Tome II - Chapitre 6 : Les placards de Poudlard


Remus se demandait si ce Tournoi de Poudlard n'allait pas rendre le château complétement fou à force. Depuis que les noms des équipes avaient été annoncé la semaine dernière, on ne pouvait plus faire un pas sans que quelqu'un ne tente des stratégies de déstabilisation envers une autre maison. Bertha Jorkins avait fait un vol plané après un sortilège jeté par un Serdaigle et Livia Fawley n'allait plus nulle part sans une garde rapprochée. Lui-même avait tendance à se méfier de tout le monde désormais, surtout que Sirius s'était retrouvé pas plus tard qu'hier affligé de boutons bleus sur tout le visage après avoir bu un simple verre de jus de citrouille. Madame Pomfresh avait arrangé les effets de la potion mystère, qui d'après les rumeurs venaient d'un Serpentard, en deux minutes bien sûr mais ça montrait quand même le genre de chose que les élèves pouvaient faire.

C'est peut-être à cause de ce climat de tension un peu particulier que les personnes que Remus et Anaïs croisèrent dans les couloirs leur jetèrent des regards étonnés, l'air de se demander comment deux champions adverses pouvaient se promener ensemble comme si de rien était. Mais Remus s'en fichait à vrai dire. Il avait promis à la jeune fille de l'emmener à Pré-au-Lard pour la sortie et il comptait bien tenir sa promesse.

- Tu crois qu'ils vont arrêter de nous dévisager ? Murmura-t-elle après avoir dépassé un groupe de deuxième année tout sauf discret.

- Ne fais pas attention, ça va leur passer. C'est juste que la première Epreuve est dans huit jours.

- Et ça ne te stress pas ? Je veux dire, de passer en premier ?

- Oh si ! James m'a même fait un planning de travail, comme si ce n'était pas moi qui lui faisait ses fiches de révisions depuis sept ans.

Anaïs éclata de rire.

- Je te dirais bien que si tu veux que je t'aide y'a aucun problème mais vu mon niveau en métamorphose je pense que je vais m'abstenir. Mais te je soutiens de tout cœur ! Enfin après Sarah...

- Quoi ? Tu supportes ta maison avant moi ? Dit-il en feignant l'indignation.

- Parce que quand ça sera mon tour en Potion, tu me soutiendras moi plutôt qu'Evans ?

Remus fit mine de réfléchir. Alors qu'il allait ouvrir la bouche pour répondre, ils entendirent une voix crier avec colère un peu plus loin.

- Je vais le tuer ! Qui a fait ça ?!

- Qu'est-ce que...

- C'est Dorcas, dit Remus.

Ce n'était pas dur de reconnaître sa voix, il avait entendu plus d'une fois se mettre en colère. Il fronça les sourcils puis se dirigea en direction des cris mécaniquement. Anaïs lui emboîta le pas immédiatement, curieuse. Ça devait être leur conscience de préfet qui les poussait à intervenir.

- Dorcas ? Tout va bien ?

- Ah Remus ! Viens tout de suite !

Dorcas tenait sa petite sœur par les épaules, tremblante de rage. Artemisia avait les joues barbouillées de larmes et hoquetait en pleurant. Le spectacle de la gamine serra le cœur de Remus.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Les gens se moquent de moi, balbutia-t-elle.

- Crois-moi ils ne rigoleront plus longtemps quand je les aurais sous la main, commenta Dorcas hargneuse.

- Ils disent que j'arriverais pas à gagner mon épreuve parce que...parce que je suis une naine de deuxième année...

Remus se doutait qu'ils avaient dû bien pire pour la mettre dans cet état mais qu'elle ne voulait pas énerver sa sœur davantage. La petite fille était la plus jeune du Tournoi et sa nomination pour l'Epreuve de vol avait surpris tout le monde. James lui avait raconté que d'après ce qu'il avait entendu, Artemisia s'était présentée pour les essais de Quidditch au poste de poursuiveuse et s'était révélée particulièrement douée, au point que Tiberius Ackerley, le commentateur, avait fait son éloge durant des heures. Les gens de sa maison l'avaient donc choisi dans leur l'équipe, même si ce choix ne faisait pas l'unanimité. Certains clamaient qu'à cause de son âge, elle allait faire perdre Serdaigle.

