Tome II - Chapitre 15 : Cours de Patronus


Chapitre XV : Cours de Patronus

- Quel est votre souvenir le plus heureux ?

C'est ainsi que le professeur Hyppolite commença son cours de Défense Contre les Forces du Mal ce jour-là, debout devant la classe. Quelques jours avaient passé depuis la sortie à Pré-Au-Lard, Peter était sortie de l'infirmerie, tout leur petit groupe de septième année était rassemblé au fond de la pièce. Les lumières vacillantes jetaient des reflets dorés dans les cheveux de Remus tandis que Dorcas dormait à moitié sur sa table en dessinant distraitement. Par les fenêtres, le ciel de décembre annonçait une nouvelle chute de neige et le givre s'accrochait au bord des carreaux.

Les élèves se redressèrent d'un coup, intrigués, et échangèrent des regards perplexes.

- A votre avis, pourquoi je vous pose cette question ? Rassurez-vous, je n'en suis pas encore au niveau où j'ai envie de connaître toute votre vie par cœur donc évitez de me parler de votre grand-mère qui vous a fait un gâteau pour vos six ans.

- Dommage, lança James goguenard. Il était excellent pourtant.

- Ravi de le savoir, monsieur Potter. Donc, quelqu'un a une idée ? Oui, miss Evans, je savais que je pouvais compter sur vous.

Lily sourit avec indulgence.

- Je ne suis pas sûre mais... est-ce que ça aurait un rapport avec le sortilège du patronus ?

- Exactement, miss Evans. Cinq points pour Gryffondor ! Les autres, vous devriez prendre exemple et ouvrir un livre de temps en temps, la bibliothèque est au bout de ce couloir.

- Mrs Pince aussi...remarqua Sirius.

- Dans ce cas-là je ne vous en veux pas de ne jamais y aller, certes. Et ne lui dites pas que j'ai dit ça !

La classe éclata de rire.

- Mis à part les humeurs massacrantes de votre bibliothécaire, femme extraordinaire bien évidemment, qui sait ce qu'est un patronus ? Monsieur Lupin, oui ?

- C'est un bouclier...

- Ce n'est pas faux, convint Hyppolite. Mais vous savez tous pour la plupart déjà jeter des boucliers, et si vous ne le savez pas je vous conseille de retourner dans le cours de Sortilège des quatrièmes années. Donc soyez plus précis. Pourquoi est-ce qu'un patronus est plus qu'un simple bouclier ?

Un léger silence s'installa. Personne ne voulait visiblement prendre le risque de tenter une réponse. Le professeur Hyppolite contourna son bureau pour se rapprocher et se mit à marcher entre les allées.

- Miss McKinnon, allez-y. Essayez quelque chose, même si c'est faux.

- Euh... un patronus est plus comme un esprit protecteur ? Dit Marlène, incertaine. Il est plus puissant qu'un bouclier et peut servir à d'autres choses, comme envoyer des messages...

- Très bien. On avance ! Continuons. Monsieur Rookwood, à votre tour.

- Je crois...ma mère m'a dit qu'un patronus reflétait la personnalité du sorcier ou de la sorcière qui jette le sortilège. Il prend la forme d'un animal.

- C'est juste, mais ça va plus loin que ça.

Hyppolite revint devant la classe, bras croisés sur son torse et expliqua d'une voix grave :

- Le patronus est une projection de force positive, comme le désir, le bonheur, l'espoir, qui protège contre certaines créatures. Pour l'invoquer, le sorcier doit puiser dans des ressources de magie inexplorées, dans son « soi » profond jusqu'alors secret qui doit maintenant surgir au grand jour. C'est pour cela qu'un patronus est autant lié à son sorcier, il provient de la magie la plus personnelle qui soit. Il s'agit d'un sort d'une extrême complexité dont la plupart des sorciers et sorcières sont incapables, du moins sous sa forme corporelle. Cette dernière prend la forme d'un animal, comme l'a dit votre camarade, et le plus souvent la majorité des animaux sont des chats ou des chiens car ils sont historiquement et traditionnellement associés à l'homme. Etonnement malgré ça, les hiboux et les chouettes sont assez rares. En tout cas, sa forme ou sa taille ne détermine ni de sa puissance ni de sa capacité à protéger son lanceur. Si vous voulez un exemple, allez chercher à la bibliothèque des ouvrages sur Symposia Rawle dont le patronus était une coccinelle !

- Je croyais qu'on s'était mis d'accord pour ne pas aller à la bibliothèque ? Intervint James.

- Vous n'écoutez que ce qui vous arrange, n'est-ce pas monsieur Potter ? Puisque vous tenez tant à parler, allez-y. Expliquez-moi pourquoi je vous demande un souvenir heureux.

James parut retrouver son sérieux. Il se tut un instant et réfléchit avant de formuler prudemment :

- Parce que le patronus puise dans le « soi » profond et incarne une force positive ? Pour mêler les deux et le faire apparaître, il faut penser à un souvenir à la fois personnel et heureux.

