Tome IV- Chapitre 19 : Reprendre son souffle
Hello ! Oh mais je suis désolée, j'ai complètement oublié de poster dimanche. C'est donc avec deux jours de retard que je vous poste ce chapitre et avec sept que je vous souhaite une bonne année. J'espère que vous allez vivre douze mois incroyables avec plein de réussite et de projets !
Petit point avant de commencer sur le concours de Noël : il y a eu assez peu de participants cette année donc dernière ligne droite si vous voulez participez, n'hésitez pas ! Vous avez jusqu'au 15 janvier et vous pouvez retrouver dans mon rantbook les éditions précédentes ;)
Et enfin, pour rafraîchir la mémoire : Sirius et Frank venaient de récupérer Nymphadora chez les Malefoy après la bataille des tunnels du métro de Londres où Alexia a fait une crise respiratoire auprès de Marlène. Regulus l'a aidé et ils se sont fait leurs adieux.
Bonne lecture !
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Chapitre XIX : Reprendre son souffle
Sirius réapparut dans les landes irlandaises presque immédiatement. Loin du faste de la demeure sang-pur qu'il venait de quitter, ce fut la façade en vieilles pierres du QG qui l'accueillit cette-fois ci et il s'autorisa à respirer un peu plus librement. La silhouette massive de Frank avançait déjà vers la porte devant lui.
En petites foulées, il le rattrapa pile au moment où il passait le seuil. Un concert de voix le percuta aussitôt.
- ... pas encore revenus ? Lily, comment ça ? Ils devraient être là !
- J'en sais rien, moi ! On n'a pas bougé d'ici, comme vous nous l'avez demandé. Et Merlin, James, tu saignes, il faut que je t'examine, viens là.
- Non ! Je dois aller retrouver Sirius, je dois...
- Ils sont là ! s'écria Dorcas. James, arrête, ils sont là !
Il pénétra dans la cuisine bondée à la suite de Frank, la fin de la phrase se noyant dans un cri aigu. L'atmosphère se tendit un instant avant de se relâcher à la vue de Nymphadora, toujours endormie dans les bras de Frank.
- Ils sont là, répéta Dorcas, le soulagement palpable dans sa voix.
Sa cheville nouvellement guérie semblait avoir pris un coup car elle avait surélevé sa jambe et la retenait avec une grimace de douleur et Fabian était en train de découper en bandage derrière elle. James, quant à lui, tentait de se lever malgré une plaie saignante au niveau de sa tempe, et s'arrêta net en les voyant. Un sourire fatigué s'étira sur son visage.
- Sirius... T'es vivant, bordel ! lança-t-il d'un ton mi-blagueur, mi-soulagé, alors qu'il se laissait retomber sur sa chaise sous l'insistance de Lily.
- Ouais, toujours vivant. Et toi ? On dirait que t'as pris cher.
Prudent, il avança vers lui. Le sang coulait encore, mais ce n'était pas le plus préoccupant. Il avait l'air prêt à s'évanouir d'une seconde à l'autre. Lily, déjà penchée sur James, lança un sort de guérison avec une efficacité calculée, bien qu'un peu brusque.
- Je m'en occupe, Sirius, rassura-t-elle. Frank, pose Nymphadora ici.
Elle désigna une fauteuil apporté du salon que Remus s'empressa d'approcher. Sirius lui jeta un coup d'œil rapide. A part les traits tirés, il ne semblait pas être blessé et déchargea Frank en déposant la petite Nymphadora avec douceur. Alice, restée en retrait jusque-là, se jeta sur son mari.
- Merlin, tu vas bien ? Elle était bien au manoir Malefoy ?
- Tout va bien, ma chérie, promit-il en l'enlaçant brièvement. Et oui, elle y était bien. L'indic de Sirius nous avait donné une bonne information. On a réussi à la récupérer sans encombre. Je pense qu'elle n'a rien subi, elle a l'air d'aller plutôt bien, mais Lily tu devrais peut-être...
- Je vais l'examiner, oui. Je termine juste avec James.
- Non, moi ça va, tu peux...
Sirius le coupa, incrédule.
- Cornedrue, t'as la tête à moitié coupée en deux, exagéra-t-il. Déjà que t'as pas beaucoup de cerveau, si on laisse le peu qu'il te reste s'échapper...
- Eh !
Son meilleur ami lui adressa un signe grossier de la main qu'il ignora pour se tourner vers Remus.
- Qu'est-ce qui s'est passé de votre côté ? voulut-il savoir.
Mais ce fut Fabian qui lui répondit :
- On a eu du mal, mais on a réussi, expliqua-t-il en commençant à enrouler le bandage autour de la jambe de Dorcas. Après votre départ, on a attendu pour vous laisser du temps en continuant à tenir nos positions le mieux possible et on a fini par transplaner après tous ensemble comme prévu. Mais pas sans emporter quelque chose avec nous...
- Quoi ?
Le sourire de Fabian se tordit, un éclat satisfait dans les yeux.
- On en a eu un, Black. Enfin. Je te déconseille de descendre au sous-sol, il est évanoui pour le moment, mais faudra l'interroger ensuite et Maugrey voudra être là.
Pendant un instant, il eut du mal à comprendre. Evanoui ? Sous-sol ? Interroger ? Les mots se mêlèrent et s'entrechoquèrent jusqu'à dessiner un semblant de sens et il écarquilla les yeux, déstabilisé.
- Vous avez capturé un mangemort ? s'exclama-t-il. Qui ?
- Evan Rosier, lança James d'une voix étonnement grave. Fabian a raison. Pas trop tôt.