- Ne t'inquiète pas, ça va s'arranger, rassura Anaïs, émue. Ce ne sont que des idiots !

Mais la petite fille était toujours au bord des larmes, l'air misérable.

Remus se tourna vers Anaïs et la saisit par le bras pendant que Dorcas restait réconforter sa petite sœur en s'insurgeant plus qu'autre chose.

- Je m'en fiche si c'est contraire à l'éthique d'un préfet, j'enlève cinquante points au prochain élève que j'entends se moquer d'Artimisia ! S'exclama Anaïs dès qu'ils se furent éloignés.

- Tu enlèves cinquante et je lui mets une heure de colle, approuva-t-il.

Anaïs parut étonnée.

- Bien !

Elle lui attrapa la main, sourire aux lèvres. Ils auraient peut-être dû rester encore un peu réconforter la gamine mais Rusard ne resterait pas éternellement à la porte d'entrée pour aller à Pré-au-Lard.

Remus sentit son estomac se contracter en sentant la main fine d'Anaïs dans la sienne. Elle semblait avoir agi sur un coup de tête, sans réfléchir, et il pria pour qu'elle ne l'enlève pas. Il n'était pas habitué aux contacts physiques, surtout avec des filles. Si James n'avait aucun problème à enlacer Alexia ou Lily (souvent contre son gré d'ailleurs) et donnait des accolades à tour de bras, lui était plus réservé.

- Remus ?

- Ouais ?

- Je ne t'ai même demandé, où est-ce qu'on va ? Pas chez madame Pieddodu hein ?

- Certainement pas, grimaça-t-il. Sirius m'a raconté qu'il y était allé une fois avec Tessie Ryan je crois. Il n'a plus voulu voir quoique ce soit de rose pendant un mois après ça ! Non, je pensais qu'on pourrait plutôt boire quelque chose au Dragon Vert. C'est un pub près de la poste et il y aura moins de monde qu'au Trois Balais. On y allait souvent en quatrième année Peter et moi quand James et Sirius passaient des heures chez Zonko et... pourquoi est-ce que tu ris ?

- Je ne ris pas, mentit-elle.

- Je t'assure que si, c'est comme que ça s'appelle quand ta bouche sourit en faisant du bruit en même temps.

Anaïs rit encore plus et se mit à balancer leurs mains jointes entre eux.

- Rien, c'est juste que je trouve ça drôle la façon dont tu parles de tes amis tout le temps. Tu ne t'en rends pas compte et c'est pas la première fois que je me fais la remarque mais tu as toujours une anecdote. « James a dit ça... », « Sirius a fait ça... » ou « un jour Peter s'est pris un mur en pleine face ».

- Oh...Désolé, je ne...

- Ne t'excuse pas ! S'empressa-t-elle de dire. C'est rare de voir une amitié comme la vôtre, c'est tout.

- Ce ne sont pas mes amis, ils sont un peu comme de la famille, corrigea-t-il pour qu'elle comprenne. Mrs Potter nous considère presque comme ses fils parfois, je te jure qu'une fois quand j'ai débarqué chez eux avec un rhume elle a été me préparer une potion revigorante et m'a emmitouflé dans un énorme pull en laine. Et pour l'histoire de Peter et du mur, ne t'avise pas de rigoler, il s'était pratiquement cassé le nez !

Evidemment, Anaïs rigola quand même. Il réalisa alors que non, elle n'était pas son double au féminin comme le répétait souvent ses amis. Même s'ils aimaient tous les deux lire, qu'ils étaient préfets et introverties parfois, elle était beaucoup plus joyeuse que lui. Elle n'avait pas de secret à cacher et si on lui en donnait l'occasion, sa timidité s'envolait.

Elle était rayonnante en vérité, réalisa-t-il. Après les horreurs de l'année dernière, ça faisait du bien de voir des personnes qui n'avaient pas conscience de la montée de la magie noire en dehors du château, qui étaient encore insouciantes. Il voyait ça aussi chez Lily avant. Les nés-moldus n'avaient pas grandi avec toute cette idéologie que Voldemort faisait planer depuis quelques années dans la communauté sorcière.

