Tome III - Chapitre 23 : Jeux de pouvoir

Bonjour everybody ! 

Je vais avoir deux discours à faire aujourd'hui avant ce début de chapitre sur deux tons assez différents. Les concernés se reconnaitront ^^ 

Déjà, un énorme merci à tout celles.eux qui m'ont soutenu il y a deux semaines et qui m'ont envoyé des mots de condoléances/de gentillesse. Vraiment, ça m'a énormément touché. Je tenais à vous remercier parce que chaque petite touche d'amour comme ça m'a remonté le moral à sa façon donc merci du fond du coeur. C'est sincère ! 

Ensuite, mon deuxième message va paraître paradoxal mais ne s'adresse pas aux mêmes personnes. Cette fois, j'aimerais dire quelques mots aux "lecteurs fantômes". J'avoue avoir été assez déçue du nombre de commentaires sur le dernier chapitre. Pourtant, c'est un peu près la moyenne de ATDM qui tourne souvent autour de 150 coms, mais je ne sais pas... Ce chapitre me tenait à coeur et les évènements qui l'entouraient me l'ont rendu encore plus spécial. Je l'avais exprimé. Alors voir les vues grimper mais pas les commentaires - véritables salaire des auteur.es - m'a vraiment fichu un coup. De manière générale, j'ai autant de vues sur LHDI et sur ATDM, pourtant force est de constater que l'investissement des lecteur.ices est bien plus fort pour LHDI. Je comprends en partie : les histoires sur les Maraudeurs sont plus nombreuses et on a tendance à les "consommer" sans forcément commenter. Je peux le concevoir. Mais j'aimerais souligner une chose : si une vue égalait un commentaire, ces derniers seraient énormes. Un commentaire par personne ! Imaginez juste, je ne pense pas que ça soit aberrant. Et je ne demande pas une tartine de 3km, juste quelques mots pour montrer que vous avez aimé et que vous respectez l'effort que je fais de fournir depuis maintenant six ans des chapitres assez longs. Alors oui, j'ai fait énormément de pauses et j'ai dû perdre des personnes en route. C'est le jeu, je m'en excuse. Oui, certain.es lisent en mode hors ligne. Mais très honnêtement, rallumer sa connexion 1min ne serait-ce que pour mettre un emoji ? Quelque chose ? Un mot ? Ca parait insurmontable ? 

J'ai conscience que je dois avoir l'air injuste et de m'énerver alors que vous ne me devez rien. Je ne suis pas là pour faire une leçon de moral mais pour essayer de vous montrer mon point de vue. Vraiment, j'étais démoralisée à un point il y a deux semaines... A tel point que je ne voulais plus poster. Et je ne fais pas de chantage, j'expose une réalité : je prends de mon temps et de mon énergie à écrire pour sortir un chapitre chaque semaine sur mes deux fanfics en alterné. C'est un plaisir et un stress à la fois. Ce stress, je pourrais le diviser par deux en décidant de ne plus poster ATDM de manière régulière. Je ne le fais pas encore car je veux faire plaisir aux personnes qui me suivent. Mais je le dis clairement, si pour vous c'est trop de poster un commentaire, alors imaginez bien que ça l'est pour moi d'écrire 6000 mots en moyenne pour un chapitre alors que je travaille à temps plein, que j'ai des transports à prendre et des amis à voir. 

J'espère que ce message ne passera pas pour trop dur mais arrivera à vous faire voir mon point de vue... Ca vient vraiment du coeur parce que j'étais vraiment mal il y a deux semaines et Perri peut en témoigner. Le dernier chapitre était vraiment particulier à mes yeux aussi il faut dire, d'où le fait que j'ai autant pris à coeur cela. Cette histoire, c'est mon bébé, j'y suis attachée même si elle a tous les défauts d'une première fanfic. Donc voilà, à tous les "lecteurs fantômes", j'espère vous avoir touché et encore merci aux autres pour votre soutien inconditionnel ! 

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Chapitre XXIII : Jeux de pouvoir

Perquisition chez les Malefoy : excès de zèle des Aurors ou affront à une famille respectable ?

Nos colonnes vous en parlaient en novembre dernier. Dans le but de faire rempart aux soutiens croissants de Vous-Savez-Qui dont les actions anti-moldu se sont renforcées, les Aurors continuaient à mener leurs perquisitions devenues nombreuses ces derniers mois. La plus impactante s'est alors révélée être celle de la demeure de la famille Malefoy de façon inattendue. Connue pour ses actions caritatives et ses dons à plusieurs de nos institutions, les Malefoy sont toujours apparus comme une famille respectable de notre communauté et le choc était grand pour de nombreuses personnes. « Une honte ! Une honte absolue ! » réagissait Abraxas Malefoy au sein de nos pages le lendemain de la perquisition. Le patriarche de la famille que nos lecteurs connaissent bien puisqu'il a signé divers articles dans notre journal a ensuite accusé publiquement le bureau des Aurors et son nouveau chef, Alastor Maugrey, de mener une vendetta personnel contre les Malefoy, mais aussi contre la bonne société sorcière en général. Lorsqu'on nous avons fait valoir son droit de réponse à l'intéressé, il s'est contenté de nous claquer une porte au visage non sans crier au préalable que « si les Malefoy n'ont rien à cacher, qu'ils ouvrent leur porte ! ». Deux poids, deux mesures donc.

La perquisition a de toute façon eu lieu, même si aucun mandat n'avait été délivré au préalable. Cette nouvelle mesure, instaurée par notre Premier Ministre Harold Minchum, a été très mal perçue par l'entièreté du Département de la Justice qui s'est vu perdre cette autorité primordiale. Le cabinet du Ministre s'est justifié en ces termes « notre époque troublée mérite des mesures d'urgence exceptionnelles ». Certains avancent que cette décision serait surtout le moyen de rattraper des mois d'inaction de la part du Ministère, ce qui a laissé la possibilité à Vous-Savez-Qui de monter en puissance sans véritable contre-pouvoir pour l'arrêter. Une mesure controversée donc, mais une mesure qui pourrait se révéler utile. Encore faudrait-il qu'elle soit appliqué contre les bonnes personnes.

Ce dernier point semble essentiel lorsque nous connaissons désormais le verdict de la perquisition menée chez les Malefoy : rien ! Rien n'a été trouvé par les Aurors, ce qui n'a fait qu'accentuer la colère d'Abraxas Malefoy. Ce dernier ne s'était même donné la peine de se déplacer à la convocation des Aurors. C'est son fils, Lucius Malefoy, et sa nouvelle épouse qui s'y sont rendus pour recevoir la nouvelle de la levée de surveillance des Aurors sur leur maison et les membres de la famille. « Une victoire dont [il] ne doutait pas » s'est exprimé Lucius Malefoy, visiblement satisfait. Les Aurors ne se sont pas exprimés davantage.

Article signé par Thaddeus Scriptor

Sa lecture terminée, Alexia reposa l'exemplaire de la Gazette du jour. L'affaire traînait depuis un moment, mais elle vu venir le dénouement à mesure que l'humeur de Maugrey s'était dégradée à la fin de l'année. La nouvelle ne commençait pas mieux et ce n'était que le deuxième jour de 1979 pourtant. Encourageant donc... Le pire, c'est qu'elle ne pouvait même pas se dire surprise. Elle avait espéré bien sûr, comme tout le reste de l'Ordre, que la perquisition arriverait à compromettre les Malefoy, mais Lucius n'allait pas se faire avoir aussi facilement. Marlène et Sirius s'étaient trop fait remarquer lors de leur mission pour qu'il ait pris le risque de laisser des indices et il lui avait fallu seulement une journée pour dissimuler les preuves de son affiliation aux mangemorts. Maugrey n'allait pas décolérer de sitôt.