Sirius cilla. Sa première émotion fut le soulagement, impossible à réprimer. Il avait cru l'espace d'un battement de cœur que le prénom de Regulus allait surgir, mais non... Rosier. Il ne s'agissait que de Rosier, cet idiot prétentieux qui s'était attaqué à bien plus grand que des étudiants effrayés dans les rues de Pré-au-Lard cette fois-ci et qui allait en payer les conséquences. Il lut dans les yeux de James le même sentiment de triomphe vengeur à cette idée et leur échange ne fut brisé que lorsque Lily obligea son mari à tourner la tête vers elle pour nettoyer sa plaie.
- Ouais, pas trop tôt, approuva Fabian avant de poursuivre son récit. Evidemment, ça a rendu Bellatrix furieuse. Elle n'a pas supporté de nous voir disparaître en plein combat avec Rosier en prime. Je crois qu'elle en a brisé un mur entier par rage
- Mais pour une fois, il ne m'est pas retombé dessus, se réjouit Dorcas. Je me suis juste tordu la cheville en voulant transplaner trop vite.
Il éclata de rire, amusé. Il aurait aimé être là pour voir le spectacle. La réponse pleine de dérision de Dorcas permit en tout cas à l'atmosphère de se détendre un peu plus et Lily se détourna de James pour examiner Nymphadora, l'air soulagée de la voir en sécurité mais surtout de les revoir tous revenir en un seul morceau après avoir été forcée de rester en arrière. Il réalisa seulement brusquement qu'il n'était pourtant pas tous au complet.
Son euphorie chuta brutalement.
- Peter ? demanda-t-il en regardant autour de lui. Où il est ?
Le peu de bonne humeur qui venait d'être gagné s'assombrit aussitôt. Cette fois, Remus répondit en premier.
- Il a été blessé pendant l'attaque. Rien de trop sérieux, mais il a pris un sale coup avant qu'on puisse tous transplaner en voulant se cacher de Bellatrix qui le poursuivait. Gideon l'a emmené à Ste-Mangouste, ils y sont encore. Juste pour surveiller.
- Oh...
- On ira le voir demain, proposa James, qui tentait visiblement de réparer ses lunettes sans grand succès. Il va s'en sortir, il est costaud quand il veut.
- Ouais..., murmura Sirius, un peu distrait.
Il sentait bien qu'on ne lui disait pas tout et le nœud dans son ventre se resserra brusquement. Si Gideon avait emmené Peter à l'hôpital, il n'en restait pas moins qu'il manquait encore deux personnes...
- Et Marlène et Alexia... ?
Le silence, cette fois-ci, se fit bien plus lourd. Dorcas baissa les yeux, évitant de répondre, tandis que Lily échangeait un regard inquiet avec James. Ce fut finalement Alice qui prit la parole, sa voix ferme mais inquiète, comme si elle se glissait à nouveau dans le rôle de l'Auror chargée d'annoncer des mauvaises nouvelles.
- Elles n'ont pas transplané. En tout cas, ni moi ni Lily ne les avons vu revenir au QG comme prévu. Quand Peter est arrivé, il n'a pas eu le temps de s'étendre, il devait vraiment partir vite à Ste-Mangouste... mais il a dit qu'ils avaient été séparés tous les trois, qu'elles avaient pris un tunnel différent.
- Quoi ? Un tunnel différent ? répéta-t-il alors que son rythme cardiaque repartait de plus belle. Vous vous foutez de moi ?
- Sirius...
- Avant que tu t'emportes, Black, non on ne pouvait pas repartir les chercher, intervint Fabian avec autorité. Ça aurait été trop dangereux avec les mangemorts dans chaque recoin. Le plan, c'était de revenir ici et de voir si Nymphadora avait été récupérée. C'était le but de la mission, on a suivi les directives pour éviter un massacre.
- En laissant Marlène et Alex derrière ?
Coupante, sa voix résonna en écho dans la cuisine, mais il n'arriva pas à s'en soucier. Franchement, il aurait même été prêt à mettre son poing dans la figure de Fabian, juste pour se défouler. Il ressemblait assez à Gideon pour que ça soit au moins doublement satisfaisant. Malheureusement, Remus s'interposa et se glissa entre eux de manière à occuper tout son champ de vision.
- Ok, on se calme. Nymphadora est là, elle va bien. Mission accomplie. Ça veut dire que nous, maintenant, on peut retourner chercher les filles. Je viens avec toi, proposa-t-il, on part tout de suite.
- Eh, moi aussi je viens avec...
- Non, James ! le retint Lily en le forçant à se rassoir. Toi, tu restes avec moi cette fois. Tes blessures ont besoin de temps pour guérir.
- Mais...
- Potter.
Le ton de Lily, tout comme ce « Potter » exaspéré, revenait de loin. Il ne l'avait plus entendu depuis la septième année et James sembla comprendre que sa femme était sérieuse car il arrêta soudain de vouloir se lever, refermant la bouche brusquement. L'impatience le reprit aussitôt.
- Bon, on y va ? Elles ont peut-être des problèmes...
- Je vous accompagne, décida Frank. (Il pressa Alice contre lui une seconde avant de remettre sa cape). On a formé une bonne équipe ce soir, pas vrai, Black ? Autant continuer.
Il ne pouvait pas protester. Ça le rassura même de se dire que l'Auror venait avec eux. Frank avait une personnalité calme, toujours égale, et il venait de lui prouver son efficacité redoutable face à Narcissa.
Sirius hocha donc la tête sans un mot, déjà concentré sur la prochaine étape. Le chaos qui s'était installé dans son esprit ne disparaissait pas, mais au moins, il pouvait canaliser son énergie vers une action claire : retrouver Marlène et Alexia. Remus, toujours à ses côtés, lui jeta un regard encourageant, et ensemble, ils se dirigèrent vers la porte. Frank les suivit, refermant sa cape d'un geste rapide, prêt à repartir au combat.
