Tome II - Chapitre 17 : Chez les Potter



Chapitre XVII : Chez les Potter

- James ! S'exclama Euphemia en lâchant le plat qu'elle tenait à la main. Sirius !

Elle contourna la table de la cuisine pour venir les enlacer et les écrasa dans une étreinte à briser les os. Les bras de James se mirent à s'agiter sans aucune coordination.

- Tu m'étouffes, maman...

Euphemia recula d'un pas, sans le lâcher pour autant.

- Je suis désolée de ne pas être venue vous chercher à la gare. Vous n'avez pas eu de problème avec le magicobus ?

- James s'est pris la vitre quand le chauffeur à freiner ! Dénonça immédiatement Sirius en éclatant de rire.

Il se baissa une seconde plus tard pour éviter le coup de James et rit encore plus fort.

Euphemia les regarda avec tendresse. Elle n'avait pas pu aller les chercher comme les années précédentes car elle ne voulait pas laisser Fleamont seul, toujours en convalescence après l'attaque des mangemorts il y a plusieurs semaines. Même si son mari lui avait assuré que « bon sang chérie, je vais mieux, franchement » et que son fils lui avait envoyé une lettre pour lui rappeler que « maman, je n'ai plus dix ans, je peux rentrer tout seul », elle n'avait pas pu s'empêcher de s'inquiéter.

En voyant James poursuivre Sirius dans la cuisine, manquant de peu de renverser la pâte à crêpe qu'elle préparait avant leur arrivée, elle se dit que finalement il n'était encore qu'un enfant, même s'il voulait parfois prétendre le contraire.

- Très bien, très bien, s'exclama-t-elle avant de s'interposer. On arrête de courir, on se calme.

- On maîtrisait la situation, affirma Sirius.

- C'est toujours ce que disent les personnes qui ne maîtrisent pas la situation. Allez, montez vos bagages dans votre chambre. Et pliez vos vêtements, ne les jetez pas en boule dans le placard !

James porta la main à sa poitrine, l'air indigné et articula un « moi ? ». Il reçut un coup de torchon pour toute réponse.

- Attends... dit-il. Papa est là ?

- Dans son bureau. Tu peux aller le voir mais ne le fatigue pas trop, d'accord ?

- Comment il va ?

Euphemia fit mine de ne pas voir l'inquiétude sur son visage, ni de trahir la sienne, et se remit à ajouter de la farine dans son saladier. L'état de Fleamont s'améliorait mais il restait encore faible, et elle n'avait pas tout avoué à James lorsqu'il était encore interné à Saint-Mangouste. L'attaque avait été violente, et même les médicomages ne savaient pas quels sorts les mangemorts lui avaient jeté, mais les conséquences sur son corps avaient été dramatiques. Les premiers jours, il pouvait à peine lui parler ou rester éveillé quand elle venait à son chevet, morte d'angoisse. Elle savait pertinemment que si elle mettait James au courant il serait capable de partir de Poudlard pour venir voir son père et elle ne pouvait pas gérer les émotions de son fils à ce moment-là.

- Mieux, dit-elle d'une voix qu'elle espéra enthousiaste. Il ne reprendra pas le travail avant fin janvier mais tu le connais, il a insisté pour que le Bureau lui envoie des rapports à traiter.

- Et il adore tellement la paperasse et la bureaucratie.

Euphemia sourit.

- File, va le voir. Tu rangeras ça après. Il est impatient de te voir aussi.

James disparu dans le couloir au pas de course avant même qu'elle ne finisse sa phrase. Son regard croisa celui de Sirius, adossé au comptoir, qui la regardait comme s'il savait. Elle se demanda si à force de cacher des secrets de famille, on finissait par arriver à deviner ceux des autres.

- Et toi ? Dit-elle. Tout va bien ?

- C'est les vacances, se contenta-t-il de dire. Et contrairement à James, mon bulletin de notes n'arrivera pas ici.

Euphemia leva les yeux au ciel. Les garçons aimaient bien plaisanter sur ça alors qu'en général leurs bulletins étaient excellents pour tous les deux, si on ignorait les remarques au sujet de leur comportement.

- Eh... Euphemia ? Est-ce que je peux vous parler de quelque chose ?

