Tome II - Chapitre 8 : Le papier de la Gazette

   - Tu es sûr que ça va Remus ?

Le jeune homme se frotta les yeux, appuyé contre le mur. Il était pâle mais adressa tout de même un sourire rassurant à Lily.

- Ne t'inquiète pas, ça ira pour aujourd'hui, dit-il avant de chuchoter pour que Mary, un peu plus loin, ne l'entende pas, la pleine lune ne tombe que dans trois jours.

- Si tu te sens trop mal je peux te trouver une excuse...

- Non, non ! Je peux tenir la journée, en plus McGo a bien dit qu'on ne pouvait pas échapper à cette maudite interview alors...

Lily haussa les épaules. Intérieurement, elle était d'accord avec Remus. Elle ne voyait pas en quoi leur Tournoi entre les maisons pouvait intéresser la Gazette. Elle aurait préféré aller réviser à la bibliothèque plutôt que de perdre son temps.

- McGo a aussi précisé qu'on serait collé si on loupait l'entretien, intervint Mary en s'approchant.

- Et c'est pour ça que James a intérêt à arriver fissa, grommela Sirius.

Il était en train de se tordre le cou pour tenter d'apercevoir le bout du couloir et guettait l'arrivée de James qui n'avait pas l'air pressé de ramener sa tête d'imbécile.

A l'intérieur de la salle dans laquelle la Gazette avait élu domicile pour la journée, on entendait déjà les Serdaigle qui n'allaient pas tarder à sortir.

- Si McGo apprend qu'il était en retard il va avoir des ennuis, s'inquiéta Lily. Après sa blague avec Severus, il ne peut pas se permettre d'autres problèmes.

Sirius s'agita nerveusement.

- Tu es sûr de l'avoir bien réveillé ce matin ?

- Je l'ai secoué trois fois, dit Remus, et j'ai même ensorceler son oreiller pour qu'il lui donne des coups s'il ne se levait pas !

- Tu sais bien que James pourrait dormir même pendant le Blitz, rétorqua Sirius. Mais qu'est-ce qu'il fabrique... ?

Brusquement, la porte de la salle s'ouvrit et Mary, adossée contre elle, manqua de basculer. Tiberius Ackerley la rattrapa et fut le premier à sortir. Vu son visage, Lily devina que l'interview de leur équipe avait dû être étrange. Son intuition se confirma quand les Serdaigle marmonnèrent un vague « au revoir » avant de presque partir en courant.

- A qui le tour ? Demanda une voix grave. Gryffondor ? Faites-les entrer !

Lily jeta un dernier coup d'œil au couloir avant de rentrer mais toujours aucune trace de James. Résignée, elle se décida à suivre les autres.

La journaliste qui les accueillit devait avoir une cinquantaine d'année et tentait de tenir une pile précaire de parchemin entre ses bras, sa plume à papotte bleu volant dans son dos. Cinq chaises faisaient face à un bureau, entourés par de grands éclairages aveuglants et un assistant gringalet restait planté à côté d'une cafetière. Son seul rôle semblait se résumer à garder le café ou le thé chaud pour son patron.

- Bonjour à tous, je m'appelle Théodore Scriptor, journaliste de la Gazette du Sorcier. Vous êtes les Gryffondor c'est ça ?

- Oui monsieur, répondit Lily.

- Bien... Asseyez-vous, asseyez-vous... Hum, vous n'étiez pas censé être cinq ?

Ils échangèrent un regard éloquent.

- Euh... Notre ami est en retard, il ne va tarder.

Le journaliste grommela contre ces « gamins qui ne pouvaient pas être ponctuels » puis attrapa un bout de papier d'un calepin sur sa pile de dossier.

- Je vais devoir en informer le professeur McGonagall, dit-il. Son nom ?

- Sirius Black, lança Sirius sans réfléchir.

- Merci.

Remus haussa un sourcil et se tourna vers Sirius pour lui faire les gros yeux. Il ne comprit le plan de son ami qu'une minute plus tard quand ils donnèrent chacun leur nom et que Sirius se présenta comme James Potter. Magnifique, pensa-t-il. Si l'idée était bonne, elle allait très vite avoir des limites quand James arriverait vraiment, même s'il n'avait pas l'air pressé.