- Faites attention quand même, leur lança Alice d'une voix étouffée alors que la porte se refermait derrière eux. Revenez tous en un seul morceau.
Là encore, il ne répondit pas. Ce n'était pas pour lui qu'il s'inquiétait... Un mauvais pressentiment lui écrasait toujours la poitrine et il ne perdit pas le temps pour transplaner dès qu'il passa les barrières de sécurité du QG. En une seconde, il fut de retour à Londres, près de la station de Down Street. Les lampadaires jetaient une lumière crue sur les pavés, contrastant avec les décorations de Noël aux couleurs chaudes pendues un peu partout. La neige s'était remise à tomber.
Il respira profondément. Ses pensées tournaient à une vitesse vertigineuse, mais il ne laissa rien transparaître. Son regard balaya les environs, cherchant un indice, une trace. Où étaient-elles parties ? Avaient-elles pu même quitter les tunnels si elles n'avaient pas pu transplaner ?
- On commence par où ? interrogea Remus, faisant écho à ses questions intérieures. Autour des sorties ou directement sous terre ?
- Difficile à dire... fit Frank. Normalement, tous les mangemorts sont partis, mais restons prudents. On ne sait jamais si certains décidaient de revenir. Venez, on va aller voir par-là.
Avec autorité, il prit la tête. Remus lui donna un coup de coude pour suivre et il leur emboîta la pas, incertain. L'idée de tourner en rond lui donnait la nausée, il avait envie de crier le nom de Marlène et d'Alexia pour obtenir une réponse, mais Frank avait raison. Le danger pouvait toujours être en embuscade.
Les pieds gelés, ils firent donc le tour du bâtiment, alerte. Au loin, des voix leur parvenaient et les cloches d'une église se mirent à sonner. La messe de minuit devait venir de se terminer. C'était étrange de se dire que la vie continuait ce soir, que des gens faisaient la fête, passaient du temps en famille... Il avait l'impression que Noël était juste un vague souvenir cette année, quelque chose de faux, presque irréel.
- Eh... Vous entendez ? les stoppa soudain Remus.
Frank et lui se tournèrent vers lui. La tête penchée sur le côté, Remus semblait écouter quelque chose. L'espoir le traversa d'un coup : la pleine lune venait juste de passer et il savait que les sens de Remus étaient toujours plus développés juste avant et juste après ses transformations.
- Lupin... ? fit Frank, tendu.
- Si, c'est bon. Par ici !
Ils se mirent à courir à la suite de Remus, leurs pas étouffés sur les pavés enneigés. Le souffle court, il sentit son cœur battre à tout rompre, chaque seconde s'étirant douloureusement alors qu'ils faisaient le tour de la vieille station de métro.
Brusquement, Remus s'arrêta devant une ruelle, si étroite qu'il l'aurait à peine remarqué autrement. Il faillit lui rentrer dedans tant l'arrêt fut brusque. Frank, juste derrière eux, balaya la zone du regard, la baguette déjà levée, prêt à réagir au moindre mouvement.
- C'est là... souffla Remus.
- Lumos.
La ruelle s'éclaira. Et c'est alors qu'il les vit toutes les deux. Marlène était agenouillée sur le sol près d'une trappe qui ressemblait à une bouche d'égout ou à une sortie de secours, tenant désespérément Alexia contre elle. Il se précipita vers elles.
- Oh Merlin, merci. Alexia fait une crise ! hurla Marlène avant même qu'il ne soit à leur hauteur. Elle ne peut plus respirer... il faut de l'aide, maintenant !
La gorge comprimée par la panique, il se laissa tomber à terre aux côtés d'Alexia. Cette dernière, pâle, respirait avec difficulté, chaque inspiration sifflante et douloureuse.
- Alex... murmura-t-il, horrifié.
- Et bah... T'as pris ton temps...
Elle réussit à lui faire un maigre sourire malgré la douleur et il lui attrapa la main au moment où Frank et Remus les rejoignaient enfin.
- Elle arrête pas de s'évanouir et de revenir à elle, expliqua Marlène, les joues mouillées de larmes. Mais je ne peux pas la déplacer ni transplaner, la crise est trop installée, ça risque d'arrêter le cœur. Je ne sais pas quoi faire !
- Oh Merlin...
Pour un peu, il eut l'impression d'être projeté deux ans en arrière à Pré-au-Lard quand il avait dû la porter à l'infirmerie à bout de bras. A côté de lui, Marlène tremblait, visiblement à bout de forces et il serra la main glacée d'Alexia un peu plus fort, cherchant désespérément une solution. Ses pensées se bousculèrent.
- Il faut agir vite, analysa Frank d'une voix tendue en s'accroupissant à côté d'Alexia. Je connais quelques sorts de guérison, mais ça ne suffira pas. Elle doit aller à Ste-Mangouste, et Marlène a raison, transplaner dans cet état serait trop risqué.
- Alors quoi ? On reste là à la regarder souffrir ? s'emporta-t-il, la voix déraillante. Il doit bien y avoir un autre moyen !
Derrière lui, Remus lui posa une main sur l'épaule pour le calmer. Il s'apprêtait à l'envoyer balader aussi, mais il sortit sa baguette et la pointa le ciel. Aussitôt, un loup argenté, majestueux, s'élança dans la nuit et brilla d'une lumière vive.
