Tome III - Chapitre 28 : Trouver une main tendue

Hello everybody !! Comment ça va ? ^^ 

Merci pour vos retours sur les créations du concours de noël, je vois que vous les avez aimé autant que moi mais faut dire qu'elles le méritent : elles sont incroyables ! 

Alors petite info sur ce tome ! Il ne me reste plus qu'un chapitre à écrire pour le terminer normalement et je peux donc vous annoncer qu'il fera 32 chapitres en tout. On arrive donc bientôt à la fin... Petite question : quand j'aurais terminé le dernier, est-ce que vous voudrez que je vous poste la fin d'un coup en mode cadeau parce qu'on peut dire qu'avec toutes mes pauses vous l'avez bien mérité ? Ou au moins un à deux chapitre par semaine ? Je vous laisse décider ! ^^ 

Et maintenant place au chapitre ! 

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Chapitre XXVIII : Trouver une main tendue

La bibliothèque de Poudlard était étonnement calme pour un week-end en plein mois de février, ce qui pouvait signifier deux choses : soit tous les élèves avaient été studieux chez eux pendant les vacances de noël et n'avaient pas besoin de travailler, soit ils préféraient occulter la réalité, à savoir que les examens blancs approchaient à grands pas. Regulus devait se ranger dans la second catégorie malgré sa présence en plein après-midi un dimanche puisqu'il ne révisait pas vraiment ses cours. La troisième option pouvait aussi tenir dans ce qu'il distinguait par la fenêtre : le début de ce mois de février avait apporté la neige avec lui et tout le monde s'était précipité dans le parc pour en profiter. Très peu pour lui.

Il avait une phobie des boules de neige depuis que Bellatrix lui en avait envoyé une en pleine tête à sept ans et qu'il avait failli s'étouffer. Sirius, écroulé de rire, n'arrêtait de lui répéter que c'était seulement de l'eau et qu'il allait bien, mais son nez rouge meurtri et lui n'avaient jamais voulu l'écouter. Rien que d'y penser, il frissonna.

Concentré, il réaffermit plutôt sa prise sur sa plume et se replongea dans la lecture de l'épais volume posé devant lui. Il venait tout droit de la réserve, ce qui se devinait aisément grâce à la couche de poussière sur le haut des pages, mais Regulus s'en fichait. C'était précisément le genre d'ouvrages dont il avait besoin et il remercia une fois de plus son nom de famille de l'avoir mis dans les bonnes grâces du professeur Slughorn. Il n'avait eu qu'à feindre un intérêt poussé pour sa matière pour que le vieux Maître des Potions ne lui rédige une autorisation d'accès. Mrs Pince l'avait laissé passer non sans un regard suspicieux, mais elle avait heureusement été trop occupé ensuite pour voir ce qu'il consultait réellement. Et heureusement car ça n'avait rien à voir avec les potions ou du moins pas directement.

Au fil des pages, Regulus avait fini par trouver plusieurs potions qui auraient pu provoquer les symptômes de Kreattur le mois dernier. La douleur physique et les hallucinations psychiques n'étaient pas rares dans les effets de nombreux poisons et, sans échantillon direct, il était sûr de ne jamais trouvé exactement ce que son elfe avait ingéré, mais il persistait à essayer. D'un trait, il raya la possibilité du mélange malveillant, la potion qu'il lui avait lui-même dû boire au Tournoi de Poudlard l'année dernière. D'expérience, il savait que les symptômes n'avaient pas été les mêmes. Il avait davantage ressenti une intense fatigue et des maux diverses, comme une grippe doublé d'une angine, qu'un feu dans les entrailles et des hallucinations. Encore heureux d'ailleurs.

De toute façon, le poison mystère n'était pas l'élément qui l'intriguait le plus. Ce qu'il cherchait vraiment, c'était le fameux objet dont Kreattur avait parlé, celui qui dégageait de la magie en lui-même. L'idée le perturbait encore.

Il allait ouvrir un nouveau livre sur les objets enchantés lorsqu'une ombre tomba au-dessus de lui sur la table. Agacé, il releva la tête pour découvrir Livia plantée de lui.

- Je peux m'assoir ? demanda-t-elle sans ambages.

- C'est-à-dire que je suis occupé...

Sa tentative de refus échoua : elle avait déjà tiré une chaise et s'était assise en face de lui.

- Mais vas-y, je t'en prie, fais comme tu veux, grommela-t-il avec cynisme.

- Merci, dit Livia sans relever. Je t'ai cherché un moment, je pensais que tu irais à Pré-au-Lard aujourd'hui c'est pour ça.

- A Pré-au... ? Oh !

Alors c'était pour ça que la bibliothèque était vide. Ce n'était pas seulement dû aux batailles de boules de neige. Préoccupé comme il l'était depuis un mois sur l'affaire autour du Maître et Kreattur, il en avait complètement oublié la sortie dans le village au pied de Poudlard.

- Non, non, je ne voulais pas y aller, finit-il par répondre. Peut-être la prochaine fois.

- Ah... J'avais espéré que tu m'accompagnes avant que les portes ne ferment, j'avoue. Je ne voulais pas y aller non plus, mais j'avais besoin de me changer les idées.

