Tome III - Chapitre 4 : Le tourment des rendez-vous
Hello ! Plusieurs choses aujourd'hui avant de commencer le chapitre.
Pour celles et ceux qui n'auraient pas vu sur instagram, je propose à toutes les personnes intéressées de se retrouver le dimanche 5 décembre au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil à côté de Paris ! Il y aura aussi la fabuleuse Perripuce et normalement 4 lectrices ont déjà répondu présentes pour venir, ça va être trop cool ! Si ça vous tente, hésitez pas à m'envoyer un MP, un message insta, ou n'importe quoi. On a déjà un groupe Whatsapp haha !
Sinon, deuxième info. Je vous avais parlé de mon concours donc je vous tiens au courant. Malheureusement, je ne l'ai pas eu... Ils avaient dit qu'il y aurait plus de 100 places et finalement il n'y en a eu que 79, ce qui est frustrant. Et ce qui est encore plus frustrant, c'est qu'il me manquait seulement... 0.25 points ! Mais bon, tant pis, ça sera pour une prochaine fois haha ! Je l'avais passé en freestyle juste pour l'expérience donc je suis déjà contente de moi ^^
Mais voilà, j'ai besoin de réconfort donc....
Lâchez-vous sur les commentaires !!! *keur sur vous*
Et maintenant, je vous laisse lire le chapitre !
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Chapitre IV : Le tourment des rendez-vous
D'un geste nerveux, Marlène ouvrit sa penderie pour la quatrième fois et la referma également pour la quatrième fois. Les deux portes en bois émirent un claquement sec. Elle soupira et avisa son lit, considérant une seconde avec sérieux l'idée de se jeter dessus pour s'y rouler en boule et y passer la soirée. Ses nerfs y gagneraient certainement. Pour la énième fois, elle se demanda ce qui lui avait pris d'accepter la proposition de Benjy d'aller boire un verre. C'était complètement ridicule : il était plus âgé qu'elle, le pays était en guerre, ils travaillaient tous les deux pour une société secrète et surtout... Merlin, elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle n'était jamais sortie avec un garçon de sa vie et il allait forcément s'en rendre compte. C'était embarrassant.
Les joues rouges, elle rouvrit ses portes de placard. Ses tenues la narguèrent. Récemment, elle avait acheté plusieurs moldus lors de virées shopping à Londres avec Lily et Alexia et elle aimait ce qu'elle avait trouvé. Des chemisiers, des vestes, des jeans... Elle avait commencé doucement à élaborer un style, mais elle réalisait ce soir qu'elle n'avait pas pensé à toutes les éventualités et certainement pas à celle qui impliquait un rendez-vous amoureux. Par réflexe, son regard dériva vers ses tenues sorcières, mais là aussi elle poussa un soupir de dépit. Rien de portable, trop classique, trop sobre... La plupart avait été acheté par sa mère. En plus, Benjy avait été clair : ils sortaient dans le monde moldu. Impossible de mettre une robe de sorcière.
Frustrée, elle claque la porte de son placard.
- Marlène ? appela sa mère depuis le salon. Tout va bien ?
- Oui, oui... Pardon ! La porte m'a échappé des mains !
- Fais attention !
Marlène ne prit pas la peine de répondre, les joues rouge. Elle fixa ses mains de longues secondes. Les contours de ses ongles étaient rouges à cause des entraînements. Instinctivement, sa tête se tourna pour observer le reflet que lui renvoyait son miroir de l'autre côté de sa chambre. Sa chambre... L'idée lui semblait encore un peu étrange après vécue sept ans dans son dortoir à Poudlard. Revenir chez ses parents et dans sa chambre d'enfant après son diplôme lui avait fait un drôle d'effet, mais elle n'avait pas eu le choix : le QG n'était extensible et toutes les chambres avaient été prises par les autres. Elle ne s'était pas battue. Elle s'entendait bien avec ses parents, elle n'avait de copain avec qui elle aurait prendre un peu d'indépendance... Les autres avaient eu plus besoin qu'elle d'habiter au QG. Dans les faits, elle aurait pu sans doute réussir à se payer un appartement, mais le salaire de vendeuse qu'elle touchait chez Madame Guipure n'était pas vraiment mirobolant. Elle ne pouvait pas se permettre de tout mettre dans un loyer et refusait tout net l'argent de ses parents pourtant prêts à l'aider sans problème. Ses frères n'avaient rien demandé en partant de la maison et elle comptait bien faire de même.
