ne remet rien en cause, Evans. Au contraire. Si James t'a demandé en mariage, c'est parce qu'il est raide dingue de toi. C'est même embarrassant à la longue.

- Eh ! Fais attention, c'est de mon futur mari dont tu parles.

- Justement. Je suis là pour te rappeler qu'il risque d'être ridicule aujourd'hui. On parle de James. Qui épouse la femme de sa vie. Tu sais que ça va faire dans son cerveau ?

D'un geste explicite, il mima une explosion près de sa tête et Lily pouffa. Il sourit, l'air fier de lui.

- Ah voilà, un sourire ! Garde-le bien sur ton visage maintenant, je ne veux plus te voir l'enlever, ok ? Sinon, je serai obligé d'aller chercher une autre mariée pour James. C'est mon devoir en tant que témoin.

- Sirius, c'est toi qui est ridicule.

- Peut-être. Mais tu me garderas quand même une danse ?

Elle pressa son bras, une douce chaleur dans la poitrine.

- Evidemment. Tu passeras seulement après James, mon père et Remus. Mais promis.

- Hein ? Quoi ? s'insurgea-t-il. Après James et ton père, allez, j'accepte ; mais après Remus ?

- Désolée, il m'a demandé il y a une semaine. Fallait être plus prévoyant, Black. J'ai un carnet de bal rempli. Peut-être même que Maugrey m'accordera une danse.

Sirius écarquilla les yeux et fut parcouru d'un frisson. Elle se retint d'éclater de rire.

- Mille gorgones, t'imagines ? Il te fixerait avec son œil magique. L'horreur.

- Tu m'étonnes. Et James aurait tellement peur de lui qu'il n'oserait pas revenir me récupérer sur la piste de danse. Je serai condamnée à finir toute la soirée avec lui.

- Non, Evans. Je serai venu te sauver avant.

- Ah... mon chevalier servant.

Ensemble, ils laissèrent échapper un rire étouffé devant l'absurdité de la scène qu'ils venaient de créer en quelques secondes. Maugrey ne viendrait sans doute même pas. Elle lui avait glissé une invitation, comme à tous les membres de l'Ordre, autant par politesse que par bonne volonté. En un an, elle s'était sincèrement attachée à plusieurs des membres, même Maugrey et sa personnalité bourrue. Pas de là à danser avec lui à son mariage mais tout de même. Seulement, l'Ordre ne pouvait pas s'arrêter de tourner juste pour eux et il était plus que probable que tout le monde ne puisse pas venir. Maugrey et Fabian étaient passés hier soir pour renforcer les protections magiques autour de la maison de ses parents, mais ils étaient vite repartis ensuite, appelés par leur métier respectif. Un Auror et un Briseur de Sort de l'IRIS ne pouvaient pas se permettre du repos, pas en temps de guerre. Pour les autres, elle restait un peu dans le flou. Gideon avait promis de passer pour porter un toast et faire un tour au buffet. Les Londubat, Benjy et Emmeline devaient venir profiter du vin d'honneur après la cérémonie, simplement quelques heures, et même Edgar Bones, absent toute la journée, lui avait envoyé un bouquet de fleurs ensorcelé pour ne jamais faner la veille.

Même avec des absents, elle savait qu'elle allait être entourée de tous les gens qui comptait en ce jour. Et c'était le plus important.

- Bon, Sirius... souffla-t-elle, la gorge nouée. Tu vas me dire ce que tu fais vraiment là ?

Il fit mine de ne pas comprendre.

- J'ai besoin d'une raison ?

- Sirius.

- Oh Merlin, t'utilises ta voix de préfète, frissonna-t-il.

Elle roula des yeux. Patiente, elle le regarda jouer avec un bout d'ongle sur ses genoux, puis il finit par soupirer et plonger la main dans sa poche. Il ne la ressortit pas immédiatement et son corps lui cacha de toute façon ce qu'il tenait.

- Je voulais te donner quelque chose. On ne peut pas dire que je suis le gars le plus « tradition » au monde – je les envoie plutôt valser d'habitude – mais j'ai entendu dire que les moldus avaient une coutume pour leur mariage. Pour la mariée plutôt.

- Oh ?