Surprise, elle arrêta de cuisiner. Il avait fallu du temps pour que Sirius arrête de l'appeler « Madame Potter » comme Remus et Peter s'entêtaient à le faire, mais elle n'avait jamais réussi à lui faire abandonner le vouvoiement. Il se confiait rarement à elle aussi. Généralement, quand elle voyait qu'il allait mal ou était contrarié, elle envoyait Fleamont, mais lui non plus n'arrivait pas à grand-chose. Et puis James arrivait, disait à ses parents qu'il s'en occupait, et restait enfermé avec Sirius dans sa chambre pendant des heures. Ils les entendaient rire ou chuchoter entre eux quand ils passaient devant la porte close.

Euphemia se rappela d'une fois, au tout début, alors que les garçons n'avaient que onze ans. Sirius devait venir passer un week-end chez eux pendant les vacances d'été mais le vendredi soir il n'était jamais arrivé. Inquiète, Euphemia avait tenté de rassurer James, qui avait été surexcité toute la journée et qui tentait maintenant de cacher sa déception. A ce moment-là, aucun d'eux ne savait ce qui passait à Square Grimaud. Orion et Walburga étaient beaucoup plus jeunes qu'elle et Fleamont, et ils n'avaient même pas été ensemble à Poudlard. Elle ne connaissait donc pas personnellement les Black, juste de nom, comme le reste des sorciers et n'avaient pas pu les contacter directement pour savoir pourquoi leur fils n'était pas arrivé comme prévu. Le samedi matin, très tôt, elle était sortie pour s'occuper du jardin et avait failli avoir la peur de sa vie en découvrant la silhouette frêle du jeune homme, assis sur les marches du perron, frigorifié. Il avait un bleu sur la joue (« je suis tombé, madame ») et l'avait regardé de ses grands yeux gris (« je suis désolé d'être en retard...est-ce que je peux quand même rester ? »).

A partir de ce jour-là, elle n'avait plus cessé de s'inquiéter pour le meilleur ami de son fils, devenu un peu comme son deuxième enfant.

- Bien sûr, je t'écoute.

- Est-ce que vous vous souvenez...du testament de mon oncle Alphard ?

- Celui que Walburga est venue te donner à la fin de l'été ? Oui, je m'en souviens. Pourquoi, il y a eu un problème à Gringotts ?

- Non, non. C'est juste que...je pense que je sais ce que je vais de l'argent qu'il m'a légué.

- Une nouvelle moto ? S'amusa-t-elle.

Sirius sourit.

- Je vais d'abord terminer de réparer la première, dit-il. Mais non, je pensais plutôt à...un appartement.

Bien, elle ne s'attendait pas à ça et suspendit son geste.

- Quoi ?

- Un appartement, répéta-t-il. Je... J'y pense depuis un moment.

Euphemia sentit une boule grossir dans sa gorge et elle avança vers Sirius avant de lui faire signe de s'assoir autour de la table de la cuisine. Il parut hésiter une seconde mais obtempéra.

- Ecoute-moi bien, dit-elle d'une voix ferme. Avant que tu continues, je veux être sûre que tu aies conscience d'une chose. Tu m'écoutes ? Bien. Tu es toujours le bienvenu ici, quoiqu'il se passe. En t'accueillant chez nous, tu es devenu une part de notre famille, et ça ne changera jamais. Je sais que...que je ne serais jamais ta mère, que personne ne pourra effacer les années que tu as passé avec eux, mais tu es ici chez toi. D'accord ? Chez toi. Et je comprends aussi que tu veuilles avoir un appartement, mais je ne veux pas que tu prennes cette décision parce que tu penses y être obligé, parce que tu serais une charge pour nous. Ce n'est pas le cas. Pas une seconde, c'est clair ?

Elle attrapa sa main par-dessus la table et la serra de toutes ses forces, comme si ses mots pouvaient avoir plus de poids ainsi. Sirius gardait le regard baissé mais elle ne s'en formalisa pas. Elle le laissa intégrer ce qu'elle venait de dire, bienveillante.

- Merci, croassa-t-il finalement d'une voix rauque. Merci pour tout. Je ne sais pas...sans vous, sans James...

- C'était un plaisir, mon cœur.

Le surnom qu'elle donnait à son fils lui échappa et Sirius la dévisagea, surpris, mais elle ne se corrigea pas, tout simplement parce qu'il n'y avait rien à corriger.

- Donc cet appartement, reprit-t-elle doucement. Tu as des idées ?