La réalité de sa situation la heurtait parfois, comme si elle se rendait compte d'un coup ce qu'elle était en train de vivre, mais elle essayait de ne pas s'y attarde. Le miroir eut le même effet : il lui renvoya sa réalité en pleine face. Littéralement. Le cœur lourd, elle contempla ses cheveux blonds qui lui arrivaient maintenant presque à la poitrine. Elle ne les avait plus coupés depuis deux ans et ils avaient légèrement foncés, bien plus que dans son enfance. C'était peut-être la partie qu'elle préférait chez elle... En même temps, le reste n'était pas à mettre en avant.
Découragée, elle passa une main sur ses hanches dessinées. Son reflet l'imita. Elle avait beau avoir perdu du poids cet été grâce aux entraînements, elle ne pouvait s'empêcher de comparer son corps à celui des autres... A Lily et sa silhouette mince. A Alexia et son corps filiforme. A Dorcas qui, même si elle avait des formes, faisait si femme avec sa poitrine opulente et ses hanches marquées. Marlène n'avait pas l'impression d'être femme. Ni même d'en avoir l'air. A la limite, elle avait perdu la rondeur de son visage, mais sa poitrine restait désespérément à peine visible sous son chemisier blanc. Et elle ne voulait même pas s'attarder sur son nez arrondi et petit qu'elle n'avait jamais aimé après le jour où son frère lui avait fait une remarque dessus juste pour rigoler.
- Rah, allez bouge-toi, s'invectiva-t-elle brusquement.
D'un bond, elle se releva et les ressorts de son lit protestèrent dans un grincement. Sans réfléchir davantage, elle attrapa un pantalon en velours côtelé marron pour aller avec son chemisier et passa une ceinture en cuire un peu plus claire à sa taille. Une paire de bottine complétait sa tenue. D'un mouvement souple, elle noua ses cheveux en chignon et se déclara prête. Elle n'osa pourtant pas regarder à nouveau le miroir et sortit de sa chambre sans un regard en arrière.
Elle descendit les escaliers à toute vitesse alors que l'horloge sonnait six coups. Il lui restait une heure avant que Benjy ne vienne la chercher au QG.
- Maman ! héla-t-elle. Je vais y aller.
- Quoi ? Maintenant ? Tu sors ?
- Oui, mais je rentrerai pas tard promis !
- Marlène attends ! Viens-là !
Marlène soupira, tête renversée en arrière. Elle se doutait à moitié que sa mère ne la laisserait pas partir aussi facilement. En traînant les pieds, elle se dirigea dans le salon. Sa mère, en robe d'intérieur, reposa le vase qu'elle était en train d'arranger.
- Tu sors encore ? attaqua-t-elle immédiatement, mains sur les hanches. Ce n'est pas prudent, Marlène, surtout en ce moment le soir... La Gazette en parlait encore ce matin.
- Maman... Je ne vais pas rester enfermée dans ma chambre pendant les dix prochaines années.
- Je n'ai pas dit ça. Mais je préférais que tu restes à la maison après la tombée du jour pour les semaines à venir. Avec le renvoi de Benjamin, ce n'est pas prudent pour nous...
- Benjamin s'est fait renvoyé il y a des mois, objecta-t-elle.
- Orion Black a la mémoire longue, ne crois pas que l'affront est oublié.
Sa mère le regarda d'un air grave et Marlène déglutit. Elle se souvenait parfaitement de la poigne de Mulciber et de son corps qui écrasait le sien le jour où il avait appris que Benjamin avait accusé haut et fort devant une dizaine de témoins Orion Black, alors son patron, de financer les activités des Mangemorts. Si Regulus n'était pas arrivé à temps, il lui aurait sûrement fait subir le même sort qu'à Mary McDonald en cinquième année. En y repensant, elle sentit son estomac se tordre, mais elle n'arriva pas à distinguer ce qui provoquait son angoisse : le souvenir de Mulciber et de ce qui aurait pu se passer, l'indignation qui brûlait dans ses veines, ou l'image de Regulus habillé de noir avec la marque en tête de mort sur le bras.
- Hier encore, je suis allée sur le Chemin de Traverse, raconta sa mère. Et j'ai croisé Caesar Yaxley avec ses fils, Malcom et Corben... Ils n'ont pas pu s'empêcher de me faire une remarque en me demandant comment allaient mes fils et si je savais où était ma fille en ce moment. La menace était à peine voilée !
- Maman...
- Si ton père avait été là, ils ne se seraient pas permis une telle chose, j'en suis sûre.