- Il faut quelque chose d'ancien, quelque chose de neuf, quelque chose d'emprunté et quelque chose de bleu, non ? C'est ça ?

Prise au dépourvu, elle battit des cils. C'était la dernière chose à laquelle elle s'était attendue, même s'il avait techniquement suivi les cours d'Etude des Moldus, et elle se retrouva touchée qu'il se soit renseigné. Elle acquiesça doucement.

- Oui, c'est ça... J'ai hésité à respecter la tradition et puis les jours ont filé... Deux mois pour organiser un mariage, c'est horriblement court.

Mais comme Sirius l'avait dit, la guerre accélérait les choses. Il fallait vivre plus vite, plus fort, et ils avaient décidé de faire leur mariage à l'image de leurs fiançailles : spontané.

- Je me doute, convint-il. Heureusement, Evans, je suis là pour penser à ta place. Enfin, pour un quart de la tradition seulement, je ne suis qu'un homme, désolé.

- Evidemment...

Avec précaution, il sortit alors ce qui se trouvait dans sa poche. Un instant, elle ne vit que le reflet d'un pâle rayon de soleil sur du verre avant de se rendre compte qu'il tenait une montre au cadran ouvragé et au bracelet en cuir. Il lui fallut une seconde de plus pour comprendre pourquoi cette montre lui semblait aussi familière.

- C'est celle que James et ses parents m'ont offert pour mes dix-sept ans. C'est une autre tradition, sorcière cette fois-ci, mais je me disais que ça vous correspondait bien à tous les deux de rejoindre les deux traditions. Un peu sorcier et un peu moldu. (Il déglutit). Et puis... m'offrir cette montre, c'était une façon de me dire que je faisais vraiment partie de leur famille. Que même si je n'avais plus la mienne, j'en avais trouvé une autre... Ca me semblait important que tu saches que c'est un peu le cas pour toi aussi, même si Euphemia et Fleamont sont plus là...

- Oh Sirius... souffla-t-elle, émue.

Les larmes lui remontèrent d'un coup aux yeux et sa vue se brouilla alors qu'il lui prenait le poignet pour lui passer la montre. Une boule chauffée à blanc au creux de la gorge, elle se retint de toutes ses forces de ne pas se mettre à pleurer pour de bon : si elle commençait maintenant, elle n'était pas sûre de réussir à s'arrêter de toute la journée.

- Et voilà, déclara-t-il d'un ton solennel, t'es une membre honorifique de la famille Potter maintenant.

- J'en porterai le nom dans quelques heures... rappela-t-elle.

- D'accord, d'accord, un peu plus qu'honorifique. Mais tu as ton objet emprunté an moins. Elle s'appelle « revient » à la fin de la soirée par contre. Je ne te la laisse pas, surtout pas pour ta nuit de noce.

- Sirius !

A nouveau, il explosa de rire. Partagée entre l'émotion et l'indignation, elle lui donna une tape sur le bras, puis l'attira dans une brève étreinte.

- Merci, Black... T'es le meilleur témoin du monde.

- Attends mon discours avant de me dire ça, prévint-il, même si elle entendit parfaitement l'émotion dans sa voix à lui aussi.

- J'en ai fait des cauchemars toute la nuit.

- C'est vrai ?

Elle rit.

- Non, j'ai rêvé que Dumbledore me poursuivait avec une paire de ciseau pour couper ma robe en morceau. Mais ça aurait pu.

- Dumbledore qui... ? Merlin, t'es complètement tarée, Evans.

- Je sais... C'est pour ça que James m'épouse. (Elle le poussa légèrement du lit). Et d'ailleurs, allez. Va le retrouver. Il va avoir besoin de toi. Et ramène-le-moi à l'heure pour la cérémonie, sinon je vous gifle tous les deux. Et vous vous en souviendrez !

Aussitôt, il se remit sur ses pieds. Avec une parodie de salut militaire, il commença à s'éloigner vers la porte, et jeta par-dessus son épaule en guise d'au revoir :

- A tes ordres, Evans ! A tout à l'heure. Et essayes de ne pas rendre les filles complètement dingues !

**

*

- Par la barbe de Merlin, Lily, tu me rends dingue !

- Eh ! C'est toi qui est en train de me torturer, je te ferai dire !

