Tome II - Chapitre 37: La fugitive


Et voilà le dernier chapitre! Merci encore à tous de me lire et de commenter, ça me fait très plaisir. On se retrouve bientôt pour l'épilogue ^^

Chapitre XXXVII : La fugitive

Le chaos qui suivi fut indescriptible. Les gens se bousculaient pour tenter de sortir des gradins ou pour voir ce qui se passait sur le terrain et les cris rebondissaient en échos de tous les côtés. James sentit quelqu'un lui donner un coup d'épaule et il manqua de trébucher alors qu'il essayait de garder la main de Lily dans la sienne pour ne pas la perdre. Il raffermit sa prise.

- James, par-là, lui cria-t-elle par-dessus le bruit.

Il se laissa entraîner, tentant en vain de ne pas rentrer dans les gens. Devant eux, il distinguait vaguement Remus qui ouvrait la voie, Dorcas et Marlène sur les talons. Il espérait que Peter et Alexia étaient toujours derrière lui.

- Il faut qu'on arrive à rejoindre le terrain, dit-il. Sirius est toujours en bas.

- Il nous retrouvera. Pour l'instant, on doit guider les élèves.

- Mais...

- James, on est préfets-en-chef. Il faut qu'on aide à rétablir le calme avant que quelqu'un soit blessé.

Comme toujours, Lily avait raison. Il hocha la tête à contrecœur.

James monta sur un banc et surplomba la foule, puis il se mit à crier pour obtenir l'attention des autres. Plusieurs regards étonnés se levèrent vers lui. A quelques mètres, Remus parut réaliser ce qu'il faisait et l'imita immédiatement. En une dizaine de minutes, ils réussirent à guider la plupart des élèves de leur côté du stade vers la sortie.

Tandis qu'il faisait la circulation, James essaya d'arrêter de penser. Il ne voulait plus voir le corps de Gemma, ni l'expression de Sirius quand il avait réalisé la forme de son épouvantard, et encore moins l'air horrifié d'Elizabeth Yaxley. Il tournait fermement le dos au terrain pour ne pas voir où en étaient les Aurors.

- Je crois que c'est bon, on peut y aller... souffla Lily. Tu viens ?

- J'arrive...

Malgré sa résolution, il ne put s'empêcher de jeter un œil derrière lui en contrebas. Alastor Maugrey se tenait au milieu de la pelouse, dans l'axe des poteaux. Il était en train d'hurler sur un de ses collègues, mais le vent emportait ses cris, et James n'arriva pas à distinguer ce qu'il disait. Il espérait que ce n'était pas une condamnation imminente pour Elizabeth. De toute façon, l'enquête qui allait suivre devrait l'innocenter... et désignerait le véritable coupable. James avait promis à Sirius de ne pas dénoncer son frère et il ne l'aurait jamais fait... Pourtant, une part de lui ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain soulagement. Le meurtre de Gemma ne resterait pas impuni.

Quand ils passèrent les portes du hall, un peu après tout le monde, des dizaines d'élèves étaient massés au pied des escaliers et parlaient à tort et à travers. Il saisit les noms de Gemma et d'Elizabeth au vol.

Lily arrêta une fille de Serdaigle qui passait.

- Excuse-moi... Qu'est-ce qui se passe ?

- Je ne sais pas trop... Certaines personnes qui étaient au premier rang racontent ce qu'ils ont vu... Apparemment, elle s'est échappée.

- Quoi ? S'exclama James. Qui ?

- Yaxley. Elle s'est mise à courir dès que les Aurors ont voulu l'arrêter et ils n'ont pas pu la stupéfixier à cause du dôme protecteur autour du terrain de l'épreuve. Elle s'est enfuie, ils sont en train de la chercher.

James sentit son estomac se contracter.

- Mais...

- Excusez-moi ! Résonna soudain une voix.

Tout le monde se retourna. Le professeur Slughorn se tenait près des portes, juste à côté des sabliers. La lueur des émeraudes de Serpentard lui donnaient un air maladif.

