Tome IV - Chapitre 17 : Dans le ventre du labyrinthe
Hello ! Désolée, j'ai pas eu le temps de poster hier pour cause d'escape game thème Fort Boyard haha ! Ouais, je suis vachement occupée ^^ Mais me voilà maintenant et on enchaîne avec la suite du dernier chapitre, à savoir Nymphadora toujours capturée par les mangemorts et l'Ordre qui cherche à la secourir !
Et petite parenthèse, mais je recommande tellement la série Arcane sur Netflix, juste magnifique et incroyable. Il me reste plus que deux épisodes à voir, mais c'est une masterclass. Quelqu'un regarde ici ? ^^
Bonne lecture !
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Chapitre XVII : Dans le ventre du labyrinthe
L'ambiance festive avait cessé, remplacée par une état d'urgence latent que Marlène avait appris à connaître au fil des missions, mais c'était peut-être la première fois qu'elle le ressentait avec autant de force, sans doute à cause du contraste si frappant avec le début de soirée. Les verres d'alcool avaient été repoussés sur un coin de la table, remplacés au profit du parchemin enchanté de Bellatrix pour que tout le monde puisse s'y pencher et réfléchir.
- Down Street... marmonna Gideon, pensif. Une vieille station de métro. Elle a été fermée depuis des décennies. Ça fait un lieu de rendez-vous parfait pour les mangemorts.
- Je connais cet endroit, ajouta Sirius. C'est un dédale de tunnels abandonnés et de quais déserts. Il y a des accès un peu partout, parfait aussi pour une embuscade.
- Justement, c'est là qu'on aura notre avantage, intervint Alexia, qui avait écouté en silence jusque-là. Si on divise notre groupe et qu'on passe par les issues de secours, on pourra la prendre par surprise.
Sirius croisa les bras, réfléchissant à la proposition. Elle se permit de lever la main pour intervenir avant qu'il ne réponde :
- Je pense que c'est trop utopique de vouloir les prendre par surprise. Ils savent qu'on sera là, ils ont choisi le lieu et l'heure. Ça ne sert à rien de miser sur cet effet-là.
- Elle n'a pas tort, appuya Lily.
- Alors quoi ? On y va pour se faire décimer ? demanda Peter, nerveux. Parce que là, j'ai l'impression que c'est un peu ce qui nous attend. Ça se trouve, s'ils ont attendu précisément une semaine avant de nous contacter, c'était justement pour étudier tous ses tunnels et ses issues. Nous, il nous reste... (il jeta un coup d'œil à la montre de Remus près de lui) ...trente minutes. On est mort.
Un silence pesant tomba après sur ces mots. Le constat était lugubre. Lugubre et réaliste. Une combinaison qu'elle détestait. Elle sentit la tension monter dans la pièce, chacun semblant se rendre compte à quel point la situation était désespérée. Trente minutes pour se préparer à entrer dans un piège soigneusement orchestré par Bellatrix Lestrange.
Sirius se pencha soudainement en avant, les poings serrés, et le regard brûlant d'une détermination farouche.
- On n'est pas morts, répliqua-t-il avec force. Pas tant qu'on n'a pas essayé. Je refuse de laisser Bellatrix gagner. C'est elle ou nous ce soir, mais quoi qu'il arrive, on ne sortira pas de ce tunnel sans avoir récupérer Nymphadora.
Il semblait tellement y croire, y mettre tant de conviction... Marlène vit les Londubat échanger un regard résolu, tandis que James et Remus se redressaient, rassemblant leur courage. Alexia et Peter ne paraissaient pas encore vraiment convaincus et les autres restaient neutres, en attente de jugement. Elle-même avait l'impression de concentrer chacune de ces réactions dans le nœud au creux de sa gorge et elle se força à expirer, concentrée.
- Très bien, intervint Remus, sa voix douce mais ferme. Nous savons que c'est un piège, mais ça ne signifie pas que nous sommes sans ressources. On a déjà déjoué ce genre de situations. On sait comment fonctionne Bellatrix, elle se croit invincible, elle se nourrit de la peur. Mais ce qu'elle n'a pas prévu, c'est qu'on anticipe sa façon de penser.
- Exactement, ajouta Alice, ferme. Il faut retourner son propre piège contre elle. Nous avons encore des cartes à jouer et on ne doit pas les sous-estimer.
C'était sans doute parce qu'elle était juste à côté, mais elle crut entendre Alexia marmonner dans le vague un « belles paroles, mais concrètement ? ». Elle pouvait bien lui accorder que ça restait assez flou et Fabian se chargea de le vocaliser :
- Alors comment on fait ? demanda-t-il, sa voix grave perçant le silence. Si on ne peut pas compter sur l'effet de surprise, qu'est-ce qui nous donne l'avantage ?