Perturbée, elle se détourna. Marlène eut soudain une envie de révolte contre Caesar Yaxley. Fabian et Gideon lui avaient parlé de lui : il agissait en périphérie et finançait les opérations des Mangemorts. Ses deux fils ne participaient qu'à des coups mineurs, comme des démonstrations de force sans autre utilité que terroriser la population. Autant dire qu'ils étaient des lâches. S'en prendre à Janice McKinnon, femme et mère de famille seule en pleine rue, en était la preuve.
- L'audace ! ragea-t-elle. Tu sais ce que j'aurais dû leur répondre ? Qu'ils feraient mieux de regarder leur propre famille. Je n'oublie pas l'histoire de la nièce enceinte qui a rompu ses fiançailles avec le fils Rosier. Quel scandale.
- Valait mieux pour Elizabeth qu'elle parte plutôt qu'elle épouse ce type, commenta Marlène.
- Peut-être bien mais enfin... A mon époque, on n'aurait jamais osé. Ce genre d'affaire se réglait autrement, tu peux me croire.
Marlène retint une grimace. Elle aimait sa mère, vraiment, mais c'était dans ce genre de remarque qu'elle percevait toute son éducation sang-pur. Née Abbot, sa mère aurait pu sûrement faire un mariage plus prestigieux si elle n'était pas tombée sincèrement amoureuse de Brent McKinnon. Bien que sang-pur, sa famille ne faisait pas partie des 28 sacrés, mais les Abbot avait toujours été plus souple sur la question du rang que d'autres grandes familles. Le mariage de ses parents avait donc pu avoir lieu et ils les avaient élevés, ses frères et elle, dans un milieu bourgeois modeste à l'image des Potter, bien loin de l'aristocratie conservatrice ou du faste des nouveaux riches qu'avaient pu connaître Sirius ou Dorcas.
- Enfin, peu importe... reprit sa mère en soupirant. Tout ça pour dire que personne n'est en sécurité et encore moins nous, Marlène. Et je trouve que tu sors un peu trop en ce moment, tu n'es pratiquement jamais à la maison, tu loupes les repas... Cet été, je t'ai à peine vu !
- Je travaille en ce semaine et je vois mes amis quand j'ai du temps libre, c'est tout.
Elle pria pour ne pas rougir devant ce mensonge qui n'en était pas vraiment un. Après tout, elle se trouvait bien avec ses amis lorsqu'elle était au QG pour les entrainements de l'Ordre.
- Je comprends et c'est important de se changer les idées en ce moment, mais tu es obligée de sortir autant ? Peut-être que tu pourrais plutôt inviter Lily, Dorcas et Alexia ici, non ?
- Maman, je n'ai plus douze ans, protesta-t-elle, embarrassée. En plus, Benjamin et Daniel sortent tout le temps et tu ne leur dis rien !
- Benjamin a quitté la maison depuis deux ans, il fait ce qu'il veut. Quant à Daniel, ce n'est pas pareil.
- Pourquoi ? Parce que c'est un garçon ?
- En partie, admit sa mère sans se démonter. Il ne faut pas se faire d'illusion, les rues son plus sûres pour lui la nuit, c'est une réalité. Nous pouvons la regretter, mais pas la changer, Marlène. Et Daniel commence sa vie d'adulte. Je t'ai dit que le professeur Arbor partait à la retraite et qu'il pensait lui laisser son cabinet d'apothicaire ? C'est une merveilleuse nouvelle, n'est-ce pas ? Oh ! Et ton père est passé à la boutique justement la semaine passée. Le professeur Arbor a recruté une nouvelle assistante depuis que ton frère a eu sa promotion. Bien figure-toi que Daniel semble la trouver charmante.
- Maman ! Laisse-le tranquille !
- Quoi ? Je ne lui ai rien dit. Je m'informe, c'est tout...
- Bien sûr, sourit-elle en roulant des yeux.
Son attitude lui valut une tape sur la main, mais Marlène savait qu'il n'y avait aucune colère derrière. C'était même un sujet de plaisanterie depuis des années dans la famille : leur mère avait une nette tendance à se mêler de leur vie sentimentale. Benjamin avait même refusé de lui présenter une de ses petites amies à cause de ça, même s'il avait finalement rompu avec elle au bout de quelques mois. Ce qui dérangeait davantage Marlène, c'était cette différence que sa mère faisait dans son traitement entre ses frères et elle. Si elle savait tout ce qu'elle était en train d'apprendre avec l'Ordre, elle n'aurait sans doute plus cette vision de petite fille fragile.
Soudain, les yeux de sa mère brillèrent d'une curiosité mal dissimulée et Marlène sentit le piège se refermer sur elle avant qu'elle n'ait pu l'éviter :
- Et toi alors ? Si tu sors autant, ça ne serait pas parce qu'il y a un garçon d'impliquer ?