- Bien, tant pis pour le cinquième, on a des horaires à respecter. Commençons ! Donc Gryffondor, après la première épreuve, se retrouve à la deuxième place derrière Serpentard avec 300 points. Quelles sont vos réactions ?

- C'est grâce à Remus, répondit aussitôt Lily, souriante. Il a été formidable !

- Je...Non, je n'ai pas...

- Bien sûr que si Remus, sans toi je serais resté un griffon pour le reste de ma vie. Tu as été super...moins rapide que cette peste de Serpentard mais super quand même !

Le commentaire de Mary lui arracha un sourire. Il ne s'était pas encore habitué aux félicitations que les élèves lui adressaient en passant dans les couloirs ou à l'enthousiasme des Gryffondor après sa pseudo victoire à son Epreuve.

Théodore Scriptor ne parut toutefois pas remarquer son trouble et se contenta de griffonner leur réponse sur son calepin, l'air de s'ennuyer ferme.

- Apparemment, on va commencer par Remus donc. Remus Lupin c'est ça ?

- Oui...

- Pourquoi avoir choisis la métamorphose ?

- Je ne sais pas, c'est une matière qui m'intéresse...

- Je m'en doute bien mais pourquoi ? Pourquoi la métamorphose plutôt qu'une autre ? Tu as des prédispositions dans l'art de la transformation ?

Remus entendit Sirius tousser pour dissimuler un rire et il donna un coup de pied dans sa chaise pour le faire taire.

- Pas plus que quelqu'un d'autre, répondit-il d'une voix neutre.

- Ne fais pas le modeste, protesta Mary. Tu es le premier de votre classe !

- James aussi.

- Vraiment ? Releva Théodore. Pourquoi n'as-tu pas pris la métamorphose dans ce cas, James ?

Remus redonna un coup dans la chaise de Sirius. Son ami cligna des yeux, réalisant que c'était à lui qu'on s'adressait. Mécaniquement, sans en avoir conscience, il se passa une main dans les cheveux comme l'aurait fait James, et Remus secoua la tête.

- Euh...parce que je préférais la Défense contre les forces du mal tout simplement...

- Je croyais tu participais à l'épreuve de vol ? S'étonna le journaliste.

- Ah oui c'est vrai... Je préférais le vol, c'est ce que je voulais dire !

Lily se retint de glisser au sol, désespérée. On avait vu mieux comme jeu d'acteur.

- Remus, revenons à toi, continua Théodore Scriptor sans chercher plus loin. Nous parlions de ton talent pour la métamorphose. Est-ce que tu dirais que les professeurs ont fait un bon choix en transformant un autre membre de l'équipe en animal ? Trouvais-tu l'épreuve intéressante ?

- Oui...

Il se rendait bien compte que ses réponses monosyllabiques agaçaient le reporter mais se livrer sur soi-même, donner son opinion à un journal national à vrai dire, le mettait mal à l'aise. Sirius parut deviner que ça n'allait pas, comme il le faisait toujours, et il vola à son secours.

- Excusez-moi, est-ce qu'on pourrait parler de quelque chose de vraiment important ?

- Je vous demande pardon ?

- Je veux dire, il y a une pénurie de tarte au citron depuis une semaine à Poudlard et la Gazette persiste à ignorer ce fait !

Théodore Scriptor haussa un sourcil.

- Monsieur Potter, je ne sais pas si...

- Enfin rendez-vous compte ! Plus de tarte au citron, insista-t-il comme si son interlocuteur était décidément très lent et ne réalisait pas la gravité de la situation.

- Quel rapport avec le Tournoi ?

- Quel rapport ? Quel rapport ? Mais vous croyez qu'on peut se préparer mentalement et physiquement dans de bonnes conditions sans tartes au citron ?

Remus se mordit la lèvre pour éviter d'éclater de rire. Il avait l'impression d'entendre une des envolées lyriques de James quand il était en forme le matin au petit déjeuner. Il savait qu'il n'y avait que Sirius pour l'imiter aussi bien, tout simplement parce que c'était lui qui l'encourageait à chaque fois.

Désemparé, le journaliste leur jeta à tous un regard perdu, cherchant un quelconque soutien mais Remus, Lily et Mary se contentèrent d'avoir l'air sérieux.