- Non, j'essaye de te rendre présentable pour le jour le plus important de ta vie. Alors arrête de bouger, ces boutons sont déjà assez compliqués comme ça.

Le dos raide, Lily se tortilla encore un peu avant de se prendre une tape réprobatrice sur la hanche de la part de Dorcas. Elle soupira et s'immobilisa enfin. Dans son dos, son amie était en train de refermer sa robe en passant les boutons un à un dans les petites boucles élastiques des attaches et elle entendit Marlène et Alexia rirent sur le côté.

- Eh ! grommela Dorcas. Je vous entendais moins rire quand vous faisiez son chignon tout à l'heure.

- Elles m'enfonçaient trente épingles dans le crâne ! protesta-t-elle immédiatement.

- C'est vrai, mais tu nous remercieras quand James s'évanouira en te voyant. Merlin, Lily, t'es vraiment magnifique.

Au compliment d'Alexia, un sourire impossible à réprimer vint ourler ses lèvres. Sa nervosité ne s'était pas apaisée depuis ce matin et la visite de Sirius – loin de là – mais elle avait déjà l'impression de s'être vidé l'esprit : elle avait pris le petit déjeuner avec ses parents, émue de se dire que c'était un peu le dernier de sa vie de « jeune fille », elle avait accueilli ses amies et s'était fait bannir du jardin en voulant aider à l'installation des tables et des chaises pour la cérémonie. Il avait fallu que Dorcas la tire littéralement de force dans l'escalier pour qu'elle rejoigne à nouveau sa chambre.

- En parlant de James qui va s'évanouir, rebondit Alexia d'un ton amusé, on peut lancer les paris maintenant ? Allez ! Qui va pleurer en premier ? Marlène, Dorcas ou moi ?

- C'est même pas une question, se moqua Dorcas. Marlène a déjà les larmes aux yeux !

- N'importe quoi ! C'est à cause des fleurs... et du pollen...

- Bien sûr.

Lily gloussa. Sur sa coiffeuse qui ressemblait désormais à un champ de bataille gisait son bouquet, posé entre les flacons et la palette de fard à paupière. Il était composé de lys blancs en provenance du jardin juste en bas et elle en caressa un pétale du bout du doigt.

- Ne bouge pas, gronda Dorcas immédiatement.

- Pardon... Et pour parier moi aussi, je mets une noise sur mon père. C'est lui va pleurer en premier.

- Evidemment. Est-ce qu'il a essayé de te convaincre de t'enfuir la nuit dernière ?

- Plus ou moins. Il m'a dit que si j'avais des doutes, il serait là avec la voiture en deux minutes. Pour m'emmener à l'autre bout du pays ou écraser James, le doute est toujours permis.

En chœur, ses amis éclatèrent de rire. La vérité, c'est qu'elle avait surtout vu de l'inquiétude dans le regard de son père : l'inquiétude de ne plus vraiment savoir ce qui se passait dans sa vie depuis un an, l'inquiétude de laisser sa petite fille chérie se marier à seulement dix-ans neuf, mais cette inquiétude s'était accompagnée du plus beau des sentiments. Un soutien inconditionnel. Elle le savait. Quoiqu'elle fasse, son père serait toujours pour elle et sa bénédiction et son implication dans le mariage le lui avait prouvé. C'était lui qui avait proposé le jardin de leur maison lorsqu'elle était désespérée de ne trouver aucun lieu pour accueillir la cérémonie aussi vite. Un moment, ils avaient bien songé au manoir des Potter à Godric's Hollow, mais la vaste demeure rappelait trop ses parents à James et ils y avaient vite renoncé. De toute façon, elle avait été mise en vente en début d'été et il n'aurait pas pu se permettre de tout miser dessus.

- Et voilà ! Admirez le travail ! se félicita Dorcas. Je te préviens, je laisserai James t'enlever ta robe ce soir, c'est infernal les boutons à bride comme ça.

- Oh je ne penses pas que ça la dérangera, gloussa Alexia.

Les joues rouges, elle les ignora et se dirigea vers le miroir à pied près de son lit. Son souffle se coinça dans sa gorge une seconde. C'était une chose de s'imaginer en robe de mariée. C'en était une autre de se voir pour de vrai dedans. Comme si elle venait de réaliser un rêve de petite fille tout en se propulsant paradoxalement dans le monde des adultes. Elle allait se marier. La robe était là pour le prouver si les battements frénétiques de son cœur n'avaient pas été un indice suffisant.

