Tome IV - Chapitre 18 : Mission de secours
HELLO ! Petit cadeau de noël avec ce chapitre en avance, posté en direct du boulot parce que putain je bosse un 24 ! On devait faire des jeux et journée calme avec mes collègues que j'adore et en fait on s'est tapées 3h de rangement. Ne rendez pas vos livres à noël, les bibliothécaires n'aiment pas ça haha !
Ah et petite mention du CONCOURS DE CREATION DE NOEL 3eme édition. Ca y est, nous avons eu un premier retour, c'est trop bien ! Si vous voulez participer, n'hésitez pas ! Sur ATDM, LHDI ou une oeuvre de Perripuce, la création peut prendre la forme que vous voulez (OS, aesthetic, moodboard, dessin, vidéo... etc).
Bref, du coup pas le temps de faire une longue intro. Je vous laisse sur ce chapitre là où on s'était arrêté... La crise d'Alexia, Marlène paniquée, un mangemort qui approche.... Joyeux Noël !
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Chapitre XVIII : Mission de secours
Instinctivement, Marlène se redressa. Son cœur battait à tout rompre, chaque pulsation un coup de marteau contre ses tempes ; mais elle se força à lever sa baguette devant elle comme un bouclier fragile face à la menace. Le temps d'une horrible seconde, elle fut tentée de fuir et de laisser la peur prendre le dessus, de s'enfoncer dans les méandres des tunnels sombres, de courir jusqu'à épuiser le mangemort, jusqu'à peut-être trouver une échappatoire. Mais quelque chose en elle l'empêcha de bouger. Ses pieds étaient cloués au sol, figés dans une détermination désespérée.
Sa panique, elle, s'agitait dans son ventre, sauvage et incontrôlable. Pourtant, dans le même temps, chaque pas de la silhouette masquée, chaque écho contre les murs de béton, resserrait l'étau de sa détermination autour de sa poitrine. Il allait falloir qu'elle se batte. Elle n'avait pas le choix, pas avec Alexia à terre entre la vie et la mort.
Merlin... Ses mains tremblaient toujours et ses larmes brouillait sa vision. Elle se fustigea d'être si émotionnelle. Elle aurait voulu être plus forte, plus froide, capable de repousser la peur. Sur le plan de la puissance magique, elle savait qu'elle n'avait rien à envier à un James ou à une Dorcas, mais elle devait reprendre ses esprits. Vite. Le mangemort n'était plus qu'à quelques mètres.
Elle décocha le premier sort.
- Stupefix !
Le jet de lumière rouge fusa, éclairant les vieux rails de la station d'une couleur presque rouille. Le mangemort esquiva d'un simple mouvement de baguette.
- Marlène !
La voix la figea sur place. C'était comme une bouffée d'air dans l'atmosphère suffocante du tunnel. Son cœur manqua un battement et une pointe d'espoir, fragile mais éclatante, perça son angoisse. Elle reconnut la voix. Non, c'est impossible... Elle ne pouvait avoir autant de chance. Elle cligna des yeux, essayant de comprendre ; mais déjà, la silhouette masquée s'approchait, retirant son masque d'un geste impatient.
Et là, elle les vit. Des prunelles grises, terriblement familières.
- Regulus... murmura-t-elle, sidérée.
Le choc la pétrifia. C'était comme si son esprit, déjà ébranlé, refusait de traiter l'image devant elle. Regulus se tenait là, vêtu de noir, portant ce masque d'argent morbide du bout des doigts le long de son corps. Elle réalisa avec stupeur qu'elle ne l'avait encore jamais vu avec sa tenue de mangemort... Elle savait que ce jour viendrait, elle savait qu'ils avaient défié la réalité trop longtemps, mais la vision lui retourna l'estomac.
Malgré tout, elle se força à sortir de sa torpeur. Ce n'était ni le lieu ni le moment de s'attarder sur ce genre de détails et le soulagement finit par l'emporter. Elle venait d'obtenir un répit, une chance de s'en sortir. Elle n'allait pas protester, même si une petite voix au fond de son esprit lui soufflait qu'ils n'étaient pas censés s'épargner dans un moment pareil, que le risque existait toujours...
Quelque chose dans son regard sembla en tout cas convaincre Regulus, car en un instant, il combla l'espace qui les séparait, ses mains se posant fermement sur son visage, comme pour s'assurer qu'elle était réelle, là, sous ses doigts.
- Par Salazar... souffla-t-il. Tu vas bien ? Bellatrix... est-ce qu'elle... ?
Elle le coupa, s'empressant de le rassurer.
- Non, non... On l'a semé. Elle n'a pas réussi à nous rattraper.
Regulus ferma les yeux un instant, soulagé, avant de les rouvrir, emplis d'une urgence palpable.
- Parfait. Il faut qu'on parte d'ici, tout de suite. Si elle fait demi-tour et nous retrouve, je ne pourrai pas te protéger.
Le « on » plutôt que le « vous » lui fit relâcher définitivement son angoisse et elle tourna la tête vers Alexia, toujours étendue derrière elle, le souffle à peine perceptible, sa peau d'une pâleur cadavérique.
- Attends, attends... Alexia... elle... elle est mourante, balbutia-t-elle, la gorge nouée. Je ne peux pas la laisser.
Impuissante, elle désigna le corps d'Alexia. Elle avait tenté au mieux de faire barrage entre son amie et la menace il y a quelques minutes, et Regulus sembla enfin remarquer qu'elle n'était pas seule. Son expression changea en une fraction de seconde. Visiblement, il ne s'attendait pas à ça et écarquilla les yeux.
- C'est Cassidy ? demanda-t-il, incrédule.
Elle hocha la tête, la gorge comprimée.
- Oui... Elle ne peut plus respirer. Regulus, je t'en supplie, il faut qu'on la sorte d'ici, elle a besoin d'aide, d'aller à l'hôpital... maintenant.
