Tome II - Chapitre 38 : Méfaits accomplis

Bonjour à tous ! J'ai conscience que ceux qui ont terminé cette fanfiction doivent être étonnés de voir ce chapitre aujourd'hui. La raison de son ajout est très simple : comme me l'ont fait remarquer plusieurs personnes, la fin pouvait paraître un peu abrupte et certains personnages avaient été laissés de côté, comme Anaïs notamment. Ce chapitre ne prétend pas tout arranger, mais je pense qu'il offre une meilleure fin que celui du précédent, encore dans le feu de l'action. A l'origine, j'avais d'ailleurs prévu ce chapitre mais, fatiguée par quatre ans d'écriture, j'avais décidé que je pouvais passer directement à l'épilogue. Aujourd'hui, je regrette ce choix et mon manque de patience mais après tout vaut mieux tard que jamais non ? C'est donc un peu dans le désordre que je vous offre ce dernier chapitre qui se déroule entre le 37 et l'épilogue : j'espère que vous aimerez. 

Pour ceux qui découvrent la fanfic, rien ne change pour vous et ce chapitre est simplement la suite logique, comme prévu ! 

IMPORTANT Dernière info : j'en profite pour vous dire que je lance un compte instagram. Vous y retrouverez mes conseils lectures, mais surtout toutes mes créations "artistiques" soit les couvertures et les aesthetics par exemple. J'en crée pour moi mais aussi pour les autres. N'hésitez pas à aller y faire un tour, c'est au nom de annabethfan15 !  

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Chapitre XXXVIII : Méfaits accomplis 

Pendant plus de deux jours, Remus eut l'impression de retenir son souffle. À tout moment, il s'attendait à ce que l'arrestation d'Elizabeth Yaxley soit annoncée, mais rien ne vint. Il dû se résoudre à accepter ce que cela signifiait : elle avait réussi à fuir et probablement à quitter le pays. Remus ne savait pas s'il en était soulagé ou contrarié. Même si elle était innocente du meurtre pour lequel elle était soupçonnée, son implication dans la mort de Gemma Ackerley n'était pas neutre. Il n'aimait pas y songer car la question soulevait en lui un dilemme moral sur lequel il préférait éviter de se pencher : s'il condamnait en partie Elizabeth, que devait-il penser de Regulus ? Après tout, c'était lui qui avait jeté le sort fatal. Irrationnellement pourtant, il ne cessait de trouver des excuses au petit frère de Sirius... sûrement pour la simple raison qu'il était justement le petit frère de Sirius.

Finalement, il se refusa de juger. Ce n'était pas sa place et personne n'avait l'air d'avoir envie de soulever la question. Sirius était resté tendu pendant plus d'une semaine avant de recommencer à vivre normalement, James se montrait agacé dès que le nom de Yaxley arrivait dans la conversation, et Peter paraissait terrifié de dire un mot de travers qui énerverait ses amis. D'un commun accord tacite, les Maraudeurs décidèrent donc de mettre l'affaire Elizabeth derrière eux et de se concentrer sur leurs ASPIC.

Ils avaient passé des heures à la bibliothèque à réviser chaque matière, chaque cours, chaque parchemin gribouillé d'une prise de note illisible sous l'œil suspicieux de Mrs Pince. Un jour, ils étaient même partis en oubliant Dorcas, endormie sur une table, et ils étaient revenus en catastrophe la récupérer au moment où la bibliothécaire refermait les portes.

Aujourd'hui, il faisait un soleil de plomb alors que mourrait le mois de juin. C'était le dernier jour des examens et Remus avait l'impression d'étouffer dans son uniforme, sa cravate impeccablement nouée autour de son cou. Ils avaient passé les écrits ces deux dernières semaines et devaient maintenant se présenter aux épreuves pratiques. Le couloir dans lequel tous les élèves de septième année de Gryffondor patientaient était baigné par le soleil. Remus, qui avait toujours eu l'ouïe fine depuis sa morsure, entendait les élèves libérés des cours et des examens rirent dans le parc.

- Je vais vomir, marmonna Peter.

- Mais non, Queudver. On a révisé. Respire, c'est tout.

- T'es pire que Lily, se moqua James.

- Je t'entends !

A l'avant du rang, Lily adressa un signe ironique de la main à James.

- Je parlais de l'autre Lily, bien sûr, lança-t-il. Tu sais ? Lily, ma voisine ?

- Tu t'enfonces, lui indiqua Remus.

- Complètement...

Leur échange eut le mérite de faire rire Peter qui sembla oublier l'espace d'un instant l'épreuve de métamorphose.

Anxieux et impatient à la fois, Remus tendit le cou pour essayer de voir par-dessus la tête des autres. McGonagall se tenait devant les portes de la salle d'examen et faisait entrer les élèves par ordre alphabétique progressivement. Elle semblait avoir un mot pour chacun d'eux. Sirius et Alexia étaient déjà entrés et ce serait bientôt au tour de Lily. Lui-même était regroupé avec Dorcas, James et Peter. Il tourna la tête dans l'autre sens, espérant voir arriver Marlène qui aurait dû se trouver avec entre les L et les P, mais il ne vit aucune jeune fille blonde arriver dans le couloir.

James se mordit les ongles nerveusement.

- Je ne comprends pas, maugréa-t-il. Elle voulait juste aller chercher ses fiches pour y jeter un dernier coup d'œil... Elle est tombée dans les escaliers ou quoi ?

- C'est un motif valable pour louper une épreuve ? Demanda Peter.

- Oh arrête...

Mais Remus commençait aussi à s'inquiéter. Ce n'était pas le genre de Marlène d'arriver en retard, surtout un jour si important. Il allait proposer d'aller prévenir le professeur McGonagall d'ici dix minutes lorsque Peter pointa soudain quelqu'un du doigt.

- Elle est là !

D'un même ensemble, ils tournèrent tous la tête. Marlène se dirigea vers eux d'un pas rapide, les joues rouges et le souffle court. James lui bondit pratiquement dessus.

- Par Merlin, où est-ce que t'étais ?