Simple et sobre, mais élégante. Ça avait été sa volonté au moment de trouver sa robe de mariée. Elle n'avait pas voulu d'une tenue trop volumineuse ou encombrante, perturbée par la possibilité d'une attaque surprise de mangemort ou d'un soudain besoin de l'Ordre de tous ses membres. On ne pouvait jamais prévoir. Quand elle avait exposé ses arguments à James, il avait eu l'air dévasté pour elle et elle l'avait rassuré du mieux qu'elle avait pu. Elle n'avait pas besoin robe digne de la Reine. Elle allait avoir James, c'était bien suffisant. Sa seule exigence avait été de porter une robe blanche moldue pour revendiquer sa culture et il avait accepté sans même sourciller, ravi.

Aujourd'hui, la robe prenait vie sur son corps. La jupe était fluide, légère, d'un blanc cassé immaculé. De style empire, elle marquait sa taille et le bustier venait ajouter une touche sophistiquée avec quelques perles brodées sur le décolleté. Vu la chaleur, elle se félicita une fois de plus d'avoir choisi une robe sans manche, surtout que les bretelles étaient faites de dentelle qui se poursuivait dans le haut du dos. Elle admira chaque détail avec avidité, tournant sur elle-même pour contempler le chignon et son maquillage.

- Mon dieu, les filles... s'étrangla-t-elle. C'est incroyable.

- Ce n'est pas un travail de pro, relativisa Dorcas, mais tu ne voulais pas trop de maquillage, donc ça allait. Et tu es vraiment sublime ! Oh la la !

Son amie s'éventa le visage, papillonnant des cils, et elle rit avec joie.

- Dorcas, tu ne vas pas perdre le pari quand même ?

- Non, non... Ça ferait trop plaisir à Sirius de me voir arriver avec mon mascara sur mes joues. C'est bon, c'est bon, je me reprends.

Elle agita encore un peu sa main pour reprendre contenance, puis l'humidité dans ses yeux parut enfin se stabiliser. Lily ouvrit les bras.

- Oh ! Venez-là toutes les trois !

Ses amies ne se firent par prier. Dans un bruissement de tissus alors que leurs robes s'effleuraient, elles refermèrent leurs bras les unes autour des autres et Lily colla sa tête contre celle de Marlène, envahie par l'émotion. Elle avait partagé sa vie avec ces filles pendant plus de sept ans, elle s'était battue à leurs côtés... C'était inimaginable de ne pas les avoir auprès d'elle en ce jour.

- Oh mille gargouilles ! s'exclama soudain Alexia trop fort dans son oreille. On allait oublier ! Attend, on a quelque chose pour toi.

- Quoi ?

Mais Alexia se détachait déjà de leur étreinte pour foncer vers son sac à main. Un bras toujours passé autour des épaules de Marlène, elle ne put qu'attendre et voir Alexia revenir vers elle, une boîte dans la main. Sa bague de promesse que Sirius lui avait offerte refléta un rayon de soleil et manqua de l'aveugler une seconde.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Un témoin bien attentionné de ce mariage nous a dit qu'il te fallait un objet neuf ou ancien ou bleu. On a décidé de jouer notre rôle et de t'offrir le neuf et le bleu d'un coup, décréta Dorcas, tout sourire. Histoire de faire une formule, deux sortilèges.

- Oh...

- Vas-y, ouvre-la, Alex.

Comme si elle lui faisait une demande en mariage à sa façon, Alexia rit et mit un genou à terre pour lui présenter la boîte dont elle souleva le couvercle. Lily retint une exclamation. Dans l'écrin de velours se trouvait une paire de boucle d'oreille en argent sertie d'une pierre bleue.

- Mais vous êtes complètement folles...

- Clairement, l'Ordre ne nous paye pas assez pour ça, fit Alexia. Mais on s'est dit que si on s'y mettait à trois, ça serait notre cadeau de mariage pour toi.

- L'Ordre ne nous paye même pas du tout, glissa Dorcas en fronçant le nez.