- Remus ? Est-ce que ce placard miaule ?

- Pardon ?

Anaïs s'était arrêté de marcher et fixait la porte d'un placard d'entretien.

- Tu n'entends pas ? Je te jure que j'ai entendu un miaulement ! Ne me regarde pas comme ça, je ne suis pas folle !

- Je n'ai jamais dit ça, assura-t-il.

Et puis brusquement, il l'entendit. Un drôle de bruit, comme un miaulement plaintif effectivement.

- Ouvre la porte, souffla Anaïs.

- Pourquoi moi ?

- T'es le garçon non ? C'est ton rôle d'affronter le danger avant moi !

- Au temps pour moi, je croyais que tu luttais contre les clichés de ce genre, se moqua-t-il, amusé.

- C'est vrai, mais je fais des exceptions pour les bruits bizarres dans les placards sombres.

Remus leva les yeux au ciel. Il se rappela de l'année dernière quand Alexia s'était enfermée dans un placard sans faire exprès. Au fond, si un pauvre chat était actuellement dans la même situation, il pouvait bien l'aider.

Il pointa sa baguette sur le vieux loquet en fer.

- Alohomora !

Le battant s'ouvrit en grinçant de façon sinistre... pour révéler un simple espace de stockage de matériel. Un ballet était posé contre le mur, sur une petite étagère s'étalait de multiples produits détergents et sous celle-ci se trouvait un saut renversé.

- Il n'y a rien ici...Ahhh !

Anaïs bondit et recula, heurtant Remus qui la saisit par la taille pour l'empêcher de tomber.

- Le saut a bougé, murmura-t-elle. Remus, le saut a bougé !

- Miaou !

- Je crois que c'est le chat qui a bougé, la rassura-t-il en riant.

Ils s'avancèrent à l'intérieur du placard après avoir bloqué la porte avec une bouteille de « Nettoie tout -comme par magie ! - de la Mère Grattesec ». Remus souleva le saut. Une tâche blanche manqua de lui filer entre les jambes mais Anaïs réagit plus vite que lui. Elle attrapa le chat qui se mit à se tortiller en miaulant.

- Oh ce qu'il est mignon !

- Il te faisait peur il y a dix secondes !

- Oui mais c'était avant de voir ses petites oreilles. Eh, salut mon grand, roucoula-t-elle en direction du chat.

Remus reposa le saut.

- C'est Chamallow, expliqua-t-il platement. Le chat de Marlène. Il s'échappe tout le temps du dortoir pour aller rôder un peu partout.

- Oh le pauvre, il s'est retrouvé enfermé ici tout seul. Il a dû avoir peur.

- Ce n'est qu'un chat.

Anaïs lui jeta un regard de désapprobation.

- Sois plus compatissant, Remus.

Elle caressa la tête de Chamallow qui ne paraissait toujours pas d'humeur. Il se débattit un peu plus et elle finit par le lâcher. A peine le chat eut il toucher le sol qu'il détala et manqua de tomber dans sa précipitation. Il heurta la bouteille de nettoie tout dans un feulement furieux.

- Anaïs ! La porte ! Tiens la...

La porte claqua.

- Et merde !

**

*

James se balançait sur sa chaise, fatigué. Il avait passé plus de temps à la bibliothèque en un week-end que durant les sept dernières années. En plus ses recherches n'étaient même pas pour lui mais pour Remus. On ne faisait pas pire comme inversion des rôles.

La première Epreuve était dans une semaine et Remus avait promis à Anaïs de l'emmener à Pré-au-Lard aujourd'hui, du coup James avait proposé de travailler pour lui sur la métamorphose. Mrs Pince passait devant sa table au moins trois fois toutes les dix minutes, suspicieuse, et ça ne l'étonnerait pas qu'elle ait déjà envoyé une lettre au département des Aurors pour les alerter de son attitude suspecte. James rigola intérieurement en imaginant son père débarquer pour lui demander de sortir de la bibliothèque.

- Vous avez terminé avec ce livre ?

Il releva la tête. Mrs Pince le toisait de derrière ses lunettes à monture écailles, les lèvres pincées.

- Euh...oui. Je vais aller le reposer. De toute façon je m'en vais.