- Il a raison, approuva Lily en rentrant dans le jeu.

- Merci Evans ! Je savais que je pouvais compter sur toi... On sort ensemble ?

Cette fois Remus laissa échapper un rire qu'il tenta de dissimuler en quinte de toux. C'était tellement James de demander à Lily de sortir avec lui à tout bout de champ.

- Tiens, mettez ça dans votre article, dit Sirius sans laisser le temps à la jeune fille de répondre. Je suis fou amoureux de Lily Evans, il faut que le monde le sache !

- Merlin, marmonna Lily, rouge d'embarras.

C'est ce moment-là que choisit James pour enfin arriver. Ils se tournèrent tous en direction de la porte qui venait de s'ouvrir, révélant un James essoufflé aux lunettes de travers.

- Désolé d'être en retard, commença-t-il, j'étais bloqué dans les escaliers au deuxième étage. Les marches ne voulaient pas tourner dans le bon sens !

- Entrez monsieur Black, entrez.

Alors que James allait refermer la porte derrière lui, il s'arrêta, perplexe.

- Euh... Je ne suis pas...

- Sirius ! Tu te tais et tu viens t'installer, t'es déjà en retard je te ferais dire ! S'exclama Sirius. McGonagall le saura.

Il appuya sa remarque d'un regard éloquent. Remus vit une étincelle de compréhension passer sur le visage de James et comme d'habitude, la capacité qu'avait ces deux amis à communiquer une idée en une fraction de seconde juste à demi-mot ou avec un regard le fascinait.

Sans attendre, James se laissa tomber sur une chaise et se tourna vers Sirius.

- Alors ? Qu'est-ce que j'ai manqué ?

- On parlait de mon amour infini pour Evans.

James manqua de s'étrangler.

- Quoi ?

- Oui, tu sais James Potter et Lily Evans, les âmes sœurs de Poudlard etc... J'en parle tout le temps et je me suis dit que les lecteurs de la Gazette avait le droit de savoir.

Il ponctua sa phrase d'un sourire moqueur tandis que James le fusillait du regard, surtout quand Sirius se passa à nouveau une main dans les cheveux, cette fois clairement pour le parodier. A côté de lui, Mary pouffa.

Evidemment, James étant James, il releva le défi en un quart de seconde et s'adressa au journaliste.

- Je ne me suis pas présenté, dit-il sur ton d'excuse feint. Sirius Orion Black, enchanté. Désolé pour mon retard, mon chien a mangé mon devoir.

- Votre chien ?

- Oui, c'est pour ça que j'ai toujours préféré les chats franchement...

Sirius se retenait visiblement à grande peine de se lever pour faire taire James. Trop déboussolé le journaliste ne releva même pas qu'il était impossible d'avoir un chien à l'école, ni que James avait dit il y a à peine quelques secondes qu'il s'était retrouvé coincé dans les escaliers.

- Ravi de le savoir...je suppose, dit Scriptor lentement. Donc vous avez tous été choisis par vos camarades pour représenter votre maison. A votre avis, pourquoi vous spécifiquement ? En quoi êtes-vous qualifiés pour gagner les épreuves ?

- On est la meilleure maison ? Proposa James, goguenard.

- On est plus intelligents que les autres ? Embraya Sirius. Surtout les Serpentard.

- Ils plaisantent hein, précisa Remus.

Scriptor les dévisagea.

- Je parlais de vous par rapport aux autres Gryffondor, pas en général. Qu'est-ce qui fait que vos camarades vous ont choisis pour les représenter à votre avis ?

- Je suis incroyablement sexy ? Lança James.

- Oh par Merlin, sois sérieux deux minutes, le rabroua Lily.

- Quoi tu ne trouves pas qu'il a raison ? Demanda Sirius, en se penchant en avant, les coudes sur les genoux comme s'il s'apprêtait à démontrer une théorie particulièrement complexe. Enfin Evans, regarde-le. D'accord, je t'accorde que ses cheveux ressemblent à un hérisson et qu'il pourrait louper Hagrid déguisé en père noël s'il passait devant lui sans ses lunettes, et qu'il peut être très agaçant quand il n'a pas de tarte au citron le matin, et qu'il est un tyran au Quidditch, et qu'il est arrogant, égocentrique, qu'il n'est qu'un gamin particulièrement pour son anniversaire et...