- Longue histoire, haleta-t-elle. Deux minutes.

Penchée en avant, elle inspira une grande goulée d'air, et Remus agita les parchemins qu'il tenait à la main mécaniquement comme une sorte d'éventail. Elle lui adressa un regard reconnaissant, puis s'expliqua :

- J'étais avec Reg, dit-elle, l'air embarrassé. Il avait mes notes de métamorphose et j'avais les siennes en potions. On a dû se tromper hier en rangeant nos affaires. J'ai dû descendre jusqu'aux cachots et demanda à Livia Fawley d'aller me le chercher.

Remus tiqua. Il ne se tenait pas particulièrement au courant des ragots qui circulaient dans les couloirs, mais si sa mémoire était bonne Livia Fawley sortait encore avec Regulus. Et s'il avait retenu une chose de la crise qui s'était jouée entre Marlène, Dorcas et Sirius, c'était que l'amitié de Marlène et Regulus pouvait être jugée ambiguë.

- Il m'a rendu mes notes, continua Marlène sans s'étendre sur le sujet. J'allais venir vous rejoindre quand Charlotte Shelton m'a arrêtée dans le hall.

- La poursuiveuse de Poufsouffle ? S'étonna James. Pourquoi ?

- Pour me demander où vous étiez.

- Nous ? Dit Remus, surpris.

- Les Maraudeurs, explicita Marlène. Elle m'a dit que Rusard lui avait demandé de vous faire passer le mot qu'il vous veut dans son bureau à 14h, après l'épreuve pratique. Je lui ai dit que je vous préviendrai.

Immédiatement, Remus se tourna pour faire face à James et Peter qui reculèrent d'un pas devant son regard incendiaire.

- On n'a rien fait ! Jurèrent-ils ensemble.

- On est convoqué ! Il reste une semaine avant les vacances, les gars, sérieux.

- Ca doit être Sirius, dénonça Peter. Je te jure, je n'ai rien fait.

- Et Sirius aurait fait une blague sans James ?

- Eh ! Protesta l'intéressé. J'ai une volonté propre, tu sais.

Remus croisa les bras, agacé.

- Si je suis obligé de revenir au mois d'août faire des heures de colle alors qu'on a terminé notre scolarité à cause de vous...

- On vous enverra nos photos de vacances, promit Marlène, amusée.

Cette fois-ci, Remus roula des yeux. Pour faire bonne mesure, il se replongea dans ses notes et tenta d'oublier leur convocation. Ce n'était pas le moment, il pourrait bien gérer Rusard après avoir assuré son avenir.

Sur ses parchemins, l'encre se brouillait pourtant devant ses yeux et il n'arrivait soudain plus à comprendre les schémas compliqués qu'il avait lui-même dessiné. Il n'arrivait pas non plus à prendre conscience que la fin approchait. Dans une semaine, il ne serait plus à Poudlard. Il n'arpenterait plus les couloirs en pierre, il ne monterait plus les marches qui menaient à son dortoir, il ne descendrait plus au terrain de Quidditch voir un match. Toutes ces activités quotidiennes et pourtant si banales lui procurèrent brusquement un intense sentiment de nostalgie. Il avait horriblement conscience que l'année qui venait serait différente. Marlène pouvait bien plaisanter, mais ils ne passeraient pas leurs vacances sur une plage, mais avec les frères Prewett à s'entraîner pour intégrer l'Ordre du Phénix.

- Tu vas bien ? Lui murmura James soudainement.

- Hum ? Oh oui, oui... dit-il en sortant de ses pensées. Je... pensais.

- Quelle surprise.

- Oh tais-toi. Donne-moi la formule de...

- Non, refusa-t-il avec brusquerie. Je ne révise jamais avant une épreuve.

Remus haussa les épaules. A côté, Marlène et Dorcas aidaient Peter, l'une avec douceur, l'autre avec impatience. Devant ces deux styles, il songea un instant à Anaïs Delan. Les Serdaigle avaient passé leur épreuve de métamorphose avant eux et il se demanda si elle l'avait réussi. Il ne l'avait pas revu depuis plusieurs semaines : ils n'avaient échangé que quelques mots en dehors de leurs séances de tutorat ces derniers mois, faute de temps. Remus sentit la pointe familière du regret lui serrer le ventre mais il l'ignora avec obstination. Malgré ce que ses amis affirmaient, une relation avec elle aurait été inenvisageable.

Quand il releva la tête à nouveau, il vit Lily s'engouffrer dans la salle d'examen. Pris par le stress, il se vida l'esprit et se remit à réciter à voix basse son cours.

**

*

- Je pense que ça s'est bien passé, annonça Peter, l'air soulagé. L'examinatrice m'a souri à la fin en disant que mon verre à pied était réussi !

- Encore heureux, c'est un exercice de deuxième année, lança Sirius.

Remus lui adressa un regard de reproche.

- Et alors ? C'est le résultat qui compte, non ? Affirma-t-il. En tout cas bravo, Pete ! C'est génial.

- Merci Lunard...

Ils étaient tous dans le couloir et Peter venait tout juste de ressortir de la salle. James devait être en train de passer. Nerveusement, Remus pianota des doigts contre sa jambe. Il ne doutait pas d'avoir réussi, voire d'obtenir un Optimal. Son examinateur, un sorcier à la barbe taillé et au front dégarni, lui avait demandé s'il était bien l'élève qui avait participé au Tournoi en métamorphose et l'avait même félicité d'avoir représenté si brillamment Gryffondor. Remus aurait voulu lui dire qu'il n'était pas arrivé premier à son épreuve, mais ce n'était sans doute pas le jour pour jouer les modestes. Il se souvint alors que Dumbledore devait annoncer les résultats du Tournoi ce soir. Il ne savait même pas s'il était impatient ou non.

Après la fuite d'Elizabeth, Serpentard n'avait pas pu terminé son épreuve de Défense Contre les Forces du Mal et il ne faisait aucun doute qu'ils finiraient dernier. Remus songea que c'était dommage car ils n'avaient pas manqué de s'illustrer durant les autres épreuves, notamment en potions.