- Encore en train de lire les journaux ? J'ai arrêté personnellement, ça me déprime... Que des mauvaises nouvelles !

Alexia releva les yeux sur sa collègue, Mrs Edgecombe, une trentenaire aux cheveux frisés coupés courts, à l'accent du nord et au maquillage toujours impeccable. Elles se parlaient assez peu, même si Alexia n'avait rien contre elle. C'est juste qu'elle ne se sentait pas énormément point de commun avec la jeune femme. Tout juste mariée, Mrs Edgecombe tenait désormais qu'on s'adresse à elle par ce titre, ce qu'Alexia trouvait déstabilisant, et elle commençait même à évoquer des projets d'enfants. Tout ça lui semblait tellement abstrait et lointain qu'elle ne devait pas être une très bonne interlocutrice et leurs conversations tournaient souvent courts. De toute façon, Mrs Edgecombe lui avait clairement fait comprendre qu'elle avait d'autres ambitions que de rester secrétaire encore longtemps : elle visait un poste au service du Réseau de cheminée où elle pourrait enfin augmenter son salaire et c'était sûrement une question de semaine avant que leurs chemins ne se séparent.

- J'essaye juste de me maintenir informée, se justifia-t-elle, défensive. C'est important, je trouve.

- Hum... Ça ne changera pas grand-chose pourtant. Tu-Sais-Qui ne va pas arrêter maintenant qu'il commence à faire la une des journaux. Quel incapable, Minchum, quand même !

Mrs Edgecombe secoua la tête, désapprobatrice, et se replongea dans son dossier, les joues rouge. La pique avait dû lui échapper, elle n'était pas du genre à critiquer son employeur principal ni à faire de vague. Alexia se retint de rouler des yeux. A son avis, Minchum méritait des mots plus durs que ça. Seulement, sa collègue soulevait un point important : les journaux parlaient de plus en plus des actes des mangemorts et ne cherchaient plus à prétendre que tout allait bien. Ce revirement était significatif. D'après ce que lui avait expliqué Emmeline hier au QG, ça voulait dire que le Ministère renonçait à tenter de gérer la situation et préférait tenir la société sorcière au courant pour qu'elle puisse réagir en conséquence. Une sorte de « on n'a rien pu faire, débrouillez-vous » qui l'agaçait prodigieusement.

- Mesdames bonjour, fit soudain une voix proche. J'ai rendez-vous avec le directeur Fudge.

L'homme s'était approché et avait remonté le couloir si silencieusement qu'Alexia sursauta derrière son bureau et se cogna le genou contre la surface en bois. Confuse, Mrs Edgecombe sortit la tête de son dossier, surprise aussi, mais ce n'est pas sur elle qu'Alexia se concentra. Parce qu'elle connaissait cet homme. Elle tenta de ravaler une exclamation étouffée, les yeux écarquillés. Orion Black en personne se tenait devant son bureau, habillé d'une robe de sorcier noire et élégante et tenait à la main son chapeau. Le dos droit, il les regardait à peine, comme s'il se savait au-dessus de deux simples secrétaires.

- Tout de suite, monsieur Black, réagit enfin Mrs Edgecombe. Si voulez bien me suivre, je vais vous conduire à Mr Fudge.

Elle se leva en lui jetant un regard insistant. Alexia se reprit. Sortie de sa torpeur, elle suivit des yeux Orion Black alors qu'il se dirigeait vers le bureau de Cornelius Fudge, son patron depuis son embauche en août dernier. Ça ne l'étonnait même pas qu'une personne comme Orion Black fréquente les directeurs des grands services du Ministère et pourtant elle n'arriva pas à calmer tout de suite les battements frénétiques de son cœur. C'était comme si une poussée d'adrénaline venait de fuser dans ses veines. Pourtant, elle était sûre que le père de Sirius ne l'avait pas reconnu. Il n'aurait aucune raison de le faire d'ailleurs. Elle ne lui avait jamais parlé et il n'était presque jamais venu en personne récupérer son fils sur le quai 9 ¾. Il était bien venu à Ste-Mangouste l'année dernière quand elle avait été hospitalisée, mais elle était restée dans sa chambre alors que Sirius lui parlait.

Quand Mrs Edgecombe revint, elle lui fit les gros yeux.

- Tu aurais pu me dire que Mr Black était là ! siffla-t-elle.

- Je ne l'avais pas vu arriver non plus ! Désolée... (elle se pencha un peu pour avoir les doubles portes du bureau de Fudge dans son champ de vision). Ça y est ? Il est entré ?

- Oui, il a été reçu tout de suite. C'est quelqu'un d'important, tu sais, il ne faut jamais le faire attendre. Il traite les transactions financières du service avec son entreprise, c'est essentiel.

Alexia haussa un sourcil.

- Ce n'est pas Gringotts qui s'en occupe ?

- Gringotts est une banque, pas une société de finance spécialisée voyons, lui rétorqua Mrs Edgecombe sur le ton de l'évidence. En plus, ça serait mal vu que les gobelins aient autant la main sur les affaires de dépenses du Ministère. Non, Mr Black est bien mieux pour ce genre de choses.

- Ah... si tu le dis...

Elle se sentit comme une gamine qui ne comprenait rien au monde des adultes et se remit derrière son bureau, les joues sûrement rouge. Mrs Edgecombe attrapa un dossier sur le sien, puis s'en alla le long du couloir sans indiquer où elle se rendait. Elle avait tendance à faire ça, à croire que ça lui donnait un air important. Alexia soupira. Elle ne plus bouger de son poste maintenant, il fallait toujours qu'une d'elles soit présente à l'accueil, et elle jeta un nouveau regard nerveux vers le bureau de Fudge. La sensation de malaise qu'elle avait ressenti à la vue soudaine d'Orion Black ne disparaissait pas. Il lui avait paru presque étrange pendant ces quelques secondes, mais elle n'arrivait pas à déterminer pourquoi. Il n'était pas un homme chaleureux, c'était certain, et il avait un côté tout droit sorti du siècle dernier qui le distinguait des autres personnes qu'elle avait l'habitude de croiser, pourtant elle avait l'impression que ça allait au-delà de ça. Il lui avait apparu peut-être vieilli. Voilà, c'était sans doute cela. Ses cheveux n'avaient plus eu la noirceur caractéristique des Black, ils avaient virés au poivre et sel et elle s'en retrouvait déstabilisée. C'était comme le voir avouer une faiblesse malgré lui, un secret arraché et disposé à la vue de tous : même les Black étaient mortels.