- En raison des récentes... révélation, commença-t-il en s'épongeant le front, et de la situation actuelle, nous vous demandons de regagner vos salles communes dans le calme afin de laisser les Aurors travailler au mieux. Si l'un d'entre vous sait quoique ce soit ou est en possession d'une information concernant où se trouve miss Yaxley, surtout venez en informer un professeur. Il est interdit de sortir du château jusqu'à nouvelle ordre également. Les sorties sont solidement gardées, je vous conseille de rester dans votre salle commune si possible et de ne pas vagabonder dans les couloirs. Merci à tous.

Un moment de flottement suivit les paroles de Slughorn, puis les élèves commencèrent à se disperser, toujours en chuchotant entre eux. James, lui, serait resté immobile à fixer les sabliers si Lily ne l'avait pas une fois de plus tirer par la main pour qu'il la suive.

Ses pensées valsaient dans sa tête à toute vitesse. Elizabeth avait réussi à s'échapper malgré les Aurors présents et était désormais en fuite... pour un crime qu'elle n'avait pas commis. Si le destin de Regulus n'avait pas été en jeu, il serait sans doute aller voir Maugrey, mais sa promesse faite à Sirius le retenait de toute façon.

Incapable d'arrêter les images qui lui venaient à l'esprit, il revit encore une fois Sirius devant son épouvantard. Devant ses épouvantards. Il avait cru connaître Sirius par cœur, et pourtant les deux formes l'avaient pris par surprise. Les peurs les plus fondamentales de son meilleur ami l'avaient pris par surprise...

- On monte dans ton dortoir ? Les autres y sont tu crois ?

- Hum ? Oui... oui... répondit-il distraitement.

Lily ne commenta pas et se contenta de passer devant lui dans les escaliers. Personne ne fit attention à cette entorse au règlement dans un moment pareil. De toute façon, il était préfet-en-chef, il n'aurait qu'à s'enlever des points à lui-même.

En entrant dans sa chambre, il constata que Lily avait raison. Remus, Peter et Marlène étaient tous les trois déjà là.

- Dorcas... ? Commença Lily nerveusement.

- Elle est partie voir si Lucinda va bien, rassura Marlène. Mais... Sirius n'est pas avec vous ?

- Non... On pensait qu'il reviendrait tout seul, il était sur le terrain en bas...

- Il a dû aller faire un tour, dit Remus d'une voix apaisante en voyant le regard inquiet de James. Je suis sûr qu'il ne va pas tarder. Alexia vient de partir voir si elle le trouvait...

- Tout le château est bouclé, il ne peut pas aller bien loin, ajouta Lily. Il va revenir.

Ils se regardèrent tous, comme pour essayer de rassurer mutuellement. Personne n'avait par contre l'air de vouloir être le premier à crever l'abcès et James sentait les mots se bousculer dans sa bouche, mais Peter fut le premier à craquer.

- Est-ce qu'on va parler de ce qui s'est passé ? Demanda-t-il, incertain.

- Quoi ? De Gemma Ackerley qui apparaît comme ça ?

- Non, je veux dire... les épouvantards de Sirius ? Lui-même et son frère ? C'est... étrange, non ?

Remus détourna les yeux et James se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise. Sans un mot, il traversa la pièce pour venir se percher sur le rebord de la fenêtre et son regard se porta sur l'extérieur. Dans le parc, au loin, il repéra deux Aurors qui patrouillaient.

- Ca ne m'a pas semblé si surprenant que ça... dit Marlène lentement, comme si elle n'était pas sûre que son avis importe sur la question.

- Comment ça ?

- Je veux dire... Il n'avait pas peur de lui-même. Son double portrait la marque des ténèbres, on l'a tous vu. Il avait peur de ce qu'il aurait pu être.

- Ou de ce qu'il pourrait être, dit Lily d'un souffle.

James resta figé. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas et ça le perturbait au plus haut point. Il avait toujours compris Sirius, il le connaissait par cœur. Alors pourquoi Marlène et Lily avaient l'air de trouvé ça normal contrairement à lui ?

- Ca n'a de sens, protesta-t-il. Sirius n'est pas comme ça. Il le sait.

- Une peur n'est pas rationnelle, James. Surtout une peur aussi profonde.

- Et Regulus ?

- Celle-là aussi est assez clair, dit Marlène avec douceur. Ce n'est pas de son frère en tant que tel qu'il a peur. C'est du souvenir d'un enfant à qui il avait promis de ne jamais l'abandonner. Il n'a pas tenu sa promesse...