Soudain, la porte en bois s'ouvrit en grand sur un James Potter triomphant. Il avança vers eux, les bras écartés, et un grand sourire accroché aux lèvres.

- Messieurs ! Annonça-t-il avec grandiloquence. J'annonce la fin des examens !

Sirius, adossé contre le mur, se redressa et éclata de rire. Il passa un bras autour des épaules de James, extatique.

- Libres, James ! Nous sommes libres !

- Presque, nuança Remus, navré de devoir les ramener sur terre.

- Quoi ?

- Rusard nous attend dans son bureau, apprit-il à Sirius. On est convoqué. Une confession à faire ?

- Non ! Juré sur les Maraudeurs, Lunard. Je n'ai rien fait !

A moitié convaincu, Remus soupira. Tête haute, il se tourna vers les escaliers et dit d'une voix digne :

- Messieurs, faisons face à notre destin.

A nouveau, ses amis rirent et ils se mirent en chemin. La force de l'habitude sans doute, mais Remus n'était même pas véritablement inquiet. C'était la fin de l'année, Rusard ne pouvait plus faire grand-chose contre eux. Alors qu'ils parcouraient les couloirs qui l'avaient vu grandir, il se surpris à regarder plus attentivement les tableaux, les pierres centenaires, la lueur des torches... Il voulait tout graver dans sa mémoire.

Sans se concerter, ils passèrent par un passage dissimulé : un couloir poussiéreux, caché derrière une tapisserie aux couleurs vives. Une torche éclairait le sol, signe que les elfes ne le laissaient pas à l'abandon, mais un sentiment d'aventure perdurait dans cet espace étroit comme coupé de l'agitation du château. A l'arrière du groupe, Remus remarqua avec nostalgie que Sirius devait maintenant se baisser pour franchir la sortie sans se cogner la tête.

Quand ils émergèrent, ils ne se trouvaient plus qu'à quelques pas du bureau du concierge. Devant la porte, deux élèves étaient déjà là. Il reconnut sans en être certain la poursuiveuse de l'équipe de Poufsouffle, Charlotte Shelton. Le garçon avec elle arborait les couleurs de Serdaigle et lui ressemblait trop pour ne pas être son frère.

- Je n'ai pas fait exprès de faire exploser ce chaudron, Ju' ! Était-elle en train de protester.

- Lottie, tout le monde sait qu'on ne met pas d'œil de triton marin dans une potion Volubilis, le mélange avec les crocs de serpent provoquent une explosion !

- Il faut mettre un œil de triton d'eau douce, lança Sirius, amusé. Pas vrai, James ?

Le frère et la sœur sursautèrent. Remus, lui, se contenta de rouler des yeux en se souvenant de la catastrophe qu'avait provoqué James en jetant un œil de triton dans le chaudron de Rogue l'année précédente. Il pouvait presque encore entendre Lily crier.

- Rusard nous attend ? Demanda-t-il à la jeune Poufsouffle.

Son visage s'embrasa et elle parut hésiter avant d'acquiescer précipitamment.

- Oui... dit-elle. Viens, Julian, on y va...

- Mais...

- Au fait Potter, bravo pour la finale. Beau match.

Elle tira son frère par la main et ils disparurent à l'angle du couloir. James souriait comme un imbécile et Sirius jeta ses mains vers le plafond, incrédule :

- Eh ! J'étais aussi dans l'équipe !

- Oui, mais tu n'es pas le capitaine qui a marqué onze buts à lui tout seul, nuança Peter, une note de fierté dans la voix.

- S'il a pu le faire, c'est parce que je le protégeais des cognards. T'entends, Cornedrue ? Tu n'es rien sans moi.

- C'est ça, Sirius... dit Remus patiemment. Nous te sommes tous immensément reconnaissant. On y va ?

Sirius se contenta de lui donner un coup dans l'épaule et Peter toqua à la porte avant de pousser le battant. Ils s'agglutinèrent à l'entrée du bureau, s'attendant à voir Rusard leur bondir dessus pour proférer des menaces, mais rien ne vint. Etonné, Remus s'avança légèrement. Le concierge n'était nulle part en vue, mais en périphérie de sa vision il distingua une silhouette dans l'ombre. Sa main se porta instinctivement vers sa baguette.

- Pas la peine, Lupin, lança une voix. Je veux simplement parler.

Ils pivotèrent tous vers la source du bruit et Peter recula jusqu'à heurter le bureau de Rusard. La silhouette émergea des ténèbres : Rogue.

- Servilus, railla Sirius. Quelle désagréable surprise !

- Ca n'a rien d'une surprise, contra Remus, soupçonneux. Rusard ne nous a jamais convoqué, pas vrai ?

Rogue plissa les yeux.

- Toujours le plus perspicace, pas vrai Lupin ? Se moqua-t-il. Non, c'était moi. J'ai demandé à la petite Shelton de vous amener ici. En échange, je ne disais rien sur son chaudron explosé. Elle a voulu s'entraîner avant son examen de potions toute seule et sans autorisation.

- Et tu t'es dis que le bureau de Rusard était le lieu de rendez-vous idéal ?

- C'était le seul endroit où vous viendrez sans vous poser de questions. La force de l'habitude, non ?

A côté de lui, Remus vit James se crisper et serrer les poings. L'appréhension le gagna.

- Qu'est-ce que tu veux, Rogue ? S'impatienta-t-il.

Cette fois, le Serpentard parut hésiter une seconde. Il les regarda longuement tour à tour et Remus se demanda ce qu'il voyait. Quatre garçons qui lui avaient rendu la vie impossible ? Celui que la fille qu'il aimait avait choisi, celui qui avait manqué de le tuer pour une simple blague, celui qui était un loup-garou et celui qui se moquait de lui par automatisme ?

Pour la première fois, il regretta sincèrement la façon dont il avait traité Rogue toutes ces années. Il ne lui était pas sympathique, mais il prit conscience qu'il avait sans doute une part de responsabilité dans leur animosité. Il aurait dû retenir James et Sirius avec plus de ferveur quand l'un d'eux suggérait une farce humiliante...