Une fois cette réalisation passée, elle se remit au travail. Si elle ne terminait pas de traiter ses dossiers, ce n'est pas Orion qui allait payer son salaire à la fin du mois, et ses économies n'allaient pas se faire toutes seules. Elle avait commencé à donner un peu d'argent à sa mère pour l'aider dans les achats quotidiens, surtout depuis qu'Ellie était souvent à la maison. Un bébé de six mois demandait un budget certain et sa sœur n'avait pas beaucoup de moyen donc elles essayaient de l'aider au mieux. Alexia contempla la photo de sa petite nièce qui trônait sur son bureau. Elle commençait tout juste à avoir une touffe de cheveux châtains et à prendre du poids, ce qui lui donnait enfin l'air normal après un début de vie marqué par sa prématurité. Fatiguée, elle se massa les tempes. Ses maux de tête s'était résorbés considérablement depuis que sa maladie avait perdu du terrain, mais elle en avait encore souvent. Elle se décida à l'ignorer : il ne restait que quelques heures avant qu'elle puisse rentrer.

Trente minutes plus tard, Mrs Edgecombe n'était toujours pas revenu et son mal de crâne avait empiré. Alexia se renversa sur sa chaise en soupirant. Elle considérait sérieusement l'idée d'aller se chercher un café – pour elle, pas pour un homme du bureau qui viendrait de lui demander avec un regard aguicheur pour une fois – mais les doubles portes du bureau de Fudge s'ouvrirent soudain. Elle se redressa d'un bond et son cœur partit dans une accélération brusque.

- Merci encore pour tout, monsieur Black, entendit-elle Fudge déclarer d'un ton pompeux avant qu'il ne sorte sur le pas de la porte. Un plaisir de vous voir, comme toujours.

Orion Black sortit à sa suite, solennel. Il lui serra la main d'une poignée ferme. Alors que les deux hommes poursuivaient leurs échanges de formalités dans un mélange de voix étouffée, elle se pencha un peu plus pour les voir. Son intuition se confirma. Malgré sa posture si professionnelle et digne, Orion paraissait avoir le teint cireux et il retint deux quintes de toux pendant que Fudge lui parlait. Ce dernier fit mine de ne rien remarquer, mais Alexia avait eu assez souvent des problèmes de souffle pour les reconnaître. Malheureusement, Orion dût se sentir observer car ses yeux gris se vrillèrent soudain dans sa direction. Elle recula au fond de son siège dans un sursaut, priant pour qu'il ne l'ait pas vu, mais quelques secondes plus tard la voix de Fudge lui parvint, audible et claire :

- Oh ma secrétaire ? Oui, oui, une petite jeune sortie de Poudlard. Assez efficace, elle s'appelle Cassidy. Alexia Cassidy, je crois.

Si son niveau d'adrénaline n'avait pas remonté en flèche à l'instant, elle se serait insurgée. Comment ça Fudge « croyait » ? Il la voyait tous les matins ! Il pouvait bien connaître son nom par Merlin !

- Je vois, répondit Orion d'une voix entendue. Bien, Cornelius, nous nous reverrons bientôt.

- Je l'espère bien ! Et passez encore mes félicitations à votre nièce pour ses fiançailles avec le fils Malefoy.

- Je n'y manquerai pas, merci.

Une dernière poignée de mains plus tard et Fudge retourna dans son bureau. Alexia resta immobile dans son fauteuil, puis observa Orion revenir vers elle d'un pas lent, comme un vieux lion approchant sa proie. Elle supposait qu'elle était ladite proie dans cette analogie. Son appréhension se confirma lorsqu'il s'arrêta face à elle au lieu de la dépasser.

- Cassidy, hum ? fit-il, la toisant de sa haute taille derrière son bureau, l'air absent. C'est drôle vous savez. Je crois connaître ce nom.

- J'ai un nom très commun...

- Vraiment ? Et vous n'auriez pas un lien avec la Alexia Cassidy que fréquente mon fugueur de fils à ses heures perdues ?

Alexia haussa un sourcil, piquée. Que Fudge ne connaisse pas son nom avec certitude, passe encore, mais qu'Orion Black se permette de qualifier sa relation avec Sirius de distraction à ses heures perdues était un peu fort, même pour elle.

- J'occupe un peu plus que quelques heures dans sa vie si vous voulez tout savoir, rétorqua-t-elle avec froideur. Mais ravie de vous rencontrer aussi, monsieur Black.

- Vous en avez l'air, effectivement. Ravie, je veux dire. (Il secoua la tête, blasé). Allons, ne vous braquez pas comme ça, mademoiselle, je venais simplement faire la conversation.

- Fort aimable à vous.

Elle le toisa à son tour pour lui faire comprendre qu'elle n'avait aucune envie de faire la conversation justement et il eut un sourire à la fois amusé et désabusé.

- Je vois ce que mon fils vous trouve en tout cas. Laissez-moi deviner, il vous a dit que j'étais le Diable en personne et de ne surtout pas m'approcher si nos chemins venaient à se croiser ?

Alexia pencha la tête sur le côté, mal à l'aise.

- Quelque chose comme ça... avoua-t-elle.

- Oui, rien d'étonnant connaissant son sens du dramatique. Un trait hérité de ma femme, j'en ai peur.

- Si vous le dites...

Elle aurait voulu qu'Orion décide qu'il l'avait assez jugé et qu'il reparte, mais il se planta plus fermement devant son bureau, les pieds ancrés solidement dans le sol. Avec cette posture, il paraissait encore un peu plus impressionnant et elle se demanda comment avait pu le trouver affaibli il y a quelques minutes seulement. Les rares fois où Sirius s'était confié sur son père – il aimait plus rager contre sa mère – elle avait bien compris la fureur brûlante de Walburga n'avait rien à envier à la froideur calculatrice d'Orion. Pire, il pouvait être bien plus redoutable. Elle n'avait pas de mal à le comprendre à cet instant.

- Ainsi, c'est ici que vous travaillez, commenta-t-il en observant avec attention ses alentours. Intéressant.

A la façon dont il le prononça, elle se sentit rougir, embarrassée. Il était clair que simple secrétaire ne la faisait pas briller aux yeux du chef de la noble famille Black.

- C'est un travail, se contenta-t-elle de souligner, faute de mieux.

- Certes. Et c'est tout ce que vous faites comme... travail ?

Alexia plissa les yeux. Son ton s'était soudain fait évasif et elle comprit en un nouveau battement de cœur frénétique qu'il savait. Sirius l'avait prévenu pourtant : il avait évoqué l'Ordre devant ses parents, il leur avait fait comprendre qu'ils avaient un fils de chaque côté de la guerre, mais elle prit conscience à ce moment-là qu'Orion n'était assez stupide pour croire que son fils s'était lancé dans la résistance seul. Il suffisait de connaître les Maraudeurs pour le comprendre après tout, mais le fait qu'il ait aussi des soupçons sur elle lui fit réaliser qu'Orion ne laissait rien au hasard. Il voulait savoir. Il vouloir connaître la place de chaque pièce sur l'échiquier, même celle d'une petite secrétaire qui s'avérait sortir avec son fils.

- C'est déjà bien suffisant, répondit-elle. D'ailleurs, il faudrait que m'y remette... Bonne journée, monsieur Black.

Elle replongea la tête dans son dossier, mais ne loupa pas le rire cynique d'Orion qui ne bougea pas d'un pouce.

- J'ai connu des secrétaires plus polies. Vous essayez de me congédier, mademoiselle ?

- Visiblement, je n'y arrive pas...

- Non, en effet. Désolé pour vous, je suppose.