- Il n'a pas brisé sa promesse, coupa Peter sèchement.

- Sa mère l'a jeté dehors, ajouta Remus, sur la défensive. Nuance.

- Et ce que vous dites est encore une fois la version rationnelle. Mais Lily a raison. Les peurs ne le sont pas et Sirius a toujours eu une relation compliquée avec Regulus. Pas étonnant que... qu'il ressente ça...

James commençait à comprendre où elles voulaient en venir. Il supposait qu'à force d'être si proche de Sirius, de partager son point de vue, ils avaient tous oublié de prendre du recul. Et surtout, à force de prétendre que Sirius était comme son frère, il avait sans doute oublié qu'il en avait déjà un...

Brusquement, la porte s'ouvrit à nouveau et Alexia se glissa dans la pièce. James devina ce qu'elle allait dire rien qu'en voyant son expression.

- Je ne l'ai pas trouvé...

- Vous croyez qu'il est resté avec les autres champions ? Marmonna Peter.

Alexia secoua la tête.

- Ils sont tous retournés dans leur salle commune... Enfin à part Yaxley évidemment mais...

- James, la carte, dit Remus. On ne va pas perdre plus de temps. Regarde où il est.

Instinctivement, James voulut tendre la main vers la malle au pied de son lit, mais il se rappela soudain pourquoi il ne s'était pas servi de la carte plus tôt.

- C'est Sirius qui l'a...

- Oh Merlin ! Jura Remus, exaspéré.

**

*

Sirius jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, s'assurant que personne ne les suivait. Le seul bruit dans le couloir était celui de leurs pas contre le sol en pierre.

- Regulus, siffla-t-il Où est-ce qu'on va, bon sang ?

- Deux minutes... On y est presque. S'il te plaît.

Il serra la mâchoire, mais continua à suivre son frère, se traitant mentalement d'idiot au passage. Il ne savait pas pourquoi il acceptait. Le « s'il te plait » sans doute... Jamais Regulus ne se serait résolu à le prononcer si ce n'était pas important. A moins que ça ne soit le souvenir encore vivace dans son esprit de son épouvantard qui lui faisait baisser la garde.

Dès que Regulus était venu le chercher en plein milieu de la foule qui tentait de sortir du terrain dans un chaos infernal, il avait su que quelque chose se passait. Il avait d'abord cru que son petit frère avait peur d'être arrêté par les Aurors, qu'Elizabeth le dénonce, mais il ne lui avait demandé qu'une chose : « suis-moi et ne pose pas de question ».

Sa première réaction avait été de l'envoyer balader. Encore une fois. Il avait été clair lors de la dernière conversation. Il ne voulait plus de Regulus dans sa vie, plus après ce qu'il avait fait, ce qu'il était devenu. Mais encore une fois également, sa promesse faite une nuit d'orage l'avait poussé à obtempérer.

Malgré tout, Sirius plongea la main dans sa poche et ses doigts se refermèrent autour de sa baguette, juste au cas où. Il allait à nouveau s'impatienter lorsque Regulus s'arrêta devant une simple porte en bois. Par expérience, il savait que toutes les salles de classe qui se trouvaient dans cette partie du château étaient inexploitées.

- Reg... s'impatienta-t-il.

- Panique pas, d'accord ?

- Quoi... ?

Regulus poussa la porte d'un coup d'épaule et entra dans la pièce. Sur ses gardes, Sirius l'imita. Les rideaux étaient tirés et obstruaient les fenêtres, mais par un interstice un rayon de soleil éclairait suffisamment pour qu'il arrive à distinguer ce qui se trouvait autour de lui. Un vieux canapé vert, un tableau dont les battants étaient rabattus, une table aux pieds branlants. Et là, presque collée au mur comme si elle voulait disparaître... Elizabeth Yaxley.

- Merlin...

- Je peux expliquer, dit Regulus avec empressement. Les Aurors allaient l'arrêter, je ne pouvais pas la laisser...

- ... être jugée pour un crime que tu avais commis ? Termina-t-il d'une voix tranchante.

Son frère eu la décence de baisser les yeux. Sirius sentit la panique accélérer son rythme cardiaque.

- Il voulait juste m'aider.