Au bout de quelques secondes pourtant, Rogue se reprit et redressa le menton.

- Vous avez une dette envers moi, déclara-t-il. Et je viens la réclamer.

- Une dette ? Répéta James, incrédule. Depuis quand ?

- Depuis l'épreuve de potions du Tournoi où j'ai accepté de donner le remède à Lily. Demande à ton frère, Black. Il était là et ce sont ses mots : « Considère ça comme une dette. Si un jour on a besoin de quelque chose, tu te souviendras que Rogue et moi t'avons aidé aujourd'hui ».

Remus fronça les sourcils. Il n'avait jamais su comment Lily avait réussi à obtenir le remède de la main de Rogue et il avait supposé, sûrement naïvement, qu'il lui avait donné en souvenir de leur amitié perdue. Il aurait dû se douter que Regulus, qui était là aussi pendant cette épreuve, n'aurait pas simplement cédé la trouvaille de Serpentard sans quelque chose en retour.

- Qu'est-ce que tu veux de Lily ? Gronda presque James.

- D'elle ? Rien. De vous, une promesse.

Déstabilisés, ils échangèrent des regards surpris. Peter, toujours en arrière contre le bureau, croisa les bras, l'air circonspect, tandis que Sirius paraissait échafauder cinq plans en même temps pour jeter un mauvais sort à Rogue. Quant à James, il ne faisait rien pour cacher son animosité, mais il veillait à ne rien laisser transparaître qui pourrait envenimer la situation.

- Viens-en au fait, s'impatienta Sirius. Quelle promesse ?

Rogue vrilla ses yeux noirs sur lui et un tic nerveux agita sa bouche avant qu'il ne détourne les yeux et reprenne la parole :

- On ne va pas se mentir. Vous savez aussi bien que moi ce qui se passera l'année prochaine. Ne perdons pas de temps à faire semblant... Comme dirait la Gazette, les « temps sont troubles », pas vrai ? Et d'après les rumeurs vous aimez jouer avec le feu, non ? Sauf qu'à force, c'est facile de se brûler... et tout le monde ne renaît pas de ses cendres.

Les mots cryptiques de Rogue firent frissonner Remus. Cela ne faisait aucun doute qu'il avait méticuleusement prévu cette rencontre et répété son discours. Aussi précis que lorsqu'il préparait une potion. Mais Remus n'était pas idiot. Rogue ne s'était pas découvert une âme de poète durant la nuit et la métaphore sur le feu et les cendres laissait peu de place au doute. L'initiative de Dumbledore commençait à se faire connaître dans les cercles concernés. Et si l'Ordre recrutait des jeunes à peine sortis de Poudlard, il ne voyait pas pourquoi Voldemort aurait des scrupules à en faire de même. Regulus Black en était la preuve.

Pourtant, Remus devait reconnaître sa surprise. Il connaissait Rogue et son attrait pour la magie noire, pour toutes les sortes de magie rare et complexe en vérité, mais il espérait que cela ne le pousserait à emprunter cette voie. Il voulait croire aux espoirs de Lily. Visiblement, c'était trop tard et la fascination de Rogue pour le pouvoir, la reconnaissance et l'obscurité magique l'avait emporté. Il se demanda combien de mangemort rejoignait Voldemort pour cela. Pour l'accès à des formes de magie enfouies que personne n'avait jamais osé explorer. Il se demanda surtout comment toutes ces personnes pouvaient cautionner ce que cela leur coûtait, le poids moral que cela représentait.

A ses côtés, le visage de James s'était contracté et il avança d'un pas, presque menaçant.

- Tu ne sais rien, Rogue, affirma-t-il d'une voix tranchante. Des mots, comme d'habitude. Des menaces en l'air.

- Ce ne sont pas des menaces. Tu sais très bien ce dont je parle. Et pour être honnête, ça m'est égal. Je serai même heureux de te voir consumer par cette guerre, Potter. Ca t'apprendra peut-être que tu n'es pas le centre du monde.

- Espèce de... siffla Sirius.

- Tu te fiches peut-être de nous, mais pas de Lily, intervint soudain Peter.

Ils se turent tous. Réduits au silence, ils se tournèrent vers Peter, toujours appuyé contre le bureau de Rusard, le plus loin possible de Rogue. Une lueur indéchiffrable brillait dans ses yeux et il sembla reprendre confiance en voyant l'attention de ses amis portée sur lui.

- C'est ça ta dette, n'est-ce pas ? Continua-t-il d'une voix qui tremblait à peine. Tu veux qu'on la protège des gens comme toi. Qu'on fasse attention à elle. Et évidemment tu ne veux pas qu'elle le sache.

Remus en resta stupéfait. Si la conversation avait continué encore quelques minutes, il serait sûrement parvenu à la même conclusion que Peter, mais le fait que celui-ci ait réussi à deviner les intentions de Rogue le laissait sans voix. Il ne doutait même pas de l'affirmation de Peter. Le teint blême et l'œillade assassine du Serpentard étaient explicites.

En réalisant que Peter avait raison, James laissa échapper un rire incrédule dépourvu de tout humour.

- J'y crois pas, souffla-t-il. Tu n'as aucune limite, Servilus.

Le vieux surnom semblait avoir franchit ses lèvres par habitude.

- Ecoute-moi bien. Je n'ai pas de besoin de toi pour me dire de protéger Lily. Je ferai ce que tu as été incapable de faire, je la soutiendrai jusqu'au bout et je ne la décevrai pas. Tu peux garder tes airs énigmatiques et tes dettes, Rogue. Et la prochaine qu'on se verra, n'oublies pas une chose : Lily pense peut-être que tu es quelqu'un de bien au fond de toi, mais ce n'est pas mon cas. Alors ne l'approche pas.

Au fond des prunelles de Rogue brûlait une haine féroce. Par instinct, Remus vint se placer à la droite de James et Sirius l'imita aussitôt sur sa gauche. Tous les trois, ils formaient un mur déterminé, indéfectible, tandis que Peter assurait leurs arrières. Rogue, lui, était seul comme il l'avait toujours été.

