Tome III - Chapitre 20 : Une bulle festive
Hello evereybody, it's Anna en direct de Liverpool ! Enfin presque, j'écris ces mots la veille de mon départ et je posterai sûrement demain matin super tôt avant de prendre l'avion. Je m'envole pour la ville des Beatles et je suis trop contente ! En plus, en ce moment, il y a une expo sur Doctor Who à Liverpool, ça fait coup double. C'est aussi mon premier voyage en solo sans mes parents ni d'amies donc j'appréhende un peu, mais ça devrait bien se passer. Et priez tous.tes pour que la météo soit avec moi haha !
Sinon, en ce qui concerne ce tome. Voici la deuxième partie, normalement il n'y a plus de pause jusqu'à la fin si j'arrive à tenir le rythme ^^ On va reprendre doucement, puis la guerre reviendra sur le devant de la scène.
Vous noterez au passage les nouvelles couvertures ! Alors, votre avis ? ^^
Je vous laisse donc à votre lecture, on reprend presque juste après la mission au Manoir Malefoy et la fête de fiançailles de Narcissa. Nous sommes donc en novembre 1978. (Je reprécise que j'ai mis l'anniversaire de Sirius le 15 novembre avant que l'info ne sorte qu'il était né le 3... arg j'y étais presque !)
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Chapitre XX : Une bulle festive
Peter découvrait chaque jour quelque chose de nouveau sur la vie d'adulte : la vaisselle ne se faisait plus magiquement grâce aux elfes ou à sa mère – et il risquait un coup sur la tête de la part d'Emmeline s'il oubliait par mégarde de la faire – ; plus aucun professeur n'était là pour lui rappeler les choses dont il devait s'occuper avant une date butoir – comme remettre son attestation de patrimoine à Gringotts – ; et surtout il s'était mis à détester les gens qui arrivaient à cinq minutes de la fermeture à la Poste de Pré-au-Lard. Surtout les jours où ils étaient pressés de partir. Comme aujourd'hui. Au-dessus de son comptoir, le calendrier sembla prendre un malin plaisir à le narguer avec la date : le 15 novembre. Soit la glorieuse naissance de Sirius Black en personne. Et guerre ou non, James avait interdit à quiconque de louper la fête surprise organisée. Peter s'était engagé à aider à la préparation après avoir fini sa journée, mais à l'allure où allait la queue, il était sûr de faire au moins une demi-heure supplémentaire.
Agacé, il attacha un colis recommandé avec un peu de brusquerie à la patte d'un hibou grand-duc et celui-ci émit une protestation aigue accompagné d'un coup de bec.
- Aïe ! Sale bestiole ! jura-t-il en secouant sa main, comme s'il pouvait chasser la douleur ainsi.
Sabine Travers, sa collègue et ancienne camarade de Poufsouffle, rit sous cape. Il coula un regard noir dans sa direction.
- C'est bon, c'est bon... marmonna-t-il, vexé.
- Oh t'inquiète pas, t'es pas seul.
Avec fatalisme, elle leva ses deux mains. Sa peau sombre était marquée de petites entailles plus ou mois cicatrisées selon un dégradé de couleurs précis. Ils avaient commencé à travailler en même temps ensemble, début septembre, et Peter avait d'abord craint de ne pas s'entendre avec elle. L'image qu'il avait gardée d'elle n'était pas flatteuse : elle avait formé un duo insupportable avec Tessie Ryan, sa meilleure amie, à Poudlard et il l'avait toujours considéré comme une fille un peu superficielle, voire idiote. Loin des ragots et des influences de ses camarades de dortoir, Sabine s'était pourtant révélée plutôt sympathique pour affronter les journées à la Poste de Pré-au-Lard. Ils prenaient leur pause déjeuner ensemble – même le café du matin quand il n'arrivait pas en retard – et ils s'amusaient à se raconter leur pire anecdote avec des clients un peu trop souvent au goût de leur patron.
Devant eux, la personne qui attendait se râcla justement la gorge, impatiente, et Sabine se remit à sa place derrière son comptoir avec un dernier regard amusé vers lui. Peter soupira, puis en fit de même.
- Personne suivante, appela-t-il d'une voix morne.
Il n'avait pas prêté attention à la queue. Il aurait dû car quand il releva les yeux, Janice McKinnon se matérialisa devant lui, deux paquets sous le bras. Pendant une seconde, il perdit ses moyens et la fixa, l'air sûrement idiot. Elle plissa alors les yeux.
- On se connait jeune homme ? finit-elle par demander, visiblement déstabilisée d'être ainsi dévisagée. Vous... vous êtes ami avec ma fille, non ?
- Oh...hum... Oui, Marlène... Oui je connais Marlène !
Il se retint de se pincer. Si James ou Sirius avait été là, il aurait été écroulé de rire. Un vrai sens de l'accueil public. Mal à l'aise, il s'éclaircit la gorge. A sa décharge, il n'avait jamais adressé la parole à Janice McKinnon. Il n'avait fait que l'apercevoir quelques secondes chaque année sur le quai de la gare quand elle venait chercher sa fille, rien de plus, et Marlène était assez discrète sur sa famille. Il savait juste qu'elle n'avait pas de problème particulier avec ses parents, à part qu'elle avait de plus en plus de mal à leur mentir quant à ses activités depuis son entrée dans l'Ordre. Janice McKinnon parut d'ailleurs ravie d'avoir l'occasion d'en savoir plus – il le vit à la lueur d'intérêt qui s'alluma dans son regard – et elle s'avança pour poser ses deux colis sur le comptoir avec fermeté.