Elizabeth s'avança. Elle n'avait plus rien à voir avec la championne de Serpentard, impeccable sous tous rapports, d'il y a une heure. Ses cheveux étaient décoiffés et son visage reflétait l'expression d'un animal traqué. Sous son uniforme, son ventre arrondi, que plus personne ne pouvait ignorer, rendait l'image encore plus pathétique. Elizabeth Yaxley avait chuté de son piédestal.

- Et vous allez vous retrouver tous les deux à Azkaban, rétorqua-t-il, furieux. Les Aurors sont littéralement partout dans le château à sa recherche !

- Mais elle n'a pas tuée cette fille !

- Gemma Ackerley, Reg. Cette fille avait un nom. Et je sais très bien qu'elle ne l'a pas tuée, mais toi oui ! En plus elle était avec toi à ce moment-là. Ça ne la rend pas innocente !

- C'est pour ça qu'on a besoin d'aide... Tu pourrais la faire sortir du château ?

Sirius en resta sans voix et il se contenta de dévisager Regulus. Un rire incrédule lui échappa.

- Tu m'as pris pour Merlin ? Comment est-ce que tu veux que je la fasse sortir alors que Maugrey surveille chaque porte et fenêtre de ce maudit château ?

- Ne joue pas les idiots non plus, contra Regulus. Tu connais des passages, pas vrai ? Des passages secrets ? Tu pourrais la faire sortir par là. Elle n'aurait plus qu'à transplaner depuis Pré-au-Lard.

- Reg...

- C'est ça ou la livrer aux Aurors ! Et moi et son bébé avec par la même occasion.

Sirius se détourna, incapable de réfléchir clairement.

Soudain, à la mention du bébé, son regard glissa presque mécaniquement sur le ventre arrondi d'Elizabeth et il dévisagea les deux Serpentard en face de lui tandis qu'une idée lui traversait brusquement l'esprit. Il désigna la jeune fille d'un geste vague.

- Pitié... ne me dis pas que... que tu... je veux dire, le bébé...

Regulus écarquilla les yeux, horrifié. Pendant une seconde, Sirius eut la vision de l'expression de son petit frère, âgé de sept ans, lorsque Narcissa lui avait révélé comment on faisait les enfants.

- Merlin non ! S'écria-t-il. C'est Rosier, pas moi ! Bon sang, Sirius !

- Quoi ? Tu m'amène une fille enceinte en me disant qu'il faut que je t'aide... c'était ambigu.

- Je vous assure que l'enfant est d'Evan, intervint Elizabeth en roulant des yeux.

Sirius retint un soupir de soulagement tandis que Regulus frissonnait à nouveau d'un air traumatisé. Si la situation n'avait pas été si grave, si rien n'avait changé, Sirius aurait sûrement éclaté de rire.

- Très bien, dit-il, résigné. Admettons que je l'aide. Qu'est-ce qu'elle fera une fois en dehors du château ? Les Aurors ne vont pas juste abandonner comme ça.

- Je transplane, répondit Elizabeth d'une voix ferme. Je rejoins Evan. On avait déjà envisagé de partir précipitamment au cas où... on pensait que ça serait à cause de mon père mais... Enfin, il a de la famille en France et en Espagne, et je crois que j'ai une tante aux Etats-Unis. Je quitte le pays, je disparais. Je recommence.

- Je ne sais pas si ça peut être aussi simple...

- Non, mais c'est mon seul espoir, contra-t-elle.

Sirius savait au fond de lui qu'elle avait raison. Elle était coincée entre les Aurors et Voldemort, la fuite hors du pays restait donc sa seule solution.

- Le Ministère a des liens avec les autres pays. Ils pourraient te retrouver même à l'étranger...

- C'est vrai, mais ils n'ont aucune preuve pour leur dossier. Ce n'était qu'une peur, ils n'ont aucun moyen de prouver que c'est un souvenir sans plonger dans mon esprit, et c'est interdit par la loi s'ils n'ont aucune preuve. Ils sont coincés. En plus, s'ils examinent ma baguette et les sorts que j'ai jeté, ils ne trouveront rien non plus...

Regulus piétina sur place, gêné, et Sirius se tourna vers lui.

- Quoi ?