- J'ai envoyé un message à Ste-Mangouste, expliqua-t-il en captant son regard interrogateur. Ils enverront des guérisseurs dès qu'ils le recevront. On aura qu'à dire qu'on fêtait Noël ensemble et qu'elle a eu une crise alors qu'on faisait une balade...
- Bonne idée, approuva Frank. Mais ça ne sera pas crédible que je sois avec vous si on dit ça. Je vais aller un peu plus loin, j'assure vos arrières si des mangemorts sont encore dans les parages et je vous rejoindrai plus tard à Ste-Mangoustes, d'accord ?
Sirius l'entendit à peine, mais la mention des mangemorts le sortit de sa torpeur.
- Qu'ils essayent... Ils ne nous toucheront pas, pas cette fois, jura-t-il. Je jure que je les descends s'ils approchent.
Sa menace jeta un froid supplémentaire sur le groupe. Derrière lui, il fut persuadé que Remus et Frank échangèrent un long regard, mais il les ignora pour se rapprocher de Marlène.
- Passe la moi, demanda-t-il. Lunard, donne-lui ta cape, elle est frigorifiée.
Devant son ton qui ne soufflait aucune réplique, aucun des deux ne chercha à protester. Marlène se décala pour le laisser prendre sa place et il se cala derrière Alexia pour la faire reposer sur ses genoux, son dos calé contre son torse. Il déposa un baiser sur le haut de ses cheveux alors que Remus la recouvrait de sa cape.
- Allez, tiens bon, princesse... ça va aller...
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Rien n'allait. En tout cas, c'était la sensation que Dorcas n'arrivait pas à chasser et le fait qu'elle soit présentement en train de remonter un couloir de Ste-Mangouste lui donnait sûrement raison par autorité. Merlin, ce qu'elle détestait cet endroit. Elle n'avait pas été présente lors de l'attaque de mangemorts en début d'année, mais il y avait toujours une atmosphère lourde qui flottait dans les couloirs blancs. Une odeur d'herbe médicinale et de maladie imprégnait aussi le lieu, presque à lui en donner la nausée.
Elle accéléra le pas jusqu'à arriver devant la chambre d'Alexia, les dents serrées. Sa cheville la faisait encore souffrir, surtout quand elle s'appuyait dessus, mais elle devait certainement être reconnaissante d'avoir encore ses deux jambes et elle poussa la porte sans s'attarder sur sa douleur.
Etrangement, son regard ne fut pas attiré en premier sur le lit au centre de la pièce. Elle repéra plutôt Sirius, assis au chevet d'Alexia, les traits tirés par la fatigue et l'inquiétude. Il ne l'avait pas encore remarquée, son attention entièrement focalisée sur le visage d'Alexia, pâle et immobile. La silhouette frêle de cette dernière semblait presque se fondre dans les draps blancs de l'hôpital, et les lueurs de sorts médicaux qui l'entouraient donnait à la scène une froideur mécanique qui lui serra la gorge.
Sans geste brusque, elle referma le battant dans son dos, mais le bruit dû malgré tout alerter Sirius car il sembla sortir de sa transe et tourna la tête vers elle.
- Eh, l'unijambiste... l'accueillit-il d'une voix qui manquait pathétiquement de mordant.
Elle roula des yeux. Puis, elle mit un point d'honneur à ne pas boîter en traversant la chambre et lui adressa peut-être même un geste grossier au passage, mais Lily n'était pas là pour la réprimander. Du bout du pied, Sirius fit pivoter la seconde chaise près de lui dans sa direction : elle s'y laissa tomber avec soulagement.
- Comment elle va ? demanda-t-elle d'une voix à peine audible.
C'était sans doute idiot, mais elle avait l'impression de déranger dans l'ambiance feutrée de la chambre. Sirius mit quelques secondes à répondre.
- Elle est stable. Les guérimages disent qu'elle a été prise en charge pile à temps. Encore quelques minutes et le cœur aurait vraiment pu lâcher. Son corps n'est plus habitué à une crise aussi forte.
- Oh Merlin... Ça veut dire que...
- Oui, confirma-t-il, la mâchoire contractée. Si on n'était pas retourné la chercher, elle serait morte.
Dorcas sentit son estomac dévaler à ses pieds. Morte. Elle arrivait à peine à l'imaginer – à vraiment comprendre la finalité d'une telle conséquence – mais une vague de culpabilité la submergea quand même.
- Sirius...
- Si c'est pour t'excuser, je ne suis vraiment pas d'humeur.
- Mais...
Elle cilla, la gorge soudain brûlante. Elle pivota un peu plus son corps vers lui, juste histoire de ne plus avoir Alexia dans son champ de vision direct.
- Sois pas injuste... s'étrangla-t-elle. Je suis désolée, d'accord ? Personne ne voulait les laisser derrière avec Marlène, mais on a suivi ton plan. On a attendu dix minutes après que tu sois parti avec Frank et ensuite on a transplané pour prendre les mangemorts de court. On a même été plus loin en capturant Rosier.
- On s'en tape de Rosier ! Vous auriez dû y retourner à la seconde où vous vous êtes aperçus qu'elles n'étaient pas au QG !
- On s'en tape de Rosier ? Tu déconnes, ça fait des mois qu'on cherche à pouvoir interroger un mangemort et on avait enfin une occasion ! Et y retourner à la seconde, tu dis ? Avec les blessés qu'on avait déjà sur les bras ? Avec les risques que ça engendrait ? Si les mangemorts s'étaient rendu compte que tu n'étais pas avec nous et que Bellatrix s'était précipitée pour t'empêcher de sauver Nymphadora, hum ? On aurait eu l'air malin !