- Magnifique ! s'exclama-t-elle. Je dois envoyer ça en Ecosse pour vendredi. Ma chouette est trop âgée pour faire le voyage. Vous pourriez vous en charger ?
- Oui... oui bien sûr... Ca vous fera 4 noises.
- Très bien.
Pendant que Peter s'occupait des colis, elle se mit à fouiller dans sa bourse pour payer. Seulement, ses gestes étaient un peu exagérés et sa suspicion se renforça quand elle se mit à parler pour combler le silence :
- C'est intéressant comme travail que vous avez trouvé là... dit-elle d'un ton badin. A peine sorti de Poudlard aussi ? Comme ma Marlène ?
Il hocha la tête.
- Oui, on était dans la même classe, confirma-t-il. A Gryffondor.
- Décidément, le monde est petit ! Marlène travaille sur le Chemin de Traverse, elle. Dans la boutique de vêtement de Madame Guipure !
Ça, il le savait évidemment déjà et il se retint d'objecter que de toute façon le monde sorcier était effectivement et factuellement petit. Il le fallait pour rester caché aux yeux des moldus après tout. C'était même la particularité de leur monde : il n'était pas continu, ni même définissable sur une carte ou traçable avec des frontières précises. Le monde sorcier s'imbriquait dans celui moldu et n'était formé que par des lieux clés, par essence peu nombreux et pour la plupart regroupés autour de Londres ou de Poudlard. Le Chemin de Traverse, le Ministère, Pré-au-Lard... A partir de là, il n'était pas difficile de croiser toujours les mêmes personnes aux mêmes endroits. Pour ne pas vexer Mrs McKinnon, il ne vocalisa toutefois pas ses pensées à voix haute et se contenta d'un « hum » pour marquer son accord. Malheureusement, ça ne suffit pas à l'arrêter.
- Et vous la voyez toujours ? Marlène ? s'enquit-elle toujours sur le ton de la conversation.
Une alarme se déclencha aussitôt dans sa tête et il hésita à répondre de peur de tomber dans une question piège. Elle parut sentir sa réserve car elle rit avec une nonchalance feinte et se justifia :
- Oh, je voulais juste savoir parce que... Vois-tu, je m'inquiète un peu pour elle. Je sens que quelque chose la perturbe ces temps-ci, elle rentre tard et parfois elle ne rentre même pas du tout... (Un pli soucieux barra sa bouche). Oh je sais qu'elle est grande maintenant, mais bon par les temps qui courent... Je suis sûr que tu vois ce que je veux dire ?
Peter baissa les yeux sur ses paquets à emballer sans relever le soudain tutoiement et refit un « hum » qui ne voulait rien dire. Il ne pouvait pas avouer à Mrs McKinnon qu'il voyait très bien ce dont elle parlait – sur tous les plans. Oui, les temps qui courraient étaient dangereux : il était en première ligne. Oui, il savait que Marlène découchait parfois tout simplement parce qu'elle restait au QG ou qu'elle devait assister à l'entraînement, comme toutes les recrues de l'Ordre. Oui, il se doutait qu'elle s'inquiétait, comme tous les parents. James leur avait avoué que ses parents lui avaient posé des questions et qu'il avait réussi à esquiver tout en leur faisant comprendre qu'il s'était engagé dans quelque chose de bien plus grand que lui. Peter lui enviait cette honnêteté déguisée. Lui-même n'aurait jamais pu faire pareil ; sa mère serait morte d'inquiétude. Il était tout ce qu'elle avait, tout ce qui lui restait comme elle le disait souvent et une boule se nicha dans sa gorge en songeant qu'il ne l'avait pas vu depuis deux semaines. Il n'avait juste pas eu le temps entre le travail et l'Ordre. Aux yeux d'Enid Pettigrew, son fils était en collocation avec ses amis de toujours et gagnait honnêtement sa vie à la Poste de Pré-au-Lard. Rien de plus, rien de moins. Ne plus habiter avec elle lui permettait au moins de ne pas lui mentir frontalement chaque jour, ni d'avoir à affronter ses questions, ce qui n'était visiblement pas le cas de Marlène. En face de lui, Mrs McKinnon attendait d'ailleurs toujours une réaction et il se râcla la gorge.
- Oui, je vois, je... hum... Ecoutez madame, je la vois juste de temps en temps mais ne vous inquiétez pas, dit-il avec conviction et un sourire rassurant. Elle a l'air d'aller très bien ! Je suis sûre qu'elle est juste fatiguée et qu'elle travaille beaucoup, c'est tout.
- Vraiment ? Mais si le rythme est trop pour elle... Je pensais qu'elle continuerait un peu ses études ou au moins un apprentissage... Elle avait de bonnes notes à Poudlard. Et même si madame Guipure est très réputée, je ne... enfin je ne comprends pas trop...
Peter arriva à lire entre les lignes. Ce que Mrs McKinnon tentait de dire sans insulter la pauvre boutique de vêtements était exactement ce que tout le monde d'extérieur à l'Ordre pensait au sujet de Marlène. Elle leur avait rapporté sa conversation avec McGonagall quand elle l'avait croisé au Ministère avec Benjy. Leur ancienne directrice de maison s'était aussi étonnée du choix d'orientation de Marlène, certes moins brillante que Lily, mais bonne élève malgré tout. Et si McGonagall avait apparemment fini par comprendre à moitié la raison de ce choix, Peter se voyait mal la faire comprendre à Mrs McKinnon. Ça ne ferait qu'empirer la situation.
