Tome III - Chapitre 29 : L'envie de rire
Hello everybody ! J'espère que vous allez bien (mieux que moi qui suis malade en tout cas).
Intro pas longue aujourd'hui parce que j'ai ma série à aller regarder. Je ne sais pas si quelqu'un a vu Lockwood & Co sur Netflix mais pour l'instant c'est sympa et alors c'est impressionnant mais pour moi l'actrice principale est exactement comment j'imagine Marlène. Genre, c'est elle ! Si je devais faire une adaptation, ça serait la même haha! Et fatalement, je pense trop à elle et à Reg dans les scènes entre Lucy et Anthony haha !
Bref... Concernant les post, vous avez tranché : ça sera un chapitre par semaine jusqu'à la fin ! Alors c'est parti ;)
****************************************************************
Chapitre XXIX : L'envie de rire
- Eh Emy ? Qu'est-ce que je peux offrir à des gamins de un an ?
Penchée au-dessus d'un rapport de mission, les yeux plissés pour essayer de déchiffrer l'écriture brouillonne que Gideon identifiait de là où il était comme celle de Pettigrew, Emmeline releva la tête vers lui. Sa longue tresse manqua de tremper dans sa tasse de café.
- Quoi ? dit-elle, distraite.
- Des cadeaux. Pour mes neveux. Ils ont un an.
- On est déjà le 1er avril ?
Elle se retourna pour observer le tableau qui occupait désormais un pan de mur entier de la cuisine du QG. A côté des portraits des mangemorts suspects et des calendriers de missions, la date du jour s'affichait chaque jour magiquement.
- Et ouais, confirma-t-il. Ca grandi vite ces choses-là. Fred marche plutôt bien maintenant, il arrête pas de vouloir s'échapper dans le jardin d'après ce que ma sœur m'a dit. Elle n'en peut plus, surtout que George le suit à quatre pattes.
- Ils ont l'air épuisant.
- Si seulement ils en avaient que l'air... Bref, une idée de cadeau ?
Emmeline lui jeta un regard empli de jugement.
- Tu donnes vraiment un nouveau sens à l'expression « faire les choses à la dernière minute ». Sérieux, Gide !
- Je sais, je sais ! Mais je suis un peu occupé au cas où t'aurais pas remarqué. Entre l'Ordre et le boulot, quand est-ce que tu veux que j'aille acheter une peluche dragon ? (Il secoua la tête, las). En plus non, oublis ça. J'ai déjà offert une peluche dragon à Charlie l'année dernière, ça ferait vraiment foutage de gueule.
- Un peu... convint Emmeline. Et Fabian ne peut pas trouver quelque chose ?
- Fabian est à l'IRIS jusqu'à ce soir, il n'a pas le temps non plus. Caradoc ne peut plus couvrir ses absences, on a déjà de la chance qu'il soit directeur de Département et qu'il puisse mentir sur les heures de présence de ses employés.
- M'en parle pas... Le Ministère m'a retenu deux jours de salaire ce mois-ci...
Un poing contre sa joue, Emmeline repoussa le parchemin devant elle avec agacement. Gideon la comprenait. Ça allait faire plus de deux ans qu'ils jonglaient entre obligations professionnelles et missions en tout genre et l'équilibre devenait de plus en plus précaire. Injecter de nouvelles recrues avaient eu des bénéfices quand même. Les plus anciens ne faisaient presque plus de missions de surveillance interminables, plantés à faire le pied de grue devant une maison ou cachés dans les buissons. Ça n'avaient jamais été les missions les plus glamour, mais malheureusement elles étaient nécessaires. S'il en croyait le tableau, Lupin et Potter y étaient en ce moment même. Ils n'avaient de travail fixe, il fallait bien que ça serve ! De toute façon, Potter en était même demandeur depuis février... soit depuis le décès de sa mère. Gideon n'était pas certain que ça soit bien sain, mais ils n'avaient pas le choix et ça lui permettait visiblement de se concentrer sur autre chose que sa douleur. Il n'avait pas à juger, surtout que Potter menait ses missions avec sérieux. C'est tout ce qu'il lui demandait.
Plongé dans ses pensées, il allait se remettre à proposer des cadeaux à voix haute, mais aucune idée ne lui vint sur le coup.
- Eh Gide, t'as vu le verdict rendu par la Justice sur l'enquête préliminaire de la prise d'otage de Ste-Mangouste ? demanda soudain Emmeline, la voix grave.
Ils n'étaient décidément pas sur la même longueur onde cette après-midi. Renfrogné, il se leva pour aller se faire lui aussi une tasse de café.
- M'en parle pas, je suis toujours dégoûté, grogna-t-il. Vraiment que des incompétents ! Classer sans suite ? Avec le témoignage que James, Lily et Mrs Winger ont apporté ? Il leur faut quoi de plus, on avait des noms !
- Mais aucun n'a été appréhendé sur place... ça a pesé dans la balance. En plus, j'ai entendu dire que les collègues de Lily ont refusé de témoigner eux. Ils devaient avoir trop peur...
- De quoi ? Si tout le monde s'y mettait, les mangemorts finissaient derrière les barreaux ! Au moins Lestrange et les Carrow !