Les mots franchirent ses lèvres dans un torrent incontrôlé, portés par la terreur qui s'était emparée d'elle. Seulement, Emmeline Vance le lui avait assez répété pendant ses entraînements pour l'Ordre : parfois, la peur était la meilleure des motivations, à condition de ne pas la laisser devenir paralysante. Or, tout de suite, Marlène se sentait tout sauf paralysée. Elle avait envie de sortir de ces tunnels. D'en sortir Alexia. Et que Merlin lui en soit témoin, elle n'accepterait pas « non » pour réponse.
L'expression de Regulus se fit déchirée.
- McKinnon...
- Je n'y arriverai pas toute seule ! Il faut qu'on soit deux. Si tu m'aides à faire léviter son corps en haut de l'échelle et à ouvrir la trappe...
D'un geste tremblant, elle désigna ladite trappe au-dessus de leur tête.
- On n'a pas de temps à perdre, Reg. Si un mangemort arrive...
Elle laissa sa phrase en suspens. Il n'avait certainement pas besoin qu'elle lui explique le danger de la situation, surtout qu'il savait pertinemment que si un mangemort devait arriver, ça ne serait pas n'importe lequel. Ils étaient tous en train de se battre contre le groupe principal pendant que Sirius et Frank devaient être en train de secourir la petite Nymphadora – du moins elle l'espérait. La seule qui s'était évertuée à les poursuivre à travers le dédale de tunnels avait été Bellatrix.
Regulus resta silencieux un instant, son regard passant d'elle à Alexia, et elle sentit son cœur se serrer en voyant l'hésitation dans ses yeux. Elle se doutait de ce qui se passait dans son esprit. S'il était vu en train de l'aider – si Bellatrix comprenait sa trahison – c'est tout son monde qui allait s'écrouler. Il risquait autant sa vie que celle de sa famille.
Pour la première fois, elle s'abaissa à prier silencieusement. Choisis-moi, eut-elle envie de le supplier, pour une fois choisis-moi plutôt que ta famille. Elle n'avait jamais été égoïste, elle ne l'avait jamais obligé à choisir, mais ce soir était son exception si ça voulait dire sauver la vie d'Alexia. Et peut-être aussi parce qu'elle voulait croire que ce qui s'était passé entre eux la dernière fois à l'hôtel changeait les choses... Ce n'était pas si loin, une semaine à peine, et elle sentait encore parfois la caresse fantôme de ses mains sur son corps la nuit ...
- Regulus, je t'en supplie... si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour elle. Elle risque de mourir ici.
Ces mots, si simples, résonnèrent dans le tunnel. Les mâchoires de Regulus se crispèrent et, lentement, il prit une inspiration difficile.
- D'accord, céda-t-il, sa voix basse et rauque trahissant la peur qu'il ressentait lui-même. Mais il faut faire vite. Si elle revient... je ne sais pas ce que je pourrais faire.
Marlène entendit à peine la seconde partie de la phrase. Elle laissa échapper un sanglot étouffé de soulagement et ses genoux manquant de céder sous elle. Il allait l'aider. Ils avaient une chance. Elle sentit l'espoir renaître en elle, un souffle léger mais suffisant pour raviver une flamme presque éteinte.
- On prend le risque ensemble alors ? fit-elle avec un mince sourire.
Aux mots familiers, souvenir de leur décision de devenir amis dans un couloir de Poudlard, il eut un rictus désabusé.
- Ca fait un moment que ça dure, autant continuer... Mais avant ça...
Vif, il lui vola un baiser, ses lèvres recouvrant les siennes dans un élan désespéré. Elle le laissa faire avec avidité. Apparemment, elle n'était pas la seule à ressentir cette attraction, ce nouveau besoin de contact physique...
- Merci... merci, murmura-t-elle quand ils se détachèrent.
Il hocha la tête. Puis, sans perdre de temps, ils se mirent à l'œuvre. Regulus pointa sa baguette vers Alexia.
- Mobilicorpus.
Le corps d'Alexia se souleva doucement dans les airs, maintenu par la magie, ses bras pendant mollement le long de son corps inerte. Marlène, encore tremblante, exhala un souffle étouffé face à la vision. Elle se souvenait vaguement que Sirius leur avait raconté comment Alexia avait été inerte, comme morte, le jour où elle avait fait sa crise et qu'il avait dû l'emmener en catastrophe à l'infirmerie depuis Pré-au-Lard... Mais ça ne rendait pas moins le spectacle plus supportable.
Regulus, de son côté, jeta un regard rapide autour de lui, à l'affût du moindre bruit.
- Allez, monte l'échelle, lui intima-t-il.
Elle ne chercha pas à protester, ni à arguer qu'il devrait passer en premier. Ils n'avaient plus de temps à perdre. Les jambes vacillantes, elle commença à grimper. À chaque échelon, ses doigts glissaient presque, mais elle tenait bon, motivée par une seule chose : sauver Alexia et sortir d'ici.
En haut, elle s'arrêta pour observer Regulus qui guidait délicatement le corps d'Alexia dans les airs. Le visage crispé par la concentration, il l'éleva jusqu'à sa hauteur et elle se reconcentra sur le trappe au-dessus d'elle. Tout allait être une question d'équilibre... Les talons dans le vide, elle se plaqua le plus possible contre l'échelle, puis leva les bras. D'abord, la trappe grinça sous ses doigts, mais elle finit par céder de quelques centimètres. Un vent glacial s'engouffra alors dans le tunnel, un contraste violent avec l'atmosphère étouffante des sous-sols. Encouragée, elle poussa de toutes ses forces et la trappe s'ouvrit en un fracas sourd.