- La rapidité, répondit Marlène d'instinct. Ce qu'on a, c'est notre unité, notre capacité à réagir en un éclair. Eux, ils sont désorganisés, ils comptent sur la force brute et la terreur. Mais nous, on a quelque chose qu'ils n'ont pas : la discipline. L'entraînement. Et surtout... on se fait confiance.
Elle sentit les regards se tourner vers elle alors que l'adrénaline lui montait aux tempes. Elle continua, plus déterminée que jamais :
- Ils nous attendent pour un combat frontal, mais si on réussit à infiltrer la station de plusieurs côtés, si on reste flexibles et imprévisibles, on pourra les désorienter. Notre but, c'est de faire diversion assez longtemps pour qu'un autre groupe s'éclipse chez les Malefoy et sorte Dora de là. Pas de se battre inutilement. Une fois que c'est fait, on se replie immédiatement.
Sa proposition parut déjà un peu plus convaincre. En tout cas, Sirius acquiesça.
- D'accord. Voici ce qu'on va faire, dit-il. On divise notre groupe en deux équipes. L'une fait diversion à l'entrée principale de Down Street, elle attire Bellatrix et ses sbires. L'autre passe par les tunnels secondaires pour les déstabiliser le plus possible, créer le chaos. A ce moment-là, deux personnes transplanent et vont récupérer Dora. On ne traîne pas, on agit vite, et on se replie.
- Si simple exposé comme ça, railla Dorcas.
- Parfois, la simplicité, y'a que ça de vrai, affirma Gideon en frappant dans ses mains. Ok, reste plus qu'à déterminer les deux équipes et le duo qui partira chez les Malefoy.
Frank Londubat se passa une main sur la mâchoire, songeur.
- Il faudra au moins un Auror pour ça, annonça-t-il. Autant être à peu près dans la légalité. Même si on n'a pas de manda, les nouvelles lois nous y autorisent si on trouve quelque chose ensuite pour le justifier. T'es sûr que la petite est bien là-bas, Black ? Parce que tout repose sur ça.
Le poing pressé contre ses lèvres, Marlène croisa brièvement le regard de Sirius. Il semblait la supplier d'être sûre de son coup : c'était elle qui avait transmis le message sur le serpent de mer dans la cour du paon et elle savait qu'il soupçonnait très fortement qui le lui avait passé. Elle hocha imperceptiblement la tête.
- Je suis sûr, certifia-t-il alors à la cantonade.
- Ok, parfait, accepta Frank. Alors on y va, on ne prend pas le risque de ne pas respecter ce que Bellatrix veut. On est assez pour agir. J'irai avec Sirius chez les Malefoy, il est celui qui connait le mieux les lieux et...
- Stop ! coupa sa femme, sourcil dressé. Pourquoi ça serait à toi de l'accompagner ? Je pourrais très bien le faire.
Ils la dévisagèrent tous. Et soudain, Marlène vit un nouveau problème arriver...
- Alice... tu n'es pas sérieuse...
- Oh que si. Je ne suis pas encore en arrêt, il me semble. Je suis tout à fait capable de faire mon métier.
- Maugrey t'a assigné aux tâches administratives depuis des semaines déjà ! protesta Frank.
Elle releva le menton, défieuse.
- Parce que les missions en cours le permettaient, mais il a bien spécifié que des cas exceptionnels pouvaient survenir. Je crois qu'on est en plein dedans. Je ne vais pas rester en arrière parce que je suis enceinte, ce n'est pas une maladie !
- Personne n'a dit ça, mais sois raisonnable, plaida-t-il. Enfin, c'est du bon sens. Penses au bébé.
- Il a raison, appuya Sirius. Vous et Lily, vous ne pouvez décemment pas...
Lily, jusque-là silencieuse, fronça les sourcils et se leva brusquement.
- Quoi ? Tu plaisantes, Sirius ? Je suis tout aussi capable de me battre que n'importe qui ici !
- Et merde, c'est parti... marmonna Dorcas en se détournant, l'air déjà blasé. Je savais que ça allait finir par arriver.
Agacée, Lily croisa les bras sur sa poitrine. Côte à côte avec Alice, elles formaient un front assez impressionnant, et Marlène réalisa qu'une première bataille s'engageait alors que la vraie n'avait même pas encore commencé. Elle coula un regard inquiet vers l'horloge. Il ne leur restait plus que quinze minutes avant de devoir partir.
- Écoutez, reprit Sirius en essayant de garder son calme. Ce n'est pas une question de compétences. Vous êtes deux des meilleures combattantes que je connaisse, mais là, on parle de deux vies en plus.