Morose, Livia soupira et il haussa un sourcil, sa curiosité piquée. Il referma son livre venu de la réserve en voyant qu'elle tentait d'y jeter un œil et détourna son attention en demandant :

- Pourquoi te changer les idées ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Pas grand-chose, je viens juste de recevoir une lettre de mes parents. Ma mère n'arrête pas de me rabâcher que c'est vraiment dommage qu'on ait « rompu », toi et moi, et que j'ai perdu une chance infinie avec l'héritier des Black. Et mon père me propose des potentiels fiancés pour ma sortie de Poudlard... Vraiment, je me sens comme une main à vendre.

Regulus grimaça. Il entendit les guillemets que Livia mit autour du mot rompre et hocha la tête en accord. Hier encore, Antonin se moquait d'eux en disant que leur histoire avait plus été une « non-relation » qu'autre chose et il ne pouvait pas le nier. Leur amitié amélioré leur avait juste offert un gain de temps, mais la question du mariage leur revenait en pleine face, autant pour lui que pour elle visiblement.

- J'aurais jamais dû te proposer de sortir avec moi, soupira Livia, la tête entre les mains. Ça fait miroiter l'idée à mes parents et voilà le résultat.

- Merci, tu sais flatter mon ego...

- Non, mais tu vois ce que je veux dire. Ça semblait logique en cinquième année, mais j'étais une gamine, je ne comprenais pas ce que ça impliquait.

- Oui alors que maintenant deux ans plus tard, t'es tellement plus mûre et mature.

Son sarcasme lui fit rouler des yeux.

- Bon Regulus, ne le fais pas exprès. Tu sais ce que...

- Oui, je sais ce que tu veux dire, pardon, coupa-t-il. Mais t'étais pas toute seule, j'aurais pas dû accepter non plus...

A vrai dire, il se considérait presque comme le principal fautif. Certes, c'était Livia qui lui avait demandé la première de faire évoluer leur relation, mais c'était lui avait accepté en sachant pertinemment qu'il avait peu de chance que ses sentiments évoluent dans cette direction seulement en se mettant en couple avec elle. Pas alors que son cœur penchait déjà vers quelqu'un d'autre. Evidemment, rien que d'aborder le sujet fit revenir Marlène en premier plan dans ses pensées, comme si elle n'occupait pas cette place la moitié du temps.

En face de lui, Livia le toisa, un sourire au coin des lèvres.

- C'est vraiment la chose la plus étrange à propos de toi... commenta-t-elle avec flegme. Et pourtant, je te connais depuis presque toujours, mais rien ne bats ton attachement irraisonné pour McKinnon. Même ton toc de ne porter que des chaussettes en cachemire.

- Livia ! siffla-t-il.

Nerveux, il jeta des coups d'œil autour d'eux, mais personne ne se trouvait à proximité. Livia secoua la tête.

- Non en fait, ce qui est le plus drôle c'est que tu crois que tu peux nous le cacher. Les jumelles Zabini ont dû le savoir presque immédiatement.

- C'est faux. Je sais être discret, merci bien. Elles ont juste des yeux et des oreilles partout.

- Hum... Elles ne sont pas les seules. Antonin m'a dit que t'étais revenu de vacances avec des bleus partout sur le corps. Est-ce que ça va ?

Regulus cilla, pris au dépourvu. Il ne comprenait pas comment la conversation avait pu dévier à ce point en quelques secondes, mais il reconnut la touche de Livia : elle pouvait avoir une véritable langue de serpent quand elle s'y mettait, sinueuse au possible pour arriver au sujet qui l'intéressait.

- Ca ne te regarde pas, répondit-il froidement. On parlait des plans de mariage de tes parents.

- Non, on parlait de McKinnon à vrai dire.

- Livia.

Il mit autant d'avertissement qu'il le pu dans sa voix et elle réajuste sa position sur sa chaise, mal à l'aise.

- Pardon... je ne me moque pas de toi, d'accord ? Je ne lui ai jamais parlé à cette fille, mais elle avait l'air... bien pour toi ?

La fin de la phrase sonna comme une question et il se sentit rougir. Gêné, il joua une seconde avec sa plume. Ne pas parler de Marlène était tellement devenu une seconde nature qu'il n'arrivait pas à saisir la main tendue de Livia alors même qu'il aurait eu envie d'enfin en parler à quelqu'un, à fortiori une de ses meilleures amies. Mais tout semblait risqué en ce moment, surtout avec l'implication de Marlène dans l'Ordre du Phénix. Il ne pouvait pas se permettre de laisser échapper quelque chose sur la soirée chez les Malefoy et il se mura dans le silence. Livia ne se laissa pas faire si facilement.

- Tu ne l'as pas revu ? insista-t-elle. Depuis sa sortie de Poudlard, je veux dire ?

Il hésita une fraction de seconde.

- Non, pas vraiment, mentit-il. Je l'ai juste revu sur le Chemin de Traverse à un moment, c'est tout.

C'était un mensonge convenable : on pouvait vraiment croisé n'importe qui là-bas et Livia ne parut rien remarquer. Contrairement à ce qu'elle affirmait, il arrivait quand même à lui cacher des choses, bien plus que ce qu'elle croyait.

- Oh... Et vous avez parlé ? voulut-elle savoir.

- Pourquoi ça t'intéresse tout d'un coup ? éluda-t-il.

Elle soupira à nouveau.

- Je ne sais pas, j'ai besoin de croire en une histoire qui avait l'air pas trop mal, je suppose. Ça sera toujours plus réjouissant que mon avenir à moi.

- Arrête, rien n'est joué, tu ne sais pas ce qui va se passer.