Elle parut presque soulagée quand il rangea ses affaires et passa les portes pour s'en aller.

Dans la salle commune, il ne restait que les premières et les deuxièmes années qui ne pouvaient pas se rendre à Pré-au-Lard et plus étonnamment, Sirius aussi.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Alex a décidé de faire une journée entre filles avec ses amies... donc je reste là à m'apitoyer sur la pluie qui ne veut pas s'arrêter et qui m'empêche de jouer au Quidditch.

James se laissa tomber sur le canapé à côté de Sirius. Il observa son visage et sourit.

- Tu n'as pratiquement plus aucun bouton bleu aujourd'hui, remarqua-t-il.

- Très drôle, marmonna-t-il. N'empêche que si j'attrape Rogue, ses cheveux gras seront le dernier de ses problèmes !

- Rogue ? Pourquoi Servilus ?

Sirius se redressa.

- Oh allez Cornedrue, réfléchis deux minutes ! Quel Serpentard pourrait me détester assez pour faire ça ?

- Euh... Tous ? Je veux dire, tu fais partie de l'équipe de Gryffondor et on a bien dû faire des blagues à toute leur maison une bonne dizaine de fois.

- Bon d'accord, concéda-t-il. Mais alors quel Serpentard pourrait me détester assez pour faire ça et être suffisamment doué en potion pour confectionner un philtre pareil ? Et qui a en plus la clé de la réserve que Slughorn lui a gentiment donné ?

James avoua qu'il marquait un point. Madame Pomfresh elle-même avait dit que cette potion ne se trouvait pas généralement dans le commerce et qu'elle nécessitait plusieurs ingrédients rares. Quant à Slughorn, il avait été tellement émerveillé par les talents de Rogue en potion qu'il l'autorisait à venir travailler en dehors des heures de cours pour préparer ses ASPIC.

- Il va le payer ! S'exclama James.

- James...

- Quoi ? Personne n'a le droit de s'en prendre aux Maraudeurs sans en subir les conséquences, surtout mon meilleur ami. Même si le bleu te va bien au teint, je le reconnais.

- Idiot !

Sirius lui donna un coup d'épaule. Malgré ça, il était touché. Il savait depuis le temps que James ne manquait jamais de monter au créneau quand l'un d'entre eux était « attaqué ». Leur petite guerre avec Mulciber et Avery avait commencé en première année quand ils s'étaient moqués de Peter et que James, avec ses lunettes et son air gringalet, s'était interposé héroïquement. Bon il avait fini à l'infirmerie avec l'arcade sourcilière ouverte mais l'intention était là.

- Patmol... Je crois que j'ai une idée pour te venger. Mais pour ça il faudrait que tu braves la pluie...

- C'est bon, j'ai compris. J'en suis. T'as besoin de quoi ?

James eu un rictus goguenard et attrapa un bout de parchemin et sa plume, puis se mit à faire une liste.

**

*

- Ça fait combien de temps ?

- Vingt minutes je dirais...répondit Remus.

Anaïs soupira.

- Au moins, notre premier rendez-vous est atypique.

- Oh oui magnifique, railla-t-il.

Ils retombèrent dans le silence, enfermés dans leur placard.

**

*

Trempé par la pluie, Sirius s'ébroua dans le hall pour essayer de sécher un peu ses cheveux. Le chemin jusqu'aux serres n'avait pas été simple, principalement à cause du sol boueux et aussi parce que le professeur Chourave s'occupait de ses plantes carnivores en chantonnant. Heureusement, James avait pris soin de lui passer la carte du Maraudeur avant de l'envoyer en mission. Il ne lui avait même pas expliqué son idée de blague/vengeance contre Rogue mais Sirius n'aurait pas aimé être à sa place au vu de ce qu'il avait récupéré dans la serre n°3. Il avait une assez bonne idée de ce que Servilus allait se prendre en pleine poire.

Alors qu'il jetait un bref coup d'œil sur la carte pour s'assurer que Rusard n'était pas dans les parages, il se figea une seconde, convaincu que ses yeux lui jouaient un tour. Mais non, c'était bien les noms de Remus Lupin et Anaïs Delan qui apparaissaient à quelques mètres dans un petit espace.