Emmeline soupira. Elle se passa une main sur le front, étalant une traînée d'encre au passage.
- Lestrange vient d'épouser Bellatrix. Le Ministère ne veut pas froisser les Black, c'est pour ça que Regulus n'a pas été inculpé non plus. Et pour les Carrow, je ne sais pas... Je crois qu'ils ont été convoqués par les Aurors mais ont des témoins qui assurent qu'ils étaient avec eux au moment de la prise d'otages. (Elle termina son café en une gorgée). Croupton a voulu pousser plus loin en demandant des mesures exceptionnelles pour vérifier les alibis, genre occlumencie. On peut au moins lui accorder qu'il est contre la magie noire, c'est déjà rassurant pour quelqu'un a la tête de la Justice...
- Ouais... concéda-t-il, peu convaincu. Alors qu'est-ce qui a pêché ?
- C'est Minchum, grimaça Emmeline. Il ne veut pas de vague, il est persuadé que Tu-Sais-Qui a agi seul et il a encore renforcé la sécurité à l'hôpital. Clairement, son but est de faire croire qu'il mène des actions concrètes, sinon tout le monde va lui tomber dessus. Benjy m'a dit que toute la Brigade avait été sollicité.
Encore plus écœuré, Gideon ne se donna pas la peine de répondre. La protection de lieux stratégiques auraient dû le rassurer, mais il aurait aimé que ce genre de mesures soient prises avant l'attaque en elle-même. Surtout, elle arrivait à un timing terrible. L'Ordre avait plus que jamais besoin de ses membres et si la Brigade de Police Magique était réquisitionnée, ça voulait dire que Caradoc et Benjy auraient moins de temps à consacrer à leurs missions. Les Londubat avaient déjà dû lever le pied avec l'intensification du rythme pour les Aurors. Si les choses continuaient dans cette voie, ça allait devenir problématique.
- Eh Gide ?
- Hum ?
- Est-ce que parfois t'as l'impression qu'on fait ça pour rien ? murmura Emmeline sans le regarder.
Surpris, il se retourna plus franchement pour lui faire ça et revint vers la table. Sa tasse lui brûlait presque les doigts.
- Comment ça ? fit-il en fronçant les sourcils.
- Je ne sais pas, mais regarde Ste-Mangouste... On a monté un dossier, Maugrey a tout tenté pour les traduire en justice, Bones a appuyé, même Croupton était d'accord ! Et rien ! Ca me rend folle. (Elle donna un coup sur la table, comme pour extérioriser et il la dévisagea). James s'est fait torturé, tout ça pour que ça n'aboutisse à rien, ajouta-t-elle maintenant qu'elle avait visiblement ouvert les vannes. J'ai entendu dire qu'une des otages – une interne – avait même démissionné ! Dans quel monde ? Elle est la victime et c'est elle qui doit partir ? Quitte son travail ? Pendant que Lestrange se pavane partout ? Que Regulus Black est protégé encore et encore ?
- Je sais, Emy, je sais... mais...
Elle lui jeta un regard perçant comme si elle le mettait au défi de justifier l'inexplicable après ce « mais » suspendu et il soupira à son tour. Il n'avait jamais été doué pour être le raisonnable des deux.
- J'ai horreur de dire ça et note-les bien parce que je ne le redirai pas mais... Black avait raison, avoua-t-il.
- Black ?
- Sirius, je veux dire. On a des gens de notre côté au Ministère, mais le camp d'en face aussi et c'est le problème. C'est un jeu de pouvoir. On a peut-être Maugrey, Bones et Croupton mais eux ils ont Caesar Yaxley et je ne sais pas qui encore... Peut-être des dizaines de personnes qui travaillent à chaque putain de Département et qui aident Tu-Sais-Qui dans l'ombre de façon plus ou moins délibéré. Certains peuvent juste être d'accord avec lui sans avoir jamais rencontré un mangemort, mais ça suffit. Si les assistants du Procureur chargés d'examiner les dossiers décident de ne pas le soumettre plus haut, voilà, on est foutu. Et on ne peut rien faire.
Emmeline cilla, le visage crispé. Il pouvait lire la frustration dans toute sa posture.
- Et ça ne te donne pas envie de hurler ? pressa-t-elle.
- Non, ça me donne envie de cogner, nuança-t-il. Ca me donne envie de multiplier les missions et de ne leur laisser aucune chance. On finira bien par les faire tomber, tu verras.
S'ils ne nous font pas tomber avant, ajouta son esprit avec cynisme, mais il se garda bien de le dire à voix haute. Face à lui, Emmeline parut réfléchir à ses paroles, concentrée. Elle avait toujours son trait d'encre sur le front et il allait lui faire remarquer qu'elle était ridicule quand elle lança soudain :
- Alors t'admet que Sirius peut avoir raison ?
Son petit sourire amusé et suffisant le fit grogner à nouveau.
- Oh tais-toi, grommela-t-il. Il reste un gamin immature et tête brûlée.
- Il y a peu je pense qu'on pouvait dire la même chose de toi. D'ailleurs, je ne suis pas sûre qu'on puisse tout à fait rayer « tête brûlée » de la liste.