James, qui était resté étrangement en retrait, se tourna finalement vers Lily face à cet argument. Derrière ses lunettes, ses yeux reflétaient une inquiétude sincère.
- Sirius et Frank ont raison, murmura-t-il. Lily, c'est différent maintenant. On a le bébé à protéger. C'est notre responsabilité.
Evidemment, Lily le fusilla du regard, le corps tendu de colère et de frustration.
- Tu crois que je ne comprends pas ça ? Tu crois que je ne pense pas au bébé, moi aussi ? Mais ce n'est pas une raison pour que je reste les bras croisés pendant que vous risquez vos vies !
- Si, contra-t-il. C'est exactement la raison. Tu pourrais te prendre un sortilège, tomber, être bousculée. Toi aussi, Alice. Il y a mille scénarios qui pourraient mal tourner. Et ça ne veut pas dire que vous faibles ou inaptes, ça veut dire que vous êtes trop importantes pour qu'on risque de vous exposer. Lily, je t'en supplie...
Face à face, James et Lily se dévisagèrent, leurs regards s'affrontant dans un mélange de colère et d'inquiétude.
- Bon allez, faut faire un choix là, pressa Gideon, implacable. On est à dix minutes de partir pour une mission suicide, et ce genre de décision doit être prise maintenant. Vous êtes parmi les plus puissantes sorcières ici, ok, on est tous d'accord là-dessus ! Mais aujourd'hui, le plus grand service que vous pourriez rendre à l'Ordre, c'est d'assurer la sécurité du QG pendant qu'on est là-bas. Si quelque chose nous arrive, si Bellatrix avait un plan B... vous devez être prêtes à protéger tout le monde ici.
Marlène approuva silencieusement. Tête baissée, elle vit Lily qui croisait les bras, luttant contre sa colère, mais il y avait un fond de vérité dans les mots de Gideon qu'elle ne pouvait décemment pas ignorer. Alice, quant à elle, serra les dents, résignée mais l'air toujours frustrée.
- Très bien, finit par lâcher Lily, la voix tremblante d'émotion. Mais si vous ne revenez pas avec Nymphadora , je vous jure que je débarque chez les Malefoy moi-même.
- Ca me va, approuva Sirius, saisissant le compromis au vol, pressé. (Il se tourna vers les autres). Bon allez, maintenant. On répartit les rôles et on y va.
Les choses parurent se réaccélérer d'un coup. L'air était lourd de tension, mais chacun savait que dans quelques minutes, ils seraient plongés dans le chaos d'une mission désespérée.
- Que Merlin soit avec nous, murmura Fabian avant de se tourner vers son frère, un sourire triste sur les lèvres.
Marlène retint un souffle sans joie. Il leur faudrait sûrement plus que Merlin, aussi puissant soit-il. L'Ordre du Phénix était prêt à plonger tête la première dans le piège de Bellatrix.
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Plonger. Oui, c'était exactement le mot. Une véritable immersion dans les entrailles de Londres, un monde souterrain séparé de tout ce qui se passait à la surface. Marlène n'avait jamais vu un lieu aussi oppressant. Le silence pesait autour d'eux comme une chape de plomb, lourd et suffocant. Elle resserra sa prise sur sa baguette, ses doigts crispés, tandis que l'obscurité des tunnels semblait vouloir les avaler tout entiers à chaque pas. Même les faibles sortilèges d'éclairage qu'ils lançaient n'arrivaient pas à percer la densité étouffante de l'air. Elle se sentait en danger à chaque instant, et malgré tous ses efforts pour rester calme, son regard ne cessait de balayer les ombres derrière elle.
Elle faisait partie de la seconde équipe, celle qui devait contourner l'ennemi et les surprendre dans une deuxième vague une fois que les combats auraient commencé. Et en prime, c'était à elle d'ouvrir la voie, une responsabilité qui la pesait un peu plus à chaque pas.
Derrière elle, Alexia, Peter et Gideon suivaient en silence, aussi tendus qu'elle. Marlène savait qu'aucun d'entre eux n'était vraiment satisfait de leur affectation. Elle-même aurait pu en être vexée, mais elle comprenait : Gideon aurait préféré rester avec son frère, Alexia avec Sirius, et Peter avec les autres Maraudeurs. Mais ils n'avaient pas eu le temps de discuter, encore moins de protester. La mission était trop importante, et ils s'étaient séparés des autres il y a plusieurs minutes déjà.
Depuis, tout était resté terriblement calme.