Sirius s'avança vers l'endroit indiqué par la carte, curieux. Tant pis pour la blague de James, il pouvait bien attendre.

- Remus ? Appela-t-il, arrivé devant un placard tout à fait banal.

- Sirius ? C'est toi ?

- Euh oui... Mais qu'est-ce que tu fais là-dedans ?

- On est coincé ! S'exclama une autre voix.

- Ah tiens Anaïs. Ça va vite entre vous non ? A peine un rendez-vous et déjà enfermé ensemble dans un placard ?

- Sirius !

- Non mais vraiment ! Vous êtes quand même enfermés dans un espace restreint juste tous les deux... dit-il d'un ton suggestif.

- Enlève ce sourire idiot de ton visage ! S'exclama Remus. Tout ça c'est de la faute de ce maudit chat.

- Ne l'accuse pas, répliqua Anaïs. Il était terrifié, enfermé tout seul !

- Oui et maintenant c'est nous qui sommes enfermés...

Sirius éclata de rire.

- Enfin tu prends conscience que Chamallow est une vraie plaie !

- J'ai jamais parlé de Chamallow.

- Pas besoin, y'a que lui qui peut être aussi bête pour s'enfermer dans un placard.

Il réalisa ce qu'il venait de dire et se corrigea :

- Enfin, je ne parle pas de vous hein...

- Bien sûr, rétorqua Remus. Mais je dirais quand même à Alexia que tu trouves idiots ceux qui s'enferment dans les placards, on verra ce qu'elle en pense !

- Tu n'oserais pas...

- Je le ferais si tu n'ouvres pas cette porte immédiatement !

- Mais vous me prenez pour qui dans cette école ? Un sauveur de placard ? Et puis je te trouve vraiment très peu reconnaissant envers tes amis qui ont fait des recherches de métamorphose pour toi toute la journée à la bibliothèque.

- C'est James qui a été à la bibliothèque !

- James ou moi, c'est la même chose au fond non ?

Dans son placard, Remus soupira. Cette conversation commençait sérieusement à être longue et il ne voulait qu'une chose : sortir d'ici. A côté de lui, Anaïs tapa contre la porte.

- Bon Black, ouvre-nous maintenant !

- Ah ah ah... Non je pense que je vais vous laisser encore un peu, histoire que vous puissiez... vous rapprocher. Faire connaissance en quelque sorte.

- Sirius, fais-nous sortir par Merlin !

- Tu comprends Lunard, James m'attend. Je vais lui donner ces plantes et je reviens vous délivrer après. Allez, à tout à l'heure !

- Black, je jure que je t'enlève deux cents points et que je te colle pour le reste du mois si tu n'ouvres pas cette porte !

Mais Sirius s'éloignait déjà en sifflotant.

- Remus ? Tu sais quoi, je retire ce que j'ai dit. Tes amis sont des emmerdeurs !

- Crois-moi, je sais...

**

*

C'était vraiment une chance quand les blagues et les cours se font échos à ce point, songea James. Slughorn leur avait donné un devoir à rendre pour demain, une potion simple à préparer pour s'entraîner pour les ASPIC et il fallait pour ça venir prendre les ingrédients dans la réserve réservé aux étudiants de septième d'année. James n'avait qu'à attendre que Rogue vienne chercher les siens pour déclencher sa blague.

Il était actuellement caché sous sa cape d'invisibilité au coin du couloir, guettant le moment où ce cher Servilus allait arriver. Alors certes, son plan avait des failles, comme le fait que Matthew Bones avait failli tout gâcher en venant à la réserve avant Rogue. James s'était jeté sur lui une seconde avant qu'il n'ouvre la porte. Il avait trouvé une excuse improbable, comme quoi Slughorn avait renversé une potion de sommeil dans la réserve et que personne ne devait entrer à l'intérieur avant qu'un professeur ne se soit occupé du problème. Matthew n'avait pas eu l'air d'en croire un mot mais avait marmonné qu'il piquerait ses ingrédients à Julian, son meilleur ami, avant de tourner les talons.

Heureusement, la prochaine personne qui arriva après Matthew fut Rogue, ce qui facilitait grandement les choses.