- Parce que tu me trouvais immature quand on s'est connu ? Vraiment ?
D'un air suggestif, il fit jouer ses sourcils. Emmeline s'empourpra immédiatement. C'était rare pour eux de faire référence à leur relation avortée, mais elle lui avait tendu une trop belle occasion. Sous l'amusement, il ne put pourtant pas s'empêcher de ressentir une pointe douloureuse entre malaise et regret. La décision était venue de lui, il n'avait pas le droit de ressentir ça. Il se revoyait encore face à Emmeline, blême dans son lit d'hôpital, alors qu'il lui annonçait vouloir rompre. Elle était restée digne, comme toujours, et Fabian lui avait crié dessus quand il était rentré. « Tu perds la meilleure chose qui te soit arrivé ! » lui avait-il balancé au visage. Gideon avait encaissé sans broncher. Son grand frère avait sans doute raison, mais il venait de vivre une situation impossible où il avait dû choisir entre Emmeline et Fabian sur le champ de bataille et il ne voulait plus jamais avoir à se poser cette question fatidique : « lequel est-ce que je laisse derrière ? ».
- Sachant qu'on s'est rencontrés à douze ans à Poudlard, oui, rétorqua finalement Emmeline avec un temps de retard. Et même avec nos un an d'écart, j'étais plus mature que toi !
- Complètement faux.
Son affirmation tomba à plat par manque de conviction et elle croisa les bras d'un air suffisant. Il se décida donc à être immature.
- Pour info, ce n'est pas moi qui me met de l'encre sur le front. On dirait mes neveux, tiens. Quoique non, Percy ne dépasse jamais.
Perplexe, Emmeline mit une seconde à comprendre, puis porta la main à son front dans un geste brusque avant de la ramener devant ses yeux. Elle y découvrit les tâches d'encre et fusilla sa plume du regard, les joues rouge.
- Merde, ça m'apprendra à vouloir faire mes rapports trop vite, jura-t-elle avant d'attraper une serviette qu'elle alla passer sous l'eau pour essuyer la marque.
- T'inquiète Emy, on admire tous ta conscience professionnelle.
- C'est ça...
Pour toute réponse, elle lui fit un doigt d'honneur à l'aveugle. Il éclata de rire. C'était sans doute pour ça qu'Emmeline était sa membre de l'Ordre préférée. Quand elle revint s'assoir à la table de la cuisine, elle avait une marque rouge sur le front, mais plus de trace d'encre. Elle le toisa avec une drôle d'expression et il sut qu'elle allait redevenir sérieux avant même qu'elle ne reprenne la parole.
- Juste pour dire, je suis quand même contente que tu reconnaisses que Sirius peut avoir un bon éclairage sur la guerre. Il était temps que tu le lâches un peu.
Gideon se tendit. « Lâcher Sirius » était peut-être une vision encore trop optimiste, mais il ne lui avait après tout pas raconté leur espèce de prise de tête en janvier dernier juste après le coup à Ste-Mangouste. Il ne digérait toujours pas la pique de Sirius sur le fait qu'il ne s'était pas rendu au chevet d'Emmeline après leur mission à Buckingham. Son expression dû le trahir car elle plissa les yeux.
- Oh non Gide, ne me dis pas que tu doutes encore de lui... soupira-t-elle. Comment tu veux qu'on forme une équipe si on ne se fait pas confiance par Merlin ?
- Eh, j'ai rien dit, ok ? Mais j'ai de la mémoire, c'est tout.
- Arrête, il a déconné une fois au Manoir Malefoy et il le sait. En plus, il a tout fait pour que Marlène ne soit pas compromise. Il faut lui laisser une seconde chance sinon ça ne sert à rien de l'avoir recruté.
Il laissa échapper un rire amer sans pouvoir le retenir.
- Justement, je ne voulais pas le recruter, moi, souligna-t-il. C'est Dumbledore qui a insisté.
- Et tu te crois au-dessus de Dumbledore maintenant ? Tu ne fais plus confiance à son jugement ?
- Bien sûr que si, Emy, arrête aussi. Mais on ne peut pas effacer une réalité très simple qui est toujours la même ! Sa famille entière est du côté de Tu-Sais-Qui, sa cousine et son frère sont des mangemorts. C'est dangereux.
Habité par la conviction, il se pencha vers Emmeline qui s'était mise à rouler des yeux, clairement agacée. Elle écarta la tasse de café entre eux comme si elle envisageait sérieusement de lui envoyer en pleine figure si celle-ci restait à porter de mains.
- On tourne en rond, Gide ! s'exaspéra-t-elle. Combien de fois il va falloir répéter qu'il n'est pas sa famille ? Qu'il s'est engagé avec nous de son plein gré ?
- Mais bon sang réfléchissez ! Je ne remets pas ça en cause ! Je veux bien croire qu'il est sincère, vraiment, mais il est trop impliqué aussi émotionnellement avec l'autre camp. C'est tellement évident, je ne vois même pas comment vous pouvez tous fermer les yeux dessus. Et tu sais comment je le sais ?
Pour la première fois, Emmeline parut douter.
- Non... ? dit-elle, incertaine.