Face à ses arguments, Sirius se tendit un peu plus. Elle voyait à quel point il luttait pour ne pas exploser, mais son visage se tordit tout de même dans une grimace, et elle sut avant même qu'il ouvre la bouche qu'il allait envoyer valser ses excuses, drapé comme d'habitude dans sa grande morale et ses idéaux.
- Donc Alexia est sacrifiable ? résuma-t-il, véhément. Marlène aussi ? Si l'Ordre en a besoin ?
- Oh non, je t'interdis de mettre des mots dans ma bouche que je n'ai jamais prononcé ! Je n'ai pas dit ça. Mais on a fait de notre mieux avec les éléments qu'on avait. T'es le premier à dire que l'Ordre est la seule chose la plus importante en ce moment, plus que nos vies même. C'est même ce qui causait les disputes avec Alex, non ?
Le coup était sans doute bas, même pour elle. Mais elle n'avait jamais reculé devant Sirius Black et elle ne comptait pas le faire maintenant. Le mouvement de recul qui le traversa lui prouva d'ailleurs qu'elle avait raison : elle les avait assez entendu ces derniers temps se disputer à travers les murs pour savoir que l'implication de Sirius dans l'Ordre ne s'alignait souvent pas avec les attentes de couple d'Alexia.
- C'est ce que tu penses de moi ? souffla-t-il alors à travers ses dents serrées. Que je serai prêt sacrifier nos amis pour l'Ordre ?
- Non, Sirius. Plutôt l'inverse même... je pense que tu serais capable de regarder le monde brûler dans cette guerre si ça voulait dire garder ceux que t'aime en sécurité. Et j'aimerais te dire que moi aussi, j'en suis capable. Mais cette nuit, on avait des gens à protéger, dont une petite fille de sept ans qui comptait sur nous pour retrouver sa mère pour noël. On ne pouvait pas se permettre de tout risquer.
La voix plus posée, elle vit tout de suite l'effet que la mention de la petite Nymphadora eu sur Sirius. Ses traits se détendirent un peu et son regard glissa vers Alexia, songeur. Elle ne chercha pas à pousser plus loin jusqu'à ce qu'il reprenne la parole de lui-même :
- Elle aurait pu mourir, Dorcas. Tu comprends ça ? fit-il, la vaux rauque. Elle aurait pu ne jamais rouvrir les yeux. Et tout ça, parce qu'on l'a laissée derrière.
- Sirius...
- On ne laisse personne derrière, peu importe ce qu'en disent Dumbledore, Maugrey ou les putain de frères Prewett. Point.
A nouveau, une détermination sans faille colorait ses mots et elle se laissa glisser contre le dossier de son fauteuil, défaite. Elle n'avait pas la force d'expliquer à quelqu'un qui s'était construit sur une amitié à toute épreuve – une amitié qui l'avait littéralement sorti des griffes de sa famille – que le monde était plus complexe que sa vision en noir et blanc.
Malgré tout, elle refusa de lui laisser le dernier mot.
- On a fait ce qu'on pouvait, répéta-t-elle d'une voix déterminée quoique tremblante, presque pour se convaincre elle-même. Tu n'étais pas là non plus, Sirius. T'as fait le choix de partir chez les Malefoy avec Frank pour récupérer la petite. On a tous fait des choix ce soir.
Et pour faire bonne mesure, elle croisa les bras sur sa poitrine, fatiguée. Il tourna alors à nouveau la tête vers elle, et cette fois, l'accusation dans ses yeux fut moins violente. Il la regardait avec une sorte de fatigue accablée, comme s'il réalisait à contrecœur qu'elle avait raison et que personne n'était sorti indemne de cette nuit.
- T'es chiante... marmonna-t-il simplement.
Elle se sentit sourire sans pouvoir s'en empêcher.
- Je te retourne le compliment. Et Sirius...
- Hum ?
- Joyeux noël.
Il cilla, puis parut comprendre qu'elle avait raison. Un lent rictus vint étirer ses lèvres à lui aussi.
- Eh, c'est vrai ça. On est le 25 décembre... T'es heureuse d'être en ma compagnie comme cadeau ?
- Je saute de joie, assura-t-elle platement. Merlin, fais-moi penser à envoyer une lettre à ma sœur quand on partira... Je n'ai même pas eu le temps de lui acheter un cadeau.
- Un nécessaire à balai ?
Elle fronça le nez face à la suggestion. Elle avait l'impression d'en avoir déjà offert au moins trois à Artemisia. A un moment, il allait falloir qu'elle fasse un peu plus original, car ça n'allait pas être leurs parents qui y songeraient.
- Je vais réfléchir, éluda-t-elle. Des nouvelles de Peter au fait ? Je suis venue directement ici, je n'ai pas eu le temps de voir avec la sorcière de l'accueil.
- Il est dans une chambre à l'étage en-dessous avec James et Remus. Mais ça va, il devrait sortir demain matin... enfin dans quelques heures, je veux dire. Frank est dehors, il monte la garde devant l'entrée au cas où les mangemorts décideraient de se pointer...
Un frisson la fit tressaillir à la perspective. Heureusement, Sirius ne parut pas le remarquer, il avait à nouveau tourné son attention vers Alexia, une inquiétude et une tendresse qu'elle lui avait rarement vues ces dernières semaines débordants de son regard. Elle remarqua alors soudain un détail.
- Sa bague ? Où est-ce qu'elle est ?
La main d'Alexia, étendue et immobile sur le couvre-lit blanc, était effectivement nue. En guise de réponse, Sirius leva la sienne et l'agita sous son nez. Elle loucha pour y distinguer un anneau surmonté d'une perle emprisonné dans des griffes en bronze glissé à son petit doigt, le seul assez fin pour la bague.