- Peu importe, lâche-t-il finalement. Crois ce que tu veux, Potter. Mais honore ta dette.

D'un coup d'épaule, il repoussa James et brisa leur ligne. Lorsqu'il passe devant Peter, il lui décocha un regard si glacial qu'il recula d'un pas, sa confiance envolée, et Remus ne pouvait lui reprocher. La porte se referma sur sa cape d'uniforme qui battit l'air sinistrement et son claquement résonna dans un bruit sourd.

En le voyant ainsi partir, Remus ne put s'empêcher de penser que son dernier acte envers eux aura été de vouloir protéger Lily malgré tout.

Sirius exhala fortement.

- Merlin ! Jura-t-il. Si je m'attendais à ça. Il est complètement timbré.

- Le culot, oui ! S'énerva James. Quel idiot. Je vous préviens, pas un mot à Lily.

- Tu es sûr ?

James remonta ses lunettes sur son nez.

- Pas maintenant au moins. Elle est assez stressée comme ça. Oh et Pete ?

- Oui ?

- Comment t'as su ? Pour ce qu'il voulait, je veux dire ?

- C'est vrai, ça ! S'exclama Sirius. C'est Remus notre psycho-mage d'habitude !

Embarrassé, Peter rougit et tira les manches de son pull sur le bout de ses doigts.

- Je ne sais pas, ça me semblait logique... Je veux dire, on peut lui reprocher beaucoup de choses mais il s'est toujours soucié de Lily, non ?

- En la traitant de tu-sais-quoi ? S'indigna James. Tu parles ! Mais peu importe, je ne veux plus penser à lui, il m'a assez énervé. Quelle connerie cette histoire de dette...

- Je reconnais bien Reg là-dedans, maugréa Sirius en secoua la tête.

- Et dire qu'il a embarqué la petite Shelton là-dedans.

- Tu la défend seulement parce qu'elle a dit que tu avais fait un beau match, se moqua Peter.

- C'est faux, rétorqua James sans conviction.

Remus sourit. D'un mouvement souple, il ramassa son sac.

- On ferait mieux de filer avant que Rusard ne revienne vraiment, dit-il. Vous venez ?

- Attends, je vais vérifier où il est.

James plongea la main dans sa poche et en sortit la Carte. Du bout de sa baguette, Sirius se chargea de prononcer la formule et l'encre se répandit sur le parchemin. D'un même ensemble, ils se penchèrent tous au-dessus, leurs quatre têtes si proches qu'ils en bloquaient presque la lumière.

- Là ! Indiqua Remus le premier. Il est encore dans les cachots. On a encore un peu de temps, on peut y aller.

- Non, attends, l'arrêta à nouveau James.

Il se tourna vers lui. Une lueur espiègle, que Remus n'avait pas vu depuis un moment, s'était allumée dans les yeux noisettes de son ami. Aussitôt, Sirius s'approcha à son tour, un rictus familier au coin des lèvres.

- Une idée, Cornedrue ?

- Je crois... Vous n'avez jamais voulu fouiller dans ces tiroirs ?

Intéressés, ils se tournèrent tous vers les étagères contre le mur. Classées par ordre alphabétique, chacune d'elles comportaient plus tiroirs étiquetés « Archives des punitions », « Rapports disciplinaires », « Objets dangereux », « Objets perdus » ou encore « Idées de châtiments ». Animé par son âme de Maraudeur, Remus ouvrit celui qui se trouvait devant lui, et en sortit un rapport disciplinaire au hasard. Le nom écrit maladroitement sur la pochette indiquait Dorcas Meadowes.

- Oh ! Chantonna Sirius. Intéressant.

Il feuilleta les quelques pages en diagonale.

- Le coup de poing à Mulciber, bien sûr, commenta-t-il. Le fait d'arme de Dorcas !

- Epique, approuva Peter.

- Eh ! Elle a été surprise un soir en dehors du dortoir avec Lucinda ! Lut James. Elle nous l'a jamais dit !

- Quelle cachotière.

Au ton de Sirius, Remus comprit qu'il serait ravi de se servir de cette information contre elle un jour pour l'agacer. Sans cérémonie, il remit le dossier à sa place et avança dans l'alphabet pour sortir celui de James, au moins cinq fois plus épais. Il siffla, impressionné.

- Ton héritage, Cornedrue, déclara-t-il solennellement.

Les autres éclatèrent de rire.

- T'avais vraiment jeté des bouts de pains dans le Lac Noir pour attirer le calamar ? Rit Peter.

- Ah oui ! C'était en troisième année. Il était à moitié sur la berge quand Hagrid est arrivé pour le repousser.

- Idiot, marmonna Remus. Y'a bien que toi pour avoir des idées pareilles.

- C'était celle de Sirius je crois...

- Evidemment.

Au détours des différents dossiers, ils apprirent qu'Alexia avait fait exploser un carreau de la serre n°2 en quatrième année en voulant jeter un sort à l'écharpe de Lily qui s'effilochait ; que Lily elle-même n'avait qu'une seule remarque pour être arrivée en retard à un cours de Sortilège en première année après avoir erré dans le château pendant deux heures, perdue ; et que Regulus avait un jour claqué la porte du Hall sur les doigts de Rosier par « mégarde » selon son témoignage, ce qui lui avait valu une semaine de retenu. Sirius, qui avait hésité avant de se saisir du dossier de son frère, avait affiché un sourire indéchiffrable en lisant l'anecdote sans faire de commentaire.

- Bon les gars, il faut vraiment y aller maintenant. Il nous reste une heure avant le banquet et Rusard doit remonter des cachots maintenant.

Un coup d'œil à la Carte lui apprit qu'il avait raison. Ils se dirigeaient tous vers la porte quand James se figea, les yeux rivés sur le parchemin. Surpris, Peter manqua de lui rentrer dedans.

- Qu'est-ce que tu fiches ?

- J'ai une dernière chose à faire je pense...

- Quoi ?

Sans un mot, James se retourna et retraversa le bureau vers les étagères. Lentement, il ouvrit le tiroir « Objets dangereux », puis baissa à nouveau le regard vers la Carte. Une émotion étrange jouait sur son visage.