- C'est bon, c'est bon, je crois qu'elle a compris !

Sirius s'interrompit et sourit face à l'air renfrogné de James. Il s'éclaircit la gorge puis reprit.

- Mais en même temps il est... loyal, attachant -parfois un peu trop, ses câlins sont pires que ceux d'une pieuvre- il se souci de ses amis, il ferait n'importe quoi pour eux... C'est un partenaire génial pour faire équipe à la bataille explosive, crois-moi c'est non négligeable quand tu joues contre Remus ! Et puis il peut te faire rire, te remonter le moral même dans les pires moments. Franchement Evans si tu n'es pas capable de voir ça, je ne sais pas ce que je peux faire pour toi.

- Et sexy, ajouta James, n'oublie pas ça !

- Ah oui et il est sexy.

A cet instant, Mary paraissait hésiter entre éclater de rire et entamer une chorégraphie de fangirl, ce qui était une étrange combinaison. Lily elle-même en avait perdu sa capacité à répondre. Elle était aussi rouge que ses cheveux, derrières lesquels elle tentait d'ailleurs de se cacher sans grand succès tandis que James la dévisageait de ses grands yeux bruns, ses sentiments écrit sur son visage.

Scriptor était figé, sa plume suspendue à quelques centimètres de son calepin. Il ouvrit la bouche plusieurs fois, histoire de reprendre constance, et dit sans prévenir :

- Je croyais que c'était vous qui étiez amoureux de Lily Evans ?

Sirius se tourna vers lui.

- Pardon ?

- Vous m'avez dit que c'était vous qui étiez amoureux d'elle, que vous vouliez que les lecteurs de la Gazette le sachent...

- Oh...

- Elle fait des ravages, vous savez, dit Remus en guise d'explication.

Lily s'enfonça sur sa chaise, désespérée.

- Je. Vais. Vous. Tuer, articula-t-elle. Tous !

**

*

Quand ils sortirent de la pièce d'interview, il ne fallut pas deux secondes à James et Sirius pour partir dans un fou rire incontrôlable. Lily était sûre que sans le mur, ils se seraient effondrés par terre. La fin de l'entrevu avec la Gazette avait été aussi étrange que le début, les deux Maraudeurs se renvoyant la balle et prétendant être l'autre à chaque question. Elle avait même été étonné de voir à quel point et combien de temps ils avaient réussi à maintenir leur petit numéro. Remus les regardait, comme si lui-même hésitait entre les rejoindre dans leur hilarité ou aller s'exiler en Norvège pour ne plus avoir à supporter de tels gamins.

Lily remarqua à ce moment-là qu'il avait les traits encore plus tirés que tout à l'heure et que son teint pâle faisait ressortir la cicatrice sur sa pommette. Même si la pleine lune ne tombait que dans trois jours, ça aurait très bien pu être aujourd'hui au vu de son état. James lui avait raconté lors d'une de leur ronde de préfet que selon les mois, l'intensité des effets de la lune pouvait varier sur Remus. Parfois, il se sentait bien jusqu'au moment de sa métamorphose alors que d'autres fois, il pouvait à peine tenir debout quelques heures avant. Elle supposait que ce mois-ci allait être un des pires s'il se sentait déjà malade trois jours avant.

Malgré tout, il prenait soin de garder la face, remarqua-t-elle. Bien que Sirius et James étaient sans doute trop occupés à rire pour s'apercevoir de l'état de Remus pour l'instant, il veillait à se tenir droit et à sourire pour ne pas éveiller leurs soupçons. Cependant, Lily savait que si elle, qui ne connaissait la lycanthropie de Remus que depuis à peine un an pouvait voir les signes, alors il ne faudrait pas trois secondes à ses meilleurs amis pour les voir aussi quand ils se calmeraient.

Ce qui n'était visiblement pas près d'arriver. James était maintenant appuyé contre Sirius, hilare, et imitait la tête de Scriptor à leurs réponses farfelues. Sirius, quant à lui, rejouait ses meilleures répliques en répétant « les tartres au citron voyons ! » avec un accent irlandais. Lily ne savait pas très bien pourquoi et elle préféra ne même pas demander.