- Il n'y pas que le travail, tenta-t-il de se rattraper tant bien que mal. (Il ficela le premier paquet avec un peu de fermeté, nerveux). Elle voit aussi ses amies. Je le sais, on est allés boire un verre la semaine dernière ensemble. Croyez-moi, tout allait bien.
C'était la première excuse qui lui était passée par la tête. En vérité, ça faisait longtemps que tout le groupe ne s'était pas rassemblé pour aller au pub ou juste boire un verre dans la cuisine du QG à cause de leur emploi du temps décalé. L'anniversaire de Sirius ce soir allait être leur première soirée depuis presque un mois.
Désormais penchée par-dessus le comptoir pour mieux lui parler, Mrs McKinnon le regarda avec soulagement. Elle avait arrêté de faire semblant de chercher ses pièces dans son sac.
- C'est vrai ? dit-elle. Oh c'est bien, j'ai toujours apprécié ses amies, surtout la petite Lily. (Elle marqua une pause, l'air à nouveau hésitante, puis parut décidée qu'il était digne de confiance et continua sur sa lancée). En fait, j'avoue que je me demandais si Marlène... enfin si elle ne voyait pas quelqu'un... ajouta-t-elle.
Au regard qu'elle lui lança, Peter comprit dans un élan de panique qu'elle envisageait même cette éventualité avec lui. Il lui avait bien confirmé qu'ils étaient amis et qu'ils se voyaient après tout. Il écarquilla les yeux, incapable de se retenir. Les Maraudeurs allaient s'écrouler de rire quand il leur raconterait. Pourquoi ce genre de chose n'arrivait qu'à lui par Merlin ? songea-t-il, défait.
Mal à l'aise, il chercha comment répondre à ce genre de commentaire. Il ne pouvait décemment pas lui dire qu'elle faisait fausse route, ni que si Marlène voyait quelqu'un ce n'était certainement pas lui ; mais plutôt soit au mieux un Brigadier de la Police Magique plus âgé, soit au pire un mangemort héritier d'une famille noble.
- Ah hum... Non, non, elle ne... enfin pas que je saches. Enfin, il faudrait que vous lui demandiez...
Mrs McKinnon sembla étonnée, voire déçue.
- Oh... Tu es sûr ? Personne ? J'avais l'impression que...
- Non, aucune idée. Vraiment.
Il insista sur le dernier mot et ficela le second paquet avec encore plus de force que le premier. Mrs McKinnon eut l'air d'avoir soudain une nouvelle idée et un froncement de sourcil vint marquer son visage.
- Elle ne voit pas... Enfin, je sais qu'elle avait une amie, la fille Meadowes...
- Dorcas ?
- Oui, elle.
Au ton que Mrs McKinnon employa sur le « elle », presque teinté de dédain, Peter comprit brusquement où ses pensées l'avaient emmené et il manqua de se couper un doigt avec le sort coupant qu'il venait de jeter sur la ficelle reliant les deux colis. Merlin, il ne manquait plus que ça. C'était pour cette raison précise qu'il n'avait jamais rien mentionné à sa mère concernant Dorcas. Elle vivait de toute façon trop reculée dans leur maison à la campagne pour que les rumeurs lui soient revenues aux oreilles, ce qui n'était clairement pas le cas de Janice McKinnon. Pourtant, Lucinda et Dorcas ne s'étaient pas affichées ouvertement ensemble, mais la voix de la rumeur était sans visage et portait loin. Il devait avouer que lui-même avait de toute façon été déstabilisé, mais un regard de la part de Lily et Alexia l'avait réduit au silence. Comme toujours, il avait donc suivi ses amis et intégré la nouvelle relation de Dorcas sans broncher.
D'un geste brusque, il fit volte-face avec les deux colis dans les bras pour les mettre dans la case dédiée aux livraisons du lendemain matin et lança par-dessus son épaule :
- Non Mrs McKinnon, vraiment, je vous dis ne vous inquiétez pas. Euh... désolé, mais je dois m'occuper de la fermeture maintenant...
- Oh bien sûr, bien sûr, désolée, mais je...
- Ca fera 4 noises, répéta-t-il, ferme.
Mrs McKinnon soupira, vaincue. Elle chercha à nouveau dans sa bourse, cette fois avec efficacité, et lui tendit l'argent. Il jeta les pièces dans la caisse comme si elles brûlaient juste pour en finir avec cette conversation au plus vite.
- Merci madame, dit-il avec politesse et un sourire crispé. Bonne fin de journée.
- Merci à toi... hum ?
- Peter. Peter Pettigrew.
Il eut un coup au cœur en prenant conscience qu'elle ne connaissait même pas son nom et qu'elle n'avait même pas prit le temps de le lire sur son badge. Pourquoi l'aurait-elle fait de toute façon ? Fatigué, il la regarda s'éloigner, partagé entre l'amertume et l'amusement de se dire qu'il aurait au moins une anecdote à raconter ce soir. Heureusement, Sabine avait eu le temps de s'occuper des derniers clients pendant sa discussion avec Mrs McKinnon et ils purent fermer la porte avec soulagement.
- Oh Merlin, j'ai cru qu'elle ne te lâcherait pas ! s'exclama Sabine.