- Cornedrue ? Appela Sirius.

- On va partir, non ? Dit James dans un souffle. Elle ne nous servira plus...

- Mais...

- Et comme tu l'as dit Remus, c'est notre héritage pas vrai ?

Comprenant où il voulait en venir, Remus sentit une boule naître dans son ventre. Résolu, il échangea un regard avec Sirius et Peter et ils hochèrent la tête d'un commun accord, se passant de mots.

- Pour les futures générations de fauteurs de trouble, approuva Sirius.

- Les Maraudeurs les guideront ! Renchérit Peter.

- Les blagues et les farces continueront à Poudlard au nom de Patmol, Lunard, Queudver et Cornedrue, ajouta Remus.

Fort de leur approbation, James effleura le parchemin du bout de sa baguette.

- Méfaits accomplis, murmura-t-il.

Lentement, sous leurs yeux, les traits noirs commencèrent à s'effacer. Les couloirs, les étages et les élèves du château s'évanouirent en même temps que l'encre. Comme un dernier au revoir, la Carte se réduisit jusqu'à ne laisser que la représentation d'un espace réduit au rez-de-chaussée. Le bureau de Rusard. Leurs quatre noms, si proches qu'ils s'entremêlaient presque, étincelèrent brièvement avant de s'effacer eux aussi, emportant leur véritable identité. Et il ne resta plus qu'un simple parchemin dans les mains de James. Un parchemin si banal et si extraordinaire à la fois.

Avec révérence, James le déposa dans le tiroir et le referma sans attendre, sûrement par peur de changer d'avis. Enfin, ils sortirent du bureau avec l'impression de tourner une page d'eux-mêmes.

Tous les quatre alignés devant la porte, ils ne bougèrent pas pendant de longues secondes.

- Regardez nous ! S'exclama brusquement Sirius. On a l'air de vrais idiots. Ça suffit !

- T'as raison, se reprit James. On bouge.

Et sur ces simples mots, ils s'éloignèrent, plus légers. Remus se rendit compte qu'il mourait de faim et attrapa le poignet de Sirius pour regarder sa montre, celle offerte par les Potter pour ses dix-sept ans. Les étoiles du cadran accrochèrent la lumière et il vit avec satisfaction que les portes de la Grande Salle n'allait pas tarder à ouvrir. Même si le repas ne serait pas servi avant un moment, il pourrait grignoter la tablette de chocolat noisette qu'il avait dans son sac, cadeau de Lily avant l'épreuve de métamorphose.

Il réalisa qu'il ne l'avait pas vu à la fin de l'examen. Elle avait dû repartir avec les filles, mais il ne se fit aucune inquiétude. Elle aurait minimum un Effort Exceptionnel. Il aurait aimé aussi retourné voir McGonagall, au moins pour la remercier. Il se promit de se rendre à son bureau demain pour lui raconter son épreuve.

- Non, Pete, tu ne peux pas m'être passé devant à la bataille explosive. J'avais des points d'avance !

- Que tu as lamentablement perdu face à Sirius à Pâques.

- Impossible, fais voir le carnet.

- Il est dans le dortoir, tu verras par toi mê... Oh salut Dalen !

Remus releva la tête si vite que sa nuque protesta. Anaïs Dalen arrivait vers eux en sens inverse, sa cravate bleue et bronze dénouée autour de ses épaules et ses cheveux blonds ramenés en arrière. Elle leur adressa un sourire et s'arrêta.

- Salut ! Votre épreuve de métamorphose s'est bien passée ?

- Dans la poche, assura Sirius.

- Tant mieux.

Elle se tourna vers lui.

- Ca fait un moment qu'on ne s'est pas vus, désolée les Aspics m'ont un peu accaparé.

- Je comprends... moi aussi... balbutia-t-il nerveusement.

En périphérie de sa vision, il vit ses trois amis rouler des yeux, désespérés.

- T'as le temps de parler cinq minutes ? S'enquit-elle. Juste pour discuter un peu.

- Oh... Oui avec plaisir. Je vous rejoins dans la Grande Salle, les gars.

- Pas de problème ! Et attention aux placards, railla Sirius, goguenard.

Remus rougit. Il se souvenait parfaitement de leur mésaventure, coincés tous les deux dans un placard pendant plus d'une heure à cause du chat de Marlène. Sirius avait pris soin de les laisser attendre avant de les libérer. Anaïs devait aussi ce souvenir de cet épisode malencontreux car elle détourna le regard, gênée, jusqu'à ce que les Maraudeurs disparaissent à l'angle du couloir.

Lorsqu'elle osa lever les yeux vers lui à nouveau, une légère couleur rosée colorait ses joues.

- Encore désolée d'avoir un peu disparu ces derniers temps. Tes cours de soutien était vraiment géniaux, mais j'avais plein de choses à gérer...

- Vraiment, ce n'est pas grave ! Moi aussi l'année a été assez chargée.

- Tu sais qu'on m'a demandé de transformer un hérisson en pelote d'épingles pour mon épreuve de métamorphose ?

- Sérieusement ? Et alors... ?

Ils avaient travaillé cet exercice ensemble pendant des semaines durant leurs dernières semaines de cours et il eut le plaisir de la voir afficher un grand sourire.

- Parfaitement réussi, se vanta-t-elle. J'ai fait quelques erreurs, mais ce sortilège était maîtrisé !

- Je suis fier de toi ! Se réjouit-il. Oh et au fait je crois qu'on ne s'est pas vraiment croisés depuis, mais encore merci pour l'écharpe que tu m'as offert pour mon anniversaire. Je l'aime beaucoup.

Anaïs rayonna.

- Ca me fait plaisir, dit-elle. Et tu sais ce que tu vas faire l'année prochaine ?

- Pas tout à fait, mentit-il. C'est un peu compliqué, mais j'ai plusieurs pistes à approfondir pendant l'été. Et toi ?

- Je pars à Dublin. Un institut pour sorciers et sorcières diplômés proposent plusieurs formations, des stages, des choses comme ça... J'ai envie de changer d'air aussi.