- Non, mais je sais que je déteste déjà certains noms sur la liste de mon père, déplora-t-elle. Tu sais qui est mon prétendant le plus probable ? (Elle ne lui laissa pas le temps de faire une hypothèse et croisa les bras avant de cracher, les traits crispés). Evan Rosier.

- Quoi ?

Son exclamation, beaucoup trop forte pour la bibliothèque, lui valut un regard noir au loin de Mrs Pince derrière son bureau et il rentra la tête dans les épaules. La colère ne lui en tordit pas moins le ventre. C'était irrationnel, mais il avait une dent contre Evan Rosier depuis longtemps maintenant. En son temps prince de Serpentard, il l'avait peut-être idolâtré de loin comme tout le monde plus jeune, mais tout ce qui s'était passé avec Elizabeth Yaxley avait renversé les choses. Il tenta de s'imaginer Rosier aux côtés de Livia désormais et l'idée même le révulsa. Il n'imaginait même pas ce qu'elle devait ressentir elle.

- Mais ses fiançailles... ?

- Elles sont officiellement rompues, lui apprit Livia. Les Rosier racontent partout qu'Elizabeth s'est enfui sans un mot et que c'est un affront terrible. Ils ont même jusqu'à été dire qu'Evan a le cœur brisé. Comme s'il avait un cœur...

- Comme s'il ne l'avait pas laisser partir en exil seule et enceinte, oui !

Livia lui accorda le point d'un hochement de tête raide.

- Ils disent que l'enfant n'est pas d'Evan évidemment et qu'elle s'est « compromise » honteusement. Caesar Yaxley n'est pas ravi, mais ils misent tout sur ses fils en disant que la branche de sa nièce est morte à ses yeux. Je crois que les parents d'Elizabeth sont partis se terrer dans leur demeure d'Ecosse le temps que ça se calme...

Regulus se retint de crier une nouvelle fois. Les Yaxley n'avaient décidément aucun honneur et les Rosier étaient pire. Même Cissy, qui avait pourtant l'art de s'entendre socialement avec tout le monde, avait du mal avec Evan qui était pourtant son cousin du côté maternel. Pour autant, il ne venait que très rarement aux occasions organisés par tante Druella et oncle Cygnus, ce qui en disait long.

Mâchoire contractée, il reposa sa plume avant de la casser et releva les yeux vers Livia.

- Et c'est lui que ton père envisage pour te fiancer ? Sérieusement ?

- Il reste un bon parti... souligna-t-elle. Avec de l'influence et un patrimoine. Je crois que les Rosier ont encore plusieurs châteaux en France le long de la Loire.

- Il n'a qu'à y aller, ça nous fera des vacances.

Livia sourit, désabusée. Puis, un éclat déterminé s'alluma dans ses yeux verts eau si singuliers et elle se pencha par-dessus la table, pressante.

- Ecoute, si je t'en parle, ce n'est pas pour rien à vrai dire... J'ai besoin de savoir quelque chose avant de répondre à la lettre de mes parents. Tu sais déjà que mon père... disons que ses opinions se sont radicalisées ces dernières années. Il ne parle même plus à une partie de la famille, il n'a pas répondu au faire-part de naissance de la fille d'un de ses cousins, et il a refusé qu'on aille fêter noël dans le domaine des Fawley dans le Norfolk cette année. Enfin, ça c'est ce qu'il dit, je me demande plutôt si ce n'est pas le reste de la famille qui nous a interdit de venir...

Regulus ne trouva rien à répondre. Il savait tout ce que Livia lui racontait. Comme ses propres parents, Mr Fawley n'était pas un mangemort, mais il en partageait les idées et cela avait déjà causé des tensions entre Livia et son père. Exactement comme ça en avait causé entre elle et lui-même. Pourtant, à cet instant, l'expression déterminée de Livia ne vacilla pas et elle reprit avec fermeté.

- Je n'aurais jamais voulu devoir te demander ça, mais la réalité fait que tu es la seule personne qui peut me répondre. Promets-moi d'être honnête, d'accord ?

- Liv'...

- S'il te plaît. J'ai besoin de savoir.

Tel un mauvais pressentiment qui germait au fond de sa conscience, il eut la sensation de déjà savoir ce qu'elle allait lui demander, mais il acquiesça malgré tout.

- Je t'écoute.

Presque soulagée, elle lui envoya un regard de remerciement, puis inspira profondément. Elle hésita encore une seconde avant de se jeter à l'eau.

- Est-ce qu'Evan Rosier est un mangemort ? Un vrai, je veux dire ? murmura-t-elle, l'air apeuré.

Il avait donc bien anticipé. Glacé, il se raidit et Livia interpréta sa réaction pour une hésitation.

- Ecoute, comprends-moi. Si je dois me retrouver fiancée à lui, je dois savoir. Je sais qu'il était proche de certains quand il était encore à Poudlard et que c'est lui qui menait sa petite bande pour terroriser tout le monde. Pré-au-Lard, c'était lui, ne me dis pas le contraire. Et je sais que... tu y étais aussi. Et que ta situation a peut-être évolué comme la sienne, mais si tu sais quelque chose alors tu te dois de me le dire...