- Ouais moi non plus...
- Allez, je vais faire la caisse et ranger si tu veux. Je sais que t'as une soirée. File.
Il lui renvoya un regard surpris.
- Sérieux ?
- On est le 15 novembre, non ? Je me souviens encore que c'est l'anniversaire de Sirius, sourit-elle, vaguement gênée. Alors vas-y, va profiter ! En ce moment, c'est essentiel, non ?
Du bout des doigts, elle effleura l'exemplaire du jour de la Gazette qui traînait derrière le comptoir. A la une, la marque des Ténèbres flottait au-dessus d'un bâtiment dans le Norfolk. Peter avait lu l'article ce matin. Apparemment, il s'agissait du centre d'une association qui aidait les nés-moldus repartis travailler dans le monde moldu à revenir sur le marché du travail sorcier s'ils le souhaitaient. Les bénévoles avaient été sérieusement blessés et le directeur tué. L'expression affectée de Sabine le surprit une seconde. Les Travers étaient assez connus pour leur idée politique et il savait que Sabine soutenait la cause traditionaliste sang-pur. Ça avait été une de ses désillusions et sujet de dispute lors de sa brève relation avec Sirius en cinquième année. Puis, il se rappela aussi que Tessie Ryan, sa meilleure amie, était née-moldu. Il dut mal réussir à cacher ses pensées car elle lui sourit tristement.
- Tu sais, on peut être modéré aussi. Soutenir la place des sang-purs et des familles sorcières dans notre société sans vouloir que des innocents soient tués. (Elle pencha la tête sur le côté, l'air fataliste). Mais je suppose que l'esprit Gryffondor ne fait pas de concession ni de nuance si je me souviens bien.
Elle attendit une réponse qui ne vint pas. Peter se contenta de la fixer, incapable de lui avouer qu'il aurait aussi aimé un peu de nuance dans sa vie mais aucun de ses amis ne lui aurait permis. Selon les idéaux des Maraudeurs, il n'y avait pas de place pour l'entre-deux. Être un Maraudeur, c'était vivre pour ses idéaux ou mourir en essayant.
Perturbé par ses propres pensées, il se contenta finalement d'un dernier remerciement et d'un signe de la main avant de partir de la Poste. Les hululement des hiboux retentirent dans son dos quand il transplana. Une seconde plus, il réapparaissait dans la ruelle derrière l'appartement de Sirius. Il était déjà venu ici plusieurs fois au cours de l'été, mais à chaque fois la même pensée lui revenait : Sirius n'aurait pas pu choisir quelque chose plus à son image. Proche de Soho, l'immeuble en brique était dans un quartier animé et la plupart des voisins étaient des jeunes en couple ou en colocation. Un bar faisait le coin de la rue – Peter le savait pour y avoir fêté la fin de pendaison de crémaillère de Sirius avec un ou deux verres de trop – et il y avait même un disquaire à quelques mètres. Parfois, il y faisait un tour avant de monter, mais il avait assez trainé aujourd'hui. D'un pas énergique, il monta donc la volée de marches qui menaient à l'appartement de Sirius et entra sans s'annoncer. La porte n'était pas fermée à clé.
Il eut à peine le temps de faire grincer une latte de parquet que trois têtes surgirent soudain de l'embrasure de la cuisine, juste en face de l'entrée, et il sursauta quand elles s'écrièrent d'une même voix :
- Nooon !
- Oh Merlin ! C'est moi ! s'écria-t-il, le cœur frénétique.
L'expression de Remus, Lily et Alexia passa de la panique au soulagement en un quart de seconde. Cette dernière se passa même une main sur le visage et étala par la même occasion une grande traînée de farine sur sa joue.
- Bon sang, Peter ! On a cru que c'était Sirius qui revenait plus tôt !
- Mais je croyais que James le maintenait occupé pour l'après-midi ?
- Oui, mais tu les connais tous les deux ! Roh, viens, entre c'est bon.
Il grommela en enlevant sa veste.
- Merci, super accueil. Essayez de faire mieux pour lui.
- C'est ton anniversaire ? lui rétorqua Alexia. Non, je ne crois pas.
Et elle lui tira la langue avec maturité. Il sourit, puis rejoignit les autres dans la cuisine.
- Alors ? Il avance ce gâteau ? demanda-t-il en avisant la pièce qui ressemblait à un champ de bataille.
- Oui et non, répondit Lily, contrite. On a dû un peu improviser... (Elle se passa les mains sous l'eau tout en lui parlant). Sirius n'a littéralement rien ici. J'aurais dû lui acheter des ustensiles de cuisine pour son anniversaire en fait ! Même pas un moule à gâteau !
- Quoi on avait oublié de te prévenir qu'il savait à peine faire bouillir une théière ?
Lily roula des yeux.
- Non, mais je ne pensais pas que c'était à ce point !
- Il a eu des elfes pour lui faire à manger toute sa vie, souligna Remus, adossé au plan de travail. A Square Grimmaud, chez les Potter et à Poudlard. Ce n'est pas étonnant. Franchement, je suis même surpris qu'il ne soit pas mort de faim avant.
- Ca, c'est parce que je lui ramène des choses quand je viens, lança Alexia. Et le reste du temps, il se fait des pâtes.
Le constat était effectivement un peu pauvre et Peter remercia sa mère de l'avoir responsabilisé à chaque vacances. Grâce à elle, il n'était pour l'instant pas mort de faim ! Il attrapa un couteau qui trainait et le pointa vers Alexia.