- Oh Merlin maman...
Elle tenta de battre en retraite vers le couloir, mais sa mère la suivit.
- Voyons, tu peux me le dire, insista-t-elle. Tu sais j'ai rencontré ton père quand j'avais ton âge !
- Il n'y a pas de garçon, maman, dit-elle en omettant bien de mentionner Benjy.
Sa mère parut sur le point de creuser la question lorsqu'elle s'arrêta brusquement, comme si elle venait de penser à quelque chose. Marlène fronça les sourcils en attrapant sa veste dans l'entrée.
- Quoi ?
- Si ce n'est pas un garçon... Enfin, j'ai entendu les rumeurs concernant ton amie Dorcas...
- Maman ! Non, il n'y a pas de filles non plus. Et il faut que les gens arrêtent de parler de Dorcas !
Pourtant, sa mère poussa un soupir de soulagement.
- Je préfère ça, dit-elle, ça aurait été compliqué...
- Compliqué pour qui ? Tes amies du club de thé et de ragots ? (Elle retint un claquement de langue agacé et ouvrit la porte d'entrée). Bon allez, j'y vais. Je ne rentrerai pas tard, promis.
- Marlène, attends !
D'un geste précipité, sa mère la retint une dernière fois et l'attira contre elle. Les démonstrations d'affection de la sorte n'étaient généralement pas son genre, elle savait se montrer chaleureuse autrement. Pourtant, dans cette étreinte, elle lui fit passer toute son inquiétude et son amour. Son agacement s'envola et elle la serra aussi dans ses bras en inhalant profondément son parfum. Puis, elle se dégagea doucement et sourit. Elle se promit de revenir chaque jour auprès de sa mère, peu importe la mission ou le rendez-vous.
- Allez, amuse-toi bien, dit sa mère, la gorge enrouée. Et fais attention.
- Promis, maman !
Elle dévala les marches du perron. L'air chaud de début septembre fit voler ses cheveux blonds et elle traversa la petite cours devant sa maison avant de pousser le portail. Elle n'arrivait pas à calmer l'appréhension galopante qui revenait la ronger maintenant qu'elle partait de chez elle pour retrouver Benjy. Il ne lui avait même dit où il comptait l'emmener précisément. Elle baissa les yeux sur sa tenue. Peut-être qu'elle ne s'était pas assez habillée formellement... Ou alors trop... Et finalement elle ne connaissait pas grand-chose à la mode moldu, elle pouvait juste avoir l'air ridicule en ce moment-même. Pendant une seconde, elle envisagea de passer un coup de cheminée pour prévenir qu'elle était malade et préférait annuler, mais elle se fustigea. Si elle voulait affronter des Mangemorts, elle pouvait bien affronter une soirée avec un garçon.
En inspirant un grand coup, elle tourna sur elle-même, se concentra et le sol se déroba sous ses pieds. Le transplanage ne dura que quelques secondes. Elle ne trébucha même pas en arrivant, comme elle le faisait à ses débuts, et avisa la vieille maison en pierre qui leur servait de QG. Les ordres de Dumbledore et de Maugrey étaient clairs : ils ne pouvaient s'y rendre qu'en transplanant et après vérifié que personne ne se trouvait à proximité. Il serait facile pour un Mangemort de s'accrocher à eux et ainsi de percer leur secret. A moins de connaître l'existence de la maison perdue dans les landes irlandaises, personne ne pouvait vraiment l'atteindre.
Ici, le vent soufflait bien plus fort qu'à Londres et elle se dépêcha d'atteindre le périmètre de sécurité, celui au sein duquel ils ne pouvaient pas transplaner, et de jeter les sorts qui levaient les boucliers le temps qu'elle entre. Puis, le corps mordu par le froid, elle remonta jusqu'à la maison. Elle pria pour que Benjy ne soit pas sorti du travail en avance, juste pour avoir un peu de temps pour se préparer psychologiquement ou pour sombrer dans la panique, c'était encore à déterminer. Prudemment, elle avança dans le couloir étroit qui servait d'entrée et déboucha dans la cuisine. Une vague de soulagement la traversa en découvrant Alexia et Sirius, assis autour de la table, une partie de bataille explosive et deux tasses de cafés entre eux.
- Tiens Marlène ! s'exclama son amie. Tu devais passer ce soir ? Et Merlin, qu'est-ce que tu portes ?
Marlène baissa les yeux sur son chemisier blanc et son pantalon en velours côtelé.