James se plaqua contre le mur sous sa cape, observant Rogue s'approcher de la réserve. Il était seul, comme d'habitude, et son teint blafard paraissait encore plus cireux à la lueur des torches. Il posa la main sur la poignée et tira la porte. Soudain, une masse gluante et verte s'abattit sur lui, le couvrant de la tête au pied. Rogue poussa un cri. A l'aveugle, il chercha à s'éloigner de la réserve mais s'emmêla les pieds dans sa robe noire et tomba à terre tandis que James éclatait de rire. Oh il aurait dû prendre une photo.

- Qu'est-ce que...

- Bah alors Servilus, tu test un nouveau shampooing ?

- Potter ! Rugit-il.

Rogue se releva péniblement, toujours couvert de l'essence de Mimbulus Mimbletonia, une sorte de cactus étrange, que Sirius avait ramené des serres. Il était hors de lui et avait saisi sa baguette, le poing serré.

- Tu trouves ça amusant ?

- Oui beaucoup, effectivement. Si tu voyais ta tête en ce moment, tu serais amusé aussi !

James plongea la main dans sa poche pour attraper sa baguette en voyant Rogue écumé de rage, la mâchoire contractée.

- Toujours aussi arrogant, pas vrai ? Cracha-t-il. Où est ton public cette fois ?

- Je ne sais pas, je pensais que c'était toi qui aimait avoir des spectateurs, rétorqua James d'une voix à la fois goguenarde et glaciale. Après ton coup de la potion contre Sirius dans la Grande Salle, je veux dire...

- Ce n'était pas moi !

- Arrête, il n'y a que toi qui a accès à la réserve en permanence grâce à l'autorisation que Slughorn t'a donné.

- Jaloux que pour une fois tu ne sois pas le préféré d'un prof, Potter ? Lança Rogue, torve.

James plissa les yeux.

- Reconnais-le, c'était toi pour Sirius.

- Même si j'aurais adoré être l'auteur de ce petit coup qui a défiguré la précieuse figure de Black, non ce n'était pas moi. Tu devrais aller demander à ton amie Meadowes si elle sait quelque chose...

Cette phrase eu le mérite de laisser James perplexe.

- Dorcas ?

- Elle avait une clé de la réserve depuis ses travaux d'intérêt général à l'infirmerie l'année dernière qu'elle n'avait jamais rendu. J'ai entendu Mulciber en parler. Si tu lui demandes, elle te dira sûrement qu'on lui a volé il y a quelques jours... En plus, la préparation de cette potion est certes difficile mais pas impossible. Je ne suis pas le seul à savoir allumer un chaudron dans ce château !

James sentit un horrible sentiment lui serrer le ventre. Il connaissait cette clé. Dorcas la gardait au cas où, juste si elle en avait besoin un jour. Pourtant, elle n'avait jamais parlé d'un quelconque vol ou d'une disparition mais il devait avouer qu'il ne parlait pas souvent avec elle. Si Rogue disait vrai, alors le coupable était Mulciber. Mulciber qui avait toute les raisons d'en vouloir à Sirius à cause de leurs nombreuses blagues.

- C'est bon, ton cerveau commence à réfléchir ? Cingla Rogue.

- La ferme Servilus.

- Tu n'es qu'un crétin, Potter ! La prochaine fois que Black viendra se plaindre de l'injustice du monde, rappelez-vous que vous ne valez pas mieux que Mulciber !

- Je t'ai dit de la fermer, cria James.

Il se passa une main dans les cheveux, agité. Comme d'habitude, il avait foncé sans prendre la peine d'analyser la situation. Il ne savait même plus quoi penser sur la culpabilité de Rogue. La colère de ce dernier semblait grandir à mesure que les minutes s'écoulaient et il faisait tourner sa baguette entre ses doigts, se retenant visiblement à grande peine de lui jeter un sort à la figure. Cependant, aucun des deux n'eurent le temps ne serait-ce que de lever leur baguette car à ce moment précis, McGonagall tourna à l'angle.

James su immédiatement qu'elle n'était pas là par hasard. Son visage reflétait déjà son humeur massacrante et ses yeux lancèrent des éclairs quand elle engloba la scène du regard, avec Rogue couvert d'une substance visqueuse.

- Dans mon bureau, ordonna-t-elle sèchement. Tout de suite !

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