- Ils ne trouveront pas de de sortilège fatal, concéda-t-il lentement, mais... le Doloris n'était pas légal...

Sirius blêmit.

- Vous lui avez jeté... Oh Merlin...

- Les mangemorts ne m'auraient pas laissé juste regarder les bras croisés, se défendit Elizabeth. Et un sortilège de torture n'est pas un meurtre. Ma famille ne les laisserait pas faire non plus pour ça... Si l'accusation ne repose que sur le Doloris, mon père donnera quelques pièces au juge et ça sera terminé. Ils pourraient m'arrêter, mais tu crois vraiment qu'ils prendront la peine de me chercher à l'autre bout du monde avec ce qui se passe en ce moment ? Par contre, Vous-Sais-Qui risque de venir après moi... C'est plus sûr si je disparais à l'étranger.

De toute évidence, Elizabeth avait longuement réfléchi à la question et Sirius se demanda depuis quand elle prévoyait ce plan de secours. Il se demanda aussi depuis quand il se retrouvait impliqué dans la couverture d'une affaire de meurtre.

Une douleur commençait à lui marteler la tête et il porta ses mains à ses tempes, épuisé. Juste un instant, il considéra véritablement l'idée de partir, de les laisser se débrouiller, mais il savait qu'ils n'y parviendraient pas, tout simplement parce qu'ils ne connaissaient pas le château aussi bien que lui... et surtout parce qu'ils n'avaient pas de carte du Maraudeurs avec eux.

- D'accord, souffla-t-il. On va le faire. Mais vous me suivez, vous faites ce que je vous dis, et surtout on se dépêche. Plus tôt on la fait sortir, plus on a de chances de réussir.

- Pas de problème, accepta Elizabeth en hochant vigoureusement la tête. Fais-moi sortir d'ici.

Sirius plongea la main dans sa poche arrière et attrapa la carte avant de se détourner pour l'ouvrir. Dans son dos, il entendit Regulus murmurer quelque chose à Elizabeth, mais il se concentra plutôt sur l'encre qui se déployait sur la carte. Il repéra Maugrey immédiatement dans le bureau de Dumbledore et il pria intérieurement pour qu'ils y restent un moment.

Un peu partout dans les couloirs, des individus circulaient, et Sirius devina qu'il s'agissait des Aurors. Pourtant, les alentours du passage de la sorcière borgne étaient étonnement dégagés. Il prit sa décision en une seconde.

- On y va, déclara-t-il. Vite.

- Déjà ?

- Suivez-moi... Non, attends Yaxely ! On va te jeter un sortilège de désillusion, juste au cas où. Reg, tu sais... ?

- Je m'en occupe.

Regulus sortit sa baguette et la pointa sur Elizabeth qui fut parcouru d'un frisson avant que sa silhouette ne semble se confondre avec celle du vieux canapé vert à mesure qu'elle s'effaçait presque. Sirius approuva d'un hochement de tête, satisfait. Il espérait quand même qu'ils ne croiseraient personne car n'importe quel élève ne manquerait pas de relever l'étrangeté de la situation s'il voyait les deux frères Black se balader ensemble.

Prudemment, il ouvrit la porte de la salle puis jeta un coup d'œil au couloir désert et ils se mirent en route. A ses côtés, Regulus gardait les yeux droits devant lui, le visage imperturbable, mais Sirius le connaissait assez pour voir qu'il était tendu.

Ils atteignirent le troisième étage sans encombres, ni rencontrer personne. Même Peeves resta en dehors de leur chemin. Ils s'apprêtaient juste à tourner à l'angle du dernier couloir lorsqu'une voix résonna dans leur dos :

- Sirius !

Sirius se figea en même que Regulus... et sûrement Elizabeth, même s'il n'arrivait pas réellement à voir où elle se trouvait désormais. Il avait reconnu la voix, évidemment. Le cœur battant à tout rompre, il se retourna, dépourvu d'expression, et les poings enfoncés fermement dans les poches pour éviter que ses mains ne se mettent à trembler.

- Fleamont... Qu'est-ce que vous faites là ?

D'une démarche assurée, Mr Potter arriva à leur hauteur. Il haussa un sourcil et son regard dériva brièvement sur Regulus qui redressa le menton, inflexible.