Il déglutit. C'était peut-être l'aveu le plus difficile à admettre, mais il avait besoin de le faire comprendre à Emmeline.
- Parce que si j'étais à sa place et que c'était mon frangin de l'autre côté de la guerre, je ne sais pas si j'aurais la force de le combattre... souffla-t-il d'une voix grave. Engagement ou non, Ordre ou non.
- Gideon...
- Ne me regarde pas comme un chaton abandonné. C'est juste la vérité, Emmeline. Je ne sais pas si j'arriverais à ne pas faire passer Fabian en premier parce qu'il est mon grand frère envers et contre tout. Je ne vois pas pourquoi ça serait différent pour Sirius et Regulus.
Il ponctua sa conclusion en faisant retomber sa main à plat contre la table, comme pour manquer l'évidence d'un bruit sonore. Il ne détourna pas non plus le regard. Il ne voulait pas avoir honte de ce qu'il avançait et les traits d'Emmeline se figèrent en une expression de résignation. Il savait qu'il avait réussi à la convaincre, du moins en partie. Elle était simplement d'une nature trop généreuse pour qu'elle exprime ses doutes face à Sirius, mais Gideon estimait qu'il agissait en garde-fou. Il fallait que Sirius soit sans cesse challenger car il avait l'esprit de contradiction et peut-être que de se voir accuser de façon insidieuse de temps en temps lui rappellerait envers qui allait son engagement le jour où sa décision pourrait être décisive.
Face à lui, il voyait bien qu'Emmeline cherchait ses mots, sûrement pour trouver un point d'entente et l'inciter à être plus gentil avec Sirius à n'en pas douter, mais elle ne laissa échapper qu'un cri de surprise brusque. Il mit une seconde à comprendre pourquoi, soudain en alerte.
- Merlin qu'est-ce que... ?
Elle fit un bond sur le côté et manqua de tomber de sa chaise. C'est alors que Gideon la vit. Une boule de papier enflammée dont les flammes mourraient déjà sans laisser de cendres calcinées, bien au contraire.
- C'est un message envoyé par magie, reconnut-il. La signature de Benjy ! Ouvre-le.
Encore hésitante, Emmeline attrapa le bout de papier entre deux doigts prudents avant de l'ouvrir.
- Dizaines de blessés arrivés à Ste-Mangouste en cinq minutes, lut-elle d'une voix claire. Problèmes respiratoires. Viennent tous du Chemin de Traverse. N'en sais pas plus.
- Merlin...
- Il doit être en fonction à l'hôpital, il ne peut pas partir. C'est un appel pour qu'on intervienne !
Gideon se leva à son tour et plongea sa main dans sa poche pour en sortir sa baguette. C'était une sensation désormais familière qui étreignit son corps : un mélange d'adrénaline et d'appréhension alors que son cerveau arrêtait de penser véritablement aux choses parasites autour de lui. Sans attendre, il ouvrit la marche et ils se précipitèrent dehors, laissant derrière eux leurs tasses de café. Le vent irlandais lui fouetta le visage au bout de quelques pas à peine, mais il fallait qu'ils sortent du périmètre anti-transplanage.
- Benjy parle de problèmes respiratoires ! cria Emmeline par-dessus le bruit du vent. On devrait transplaner un peu à l'écart au cas où non ?
- Pas le temps ! Si y'a déjà des dizaines de blessés en cinq minutes, d'autres vont arriver. Faut intervenir maintenant, Benjy a dû prévenir les Aurors aussi.
- Un sortilège de Têtenbulle au moins !
Frustré, il se força à s'arrêter. Comme souvent, Emmeline avait raison et il devait le reconnaître.
- Ok, vas-y, accepta-t-il.
Dans un même ensemble, ils pointèrent leur baguette l'un sur l'autre. Une sensation humide et fraîche le prit soudain à la gorge puis remonta jusqu'à ses lèvres et son nez. Il haleta une seconde, cherchant un nouveau souffle, avant de se stabiliser. Autour de la tête d'Emmeline, le même phénomène venait d'apparaître, à savoir une bulle géante tel un masque protecteur. Ils devaient avoir l'air ridicule, mais au moins ils prenaient des précautions face au potentiel danger.
- Prête ? On se rejoint là-bas.
- J'arriverai avant toi, Prewett, assura-t-elle.
Sa voix et son demi-sourire étaient déformés par le sortilège, mais Gideon comprit le défi. Sans avertissement, il se remit à courir et sortit du périmètre anti-transplanage une foulée avant elle. Il visualisa le Chemin de Traverse, se concentra, et transplana. Les landes irlandaises disparurent devant ses yeux et il réapparut une seconde plus tard dans la rue la plus célèbre de leur monde.
Un chaos total l'accueillit. A peine ses pieds se posèrent-ils sur les pavés qu'il manqua de se faire renverser par trois personnes qui courraient dans tous les sens. Des gens hurlaient et il resta figé sur le coup, désorienté. Il avait de toute façon du mal à voir devant lui car un nuage épais d'une couleur brunâtre emplissait l'air. Pourtant, ce n'était pas la visibilité qui semblait poser problème aux personnes présentes. Benjy avait eu raison. De tous les côtés, Gideon vit des hommes et des femmes en train de tousser, pliés en deux, ou en train de courir avec un bout de leur vêtement rabattu sur leur nez. Certains avaient quand même eu la présence d'esprit de se jeter également un sort de Têtenbulle et aidaient les autres à fuir. Les hurlements continuaient malgré tout à prendre de l'ampleur.