Le silence était inquiétant, presque oppressant, comme si même le monde souterrain retenait son souffle. Rien ne bougeait, rien ne vivait ici. Marlène ne savait pas exactement à quoi elle s'était attendue, mais sûrement pas à ce vide sombre, ces tunnels où des rails rouillés par le temps s'étiraient, fantomatiques, dans la pénombre.
- C'est lugubre, murmura Alexia derrière elle, mettant des mots sur ses pensées.
Un frisson lui parcourut l'échine.
- C'est sûr que y'aurait besoin d'une bonne rénovation et d'un peu de déco d'intérieur, se moqua Gideon. J'enverrai une lettre à la municipalité si je ressors vivant.
- Charmant.
Marlène ne le vit pas, mais elle sut sans pouvoir l'expliquer qu'il roula des yeux face à son commentaire.
- Allez, McKinnon, j'essaye de dédramatiser un peu. Après tout, c'est un soir de fête, non ?
- Dommage, on a oublié le champagne alors... rétorqua Alexia, rentrant dans son jeu. On va même louper le Père Noël.
- Tragédie. Vous pensez qu'on peut demander une augmentation à Maugrey pour ça ?
- Essaye toujours. Ca sera refusé par Dumbledore au-dessus.
Gideon émit un rire étouffé. Le son parut se répercuter contre les murs et Peter, à l'arrière, intervint alors :
- Moins fort...
Elle lui fut reconnaissante. Si les mangemorts les entendaient arriver, leur maigre effet de surprise tomberait à l'eau et une grande partie du plan reposait dessus. Surtout, Peter avait peut-être la position la plus vulnérable et elle ne pouvait pas lui reprocher de vouloir que tout le monde soit concentré. Alexia chuchota un « désolé, Pete » et le silence retomba alors.
Ils continuèrent à avancer, leurs pas résonnant doucement sur le sol de béton craquelé. Elle tenta de ravaler sa nervosité. Tout prenait des airs menaçants dans son esprit à ce stade... La lumière des sortilèges, par exemple, dansait sur les murs humides et sales de la station, projetant des ombres qui semblaient s'allonger et se tordre dans l'obscurité. Elle devait se persuader toutes les demi-secondes que ce n'étaient pas des silhouettes de mangemorts.
- On y est presque, murmura-t-elle, plus pour se rassurer que pour les autres.
En tout cas, elle le croyait... Ils approchaient d'un croisement de tunnels, l'un des points stratégiques où ils devaient se déployer. Marlène ralentit le pas et sentit le regard de ses compagnons peser sur elle, attendant ses instructions. Elle se demanda quand est-ce qu'elle avait pris ce rôle qui aurait dû clairement revenir à Gideon par pure ancienneté, mais ce n'était plus le moment de s'interroger.
Le cœur battant, elle s'accroupit, puis jeta un coup d'œil rapide aux alentours, à l'affût du moindre signe d'activité ennemie.
- Alors ? chuchota Alexia derrière elle en posant une main légère sur son épaule. Tu vois quelque chose ?
- Pas encore, non...
Une sueur froide glissa le long de sa colonne vertébrale. Leur mission reposait sur un élément clé : l'effet de surprise. Si les mangemorts savaient qu'ils étaient là... Ils seraient foutus avant même de pouvoir intervenir.
Gideon vint se placer à côté d'elle, les sourcils froncés.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
Elle se redressa lentement, réfléchissant à leur meilleure option. Ils devaient continuer, mais en redoublant de prudence.
- On avance encore un peu, décida-t-elle. Si on ne croise rien dans les prochaines minutes, on fait demi-tour.
Ils acquiescèrent sans un mot, tous conscients qu'ils n'avaient pas le choix. Gideon lui adressa même un hochement de tête approbateur et elle fut un peu rassurée. Elle ne faisait pas n'importe quoi. Ils se remirent donc à avancer et les secondes s'étiraient en une éternité, chaque pas plus lourd que le précédent. Les murs semblaient se resserrer autour d'eux, les tunnels se muant en un véritable labyrinthe.
Puis, soudain, un bruit. Léger, presque imperceptible, mais suffisant pour que Marlène s'immobilise net. Ses yeux s'écarquillèrent, et elle leva une main pour intimer aux autres de faire silence.
Un murmure. Un froissement. Puis... des voix.
- Ils sont là, souffla-t-elle, le cœur battant à tout rompre.
Les autres se figèrent instantanément. Alexia serra sa baguette un peu plus fort, et Peter sembla se raidir à l'idée que l'affrontement était désormais inévitable. Gideon, lui, jeta un coup d'œil au coude du tunnel où les bruits provenaient.
- Combien, tu penses ?
- Trop pour qu'on ait l'avantage, répondit-elle, sa gorge sèche.