- Je pensais que c'était évident, dit-il finalement avec un demi-sourire. Les Aurors ont été appelés en renfort, je suis venu superviser les équipes pour retrouver la jeune fille recherchée. Mais je te retourne la question. Je croyais que la consigne était que les élèves devaient retourner dans leur salle commune ?

Sirius déglutit. Il détestait mentir au père de James qui l'avait toujours soutenu.

- On nous a juste conseillé de limiter nos déplacements, corrigea-t-il, mal à l'aise. Ce n'était pas obligatoire de rester dans la salle commune...

- Et donc tu devais aller quelque part ?

- Ca vous concerne ?

- Reg ! S'indigna-t-il. Merlin, tais-toi ! Désolé, ajouta-t-il précipitamment.

Mais visiblement le ton effronté et froid de Regulus n'était pas suffisant pour que Fleamont perde son sourire. Il se contenta de les fixer un peu plus avec insistance, comme s'il essayait de résoudre un problème d'arithmancie particulièrement complexe.

- Regulus Black, je présume ? Dit-il en tendant la main. Je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrés. Enchanté.

Pendant une seconde, Sirius fut persuadé que son frère allait refuser de serrer la main à Mr Potter. Pourtant, lentement et avec réticence, Regulus tendit le bras mais garda la bouche fermé, la mâchoire contractée.

- Je sais bien que ça ne me concerne pas... mais qu'est-ce que vous faites ici alors que tout le château est en alerte ?

- On... on allait...

- On passait du temps ensemble dans l'enceinte de l'école, comme on a parfaitement le droit, rétorqua Regulus d'un ton cassant. Quoi ? Ça aussi vous allez me le prendre ?

Sirius se retint sérieusement de l'envoyer dans le mur.

- Pas du tout, assura Fleamont en levant les mains en signe d'apaisement. Tu as raison. Mais j'insiste, tous les Aurors sont en train de patrouiller et je ne voudrais que vous ayez des ennuis. Allez en salle d'étude ou à la bibliothèque, d'accord ?

- Oui, bien sûr...

Rassuré, Fleamont posa brièvement sa main sur l'épaule de Sirius, comme un geste de réconfort ou d'approbation, il ne savait pas trop, puis il reprit son chemin et s'éloigna jusqu'à disparaître à l'angle du couloir.

Sirius sentit la tension quitter son corps et il expira de soulagement. Il jeta un coup d'œil en biais à son frère qui avait les bras croisés sur la poitrine, sur ses gardes.

- C'est bon ? Tu as fini ta crise d'ado ? Demanda-t-il, exaspéré.

- Où est Yaxley ? Répliqua Regulus en l'ignorant.

Ils tournèrent sur eux-mêmes sans rien voir, jusqu'à ce qu'une présence les frôle soudain sans prévenir.

- C'est moi, chuchota Elizabeth. Je m'étais éloignée, juste au cas où...

- Raison de plus de se dépêcher avant de croiser quelqu'un d'autre. Venez.

La statue de la sorcière borgne n'était plus qu'à quelques mètres. Ils l'atteignirent, le cœur oppressé par une tension croissante, et Sirius ouvrit le passage en vitesse. Il sentit Elizabeth se glisser sur sa droite pour entrer dans le tunnel. Le sortilège de désillusion s'effaça, les laissant voir à nouveau la jeune fille, baguette à la main et une moue inquiète accrochée aux lèvres.

Sirius jeta un dernier regard à la carte avant de la refermer.

- Tu as juste à aller tout droit, souffla-t-il, et tu ressortiras dans la réserve d'Honeydukes. Des Aurors doivent être en route pour Pré-au-Lard maintenant, tu ferais mieux de te dépêcher. Dès que tu seras en mesure de transplaner, fais-le. Rejoins Rosier et quitte le pays au plus vite.

- Les choses devraient se tasser, ajouta Regulus, nerveux. Comme tu l'as fait remarquer, ils n'ont aucune preuve contre toi.

Elizabeth acquiesça.

- Merci... murmura-t-elle. Merci pour tout.

Elle commença à s'éloigner. Sirius s'apprêtait à refermer le passage quand Regulus s'élança en avant et la rattrapa par le poignet, la forçant à se retourner une dernière fois.

- Yaxley... Promets-moi quelque chose...

- Oui... ?