- Merlin, c'est quoi ce bordel ? s'exclama soudain une voix derrière lui.
Gideon fit volte-face. Bon sang, le destin avait un drôle d'humour... Plantés au milieu du Chemin, il découvrit Sirius et Dorcas, l'air atterré. A quelques mètres, Emmeline arrivait vers eux en courant. Elle avait dû tranplaner plus près du Chaudron Baveur.
- C'est la panique par là-bas aussi ! s'écria-t-elle en les rejoignant. Mais j'ai l'impression que le nuage est moins épais plus on avance. Ça vient de là-bas !
Elle pointa le bas de l'allée d'où, effectivement, la brume toxique s'élevait avec plus de consistance. C'était de là aussi que les personnes en train de fuir arrivaient.
- L'odeur est horrible ! toussa Dorcas, le nez froncé. Merlin !
- Y'a une odeur particulière ? releva-t-il, alerte.
Le sortilège d'Emmeline était efficace, il ne sentait rien : sa bulle filtrait tout. Sirius lui renvoya un regard incrédule.
- Tu déconnes ? C'est pire que quand on a balancé des boules puantes dans le bureau de Rusard en deuxième année.
- Ca peut être à cause d'une plante venimeuse ! suggéra Emmeline. Jetez-vous un Têtenbulle tous les deux, vite ! Et qu'est-ce que vous faites là d'abord ?
Le visage toujours crispé à cause de l'odeur, Dorcas répondit :
- On était au Chaudron Baveur ! On devait avoir rendez-vous avec Mondingus pour qu'il nous donne les dernières rumeurs des marchés noirs, mais il a filé dès que la panique a commencé. On a envoyé les premières personnes qui sont venues se réfugier au bar à Ste-Mangouste.
- Bon réflexe, apprécia Gideon. Elles sont bien arrivées là-bas, c'est Benjy qui nous a donné l'alerte. (Il se tourna vers le bout de la rue : de plus en plus de personnes sortaient du nuage brun, pris par des hauts le cœur). Bon sang, il faut vraiment qu'on aille voir ! Maintenant ! Black et Meadowes, vous faites évacuer les civils. Emy, avec moi !
Il ne laissa à personne le temps de protester. Techniquement, il était le plus gradé de l'Ordre ici, celui avec le plus de missions à son actif, et c'était son autorité qui faisait foi. Le pas vif, il plongea donc dans la brume épaisse, Emmeline sur ses talons. Il arrivait à peine à voir un mètre devant lui. Des chaises et des tables étaient renversés en plein milieu du Chemin, comme si les passants en train de fuir les avaient heurtés. Son cœur se mit à battre plus fort. Si des mangemorts se trouvaient au cœur de ce nuage, il n'était pas sûr de les voir venir. Pire, jeter des sorts devenait fortement risquer... Il pouvait toucher un innocent ou même un allié. Être privé de ses sens allait être compliqué et il se força à ne pas céder à la panique, décidé à comprendre ce qui se passait.
Il avança, résolu, mais n'alla pas bien loin. Sorti de nulle part, une silhouette arriva droit sur lui en courant et ses réflexes ne furent pas suffisant : ils entrèrent en collision violemment. Il tomba à terre et une douleur légère irradia dans son dos alors que ses poumons se vidaient d'un coup. Il laissa échapper un râle guttural.
- Gideon ! s'écria Emmeline.
- Je vais bien... ça va...
Etourdi, il se redressa. La personne qui l'avait percuté se relevait elle aussi et il découvrit un homme à la calvitie avancé quoiqu'encore jeune, le nez en sang. Visiblement, la chute lui avait été plus dure.
- Bais negardez doù vous zaller ! rugit-il d'une voix nasillarde dont l'élocution était entravée par le sang qui lui coulait dans la bouche.
- On n'y voit rien à dix centimètres, comment vous voulez qu'on fasse ! rétorqua Gideon. Allez, circulez !
Il pointa le bout de la rue, agacé. L'homme ne se fit pas prier et il allait reprendre son avancée quand une nouvelle voix perça la brume :
- Prewett ! Emmeline ! Par ici !
- C'est Marlène, reconnut Emmeline.
Il fut impressionné qu'elle reconnaisse McKinnon à l'oreille, puis il se rappela qu'elle travaillait effectivement sur le Chemin de Traverse. Une seconde plus tard, elle surgit devant eux, une femme et un homme dans son sillage. L'homme tenait dans un bras une caisse avec difficulté et dans un autre un petit garçon en train de pleurer, apeuré. Gideon reconnut avec un temps de retard la patronne de Marlène qui tenait le magasin de vêtements pas loin et l'apothicaire en face si sa mémoire était bonne. Ils avaient tous une bulle autour du visage et il remercia silencieusement McKinnon d'être si prévoyante.