- Et tu ne pouvais pas prévoir qu'il n'y avait rien pour cuisiner ? D'entre nous, c'est toi qui passe le plus de temps ici !
- Pas à cuisiner !
- Tes activités avec Sirius ne nous concernent pas, lui rétorqua Remus, un rictus aux lèvres.
Evidemment, le teint d'Alexia s'enflamma alors qu'ils éclataient tous de rire et elle s'empara d'un torchon pour en donner un coup à Remus.
- J'aurais attendu ça de James, pas de toi, dit-elle, même si un sourire venait jouer à la commissure de sa bouche. Tu me déçois !
- C'est un Maraudeur, le défendit Peter. Le plus responsable d'entre nous, je l'accorde, mais vous préférez juste oublier qu'il a participé à tous nos mauvais coups. Il en était même souvent le cerveau.
Lily leva les mains en l'air et se mit à chantonner, indignée :
- Non, non, je n'entends rien ! Ma conscience de préfète me le défend. Chose que tu aurais dû avoir aussi au passage, Remus.
- Je plaide coupable, grimaça-t-il.
Ça ne l'empêcha de taper dans le poing que Peter lui présenta, fier de lui. Un nouvel éclat de rire résonna entre eux, puis il observa avec un peu plus d'attention ce qui jonchait toutes les surfaces de la cuisine. Des poêles, des casseroles, de la farine, un saladier avec un reste de pâte dedans, et une assiette remplie de...
- Pancakes brûlés ? reconnut-il, surpris. C'est un anniversaire surprise ou un petit-déjeuner surprise ?
- On n'avait rien pour faire un gâteau, se justifia Alexia, défensive. Alors on a tenté les pancakes, mais...
Elle désigna le résultat d'une main défaitiste. Peter trouva l'effort louable, même si ça ne les avançait absolument pas. Heureusement – comme toujours – Lily prit le strangulot par les nageoires et tapa dans ses mains.
- Bon, ça va aller. On va aller acheter un gâteau avec Alex, il ne verra même pas la différence du moment qu'une bougie sera dessus. Les garçons, vous terminez la décoration. On revient dans dix minutes. Normalement, Marlène et Dorcas ne devraient plus tarder pour vous aider et Sirius revient dans une heure avec James. Ça ira ?
- T'inquiète pas, organiser une fête ça nous connait ! la rassura-t-il.
Elle lui renvoya un regard sévère derrière une mèche de cheveux auburn.
- Ca ne veut pas dire entamer les bièreaubeurres avant le début de la fête, c'est clair ?
Merlin, Lily commençait à vraiment les connaître. Avec un sourire rassurant, Remus se chargea malgré tout de lui promettre qu'il n'ouvrirait ni boisson ni nourriture tant que les autres ne seraient pas là, puis les deux filles sortirent de l'appartement en riant. Peter se sentit enfin léger pour la première fois depuis longtemps quand il passa dans le salon. Il aimait pourtant bien le QG, mais l'ambiance là-bas était toujours rattrapé par un rappel de la guerre : Gideon qui ordonnait un entraînement surprise, le tableau de recensement des mangemorts dans la cuisine, celui de l'emploi du temps des missions, une trousse d'infirmerie oubliée sur le canapé... Et il savait que s'il trouvait ça pesant maintenant, les choses n'iraient pas en s'arrangeant.
Pour s'éviter de s'attarder sur cette idée, il se pencha plutôt vers le grand sac posé sur la table principale et en sorti une grande guirlande de rubans multicolores. Remus la contempla, amusé.
- Rappelle-moi. Il a dix-neuf ou cinq ans ? fit-il.
Peter haussa les épaules en la déroulant.
- Ca rendra l'appartement un peu plus festif au moins. Allez, Lunard !
Ensemble, ils levèrent leur baguette pour suspendre la guirlande tout le long du mur face au canapé. Il leur fallu quelques essais pour arriver à être à la même hauteur et faire ne sorte qu'elle ne penche plus d'un côté, mais ils finirent par réussir. Ensuite, Remus se chargea de remettre l'appartement en état – c'est-à-dire d'effacer les traces de farine – et il s'occupa de pousser les meubles pour dégager l'espace. Ils commençaient à aligner les bières au beurre sur la table basse quand Peter remarqua soudain que Remus semblait plutôt en forme malgré la pleine qui approchait. Il hésita une seconde à le faire remarquer pour ne pas gâcher l'ambiance, mais être seulement tous les deux pour une fois lui donna le courage.
- Eh... Ça a l'air d'aller, non ? Avec la pleine lune la semaine prochaine ?
- C'est vrai, admit Remus en alignant les bouteilles. Ça fait quelques mois que ça va, je suis content. Peut-être que ça va me retomber dessus plus tard, mais pour l'instant je ne vais pas me plaindre. Les potions de Pomfresh se sont peut-être améliorées aussi.
- Sûrement !
Il remercia intérieurement l'infirmière de continuer à suivre Remus et de lui préparer des potions en amont de sa transformation pour l'aider. Penser à la lycantropie lui fit soudain penser à un autre sujet. Un sujet qu'ils n'avaient pas réabordé depuis la fameuse mission de Sirius chez les Malefoy mais qui restait une angoisse dans le coin de son esprit.
- Eh Lunard ?
- Oui ?
- T'as réfléchi à ce que James avait dit ? Sur les animagi et leur utilité pour l'Ordre ?