Aussitôt, la lumière artificielle de la rue filtra faiblement à travers l'ouverture, et elle se hissa à l'extérieur. Des flocons de neige l'accueillirent aussitôt. Ils lui picorèrent la peau et s'accrochèrent dans ses cheveux, mais elle les laissa simplement fondre sans les repousser. Le corps d'Alexia suivit par l'ouverture. A genoux sur le goudron recouvert de neige, elle la saisit pour venir la déposer avec douceur près d'elle et elle soupira de soulagement. Elle était de retour à la surface, dans une ruelle sombre de Londres. Le bruit de la ville, au loin, lui sembla étrangement irréel après l'intensité de l'affrontement sous terre, tout comme la lueur d'un lampadaire décoré de guirlandes lumineuses pour noël un peu plus loin.
Elle se pencha au-dessus de l'ouverture.
- Reg ! Viens ! appela-t-elle en tendant la main, prête à l'aider à s'extirper de cet enfer à son tour.
Le geste lui était venu, instinctif. Après tout, il avait dit « on ». Il l'avait embrassé et il l'avait aidé. Pour la première fois, elle avait espoir qu'il la suive.
En bas pourtant, il la regarda depuis l'obscurité du tunnel, son visage à moitié noyé dans un clair-obscur étrange. Elle sentit son cœur se serrer en voyant l'expression tourmentée qui déformait ses traits. Il ne fit pas un pas vers l'échelle.
- Je ne peux pas, Marlène, murmura-t-il soudain, sa voix presque inaudible, engloutie par le silence glacé de la nuit.
Elle resta un instant pétrifiée, les mains crispées autour du rebord de la trappe, incapable de comprendre ce qu'il venait de dire.
- Quoi ? fit-elle, perplexe. Qu'est-ce que tu racontes ?! Tu peux sortir maintenant, Alexia est là, elle est en sécurité, mais on doit s'en aller ! Tu diras que tu t'es perdu dans les tunnels, c'est tout. Allez, viens !
A nouveau, elle lui fit signe de monter. Il ne bougea pas. La frustration reprit le dessus : le temps leur filait littéralement entre les doigts, chaque respiration erratique en était un rappel rauque, et elle ne pouvait pas être aussi patiente envers lui que d'habitude.
Elle s'apprêtait à lui redire de la rejoindre lorsqu'il s'avança finalement d'un pas, toujours dans l'ombre, sa baguette serrée dans sa main. Puis, il inspira profondément et les mots parurent enfin déborder de ses lèvres.
- McKinnon, écoute...
Nerveuse, elle se pencha un peu plus pour mieux entendre. A la dureté de son regard et à la façon dont il jonglait soudain entre « Marlène » et son fameux « McKinnon » affectueux qu'il lui réservait depuis la sixième année, elle comprit que ce qu'il s'apprêtait à dire n'allait pas lui plaire.
- Je sais que c'est compliqué mais... je dois accomplir une mission, dit-il alors avec détermination, le regard suppliant. Une mission dont je ne peux pas te parler... mais elle est nécessaire, essentielle. Si je monte maintenant et que quelqu'un se rend compte que je suis avec toi, que je ne suis pas entièrement dévoué à la cause... tout échoue. Et crois-moi, tu ne veux pas que ça échoue.
Elle fronça les sourcils, perplexe. Son ton était grave, chargé de sens, mais elle ne parvenait pas à cerner ce qu'il voulait dire. Une mission ? Pour qui ? Si ça avait été pour Voldemort, elle aurait justement voulu que ça échoue, ça n'avait pas de sens. Surtout, quel genre de mission pourrait être plus importante que sauver sa propre vie ?
- Regulus, tu dis n'importe quoi ! s'impatienta-t-elle. Alex a besoin de soin et c'est encore dangereux là-dedans, tu ferais mieux de sortir aussi. (Elle était transie de froid à présent et des flocons venaient même s'accrocher à ses cils). S'il te plait, viens.
- Tu ne m'écoutes pas... La mission...
- Si, si ! Je ne fais que ça de t'écouter, Reg. Mais là j'ai une de mes meilleures amies qui arrive littéralement à son dernier souffle, je n'ai pas le temps, tu comprends ? Tu ne peux pas toujours jouer sur les deux tableaux, va falloir que tu le comprennes ! Tu ne peux pas m'aider, m'embrasser, et ensuite repartir accomplir ta grande mission pour Tu-Sais-Qui en me laissant derrière ! C'est soit on s'en sort ensemble cette fois, soit on ne s'en sort pas !
Plus que les autres, le « ensemble » sembla se suspendre entre eux, véritable spectre d'un vœux brisé depuis longtemps. Avaient-ils jamais véritablement été ensemble ? Elle aurait tellement voulu y croire, mais elle était aussi lucide. La seule certitude qu'elle possédait, c'est qu'ils méritaient mieux... et que tant qu'elle était encore vivante, elle continuerait à se battre pour qu'ils l'obtiennent. Elle était littéralement en train de le faire en cet instant.
- Et puis, qu'est-ce que c'est cette mission de toute façon ? relança-t-elle, désespérée. Hum ?
- Je te l'ai dit, je ne...
-... peux pas en parler, oui. Comme d'habitude. On ne peut jamais parler des choses qui comptent.
Même dans l'obscurité, elle vit son visage se contracter.
- Ne sois pas injuste, protesta-t-il. Je t'ai parlé de Nymphadora. C'est grâce à moi si vous la récupérer ce soir.
- Non. Si on la récupère, c'est parce que toutes les personnes dans ce tunnel ont accepté de se battre, que d'autres prennent un risque en s'infiltrant chez les Malefoy pour la récupérer. Toi, tu as donné une phrase cryptique, et je ne dis pas que ce n'était pas un geste important, mais réfléchis à ce que tu pourrais faire de plus.
Elle était dure. Merlin, elle l'entendait dans sa voix et dans chaque reproche qui débordait enfin après des mois de frustration contenue. Mais elle n'avait plus la patience d'enrober la vérité dans des mots doux. Elle voulait qu'il comprenne.