- C'est apparu il y a dix minutes ! expliqua-t-elle en criant aussi pour se faire entendre. Ça vient du siège de la Gazette, là-bas.
- De la Gazette ? T'en es sûre ?
- Certaine ! Je n'ai pas pu y aller, j'ai aidé les gens à s'orienter pour partir. Et il faut que je mette Mme Guipure et Mr O'Neil à l'abris !
D'un geste empressé, elle désigna les deux commerçants derrière elle et Gideon grimaça alors que les cris du petit garçon redoublèrent.
- Là, Puceron, calme-toi, ce n'est rien, tenta de rassurer l'apothicaire.
- Vas-y ! Emmène-lez ! approuva Emmeline. Va au Chaudron Baveur, Sirius et Dorcas sont en train d'aider aussi ! Et si tu croises les Aurors, tu nous les envois !
Elle ne perdit pas plus de temps. Avec un dernier hochement de tête d'encouragement, Gideon la suivit, laissant McKinnon se débrouiller. Même à travers sa bulle d'oxygène, il commençait à sentir l'odeur nauséabonde s'infiltrer et se mit à respirer exclusivement par la bouche. Jamais le Chemin de Traverse ne lui avait parut si long, mais ils continuèrent à le remonter. A ce stade, Gideon avait l'impression d'être plongé dans un chaudron bouillonnant qui laissait échapper de la fumée en continu, épaisse et compacte. A l'aveugle, il chercha Emmeline. La dernière chose qu'il voulait était de la perdre là-dedans et il paniqua en ne la trouvant pas.
- Non, non... murmura-t-il.
Mais au moment où le stress le saisit, sa main rencontra une masse solide. Il sentit la longue tresse d'Emmeline sous ses doigts et il les fit glisser jusqu'à venir lui agripper la main. Elle se laissa faire.
- Je crois que c'est là ! Le siège de la Gazette ! Viens !
Ils se jetèrent dans la gueule de la bête d'informations, main dans la main.
**
*
Résultats ? Ils ne trouvèrent rien.
Les locaux de la Gazette avaient été désertés et, même à travers la brume et l'odeur plus persistantes que jamais, Gideon ne releva que des bureaux vides, des piles de journaux écrasés au sol et des machines à écrire ensorcelées qui continuaient à taper dans le vide des mots d'encre sans but. Ils rebroussèrent chemin, frustrés et tendus. Chaque petit bruit les faisait sursauter et Gideon s'attendait presque à trouver une rangée de mangemorts lorsqu'ils émergèrent de la brume. Au lieu de ça, devant le Chaudron Baveur, il trouva plutôt des Aurors, notamment un Maugrey en train de beugler :
- Quinze ans de carrière ! Quinze ans de carrière et je n'ai jamais vu un imbécile pareil ! Je vais vous envoyer à Azkaban et vous ne pourrez même pas prendre la barque pour y aller, vous nagerez pour que l'effort vous remette les idées en place !
- Alastor...
- Non, Bones ! Que personne ne me dise de me calmer !
Les yeux écarquillés, Gideon échangea un regard perplexe avec Emmeline. Devant Maugrey, un homme d'une quarantaine d'année au corps noueux et au large nez se recroquevillait, l'air terrifié. Il avait les mains liées derrière le dos par un lien magique et était surveillé étroitement par Cassiopée Bones dont le profil droit se découpait dans l'atmosphère qui commençait à s'éclaircir.
Gideon s'avança, la tête lui tournant presque, et se dirigea vers Sirius et Dorcas qu'il repéra postés près d'un mur en train d'observer le spectacle.
- Bon sang qu'est-ce qui se passe ? voulut-il savoir.
Sa bulle d'oxygène s'était résorbée et il toussa trois fois, incommodé par l'odeur qui flottait toujours autour d'eux. Dorcas se tourna vers lui.
- Maugrey est en train d'exploser, voilà ce qui se passe... Mais pour une fois, je le comprends. On te présente Caractarus Phelps, dit-elle en désignant l'homme en train de se faire incendier sous un flots d'injures dans les règles de l'art.
- Qui ça ? fit Emmeline, perplexe.
Un tic agita la mâchoire de Sirius.
- Cet idiot travaille à la Gazette comme réceptionniste. Et il trouvait tout le monde un peu morose en ce moment, tu vois. Alors il n'a rien trouver de mieux que de monter sur le toit de l'immeuble et de lâcher des boules puantes. Pour « faire une blague » selon lui.
- Être dans l'esprit du 1er avril, renchérit Dorcas, sardonique. D'après les premiers calculs, il en lâché près de huit cents.
Gideon eut l'impression de recevoir un uppercut en pleine tête.
- Huit cents ? s'étrangla-t-il. Mais il est fou !
- On te le fait pas dire. Et attends, il maintient que c'est censé être drôle. Alléger l'atmosphère de la guerre. Quand il a dit à Maugrey qu'il devait se sortir le balai qu'il avait tu-sais-où, on l'a perdu... ca fait dix minutes qu'il hurle.
