Tome II - Chapitre 31: Noble rencontre à Sainte-Mangouste



Merci à tous de lire et de me soutenir, vous êtes géniaux!! Bonne lecture :)

Chapitre XXXI : Noble rencontre à Saint-Mangouste

- James, elle ne voudra jamais... Laisse tomber.

- Chut !

James agita la main pour lui ordonner de se taire, l'oreille plaquée contre la porte en bois du bureau de leur directrice de maison. Derrière lui, Marlène et Sirius échangèrent un regard éloquent.

- Sérieusement, James, s'impatienta-t-il. Soit tu toques, soit on retourne dans la salle commune.

- D'accord, d'accord... J'ai la lettre ? Oui, là, voilà... Prêts ?

- Depuis une éternité.

- Oubliez pas, vous me laisser parler.

Sans attendre de réponse, James donna trois coups secs et Sirius inspira un grand coup lorsque le battant s'ouvrit sur McGonagall. Elle haussa un sourcil en les découvrant sur le seuil de son bureau et sa main se crispa imperceptiblement autour de la poignée en bronze.

- Potter et Black... je sens que cela va être long. Et miss McKinnon, j'avoue ma surprise de vous trouver ici tous les trois. Que puis-je faire pour vous ?

- On aimerait vous demander quelque chose, professeur, dit James avec aplomb. Est-ce qu'on peut entrer ?

Pendant une infime seconde, Sirius fut persuadé que McGonagall allait leur claquer la porte au nez, comme une sorte de revanche pour tous les points qu'ils avaient fait perdre à Gryffondor depuis le début de leur scolarité, mais elle s'effaça finalement pour les laisser entrer.

La pièce était décorée de tissu en tartan purement écossais ainsi que d'une immense bibliothèque dédiée à la métamorphose et bénéficiait de la lumière du quatrième étage. Le soleil venait frapper les coupes de Quidditch, toutes plus grosses et brillantes les unes que les autres, alignées sur une étagère.

D'un pas ferme, McGonagall contourna son bureau et se rassit en leur indiquant de prendre place sur les trois chaises qui lui faisaient face. Sirius s'exécuta et s'installa sur celle de droite qui était le plus proche de la porte, juste au cas où la conversation tournerait court, ce qu'elle ne manquerait probablement de faire. McGonagall les détailla du regard un à un, puisa croisa les mains et se pencha légèrement vers eux.

- Bien, dit-elle, je vous écoute.

- Voilà professeur, on voulait vous parler d'Alexia Cassidy, commença James. Comme vous le savez, elle est à Sainte-Mangouste depuis quatre jours et évidemment elle nous manque à tous...

- C'est tout à fait compréhensible, monsieur Potter. Cependant, et vous le comprenez j'en suis sûre, les médicomages n'ont pas encore jugé bon qu'il était temps pour miss Cassidy de revenir au château. Cela ne serait tarder, la fin de la semaine tout au plus. Nous ne sommes que mardi, encore un peu de patience.

- Mais elle est toute seule dans sa chambre d'hôpital, ce n'est pas vraiment idéal pour elle...

- Sa famille est auprès d'elle autant qu'elle le peut.

- Justement, on aimerait lui rendre visite Juste quelques heures, pour lui remonter le moral.

Sirius jeta un coup d'œil en direction de son meilleur ami. Il n'avait même pas cillé, il devait lui accorder ça. De l'autre côté, Marlène dévisageait leur directrice avec espoir. Pourtant, il savait que la partie difficile commençait. Poudlard ne laissait pas ses élèves sortirent comme ça.

- C'est un sentiment très louable, Potter, admit McGonagall, l'air véritablement touchée. Toutefois, je ne peux pas vous permettre de quitter l'école sans autorisation et miss Cassidy ne peut pas recevoir tout votre groupe d'amis en visite.