En dessous d'elle, Regulus secoua doucement la tête, une tristesse infinie envahissant ses traits. Elle crut l'entendre marmonner quelque chose – qui ressemblait de façon suspecte à un « j'en fais déjà plus, si tu savais... » – et elle aurait voulu lui dire de répéter, mais sa voix s'éleva alors plus fort :
- Marlène McKinnon...
Les syllabes de son nom s'étirèrent, comme un secret murmuré à l'univers. Elle frissonna sous la neige, se remémorant en écho la fois où il l'avait déjà prononcé sur ce ton lors de leur moment caché dans la bibliothèque chez les Malefoy aux fiançailles de Narcissa Malefoy.
-... la fille de Gryffondor qui cherchait son chat, cita-t-elle sans pouvoir s'en empêcher.
Son ton s'était fait plus apaisé d'un coup et il marqua un mouvement de surprise, l'air étonné qu'elle s'en souvienne.
- Aussi... J'allais dire, la fille qui croyait en moi quoiqu'il arrive...
- Reg...
Une pointe de désespoir se glissa dans sa voix alors que ses mains se mettaient à trembler. Elle avait l'horrible sensation que quelque chose d'irréparable était en train de se produire sans bien arriver à l'expliquer et elle refoula l'instinct qui lui criait de redescendre le chercher elle-même.
Regulus détourna la tête une seconde. Puis, il posa sa main contre la paroi du tunnel, comme s'il prenait un dernier moment pour s'ancrer dans la réalité avant de prononcer ce qu'il redoutait le plus.
- Je suis désolé... Si je monte, tout ce qu'on a fait, tout ce qu'on a vécu... ça n'aura servi à rien. Et je sais que tu ne comprends pas et que ça doit te rendre folle, ajouta-t-il avec un demi-sourire triste, mais c'est mieux ainsi, McKinnon, crois-moi.
Il marqua une pause, puis prit une grande inspiration comme s'il avait le poids du monde sur ses épaules. Elle en ressentait en tout cas le poids en écho et ses yeux gris capturèrent les siens avec une intensité brûlante.
- Marlène... Je veux juste que tu saches, sans l'ombre d'un doute... souffla-t-il avant de déglutir, s'étouffant avec ses mots. Je veux que tu saches... que je ne regrette rien, ni nous, ni ce qu'on a partagé. Mais... il y a des choses plus grandes que moi, que nous.
Oh Merlin, ce qu'elle détesta cette phrase à la seconde où elle l'entendit. Elle lui comprima la poitrine telle une enclume qui serait tombée droit sur elle et elle comprit brusquement qu'ils venaient d'avoir deux conversations totalement différentes depuis tout à l'heure... Elle lui parlait d'abandon, de mission, de camp. Mais est-ce que lui ne lui parlait pas de quelque chose de plus définitif ?
- Reg... fit-elle, glacée. Cette mission... Dis-moi la vérité. Qu'est-ce que c'est ?
- Et te mettre encore plus en danger ?
- Donc elle est dangereuse ?
Sa réponse au tac au tac lui fit lever les yeux au ciel. Pour un peu, à moitié dans la pénombre, il aurait pu passer pour Sirius quand ce dernier décidait d'afficher une façade bravade pour cacher sa peur.
- Qu'est-ce qui n'est pas dangereux en ce moment dans nos vies ? rétorqua-t-il d'ailleurs avec une touche de provocation. Et peut-être que cette mission... c'est juste mon moyen d'être enfin digne des espoirs que tu continue à avoir pour moi. T'y as pensé à ça ?
- Oh arrête d'être dramatique, ne joue pas à ça. On dirait Sirius.
La comparaison lui avait échappé cette fois mais, face à la pique, il éclata simplement de rire. Le son résonna presque étrangement dans l'atmosphère pesante et il reprit d'ailleurs bien vite son sérieux, les traits défaits.
- Tu sais quoi ? On aurait dû rester dans notre repère au canapé vert... murmura-t-il soudain.
Si seulement... songea-t-elle avec regrets.
- On y va maintenant, proposa-t-elle alors spontanément. Je dépose Alexia à l'hôpital, elle va s'en sortir, tout le monde va ressortir de ces foutus tunnels... Et nous, on va fêter Noël tous les deux là-bas. On ferme la porte, tu m'embrasseras à minuit sur le canapé...
- Et on oublie le monde dehors, c'est ça ?
- Quelle différence avec l'hôtel au Chaudron Baveur dans le fond ? Hum, Mr White ? (Elle agita sa main au-dessus de l'ouverture de la trappe). Votre femme attend toujours son alliance...
Elle vit littéralement le coup au cœur qu'elle lui porta alors même qu'il tenta de le cacher en se détournant et elle s'en voulut presque. Presque. Parce que si ça pouvait lui permettre de le faire changer d'avis, elle était prête à tout, jusqu'au bout.
Suspendue dans le vide, elle attendit, le cœur battant, et Regulus finit par relever la tête vers elle.
- Je t'aime Marlène, finit-il par souffler, la voix brisée. Tu l'aurais mérité cette alliance... Si tu savais comme j'aurais aimé te la donner...
- Non, Reg... c'était pour rire, je n'en ai pas besoin...
Elle se sentit horrible. Il lui avouait enfin ce qu'elle avait toujours espéré entendre, mais à un moment où cela lui échappait déjà. Pour la première fois, les trois petits mots faillirent alors se poser sur ses lèvres pour les lui offrir à son tour, mais l'urgence de la réalité la poussa dans une autre direction.
- Laisse-moi t'aider, je t'en supplie. Pour une fois dans ta vie, Reg, accepte de ne pas être tout seul, plaida-t-elle. Je sais que c'est compliqué pour toi, mais regarde ce que Sirius est parvenu à faire en acceptant celle de James.