- Tu t'en fiches, t'es riche toi.

- Seulement parce que mes parents me...

- Les filles, coupa Marlène.

Mais Lily les écoutait à peine. Devant le miroir, elle était en train de mettre les boucles d'oreilles sans faire tomber l'attache et ses amis se rassemblèrent derrière elle pour observer le résultat.

- Tu vois, c'est bleu et neuf, précisa Alexia, comme si ce n'était pas évident. Si j'avais pu, je t'aurais offert un Tardis et ça aurait coché les quatre cases d'un coup mais...

- Mais on ne veut pas réentendre tes références moldues que t'es la seule à comprendre...

- C'est faux, rit Lily. Je connais Doctor Who. Moins qu'Alex mais... Bref, on s'en fiche. Merci les filles, vraiment. Je les adore.

- Parfait ! admira Dorcas. On a bien fait de les choisir alors ! C'était soit ça, soit des potions de contraception pour ta nuit de noce. Elles sont bleues et tout juste préparées, ça aurait fonctionné pour le bleu et le neuf aussi en vrai !

- Dorcas !

Les éclats de rire noyèrent son indignation.

**

*

Toujours retranchée dans sa chambre, Lily entendait les éclats de rire qui commençaient à résonner en bas. De sa fenêtre, elle pouvait voir une partie du jardin et brava l'interdiction de sa mère de ne pas regarder pour y jeter un coup d'œil. Le jardin de ses parents n'était pas grand, tout comme ceux du quartier et de ses maisons ouvrières, mais les efforts de tout le monde avait payé : elle distingua les rangées de chaises, le buffet installé tant bien que mal, la haie de rosiers bien taillée et radieuse sous le soleil estival. Le grand cerisier qu'elle avait connu toute son enfance offrait un peu d'ombre. Pour un mariage organisé en deux mois, ils n'auraient pas pu mieux faire et elle plissa les yeux pour distinguer les visages, même à cet distance. Elle crut repérer Remus et Emmeline Vance en train de discuter, mais n'eut pas le temps d'observer davantage car la porte de sa chambre s'ouvrit derrière elle.

- Lily ! réprimanda immédiatement sa mère alors qu'elle faisait volte-face. Qu'est-ce qu'on avait dit ?

En quelques enjambées, Marguerite Evans traversa la pièce et vint la trainer loin de la fenêtre.

- Maman, rit-elle. C'est mon mariage ! J'ai le droit de regarder à quoi il ressemble !

- Tu auras tout le temps de le faire après la cérémonie. Je veux que cette journée soit spéciale pour toi, même si elle est particulière et qu'on n'a pas eu le temps de faire... traditionnellement on va dire.

Elle sentit son sourire se figer. En vérité, ses parents avaient fait preuve d'une compréhension incroyable au vue de la situation : il y a deux mois, elle avait débarqué chez eux pour leur annoncer ses fiançailles sans même une bague au doigt tellement la demande de James avait été spontanée après l'attentat des Archives de la Magie – il s'était rattrapé ensuite – et leur dire qu'elle voulait un mariage rapide. « Rapide, comme cet hiver ? » avait demandé sa mère. « Non, cet été. En août » avait-elle alors répondu. L'incrédulité s'était peinte sur le visage de ses deux parents. La conversation qui avait suivi avait été alors tout sauf agréable. Jusqu'à présent, elle avait évoqué seulement à demi-mots ce qui se passait chez les sorciers et surtout dans sa vie. Mais devant la perspective de son mariage prochain, elle s'était résolue à leur avouer la vérité. Ils le méritaient. Sans rentrer dans les détails les plus horribles, elle leur avait donc décrit la montée de Voldemort et ses mangemorts, mais surtout son implication dans l'Ordre du Phénix et le lien avec Dumbledore. Même pour eux, le nom de son ancien éminant directeur avait eu de la valeur tant elle en avait chanté les louanges pendant sa scolarité : la comparaison avec Churchill qui lui avait échappé avait clairement fait une forte impression sur son père. Encore aujourd'hui, elle revoyait leurs regards inquiets, leurs traits crispés... Et surtout leur sentiment d'impuissance en réalisant qu'ils ne pouvaient absolument rien faire pour la protéger.