- Londres, dit-il sans réfléchir.

- Ah, vivre dans la capitale ! Bonne idée. Tu as commencé à chercher ?

Il secoua la tête.

- C'est assez dur depuis Poudlard....

- Je comprends. Ne t'inquiète pas, on pourra s'en occuper pendant la semaine. Ça va prendre un peu de temps, mais tu as encore six mois a passé à Poudlard donc on a de la marge. J'en parlerais à Fleamont aussi, il connait des agents immobiliers qui travaillent exclusivement dans le côté sorcier de Londres.

Alors qu'elle parlait, commençant à faire une liste mentale de toutes les choses à organiser, une idée lui vint brusquement à l'esprit et elle écarquilla les yeux.

- Je... James part aussi ? Comme une collocation ou quelque chose ?

Ce fut au tour de Sirius de paraître abasourdi.

- Non ! Enfin, non, je ne veux pas le dire comme ça ! Ajouta-t-il précipitamment en se rendant compte de ses paroles. J'adorerais habiter avec James, mais...à vrai dire il n'est pas au courant.

- Pas au courant ?

L'idée que James ne sache pas quelque chose de cette envergure concernant Sirius l'étonnait beaucoup. Elle aurait même cru que son fils aurait été le premier à le savoir. Avec culpabilité, elle se sentit pourtant soulagé d'une certaine façon. Elle savait qu'un jour James quitterait la maison, c'était inévitable, mais si elle pouvait le garder jusqu'à ses trente ans elle le ferait volontiers.

Elle se souvenait encore des nuits passées à pleurer silencieusement, pensant qu'elle n'aurait jamais d'enfants, jusqu'au jour où elle avait appris, à 39 ans, qu'elle était enceinte. D'un petit garçon. Un petit garçon qui avait maintenant 17 ans et dont elle était immensément fière.

- Non, pas encore, répondit Sirius. Je ne sais pas...je ne sais pas comment lui dire ou lui annoncer.

- Tu veux que je le fasse pour toi ? Demanda-t-elle.

Elle savait ce qui angoissait Sirius. Les réactions de James pouvaient être imprévisibles à certains moments, surtout quand la situation concernait ses amis et qu'il s'inquiétait pour eux. Pour plaisanter, Bathilda disait souvent que James ferait une excellente mère poule.

- Non, je veux le faire moi-même. Mais merci. Merci....

Euphemia vit la frustration sur son visage, comme si un simple mot ne pouvait pas exprimer ce qu'il ressentait. Elle avait déjà fait cette expérience à plusieurs reprises dans sa vie, en tombant amoureuse, en devenant mère, mais Sirius aurait le temps de le comprendre en devenant adulte. Pour toute réponse, elle se pencha et le serra contre elle.

- Allez, murmura-t-elle. On en reparlera pendant les vacances. Ne t'inquiète pas, tout ira bien. Ah ! Et, est-ce que tu peux aller rejoindre les garçons dans le bureau ? Fleamont avait quelque chose dont il voulait te parler, à James et toi.

Elle se força à rester neutre mais dû se trahir en souriant malicieusement car Sirius haussa un sourcil avant acquiescer.

- Pas de problème...

**

*

James ne savait même pas pourquoi il hésitait à entrer. Il avait voulu revoir son père depuis la seconde où il avait reçu la lettre de sa mère, depuis qu'il avait appris qu'il était blessé. Et maintenant il se retrouvait comme un idiot, planté devant la porte close sans savoir quoi faire, le cœur battant.

- Est-ce que tu vas passer cette porte ou je vais devoir attendre de dire « entre » pendant encore vingt minutes ?

James sursauta avant de répondre du tac au tac :

- Pourquoi, tu es attendu quelque part ?

- Entre, James, dit Fleamont en levant les yeux au ciel.

Le bureau était mal rangé, comme d'habitude. Des piles de dossiers s'entassaient au sol, près de la longue bibliothèque qui occupait un pan de mur entier. La lumière du début d'après-midi éclairait le portrait de ses grands-parents, qu'il n'avait jamais connu, et la plante verte près de la fenêtre en bow-window. Son père était assis derrière son bureau, ses lunettes sur la tête, et il sourit en le voyant.