- Je ne suis pas Sirius, opposa-t-il d'un ton qui trahissait la force de l'habitude. Je ne le serai jamais. Moi, je dois juste finir ce que j'ai commencé...
Le constat semblait même le désabuser. Si solennel, si définitif...Ça la frappa de plein fouet et elle resta un instant sans voix, la gorge serrée, incapable de répondre. Son esprit était un tourbillon de pensées contradictoires, de colère, de tristesse, de désespoir. Il lui avouait enfin à nouveau ce qu'elle avait toujours espéré entendre, mais à un moment où cela lui échappait déjà.
- Non... Non, murmura-t-elle alors, des larmes commençant à couler sur ses joues. Ne me dis pas aurevoir comme ça, comme si on allait jamais se revoir. Tu n'as pas le droit de faire ça. Tu n'as pas le droit de me laisser comme ça, Reg !
Mais il détourna les yeux, incapable de soutenir son regard une seconde de plus, et murmura finalement, presque pour lui-même :
- Merci d'avoir cru en nous... même si c'était seulement pour un instant volé. Tu as été mon étoile, Marlène.
Et alors, avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, il disparut dans l'ombre des tunnels, laissant derrière lui un vide insupportable.
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En toute honnêteté, le silence fut un vide bienvenu après l'éclat des combats pour Sirius. Le transplanage lui avait comprimé les tympans et même les bruits de la campagne anglaise mirent quelques secondes à lui revenir. Le bruissement des feuilles, agitées par le vent, une chouette qui hululait au loin, l'arrivée de Frank à ses côtés dans un « crac » sonore...
Il porta instinctivement la main à sa poitrine, là où un sort avait failli le toucher plus tôt. Il n'avait pas reconnu tous les mangemorts sous les masques, mais il misait sur Jugson ou sur Amycus Carrow, tous les deux assez trapus. Les semer pour s'éclipser n'avait pas été facile, mais il avait fini par réussit à rejoindre Frank et quitter les tunnels désaffectés. Et même si son souffle était encore court et que la fatigue alourdissait ses membres, il savait qu'ils n'avaient pas de temps à perdre.
A côté de lui, Frank, un peu plus calme mais visiblement tendu, scruta la silhouette imposante du manoir Malefoy qui se découpait à l'horizon.
- Joli patrimoine immobilier, commenta-t-il, impassible. T'es prêt à y entrer par effraction ?
- Si je suis prêt ? J'en rêve depuis une semaine. Allons-y.
- Doucement, le Gryffondor. Le manoir est protégé par des enchantements. Il va falloir être discrets.
Sirius lui jeta un regard en coin, un sourire sans joie aux lèvres.
- La discrétion, ce n'est pas vraiment mon fort, Frank. Au cas où on t'aurais pas prévenu...
- J'ai entendu parler de tes exploits, si. Rappelle-moi ce qui s'est passé la dernière fois que t'es venu ici ? Les vitres ont explosé et t'as fait un scandale dans la salle de bal ?
- Fais pas comme si t'étais pas aux premières loges, t'étais là ce soir-là, non ?
L'Auror haussa une épaule.
- On nous bloquait la vue avec Alice. Un elfe essayait de disperser les invités et Lucius Malefoy était pile devant moi. J'ai surtout vu son superbe brushing.
- Une vue pour laquelle beaucoup payerait une fortune, se moqua-t-il. Mais promis, je vais essayer d'être discret cette fois. Sinon, Maugrey va vraiment finir par m'enfermer au QG.
En vérité, une partie de lui brûlait de réduire le manoir Malefoy en cendres, de laisser éclater cette rage accumulée depuis qu'il avait appris l'enlèvement de Nymphadora. Envoyer un message aux Black pour leur dire qu'ils ne gagneraient pas, pas tant qu'il serait là. Mais il savait aussi que cela ne ferait que mettre la petite en danger et il enfouit l'impulsion au fond de lui, résolu à bien faire pour une fois et à suivre le conseil de Remus. Se détacher, ne pas entrer en conflit.
Plus que tout, il songea au reste de l'Ordre, toujours en train de se battre dans le métro londonien à des kilomètres. Il se devait d'être rapide pour eux.
Avec un hochement de tête résolu en guise de signal, ils avancèrent en silence, contournaient les arbres de la forêt environnante, leurs pas étouffés par le tapis de feuilles mortes. Le manoir se rapprochait, sa façade froide et imposante éclairée par la lune. Plus ils se rapprochaient, plus Sirius sentait une tension sourde se nouer dans son ventre. Une magie puissante imprégnait l'air, signe que les protections de la demeure avaient été renforcées depuis la fête de fiançailles de Cissy. Ils étaient proches.
- Là, chuchota Frank en désignant une petite entrée dissimulée à l'arrière du manoir, entourée de lierre épais.
L'entrée des domestiques, autrement dit à taille d'elfes de maison. Sirius s'en souvenait, c'était par là qu'il s'était échappé du jardin sous sa forme de chien l'année dernière. Il acquiesça et se emboîta le pas à Frank. Ce dernier brandissait déjà sa baguette pour défaire les sortilèges. Il resta en retrait à l'observer, fasciné. La main de Frank n'hésitait pas et ses lèvres restaient scellés sans laisser filtrer la moindre formule à voix haute. Il savait parfaitement ce qu'il faisait comme s'il l'avait déjà réalisé des dizaines de fois en intervention avec le bureau des Aurors et Sirius prit conscience que c'était certainement le cas.
Au bout de quelques minutes qui s'étirèrent horriblement, les défenses finirent par céder assez pour qu'ils puissent entrer dans le domaine.