Elle lui jeta un regard agacé. Elle commençait tout juste à comprendre que Sirius n'avait pas obtenu son humour impertinent de nulle part. Orion, pour sa part, fit courir ses yeux sur ce qui l'entourait : sa pile de dossiers bancale et à moitié organisée, ses plumes mélangées dont certaines avaient la pointe cassée, et le cadre avec la photo d'Ellie, bien en évidence. Il tendit le bras pour l'attraper d'un geste précis avant qu'Alexia n'ait pu l'arrêter, puis haussa un sourcil.

- Est-ce que j'ai loupé quelque chose de si important ? fit-il.

Le ton avait beau être nonchalant, elle entendit bien la tension sous-jacente dans sa voix et perçut le changement dans sa posture, comme s'il s'attendait à recevoir un coup violent. Elle en resta coite, incapable de démentir l'idée qui s'était glissée dans son esprit pendant une horrible seconde. Est-ce qu'il pensait sincèrement que son lien avec son fils aîné était brisé au point qu'il ne soit pas au courant si Ellie avait été à eux ? Alexia en ressentit une certaine tristesse inattendue, avant que l'indignation ne prenne le dessus. Orion Black ne pouvait se blâmer que lui-même.

- Non, répondit-elle finalement. C'est seulement ma nièce, Ellie.

- Oh...

Il eut l'air soulagé. Alexia s'en agaça un peu plus, mais se mordit l'intérieur de la joue pour éviter de le faire savoir. En dire le moins possible. C'était ce que Gideon lui avait souvent conseillé et même s'il parlait des missions lorsqu'il lui avait donné ce conseil, elle décida de l'appliquer face à cet homme intimidant.

- Elle est très belle, complimenta-t-il au bout d'un moment avant de reposer le cadre à sa place. Mes félicitations à votre famille.

- Merci...

- Je n'ai jamais eu la joie d'avoir une fille, mais j'ai eu trois nièces. Un point commun entre nous, n'est-ce pas ?

- Sans vous vexer, je préférais éviter la comparaison entre Ellie et Bellatrix, si ça ne vous ennuie pas.

La remarque, sortie précipitamment, lui échappa presque tant elle était sincère et un rictus désabusé vint ourler les lèvres d'Orion.

- Je n'irais pas jusqu'à dire que je ne comprends pas votre réticence, mais Bellatrix est une femme... exceptionnelle à sa manière, commenta-t-il. Dans tous les sens du terme.

- Je veux bien le croire.

Elle ne mentait pas. Toute cette conversation avait beau être surréaliste, voire gênante et étrange, elle pouvait accorder à Orion que Bellatrix pouvait forcer le respect si on mettait de côté ses tendances sanguinaires envers tout ceux qu'elle considérait être contre elle. Mais c'était une nuance trop importante pour qu'elle l'ignore et son scepticisme dû se lire sur son visage car Orion balaya le sujet de sa nièce de la main.

- Peu importe... (il se râcla la gorge). Et vous ? Des projets imminents ?

Alexia cilla. Pendant un instant, elle crut qu'il lui demandait si elle avait des projets sur tout et n'importe quoi, mais l'évidence s'imposa à elle grâce au contexte de leur conversation. Elle sentit ses joues s'enflammer sans pouvoir s'en empêcher.

- Vous me demandez sérieusement... ? Merlin, non ! Non !

Elle secoua la tête pour faire bonne mesure, véhémente, et Orion sembla étrangement soulagé d'apprendre que Sirius et elle ne prévoyaient pas d'avoir un enfant dans un avenir proche. Elle le dévisagea. Peut-être que la maladie l'avait enfin rattrapé et qu'elle était tombée dans un coma profond. Peut-être qu'elle était en train d'imaginer cette conversation insensée. L'hypothèse serait toujours plus vraisemblable que la réalité qui se jouait à l'instant. Pourtant, alors que le silence s'étirait, elle repensa à ce que Sirius lui avait dit en revenant de la fête de fiançailles de sa cousine. Il avait mis du temps, mais elle avait reconstitué les pièces du puzzle de ce qu'il avait vécu ce soir-là en espionnant ses parents : il était toujours l'héritier et, à ce titre, les Black s'inquiétaient que leur fortune et le titre de chef de famille ne finisse par lui revenir s'il se mariait ou avait des enfants avant Regulus. Le soudain intérêt d'Orion pour leur vie de couple ne lui sembla d'un coup plus si innocent...

- C'est à cause de cette histoire d'héritage ? lança-t-elle, incapable de se retenir. C'est ça ? Vous venez vraiment chercher des informations auprès de moi ?

Il n'eut même pas la décence d'avoir l'air coupable et haussa les épaules.

- Ce n'est pas auprès de Sirius que je les obtiendrais, non ? répliqua-t-il. Et je me suis dit qu'il était peut-être simplement temps de m'intéresser à la jeune femme qui partage « plus que quelques heures » de la vie de mon fils comme vous l'avez si bien formulé.

Quel beau parleur, songea-t-elle, incrédule. C'était évident qu'elle ne l'intéressait pas. Elle ne voyait même pas pourquoi il aurait changé d'avis et se serait découvert une âme paternelle du jour au lendemain. Même malade, cela ne suffisait pas. Elle plissa les yeux, cherchant des indices de maladie ou de signes graves d'une santé déclinante, mais il tenait bien son rôle. Il le tenait même si bien qu'elle se sentit soudain impressionnée, voire anxieuse. Sous ses airs d'homme à la façade polie, Orion Black pouvait être redoutable. L'éclat au fond de ses yeux gris en attestait, elle le devinait sans mal.

- Il n'y a rien à savoir, monsieur, affirma-t-elle avec autant de conviction que possible. Et je n'ai rien de plus à vous dire.

- Allons, mademoiselle. Nous avons à peine commencé notre conversation.

- Vous l'avez à peine commencé peut-être, mais pas moi. Si vous voulez parler à Sirius, faites-le vous-même.

Orion eut un rire étouffé dépourvu de tout amusement.

- Parler à Sirius, hum ? Riche idée, se moqua-t-il. La dernière fois, il a fait un scandale devant plus de deux cents invités et fait exploser une fenêtre sur notre famille. Je ne souhaite pas particulièrement renouveler l'expérience. (Il secoua la tête, désabusé). Mais soit, si vous ne voulez pas parler, alors je vais le faire. Vous êtes malade, n'est-ce pas ? Les traitements doivent coûter cher ?

Prise au dépourvue, Alexia recula contre le dossier de son siège. Elle ne s'était pas attendue à un changement de conversation si brutale, ni surtout si frontale. Orion n'était pas un homme idiot pourtant, c'était évident qu'il avait deviné qu'elle était malade : il avait été à St-Mangouste quand elle avait été hospitalisée l'année dernière. Mais jusqu'où allait ses connaissances ? Est-ce qu'il avait mené des recherches sur elle ? Le connaissant, il en aurait sûrement été capable. La gorge sèche, Alexia songea aux fioles rangées dans le premier tiroir de son bureau, juste à portée de main.

- Ça ne vous regarde pas, monsieur Black. Je ne vois même pas pourquoi vous me posez la question.

- Parce que j'ai juste conscience que ça ne doit pas être facile pour vous, tout simplement. Combien vous paye Cornelius, hum ? Et combien vous coûte vos traitements par mois maintenant que vous êtes majeure et que St-Mangouste ne vous les fournit plus ?