Sans pouvoir s'en empêcher, le premier réflexe de James fut de chercher d'éventuels blessures ou des signes qui indiquaient que quelque chose n'allait pas. Mais son père ressemblait toujours... à son père. Même cheveux grisonnants, même visage bienveillant et sourire rieur. Alors qu'il commençait à se lever de son fauteuil, James traversa la pièce. Ses bras se refermèrent autour de son père, le faisant presque retomber sur son fauteuil, et il enfouit sa tête contre son épaule.

- C'est bon, James, je vais bien...je vais bien...

- Ne mens pas...

- Je ne mens pas, je vais mieux. Regarde-moi. Sur mes deux pieds ! Ne t'inquiète pas.

Malgré ses mots rassurants, Fleamont laissa autant de temps qu'il voulait à James, et il en fut soulagé. Il avait besoin de ça, de sentir son père contre lui, bien vivant et en bonne santé, plutôt que les articles vagues que la Gazette publiait depuis des semaines.

- Je suis content d'être rentré, murmura-t-il. Tu m'as manqué.

- Toi aussi. Il était temps de faire un peu de bruit dans cette maison. Où est Sirius ?

- Avec maman dans la cuisine.

- Et le trajet, ça a été ? Le magicobus ?

Machinalement, James porta la main à son arcade sourcilière et grimaça.

- Parfaitement bien. Et n'écoute pas Sirius, tout ce qu'il pourrait raconter est faux !

Fleamont sourit.

- J'irai lui demander des infos plus tard. Assieds-toi, je suis sûr que tu as des questions.

- Une tonne de question ! Confirma-t-il en se laissant tomber sur la chaise la plus proche. Maman ne répondait à rien dans ses lettres !

- Elle était juste inquiète que tu t'inquiètes... Tu connais ta mère. Mais elle a eu raison. Ça ne servait à rien que tu en saches trop alors que tu étais au château.

James se retint de lui dire qu'il s'était quand même fait un sang d'encre même sans rien savoir, surtout sans rien savoir à vrai dire, et que son imagination avait sûrement été pire que la réalité car après tout son père avait encore ses deux jambes. Au lieu de ça, il se força à aller à l'essentiel.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Avec tes collègues ?

L'hésitation de son père n'échappa pas à James. Il savait que les missions des Aurors étaient supposées rester confidentielles, même pour les membres de la famille, mais ce n'était pas une mission comme les autres. Les missions habituelles n'envoyaient pas une équipe entière, menée par le chef du bureau, à Saint-Mangouste.

James se pencha en avant, prêt à insister, mais Fleamont le devança.

- Tout ce que je vais te dire reste dans cette pièce, déclara-t-il fermement. C'est clair ?

- Oui.

- Bien... Il était tard au bureau, on finissait des rapports sur des dossiers qui traînaient depuis un moment quand on a reçu un message d'une de nos sources sur le terrain. Elle disait avoir vu un groupe suspect, possiblement des mangemorts ou au moins des personnes qui soutiennent sa cause. On a hésité à intervenir mais ils se trouvaient apparemment du côté moldu près du Chemin de Traverse et c'est une zone à risque. J'avais une équipe de quatre avec moi, dont Alastor Maugrey. Tu l'as déjà rencontré je crois ?

- Ne me le rappelle pas...

L'année dernière, après l'attaque de Pré-au-Lard, James avait dû avoir un entretien avec le collègue de son père et il en gardait un souvenir...vivace.

- On a aussitôt transplané sur les lieux, reprit Fleamont, le regard tourné vers la fenêtre. Sauf que quand on est arrivé sur place, il n'y avait personne. La ruelle était très sombre, l'éclairage était visiblement cassé et c'est ce qui nous a mis sur nos gardes. Avant qu'aucun d'entre nous ne puisse battre en retraite, ils nous sont tombés dessus. Je ne pourrais pas dire combien exactement, minimum sept ou huit je dirais. Ils avaient l'avantage de l'effet de surprise. Comme je te l'ai dit, on ne voyait pas grand-chose et on jetait des sorts un peu à l'aveugle en faisant attention à ne toucher personne de notre côté. Grâce à la lumière d'un sortilège j'ai pu voir le visage d'un homme. Il ne portait pas le masque des mangemorts et il n'avait pas la marque au bras.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que ça veut dire ?

Fleamont soupira et se passa la main sur le visage.