De nuit, le jardin paraissait immobile, à l'exception des grands paons blancs qui déambulaient comme des points fantomatiques. Ils les contournèrent sans s'attarder et arrivèrent au niveau de la large terrasse en pierre qui surplombait le parc. Visiblement, les baie-vitrées avaient également été réparées depuis la dernière fois : une légère lueur filtrait à travers, comme si on avait laissé brûler un feu ou laisser des lumières de sort allumées.
- Les fenêtres donnent sur le petit salon, murmura-t-il à Frank. Derrière, il y a le vestibule et le grand salon. Les chambres à l'étage.
- Trop de pièces à fouiller... Si t'étais Bellatrix, où est-ce que tu garderais une enfant de six ans ?
La question lui fit faire une grimace. Dans une crypte ? se retint-il de répondre. Ça aurait bien été le genre de Bellatrix. Mais il fallait qu'il soit logique. Ils n'étaient pas chez les Lestrange, ici. C'était un détail qui importait.
- Bellatrix n'est pas là. On est chez les Malefoy... Honnêtement, si je devais confier une enfant qui joue le rôle d'appât, je la ferai garder par la seule personne en laquelle j'ai confiance à part Tu-Sais-Qui lui-même.
- Tu veux dire... ?
- Sa sœur, oui. Narcissa. Si Lucius est à Londres à jouer à l'agent ferroviaire avec tous ses amis dans ces foutus tunnels, elle a dû rester ici toute seule...
La déduction parut plaire à Frank car il afficha un air satisfait et échangea un regard entendu avec lui. Apparemment, il avait compris où il voulait en venir.
- Parfait. Alors, il ne nous reste plus qu'à trouver Narcissa.
Sur ce plan d'attaque plutôt vague, ils se remirent en mouvement. Ils montèrent sur la terrasse, se déplaçant silencieusement comme des ombres. Sirius ouvrit doucement la porte qui menait au petit salon et pria pour que personne ne se trouve à l'intérieur. Frank le suivait de près, ses mouvements aussi silencieux qu'efficaces.
Une fois à l'intérieur, ils s'arrêtèrent. Le silence était presque oppressant, seulement rompu par le crépitement faible du feu dans l'âtre. La pièce était déserte.
- Reste sur tes gardes, lui intima Frank à voix basse, balayant le moindre recoin du regard.
Il brandit un peu plus sa baguette devant lui pour lui faire comprendre qu'il l'avait entendu et tendu l'oreille, espérant capter le moindre indice qui les mènerait à Nymphadora. Et c'est alors qu'il perçu un bruit feutré, comme un frottement de tissu. Son dos se raidit tandis que Frank se figea à sa droite. Ils échangèrent un regard. Ça venait du rez-de-chaussée, soit le vestibule, soit le grand salon.
Ils se glissèrent donc hors de la pièce, s'approchant du son. Le bruit se fit plus distinct à mesure qu'ils avançaient. C'était une voix. Une voix douce, presque chantante. Sirius ne l'avait pas entendu depuis longtemps, mais il se souvenait parfaitement des soirs de fête où on assaillait Narcissa sur un tabouret près de Regulus qui jouait du piano pour divertir la famille. Avec ses airs de poupée de porcelaine et sa voix mélodieuse, Narcissa faisait toujours le bonheur de grand-père Arcturus.
Ils atteignirent enfin le vestibule, désert. Celui-ci menait au grand salon. Ils se postèrent donc de part et d'autre de la porte, Sirius à gauche, Frank à droite, comme des prédateurs en embuscade. Il s'autorisa un rapide coup d'œil à l'intérieur.
Narcissa était là, vêtue d'une chemise de nuit couleur crème et assise dans un fauteuil en velours, parfaitement droite. Devant elle, une petite forme était recroquevillée sur un canapé : Nymphadora. La fillette semblait endormie, ou inconsciente, et Sirius sentit sa colère monter en flèche. Il réprima l'envie de bondir immédiatement, sachant que la situation était plus complexe qu'un simple assaut.
Inconsciente des témoins qui l'observait, sa cousine murmura doucement en caressant les cheveux de Nymphadora, presque comme une mère réconfortant son enfant. La scène lui paraissait déconcertante. Narcissa semblait être dans un étrange état de calme, comme si elle ne retenait pas prisonnière chez elle sa nièce pour le compte des mangemorts. Encore une journée parfaitement normale au fabuleux pays des Black et de leur vision tordue du monde !
- Maintenant, articula Frank silencieusement de l'autre côté de l'embrasure de la porte.
D'un signe de tête, il lui donna le signal. Ils firent irruption dans la pièce. Narcissa sursauta et se retourna vivement, une main sur la poitrine.
- Ne bouge pas, Cissy, gronda-t-il, sa voix vibrante de colère contenue.
- Sirius... qu'est-ce que tu fais ici ?
- Quoi ? Tu m'attendais ailleurs ? En train de fêter Noël avec mes amis, c'est ça ? (Il s'autorisa un rictus plein de dérision). Ou dans des tunnels de métro, peut-être ? Avec ton mari ?
Elle lui décocha un regard assassin, blême.
- Ouais, j'ai bien reçu la petite invitation de Bellatrix. Pas de chance, je savais aussi que Nymphadora était ici. Eloigne-toi d'elle, allez.
Evidemment, Narcissa n'esquissa même pas un mouvement. Toujours bien droite sur le fauteuil, son regard passa de lui à Frank, agité, puis elle baissa les yeux vers la fillette endormie sur le canapé.
- Elle dort, dit-elle d'un ton factuel. Elle est en sécurité.
- Ca, c'est ce que vous dites, rétorqua Frank en avançant d'un pas. Qu'est-ce que vous lui avez fait ?
- Je ne lui ai rien fait, Auror Londubat. Je garde juste ma nièce pour la semaine et aucun mal ne lui a été fait. Vous pourrez vérifier.
Sirius laissa échapper un souffle railleur.
- Aucun mal, c'est ça. Va dire ça à Andromeda quand elle voudra t'arracher les yeux.