- On sait, on y a déjà pensé, dit James. C'est pour ça qu'on s'est mis d'accord. Sirius et Marlène devraient y aller. Et pour les autorisations, ajouta-t-il en tirant une feuille pliée de sa poche, les parents de Marlène ont envoyé la sienne signée ce matin par hibou express.

Il la tendit à McGonagall qui s'en saisit avant d'enfiler ses lunettes pour l'examiner. Elle fronça les sourcils et releva la tête vers eux.

- Je vois que vous aviez tout prévu... Mais je ne peux pas vous laisser partir en pleine semaine, vous avez des cours auxquels assister il me semble.

- Justement... S'ils vont rendre visite à Alexia demain, le seul cours qu'on a le mercredi de 10h à 12h c'est métamorphose donc...

- J'en suis parfaitement consciente, monsieur Potter, coupa-t-elle, c'est moi qui l'enseigne. Seulement, votre emploi du temps allégé en Aspics est fait pour que vous ayez le temps de réviser, pas pour que vous sortiez de Poudlard.

- Mais professeur, c'est exceptionnel... Sirius et Marlène n'ont pratiquement que des Optimals en métamorphose, on leur donnera nos notes de cours et ils seront de retour avant le dîner. Vous avez juste à donner votre accord.

- Ah Potter... soupira McGonagall. Avec vous, tout parait si simple. Admettons que je donne mon accord, miss McKinnon pourra donc faire l'allée retour dans la journée. Mais concernant monsieur Black ?

Sirius serra les dents. Il n'aurait jamais dû accepter la proposition de James d'aller voir leur professeur alors qu'il avait parfaitement réussi à se glisser en dehors du château dimanche sans se faire pendre. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait juste recommencé demain, mais Marlène refusait d'enfreindre les règles et de risquer le renvoi. Lily l'avait appris aussi et lui avait passé un savon sur son inconscience dont Sirius rêvait encore la nuit. Même James avait eu droit à une crise de la part d'Evans qui lui reprochait de ne pas l'avoir dissuadé. De toute façon, depuis ce week-end, elle paraissait glaciale avec lui parce qu'ils s'étaient disputés et Sirius ne se faisait pas d'illusion. Si James mettait autant d'effort à tenter de convaincre McGonagall, c'était pour prouver à Lily qu'il pouvait se rattraper et faire les choses dans les règles.

- On reconnait que c'est un peu plus compliqué pour Sirius, reconnu James d'un ton prudent. Mais écoutez-moi jusqu'au bout.

- Ais-le choix ?

- Avec tout mon respect, professeur...

- J'ai entendu maintes fois dans mon bureau cette formule que votre jeunesse emploie bien souvent, et pourtant elle est rarement suivit de paroles respectueuses, commenta McGonagall. Mais allez-y, je vous écoute.

James hésita pour la première fois, sentant probablement qu'il était en terrain glissant. D'un geste nerveux, il remonta ses lunettes sur le bout de son nez.

- Sirius est majeur, dit-il sur le ton de l'évidence. Techniquement, d'après la loi, il est responsable de lui-même et n'est plus sous l'autorité de ses parents.

- Je vous arrête tout de suite. Même majeur, il est reste élève de cette école et à ce titre je ne peux lui permettre de sortir du château sans un accord parental ou d'une autorité légale.

Elle venait de confirmer ce que Sirius savait déjà et il croisa les bras, impatient. Evidemment, James ne se laissa pas décourager, il avait préparé ses arguments depuis la veille.

- Professeur, vous savez que Sirius ne vit plus chez lui depuis l'année dernière...

- J'ai conscience de la... situation particulière, dirons-nous, de monsieur Black, répondit-elle d'un air sincère. Néanmoins, d'un point de vue juridique, même s'il est majeur, j'ai toujours besoin de l'autorisation de ses parents lorsqu'il s'agit de ce genre de prise de décision qui concerne l'école. Je suis désolée, mais je peux donner mon accord uniquement pour miss McKinnon si elle le souhaite.