- Quoi ? Je me suis trompée, ça ne se porte pas comme ça ? s'inquiéta-t-elle.
- Oh... Euh, si, si... Tu ressembles juste à une étudiante de psychologie qui traîne dans les cafés de Londres.
- Je peux pas juger, intervint Sirius, mais je préfère les vestes en cuir.
Alexia leva les yeux au ciel tandis que Marlène se laissait tomber à coté d'eux, mortifiée.
- Rah, j'ai l'air ridicule, déplora-t-elle.
- Mais non ! Si tu veux explorer un nouveau style, je trouve ça très bien.
- Ce n'est pas pour ça...
Les joues rouges, elle enfouit son visage dans ses bras. Elle ne savait même pas vraiment elle-même pourquoi elle n'avait pas parlé de son rendez-vous avec Benjy à ses amies. Ou plutôt, elle refusait de se l'admettre. Elle savait que c'était irrationnelle, mais elle avait peur de passer pour une gamine auprès d'elles. Alexia étaient déjà sorties avec deux garçons avant Sirius et était en couple avec lui depuis plus d'un an et demi. Lily avait toujours eu James qui lui courrait après et ils filaient le parfait amour depuis l'hiver dernier. Quant à Dorcas, son expérience n'était plus à prouver. Marlène, elle, ne s'était jamais intéressée plus que cela aux garçons. Elle ne leur avait d'ailleurs jamais vraiment plu non plus. Le seul semblant de relation qu'elle avait eu était avec Regulus et encore... Elle ne pouvait pas vraiment qualifier ce qu'ils avaient eu de réussite.
- Marlène ? Tout va bien ?
- Hum, hum... marmonna-t-elle avant de relever la tête pour affronter Alexia. Je ne t'ai pas dit mais j'ai en quelque sorte... rendez-vous avec Benjy ce soir.
La réaction d'Alexia fut plus rapide que l'envol d'un vif d'or.
- Quoi ? Benjy ? Benjy Fenwick ?
- Oui... Il m'a proposé d'aller boire un verre à 19h.
- Oh mon dieu ! Marlène !
- Je sais ! Mais je ne sais pas... Merlin, Alex, je ne sais pas comment on fait, avoua-t-elle en sentant ses joues s'embraser.
Gênée, elle coula un regard vers Sirius. Il devait la prendre pour une idiote. S'il y avait bien une personne qui s'y connaissait en rendez-vous, c'était lui. Il sembla réaliser qu'elle le regardait car un éclair de compréhension traversa son visage.
- Vous voulez que je vous laisse ? proposa-t-il. Entre filles ?
- Non, non, je ne voulais pas vous déranger... C'est bête, je...
Elle amorça un geste pour se lever, mais Alexia lui saisit la manche et tira dessus pour la faire retomber sur sa chaise.
- Tu ne bouges pas, intima-t-elle. Et toi non plus, Sirius. On va tous réfléchir calmement pour t'aider, ne t'inquiète pas. De toute façon, je perdais, ajouta-t-elle en jetant ses cartes sur le coin de la table. Bon, raconte tout !
Nerveusement, Marlène les regarda tour à tour. A bien y réfléchir, elle préférait que Sirius reste. Son avis pouvait être intéressant. Dorcas avait toujours dit que les garçons pensaient autrement et peut-être qu'il arriverait à lui donner des pistes concernant Benjy.
- C'était la semaine dernière après l'entraînement, raconta-t-elle. Je me suis mise à parler avec Benjy quelques minutes. Rien de vraiment intéressant, je ne sais pas si vous vous souvenez il était venu s'entraîner avec nous pour garder la forme et réviser quelques sortilèges. Il me racontait des anecdotes sur lui et un de ses amis quand ils avaient suivi la formation de l'Ordre ensemble. Et puis à la fin de la conversation, il m'a juste demandé si je voulais aller boire un verre avec lui pour faire davantage connaissance parce qu'il me trouvait sympa et... euh jolie.
- Il t'a dit qu'il te trouvait jolie ? s'enthousiasma Alexia.
- Je pense qu'il essayait d'être gentil, nuança Marlène. Je devais être en sueur et décoiffée.
- Mais même ! C'est hyper important ! Non ?
Elle se tourna vers Sirius.
- Quoi ? Qu'il lui ait dit qu'elle était jolie ?
- Oui ! C'est pas neutre pour vous, les gars, de dire ça, non ?
- « Les gars », répéta-t-il, moqueur. Comme si on était une espèce à part entière. (Il rassembla ses cartes en tas avant de répondre). J'avoue qu'il te l'a dit vite. Deux options : il a vraiment un coup de cœur sur toi et veut te le faire savoir, ou il veut juste te mettre dans son lit.