La main de Remus s'immobilisa au-dessus d'une bouteille, figée. Il ne s'attendait pas à la question, Peter le voyait, mais il n'avait pas pu la retenir.
- Un peu, dit-il d'un ton prudent. Mais je pense toujours que ça serait une mauvaise idée.
- Oh... toi aussi ?
Il retint un soupir de soulagement. Il avait craint que Remus soit effrayé sur le coup mais qu'il finisse par se ranger de l'avis de James, exalté par la justice et le courage. Heureusement, il avait plutôt l'air de se raccrocher au bon sens et à la réalité.
- Evidemment, Pete. On est assez dans l'illégalité comme ça, pas besoin d'en rajouter. Si ça vient à se savoir, même Bones et Maugrey ne pourront pas faire grand-chose pour nous...
- Non, je ne veux pas finir en prison... marmonna-t-il plus pour lui-même qu'autre chose.
Remus l'entendit quand même et rit.
- Ca m'aurait inquiété d'entendre le contraire ! (Il toucha alors d'un air absent une de ses cicatrices le long de son bras, révélée par ses manches retroussées). Et puis... Dumbledore comprendrait. Pourquoi vous l'avez fait, je veux dire. Et je sais que c'est bête, mais je ne veux pas lui donner l'impression de trahir sa confiance, tu sais ?
- Ce n'est pas bête ! Même si... enfin tu nous as jamais demandé de faire ça. On la fait pour toi.
- Oui, merci je me souviens : vous aviez failli me donner une crise cardiaque.
Peter sourit, fier de lui. Il se souviendrait toute sa vie de l'expression de terreur, reconnaissance et d'espoir sur le visage de Remus quand il avait compris ce qu'ils avaient réussi à accomplir pour lui.
- C'était juste une surprise, corrigea-t-il. Mais je comprends ce que tu veux dire. On ne peut pas en parler à l'Ordre. C'est entre nous, un pacte de Maraudeurs. En plus, un cerf ne servira pas à grand-chose, faut le reconnaître.
- A part si les mangemorts se réunissent au fin fond de la forêt de Dean, non, clairement, dit Remus, moitié amusé moitié désabusé.
Il continuait à aligner les bouteilles, mais n'énonça pas l'évidence que Peter voyait clairement. Le seul qui pouvait servir aux mission en tant qu'animagus, c'était lui. Et même si un rat pouvait être très pratique pour écouter, il était aussi vulnérable. Il ne voulait pas risquer sa vie sur un coup de dés, ni devenir le centre d'attention de l'Ordre. S'il avait autant lutté pour réussir à devenir un animagus, c'était pour son ami et parce qu'il n'avait pas voulu être laissé derrière par James et Sirius. C'était envers eux qu'il avait eu un devoir. Ce n'était certainement pas pour l'Ordre et ses idées de grandeurs.
Rassuré d'avoir Remus de son côté, il s'apprêtait à changer de sujet quand la sonnette résonna dans l'appartement. Il releva la tête.
- Ca doit être les filles, dit-il, déjà en mouvement. J'y vais.
Il ouvrit la porte d'entrée une seconde plus tard pour découvrir Marlène et Dorcas sur le palier. Cette dernière brandissait fièrement une bouteille de vin et de champagne dans chaque main.
- Alors c'est ici la fête ? lança-t-elle avec enthousiasme.
Peter s'effaça pour les laisser entrer.
- Après vous, mesdames.
Elles s'engouffrèrent dans l'appartement en riant. Il allait refermer la porte quand il vit la chevelure rousse de Lily surgir du haut de l'escalier, suivie par Alexia. Elle portait un énorme gâteau plein de crème dans un couvercle en plastique dans les bras.
- Qu'est-ce que c'est que ce monstre pâtissier ? s'exclama-t-il alors qu'elles passaient devant lui.
- Le dernier qui restait ! répondit Alexia. Donc on va tous prétendre que c'est le plus beau de notre vie et avec un peu de chance Sirius ne voudra pas nous vexer. Il dira qu'il l'adore ! En plus, je suis sûre qu'il est délicieux.
Dorcas le lorgna en retirant ses chaussures.
- Et écœurant, commenta-t-elle.
- Bon, vous avez fini ? Plus un mot, je décrète que nous sommes en dictature et je vous interdis de critiquer. Cette fête d'anniversaire sera notre bulle festive au milieu du chaos, c'est clair ?
- Oui Alex ! lancèrent-ils en cœur.
Alexia parut satisfaite et Peter la débarrassa du gâteau pour venir le poser sur la table. Alors qu'il piochait une dragée surprise dans le bol devant lui, deux silhouettes accrochèrent son regard par la fenêtre. Il pivota sur ses talons et manqua de rentrer dans Lily.
- Ils sont là ! s'écria-t-il. Ils viennent d'entrer dans l'immeuble !
- Quoi ? Déjà ? J'avais dit 20h à James !
- Bon sang, la seule fois de sa vie qu'il est en avance... maugréa Dorcas.
Dans la précipitation, ils éteignirent les lumières, fourrèrent les derniers sacs vides dans le placard de l'entrée et tentèrent de rendre l'appartement présentable. Marlène trébucha sur un coin du tapis et Alexia faillit renverser un verre, mais ils réussirent à se mettre en ligne devant la porte, bras dessus bras dessous, pile au moment où le battant s'ouvrit et...
- Surprise ! clamèrent-ils aussi fort que possible.