- James, allez, tu vois bien que... tenta Sirius.

- Et si je vous disais que ma mère a envoyé une autorisation et se propose de l'accompagner en personne à Sainte-Mangouste ? Elle s'y rend de toute façon tous les mercredis pour récupérer les examens de mon père, elle pourrait être garante de lui en dehors de Poudlard ?

- A moins que votre mère ait adopté monsieur Black sans que j'en aie été informée, ça ne me parait pas non plus possible.

- Honnêtement, c'est tout comme, parfois je crois qu'elle préfère Sirius à moi.

Sirius aurait juré, mortifié, que la bouche de McGonagall tressaillit en une esquisse de sourire et Marlène étouffa un rire amusé.

- Et si j'ajoutais que mon père le convoque officiellement comme témoin sur le dossier de l'attaque de Pré-au-Lard et que donc il se doit de sortir de Poudlard par injonction ministérielle ?

- Vous voulez me faire croire que le second en chef du bureau des Aurors, qui se trouve être votre père par le plus grand des hasards, a soudain besoin de voir un de mes étudiants dans une affaire vieille de plusieurs mois et pour laquelle aucune nouvelle information n'a été recensée ? Tout ça le jour précis où ce dit étudiant veut quitter Poudlard alors même qu'il n'a pas d'autorisation parentale ?

- Précisément, acquiesça James avec un grand sourire. Tenez, il m'a envoyé la lettre.

Pour la seconde fois, et avec une confiance renouvelée, James tendit un parchemin scellé à leur directrice. Le cœur battant, Sirius tenta de ne pas montrer sa surprise pour maintenir l'illusion que tout était parfaitement prévu. Marlène n'arriva pas si bien à maîtriser son expression et il la vit écarquiller les yeux avant de dévisager James. Ce dernier ne leur accorda aucune attention, trop concentré sur sa mission.

S'ils n'étaient pas si près d'arriver à leur but, Sirius aurait traîné James en dehors du bureau sur le champ. A aucun moment il ne lui avait parlé de cette fameuse injonction ministérielle. La tentative avec Euphemia qui se porterait garante de lui avait été décidée, oui, mais certainement pas l'excuse du bureau des Aurors.

McGonagall reposa le parchemin lentement et soupira.

- Potter... Votre audace m'étonnera toujours.

- Merci, répondit James. Enfin je crois...

- Très bien. Je suppose qu'avec ce document, et puisque monsieur Black est effectivement majeur, je n'ai aucune raison de m'opposer aux demandes des Aurors. Toutefois, comme nous savons tous ici qu'il n'est en réalité pas convoqué pour témoigner, j'aimerais que sa visite à Sainte-Mangouste soit tout de même supervisée par Euphemia Potter. Voyez ça comme ma condition pour accepter de fermer les yeux et je transmettrai ce document au directeur.

Sirius dévisagea McGonagall, à deux doigts de lui demander si elle était sérieuse, mais James le prit de vitesse.

- Aucun problème, accepta-t-il. Elle sera là.

- Parfait. Je vais donc régler les détails de demain avec miss McKinnon et monsieur Black.

- Donc... je dois partir ?

- C'est cela même, monsieur Potter. Nous vous remercions.

James sembla hésiter une seconde, comme s'il s'attendait à ce que Marlène ou Sirius ne demande à ce qu'il reste, mais le silence se prolongea et il se leva lentement, son sac sur l'épaule. Sirius croisa son regard juste avant qu'il ne sorte et lui adressa un signe de la main ironique.

James ressortit dans le couloir. La dernière chose qu'il entendit avant que la porte du bureau ne se referme fut McGonagall qui demandait aux autres s'ils voulaient un biscuit.

**

*

Les boucles brunes d'Euphemia, coupées au niveau de la nuque, rebondissaient légèrement sous son chapeau à large bord tandis qu'elle remontait la rue d'un pas ferme. Derrière elle, Sirius et Marlène couraient presque pour ne pas la perdre parmi la foule des passants qui se pressaient pour attraper le prochain métro.