- Ne laisse pas Evan gâcher ta vie, dit-il avec ferveur.

Sirius déglutit. Il aurait tellement aimé retourner le même conseil à son frère, tout en sachant que ça ne servirait pas plus que les fois précédentes. Parfois, les personnes étaient incapables de suivre elles-mêmes ce qu'elles demandaient aux autres.

**

*

Derrière les vitres du dortoir, James regardait l'amoncellement des nuages noirs au loin, au sommet des montagnes. Un orage ne manquerait pas d'éclater dans la soirée. Littéralement et métaphoriquement, souffla une petite voix dans sa tête. Il soupira et Lily lui adressa un sourire contrit depuis le lit sur lequel elle était assise.

Ils étaient tous dans leur dortoir depuis au moins une heure à attendre des nouvelles de Sirius. James avait décidé intérieurement que si son meilleur ami n'était revenu d'ici dix minutes, ils iraient de toute façon le chercher, même s'il devait retourner toute le château.

Marlène les avait maintenant rejoints après avoir laissé Dorcas avec Lucinda. James croisa son regard en se détournant de la fenêtre. Il allait lui demander si elle voulait venir avec lui arpenter les couloirs quand la porte se rouvrit une nouvelle fois.

- Sirius ! S'exclama Alexia en bondissant sur ses pieds.

Surpris, il vacilla sur ses pieds alors qu'elle se jetait contre lui et enroulait ses bras autour de son cou.

- T'étais où ? Demanda Remus. On t'a pas vu sortir du terrain, les Aurors...

- Je sais, coupa Sirius d'une voix rauque. J'étais...

Il s'interrompit et ses yeux balayèrent toutes les personnes présentes. Les Maraudeurs, Lily, Alexia, Marlène... Le silence se prolongea et James sut que quelque chose n'allait pas, comme il comprenait toujours quand quelque chose s'était passé avec Sirius et qu'il refusait d'en parler.

- J'ai fait un tour, dit-il finalement, faute de mieux.

James retint un haussement de sourcil face à ce mensonge éhonté. Un pressentiment germa dans son esprit et il se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer. L'absence de Sirius et l'apparition de Gemma sous forme d'épouvantard lors de l'épreuve ne pouvaient pas être une coïncidence pour la simple raison que Regulus était le seul point commun entre les deux.

- Et Alex, tu pourrais aller chercher des chocolats chauds en cuisine ? Demanda-t-il. Je pense que tout le monde en a besoin non ? Peter peut t'accompagner...

- Mais...

- Bonne idée, intervint Remus. J'aimerais bien du chocolat aussi.

James remercia Remus d'un regard. Les protestations d'Alexia et Peter s'évanouirent d'ailleurs dès la demande de Remus, comme s'ils venaient de se souvenir que la pleine lune tombait bientôt, et ils acceptèrent immédiatement.

Dès que la porte se referma derrière eux, James jeta un sort d'insonorisation.

- C'est bon, Alex n'est plus là... Donc ? T'étais où ?

- James...

- Yaxley a disparu. Personne ne sait où elle est, les Aurors la cherche. Et toi... tu es allé faire un tour ?

Sirius baissa les yeux.

- Arrête, si tu connais déjà la réponse, pourquoi tu te donnes la peine de demander ? Grommela-t-il.

- Oh Merlin tu l'as fait... Tu l'as aidé ? Où elle est ?

- Normalement elle devrait être arrivée à Pré-au-Lard maintenant... Elle doit avoir transplané et si elle réussit elle aura quitté le pays dans une heure.

- Quoi ?

- Elle était innocente, tu le sais...

- Ne pas avoir jeté le sortilège elle-même ne la rend pas innocente, Sirius ! Elle restait liée aux mangemorts, elle aurait pu témoigner.

- Et risquer qu'ils arrêtent... Regulus ?

James sentit son ventre se serrer. Il savait que Sirius avait raison. Malgré son indignation, il savait qu'il n'aurait pas pu dénoncer Regulus.

- C'était la dernière fois, Cornedrue, assura Sirius. Je lui ai dit. Mais je devais l'aider... je devais l'aider parce que... la prochaine fois qu'on se verra, j'en serai incapable, on ne sera plus dans le même camp... C'était la dernière fois...

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