- Je suis sérieuse, dit-elle, je vais les tuer.

- Si t'as besoin d'une pelle pour aller les enterrer discrètement dans la forêt interdite, surtout fais-moi signe, répondit Remus.

- Je n'y manquerais pas...

Elle croisa les bras sur sa poitrine.

- Et Remus...reprit-elle en baissant la voix. Tu te sens bien ?

- Pourquoi tu... ?

- Honnêtement ? Tu as une sale tête...

- Je vais bien, assura-t-il.

Lily n'en crut pas un mot.

- Ecoute, je peux t'accompagner à l'infirmerie si tu veux. Tu sais, juste pour prendre une potion revigorante.

- Non je...vraiment ça va...

- On n'est pas obligé de le dire à James et Sirius. Ils sont trop occupés à s'étouffer de rire ensemble, de toute façon. Si on s'éclipse discrètement ils ne se rendront compte de rien et on sera de retour dans la Salle de Commune en dix minutes. Je te le promets.

Remus passa son poids sur sa jambe gauche, hésitant. Son regard dériva une seconde sur ses amis puis il parut considérer la proposition de la jeune fille.

- D'accord, accepta-t-il. Dépêchons-nous.

Lily retint un sourire victorieux. Elle se tourna vers Mary pour lui dire qu'ils allaient à la bibliothèque et qu'ils les rejoindraient plus tard puis attrapa Remus par le bras pour le trainer derrière elle avant qu'il n'ait le temps de changer d'avis.

Quand ils arrivèrent à l'infirmerie, Madame Pomfresh ne parut pas étonnée et il ne lui fallut qu'un coup d'œil sur le teint pâle de Remus pour comprendre. Elle désigna simplement un lit vide d'un mouvement de tête et se dirigea vers l'armoire remplit de potion qui jouxtait son bureau.

- Tenez, monsieur Lupin. Comme d'habitude, pas plus que quelques gorgées. Vous pourrez repartir quand vous vous sentirez mieux.

- Merci...

- Et n'hésitez pas à venir me voir si les symptômes empirent d'ici la pleine lune, ajouta-t-elle fermement.

Sans un mot de plus, elle retourna dans son bureau, les laissant tous les deux. Lily s'affala sur une chaise près du lit, fatiguée. Si Remus n'avait pas eu tant besoin de sa potion revigorante, elle lui en aurait bien piqué un peu. Il remarqua son expression épuisée et lui sourit chaleureusement.

- Longue journée hein ?

- C'est plus...émotionnel. Potter va finir par me rendre dingue. Il ne peut vraiment pas s'en empêcher n'est-ce pas ? Il faut toujours qu'il fasse n'importe quoi !

- C'est James, se contenta-t-il de répondre. Tu as entendu Sirius, il a plein de qualités aussi.

- Son arrogance démesuré doit les masquer, répliqua-t-elle un peu mesquinement.

Remus haussa un sourcil.

- Je ne penses pas... Ce que tu prends pour de l'arrogance, ce que tout le monde prend pour de l'arrogance, c'est juste un optimiste incroyable.

- Comment ça ?

- Tu veux vraiment avoir mon point de vue ?

- Bien sûr !

- Très bien...Euh... Comment t'expliquer ? Sirius, Peter, moi, aucun de nous n'aurions réussi à nous en sortir sans lui. James a cette chance de croire qu'il peut tout faire et tout réussir. Il est James Potter, c'est une raison suffisante... Ce n'était pas vraiment le cas pour nous trois quand on est arrivé à Poudlard. Notre avenir était soit lié à un nom de famille ancestral, la lycanthropie, un manque de confiance en soi...James était juste tellement sûr de lui et il croyait en nous malgré tout. Il croyait en nous...pour nous en fait. Et on a fini par le croire. Tu comprends ?

L'innocence dans la voix de Remus toucha Lily. Il voulait réellement lui faire comprendre sa vision de James, sa conviction inébranlable que son ami était plus que ce qu'il ne laissait paraître au quotidien. Elle connaissait bien ce sentiment pour l'avoir ressenti à de nombreuses reprises quand elle aurait voulu que les gens voient Severus et ou même Remus à travers ses yeux.