- Comment elle fait pour aller si vite ? Demanda Marlène essoufflée.

- Elle a élevé James, répondit-il simplement. Ça donnerait une bonne endurance à n'importe qui.

- Pas faux... Attention !

Sirius se décala juste à temps pour éviter un homme en costume. Il attrapa le bras de Marlène pour ne pas être séparé d'elle et ils reprirent leur chemin à contrecourant jusqu'au bout de la rue où Euphemia les attendait à l'angle. Elle haussa un sourcil, l'air amusé.

- Je croyais que les jeunes étaient en forme, commenta-t-elle. Vous arrivez à suivre ?

- Oui madame...

- Vous feriez bien, sinon c'est à moi que McGonagall s'en prendra.

Elle se détourna ensuite pour indiquer la raison de leur venue au mannequin de la vitrine de Purge & Pionce Ltd. Sirius n'en revenait toujours pas que McGonagall ait accepté de fermer les yeux sur sa convocation ministérielle fictive et il la voyait peut-être autrement désormais.

A l'accueil, il adressa un signe de tête à la sorcière derrière le comptoir, celle qui était déjà là lors de sa précédente visite. Elle avait l'air moins à cran sans l'homme à la trompe d'éléphant dans sa salle d'attente. Les couloirs, eux, étaient toujours aussi animés et des médicomages couraient dans tous les sens. Avec les nouvelles attaques de mangemorts en banlieue de Londres, les services de l'hôpital étaient débordés. Marlène regarda longuement à travers la vitre d'une chambre une petite fille, dans les bras de sa mère, qui pleurait alors qu'un médicomage tentait de l'examiner et Sirius la poussa en avant pour ne pas qu'elle s'attarde.

Ils arrivèrent tous les trois devant la chambre 205. En entrant, Sirius constata que le frère et la sœur d'Alexia n'étaient plus là... contrairement à sa mère et son beau-père. Le couple était assis sur des chaises près de la fenêtre et Charles, le moldu dont Sirius n'avait jusqu'à présent qu'entendu parler, semblait mal à l'aise dans cet environnement sorcier.

- Bonjour, dit Euphemia avec un sourire poli. J'espère qu'on ne vous dérange pas...

Mrs Cassidy parut surprise et ce fut Alexia elle-même qui rompit le silence en poussant un cri de joie en les apercevant.

- Marlène ! Sirius ! Vous avez pu venir !

- Surprise !

- Salut princesse...

Elle les engloutit dans une étreinte quand ils s'approchèrent de son lit. Par rapport à dimanche, son visage avait repris des couleurs et elle paraissait plus énergique, plus vivante. Assise en tailleur au-dessus de sa couverture, elle avait l'air prêt à sortir de l'hôpital sur le champ.

- Je ne pensais pas que tu viendrais en pleine semaine de cours, avoua-t-elle, comment tu as fait pour sortir de l'école ?

Sirius nota qu'elle jeta un regard prudent vers les adultes présents et il la remercia intérieurement de ne pas parler ouvertement de son escapade quelques jours plus tôt.

- Par convocation ministérielle, annonça-t-il d'un air suffisant.

- Quoi ?

- Ce qu'il veut dire, intervint Marlène, c'est que James lui a arrangé le coup. Sans autorisation parentale, on a dû un peu contourner le règlement et il se trouve que le second en chef du bureau des Aurors a une certaine autorité.

- Il a fait ça ? Et McGo l'a cru ?

- Non évidemment... dit Sirius. Mais elle a accepté de fermer les yeux à conditions qu'Euphemia nous accompagne.

Alexia releva la tête vers la mère de James, étonnée. Elle lui adressa un sourire timide.

- Merci beaucoup...