- Ils lui ont enlevé tous ses bijoux pour l'examiner, mais j'avais peur qu'on la perde ou qu'elle soit oubliée dans un tiroir, expliqua-t-il. Tu trouves qu'elle me va bien au teint ?
- Elle te fait rayonner. (Elle effleura doucement la perle du bout des doigts, puis se repositionna dans son fauteuil). Mais bonne initiative. Alex y tient à sa bague de fiançailles, ça aurait été dommage de la perdre.
- Ce n'est pas une bague de...
- Oui, oui, on sait, fit-elle d'une voix chantante. C'est une bague de promesse, tout ça tout ça. Comme si des fiançailles n'étaient pas déjà une promesse.
Si l'accoudoir n'avait pas entravé ses mouvements, elle lui aurait donné un coup de coude, mais faute de pouvoir, elle se contenta de l'observer de profil. Il ne trahit rien, mais il ne tourna quand même pas le visage vers elle, les traits fermés. Elle retint un soupir. En presque cinq ans d'amitié désormais, elle commençait à comprendre comment Sirius Black fonctionnait : il aimait jouer de son aura, des attentes et des clichés que son image lui avait donné à Poudlard, mais il laissait peu de choses... authentiques filtrer. Ils étaient assez semblables à cet égard. On ne ressortait pas d'une enfance où on avait l'impression de ne pas avoir été aimé pour soi-même sans quelques mécanismes de défense.
- Va falloir que t'arrêtes, tu le sais, pas vrai ? lança-t-elle finalement après quelques secondes de silence. Cette histoire de « bague de promesse », juste pour te cacher derrière comme d'habitude... Ne jamais dire les choses.
- Je te demande pardon ?
- Oh allez, Sirius. Je parle d'expérience. Toi et moi, on a toujours été doués pour refouler les trucs. On rigole, on plaisante, et on se bat. On pourrait très bien faire que ça. Alexia... elle n'est pas comme nous. Il lui faut plus. Elle ne sait pas comment gérer ça. Elle explose quand elle garde tout à l'intérieur.
Et c'est peut-être pour ça qu'elle est là aujourd'hui sur ce lit d'hôpital, n'osa-t-elle pas ajouter. Elle ne voulait pas faire sa psychomage de comptoir, mais le fait qu'Alexia refasse une crise après un an de tension sur la place de l'Ordre dans leur groupe d'amis – et particulièrement dans sa relation avec Sirius – ne pouvait pas être neutre.
A côté d'elle, Sirius leva un sourcil, clairement agacé.
- Ne me regarde pas comme ça, je te dis juste de... ne pas laisser le silence gagner, je pense.
- Désolé, j'ai loupé le moment où je te demandais des conseils, se rebiffa-t-il. Sérieux, ce ne sont pas tes affaires, Dorcas.
- Alex est une de mes meilleures amies... et toi aussi au passage.
- Et ? Je ne te vois pas lui parler plus que moi. Je te rappelle son dernier anniversaire ? Quand tu lui as juste balancé qu'elle était immature et que tu t'es barrée en claquant la porte ? Parce que moi oui, c'est précisément le jour où je lui ai offert ça.
A nouveau, il agita sa main devant elle et l'éclat de l'anneau accrocha les lueurs de sorts suspendues au plafond. Elle se mordit l'intérieur de la joue. Si elle devait être honnête, ça n'avait effectivement pas été son meilleur moment... Le ton était vite monté et surtout elle s'était sentie accusée, voire acculée, par les soupçons d'Alexia.
- Justement, répondit-elle en regardant droit devant elle. J'ai mis du temps à comprendre à cause de ma colère, mais... je crois que ce qui a causé tout ça, c'est notre manque de communication. A tous. Et je ne dis pas ça juste pour Alex et toi. Sérieusement, les peu de fois où j'ai été dans la même pièce que vous, j'ai eu l'impression que Remus voulait t'en coller une.
A ces mots, Sirius se redressa brusquement.
- Ah ! s'exclama-t-il, l'air triomphal. Toi aussi t'as remarqué ? Je me suis dit que je devenais parano.
- Non, clairement, il y a un problème. Mais bon, c'est quand même lui qui s'est porté volontaire le premier pour t'accompagner chercher Alex et Marlène, non ?
Il dû lui accorder le point d'un hochement de tête, l'air perturbé. Elle lui laissa le temps de chercher ses mots.
- Tu veux que je te dise... J'ai l'impression que tout est en train de se casser la figure, murmura-t-il finalement, comme s'il lui révélait un secret. Pas seulement Alex et moi... mais tout. Les Maraudeurs, James et Lily qui vont avoir un putain de bébé... Rien n'est comme avant.
- On ne pouvait pas rester à Poudlard toute notre vie...
- Non, je sais bien ça, mais...
Il fit un geste vague avec frustration, puis lâcha d'un ton plat :
- Un bébé quoi !
Et bizarrement, elle comprit très bien ce qu'il voulait dire. Elle éclata de rire. Merlin, ce que ça lui semblait encore surréaliste aussi.
- Tu crois que Maugrey va devoir ajuster les plannings en fonction des biberons ? Et des heures de sieste ? plaisanta-t-elle.
- Tu parles, il va juste ajouter le bébé sur le planning des missions. Dès qu'il saura ouvrir les yeux, allez hop, mission de surveillance.
- C'est donc ça la clé pour renforcer les rangs ? Les prendre au berceau ?
- Il n'est jamais trop tôt, Meadowes, imita Sirius en prenant la voix grave et bourrue de Maugrey. C'est ce que j'essaye de faire rentrer dans vos têtes de pioche. Vigilance constante !