Les traits déformés par l'inquiétude, elle ne le lâcha pas du regard, comme pour l'empêcher de se soustraire et Regulus eut soudain envie de s'échapper pour de vrai. Depuis un an, Livia avait renoncé à poser des questions. Une sorte d'attitude d'ignorance volontaire qui leur allait très bien, même si aucun des deux n'était vraiment dupe sur leurs opinions contraires au sujet du Seigneur des Ténèbres. Livia continuait de détester la magie noire, lui y trouvait toujours un attrait fascinant. Elle n'avait pas cherché à savoir où il s'était rendu l'année dernière quand Bellatrix était venu le chercher au château pour sa cérémonie d'initiation et ils en étaient restés là. Sa question aujourd'hui rabattait toutes les cartes. Pourtant, en voyant l'appréhension réelle sur son visage, il sut qu'il lui devait la vérité.

- Oui... souffla-t-il. Oui, il l'est. Depuis sa sortie de Poudlard en fait.

- Oh Merlin !

Défaite, Livia se laissa retomber contre le dossier de sa chaise. Elle avait l'air pâle avec ses cheveux blonds tirés en chignon et sous la lumière terne de la bibliothèque. Presque instinctivement, Regulus vit ses yeux être soudain attirés vers un point plus bas... son avant-bras gauche, celui où se trouvait la Marque dissimulée sous sa manche. Il eut presque l'impression qu'elle le brûlait à travers le vêtement et il enleva son bras pour le cacher sous la table. Livia fit peser sur lui un regard lourd de sens.

- J'espère que tu ne le regretteras pas... se contenta-t-elle de murmurer. Mais merci de me l'avoir dit pour Rosier.

Sans rien dire de plus, elle amorça un geste pour se lever. Dans un élan de panique, Regulus lui saisit le poignet. Il ne voulait pas finir sur cette note.

- Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda-t-il.

- Refuser, répondit-elle sans même réfléchir. Il est hors de question que je me fiance à quelqu'un comme Evan Rosier et mon père va devoir l'accepter à moins qu'il me traîne de force à l'autel. Mais il ne le fera pas.

- T'as encore du temps... il trouvera quelqu'un d'autre.

- Ouais, sûrement. Ça vaut aussi pour toi, tu sais. Ils ne feront rien avant qu'on termine nos études.

Il retint un rire étouffé, cynique. Le mois de février était déjà là, ça ne serait plus très long. Et même s'ils ne se marieraient évidemment pas à peine sortie de l'école, le mécanisme serait enclenché telle une machine infernale. Il n'y avait qu'à voir la pression que grand-père Arcturus avait fait peser sur son père à la fête de fiançailles de Cissy.

Soudain oppressé par tout ça, Regulus contempla la neige par la fenêtre. Il n'avait toujours pas lâché Livia et se tourna vers elle.

- T'as proposition d'aller à Pré-au-Lard... Elle tient toujours ? voulut-il savoir sur un coup de tête.

Livia haussa un sourcil. Puis, lentement, un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Va chercher ton écharpe, Black, et dépêche-toi avant que Rusard ne ferme vraiment les portes.

Il faillit soupirer de soulagement. Sans attendre, il remballa ses affaires et alla remettre le livre sur les poisons dans la réserve. Le mystère autour de Kreattur attendrait, il avait besoin de se changer les idées. Surtout, Livia ne le repoussait pas et il voulait s'accrocher à leur amitié, même si ça signifiait aller affronter le froid glacial des montagnes écossaises.

Ils arrivèrent à la grille du château au moment où Rusard les refermait. Le concierge devait être dans un bon jour car il accepta de les laisser sortir tout en bougonnant bien qu'ils ne pourraient pas revenir avant deux heures. C'était parfait. Le chemin pour se rendre à Pré-au-Lard avait été à peu près dégagé, sûrement par Hagrid, mais Regulus tendit quand même son bras à Livia pour l'empêcher de glisser. Elle se laissa faire, reconnaissante. Quand elle enroula son bras autour du sien – celui avec la Marque – sans même tressaillir, il sut qu'elle avait pris sa décision avec définitive : elle fermait les yeux jusqu'à la fin de leur scolarité. Le soulagement l'envahi. Il aurait voulu dire quelque chose, se justifier sans doute, mais les mots refusèrent de sortir et il continua donc à marcher en silence.

Le long du chemin, ils croisèrent plusieurs élèves. Visiblement, les batailles de boule de neige n'étaient pas restées cantonnées au parc du château et Regulus dut se baisser à un moment pour éviter un tir de Matthew Bones, le gardien de Gryffondor.

- Désolé ! hurla celui-ci en levant la main dans un signe d'excuse que Regulus jugea à moitié sincère. Je visais Julian !

Malheureusement pour lui, le temps qu'il s'excuse, son ami de Serdaigle en profita pour lui envoyer lui-même une boule de neige en pleine tête. Un peu plus loin, une fille aux couleurs bleu et bronze elle aussi se tenait en embuscade derrière un arbre. A côté de lui, Livia rit, amusée, puis le tira par le bras.

- Viens, sortons du champ de bataille.

- Tu parles, je suis sûr qu'il me visait. Il a peur que Serpentard gagne la coupe cette année, c'est tout.

- Et donc il a essayé de te neutraliser avec une boule de neige ? Beau stratagème.

Elle se moquait ouvertement de lui. Faussement vexé, il accéléra le pas. Quand ils arrivèrent enfin à Pré-au-Lard, Regulus ne sentait presque plus le bout de son nez et ses orteils se recroquevillèrent dans ses chaussures humides.