Instinctivement, Remus ne put s'empêcher d'être déçu. Il avait espéré qu'elle resterait près de Londres et qu'ils auraient pu se voir de temps en temps. Elle parut le deviner car son sourire s'estompa.

- Je pense que ça sera compliqué de se voir régulièrement... Mais on pourra s'envoyer des lettres ?

- Bien sûr, oui... ça me fera plaisir.

- Génial. Tu sais... Si je ne partais pas, j'aurais bien aimé... enfin tu vois...

Entre les mots et les hésitations, il devina ce qu'elle voulait dire. Ce qu'il aurait lui-même voulu dire s'il n'apprêtait pas à s'engager auprès de l'Ordre.

- Je sais, souffla-t-il. Moi aussi.

Un long silence s'étira entre eux, rempli des possibilités qui auraient pu être mais ne seraient jamais. Finalement, Anaïs fit un vague mouvement de main et dit :

- Bon, je ferais mieux d'aller rejoindre mes amis. Ils m'attendent dans la salle commune avant le dîner. J'ai été contente de te parler en tout cas, Remus. Et encore merci pour tout ce que tu as fait pour moi.

- Plaisir partagé. Prends soin de toi et bonne chance pour l'année prochaine.

- Merci...

Le cœur léger et lourd à la fois, il amorça un geste pour s'éloigner, mais la voix de la jeune Serdaigle le retint.

- Remus ! Appela-t-elle.

- Oui ?

- Une dernière chose... Pour ce que ça vaut... Je savais et...ça ne change rien.

Il se figea. Perplexe, il fronça les sourcils, son esprit divagant immédiatement vers une idée... mais c'était impossible. Elle ne savait pas...

- Tu savais ? Répéta-t-il d'une voix rauque. Tu savais quoi ?

Elle parut mal à l'aise et jeta un regard incertain autour d'eux. Puis, très lentement, elle répondit dans un murmure.

- Rien de particulier. Juste, tu ne trouves pas que les pleines lunes sont magnifiques ? La lumière nocturne dans le parc est vraiment belle, on voit tout depuis la tour de Serdaigle.

Sur ces mots, elle tourna les talons. Comme foudroyé sur place, il la regarda s'éloigner sans la retenir, incapable de comprendre pleinement ce qu'elle venait de lui faire comprendre à demi-mots. Dans un état second, il se remit en marche vers la Grande Salle et traversa le Hall sans s'en rendre compte. Il avait mis les pieds dans la salle commune de Serdaigle une seule fois lors d'une fête organisée en cinquième année. Il avait fait plus attention au dôme parsemé d'étoiles qu'à la vue sur le parc, mais il réalisa que la tour donnait sur le saule cogneur. Anaïs l'avait-elle vu une nuit de pleine lune par un soir d'insomnie ? Ou avait-elle deviner comme Lily en assemblant les indices et en regardant les calendriers lunaires ? Dans un cas comme dans l'autre, elle l'avait accepté. Elle n'avait rien dit à personne et avait gardé le silence même envers lui, elle avait continué à venir à leurs cours de soutien et à lui parler normalement. Les larmes aux yeux, sans savoir si c'était de peur, de colère ou de joie, Remus entra dans la Grande Salle.

Instinctivement, il se laissa guider par les rires de Sirius pour retrouver ses amis. Les filles étaient déjà là aussi et Alexia était en train d'imiter son inspecteur de métamorphose. Elle s'interrompit pourtant d'elle-même en le voyant arriver.

- Oh Remus, ça s'est mal passé ? S'inquiéta-t-elle. Tu as loupé un sortilège ?

- Non... Non désolé, je pensais à autre chose.

- Mais ça va ? Insista Lily, les sourcils froncés.

- Oui oui, la rassura-t-il, je vais juste prendre un peu de chocolat.

Joignant le geste à la parole, il posa devant lui la tablette qu'elle lui avait donnée et croqua doucement dans un carré. Le goût savoureux de la noisette se répandit sur sa langue. A sa gauche, Peter lui donna une tape réconfortante dans le dos et glissa un petit carnet vers lui.

- Je suis allé le chercher au dortoir, dit-il. Regarde, ça va te remonter le moral ! Tu es premier à la bataille explosive.

Remus sourit.

- Et encore une victoire ! James, Sirius, vous me devenez deux noises.

- Tu m'énerves, Lunard, maugréa James.

Alors qu'il empochait ses gains, Remus décida de reléguer le cas d'Anaïs Dalen au fond de son esprit. Ce n'était pas le moment et il était heureux de la façon dont les choses s'étaient terminées. Il la reverrait peut-être un jour, mais les destins se croisaient parfois sans se rejoindre. Il n'avait qu'à être patient.

Sur cette pensée philosophique, il avala un nouveau carré de chocolat juste au moment où les plats apparaissaient. Ravi, il allait se jeter sur l'entrée la plus proche lorsque Dumbledore se leva et se rapprocha du pupitre. Les élèves se tournèrent vers lui, impatients. Pour une fois, le repas n'était pas au cœur des préoccupations.

- Bonsoir à tous, déclara-t-il de sa voix puissante, sa barbe planche impeccablement en place. Je ne vais pas vous faire l'affront d'étirer ce moment en un long et ennuyeux discours. Tout le monde ici brûle, j'en suis sûr, de connaître le fin mot de ce Tournoi. Avant d'annoncer les résultats, j'aimerais toutefois féliciter chacun et chacune d'entre vous. Au-delà de l'équipe de chaque maison, tous les élèves ont participé à cette compétition en soutenant leurs champions, en gagnant des points et en aidant les autres. Cet esprit d'entraide est votre plus grande ne l'oubliez jamais.

Le regard de Remus dévia vers la table des Serpentard. Rogue et Regulus étaient assis à quelques mètres l'un de l'autre. Au début de l'année, il n'aurait jamais cru que ces deux-là les aideraient. Pourtant, malgré tout ce que Dumbledore pouvait dire, il n'était pas sûr que l'entraide serait encore possible une fois dehors.