Elle serra les poings sur ses genoux. Il s'était donc bien renseigné. Il n'avait aucun moyen de savoir autrement que sa maladie avait été prise en charge par l'hôpital jusqu'à ses dix-sept ans. La mutation respiratoire du dragon était une maladie chronique et à ce titre elle avait pu bénéficier du programme de prise en charge, même si elle avait aussi dû jouer les cobayes pour ça : elle était leur plus jeune patiente atteinte de cette maladie ; une chance selon eux de mieux la comprendre. Et Orion avait raison. Le changement de sa situation avait été dur à vivre pour sa mère dont le salaire n'était pas exceptionnel et qui tentait aussi d'aider Sarah depuis la naissance d'Ellie. Si Sirius n'avait pas été là avec l'héritage de son oncle Alphard, les choses auraient pu devenir compliquées. Elle détestait l'idée de lui être redevable financièrement, mais la réalité en avait décidé ainsi.

- Je m'en sors très bien toute seule, mentit-elle, tête haute. Mais merci pour votre sollicitude

Elle lui adressa un sourire forcé pour faire bonne mesure tout en y faisant passer une pointe de sarcasme. Il ne parut pas déstabilisé le moins du monde. Elle ne devait pas faire le poids pour l'homme qui avait dû élever Sirius.

- Heureux de l'apprendre, dit-il après quelques secondes. Je voulais seulement vous faire savoir que si vous avez besoin de quoique ce soit... Disons que vous êtes un peu de la famille, non ? Et j'accorde une grande importance à la famille, voyez-vous mademoiselle.

Cette fois, elle se retint de répondre du tac au tac. Son regard gris s'était fait plus froid d'un coup, plus calculateur, et elle se sentit mal à l'aise. Pourquoi diable Orion Black venait-il lui proposer de l'argent ? Rien n'était jamais gratuit avec lui, elle l'avait bien compris. Il avait de l'audace pourtant : venir ici, lui mettre sous les yeux ses difficultés et son poste de secrétaire, lui proposer une main tendue en apparence facile à prendre. Ça cachait forcément quelque chose.

Nerveuse, elle détourna les yeux et son regard accrocha une nouvelle fois la photo d'Ellie qu'il avait remis quelques centimètres trop à gauche à sur son bureau. Et ce fut comme si un lumos venait d'être jeté sur sa conscience. Elle lâcha un souffle incrédule.

- Est-ce que vous venez vraiment de me proposer de l'argent pour vous assurer que je n'ai pas de « projets imminents » avec Sirius ? s'exclama-t-elle, outrée.

- Miss Cassidy...

- C'est ça, n'est-ce pas ? C'est à cause de vos histoires d'héritage ?

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Orion parut lui aussi être pris à contrepied. Il n'avait pas dû s'attendre à ce qu'elle pose les mots si directement sur ses jeux de pouvoir pervers. Avec brusquerie, elle se leva enfin de sa chaise pour être à sa hauteur.

- Je crois que cette conversation est terminée, monsieur Black, cingla-t-elle. Si vous voulez reprendre rendez-vous avec monsieur Fudge, vous pourrez lui passer un coup de cheminette ou voir avec ma collègue. Je vous souhaite une bonne journée.

- Très bien... Si c'est comme ça que vous le prenez alors... (il remit son chapeau d'un geste lent et planta ses yeux gris dans les siens après un court silence). Réfléchissez quand même, mademoiselle. La jeunesse vous dicte peut-être aujourd'hui une réponse un peu trop... empressée. Je reste disponible si vous changez d'avis.

Puis, sans lui laisser le temps de répondre, il repartit d'un pas vif, aussi fuyant que lorsqu'il était arrivé. Alexia le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse, le cœur au bord des lèvres, et se laissa retomber sur sa chaise. Elle comprit soudain ce que Sirius avait tenté de lui expliquer tant de fois. La conversation n'avait pas duré plus de dix minutes, à peine quelques phrases, mais Orion était un homme de peu de mots : il n'avait pas besoin de plus. C'était glaçant, mais diablement efficace. Il n'avait pas gravi les échelons ni forger sa réputation sur du vent. Elle aurait aimé dire qu'il n'avait eu aucune prise sur elle, mais ça aurait été mentir... Merlin, les histoires d'héritage des Black n'étaient pas un jeu, ni aussi futiles qu'elle avait pu le croire. Surtout, elle se laissa soudain submerger par une pensée impossible à réprimer : et si elle avait fait une erreur ? Elle n'avait aucun projet de mariage ni d'enfant, accepter l'offre d'Orion ne l'aurait engagé à rien et aurait été de l'argent facile en cette période compliquée. Mais elle songea à Sirius. Jamais il ne l'aurait laissé faire. « Plutôt mourir » l'entendit-elle presque proclamer d'un ton sans appel.

Honteuse, elle se prit la tête entre les mains. Le tiraillement jouait en elle, conflictuel, entre raison et sentiment. Est-ce qu'elle était cupide ? Est-ce qu'elle était lâche de même envisager la proposition ? La colère gonfla dans son ventre. C'est pour ça qu'elle n'avait pas voulu l'écouter au début, elle aurait dû être plus ferme par Merlin ! Bon sang, Orion avait joué avec son esprit en moins de dix minutes, implacable.

- Monsieur Black est reparti ? fit soudain la voix de Mrs Edgecombe. Tout s'est bien passé ?

Alexia se redressa. Sa collègue venait de revenir, ses dossiers sous le bras en moins. Elle avait dû passer les déposer dans un autre service.

- A merveille, marmonna-t-elle platement. Il a été... fidèle à lui-même.

Mrs Edgecombe lui jeta un regard surpris. Elle ne devait pas bien comprendre ce que ça signifiait. Alexia, elle, venait de le comprendre un peu trop bien.

**

*

- Je ne comprends pas... Il n'y a pas d'elfe pour le service de ce soir ? Où est Kreattur ?

Sous les plaintes de sa tante Druella, Regulus se plaqua contre le mur pour éviter le passage d'une saucière en lévitation qui manqua de peu de lui rentrer dedans. Square Grimmaud était en ébullition. La fête annuelle du nouvel an battait son plein un étage au-dessus dans le salon et il pouvait entendre d'ici la musique à travers les murs. Avec un peu de chance, le gramophone contenterait les invités un moment avant qu'on lui demande de rejouer du piano. Il avait épuisé tous les morceaux qu'il connaissait. L'effervescence de la maison le mettait de toute façon sur les nerfs, mais il se força à mettre un pied dans la cuisine pour aider sa tante.

- Il n'est pas là, répondit-il en lançant un sort de découpe au rôti qui patientait sur la table. J'ai dû le...prêter pour la soirée.

- Le prêter ? Diable, à qui donc ?

Les sourcils fins et blonds, presque décolorés, de tante Druella se haussèrent d'étonnement. Regulus resta coi, incertain. Que savait-elle exactement des activités de sa fille aînée ? Bellatrix ne cachait pas son affiliation et son admiration pour Voldemort, mais elle ne revendiquait pas non plus le tatouage sur son avant-bras. Être mangemort était un tabou paradoxal : les milieux concernés étaient au courant, mais faisaient semblant de fermer les yeux pour ne pas avoir d'ennui avec un Ministère de toute façon inactif. Regulus se corrigea. L'inaction du Ministère était de moins en moins vrai : Minchum ne pouvait pas continuer à jouer à l'autruche, il commençait à s'exprimer sur la question et à prendre des mesures en donnant des instructions drastiques au Département de la Justice. Pourtant, Regulus rationalisa. Il lui sembla soudain impossible que sa tante ne soit pas au courant pour Bellatrix vu son investissement colossal et son mariage récent avec un des frères Lestrange.