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Deux heures plus tard, la musique battait les murs de l'appartement au rythme sourd des basses et de la batterie des albums de rock moldu de Sirius. Le visage offert à la nuit, Alexia resserra la veste en cuir qu'elle lui avait piqué pour sortir prendre l'air sur le minuscule balcon, tout juste assez profond pour son corps. Elle se sentait euphorique, juste ce soir. Elle avait raison tout à l'heure : cet anniversaire était bien une bulle festive, fragile, qui exploserait au matin. Ils devraient tous revenir vers l'Ordre, mais pour l'instant elle aimait en profiter. Elle se complaisait dans les rires qui lui parvenaient du salon et jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour voir James faire tournoyer Lily avec énergie, amusée. La natte qu'elle s'était fait n'avait pas résister aux pas de danse endiablés et rebondissaient sur ses épaules dans un esprit de liberté réconfortant. Quand James attira Lily contre lui pour l'enlacer et déposer un baiser dans son cou, visiblement grisé par l'ambiance et l'alcool, elle croisa le regard de Sirius derrière eux. Il lui fit un petit signe de tête, puis abandonna la conversation qu'il tenait avec Peter et Marlène pour se diriger vers elle.
- Merlin, princesse, il gèle, marmonna-t-il en passant sur le balcon.
Alexia sentit son estomac répondre au surnom de manière stupide. Peut-être que c'était parce qu'elle voyait moins Sirius depuis septembre et qu'il lui manquait irrationnellement, mais elle trouva agréable d'entendre à nouveau cette marque d'affection qu'il ne lui destinait qu'à elle. Evidemment, elle se garda bien de lui dire. Il se serait moqué d'elle. Au lieu de ça, elle haussa simplement les épaules.
- Non, il fait juste une chaleur infernale l'intérieur, c'est tout, répondit-elle d'une voix détachée. Je vais bien.
Il sourit et attrapa le col de son blouson entre deux doigts.
- Evidemment, si tu me piques mes fringues, dit-il avec dérision.
- Tu viens d'en avoir une toute neuve en cadeau, je peux bien t'emprunter celle-là, non ?
Un sentiment de fierté fleurit dans sa poitrine en voyant le sourire de Sirius s'élargir à la simple mention de son cadeau. Il avait eu d'autres choses bien sûr – un nouveau casque de moto, des vinyles, et même une place pour un match de Quidditch entre l'Angleterre et l'Irlande – mais elle savait que la veste en cuir qu'elle avait déniché dans une friperie près du Ministère lui avait fait particulièrement plaisir.
- Merci Alex, murmura-t-il alors, presque trop bas à cause de la musique qui filtrait de la fenêtre entre-ouverte.
- Pour la veste en cuir ?
- Pour toute la soirée. Je ne pensais pas... Enfin, ce n'est plus comme à Poudlard, je me disais que ça serait différent cette année. Mais ça fait du bien de penser à autre chose en ce moment.
Elle le contempla, le cœur gonflé d'émotion. Il mettait les mots sur ce qu'elle ressentait aussi et être sur la même longueur d'onde lui apporta une validation dont elle ne s'était pas rendu compte avoir besoin. Toujours mal à l'aise avec les émotions, Sirius ne soutint pourtant pas son regard longtemps et sorti plutôt son paquet de cigarette de sa poche avant d'en glisser une entre ses lèvres. Elle l'alluma d'un coup de baguette avant qu'il n'ait pu le faire. Il faisait trop sombre pour qu'un passant ou un voisin ne les voit de toute façon.
- Merci... répéta-t-il dans un souffle tout en tirant une bouffée.
Elle se retint de froncer le nez face à l'odeur. C'était une chose qu'elle n'avait jamais essayé contrairement aux filles. Ses poumons ne l'auraient pas supporté et vu la crise de toux que Lily avait eu la seule fois qu'elle avait essayé de fumer par curiosité, elle n'avait pas l'impression de louper grand-chose. Fatiguée, elle se décala pour ne que la fumée revienne vers elle avec le vent et se colla contre Sirius avant de poser la tête au niveau de son épaule. Il passa un bras autour de sa taille sans attendre.
- Quand tu dis que ça fait du bien de penser à autre chose... dit-elle sans élever la voix non plus, habitée par une peur idiote que le son vienne briser leur bulle à deux. Tu veux dire la guerre en générale ou... tout ce qui s'est passé dernièrement ?
- Ce n'est pas la même chose ? rétorqua Sirius du tac au tac.
Alexia ne se laissa pas avoir. Il avait mit trop de distance dans son ton pour être sincère et elle songea un instant à ne pas insister. Elle ne voulait pas le forcer, mais elle avait la désagréable impression aussi qu'il la maintenait sciemment à l'écart de quelque chose d'important.
- Non... enfin si, un peu. Mais je voulais dire... ce qui s'est passé chez les Malefoy.