La fatigue devait un peu trop lui peser parce qu'elle repartie dans un fou rire, les mains devant le visage, et même Sirius sortit de son personnage dans un grand éclat de rire rauque. Il avait toujours eu un rire étrange, presque trop sonore pour un garçon aussi aristocratique, mais elle le trouve étrangement réconfortant à cet instant.
Ils mirent plusieurs secondes à retrouver leur calme et elle s'autorisa à fermer les yeux, le temps que les battements de son cœur ralentissent un peu. Sirius ne lui laissa pas ce répit.
- En fait... Comment ça se passe avec Lucinda ? lui demanda-t-il d'un coup, songeur. T'as réussi à avoir des infos sur le Département des Mystères et les transferts d'argent ?
Elle rouvrit un œil.
- Tu sais bien que c'est censé être confidentiel...
- Tout est dans le « censé », non ?
- Peut-être, mais je ne suis pas James. Je ne craque pas juste parce que tu m'as demandé.
Sirius fit mine d'être indigné.
- C'est mal nous connaître. James négocie au moins un paquet de chocogrenouille. Ou que je lui paye un verre.
- Ah je vois... Et donc moi, je devrais te donner mes infos gratuitement ?
- Non, évidemment, s'indigna-t-il avec grandiloquence. Vas-y, balance ton prix.
L'idée s'imposa à elle sans même qu'elle ait eu à réfléchir : elle aurait pu lui demander de l'argent – Merlin seul savait ce qu'il en avait grâce à l'héritage de son oncle – mais il se trouve qu'elle en avait aussi. En revanche, elle manquait cruellement de sommeil.
- Mon tour de garde de la maison de Bagnold, exigea-t-elle en lui tendant sa main, paume vers le haut. Celui de lundi à six heures du mat'.
- Dorcas...
- C'est ça ou tu fais une croix sur tes ragots. Alors ? Est-ce que tu mérites ton titre de la pire des commères ?
Elle vit littéralement le conflit jouer dans les yeux gris de Sirius et il finit par soupirer avant de lui taper dans la main.
- Vendu, accepta-t-il à contre-cœur. « La pire des commères », sérieusement ? C'est mon titre ?
- D'après Remus. Je ne fais que citer une source sûre.
- Bien sûr, railla-t-il. Allez, parle.
Il avait décalé son fauteuil pour être face à elle désormais, même si elle voyait bien que son regard ne cessait de s'égarer vers Alexia comme pour s'assurer qu'elle était toujours là, et elle prit le temps de croiser les jambes pour rassembler ses pensées.
- Rien d'exceptionnel, soupira-t-elle finalement. T'emballe pas. J'ai revu Lucinda trois ou quatre fois ces dernières semaines, juste pour boire un verre. Et avant que tu lâches un commentaire dont t'as le secret – si je le vois dans ton regard, ne nie pas ! – il ne se passe rien d'autre. Je sens bien qu'elle... met une distance. Pour ne pas me donner de faux espoirs.
- Parce qu'espoirs il y avaient ?
- Rah, à ton avis ? On m'envoie littéralement en mission récolter des infos auprès de mon ex... Je sais pas, je pense que je m'étais dit que...
Elle secoua la tête, agacée contre elle-même.
- Peu importe. Lucinda a choisi le Ministère, j'ai choisi l'Ordre, c'est comme ça. Je ne regrette absolument pas mon choix...
C'était peut-être le pire. Longtemps, elle s'était interrogée sur cette absence de doute, sur le fait qu'elle n'avait pas songé à une autre option quand celle de l'Ordre leur avait été présentée en septième année. Elle aurait pu vouloir rester avec Lucinda. Renoncer pour elle. Mais tout ce qu'elle avait tenté, ça avait été de la convaincre de la suivre dans l'Ordre, sans succès. Aujourd'hui, elle réalisait qu'elle l'avait aimé sincèrement, mais peut-être pas assez fort... Elle l'avait aimé comme un premier amour – avec légèreté et simplicité... avec évidence. Mais face à sa conviction profonde qu'elle pouvait changer le monde grâce à l'Ordre, l'évidence avait changé de camp.
- Bref... éluda-t-elle, consciente de glisser vers un terrain dangereux. Elle me parle un peu de ce qui se passe au Département, mais rien de vraiment concret. Il porte bien son nom. Tout doit rester un mystère là-dedans !
- C'est le principe, ouais...
- Oui, mais c'est à se demander ce qui s'y joue vraiment. J'ai essayé d'évoquer l'anecdote de Peter et Alex, tu sais sur le chien drogué ou ensorcelé qu'ils ont vu dans l'ascenseur de service et qu'un Langue-de-Plomb est venu récupérer en catastrophe ?
Il hocha la tête.
- Je m'en souviens, oui. Toujours aussi louche, mais pas assez pour que l'Ordre s'y attarde, non ?
- Sûrement... Mais ça ne perdait rien de demander. Lucinda m'a juste dit que des animaux étaient parfois utiliser pour leurs recherches, mais elle a été étonnée par le chien. D'habitude, ils se servent de rats et de souris. En tout cas, c'est ce qu'elle a vu en apprentissage pour l'instant. Les apprentis n'ont pas accès à tout, elle n'est pas la seule. Elle croise souvent Augustus Rookwood.
- Assez logique, jugea Sirius. Et oui, je me souviens de lui. Un Serpentard ?
- C'est ça. Elle le connaissait assez bien comme ils étaient dans la même maison, mais elle m'a avoué qu'elle était contente de ne plus être aussi souvent en binôme avec lui. Apparemment, il travaille sur un autre projet qu'elle avec un chercheur spécialisé en potion. Professeur Basil quelque chose ? Basilius ? Merlin, j'aurais dû le noter dans mon rapport directement.