- Au Maître, répondit-il finalement à voix basse sans la regarder vraiment. Il avait besoin d'un elfe pour quelque chose et j'ai pensé que ça serait un honneur pour la famille de lui donner Kreattur. Je n'avais juste pas prévu que ça tombe en même temps que la fête de ce soir. Désolé...

« Maître ». C'était un titre avec lequel il avait encore du mal et il buttait parfois dessus au grand agacement de sa cousine. Severus Rogue lui avait même jeté un regard méprisant au début des vacances lors d'un rassemblement. Le souvenir lui fit couper avec un peu de force le rôti et son sort entailla la table dans une longue estafilade. Heureusement, tante Druella ne parut rien remarqué.

- Oh, je vois, dit-elle d'un air entendu. Non, tu as eu raison, ne t'en fais pas. Mais tu aurais dû me prévenir, j'aurais dit à Cygnus de faire venir les nôtres. (Elle agita la main, empressée). Laisse-moi faire, remonte. Est-ce que tu peux me trouver Cissy et lui dire de venir m'aider ? Ce n'est pas à toi de faire ça.

- Mais Cissy voulait danser avec Lucius...

- Elle aura son mariage pour le faire. Pour l'instant j'ai besoin d'elle. Allez !

Elle indiqua la porte de sa baguette et il ne se fit pas prier. Il y a encore quelques mois, il aurait été tenu de participer en tant que petit dernier. Aujourd'hui, il était l'héritier et il commençait à comprendre que le regard de sa famille sur lui avait changé. Sa mère avait même repris tante Lucretia quand elle l'avait appelé « petit Regulus » en arrivant alors même qu'elle utilisait ce surnom depuis son enfance. Il ne pouvait pas dire qu'il s'en plaignait réellement à bien y réfléchir. Deux par deux, il gravit les marches et se retrouva dans le hall. Plusieurs personnes s'y trouvaient, comme si elles avaient débordé depuis le salon, et l'odeur de cigarette le prit à la gorge. Il se glissa entre son père et Caesar Yaxley, captant un bout de conversation au passage.

- ... rendez-vous avec Cornelius Fudge aujourd'hui. Il a resigné le contrat avec le bonus sur les transactions sans problème.

- Je n'ai jamais douté de vous, Orion.

Il n'entendit pas la réponse de son père. Dès qu'il passa l'embrasure des portes du salon, la musique noya le bruit des conversations dans un brouhaha indistinct. Il chercha la chevelure blonde de Narcissa. Il repéra celle de Lucius avant. Parfois, Regulus se demandait si son budget coiffeur n'était pas supérieur à celui de sa fiancée.

- Cissy ! appela-t-il à travers la foule.

Sa cousine se retourna.

- Quoi ? dit-elle, ennuyée.

- Ta mère te demande en cuisine.

- Maintenant ?

- Elle a dit que oui, elle a besoin d'aide pour gérer.

Narcissa pinça les lèvres. Il s'était attendu à sa résistance et il mit quelques minutes à la convaincre, agacé, mais elle finit par céder. Sa mission accomplie, il tenta de retraverser la foule des invités en sens inverse, tête basse. Il n'était pas encore d'humeur à faire la conversation. En plus, si sa mère le voyait, il était bon pour une nouvelle démonstration de piano. Il fit un détour pour éviter Bellatrix et accéléra le pas en repérant au loin Evan Rosier. Il avait été invité grâce à son lien avec tante Druella, même si sa réputation en avait pris un coup depuis quelques mois. La rupture de ses fiançailles et la « fuite » d'Elizabeth enceinte avaient fait un bruit monstre parmi leur cercle : le plus grand scandale depuis la fugue de Sirius d'après tante Lucretia. Elle avait d'ailleurs ajouté, sardonique, « qu'il n'était pas trop tôt, on commençait à s'ennuyer ».

Regulus s'était abstenu de commenter, bien évidemment. En d'autres circonstances, il aurait même sans doute été d'accord, mais il connaissait Elizabeth. Il l'avait aidé à s'échapper par Merlin ! De manière irrationnelle, il avait toujours l'impression d'avoir une sorte de lien avec elle, un lien crée dans la demeure des Lestrange le jour de son initiation. Repenser à ce moment imposa un autre souvenir à son esprit dans un flash brusque : Gemma Ackerley. Il manqua de s'arrêter net, un nœud à l'estomac, mais il se força à avancer. D'un pas empressé – comme s'il était vraiment poursuivi par un fantôme - il se réfugia dans la bibliothèque. La pièce lui évoqua dans un enchaînement de souvenir celui de son moment avec Marlène chez les Malefoy. Bon sang, à croire plusieurs filles alimentaient ses angoisses.

Evidemment, Marlène était différente. Elle l'avait toujours été. Même si elle était liée à ses regrets, à l'image d'Elizabeth et Gemma, il espérait encore qu'elle puisse s'en sortir. Elle était assez forte pour ça. Malheureusement, penser à Marlène réveilla dans sa poitrine une sensation de manque, sourde et lancinante, et il soupira. Il avait espéré naïvement la revoir pendant ces vacances d'hiver... A Poudlard, c'était impossible bien sûr, mais il avait deux semaines à passer dans le monde extérieur et c'était un peu sa seule chance. S'il retournait dans le salon parmi les invités, il savait qu'il ne ferait que la chercher dans la foule... C'était idiot de toute façon, jamais l'Ordre ne prendrait le risque de la renvoyer en mission à Square Grimmaud après ce qui s'était passé avec Mulciber et Sirius la dernière fois. A bien y réfléchir, tante Lucretia avait eu tort finalement : la fuite d'Elizabeth n'avait pas été le dernier grand scandale, Sirius avait récupéré la première place de manière grandiose en infiltrant la fête de fiançailles de Cissy.

- Faut toujours qu'il se fasse remarquer... marmonna-t-il à voix haute, amer.

En bas, il entendit l'horloge sonner les coups de 21h. Il fronça les sourcils. Il n'était pas tard en soi, mais il n'avait pas réalisé que l'heure avait déjà autant tourné et Kreattur n'était toujours pas revenu. Il commença à s'inquiéter. Le Maître n'avait vraiment précisé la raison pour laquelle il avait besoin d'un elfe, ni même ce qu'il comptait en faire, mais Regulus avait cru que ça ne serait que pour quelques heures. Il s'apprêtait à aller demander à Bellatrix si elle savait quelque chose de mauvaise grâce quand un crac sonore déchira l'air. Le bruit, familier, le fit s'arrêter net. A croire qu'il avait suffi d'y penser !

Kreattur apparut soudain près du bureau. Sa petite silhouette – à peine la moitié d'un sorcier – sembla encore plus réduite que d'habitude et Regulus mit une seconde à comprendre pourquoi. L'elfe était recroquevillé sur lui-même, son teint encore plus pâle qu'à l'accoutumé, et son chiffon qui lui tenait lieu d'habit était collé à son corps comme une seconde peau humide. Un mauvais pressentiment saisit Regulus une seconde avant qu'il ne l'entende. Un gémissement, aigu et douloureux, qui se mua bientôt un véritable cri de détresse alors que Kreattur s'empoignait le ventre puis tomba à genoux.