Le temps sembla ralentir. Les voix approchaient, de plus en plus distinctes. Elle reconnut celle de Bellatrix. Un rire perçant traversa les ténèbres, résonnant dans les tunnels avec une clarté glaçante.
- Les petits Phénix s'approchent, chantonna la voix cruelle de Bellatrix. Ils pensent pouvoir nous surprendre alors qu'ils sont juste dans ma toile !
Marlène sentit son estomac se nouer. Ils savaient. Ils savaient depuis le début. Evidemment, c'était à celui qui surprendrait l'autre en premier. Elle n'eut pas le temps de réagir qu'une rafale de lumière jaillit droit dans leur direction. Elle se jeta au sol. Au-dessus d'elle, elle entendit la voix de Peter crier un Protego et elle releva la tête pile pour voir des dizaines de silhouettes émerger du tunnel adjacent... Des silhouettes vêtues de noires, cachées derrière des masques argentés, mais aussi des silhouettes plus familières. James. Dorcas. Fabian. Frank. Et tous les autres.
Les mangemorts et l'Ordre entrèrent en collision dans une pluie d'étincelles.
- Formation de combat ! cria Gideon, la voix grave et résolue.
Marlène se remit à genoux, puis recula précipitamment, trouvant un abri derrière un pilier de béton effrité. Alexia, à sa droite, ripostait avec férocité, et elle la vit lancer un Stupefix qui toucha l'un des mangemorts de plein fouet.
Les sorts crépitaient dans l'air, illuminant les ténèbres d'éclairs bleus, rouges et verts. Le tunnel se transformait en champ de bataille alors que les murs vibraient sous la puissance des sortilèges. Bellatrix était visible maintenant, silhouette spectrale aux yeux flamboyants, ricanant comme si elle était seule maîtresse des lieux.
- Pauvres enfants, ricana-t-elle en jetant un jet de lumière verte qui manqua de peu Peter, figé de terreur à quelques mètres. Vous avez choisi le mauvais camp !
Le souffle court, elle tourna ses yeux vers Peter.
- Bouge ! cria-t-elle.
Mais il semblait incapable de le faire. Elle n'eut pas le temps de l'aider, car Bellatrix pointa cette fois sa baguette directement sur elle. Une décharge de magie pure fusa alors vers elle et elle esquiva de justesse en roulant sur le côté, ses cheveux frôlant la brûlure du sort.
- On se replie ! lança Frank Londubat au loin, sa voix brisée par la tension. Potter, Lupin ! Par ici ! Meadowes, derrière toi !
Elle se releva, les muscles tendus, les yeux braqués sur la scène devant elle. Tout était chaotique. Plusieurs duels étaient engagés, mais c'était difficile de savoir qui attaquait qui avec précision. L'Auror avait donc compris ce que Marlène réalisait aussi : ils ne tiendraient pas. Pas ici. Pas avec autant de monde dans un espace si réduit.
Elle lança un dernier sort, un Confringo, qui fit exploser une partie du tunnel derrière eux, envoyant une pluie de débris et de poussière. Un rideau de fumée se leva entre eux et les mangemorts.
- Vite ! Par-là ! se récria-t-elle, entraînant Alexia et Peter avec elle dans une course désespérée à travers les tunnels.
Gideon les couvrait de l'arrière : il lançait des sorts pour retarder la progression des mangemorts. Elle ne savait pas ce qui était advenu du groupe principale, mais elle leur faisait confiance pour se débrouiller. Bellatrix, elle, ne lâchait rien et son rire dément se répercutait derrière eux, plus proche à chaque seconde.
Ils couraient à en perdre haleine, les battements de leurs cœurs résonnant plus fort que les sorts derrière eux. Les tunnels défilaient dans un chaos de poussière et d'ombres mouvantes. Marlène, le souffle coupé, sentait ses poumons brûler alors qu'ils continuaient leur fuite à travers le dédale souterrain. Elle jetait de fréquents regards en arrière, veillant à ce qu'Alexia et Peter suivent le rythme, mais chaque pas sonnait comme un écho de leur fin imminente. Elle réalisa alors que Gideon n'était plus derrière eux.
- Où... ? commença-t-elle à s'inquiéter, ralentissant.
Mais Peter la poussa en avant.
- Il est retourné aider les autres, haleta-t-il, ils étaient en sous-effectif. Cours !
Elle ne chercha pas à protester. Gideon avait une meilleure analyse de la situation : s'il jugeait que les groupes devaient changer, elle lui faisait confiance. L'adaptabilité était la clé. Et ils allaient en avoir besoin.