- Mais passons à ce que vous attendez : le classement.

En face de lui, Remus vit James et Sirius se mettre à faire un bruit de tambour. Imités par plusieurs élèves, une tension joyeuse monta d'un cran.

- Merci bien, dit Dumbledore, amusé. Les points sont donc la combinaison de ceux remportés durant les cinq épreuves et ceux récoltés tout au long de l'année. Avec 670 points et n'ayant pu terminer la dernière épreuve à cause de... circonstances particulières, Serpentard est quatrième. Leur détermination durant tout ce Tournoi mérite d'être grandement saluée. Bravo Serpentard.

D'abord timides, les applaudissements se renforcèrent. Surpris, Remus regarda autour de lui. Les autres ne le faisaient visiblement pas de guetter de cœur, mais ils avaient l'air de vouloir mettre un point d'honneur à être fair-play. Seule Marlène, un peu plus loin à sa gauche, applaudissait avec ferveur, le regard rivé vers Regulus qui eut un rictus amusé en la remarquant. Personne d'autre ne paraissait pourtant avoir remarqué ce bref échangé et Remus détourna les yeux.

- La bataille pour la troisième place a été rude. Seuls dix points séparent les troisièmes et les deuxièmes.

Tout le monde retint son souffle.

- Mais avec 730 points, Serdaigle remporte la troisième place. Leur esprit d'initiative aura été sans pareil. Félicitations à eux.

Cette fois-ci, une véritable vague de déception déferla dans les rangs à la table des bronze et bleu. Les autres eurent beau applaudir, les expressions dépitées en disaient long. Remus ne put que partager leur peine en pensant à Tiberius Ackerley. Il remarqua que le présentateur de Quidditch n'était même pas descendu dîner et son ventre se serra.

- Avec peu d'avance donc, mais suffisamment pour se hisser à la seconde place avec détermination et travail : Poufsouffle et 740 magnifiques points !

Une explosion de joie retentit à la table des Poufsouffle, incrédules d'avoir réussi à battre Serdaigle sur les points scolaires. Au loin, Remus vit même Charlotte Shelton adresser un sourire narquois à son frère, renfrogné. Autour de lui, le bruit était assourdissant. Les Gryffondor avaient naturellement compris que la victoire leur appartenait et n'attendaient pas l'annonce du directeur pour exprimer leur joie. Des chapeaux étaient lancés en l'air, voltigeant sous les bougies étincelantes et Remus sentit l'euphorie le gagner alors que Lily se jetait dans ses bras.

- On a gagné !

- Gryffondor ! Gryffondor ! Chantèrent les élèves.

Sur l'estrade des professeurs, Dumbledore souriait.

- Un peu de clame, s'il vous plait...

Peine perdue. Les élèves continuèrent à scander le nom de leur maison et Dumbledore se décida donc à parler au-dessus du vacarme pour annoncer avec force :

- Le Tournoi est donc remporté par la maison Gryffondor. 785 points ! J'appelle l'équipe à venir chercher son trophée.

Il renchérit son invitation d'un geste bienveillant et Remus se leva mécaniquement, accompagné de Lily, James, Sirius et Mary McDonald. Tous les cinq, ils remontèrent entre les tables sous les applaudissements jusqu'à l'estrade où le professeur Dumbledore les attendait, le trophée dans les bras. Légèrement plus grand que celui de Quidditch, il était tout en or, et une plaque gravée sur son pied indiquait : « Gryffondor – Vainqueur du Tournoi de Poudlard – 1978 ».

- Pour votre assiduité, votre inventivité, vos talents et votre esprit d'entraide ; je vous remets ce trophée au nom de l'école en vous félicitant à nouveau.

Avec fierté, James s'empara du trophée et le souleva à bout de bras. Tous les Gryffondor bondirent sur leurs pieds pour crier leur joie. Remus regarda James faire un tour d'honneur le long de l'estrade, habitude acquise grâce au Quidditch, et Lily soupira sans cesser de sourire. Il lui donna un coup de coude, histoire de lui faire comprendre qu'elle pouvait indulgente et que James avait bien le droit de se pavaner juste ce soir.

Dans le fond de la salle, plusieurs personnes scandèrent leur nom et demandèrent à lever le trophée plus haut pour qu'ils puissent mieux voir. James tenta bien de se mettre sur la pointe des pieds, sans succès, et Sirius s'avança alors. Il fit signe à James de monter sur ses épaules. Catastrophés, Remus se précipita avec Lily pour aider James à monter sans se casser la figure. Emporté par l'euphorie générale, il ne put que rire en voyant James tanguer dangereusement mais Sirius le maintenu avec force pour qu'il puisse lever le trophée bien haut.

- J'aurais été moins lourde à porter, Lily aussi, remarqua Mary en riant. Quels imbéciles !

- Tu ne voudrais pas enlever une occasion à James de faire l'intéressant ? Rétorqua-t-il de bon cœur.

Comme pour lui donner raison, et à peine redescendu au sol, James se dirigea vers le professeur McGonagall. Cérémonieusement, il mit un genou à terre et lui présenta le trophée sous l'œil amusé de tous leurs camarades. Quelqu'un siffla dans la foule.

- Pour vous, professeur, déclara-t-il. C'est aussi votre victoire.

- Oh allons, Potter, relevez-vous, rabroua McGonagall, même si un sourire franc et rare ourlait ses lèvres. Croyez bien que ce trophée va se retrouver en bonne place dans mon bureau. Mais ce n'est pas devant moi que vous devriez mettre un genou à terre, surtout devant miss Evans.

Remus éclata de rire devant la tête de James, choqué par cette soudaine répartie. Ecroulé contre Sirius qui riait aussi, ils virent leur professeur McGonagall tendre ensuite le trophée à Mary qui le passa elle-même au premier élève de Gryffondor derrière elle. De main en main, il traversa la table sous les applaudissements et Remus ne sentit jamais aussi fier que d'appartenir à cette maison. 

Petite note de fin : vous pourrez retrouver Julian et Charlotte Shelton dans ma nouvelle fanfiction bientôt!
Merci à tous.

Anna'

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