- Que la situation empire, James. On pensait que Voldemort n'avait qu'un cercle restreint de fidèles, les mangemorts, mais apparemment il a aussi des adeptes moins... « officiels » si on peut dire. Ça rend la tâche plus dure pour nous, pour les appréhender. N'importe qui peut décider de rejoindre sa cause. Et ils ne retiennent pas leurs coups. Heureusement, Agatha Wildsmith a réussi à envoyer un message de détresse. Ils se sont enfuis en entendant arriver l'équipe de renfort et les secours.

- Il y a eu des blessés ? A part toi ?

- Notre plus jeune recrue, elle est encore en formation. Gemma Ackerley.

James se redressa d'un coup. Il se souvenait de la jeune femme brune au nez en trompette qu'il avait croisé à Poudlard quand les Aurors patrouillaient dans l'école. Elle lui avait demandé de plaider en sa faveur auprès de son père pour avoir du café.

- Gemma ? La sœur de Tiberius ?

- Ah oui, c'est vrai. Son frère est dans ton équipe c'est ça ?

- Non, il est à Serdaigle. C'est notre présentateur de Quidditch. Est-ce qu'elle va bien ? Pourquoi elle était sur le terrain ?

- Elle va mieux oui. Ses blessures étaient superficielles. Et elle est venue avec nous parce qu'elle était là ce soir-là. Je concède que pour une première mission ce n'était pas évident, mais il faut bien commencer quelque part.

Son père le regarda, fatigué et ferme à la fois. James aurait voulu protester, purement pour la forme, et parce qu'il connaissait Gemma. Ou du moins, il la connaissait de vue, il connaissait son petit frère. Elle ne devait pas avoir plus de 21 ans.

Il savait au fond de lui que c'était irrationnel, après tout il fallait bien que des gens se battent contre Voldemort. Pourtant, deux personnes qu'ils connaissaient avaient été blessé en le faisant, dont son père. James avait toujours calqué son comportement sur celui de son père, ce père qu'il admirait tant, et il savait que c'était égoïste de souhaiter que d'autres personnes... soient blessés, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

- Et les médicomages ? Demanda-t-il pour revenir au sujet initial. Qu'est-ce qu'ils ont dit pour toi ?

- Je n'étais pas tant blessé que ça... Les médicomages ont dit que j'avais une hémorragie interne en arrivant, mais au fond c'est là que le sang est supposé être non ? Vaut mieux dans mon corps que dehors.

James se retint d'éclater de rire. Il pouvait toujours compter sur son père pour dédramatiser une situation grave.

- Tu n'es pas censé plaisanter avec ça ! Protesta-t-il, un sourire dans la voix.

- Je fais encore ce que je veux, rétorqua son père. De toute façon, je vais mieux. Regarde, comme un chaudron neuf ! Je reprendrais le travail après les vacances, même si je n'irai plus sur le terrain.

- Quoi ? Plus du tout ?

- Je ne peux pas en être certain, mais je crois qu'il est temps de lever le pied. Je sais que je n'en ai pas l'air, mais je suis vieux, James. J'en ai déjà discuté avec le Bureau et je pense que je vais prendre ma retraite cette année.

- Ta retraite ? Mais...qu'est-ce que tu vas faire ?

Son père rit, amusé.

- Ce que les gens font quand ils arrêtent de travailler : se reposer. Je pourrais peut-être me remettre aux potions, ça me manque un peu. Je verrais plus ta mère. Et je ne laisse pas le Bureau sans personne, Alastor a presque dix ans d'expérience maintenant et je pense le recommander pour prendre ma place. Si quelqu'un en est capable, c'est bien lui.

James tira sur les manches de son pull, incertain de comment réagir. Son père n'avait pas l'air perturbé par sa décision, il lui paraissait même serein, pourtant il savait aussi qu'être Auror était une part importante de sa vie. Il était entré au Bureau tard, à plus de trente ans, et son parcours était peu conventionnel. Pour en arriver là où il en était aujourd'hui, il avait sacrifié beaucoup, à commencer par sa vie de famille à certains moments en rentrant tard, voire blessé. Raccrocher maintenant ne devait pas être simple.

- C'est génial, dit-il finalement. Est-ce que tu veux que je commence à chercher une auxiliaire de vie ou une maison de retraite ?

- Si tu commences à faire des blagues sur mon âge, je te renvoie à Poudlard pour les vacances c'est clair ?

James éclata de rire.