- Kreattur !

Il se précipita vers l'elfe de maison. Ce dernier, roulé en boule, émit un nouveau cri guttural venu du fond de sa gorge. Dans cette position, Regulus n'arrivait pas à voir ce qui n'allait pas, ni même s'il était blessé.

- Kreattur, qu'est-ce qui se passe ? s'exclama-t-il, paniqué.

- Kreattur a mal ! Kreattur souffre !

- Mais.... Pourquoi ? Où est-ce que tu as mal ? Réponds !

La scène était étrange, surréaliste... Depuis que Regulus était enfant, jamais Kreattur n'avait été malade, jamais il ne s'était plaint. Démuni, il n'osa pas le toucher et tressaillit quand l'elfe eut un nouveau râle de douleur avant de pouvoir répondre.

- Du feu... Le corps de Kreattur est en feu ! coassa-t-il. Le poison fait voir des choses terribles à Kreattur ! Pauvres maîtres !

Regulus sentit son ventre se tordre un peu plus. Du poison ? Si c'était vraiment cela, alors il agissait aussi bien sur le corps de l'elfe que sur son esprit. En proie à la souffrance, ce dernier se mit à balbutier des mots incohérent dont il n'arriva pas à comprendre la moitié, mais il entendit plusieurs fois le nom des Black et le sien.

Paniqué, Regulus se redressa.

- Kreattur, tu m'entends ? Reste-là, je vais aller chercher quelque chose. Ça va aller.

Il ne savait même pas pourquoi il cherchait à le réconforter. Il ne l'avait jamais fait. De toute la famille, c'était sans doute lui qui s'entendait peut-être le mieux avec l'elfe – si on pouvait bien s'entendre avec un elfe s'entend – mais il restait un serviteur. Seulement, le voir ainsi tordu par la douleur lui fit prendre conscience que Kreattur faisait parti de sa vie depuis toujours et il refusait de le voir souffrir sans rien faire.

Sans attendre, il se précipita hors de la bibliothèque. Il n'eut qu'à remonter le couloir pour arriver devant le bureau privé de sa mère. La porte était toujours soigneusement close et il n'y avait jamais mis les pieds sans y être invité – pas plus que dans celui de son père – même si Sirius avait plusieurs fois tenté de le convaincre d'y aller quand leurs parents n'étaient pas à la maison. Son frère avait appelé cette pièce « l'antre de la Harpie ». Il entendait encore sa voix lui dire d'un ton dramatique « allez, Reg, ça sera marrant ! Si ça se trouve, c'est là où elle cache les corps qu'elle empoisonne ». A chaque fois, Regulus s'était contenté de rouler des yeux et de refuser. Il n'avait jamais voulu briser la confiance de sa mère, surtout qu'il savait que la réalité n'avait rien d'excitant. Le bureau était simplement celui où elle se retirait pour gérer sa correspondance et travailler ses potions. Elle avait toujours été douée dans ce domaine.

Aujourd'hui, Regulus décida que ce n'était plus une question de confiance. Il n'était plus un petit garçon à qui sa mère interdisait des choses : il était l'héritier et il estimait qu'il pouvait entrer dans une pièce de la maison sans demander l'autorisation. Le cœur battant, il ouvrit donc la porte. Le bureau était plongé dans la pénombre, mais il distingua le secrétaire contre le mur et la paillasse pleine d'éprouvettes avec un lourd chaudron en étain posé à côté. Mais ce qui l'intéressait, c'étaient les étagères recouvertes de bocaux. Il remercia le côté obsessionnel de sa mère pour l'ordre en avisant toutes les étiquettes qui les identifiaient et il les parcourut tous, les mains tremblantes, frénétique. Il repéra enfin ce qu'il cherchait au bout de quelques secondes : un flacon en verre épais, foncé et courbé, avec un bouchon en forme d'os. Il s'en empara sans attendre avant de courir à nouveau vers la bibliothèque.

Lorsqu'il entra, Kreattur était toujours au sol à se tordre de douleur. La musique en bas devait couvrir le bruit de ses cris.

- Kreattur, bois ça ! ordonna-t-il. Allez, relève-toi, il faut que tu boives ça jusqu'à la dernière goutte, c'est un antidote aux poisons.

Il mit quelques secondes, mais Kreattur finit par se redresser avec difficulté. De la morve coulait de son nez en forme de groin et ses larmes avaient fait gonfler ses paupières. Regulus lui mit le flacon dans les mains, le cœur au bord des lèvres. C'était un coup de bluff. L'antidote aux poisons ordinaires était la plupart du temps efficace, mais il n'avait aucun moyen de savoir ce qui affectait Kreattur à cet instant. La culpabilité lui noua un peu plus la gorge. C'était lui qui l'avait donné au Maître, qui l'avait proposé même, pour honorer sa famille. Mais si sa décision coûtait sa vie à Kreattur, il n'aurait plus qu'à ajouter son nom à côté de celui de Gemma dans la liste de ses fantômes, elfe ou pas elfe !

- C'est bien, Kreattur, bois... murmura-t-il.

Il garda les yeux fixés sur le flacon pour être sûr que Kreattur le buvait en entier, mais il n'avait pas d'inquiétude à se faire sur ce sujet : même assailli par la douleur, l'elfe respectait ses ordres et il avala l'antidote en quelques secondes. L'effet fut presque instantané. Dès que le flacon quitta les lèvres de Kreattur, celui-ci s'affaissa avec un soupir de soulagement. Il avait arrêté de crier et Regulus se laissa glisser au sol près de lui.

- Mieux ? s'assura-t-il. Tu... la douleur est partie ?

L'elfe hocha la tête. Ses yeux s'emplirent pourtant à nouveau de larmes.

- Mr Regulus a sauvé Kreattur ! s'écria-t-il avec gratitude. Mr Regulus est un noble sorcier !

- Je...

Il se surpris à ne pas savoir quoi répondre. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il faisait l'objet de l'adoration dévouée de Kreattur, tous les membres de la famille l'avaient connu aussi, à l'exception peut-être de Sirius qui ne l'avait jamais aimé, mais cette fois-ci lui parut spéciale.

- Merlin, Kreattur, qu'est-ce qui s'est passé avec le Maître ? demanda-t-il plutôt alors que la panique le quittait progressivement. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Immédiatement, un voile hanté tomba sur le regard de l'elfe.

- Le Seigneur... des Ténèbres a emmené... il a emmené Kreattur dans un endroit sombre, très sombre... (ses dents se remirent à claquer avant que l'elfe ne se jette à ses pieds). Mr Regulus ne doit pas s'en approcher ! Jamais !

Regulus resta frappé de stupeur et mit une seconde à comprendre pourquoi. Au grand jamais Kreattur ne s'était déjà permis de lui parler ainsi et de lui donner un ordre. Un instant de flottement s'étira entre eux jusqu'à ce que Kreattur ne réalise lui aussi la formulation qu'il venait d'employer envers son maître et ses yeux s'écarquillèrent. Il se jeta contre le pied du bureau pour se punir en une fraction de seconde.