Estomaqué, il retourna son attention vers Maugrey. Il l'avait rarement vu aussi en rage et des mots lui parvint, jetés avec hargne : strangulot sans cervelle, irresponsable, perte de temps, danger public... Caractarus Phelps était en train de se faire rhabiller pour les dix hivers à venir, mais Gideon trouvait ça légitimité. Tout le monde avait sincèrement cru à une attaque. Le coup de Ste-Mangouste et l'attentat avorté de Buckingham restaient dans les esprits et toute la population s'attendait au pire, l'Ordre en premier. Si maintenant ils devaient distinguer les vrais menaces des plaisanteries à grande échelle, les choses allaient devenir infernales. En réalité, Gideon se sentait vidé. Il n'arrivait même pas à être en colère, Maugrey le faisait très bien pour tout le monde, et les expressions autour de lui reflétaient son sentiment. Chacun semblait dépité, voire soulagé sur les bords. C'était surréaliste.
- Comment t'arrives à trouver huit cents boules puantes ? s'interrogea Emmeline à voix haute. Il a dû préparer ça depuis une éternité !
- Pas tant que ça, Mondigus a confirmé qu'une quantité importante circulait en ce moment et qu'il en avait lui-même fait circuler sous le manteau, informa Dorcas. Il a filé avant que j'ai pu le frapper pour son idiotie. A croire que l'ironie entière de la « blague » se retourne contre nous...
- Tu m'étonnes...
L'espace d'un instant, Gideon repensa à la question que Emmeline lui avait posée il y a une heure à peine. Est-ce que parfois il se demandait pourquoi ils faisaient tout ça ? Il lui avait répondu que s'il se le demandait, ça lui donnait envie de cogner plutôt que d'abandonner. Il était soudain partagé. Cogner Phelps, oui sans doute. Abandonner pour une journée et se reposer, oui sans doute aussi.
- Reculez ! somma soudain un Auror à la haute stature un peu plus loin. Nous demandons aux civils de quitter les lieux le temps de l'intervention. Veuillez repasser par le Chaudron Baveur. Allez ! Si vous vous sentez mal, un lien direct est établi vers Ste-Mangouste.
- Comme s'ils avaient besoin de ça en ce moment, grommela-t-il.
- Marlène est partie donner un coup de main, indiqua Sirius.
McKinnon, toujours la main sur le cœur. Gideon songea une seconde à l'imiter, mais il était toujours vidé de son énergie. Découragé, il se contenta d'observer le ballet des Aurors et des Brigadiers. Caradoc venait d'arriver sur place, mais il ne leur adressa pas un signe. Techniquement, il ne les connaissait pas et Gideon prit conscience que lui et Emmeline ne devraient sans doute pas parler aussi familièrement avec Sirius et Dorcas, mais personne ne faisait attention à eux. Ou du moins il le croyait avant que l'Auror qui faisait évacuer la scène ne vienne se planter devant lui.
- Je vous ai demandé de quitter les lieux, messieurs, dames, dit-il avec exaspération en leur indiquant l'entrée du Chaudron Baveur. Par ici, s'il vous plait.
- Mais... commença à protester Sirius.
- Fol Œil nous a... fit Dorcas au même moment.
Gideon sortit de sa torpeur à cet instant. Il attrapa les deux plus jeunes par le bras et les tira derrière lui.
- Désolé, on s'en va tout de suite ! lança-t-il en haussant la voix pour couvrir les leurs. Emy ?
- Je vous suis.
Ils s'éloignèrent tous les quatre et Gideon siffla entre ces dents :
- Tous les Aurors ne sont pas fiables. Vous pouvez parler librement avec Maugrey et les Londubat, point barre.
- Mais la femme de Bones... ? protesta Dorcas, sourcils froncés.
Sans subtilité, ils durent tous lui jeter un regard par réflexe, mais heureusement Cassiopée Bones était occupée à resserrer les liens du blagueur en chef du jour. Celui-ci, presque courbé en deux, hurlait à l'abus de pouvoir et la traitait visiblement de rabat-joie ; mais un regard de Maugrey le réduisit au silence.
- Elle est au courant jusqu'à un certain point, ça ne sert à rien de la compromettre ou de lui faire courir des risques inutiles. Compris ?
- Mais l'Auror là, il était à l'enterrement de Fleamont, je le reconnais, affirma Sirius.
- Un Abbot, je crois, intervint Emmeline. A priori rien à déclarer, mais autant faire profil bas par mesure de précaution. De toute façon, on ne sera plus utile pour eux, Maugrey a les choses en main. Littéralement.
Juste avant de franchir les portes du Chaudron Baveur, ils se retournèrent une dernière fois. Maugrey avait soulevé Caractarus Phelps par le col de sa robe de sorcier sans ménagement et le fit avancer d'une poussé énergique. Le pauvre n'eut aucune chance : il manqua de rentrer dans le mur face à lui et trébucha pour finir étaler au sol, les jambes en étoile de mer. Personne n'eut l'air bien désolé pour lui. Gideon ne l'était pas en tout cas.
**
*
Dix minutes plus tard, il transplanait dans le jardin du Terrier, la maison de sa sœur aînée. Emmeline arriva derrière lui une seconde plus tard.
- T'es sûre que c'est une bonne idée que je sois là... ?