- Tu voulais aller quelque part ? demanda-t-il alors qu'un nuage se formait devant sa bouche à chaque mot.

Il pria pour que Livia réponde les Trois Balais, mais elle pointa le bout de la rue principale, les joues rouge.

- Oui, à vrai dire je voulais aller chez l'Apothicaire. J'ai... mal au ventre et il faut que je rachète un traitement. Ça prendra deux minutes.

Regulus en doutait. Les jours de sorties à Pré-au-Lard, toutes les boutiques étaient plus ou moins prises d'assaut et le moindre achat prenait un peu de temps à moins d'arriver dans les premiers, ce qui n'était clairement pas leurs cas. Seulement, il comprit que les joues rouge de Livia n'était peut-être pas dû au froid et que le « mal de ventre » en question était une périphrase pour autre chose. Mal à l'aise, il ne chercha pas à protester.

- Ouais, on y va, viens.

Il espérait avoir bien compris en tout cas et que Livia ne cachait pas une grossesse non désirée. Il en avait eu assez pour toute une vie avec Elizabeth qu'il avait même accompagné deux ou trois fois à l'infirmerie l'année passée. Normalement de toute façon, la première hypothèse excluait la seconde ou du moins c'est ce qu'il croyait savoir. Il n'y connaissait pas grand-chose.

- T'as l'air de vouloir résoudre une équation d'arithmancie compliquée, se moqua Livia. Ça va ?

- Hum... ? Oh oui, je pensais juste... T'es pas enceinte, pas vrai ?

Sous le coup de la surprise, Livia manqua de s'arrêter net et rejeta la tête en arrière dans un grand éclat de rire qui firent tourner plusieurs têtes. Artemisia Meadowes, qui passait près d'eux, leur jeta un drôle de regard.

- Mais qu'est-ce que c'est que cette question, Reg ? s'esclaffa-t-elle. On vient littéralement de parler de mes futures fiançailles donc non, je ne peux pas l'être ! La magie ne le permet pas encore.

- Elizabeth n'était pas mariée non plus... grommela-t-il, embarrassé. Et je préfère demander, je m'inquiète pour ta santé.

- Merci pour ta prévenance dans ce cas.

Encore hilare, elle porta sa main à ses lèvres pour étouffer un nouvel éclat de rire. Il lui jeta un regard noir, sans grand effet visiblement, mais fut soulagé de la voir sourire alors qu'elle allait mal il y a encore trente minutes. De toute façon, il n'avait pas cru lui-même à sa question, c'est juste qu'il avait ressenti le besoin de la poser, à croire que le souvenir d'Elizabeth était vraiment trop présent aujourd'hui.

Livia n'avait toujours pas cessé de rire par intermittence quand ils arrivèrent enfin chez l'Apothicaire. La boutique n'était pas aussi bondée qu'il l'avait craint, sans doute parce que les habitants du village s'était rabattu sur le Chemin de Traverse pour éviter la foule des élèves. Derrière son comptoir, le professeur Arbor et son apprenti s'occupaient d'une cliente et Regulus fixa ce dernier une seconde, perplexe. Le jeune homme lui disait quelque chose, même s'il n'aurait pas su pourquoi... La sensation était énervante et il occulta Livia en train de regarder les étagères pour tenter de se concentrer. Sans succès.

- Merlin... marmonna-t-il.

- Qu'est-ce qu'il y a ? fit Livia.

Il allait lui demander si elle connaissait le jeune homme apprenti du professeur Arbor lorsque la cliente devant eux haussa la voix.

- S'il vous plait ! Vous me connaissez depuis longtemps, vous pouvez bien faire ça pour moi.

- C'est toujours non, miss ! répliqua le vieil apothicaire. Je vous l'ai déjà expliqué, je ne peux plus me permettre de faire crédit, c'est fini.

- Mais je viens acheter mon traitement chez vous tous les mois, vous savez que je suis fiable... Vous avez augmenté vos prix sans prévenir, c'est injuste ! Daniel, s'il te plait, pour moi ?

La double réalisation frappa Regulus pareil à un sortilège informulé. Daniel. Le nom remonta du fond de sa mémoire comme un bouchon de champagne emporté par la pression et il comprit pourquoi son visage lui semblait familier. Il ressemblait à Marlène. Et pour cause, il s'agissait de son frère ainé, Daniel McKinnon, le second après Benjamin qui avait travaillé pour les Black. Mais ce que Regulus n'avait pas remarqué, c'est que la cliente face à lui n'était pas n'importe qui non plus : c'était Alexia Cassidy. Il ne l'avait pas reconnu de dos, mais c'était indéniablement elle avec sa silhouette mince et ses cheveux châtains relevés en queue de cheval.

- Je suis désolé, Alexia... fit Daniel, l'air peiné.

Il jeta un regard en biais à son patron, mais celui-ci ne flancha pas.

- Ne tentez pas de passer au-dessus de mon autorité, miss, c'est moi qui décide. Je vous suis reconnaissant d'être une cliente fidèle, mais c'est comme ça. La guerre fait augmenter les prix et je dois importer les ingrédients pour votre remède à un taux qui explose, c'est ainsi.

- Mais je vous dis, laissez-moi vous payer bientôt... Il ne me manque que dix noises, je vous les ramène la semaine prochaine...