- Avec plaisir, répondit-elle. Je devais venir de toute façon. Je suis désolée de ce qui t'arrive, j'espère que tu iras vite mieux. Qu'est-ce que tu as déjà ? Ajouta-t-elle en se tournant vers Charles Harkness. Les médicomages ont dit quelque chose ?

- Euh... Je ne comprends pas grand-chose à tout ça, avoua-t-il, perdu. C'est une sorte de mucoviscidose... et un dragon...

Alexia roula des yeux.

- On appelle ça une fibrosis pulmonis, expliqua Mrs Cassidy d'un ton patient. Ça ressemble à la mucoviscidose chez les moldus, du moins pour quelques symptômes. Certains médicomages l'ont renommé « mutation respiratoire du dragon » parce que la maladie a d'abord été identifiée en Europe de l'Est justement sur des dragons. Très peu de sorcier en souffre et les traitements sont encore malheureusement expérimentaux...

- Je vois, murmura Euphemia. Encore désolée.

- Ce n'est pas de votre faute, rassura-t-elle avec un sourire sincère. C'est déjà gentil de votre part de venir rendre visite à Alex. Vous êtes la mère de Sirius ?

La question, bien qu'innocente, plongea la pièce dans un silence inattendu. Marlène écarquilla les yeux tandis qu'Alexia dévisageait sa propre mère qui parut déboussolée une seconde par la soudaine tension ambiante.

Personne n'avait encore osé poser cette question, tout simplement parce que tout le monde chez les sorciers connaissait la réponse. Le coup d'éclat de l'héritier des Black qui claquaient la porte à des siècles de tradition aurait pu figurer dans la Gazette si l'influence d'Arcturus, son grand-père, ne s'étendait pas jusque dans la rédaction du journal. Mais Mrs Cassidy avait quitté le monde magique après ses études. Elle avait coupé les ponts, élevé ses enfants, s'était remarié à un moldu. Les drames et aléas des Black étaient certainement la dernière de ses préoccupations avec une fille enceinte et une fille malade.

Quant à Euphemia, elle l'avait accueilli, l'avait rassuré... Comme une mère ? Sirius n'en savait rien. Walburga n'avait jamais été un modèle lorsqu'il s'agissait de la maternité. S'il devait reconnaître des qualités à la harpie, il pouvait lui accorder sa connaissance des potions, poisons, et autres antidotes, ou encore sa puissance en sortilèges complexes. La tendresse maternelle en revanche aurait été pour elle une chaîne de plus qui l'attachait à sa condition de femme et d'épouse.

Le cœur battant, Sirius croisa le regard d'Euphemia juste avant qu'elle ne réponde d'une voix ferme :

- On peut dire ça, oui.

- Sirius habite chez les Potter, maman, je te l'ai déjà dit, ajouta Alexia, embarrassée.

- Oh oui bien sûr... j'avais oublié...

- Vous avez sûrement d'autres choses à penser en ce moment, dit-elle en agitant la main.

Alors que la conversation des deux femmes dérivait, Sirius se pencha vers Alexia et murmura à son oreille pour ne pas être entendu :

- Je peux te laisser avec Marlène deux minutes ? Je reviens.

- Oui, oui... tu vas bien ?

- Juste besoin de prendre l'air.

- Ok...

Ignorant le coup d'œil surpris de Marlène et celui inquiet d'Euphemia, il traversa la pièce et en sortit aussi vite qu'il y était entré dans sa hâte de revoir Alexia. Dès que la porte se referma dans son dos, il s'adossa au mur et expira longuement.