Le visage de Sirius resta impassible, même si elle le sentit se tendre contre elle. Pendant une seconde, elle crut qu'il allait retirer son bras, mais il ne fit que le remonter autour de ses épaules et elle se força à regarder devant elle les lumières que jetaient les lampadaires sur les pavés londoniens. En soit, la mission chez les Malefoy remontait maintenant à une dizaine de jours. Rapproché et lointain à la fois. Pourtant, Sirius ne s'était pas ouvert à elle une fois pendant ce laps de temps et elle ne pouvait s'empêcher d'en ressentir une certaine frustration. Elle n'était arrivée au QG que le lendemain matin... ce qui avait été décisif puisqu'elle avait tout raté. Partie chez sa sœur gardée la petite Ellie, elle n'avait appris qu'en arrivant par un Gideon très remonté que Sirius et Marlène avaient réalisé la mission originellement attribuée à Dorcas. Mais le temps qu'elle arrive, Sirius s'était déjà refermé comme une huitre. Le plus frustrant ? Elle avait compris qu'il s'était quand même ouvert à Marlène et aux Maraudeurs, mais il était resté désespérément évasif avec elle.
- Tu sais bien ce qui s'est passé chez les Malefoy, déclara-t-il finalement avant de faire tomber les cendres de sa cigarette dans le vide. On s'est fait repérer, on a dû évacuer... Pas un bilan glorieux, mais c'est comme ça.
- Mais tu leur as parlé, non ? C'est comme ça que tu as su pour l'héritage et que tu n'es pas déshérité.
Elle n'osa pas prononcer le nom des Black. Sirius lui jeta un regard amusé et haussa un sourcil.
- Me dis pas que t'en as après mon argent maintenant, princesse ?
- Idiot...
Pour toute réponse, elle lui donna un coup dans l'épaule, mais nota mentalement qu'il esquivait encore par une pirouette. Elle hésita à le pousser à parler. Ça ne lui réussissait généralement pas, mais c'était aussi parfois le seul moyen d'obtenir quelque chose de la part de Sirius Black. Mais, honteusement, elle renonça. Elle ne voulait pas prendre le risque de le voir s'énerver, ni même que les Black se glissent encore entre eux. Ils le faisaient sans cesse. Ils étaient le poids qui pesait sans cesse sur leur couple, à l'origine des démons que Sirius ne semblait pas parvenir à chasser. De toute façon, elle ne voyait pas ce qu'il pourrait lui dire de plus. Le sujet si complexe de son rapport à ses parents et à son frère avait été si souvent évoqué et drainé jusqu'à la dernière goutte. Qu'est-ce qu'elle pouvait encore lui apporter ? Plein de choses, lui souffla une petite voix insidieuse dans sa tête. James le faisait, encore et encore. Remus et Peter aussi. Même Marlène s'y mettait. Peut-être que Dorcas également maintenant qu'elle y pensait et cette idée lui serra le ventre dans un sentiment désormais familier. Elle était loin de ses valeurs de Gryffondor et elle réalisa juste qu'elle manquait de courage. Est-ce que c'était vraiment grave de préférer éviter un conflit ou un sujet difficile juste pour ce soir ? Après tous les efforts qu'elle avait fait pour organiser la soirée ? Elle ne savait même plus...
- Eh Sirius ? fit-elle pour changer de sujet.
- Ouais ?
- T'as trouvé comment le gâteau ?
Cette fois, il ne parvint pas à garder une expression neutre. Sa grimace parla pour lui.
- Eh ! s'indigna-t-elle faussement. On a fait du mieux qu'on a pu ! Même si c'était un « monstre pâtissier » selon Peter !
- Peter est un idiot sans aucun goût, tenta-t-il de se rattraper. Le gâteau était incroyable !
Elle plissa les yeux, pas dupe, et fit mine de se détacher de lui pour rentrer dans l'appartement.
- Vraiment ? Tu veux que j'aille t'en rechercher une part ?
- Non !
Il la saisit par le coude pour la retenir.
- Quoi ? dit-elle d'un ton faussement étonné, sourcil dressé. Je croyais qu'il était incroyable ?
- Mais tu es encore plus incroyable !
- Sirius !
Elle éclata de rire devant son manque d'inspiration, mais il se contenta de repasser un bras autour de ses hanches pour l'attirer contre lui. Il jeta sa cigarette par-dessus la rambarde en fer pour avoir sa deuxième main de libre, puis il la plongea dans ses cheveux en se penchant. Alexia se dressa sur la pointe des pieds et captura ses lèvres avant qu'il ne puisse le faire. Elle passa même outre le goût du tabac, la bulle euphorique de retour dans sa poitrine. Même si c'était épuisant de jouer au chaud et froid avec Sirius en ce moment, elle vivait pour ce genre de baiser, suspendu dans le temps. Le rythme de la musique faisait toujours vibrer le sol sous ses pieds et elle savoura leur proximité. Merlin, elle en avait eu tellement besoin et envie de cette proximité. C'était à en faire tourner la tête maintenant qu'elle l'avait si brusquement. Les lèvres de Sirius se mouvaient contre les siennes, avides, et quand il y glissa sa langue, une vague de désir la traversa. Elle aurait aimé mettre les autres dehors pour qu'il puisse se retrouver tous les deux, mais ça attendrait.
Elle voulait attendre le plus possible avant de faire éclater leur bulle festive.
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Chapitre calme, peut-être sans trop d'intérêt, mais je voulais montrer que c'était aussi ça l'équilibre entre sortir de l'enfance et être dans l'Ordre : ils ont le quotidien à vivre et des sentiments lourds à porter. Peter se sent aspiré par le tourbillon de la guerre et Alexia en ressent le poids, écartelée entre son envie de profiter de ses amis, de son copain, de sa petite nièce, et de devoir se battre.
J'espère qu'il vous a plu en tout cas et on se retrouve la semaine prochaine pour LHDI, puis dans deux semaines pour un nouveau chapitre de ATDM !
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