Derrière eux, Bellatrix ne ralentissait pas. Son rire cruel, comme une lame tranchante, coupait l'air avec une insistance morbide, s'amplifiant à chaque détour. Marlène savait qu'ils n'avaient que peu de temps avant que les mangemorts les rattrapent.
- On ne pourra pas courir indéfiniment ! lança Alexia, haletante, sa voix à peine audible sous les cris et les explosions lointaines.
Elle acquiesça. Son cerveau tournait à plein régime pour trouver une solution. Ils étaient piégés dans ce labyrinthe sans fin et continuer à fuir ne ferait que les mener droit dans les bras de l'ennemi. Elle repéra soudain une ouverture sur leur droite, un passage étroit et partiellement effondré qui s'enfonçait plus profondément encore dans les sous-sols.
- Là ! s'exclama-t-elle, tirant Alexia par la manche pour la diriger vers cette nouvelle voie. Suivez-moi !
Ils s'engouffrèrent dans l'ouverture, le bruit de leurs pas masqué par la chute de débris derrière eux. Elle pria intérieurement pour que le tunnel ne soit pas un cul-de-sac. L'espace était si exigu qu'ils devaient courir en file indienne, leurs baguettes projetant une faible lueur tremblotante sur les murs couverts de suie et de crasse.
Peter, en arrière-garde, jeta un énième sort qui fit s'effondrer l'entrée du tunnel derrière eux. Un grondement sourd suivit l'effondrement, et pendant un instant, ils se retrouvèrent plongés dans un silence oppressant, uniquement troublé par leurs respirations saccadées. Celle d'Alexia était un peu trop sifflante à son goût...
- Ça devrait les ralentir un moment, murmura cette dernière en essayant de reprendre son souffle.
- Si Bellatrix est derrière, elle ne va pas laisser un éboulement l'arrêter longtemps, nuança Peter, inquiet.
Il était pâle, secoué par l'adrénaline et la peur, et ses yeux scrutaient l'obscurité qui les entourait. Alexia posa une main sur son épaule.
- On s'en sortir, Peter, allez...
- Hum...
- Je te sens pas convaincu, là, l'admonestera-t-elle. Eh, tu te souviens ce qu'on s'est dit ? On laissera pas cette guerre nous voler nos vies ? C'est hors de question ! Certainement pas ce soir en plus, on a des cadeaux à ouvrir demain matin. Tu voulais aller chez ta mère, non ?
A la mention d'Enid Pettigrew qui attendait son fils le matin de noël, seule dans sa maison de la campagne anglaise, Peter sembla prêt à fondre en larmes. Pourtant, il déglutit et parut se forcer à relever le menton.
- Ouais... t'as raison... On va s'en sortir, allez. (Il les regarda tour à tour). Qu'est-ce qu'on fait ?
Marlène se mordit l'intérieur de la joue.
- Je ne sais pas combien ils sont derrière... fit-elle en désignant le mur. Au moins deux, je pense. Bellatrix et un autre mangemort. On pourrait essayer de les semer...
- Mais ça va être un jeu de chat et la souris jusqu'à ce qu'on puisse plus fuir.
- Certes...
Perdue, elle ferma brièvement les yeux. Se concentrer. Ne pas laisser la peur la paralyser. C'était tout son enseignement de l'Ordre qu'elle devait mettre à profit maintenant.
- On pourrait tenter de les diviser... entonna-t-elle lentement. Ca les perdrait et les rendrait plus vulnérable. Ils sont deux, on est trois.
- Mais... ça veut dire nous séparer nous aussi ? fit Peter, incertain.
Elle vit tout de suite que l'idée l'angoissait. A juste titre. Elle n'en menait pas large non plus...
- Ca peut valoir le coup, intervint Alexia. Il y a deux tunnels là, ils ne sauront plus qui poursuivre... Ca peut nous faire gagner du temps. Maintenant reste juste à savoir... qui part où ?
Ils s'entreregardèrent tous, tendus. L'un d'eux allait se retrouver seul, c'était une évidence. Et la perspective était terrifiante. Elle s'apprêtait presque à plaisanter qu'il la joue à pile ou face, incapable de désigner quelqu'un de force, lorsque un craquement sourd résonna derrière eux. Ils firent volte-face.
Brusquement, Marlène sentit une vague de magie noire traverser l'air et une partie du tunnel dans leur dos s'effondra à nouveau, mais cette fois, c'était le signe que Bellatrix avait brisé l'obstacle.
- On bouge ! Maintenant ! hurla-t-elle.