Sa voix se mit à trembler sous la supplique et Livia fit mine de regarder à nouveau les étagères, gênée. Regulus, lui, n'arriva pas à détacher ses yeux du spectacle qu'elle offrait. Il ne savait s'il n'avait juste pas l'argent sur elle ou en général, mais il était presque sûr que si Sirius faisait parti de l'Ordre, alors elle aussi... et visiblement, ça ne devait pas payer énormément.

- Ecoutez, miss, c'est non ! commença à s'emporter le professeur Arbor. Vous savez combien de personnes m'ont laissé une ardoise impayée ces derniers mois ? Beaucoup trop ! Les gens disparaissent du jour au lendemain et moi je me retrouve avec des trous dans ma caisse, je ne peux pas me le permettre. Soit vous payez maintenant, soit vous revenez plus tard.

- Mais j'ai besoin de ce traitement, vous le savez...

Elle s'apprêtait presque à pleurer, ça s'attendait. Regulus se pencha un peu pour mieux voir juste au moment où l'apothicaire, l'air navré et à bout de patience en même temps, lui arrachait presque la boîte de flacons qu'elle tenait dans les mains. Cassidy tenta de le retenir par réflexe sans y parvenir et le frère de Marlène se passa une main sur le front, contrarié. Dans un flash, Regulus revit soudain le corps désarticulé de Cassidy le jour où Sirius l'avait ramené inconsciente... Il ne savait pas de quoi elle souffrait à proprement à parler, mais c'était de toute évidence une maladie chronique.

- Je suis désolé, miss, vraiment. Je vous promets que je vous le garde de côté et vous pouvez revenir quand vous le souhaitez.

- Ma paie ne tombe pas avant encore au moins une semaine, j'ai le temps de faire trois crises respiratoires d'ici là ! siffla Cassidy par-dessus le comptoir.

C'était évident qu'elle tentait sa dernière chance et essayait d'être discrète, sûrement consciente que d'autres clients se trouvaient derrière. A côté de lui, Regulus vit Livia piétiner avec impatience, une main crispée sur son bas-ventre. Elle ouvrit la bouche, l'air prête à apostropher l'apothicaire pour être servie et arrêter de perdre du temps, mais il décida de lui couper le feu sous le chaudron sur un coup de tête.

- C'est bon, lança-t-il à la cantonade. Les voilà vos dix noises, elle peut avoir son traitement maintenant et c'est à notre tour, je crois.

D'un geste assuré, il plongea la main dans sa poche pour en sortir l'argent qu'il déposa devant la caisse du professeur Arbor. Eberluée, Cassidy se retourna et le découvrit derrière elle. Son visage se figea dans un mélange d'étonnement et de colère alors qu'elle restait sans voix.

- Merveilleux ! s'exclama l'apothicaire. Nous trouvons toujours une solution, même en ces temps troublés, n'est-ce pas fabuleux ?

- Complètement... marmonna Daniel en voyant que personne ne répondait.

Il se chargea d'emballer au mieux la boîte de fioles avant de la tendre à Cassidy. Elle saisit le paquet avec hésitation avant de refermer ses doigts crispés dessus. Quand elle se retourna pour partir, Regulus crut qu'elle aillait simplement le dépasser sans un mot, mais elle s'arrêta à sa hauteur, les yeux humides et les traits contractés par la colère.

- Merci... lâcha-t-elle à contre-cœur. Et juste pour information, je te rembourserai... J'enverrai l'argent par lettre à Poudlard.

Mal à l'aise, Regulus secoua la tête alors que Livia avançait vers le comptoir, les laissant tous les deux.

- Ce n'est pas la peine pour dix noises, assura-t-il. Vois ça comme une... main tendue.

Il aimait l'image, il trouvait qu'elle allait bien à l'atmosphère du jour. Après tout, Livia lui en avait tendu une aujourd'hui en quelque sorte et il la lui avait rendue en retour comme signe d'amitié. Et même s'il n'avait été ami avec Cassidy, loin de là, il pouvait bien faire ça. Cependant, cette dernière ne paraissait pas être de son avis et secoua la tête, renfrognée.

- Si, j'y tiens. Je ne veux toujours pas de l'argent des Black, c'est clair ? dit-elle d'une voix dure. Tu pourras le dire à ton père si c'était un de ses stratagèmes.

- Quoi ?

Il la dévisagea, perplexe, mais Cassidy ne s'expliqua pas. Le teint marbré de rouge, elle se contenta de fourrer son paquet dans son sac et le contourna pour sortir de la boutique. La porte se referma dans son dos dans un claquement sec. Immobile, Regulus fixa sa silhouette à travers la vitre qui s'éloignait...

**

*

De retour au QG, Alexia fixa la silhouette de Sirius qui se rapprochait à travers la fenêtre de la cuisine. Elle sentit ses muscles se tendre instinctivement et débattit pour la huitième avec elle-même pour savoir si elle devait lui parler de la proposition que son père lui avait fait après ce qui s'était passé aujourd'hui avec Regulus chez l'apothicaire. Merlin, elle s'était sentie si humiliée...

- Eh Alex, ça va ? lui lança Peter en se servant une tasse de thé.

A la table près d'eux, Gideon et Emmeline lui jetèrent un coup d'œil curieux, penchés sur ce qui ressemblaient à des plans de bâtiments. Sûrement une préparation pour une mission dont elle n'était pas au courant pour changer !

- Oui, ça va... dit-elle en tentant de maîtriser sa voix. J'ai juste eu une mauvaise expérience chez l'apothicaire, rien de grave. Je me demande si je ne vais pas changer, même si ça m'embête pour le frère de Marlène.