D'une certaine façon, ce mariage était leur façon de lui offrir l'impossible : l'illusion que tout était normal, que tout allait bien, qu'elle n'était pas la cible privilégiée de sorciers qui niaient sa condition de sorcière. Si sa mère avait pu, elle savait qu'elle aurait voulu que la cérémonie se tienne à l'église, mais Lily avait refusé. Au-delà du délai bien trop court, elle se voyait mal l'imposer à James et à tous leurs amis sorciers. Ça n'aurait même pas eu de sens pour elle qui n'y avait plus mis les pieds depuis son entrée dans le monde de la magie et qui n'avait presque plus de souvenir du catéchisme imposé pendant l'enfance. Et surtout, elle avait peur de faire entrer les Maraudeurs dans une église, ça appelait à une catastrophe...

Malgré tout, elle avait compensé en respectant toutes les autres traditions, en acceptant la proposition de ses parents de prêter leur maison pour le grand jour et de tout organiser. Petit à petit, le mariage s'était dessiné à leur image : simple, intime, entre leurs deux cultures.

- C'est parfait, maman, rassura-t-elle avec émotion. Vraiment, encore merci... Vous avez rendu ça possible avec papa et... je ne sais pas ce qu'on aurait fait sans vous...

- Oh ma chérie. C'est normal, voyons. On sera toujours là, tu le sais n'est-ce pas ? Ce n'est pas parce que tu te maries que tu n'es plus notre petite fille.

- Je sais...

Sa mère sourit. Preuve des années qui passaient, son sourire creusait maintenant des petits sillons aux coins de ses yeux et de sa bouche, maquillés de rose et de mascara. Elle portait une robe fuchsia un peu voyante, mais qui ne faisait que faire ressortir sa vivacité et sa personnalité ensoleillée. Doucement, elle vint sa main dans la sienne et Lily s'y accrocha, la gorge soudain nouée.

- Je vais profiter qu'on soit seules toutes les deux parce que ça n'arrivera sûrement plus de la journée, entonna Marguerite. Ma chérie, je suis si fière de toi. Je veux que tu le saches et que ça te donne de la force quand les choses deviendront difficiles et je sais qu'elles le seront... Mais n'oublies pas, tu es plus forte que tous ceux qui voudraient te faire croire le contraire, d'accord ? Je ne connais pas bien ton monde, ni la magie, mais je connais ma fille. Alors, pour moi ça ne fait aucun doute. (Elle resserra sa prise autour de ses doigts). Donc n'en doutes pas non plus, hum ?

Incapable d'articuler le moindre son, Lily hocha la tête. Elle n'avait pas réalisé à quel point elle avait besoin d'entendre ça, à quel point la fatigue et les doutes s'étaient infiltrés en elle depuis des semaines... depuis le coup à Ste-Mangouste plus particulièrement.

- Bon allez, se reprit sa mère s'ébrouant. On ne va pas pleurer avant que ce mariage ne commence tout de même ! En plus, il va falloir que tu descendes dans quelques minutes...

- Oh mon dieu, James est arrivé ?

- Pile à l'heure. Sirius a été le chercher comme promis.

Silencieusement, elle remercia Merlin et tous les mages. Sirius avait tenu sa promesse.

- Génial... murmura-t-elle. J'arrive... Et maman ? Tu te rappelles ce qu'on a dit, pas vrai ?

- A quel sujet, ma chérie ? Sur les petits-fours au saumon ou sur le fait que ton père est prêt à t'exfiltrer en voiture si nécessaire ? Ne me dis pas que tu veux reculer maintenant !

- Mais non !

Presque amusée, elle roula des yeux et vit ceux de sa mère pétiller, signe qu'elle faisait exprès de la détendre un peu. Pourtant, l'amusement la quitta en une seconde lorsqu'elle reprit avec gravité :

- Au sujet de ce que vous devez faire, papa et toi... Si jamais, il se passe quelque chose...

- Lily...

- Je ne veux pas que ça arrive non plus et j'espère de tout mon cœur que ça ne sera pas le cas mais maman s'il te plait, supplia-t-elle avec urgence. J'ai besoin de savoir que vous serez en sécurité. Donc à la moindre agitation, vous trouvez Remus ou Peter et vous leur dites de vous faire transplaner. C'est clair ?