Alors qu'il se penchait pour esquiver la plume que son père lui lançait, la porte s'entrouvrit, et la tête de Sirius apparut dans l'embrasure.

- Eh ! Euphemia a dit que vous vouliez me parler ?

- Oh elle a décidé que je devais le faire maintenant ? Dit Fleamont, plus pour lui-même qu'autre chose. Bon... Oui, entre, Sirius. Je dois vous parler d'une chose à tous les deux avant demain.

Sirius haussa les épaules et vint s'assoir à côté de James, non sans avoir observé Fleamont à la dérober également, comme pour s'assurer de ses propres yeux qu'il n'était pas à l'article de la mort.

- Vous allez l'air en forme, dit-il en souriant.

- Merci, Sirius. Enfin quelqu'un qui respecte ses aînés.

Avec une grimace idiote, James donna un coup de pied dans les chevilles de Sirius.

- Si maman et toi vous préférez adopter Sirius je peux me jeter par la fenêtre.

- On est au rez-de-chaussée, fit remarquer son père.

Sirius rit et lui rendit son coup. Ils se chamaillèrent ainsi pendant plusieurs secondes jusqu'à ce que Fleamont se racle la gorge pour avoir à nouveau leur attention.

- Bien, vous savez qu'on a accepté que Remus et Peter viennent passer un week-end ici avec des amies avec vous. Elles seront combien déjà ?

- Trois, répondit James. Marlène ne peut pas venir finalement. Un truc de famille je crois.

- D'accord. Et donc parmi ces trois jeunes filles, si ma mémoire est bonne, il y a Alexia et la fille dont on entend parler depuis plusieurs mois...Lily Evans, c'est ça ?

C'est à cet instant précis que les sirènes d'alarmes se déclenchèrent dans l'esprit de James.

- Oui... Pourquoi tu.... ?

- Parce que ta mère et moi jugeons qu'il faut qu'on parle de certaines choses avant que des filles viennent dormir sous notre toit. J'ai été jeune, tu sais.

Les mains crispées sur les accoudoirs de son fauteuil, Sirius parut enfin réaliser où est-ce que la conversation se dirigeait et amorça un mouvement pour se lever. James faillit se jeter sur lui pour lui interdire de le laisser seul dans cette galère mais son père fut plus rapide.

- Je vais vous laisser en famille, je...

- Non, Sirius, tu restes. Je t'ai vu avec la dénommée Alexia en septembre sur le quai de la gare et en conséquence je pense que cette conversation te concerne également.

Lentement, comme s'il voulait se faire avaler par le sol, Sirius s'enfonça contre le dossier du siège en soupirant. C'était dans ce genre de moments qu'il regrettait que les Potter le considèrent presque comme leur fils... Au moins, Orion n'aurait jamais fait ça.

- Sérieusement papa, ce n'est pas la peine de...

- Je disais donc, l'interrompit-il, que j'ai été jeune aussi.

- Oh pitié Merlin...

- Et je me suis rendu compte qu'on n'avait jamais parlé de ces choses-là ensemble alors que tu as déjà dix-sept ans. Rassures-toi, je ne veux pas trop en savoir non plus. Mais ta mère a estimé que c'était à moi de vous parler à tous les deux, je cite, « d'homme à hommes ». Et puis même si on parlait de ma retraite, je ne suis décidément pas assez vieux pour être grand-père. Il faut que je sois sûr que vous connaissiez quelques bases, les potions contraceptives, les sorts pour éviter des maladies, ce genre de choses. Evidemment, les filles auront une chambre au deuxième étage, je compte sur vous pour être responsables, je ne veux pas d'ennuis avec leurs parents, surtout les Meadowes.

- Elle est en couple... précisa James, les joues rouges. Avec une fille. Pas de problème.

- Parfait, très bien. Dans ce cas, commençons par les différentes potions de contraceptions !

James enfouit son visage dans ses mains, écarlate. Il était gêné par peu de choses dans sa vie, mais devoir entendre son père lui parler de ce sujet en particulier dépassait son seuil de tolérance. Surtout que son père avait l'air de trouver la situation trop amusante à son goût.

A côté de lui, Sirius fixait le plafond avec insistance pour ne pas croiser son regard, et James se demanda si c'est parce qu'ils seraient tous les deux encore plus embarrassés ou s'ils éclateraient de rire.

- Je crois que je voudrais presque retourner à Square Grimmaud, murmura-t-il.


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