- Sirius !
D'un coup, le visage de Marlène la brûla et sa nervosité explosa. Elle s'était refusée à penser à cette éventualité, même si elle restait dans un coin de sa tête.
- Quoi ? Il est plus âgé que nous, non ?
- 23 ans, indiqua Marlène.
- Quand même, murmura Alexia, pensive. Je ne lui ai jamais vraiment parlé, mais ça ne serait pas son genre je pense...
- Parce qu'il y a vraiment un genre pour ça ?
Alexia plissa les yeux et menaça soudain Sirius de sa tasse de café.
- Tu n'es d'aucune aide, là ! s'exaspéra-t-elle. Arrête de vouloir lui faire peur.
- Je ne disais pas ça pour lui faire peur... J'essayais juste de la mettre en garde sur une potentialité potentielle.
- Beau pléonasme, railla Alexia.
- De toute façon, si c'est ça qu'il veut, il va déchanter avec moi, intervint Marlène. Je veux dire, je sais à peine embrasser !
- Personne ne « sait » embrasser, Marlène. On comprend juste au bout d'un moment, ne t'inquiète pas pour ça. Ce n'est pas comme s'il allait être ton premier baiser. Et n'oublie pas : rien le premier rendez-vous, laisse-le te courir après !
Marlène hocha la tête mécaniquement, essayant de tout retenir. Elle hésita une seconde avant de se décider à rectifier Alexia : elle n'était plus à une remarque gênante de près.
- Il ne serait pas techniquement mon premier baiser mais... c'est tout comme. Je n'ai embrassé qu'une seule fois avant...
A ce stade, elle était sûre que ses joues et ses oreilles avaient pris une teinte rouge pour l'éternité, mais elle ne mentait pas : elle refusait de considérer son premier baiser avec Regulus comme un premier. Ça avait été une impulsion momentanée et elle avait juste effleurer ses lèvres avant de partir en courant, terrifiée par sa réaction. Il lui avait dit ce jour-là que tout serait impossible entre eux et elle s'était faite une raison. Du moins pendant un temps. Elle n'oubliait pas leur baiser, le dernier jour avant la fin de l'année dans le parc du château lorsqu'il était venu lui dire adieu. Pourtant, même si elle n'oubliait pas, l'expérience avait été étrange : ses émotions faisaient rages à ce moment-là dans son esprit et c'était surtout l'impression de déchirement irrépressible qui l'avait marqué plutôt que la sensation physique du baiser en lui-même.
En face d'elle, Alexia et Sirius arboraient deux expressions différentes : elle semblait surprise et étonnée tandis que lui avait l'air moitié intéressé et moitié horrifié. Mais comme le baiser en question concernait son petit frère, Marlène ne pouvait pas l'en blâmer et sa gêne se renforça.
- Attends, tu veux dire que... dit Alexia en agitant la main comme pour chercher ses mots. Quand vous vous êtes embrassés dans le parc avant les vacances, c'était la première fois ? Il ne t'avait jamais embrassé avant ?
- Non... Non, pas vraiment.
La réaction d'Alexia fusa :
- Quoi ? Mais quel con !
- Alex !
- C'est vrai ! Je n'ai pas tout suivi et je n'ai jamais insisté pour que tu me racontes toute ton histoire avec lui, mais vous aviez une relation assez ambiguë et il t'embrasse juste avant que vous vous sépariez !
- Reg a toujours eu un talent dramatique... marmonna Sirius.
Alexia lui jeta un coup d'œil de biais.
- Comme si c'était pas de famille, rétorqua-t-elle avant d'embrayer sans lui laisser la possibilité de répondre. Bon, peu importe. Tu n'as pas d'expérience pour embrasser. Et alors ?
- Il ne va pas trouver ça bizarre... ?
- Chacun son rythme, affirma Alexia. S'il t'apprécie vraiment, ça ne sera pas un problème. Sois juste franche avec lui.
Rien qu'en s'imaginant devoir avouer quelque chose comme ça à Benjy l'angoissait déjà. Avec un soupir, elle posa sa tête contre son poing clos. Elle ne savait pas même plus pourquoi elle avait accepté ce maudit rendez-vous. Sirius parut alors hésiter une seconde et joua avec l'anse de sa tasse avant de s'adresser directement à elle :
- Je peux te poser une question, Marlène ?
- Au point où j'en suis...