Aucune lueur de reconnaissance ne s'alluma cette fois dans les yeux de Sirius et il haussa une épaule en faisant tourner la bague d'Alexia mécaniquement autour de son doigt d'un geste absent.
- Rien de bien concret donc, conclut-il d'un ton frustré. Elle ne sait rien sur les transferts d'argent qui passaient par la société de mon pè... d'Orion ?
Elle fit semblant de ne pas avoir remarqué son presque lapsus.
- J'aimerais bien t'y voir toi ! s'exclama-t-elle plutôt. Ce n'est pas le sujet le plus facile à glisser autour d'un mojito. Mais non, je pense qu'elle ne sait rien. Tout ce qu'elle m'a dit, c'est que le Département n'est pas à plaindre niveau argent par rapport aux autres services. Le Ministère fait des coupes budgétaires un peu partout à cause de la guerre, mais ils ont reçu une subvention en plus récemment grâce à Bagnold.
A cette information, Sirius releva les yeux vers elle, l'air intéressé.
- Attends, attends... Tu veux dire que le Département des Mystères, comme par hasard dirigé par Bagnold aka notre plus que probable future Ministre, a reçu des financements privés des familles sangs-purs et des mangemorts, mais aussi du côté du Ministère ? Parce qu'elle a milité pour une subvention auprès de Minchum ?
- Apparemment. Après, en temps de guerre, c'est un Département important. Ce n'est peut-être pas si surprenant.
- Certes, mais quand même... Si je devais donner une subvention, je la filerai plus à la Justice, non ? Au Bureau des Aurors ou à la Police Magique ?
Dorcas se contenta de lâcher un rire sans joie.
- Qui a besoin d'argent quand t'as le droit de tirer à vue et de faire des perquisitions sans mandat du moment que tu justifies après coup ?
- Touché.
Il se renferma dans le silence, les yeux plissés par la réflexion. A titre personnel, elle ne se donna même pas cette peine. Elle avait fait son rapport sur les révélations de Lucinda. Si elle creusait davantage, elle allait se donner une migraine et la politique économique du Ministère n'en valait certainement pas le coup.
En vérité, elle n'allait même pas se plaindre des libertés données aux Aurors. Elles avaient aidé l'Ordre plus d'une fois. Le double tranchant de telle mesure lui avait seulement sauté aux yeux lors de l'arrestation de Remus sur le Chemin de Traverse il y a deux mois. Elle avait été à Ste-Mangouste à ce moment-là pour sa jambe, mais elle se souvenait de son choc lorsque Marlène était venue lui expliquer qu'il s'était fait embarquer pour lycanthropie et suspicion d'actes de terrorisme sur la célèbre avenue. L'image de Remus, toujours propre sur lui avec ses gilets en laine et son œil malicieux, s'était heurtée à celle qu'elle se faisait des loups-garous. Petite, son père lui racontait toujours des histoires terribles sur ces créatures. Des monstres assoiffés de sang, plus bête qu'homme... Même encore maintenant, alors même qu'elle s'était faite à l'idée, elle n'arrivait pas à chasser entièrement son malaise, mais elle se garda bien de le vocaliser devant Sirius.
- Eh Dorcas ?
- Hum ?
Perturbée, elle tourna la tête vers lui, presque persuadée qu'il avait deviné ses pensées, mais il la dévisageait avec calme.
- Ca te dérange de rester avec Alex quelques minutes ? Je voudrais aller voir Peter, m'assurer qu'il va bien...
- Oh ! Oui, oui, pas de problème, assura-t-elle avec soulagement. Vas-y, je reste avec elle.
- Ouais ? Génial, merci.
Aussitôt, il se remit sur ses pieds. Il contempla Alexia quelques secondes, l'air réluctant à la laisser seule malgré tout, et elle se demanda un instant s'il allait avoir un geste envers elle – lui prendre la main, déposer un baiser sur son front ? Mais Sirius n'était pas James et les marques d'affection ne lui venaient pas plus facilement que les mots. Il se contenta donc d'effleurer la bague toujours glissée à son doigt, puis de quitter la chambre en vitesse.
Elle se retint de rouler les yeux. Le chemin allait être encore long, mais au moins ils avaient pris le temps de souffler un peu... Et dans une guerre où tout le monde commençait à se sentir à bout de souffle, elle en était reconnaissante.
************
Voilà voilà ! On avance doucement dans l'intrigue, l'épisode du combat dans les tunnels du métro est terminé... et on se retrouve pour le prochain chapitre (qui va être horrible).
Teaser :
"Il en savait si peu, finalement, sur le pouvoir exact de ce médaillon, mais une chose était sûre : Voldemort avait pêché par orgueil. Il s'était cru au-dessus de la mort. Il était peut-être temps de lui rappeler qu'il n'y avait pas plus haut que les Black.
D'une main hésitante, il commença à écrire :
Au Seigneur des ténèbres,
Je sais que je serai mort bien avant que vous ne lisiez ceci, mais je veux que vous sachiez qu'il était un jour où j'ai découvert votre secret. J'ai volé votre véritable Horcruxe et je compte le détruire dès que possible. Je vous attends, avec espoir qu'un jour, quelqu'un puisse vous anéantir à jamais.
R.A.B.
Il relut le message, le cœur battant fort dans sa poitrine. Les mots paraissaient encore dérisoires face au défi immense auquel il s'apprêtait à faire face, mais ils avaient le mérite d'exister, noir sur blanc. Avec soin, il plia le parchemin, le glissa à l'intérieur du médaillon, puis referma ce dernier, ses doigts crispés sur la surface glacée du métal".
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