Ils n'eurent pas le temps de se concerter. Ils reprirent leur course et, instinctivement, leur groupe se sépara à nouveau : Peter partit à droite tandis qu'elle et Alexia se précipitaient à gauche. Elles ne se retournèrent pas. Elles accélèrent plutôt, déterminées à mettre autant de distance entre elles et les mangemorts que possible. En tout cas, le plan semblait avoir fonctionné, car elle avait l'impression de moins entendre de bruit de foulée dans son dos. Un signe, peut-être, qu'un seul assaillant était désormais sur leurs talons.
Dans tous les, Marlène savait qu'elles ne pourraient plus tenir très longtemps. Alexia était presque courbée en deux et sa respiration se faisait saccadée, lui échappant par râle. Elle avait une décision à prendre, et vite. Elles devaient regagner la surface, trouver un endroit où se défendre de manière plus efficace. Le tunnel les protégeait, mais il les piégeait tout autant.
- Il faut qu'on trouve un moyen de remonter, dit-elle d'un ton résolu. Si on reste ici, on est mortes...
Alexia approuva, les mains pressées sur sa poitrine.
- Là-bas, je crois que je vois une échelle...
Sans discuter, elles bifurquèrent dans le nouveau couloir. Le tunnel devenait de plus en plus étroit, mais elles finirent par déboucher dans une sorte de salle circulaire, plus grande, où l'aiguillage des métros devait se faire à une époque. Une échelle métallique rouillée menait à une trappe au plafond.
- Parfait, se réjouit-elle. Alexia, monte en première, je te couvre.
Empressée, elle se tourna vers son amie pour lui faire signe de passer devant, mais la vision qui lui apparut la figea. Alexia venait de s'affaisser contre le mur, le souffle court. Même dans l'obscurité, son teint avait la couleur de la craie.
- Alex... ?
- Ca monte... croassa-t-elle.
- Quoi ? Qu'est-ce qui monte ?
Bêtement, elle leva les yeux vers la trappe, toujours close au-dessus de leur tête, mais Alexia secoua la tête.
- La crise, précisa-t-elle. Elle... monte. Je... j'arrive plus... à respirer...
- Non... Non, non ! Pas maintenant. T'as une fiole de remède ? T'en as une sur toi ? Alex !
Paniquée, elle se rapprocha d'Alexia, visiblement incapable de répondre tant elle cherchait un souffle salvateur qui n'arrivait pas, et se mit à fouiller ses poches. Ses mains tremblaient. Elle ne trouva rien...
- C'est pas possible, non...
Les yeux d'Alexia commencèrent à se voiler et elle se mit à glisser au sol en position assise, comme si on avait couper le fil qui la retenait debout. Marlène suivit le mouvement avec affolement. C'était la première fois qu'elle assistait à une crise aussi sérieuse. A sa connaissance, Alexia n'en avait plus fait depuis leur septième année, la fois où elle avait dû être transportée à Ste-Mangouste d'urgence.
- Eh, Alex, non, je t'en supplie ! Reste avec moi ! Tu m'entends ?
- Marlène...
- Ca va aller ! Les autres vont arriver, ils ne sont pas loin. On va te sortir de là, ok ?
Les mots tombaient de ses lèvres sans même qu'elle ait conscience de ce qu'elle disait vraiment. Sa promesse était de toute façon vide de sens, elles le savaient toutes les deux. L'autre groupe devait encore se battre avec les mangemorts, à part peut-être Sirius et Frank s'ils avaient de la chance. Elle pria pour qu'ils aient pu s'éclipser et partir au Manoir Malefoy comme prévu.
Le visage crispée par la douleur, Alexia devait penser à la même chose car elle eut la force d'expirer un nom, à peine audible :
- Sirius...
- Il va revenir. Il va arriver, promit-elle, un sanglot dans la gorge. Tu m'entends, Alex ? Je t'interdis de me laisser toute seule ici. Tu as encore plein de choses à lui dire. Comme que cette foutue bague est définitivement une bague de fiançailles et pas juste de promesse. Hum ? Il faut qu'il le sache, tu crois pas ?
Un mince sourire étira les lèvres d'Alexia. Elle était pâle désormais, pâle à en paraître maladive, et des gouttes de sueurs accrochaient ses mèches châtains à son front.
- Il l'avouera jamais... haleta-t-elle, la voix pas plus haute qu'un murmure. Il a trop peur... je le connais.
- Le comble pour Sirius Black, plus Gryffondor que Godric lui-même !
Merlin, elle racontait n'importe quoi. Mais elle était prête à continuer si ça pouvait distraire Alexia : moins elle paniquait, plus elle économisait son souffle. Agitée de tremblement, elle lui attrapa la main pour venir la plaquer contre son sternum, inspirant et expirant profondément.