- Est-ce que... est-ce que tu as encore des sentiments pour Regulus ? Parce que je pense que c'est important que tu te le demandes avant de donner des espoirs à Benjy. Et tu as le droit de ne pas me répondre, j'ai conscience que ça soit bizarre que ça soit moi qui te demande ça, mais...
Il laissa sa phrase en suspens et le silence s'étira soudain entre eux. Marlène avait maintenant trop mal au ventre pour respirer correctement. Elle essaya de réfléchir avec sincérité à la question de Sirius. Elle aurait même aimé prendre le temps d'y réfléchir, elle aurait aimé douter et peser le pour et le contre. Pourtant, la réponse s'imposa à elle avec une facilité désarmante : oui. Oui, elle avait encore des sentiments pour Regulus. C'était peut-être la seule évidence à laquelle elle pouvait se raccrocher en ce moment. Elle n'en avait pas été certaine avant. Même à Poudlard, elle doutait : peut-être qu'elle se montait la tête, elle ne savait rien de l'amour et pouvait bien juste avoir confondu son amitié profonde avec Regulus pour autre chose. Le baiser ne l'avait même pas aidé à y voir plus clair. Ce qui avait été radical, ça avait la douleur de le quitter. De s'entendre dire que les choses entre eux était impossible. Elle s'était endormie et réveillée avec une boule dans le ventre des semaines après le début des vacances. Il lui manquait. Et si cette douleur qu'elle ressentait n'était pas de l'amour, alors elle ne savait plus ce qu'était censé l'être.
Pourtant, aujourd'hui, elle avait conscience que Sirius et Alexia attendaient une certaine réponse. Et cette dernière lui monta aux lèvres facilement :
- Non, mentit-elle. J'ai tourné la page. Comme l'a dit Alex, ce n'était même pas vraiment une relation, c'était compliqué et ça fait trois mois maintenant. Je veux vraiment essayer avec Benjy.
Visiblement, c'était la réponse que ses amis voulaient entendre car ils parurent soulagés. Marlène se mordit la lèvre, coupable, mais ne flancha pas. Il y avait juste des limites à ce qu'elle était prête à avouer.
- Parfait ! s'exclama Alexia, ravie. Pour ce soir, ne te prends pas la tête. Laisse-le t'emmener quelque part, discute avec lui, et ça ira ! On verra le reste après !
- Tu dis ça comme si c'était la chose la plus simple...
- Crois-moi, ce n'est pas l'étape la plus compliquée !
- Comment tu peux le savoir ? Vous vous êtes mis en couple en deux minutes !
Sirius et Alexia échangèrent un regard entendu.
- En vérité, ça a été long, dit-elle, j'ai dû attendre qu'il se rende compte qu'il m'aimait bien un moment. Mais oui, on a un peu sauté toute l'étape des rendez-vous et des « je t'emmène boire un verre ». Ce qui ne veut pas dire que ça n'ira pas très bien pour toi, détends-toi. Et viens-là, on va arranger un peu ta tenue. Debout !
Mécaniquement, Marlène obtempéra. Elle laissa Alexia s'approcher et la détailler d'un œil critique avant de passer derrière elle.
- Tes cheveux seront mieux complètement détachés, jugea-t-elle en enlevant la pince qui retenait quelques mèches blondes. Et ton chemisier... (Elle repassa devant et ouvrit le premier bouton). Mieux ! Ça va, tu es à l'aise ? On pourrait en ouvrir deux, mais je me disais qu'il valait mieux commencer progressivement.
Marlène acquiesça. Elle était habituée aux tenues sorcières dont les cols et les tissus étaient souvent couvrants. La décomplexion de la mode moldu lui faisait encore étrange, même si elle l'intriguait de plus en plus. Satisfaite, Alexia se tourna vers Sirius, expectative.
- Qu'est-ce que t'en penses ?
- Bien...
- Comment ça « bien » ? Elle est magnifique !
L'exclamation arracha un sourire à Marlène. C'était sans doute toute bête, mais l'appréciation d'Alexia lui faisait plaisir. Sirius, lui, haussa un sourcil et se renversa contre le dossier de son siège.
- T'es en train de me demander de regarder une autre fille que toi ? s'amusa-t-il.
- N'importe quoi ! Je te demande de soutenir Marlène. Fais pas l'imbécile.
Elle lui donna une tape sur le bras en souriant et Sirius s'esclaffa avant de vraiment prendre le temps de la regarder de bas en haut. Elle se força à ne pas piétiner sur place, gênée et amusée en même temps. Elle poussa le jeu à poser une main sur sa hanche pour se donner un air de mannequin. Sirius rendit son verdict :
- Parfaite ! Si Benjy n'a pas l'impression d'avoir trouvé la femme de sa vie, je ne sais plus quoi faire !