Sa mère avait perdu toute trace de légèreté à son tour et elle acquiesça silencieusement, un pli contrarié au coin de la bouche. Lily s'autorisa à souffler, rassurée.

- Parfait... Alors on va y aller. Tout le monde est arrivé ?

- Normalement, oui, ma chérie.

- Pétunia ?

Le nom de sa sœur flotta au-dessus d'elles, suspendu. Elle avait attendu le dernier moment pour demander, mais elle ne tenait plus de ne pas savoir. Pétunia était le point d'interrogation sur ce mariage depuis des semaines. Elle n'avait jamais donné de réponse claire sur sa présence ou non et Lily comprit en voyant le visage de sa mère s'effondrer.

- Oh... lâcha-t-elle d'une voix étranglée.

Avec la sensation de se prendre un coup, elle se détourna. Sa robe froissa contre le sol alors qu'elle se laissait tomber sur son lit le temps d'assimiler la nouvelle. Ça n'aurait pas dû la surprendre : depuis sa sortie de Poudlard, sa relation avec Pétunia s'était dégradée, mais elle avait cru naïvement qu'elles n'en étaient pas au point où l'une ne viendrait pas au mariage de l'autre. Elle se trompait visiblement...

Les larmes aux yeux, elle se traita d'idiote. C'était évident que leur dernière rencontre avait fermé la voie, elle aurait dû s'y attendre : le dîner au restaurant avait été désastreux. En mai dernier, peu après ses fiançailles, elle avait organisé la rencontre entre James et les Dursley. Sa sœur, tout juste mariée, avait accepté à contre cœur maintenant que Vernon était au courant de « leur condition » et elle s'était dit que ça apaiserait peut-être un peu les choses en nouant un nouveau lien autour de leur mariage proche. Elle n'aurait pas pu avoir plus tort. Pétunia, même si elle ne l'avait pas dit explicitement, avait eu l'air de croire qu'elle se mariait pour faire comme elle et lui voler la vedette ; tandis que James... Oh Merlin, James et Vernon avaient été une catastrophe.

Vernon avait essayé d'impressionner James avec sa voiture et celui-ci avait rétorqué en parlant de son balai de course. Vernon en avait déduit qu'il était au chômage. James avait répliqué qu'il subvenait à ses besoins grâce aux gallions amassés par ses parents mais évidemment, ignorant ce qu'étaient des gallions, Vernon s'était mis en colère. Ils avaient finalement tous été éjectés du restaurant et Lily se rappelait seulement avoir fondu en larmes lorsque les Dursley était repartis dans la fameuse voiture « rutilante » de Vernon.

- Oh ma chérie, ne sois pas triste... déplora Marguerite en venant s'assoir à ses côtés. Ça été compliqué pour Pétunia, ton mariage a été très soudain et elle a tant de choses à faire avec son emménagement à Privet Drive...

- Je sais bien mais... Je veux dire, déjà qu'elle ne m'avait même pas nommée demoiselle d'honneur à son mariage... et maintenant elle ne vient même pas au mien.

- Voyons, ce n'était pas contre toi. Elle a simplement voulu honorer ses amies, comme tu le fais avec les tiennes. Allez, ne pleure pas, penses à ton maquillage. En plus, regarde, elle m'a chargé de te donner une lettre... Elle a pensé à toi malgré tout. (D'une main manucurée, sa mère sortit une belle enveloppe parme de son sac à main qu'elle tenait au creux du coude). Je voulais te la donner à la fin de la soirée, mais si tu la veux maintenant...

Lily ne se laissa pas le temps d'hésiter. C'était sûrement une horrible idée et Dorcas allait la tuer de ruiner son maquillage si sa sœur lui avait réservé des mots piquants dont elle avait le secret, mais elle ne supporterait pas d'attendre toute la journée et de la finir sur une note amère. Autant s'y confronter tout de suite.

- Je vais prendre cinq minutes pour la lire, dit-elle d'un timbre chevrotant. Et je descends ensuite, c'est promis.

- Tu es sûre ?

Elle se contenta d'hocher la tête. Après une dernière caresse réconfortante le long de son bras, sa mère ressortit donc de la pièce et elle prit une inspiration tremblante. Sans se laisser le temps de reculer, elle fit céder le haut de l'envelopper pour en sortir un beau papier à lettre, bien loin de ses parchemins habituels.