- Ah c'est vrai qu'il travaille à Pré-au-Lard. Je le croise parfois en rentrant du travail, mais je crois que c'est parce qu'il attend ma collègue, tu sais Sabine Travers ? Je les soupçonne de se voir.

Alexia hocha la tête, distraite. En vérité, elle n'en avait à faire de la vie amoureuse de Daniel et de la collègue de Peter à la Poste.

- Tu sais, si tu veux changer d'apothicaire, je vais parfois à celui du Chemin de Traverse chez Nolan O'Neil. En face de Mme Guippure ?

Pour être allée souvent chercher Marlène à son travail, elle visualisait effectivement bien. A nouveau, elle acquiesça sans réellement écouter, mais Peter ne parut pas lui en tenir rigueur. Depuis leur conversation à cœur ouvert où ils s'étaient avoué avoir peur de la guerre et de ses effets sur leur vie dédiée à l'Ordre, ils avaient trouvé une nouvelle dynamique tous les deux et elle avait remarqué qu'il tentait souvent de la distraire au mieux. Sans même lui demander, il glissa d'ailleurs la tasse de thé qu'il venait de se préparer vers elle.

- Oh merci Pete...

- Pas de quoi. Si t'as rien de prévu, on peut faire une bataille explosive si tu veux ?

- Hop la, non ! intervint Gideon avant qu'elle ait pu répondre. C'est à ton tour de préparer le dîner, Pettigrew.

Le rappel le fit grogner.

- Et pitié pas encore des pâtes, ajouta Emmeline. J'ai l'impression de ne manger que ça ici !

- C'est pour ça que je voulais pas de recrus à peine sortie de Poudlard. Ils savent pas cuisiner, ils ont toujours papa-maman ou des elfes.

Peter s'empourpra aussitôt et Alexia vola à son secours.

- Je suis désolée, mais ta tentative de tomates farcies la semaine dernière n'était pas fameuse non plus, Prewett.

- Elle n'a pas tort, se moqua Emmeline.

Pour toute réponse, ils se reçurent tous un geste grossier de la part de Gideon et Emmeline éclata de rire en faisant couler sa longue tresse entre ses doigts. La pointe avait l'air fourchu et Alexia lui trouva en plus les traits fatigués, marqués par des cernes. C'était à se demander si elle dormait.

- Bon d'accord, j'ai compris, grommela alors Peter. Qu'est-ce que vous voulez manger dans ce cas ?

Ils n'eurent pas le temps de répondre. La porte d'entrée s'ouvrit – les gonds grinçaient de plus en plus fort à cause du froid humide qui était tombé sur les landes irlandaises depuis le début d'année – et Sirius apparut quelques secondes plus tard. Ses cheveux noirs étaient détrempés de neige fondue.

- Salut Black, lança Gideon sans entrain. Dis-nous, tu sais cuisiner quelque chose à part ton ego, toi ?

Mais la pique habituelle de Gideon tomba à plat et ne reçu pas de répartie comme Sirius en avait le secret pour leur petite joute verbale devenue presque un jeu entre eux. Alexia fronça les sourcils, puis se mit à l'observer plus attentivement. Quelque chose clochait. C'était subtil, mais c'était visible dans la ligne de sa mâchoire et dans l'éclat hanté de ses prunelles grises. Elle reposa sa tasse de thé, soudain stressée.

- Sirius ? Eh, tout va bien ?

- Ouais Patmol, on dirait que t'as vu un Détraqueur, renchérit Peter.

Alexia lui en fut reconnaissante. Si un des Maraudeurs le voyait aussi, c'est qu'elle ne se montait pas la tête toute seule.

- Je reviens de Ste-Mangouste, annonça-t-il d'une voix rauque. Désolé, j'ai écourté ma mission de surveillance de la maison de Milicent Bagnold.

- Quoi ? C'est une cible sensible, Black, tu ne peux pas... commença à protester Gideon.

Mais Emeline le coupa en parlant plus fort que lui.

- Pourquoi ? Il y avait un problème avec Lily ?

Depuis le coup à Ste-Mangouste et la prise d'otages, tout le monde était sur le qui-vive et le cœur d'Alexia s'emballa.

- Non, non... rassura Sirius, toujours hagard. C'est... hum...

Il se râcla la gorge et, avec horreur, ils virent tous les larmes envahirent ses yeux d'un coup.

- Euphemia est décédée il y a une heure.

La nouvelle tomba comme une sentence, lourde et glaçante. Les visages de Gideon et Emeline se fermèrent, l'air désolé, et Alexia plaqua une main contre sa bouche pour étouffer le hoquet d'horreur qui monta instinctivement à ses lèvres. Peter, lui, se laissa tomber sur la première chaise venue. Assommés, ils restèrent immobiles, en silence, jusqu'à ce que Sirius reprenne de cette même voix brisée :

- C'est Lily qui m'a prévenu par patronus. James était déjà à son chevet et il va dormir chez ses parents cette nuit avec elle. Euphemia n'a pas souffert.

Factuel, il continua à fixer le vide avant de soudain désigner le salon où un bout de l'escalier était visible.

- Désolé, je vais juste... Appelez-moi pour le dîner, je verrais si je descends.

- Bien sûr, pas de problème, assura Emmeline. Et je suis désolée... toutes mes condoléances.