Immédiatement, une vague de soulagement s'abattit sur lui. S'il avait été seul, il en aurait sûrement éclaté de rire. L'image d'Alexia, inconsciente et les lèvres bleues, se heurtaient dans son esprit à celle d'aujourd'hui. Elle allait bien. Elle allait mieux. Elle était vivante. Il l'entendit rire avec Marlène à l'intérieur de la chambre. Pendant la nuit où ils avaient tous attendu dans la salle commune, sans nouvelle, il avait essayé d'imaginer la perdre. Ne plus jamais la voir ni l'entendre rire. Il avait eu l'impression de sentir son monde s'écrouler sous ses pieds. Durant des heures, cette idée l'avait terrifié alors que la vision de la marque des ténèbres sur le bras de son petit frère ne cessait de revenir en même temps, comme s'il n'arrivait pas à affronter l'un entièrement sans que l'autre ne vienne le hanter.

Le lendemain, après son retour de Sainte-Mangouste en cachette, il n'avait pas réussi à se concentrer comme d'habitude toute la nuit de la pleine lune. Epuisé, il avait plusieurs fois manqué de laisser le loup s'échapper avant que le cerf ne lui barre le passage. James s'était montré particulièrement nerveux quand il s'était retransformé et avait même suggérer de trouver une clairière plus profondément dans les bois pour éviter un accident. Ils y pensaient depuis plusieurs mois, mais le danger s'était concrétisé de façon brutale ce soir-là, et il n'avait pas osé avouer que c'était certainement à cause de son manque de concentration.

Ce fut encore une fois son manque de concentration qui fit d'ailleurs qu'il ne les vit pas immédiatement. Le regard dans le vide, il ne releva la tête, horrifié, qu'en entendant cette voix agacée qui ne pouvait appartenir à personne d'autre.

Il les repéra en une seconde. Ils se détachaient du reste des visiteurs et des patients comme une goutte de sang sur la neige. Le clan Black au complet. S'appuyant sur son éternelle canne en bronze au pommeau sculpté en forme de corbeau, le patriarche de la famille, Arcturus, menait la marche. Malgré ses cheveux argentés et ses rides, le vieil homme n'avait toujours pas l'air de vouloir passer la baguette à gauche. A ses côtés, sa sœur Cassiopeia était en train de jeter une œillade hautaine au pauvre interne qui refusait de les laisser passer tandis que son frère Pollux et l'épouse de ce dernier, Irma, se tenaient en retrait, le visage figé et grave. Juste derrière se tenaient l'oncle Cygnus et la tante Druella, tout de noir vêtu comme les autres, et ses propres parents. Si la harpie paraissait prête à jeter un sort au médicomage, les mains crispées sur son sac, Orion ne reflétait qu'un flegme détaché qui, Sirius le savait par expérience, pouvait s'avérer bien pire. Enfin, tout à gauche et un peu à l'écart, sa tante Lucretia attirait tous les regards. Sa longue chevelure d'ébène lui retombait dans le dos à la manière d'une jeune fille malgré ses cinquante ans passés. Sirius avait toujours eu une relation ambiguë avec la sœur de son père. Impertinente et fière, Lucretia lui rappelait Bellatrix parfois, dans son désir d'indépendance. Enfant, elle le faisait autant rire que l'oncle Alphard grâce à ses remarques sarcastiques qu'elle décochait comme des flèches. C'était une des seules femmes de la famille à avoir imposé le choix de son époux. Il remarqua toutefois que ce dernier, Ignatus Prewett, n'était pas là. Rien d'étonnant quand on savait qu'Arcturus avait toujours déprécié son beau-fils qu'il jugeait faible d'esprit. Le fait que leur mariage n'ait jamais donné d'héritier n'avait pas arrangé les choses.

C'est Lucretia qui le vit en première. Leurs yeux se croisèrent et le cœur de Sirius s'arrêta, littéralement, tandis que la surprise se peignait sur son visage lorsqu'elle le reconnu. Il y eut un horrible moment de stupeur partagé, avant que les lèvres rouges de Lucretia ne viennent s'ourler d'un rictus. D'une démarche gracieusement lente, elle s'approcha de son frère cadet et se pencha vers lui. Orion fronça les sourcils avant de relever son regard pénétrant droit sur lui.

Sirius se figea sur place.

- Merlin... murmura-t-il.


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