- Mais oui. Après la journée qu'on vient d'avoir, t'as gagné le droit de te poser dans un fauteuil et de manger une tarte à la mélasse maison. Allez viens.
- Oh j'adore la tarte à la mélasse de ta sœur, fit Emmeline d'une voix rêveuse.
Je sais, se retint-il de dire. Elle en avait parler une semaine entière la première fois qu'il l'avait amené ici. Ensemble, ils traversèrent le jardin infesté de gnomes. Arthur n'avait pas dû avoir le temps de s'en occuper dernièrement et il se fit une note mentale de promettre un dragot à un de ses neveux pour qu'il s'en occupe. Il n'avait plus qu'à espérer que Maugrey ne le coffre pas pour exploitation et travail forcé d'enfants.
- T'es en retard, tonton Gideon, pépia soudain une voix enfantine.
- Oh bordel !
Une main sur le cœur, il sursauta en même temps qu'Emmeline. Le nez écrasé contre la fenêtre – et ses lunettes de travers – Percy faisait apparemment le guet, perché sur le plan de travail de la cuisine dont la fenêtre entre ouverte était juste à côté de la porte d'entrée.
- Percy ! cria Molly au loin depuis l'intérieur de la maison. Descend de là ! Fabian, non, ne touche pas à la tarte, on va passer à table !
Bien donc son frère était arrivé. Partagé entre amusement et lassitude, Gideon s'effaça pour laisser passer Emmeline et ils entrèrent dans la maison. Aussitôt, trois gamins surexcités lui foncèrent dessus.
- Tonton Gideon ! s'exclama Charlie en se jetant sur lui.
Du haut de ses cinq ans, il en paraissait un peu plus, à moins qu'il ait juste encore bien trop grandi depuis la dernière fois que Gideon l'avait vu. Il le rattrapa tant bien que mal contre lui tandis que Percy, deux ans et demi, s'accrochait à la jambe d'Emmeline. Elle avait toujours été sa préférée. Souriante, celle-ci lui ébouriffa les cheveux.
- Salut les morveux. Votre oncle favori est enfin là, vous pouvez arrêter de parler à Fabian, promis.
- Je t'entends !
- Mince, moi qui croyais avoir été discret, fit-il dans un murmure exagéré et Percy gloussa.
Dans ses bras, Charlie fronça soudain le nez. Bill, légèrement en retrait, lança alors avec une franchise que seule l'enfance pouvait produire :
- Tu sens mauvais, tonton Gide, l'informa-t-il.
- Il n'a pas tort. C'était comme si on avait été pris dans un nuage de boules puantes, railla Emmeline.
- Très drôle. Je pense qu'on va aller prendre une douche avant de dîner. (Il redéposa Charlie au sol). Allez oust, tous les trois. On revient !
Congédiés, ses trois neveux repartirent dans un concert de piétinement. Gideon se sentit soudain beaucoup plus apaisé, comme s'il n'y avait rien de plus naturel que de se retrouver au Terrier avec Emmeline et sa famille après une journée éprouvante. Dans une autre vie, peut-être que ça l'aurait été... Il pouvait bien prétendre juste pour ce soir.
- Oh il est si adorable ! roucoula soudain Emmeline.
- Qui ça ? Le gnome de jardin ?
Elle lui donna un coup de coude pour toute réponse, puis pointa le bout du couloir. En pleine mission commando pour échapper à sa mère, Fred – à moins que ça ne soit George – avançait à quatre pattes avec un regard déterminé, sa touffe de cheveux roux ébouriffée dans tous les sens. A croire que des enfants traînaient partout dans cette maison ! Et alors, Gideon fut frappé par une réalisation brusque... Sa sensation d'apaisement s'envola et il se figea, catastrophé.
- Emy...
- Ouais ?
- J'ai oublié d'acheter le cadeau...
Les yeux d'Emmeline s'écarquillèrent et ils échangèrent un long regard. Puis, sans avertissement, elle partit dans un grand éclat de rire. Les mains sur les genoux, elle s'écroula sur la première marche des escaliers sous l'œil interrogatif de bébé Fred-George et des larmes d'hilarité comme seuls les nerfs à vif pouvaient en produire lui échappèrent. Gideon décida qu'il était prêt à encaisser toutes les blagues imbéciles de tous les sorciers stupides du monde si ça voulait dire la voir rire comme ça tous les jours, guerre ou pas guerre.
**************************************
Verdict ? ^^
Chapitre un peu spécial, focalisé sur Gideon et Emmeline, mais ça faisait longtemps et je trouvais que ça changeait de dynamique. L'évènement décrit dans ce chapitre a été trouvé sur le wiki HP, je crois qu'il est tiré de Pottermore : un certain Phelps a bien balancé des bombasouses du toit de la Gazette un 1er avril en 1979 et je trouvais ça intéressant !
Vous aurez également remarqué quelques petites refs à La dernière page de Perripuce, superbe fanfiction que je vous conseille ardemment, tout comme tous les écrits de l'hydraverse aka notre univers partagé haha !
Allez, on se retrouve la semaine prochaine pour la dernière ligne droite de ce tome 3 !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top