- Ouais, désolé, approuva Gideon. Et Black, je prends ton tour de garde demain matin. Tu reprendra celui du soir seulement, d'accord ?

Sirius acquiesça. C'était un grand geste pour Gideon et Alexia lui en fut reconnaissante. Elle regarda Sirius presque s'enfuir de la pièce, impuissante. Une chappe de plomb s'abattit sur sa poitrine. Ça paraissait si tôt après Fleamont, à peine un mois et demi... Elle songea à James qui devait être effondré. Elle avait peur de ne plus le voir sourire comme avant et cette simple idée la terrorisait. Si James Potter cessait de sourire, la guerre lui apparaissait encore plus sombre.

Sonnée, elle se tourna vers Peter. Elle s'aperçut avec un nouveau coup au cœur que des larmes silencieuses coulaient sur ses joues et ni Emmeline ni Gideon ne savaient visiblement quoi faire au vu de leur expression entre gêne et compassion. Elle se demanda s'il pensait à sa propre mère en écho, Enid Pettigrew, toute seule dans sa maison de campagne. Ces moments de tristesse étaient souvent propices aux projections sur ses proches. Sans un mot, Alexia se glissa alors derrière lui et l'enlaça, les bras enroulés autour de son cou. Un sanglot secoua Peter.

- Elle était toujours gentille avec moi... hoqueta-t-il.

- Je sais, Pete, je sais...

Les larmes aux yeux, elle resserra son étreinte. Gentille était effectivement le premier qui lui venait en songeant à Euphemia Potter, cette femme au foyer si forte qui l'avait accueilli pendant des vacances. Elle avait aussi pris de son temps pour accompagner Sirius venir la voir à Ste-Mangouste alors que rien ne l'obligeait. Toute sa vie, Euphemia n'avait fait que tendre des mains bienveillantes aux autres. Elle avait trouvé l'amour de sa vie, été une mère exemplaire, dédiée son temps à des activités de bénévolat. Par tous les aspects, Euphemia Potter avait bien été une femme exceptionnelle.

- Je vais aller voir Sirius, murmura-t-elle en se détachant de Peter. Je reviens, ok ? Et je ferais le dîner si tu veux.

- Non, non, ça va aller... ça va m'occuper même. Mais merci, Alex.

D'une dernière pression, elle tenta de lui apporter un peu de réconfort, puis quitta la cuisine pour se diriger vers l'étage. Automatiquement, elle se dirigea vers sa chambre, celle commune qu'elle partageait avec Benjy et Sirius quand ils venaient dormir au QG. Ce qu'elle trouva en ouvrant la porte fit dévaler son cœur dans sa poitrine.

Assis à même le sol, dos contre le lit, Sirius pleurait en contemplant le vide. Il tourna ses yeux rougis vers elle et Alexia recula d'un pas, presque penaude.

- Je voulais juste voir si ça allait... Si tu préfères être seul, je peux te laisser...

Très honnêtement, elle s'attendait à être envoyée balader ou du moins éconduite. A la mort de Fleamont, Sirius s'était retranché chez lui et n'était sorti que pour l'enterrement. Elle l'avait à peine vu pleurer. Pourtant, il parut considérer la question et tendit la main vers elle.

- C'est bon, accepta-t-il, tu peux entrer.

Surprise, elle tenta de cacher le soulagement et le plaisir qu'elle ressentit. Elle referma la porte dans son dos avant de le rejoindre. Démunie, elle se décida à simplement prendre sa main dans la sienne. Sirius s'y accrocha sans cesser de pleurer, même s'il essaya de détourner la tête vers la gauche pour qu'elle ne le voit pas. Un homme, ça ne pleure pas. Elle était persuadée que c'était le genre de leçon qu'il avait dû entendre toute son enfance et son adolescence et que ce genre de croyance avait la vie dure.

- C'est normal d'être triste, tu sais, souffla-t-elle. Mais tu as pu dire au revoir et c'est le plus important. Elle est partie aimée, entourée, et sans regrets...

- Je sais... je sais...

Mais ça ne rendait pas les choses moins douloureuses pour lui. Le cœur serré, elle chercha des mots qui puissent l'apaiser, mais Sirius reprit avant qu'elle ne trouve.

- Je pensais que j'étais habitué à perdre une famille en quelque sorte, tu sais... Mais la dernière fois j'étais parti de mon plein gré plus ou moins, alors que là j'ai juste l'impression que le destin s'acharne et m'a arraché quelque chose que j'avais enfin réussi à trouver...

- Oh Sirius...

- Elle m'a appelé « son fils »... avant de partir. Et elle m'a demandé d'être heureux...

Un sanglot s'arracha de sa gorge. Les mots s'étranglèrent et Alexia n'hésita pas cette fois-ci. Elle l'attira entre ses bras alors que Sirius se laissait tomber contre elle, comme un pantin auquel on aurait coupé les fils. Il pleurait si fort que leurs corps tremblaient à tous les deux, mais elle tint bon. A aucune moment elle ne lâcha sa main. 

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Verdict ? J'avais le cœur serré en écrivant la fin, mais il fallait que ça arrive... Je n'ai pas voulu refaire une scène comme avec Fleamont pour ne pas faire doublon, sans enlever l'émotion malgré tout. Quant au début, écrire Reg est toujours un plaisir haha ! 

Bon week-end à tout le monde, ze vous aime foooort !! 

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