La mention de sa grand sœur fit enfin craquer le masque de faux calme apparent de Narcissa. Sa main se crispa légèrement sur sa poitrine et il capta l'éclat de son alliance au passage. Il sentit sa patience s'amenuir rien que d'être mis face à ce détail.
- Allez, ça suffit, ça devient ridicule. Alors maintenant, voilà ce qu'on va faire : tu vas lâcher la petite et t'éloigner sans geste brusque. J'ai promis à Andromeda de lui ramener sa fille pour Noël. Je te déconseille d'essayer de m'en empêcher.
Face à la menace, Narcissa déglutit et ses doigts allèrent cette fois se crisper sur l'accoudoir du fauteuil, mais elle ne fit aucun mouvement pour se lever. Son regard passa plutôt entre eux une nouvelle fois, avant de retomber sur Nymphadora. Un éclat indéfinissable traversa son visage, alors qu'elle restait étrangement calme.
- Tu crois que c'est ce que je veux, Sirius ? murmura-t-elle soudain. Tu crois que j'approuve tout cela ?
Il haussa un sourcil, surpris par la vulnérabilité dans sa voix. Il se rapprocha à son tour et garda sa baguette pointée vers elle. Frank lui jeta un regard d'avertissement qu'il choisit d'ignorer.
- J'en sais rien, Cissy, rétorqua-t-il honnêtement, mâchoires contractées. Mais ce que je crois, c'est que tu t'enlises dans ta petite vie, celle dans laquelle tes parents et maintenant ton mari t'ont enfermé, et tu prétends que tout est normal. Alors non, je ne sais pas ce que tu veux. Mais ce que je sais, c'est que tu es en train de mettre ta vie et celle de cette gamine en danger.
Un long silence suivit. Pendant une seconde, il fut persuadé que Frank allait devoir s'en mêler, voire qu'ils allaient tous les deux devoir passer à l'acte, mais Narcissa les surprit soudain en se levant lentement. Chacun de ses mouvements parut contrôlés. Sur la pointe des pieds, elle s'éloigna du canapé où dormait Nymphadora, ses bras autour de son ventre, comme pour se protéger de quelque chose. Ce fut alors que Sirius remarqua ce détail qu'il n'avait pas perçu jusqu'à présent.
Son ventre, arrondi. Un léger renflement sous sa chemise de nuit.
La réalisation le frappa de plein fouet. Ce n'étaient plus seulement ses parents et son mari qui l'enfermaient désormais... Elle avait une nouvelle attache.
Le cœur de Sirius se serra. Il fixa sa cousine avec une intensité nouvelle, mêlant colère et quelque chose qui ressemblait sûrement à de la pitié.
- T'es enceinte, dit-il, presque malgré lui.
Elle le toisa froidement.
- Quel sens de l'observation. C'est ce qu'ils t'apprennent là-bas ? fit-elle d'un ton coupant. (Avec hauteur, elle désigna Frank d'un coup sec du menton et il sut qu'elle englobait l'Ordre en général derrière la figure de l'Auror). Peu importe dans le fond... Vas-y, prends-la. Je ne peux pas l'empêcher de toute façon.
Pris au dépourvu, il hésita. Frank, lui, passa à l'action. D'un geste souple, il se glissa jusqu'au canapé et attrapa la petite fille d'un bras, sa baguette toujours approximativement brandie. Sirius redressa la sienne immédiatement pour le couvrir.
La cœur battant, il vit Nymphadora papillonner des yeux, perdue, alors que Frank la hissait dans ses bras. Pendant un instant, il crut qu'elle allait se réveiller, mais sa petite tête dodelina avec effort et elle finit par refermer les paupières, replongeant dans les bras de Morphée. Elle se nicha dans le cou de Frank.
- Elle a simplement pris une potion de sommeil, se dédouana Narcissa d'une voix faible. Les effets se dissiperont au matin. Je ne voulais pas qu'elle fasse de cauchemars comme la nuit dernière...
- Oh quelle mansuétude, lança-t-il, incapable de se retenir. Vraiment une hôte parfaite.
Sa cousine le fusilla du regard.
- Si c'est pour afficher ton mépris comme d'habitude, Sirius, tu peux t'en aller de chez moi. Tu ferais même mieux. Je ne m'attendais pas à ce que tu comprennes de toute manière, tu as toujours considéré que tes idées étaient la vérité infaillible.
- Moi ? Oh c'est riche venant de toi... Je n'ai pas accepté de kidnapper une enfant sans poser de questions juste pour plaire à une armée de fanatiques.
- Sirius.
Le rappel à l'ordre de Frank, teinté d'urgence, lui fit se mordre l'intérieur de la joue. N'oublies pas le conseil de Remus, se fustigea-t-il, ne rentre pas dans leur jeu. Face à lui, les traits de Narcissa se durcirent.
- Je protège ma famille, Sirius, répliqua-t-elle d'un ton coupant. Ce que tu as toujours refusé de comprendre. Je ne te demande pas de le faire aujourd'hui.
- Protéger ta famille ? En enfermant la fille de ta propre sœur et en la livrant à des monstres ? C'est ça, ta définition de protection ? ne put-il s'empêcher de rétorquer en retour.
Un silence lourd s'abattit à nouveau sur eux. Frank observait la scène, la baguette toujours levée et le corps tendu, prêt à partir d'une seconde à l'autre. Narcissa, elle, finit par baisser la tête et se détourna. Elle cédait, réalisa-t-il. Elle avait cédé en leur laissant récupérer Nymphadora, mais elle cédait une nouvelle fois en les laissant s'en aller sans encombre et, au lieu de ressentir la victoire, il ne ressentait qu'un mélange paradoxale de nostalgie et de regrets.
Narcissa, la fière et froide Narcissa, avait fini par plier sous le poids de ses propres contradictions.