Lily,

Je n'avais pas de chouette ou de drôle d'hibou sous la main pour t'envoyer cette lettre. Je charge donc simplement et ordinairement maman de te la remettre. J'espère que tu ne trouveras pas cela décevant.

Comme tu l'auras constaté, je ne peux pas me rendre aujourd'hui à la maison pour ton mariage. J'en suis désolée, mais le déménagement m'a pris tout mon temps et il reste énormément de choses à faire. De plus, notre présence à Vernon et moi m'aurait semblé hypocrite au vue du comportement que ton fiancé – ou mari – a eu la dernière fois. Nous n'avons aimé ni l'un ni l'autre être moqué de la sorte. Si c'est ce que les gens dans votre genre considèrent comme étant de l'humour, ou pire de la politesse en société, alors je pense que nous ne partageons pas les mêmes valeurs.

Cela étant dit, je te souhaite malgré tout un beau mariage. Il se tiendra simplement sans moi.

En souvenir de notre enfance – et avant que ce Potter t'influence visiblement sur une pente plus que suspecte – tu trouveras toutefois dans l'enveloppe mon cadeau pour toi. Je me suis dit que les traditions trouvent peut-être encore grâce à tes yeux et que s'il te fallait quelque chose d'ancien, autant que celui-ci porte le nom des Evans.

Je t'embrasse,

Pétunia Dursley

La signature, ronde et élégante, semblait la narguer en bas de page et Lily crispa ses doigts autour du papier. Le ton passif-agressif de sa sœur ne cachait plus rien de sa rancœur. Rien d'inattendu en somme, mais elle ressentit tout de même un pincement au cœur en retournant l'enveloppe, curieuse.

Une épingle à cheveu tomba alors dans la paume de sa main et elle la fixa, soufflée par la surprise. Elle en avait presque oublié l'existence. La qualifier d'épingle à cheveux était d'ailleurs sans doute un peu galvaudée : en réalité, il s'agissait plus d'une sorte d'épingle à nourrisse que Pétunia et elle avaient piqué dans la boîte à couture de leur mère, enfants. Elles y avaient accroché des perles, des bouts de rubans, et même des pendentifs pour former des charmes accrochés à la mince tige de fer. Elles s'étaient ensuite amusées à la porter à tour de rôle et à parader avec en se faisant des coiffures improbables en se prenant pour des princesses de conte de fée. Et s'il y avait un jour où Lily se sentait comme une princesse, c'était bien celui-ci...

Emue, elle caressa l'épingle, à peine oxydée par le temps. Pétunia avait dû en prendre soin et le constater la sidérait un peu plus. Sur un coup de tête, elle se releva pour venir se remettre devant le miroir, puis glissa l'épingle dans ses cheveux, à moitié dissimulée sous une mèche rousse. Quand elle fut sûre qu'elle tenait bien et ne risquait pas de tomber, elle l'effleura doucement, avant de poursuivre son geste vers ses boucles d'oreilles et la montre à son poignet.

Quelque chose d'ancien, quelque chose de neuf, quelque chose de bleu, quelque chose d'emprunté...

Elle était prête à aller se marier et à devenir Lily Potter. 

*****

Verdict ? ^^ 

J'ai bien aimé décrire ce chapitre, il me semblait important pour plein de raisons. On est à l'aube d'une grande étape pour les Maraudeurs et le Jily, on fait un pas de plus vers la fin mine de rien mais ça permettait de revoir l'amitié entre Lily et Sirius, Lily et les filles, et de refaire un point sur Lily et sa famille ! 

Allez, teaser pour la suite et on se retrouve dans deux semaines ^^ 

Chapitre V : Le dernier ennemi qui sera vaincu, c'est la mort 

   - Nœud papillon maîtrisé, costume repassé, cheveux décoiffés, chuchota-t-il en le détaillant de haut en bas. Tout à l'air en place.

- Sauf mon estomac... J'ai l'impression qu'il remonte et redescend, c'est infernal.

- Ça s'appelle le stress, Cornedrue. Et c'est bon signe. Tu dois stresser, tu vas te marier à Lily Evans ! 

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