Comme elle ne répondait pas, Remus reprit, désireux de lui faire comprendre la complexité de James Potter.

- Réfléchis, Lily. James vient d'une vieille famille de Sang-Pur, il est riche, doué au Quidditch, drôle... Honnêtement, il aurait pu avoir Poudlard à ses pieds.

- Il a Poudlard à ses pieds ! Souligna-t-elle sans pouvoir se retenir.

- Et il aurait pu choisir n'importe qui comme ami, continua-t-il comme si elle ne l'avait pas interrompu. Il aurait pu s'entourer d'autres enfants sang-purs de familles puissantes du monde sorcier et au lieu de ça regarde-nous. Je suis un loup-garou, Sirius s'est barré de chez lui et la plupart des gens ne voit pas le potentiel de Peter derrière sa timidité. Tu veux savoir pourquoi James a décidé ça ? Parce qu'il placé la loyauté et l'amitié au-dessus de tout, au-dessus du pouvoir ou de l'influence. Tu pourras toujours m'énumérer ses défauts, Merlin seul sait qu'il en a, mais tu ne pourras pas me convaincre que James n'est pas quelqu'un de bien. Et je pense qu'au fond de toi tu le sais aussi...

Lily resta silencieuse. Elle sentait les yeux ambrés de Remus sur elle, bienveillants.

- Et bah, souffla-t-elle. C'est toi qui aurait dû faire le portrait de James tout à l'heure au lieu de Sirius pour me convaincre... C'est assez impressionnant.

- Merci, dit-il d'un air faussement fier. Je saurais quoi faire comme future carrière si mon orientation tourne mal.

- Le métier de rêve : l'homme qui déclamait la magnificence du grand James Potter lui-même.

Remus éclata de rire et elle se joignit à lui, toute fatiguée oubliée ! Ils riaient tellement qu'ils n'entendirent pas la porte de l'infirmerie s'ouvrirent. Ce n'est que quand Dumbledore arriva à leur hauteur qu'ils le remarquèrent.

Le directeur arborait son habituel sourire amusé sous sa longue barbe blanche et ne paraissait pas étonné de les trouver ici.

- Ah miss Evans, monsieur Lupin. Tout va bien ?

- Très bien professeur...Nous allions repartir.

- Bien sûr, bien sûr... A vrai dire je pensais trouver messieurs Potter et Black avec vous, c'est pour ça que je suis ici. Savez-vous où ils sont ?

- Sûrement dans la salle commune, répondit Remus avant d'ajouter inquiet : est-ce qu'ils ont des ennuis ? Qu'est-ce qu'ils ont encore faire ?

- Rien de grave, ne vous en faites pas. Il se trouve seulement que je viens de croiser Théodore Scriptor et que je me suis aperçu d'un... petit problème concernant l'entretien avec les Gryffondor.

- Vraiment ? Dit Remus avec innocence.

Le regard de Dumbledore pétilla derrière ses lunettes en demi-lune. Lily savait qu'il n'était pas dupe.

- Et bien oui, vous comprendrez que j'ai été assez surpris de lire que monsieur Black portait soudainement des lunettes et avait des cheveux, je cite l'article, « aussi décoiffé qu'un balai après un match de Quidditch ».

- Scriptor a écrit ça ? S'exclama Lily, hilare.

- Je vous accorde que le style journaliste de la Gazette est assez contestable. Mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps, vous avez sans doute des choses à faire.

- Oh on parlait juste de mon avenir, lança Remus, désinvolte. Même si je crois que le métier dont on parlait ne sera pas idéal pour moi.

Il échangea un coup d'œil complice et amusé avec Lily qui retint difficilement un éclat de rire. Dumbledore sourit.

- Je suis sûr que vous trouverez quelque chose d'autre, après tout vous savez ce qu'ont dit : Le phénix renait toujours de ces cendres.

Il marqua un temps d'arrêt sans se départir de son fameux sourire et regard insistant qui paraissait vous passer aux rayons X. Puis, sans rien ajouter il s'en alla après leur avoir souhaité une bonne fin de journée, le pas léger.

Pourtant, Lily eut l'impression qu'il y avait plus derrière ses mots qu'une simple métaphore. 

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