- Allez, c'est bon. On l'emmène, ordonna Frank.
Un bras fermement enroulé de l'enfant endormie, il traversa la pièce en quelques enjambées et en ressortit aussi vite qu'il était venu avec l'empressement de quelqu'un qui avait une mission à accomplir. Sirius, lui, s'attarda un instant.
- Cissy...
Sa cousine se retourna à peine. Sa main était redescendue vers son ventre et il jura intérieurement en cédant à son tour. Vif, il se porta à sa hauteur.
- Écoute-moi bien, Cissy, fit-il avec empressement, sa voix plus grave qu'il ne l'aurait voulu. Réfléchis bien à ce que tu veux pour ton avenir... pour celui de ton enfant. Si tu continues à suivre les idées de Lucius, ton gamin va finir comme tous les autres. Regulus, Bellatrix... Tous ceux qui ont pris ce chemin. Attachés au bon vouloir d'un homme qui ne pense que par la magie noire et qui n'hésite pas à obliger les autres à mener les combats à sa place. Tu sais aussi bien que moi comment ça finit.
Le souffle court, il attendit une réaction. Il crut même l'espace d'un battement que Narcissa allait totalement l'ignorer ; mais, lentement, elle finit par tourner la tête et il distingua son profil altier si caractéristique des Rosier, la famille de sa mère. De toute la famille, elle était peut-être la moins Black de prime abord si on faisait abstraction des traits de son visage et pourtant, à cette seconde, son regard transperça le sien.
- Et toi, tu sais aussi bien que moi comment ça finit pour ceux qui sont effacés de la tapisserie... riposta-t-elle. Mon enfant va avoir besoin d'une famille. C'est ça, l'important. (Elle eut un sourire désabusé, teinté d'une pointe de mépris comme seule elle parvenait à le conjuguer). Et tu parles d'un homme qui oblige les autres à mener les combats à sa place ? Regarde dans un miroir et interroge-toi un peu sur Dumbledore, d'accord ?
Sonné, il resta sans voix, incapable de trouver en lui la force d'objecter. A quoi ça aurait servi ? Il savait reconnaître une cause perdue quand il en voyait une et la colère se réveilla dans ses veines. Le pire, c'est qu'il décerna exactement la même émotion chez elle en reflet...
Ils restèrent ainsi à se dévisager longuement, puis il finit par secouer la tête avec un rire amer, défait.
- J'aurais dû m'en douter, oui... Tu sais quoi, Cissy. Laisse tomber. Ne viens juste pas pleurer quand ton précieux gamin sera pris dans toute cette folie. Je ne lèverai pas ma baguette pour t'aider. Je me ferai même un plaisir de te dire que tu le mérites.
Narcissa plissa les yeux.
- Si c'est ce que ton arrogance veut te faire croire. Tu crois vraiment que je ferai ça ? Mettre mon enfant en danger ? Il est tout que j'ai... Tout ce que j'ai réussi. Alors ne t'avises pas de me menacer. Tu t'apercevrais que Bellatrix n'est pas la plus à craindre entre nous deux autrement...
Etrangement, il n'en douta pas. Il ne chercha pas non plus à répondre. Pour une fois, il lui laissa le dernier mot et se détourna avec un dernier regard brûlant. Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il quitte la pièce.
Dehors, Frank l'attendait, soutenant toujours la petite Nymphadora dans ses bras. Il lui décocha une œillade exaspérée.
- C'est bon ? Ou tu veux rester pour le thé ?
- Désolé... c'est bon, on peut y aller.
- Je préfère ça. T'as de la chance, si on arrive à tous s'en sortir sans encombre, je ne mettrai pas ce détail dans mon rapport pour Maugrey. Allez, on transplane au QG. Prêt ?
Il acquiesça. Une seconde plus tard, la sensation de tiraillement familière l'attrapa à l'estomac et ses pieds décollèrent du sol, abandonnant le manoir Malefoy derrière lui. Narcissa n'avait qu'à rester dans sa prison dorée. Il allait pouvoir rendre Nymphadora à sa vraie famille...
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Ok la scène des adieux entre Marlène et Reg a été super dure à écrire, je l'ai réécrit sur les conseils de Perri (keur sur elle) mais même maintenant je n'en suis pas entièrement satisfaite... Déni ou coeur brisé, je ne sais pas mais ça a été difficile d'imaginer les dialogues. Autant j'avais très bien la scène, presque cinématographiquement, mais avec le son coupé...
Quant à celle avec Narcissa, ça a été un peu plus simple, j'étais contente de m'attarder un peu sur elle. Je n'en avais pas eu l'occasion chez les Black dooonc....
Voilà voilà ! Il ne me reste plus qu'à vous remercier encore de suivre cette histoire, de vous souhaiter de très belles fêtes de fin d'année, et de vous dire qu'on se retrouve l'année prochaine ! Bisous !
Teaser du prochain chapitre :
"- Et Marlène et Alexia... ?
Le silence, cette fois-ci, se fit bien plus lourd. Dorcas baissa les yeux, évitant de répondre, tandis que Lily échangeait un regard inquiet avec James. Ce fut finalement Alice qui prit la parole, sa voix ferme mais inquiète, comme si elle se glissait à nouveau dans le rôle de l'Auror chargée d'annoncer des mauvaises nouvelles.
- Elles n'ont pas transplané. En tout cas, ni moi ni Lily ne les avons vu revenir au QG comme prévu. Quand Peter est arrivé, il n'a pas eu le temps de s'étendre, il devait vraiment partir vite à Ste-Mangouste... mais il a dit qu'ils avaient été séparés tous les trois, qu'elles avaient pris un tunnel différent.
- Quoi ? Un tunnel différent ? répéta-t-il alors que son rythme cardiaque repartait de plus belle. Vous vous foutez de moi ?
- Sirius..."
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