- Kreattur, non !

Il attrapa l'elfe avant qu'il ne puisse s'admonester un second coup violent et ne le lâcha pas avant d'être sûr qu'il reste immobile. Autoritaire, il se pencha alors vers lui :

- Kreattur, écoute-moi. Je veux que tu me racontes ce qui s'est passé dans les moindres détails. Maintenant.

- Oui, Mr Regulus... s'exécuta-t-il aussitôt. Le Seigneur des Ténèbres est un sorcier de grands pouvoirs. Il a emmené Kreattur... dans une grotte au bord de la mer. Le Seigneur des Ténèbres... il a pris le sang de Kreattur pour y entrer...

Il n'avait jamais vu les yeux de l'elfe si affolé, ni entendu sa voix trembler autant.

- Ton sang ?

- La magie demandait du sang, oui. Et tout au fond de la grotte... il y avait un lac dans une caverne profonde et sombre. Kreattur a sorti un bateau de l'eau et est monté dedans avec le Seigneur des Ténèbres pour aller sur l'île au centre du lac. Sur l'île, il y avait... un bassin rempli de potion...

Regulus sentit son ventre se contracter une nouvelle fois.

- Une potion ? Le poison, tu veux dire ?

- Kreattur... Kreattur ne le savait pas encore. Mais le Seigneur des Ténèbres... il a ordonné à Kreattur de boire... la potion alors Kreattur l'a bu.

Un tremblement le parcourut et Regulus se demanda s'il ressentait encore la brûlure de ses entrailles et les visions horribles comme un écho ou une blessure fantôme. Il l'encouragea à poursuivre d'un hochement de tête appréciateur.

- Kreattur a supplié le Seigneur des Ténèbres d'arrêter, reprit Kreattur comme un aveu honteux. La potion faisait.... elle faisait mal à Kreattur, mais le Seigneur des Ténèbres a éclaté de rire. Kreattur voulait rentrer, Kreattur voulait venir retrouver Mr Regulus et sa noble maîtresse Mrs Black... mais Kreattur ne pouvait pas. Le Seigneur des Ténèbres l'a obligé à boire toute la potion... et, ensuite, il a placé un médaillon dans le bassin vide.

Regulus redressa la tête, piqué par la curiosité.

- Un médaillon ? répéta-t-il, perplexe. Quel genre de médaillon ?

- Un médaillon ancien. Un médaillon à l'âme magique.

Les mots lui parurent encore plus étranges et il fronça les sourcils, interloqué.

- Tu veux dire que le médaillon était ensorcelé ?

- Non, Mr Regulus. Le médaillon était magique.

- C'est impossible, Kreattur. Les objets ne sont pas magiques en soi, il faut que quelqu'un leur est insufflé de la magie, comme le Choixpeau ou quelque chose comme ça. Le Seigneur des Ténèbres avait dû jeter un sort au médaillon, non ?

Mais à nouveau, Kreattur secoua la tête et objecta :

- Kreattur est certain, Kreattur a senti la magie.

Regulus demeura silencieux, encore plus perplexe. Il savait vaguement que les elfes de maison possédaient une magie différente de celle des sorciers, mais il n'y était jamais intéressé. Ce n'était pas une forme de magie aussi complexe que celle des sorciers après tout. Pourtant, le sérieux de Kreattur lui fit se demander s'il n'avait pas perçu quelque chose de significatif et une inquiétude sourde se mit à pulser en lui.

- Continue... souffla-t-il. Qu'est-ce qui s'est passé après qu'il ait mis le médaillon dans le bassin ?

- Le Seigneur des Ténèbres l'a rempli de potion à nouveau, reprit Kreattur. Ensuite, il a repris le bateau... en laissant Kreattur sur l'île.

- Il a quoi ?

Son ton, dur, fit sursauter l'elfe, mais Regulus ne s'excusa pas, trop furieux. Il s'imagina la silhouette pâle du Maître s'éloigner et se fondre dans l'obscurité, sans un regard pour le pauvre Kreattur en train de se débattre de douleur sur la berge. S'il l'avait laissé ainsi, empoisonné, et que Kreattur n'était pas rentré, il en serait mort. L'idée même lui fit serrer les poings de colère. Kreattur n'était peut-être qu'un elfe, mais c'était son elfe. Celui de la famille Black. C'était un affront à leur nom, mais plus que tout, c'était un geste inhumain, dépourvu de compassion.

- Kreattur avait mal... continua-t-il à raconter. Surtout, Kreattur avait soif, alors il s'est approché de l'eau en rampant. Mais Kreattur... oh non, Kreattur n'a pu boire qu'une gorgée... avant que des mains ne sortent du lac et n'attrapent Kreattur ! Les mains... les mains ont entraîné Kreattur vers le fond...

Horrifié, Regulus le dévisagea.

- Des mains ? s'étrangla-t-il. Mais comment tu as fait pour sortir ?

- Mr. Regulus a dit à Kreattur de revenir, se contenta de répondre l'elfe.

- Quoi ? Mais je n'étais pas là.

- Non, avant que Kreattur parte rejoindre le Seigneur des Ténèbres. Mr. Regulus a dit à Kreattur d'obéir au Seigneur des Ténèbres et de revenir ensuite à la maison. Kreattur a écouté les ordres de son maître.

Enoncée de cette façon, l'évidence paraissait si simple. Regulus ne se souvenait même pas d'avoir formulé sa demande en ces termes, mais il expira un soupir de soulagement. S'il ne l'avait pas fait, Kreattur serait au fond du lac à cette heure-ci, noyé. Il avisa à nouveau son habit trempé et fut pris d'un haut le cœur. Sans réfléchir, il pointa sa baguette dessus. En une seconde, Kreattur était sec. La reconnaissance immédiate lui fit monter à nouveau les larmes aux yeux.

- Mr Regulus est un grand maître ! Kreattur est au service de Mr Regulus !

Il tenta de s'incliner devant lui mais, encore instable sur ses jambes, il trébucha à moitié. Regulus l'arrêta.

- Merci Kreattur, ça ira. Mais écoute-moi ? Je ne veux pas que tu parles de ce qui s'est passé ce soir à qui que ce soit d'accord ? Ni à mes parents, ni à Bellatrix, ni à personne. Et ne quitte plus la maison pour l'instant, reste caché pour le moment...

- Tout ce que voudra Mr Regulus !

Il déglutit. Il préférait être prudent. Si le Maître avait laissé Kreattur pour mort, ce n'était pas neutre, et il préférait éviter pour le moment qu'il apprenne sa survie. Surtout, les mots de Kreattur tournaient dans sa tête. Cette histoire de médaillon à l'âme magique n'était pas neutre, il le sentait au plus profond de lui. Quelque chose lui échappait, quelque chose de décisif, et il allait avoir besoin d'un peu de temps pour comprendre. Il était certes fier de s'être engagé chez les mangemorts pour l'honneur de sa famille, mais la véritable raison avait toujours été sa fascination pour le genre de magie qu'avait réussi à dompter le Maître. Seulement, Voldemort venait de jouer un coup dangereux en impliquant les Black et s'en prenant à Kreattur, mais Regulus était décidé à jouer la partie. Après tout, il était le Roi sur l'échiquier. 

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Verdict ? ^^ 

Encore merci pour tous vos gentils mots et à dans deux semaines ! 

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