- Allez, essaye de te caler sur moi, encouragea-t-elle. Tu gères super bien. Tu crois que je pourrais te faire transplaner ? Ou léviter jusqu'en haut ?
- Non... pas de magie. Ça... ça serait pire... Le cœur lâch... lâcherait.
La phrase lui fit l'effet d'un uppercut. Le cœur lâcherait. Elle eut la sensation que le sien lui faisait défaut, là, tout de suite et elle retint une nouvelle vague de larmes, apeurée. Pourquoi n'avait-elle jamais demander à Lily de lui montrer comment réanimer quelqu'un ? Ils avaient tous eu des entraînements pour soigner des blessures plus ou moins superficielles, mais rien pour gérer ce genre de situation. Elle eut envie d'hurler de frustration.
- Marlène...
- Je suis là, Alex. Je suis là.
Dans sa main, les doigts d'Alexia étaient glacés.
- Tu... t'iras voir Ellie pour moi...
- Non. T'iras la voir toi-même, jura-t-elle, déterminée. (Ses joues étaient mouillées de larmes désormais, mais elle n'osa pas lâcher Alexia pour les essuyer). Tu la reverras parce que tu vas sortir de ces foutus tunnels, Alex ! Tu verras le bébé de James et Lily, tu pleureras avec moi en le tenant dans tes bras, je refuse que tu nous laisses !
Sa voix partait dans des accents hystériques, elle l'entendait très bien. Elle sentait sa gorge se nouer, chaque mot qu'elle prononçait plus difficile à sortir que le précédent. Alexia, son amie depuis tant d'années, était en train de s'effondrer sous ses yeux, et elle était incapable de faire quoi que ce soit. Elle aurait voulu pouvoir la secouer, l'aider, lui insuffler la vie et la force par la simple volonté, mais c'était inutile. Rien de tout ce qu'elle pouvait dire ou faire n'allait changer ce qui se passait.
- Alexia, reste avec moi, supplia-t-elle, tête basse.
- Je... j'essaye...
- C'est déjà parfait. Allez, on va s'en sortir toutes les deux, tu entends ? On n'est pas arrivées aussi loin pour que tout se termine ici ! Penses à la paperasse que ça va donner à Maugrey. Et Gideon qui va râler de devoir rallonger son rapport.
Le rire d'Alexia fut faible, presque inaudible.
- Bah... il râle... toujours... de toute...
Elle s'arrêta net, son souffle se coupant brusquement alors qu'un spasme la secouait. Marlène arrêta de respirer en écho. Terrifiée, resserra sa prise sur sa main.
- Non !
Mais le corps d'Alexia s'affaissa un peu plus et ses yeux roulèrent dans leurs orbites. Elle la rattrapa avant qu'elle ne heurte le sol, étouffée par ses pleurs.
- Non... non... A l'aide ! Pitié !
Désespérée, elle se mit à hurler. Peu importe qui allait l'entendre, elle était prête à prendre le risque pour sauver une de ses meilleures amies. Au début, rien ne se passa. Le silence dans le tunnel, si pesant, sembla encore plus insoutenable. Alors Marlène se remit à crier, sa voix résonnant contre les murs de béton comme un écho désespéré. Ses mains tremblaient, agrippant le corps d'Alexia avec une force qui trahissait sa peur. Elle ne pouvait pas la perdre. Pas comme ça. Pas ici.
Et pourtant, Alexia restait immobile, sa poitrine se soulevant à peine sous l'effort désespéré de son corps pour trouver de l'air.
Puis, soudain, des bruits de pas résonnèrent au loin. D'abord indistincts, ils se firent plus proches, plus pressants. Marlène tourna la tête, hésitant entre l'espoir et la terreur. Était-ce un membre de l'Ordre ? Ou bien... ? Son cœur loupa un battement.
Là, au bout du tunnel, arrivant vers elle à grandes foulées, ce fut une silhouette vêtue de noire et au masque d'argent qui se matérialisa.
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Verdict ? ^^
Teaser pour la suite :
"Ils atteignirent enfin le vestibule, désert. Celui-ci menait au grand salon. Ils se postèrent donc de part et d'autre de la porte, Sirius à gauche, Frank à droite, comme des prédateurs en embuscade. Il s'autorisa un rapide coup d'œil à l'intérieur.
Narcissa était là, vêtue d'une chemise de nuit couleur crème et assise dans un fauteuil en velours, parfaitement droite. Devant elle, une petite forme était recroquevillée sur un canapé : Nymphadora. La fillette semblait endormie, ou inconsciente, et Sirius sentit sa colère monter en flèche. Il réprima l'envie de bondir immédiatement, sachant que la situation était plus complexe qu'un simple assaut."
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