- T'as rien fait, objecta Alexia.
- Eh ! J'ai donné des conseils ! Je m'implique dans cette relation. On veut des comptes rendus maintenant, Marlène, ajouta-t-il en s'adressant à elle.
Elle sourit.
- Vous serez les premiers au courant, promis.
Fiers d'eux, Sirius et Alexia se tapèrent dans la main. Pile à ce moment, la porte de l'entrée grinça et le bruit caractéristique d'une arrivée au QG leur parvint. Marlène perdit aussi sa légèreté et une bouffée de panique monta en elle.
- Reste calme et naturelle, conseilla Alexia en chuchotant.
- Hum...
Faute de ne pas réussir à se calmer, elle tenta au moins de prendre une pose naturelle et se retrouva simplement debout près de la table de la cuisine, la main crispée sur le dossier de son siège. Benjy entra dans la pièce et marqua un temps d'arrêt en les découvrant tous les trois avant de leur adresser un sourire confiant. Benjy Fenwick, du haut de sa vingtaine entamée, arborait de larges épaules, des cheveux châtains aux reflets clairs et un nez qui paraissait pointu à cause de ses yeux marrons un peu trop rapprochés. Un homme de charme comme dirait sa mère.
- Bonsoir, lança-t-il. Je ne pensais pas qu'il y aurait du monde au QG.
- On est samedi, répondit Alexia platement. Les secrétaires ne bossent pas les samedis. Et lui, il est juste rentier.
La réplique sarcastique eut le mérite de faire rire tout le monde, même si Marlène perçut – et pas pour la première fois – la lassitude et l'agacement qu'Alexia ressentait pour son travail de secrétaire.
- Eh, fit mine de protester Sirius, ça nous a permis de nous entraîner aujourd'hui.
- C'est vrai... Je suis claquée. Et dire qu'on recommence demain matin mais avec Gideon.
Benjy prit un air compatissant.
- Je crois que Gide se venge simplement de ce que nous a fait subir Maugrey quand on était à votre place. Vous en faites pas, c'est la partie facile. Quand vous serez sur le terrain, ça sera une autre paire de baguette, croyez-moi.
- Joyeux, commenta Sirius. Surtout, passe une bonne soirée Marlène.
En réponse, elle lui fit les gros yeux. S'il commençait à se moquer de Benjy, elle allait mourir d'embarras avant d'avoir pu franchir la porte du QG.
- Désolé, s'excusa Benjy sans se démonter. Je te promets qu'on parlera d'autres choses. Tu es prête ?
- Oui, oui... A plus tard !
- Amusez-vous bien ! dit Alexia.
Elles échangèrent un regard équivoque et Marlène savait qu'elle ne couperait pas à un récit détaillé de la soirée. Gagnée par l'excitation, elle se dirigea vers Benjy en souriant et il s'effaça pour la laisser passer avec chevalerie. Au moment de ressortir, elle se demanda si elle se moquerait d'elle-même dans quelques années en se traitant de naïve pour ne pas réaliser que Benjy était l'homme de sa vie. Dorcas la traiterait sûrement de romantique rêveuse si elle l'entendait. Secouant la tête, elle se concentra pour arrêter son esprit et saisit la main de Benjy dès qu'ils franchirent le périmètre de sécurité. Elle le laissa guider tandis qu'ils transplanaient ensemble vers leur premier rendez-vous...
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Et voilà ! Alors je sais, peu d'action dans ce chapitre, mais j'ai envie de prendre le temps de poser les choses et développer les changements qui ont lieu pour les personnages ^^
Concernant Marlène, je vais avouer que j'ai mis beaucoup de mon expérience personnelle dans ce personnage. J'ai envie de normaliser le manque d'expérience en début de vingtaine qui n'est d'ailleurs pas un manque ! C'est un rythme personnel, un parcours de vie propre à chacun. Et je sais que, moi la première, la fiction a tendance à banaliser les relations entre ados assez jeunes. C'est plus facile, surtout dans le cadre des fanfics parce qu'on préfère que l'intrigue se passe à Poudlard, donc fatalement on écrit sur des adolescents. Et encore, là Marlène a seulement 18/19 ans. Mais je veux faire passer le message que ce qui est dit dans ce chapitre est tout autant valable plus âgée, peu importe les circonstances. Chacun son parcours !
On se retrouve dans deux semaines ^^ Bisous !!!
PS : Quelqu'un regarde Get Back, la série documentaire sur les Beatles pour fangirler avec moi ?!
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