- C'est exactement ça, acquiesça le professeur Hyppolite. Plus votre souvenir sera fort, plus votre patronus sera fort. S'il ne l'est pas assez, vous serez peut-être capable de jeter un patronus, mais pas un patronus corporel qui est bien plus puissant. Mais encore une fois, c'est un exercice difficile et assez aléatoire que je vous demande aujourd'hui. Certains vont sans doute y arriver, peut-être même assez vite, d'autres tenteront toute leur vie sans y parvenir. Dans tous les cas, il n'y a qu'une façon de le savoir : s'entraîner. Donc rangez vos plumes, vos parchemins... Sortez vos baguettes ! Je veux qu'on pousse les tables contre les murs, et nous avons deux heures ensemble pour nous exercer au sortilège du patronus. Allons-y !

Il n'eut pas à le répéter deux fois. Les cours pratiques étaient toujours bien plus amusants que ceux théoriques, surtout si en plus le sujet se trouvait être un des sortilèges les plus passionnants du monde sorcier. Rapidement, tout le monde se dispersa dans la salle, histoire d'avoir un peu d'espace, et des petits groupes de travail se créèrent.

Pour l'instant, avant de ne serait-ce qu'essayer de jeter le sort, il fallait trouver un souvenir. Un souvenir heureux.

- Vous avez une idée ? Demanda Peter, nerveux, en tirant sur ses manches. Je ne sais pas quel souvenir choisir...

- Je pensais à la sensation que j'ai sur un balai mais je ne sais pas si ça compte comme un souvenir heureux, avoua James. Des suggestions ?

- Quelques-unes, dit Remus, sans élaborer.

- Moi aussi, ajouta Sirius.

James ne les poussa pas à s'exprimer, ce n'était pas dur pour l'un et l'autre de deviner ce qu'ils avaient en tête. Incertain, il se tourna vers Lily.

- Et toi ? Tu penses à ton dernier O en Histoire de la Magie ? Se moqua-t-il.

- Pas vraiment... plutôt à... c'est idiot...

- Non, vas-y, dit-il maintenant curieux. Qu'est-ce que c'est ? Enfin...si tu veux bien me le dire, bien sûr, je...

- C'est la lettre de ma sœur qui me l'a rappelé. On passait toujours nos lendemains de noël toutes les deux, dans sa chambre. Elle m'enroulait dans un plaide et me lisait l'histoire que je voulais. Au début, c'était quand j'étais vraiment petite et que je ne savais pas lire. Et puis au fil des ans on a juste continué, jusqu'à...jusqu'à ce que j'entre à Poudlard. Mais j'adorais cette journée avec elle. J'avais l'impression d'être la personne dont elle se souciait le plus, tu vois ?

- C'est un beau souvenir...murmura James. Tente-le.

- Maintenant ?

- Tu peux toujours le faire en plein milieu de la Grande Salle au dîner, mais c'est moins ton style.

Lily rougit. Elle laissa ses cheveux lui couvrir le visage puis brandit sa baguette fermement. D'une voix déterminée, elle clama la formule que le professeur Hyppolite avait écrite au tableau il y a une dizaine de minute :

- Spero patronum !

Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre et fut agréablement surprise en voyant des volutes de fumée argentée sortir de sa baguette et onduler dans l'air avant de disparaître. James siffla, impressionné.

Hyppolite l'apostropha à l'autre bout de la pièce.

- Bien, miss Evans. Vous êtes sur la bonne voie, encore un effort. Trouvez un souvenir plus heureux. Et vous Potter, ne restez pas là les yeux écarquillés, essayez aussi.

- Merci professeur...

Le visage rayonnant, elle fit de nouveau face à James qui avait toujours le regard fixé là où s'était trouvé le semblant de patronus non corporel de Lily. Elle ressentit un élan de compassion pour lui.

- Tu dois bien avoir un souvenir, James. Tu es la personne la plus joyeuse que je connaisse. Je suis sûre que tu as des tonnes de souvenirs avec les Maraudeurs, tes parents...

- Ou avec toi ? S'amusa-t-il.

- Si tu as aimé mes râteaux toutes ses années alors oui, répliqua-t-elle en souriant.

James cligna des yeux.

- Un râteau ? Quel rapport avec le jardinage ?

Ce fut plus fort qu'elle, Lily éclata de rire, perturbant la concentration des autres au passage. Il fallait vraiment qu'elle pense à s'acheter un carnet pour consigner toutes les remarques de Potter sur les expressions moldues.

Intrigués par son rire, leurs amis se rapprochèrent d'eux. Apparemment ils étaient tous prêts à jeter le sortilège après quelques essais dans leur coin.

- Qui se lance en premier ?

- Moi, proposa Sirius.

Ses yeux gris brillants de détermination, il leva sa baguette.

- Spero patronum

Un large éclat argenté fusa avant de retomber sur le sol en forme de...chien. C'était un grand chien aux poils ébouriffés et au corps svelte qui se mit à courir en slalomant entre les élèves qui poussèrent des exclamations d'incrédulité.

- Un chien, évidemment, murmura James, amusé.

Lily ne comprit pas mais elle était trop occupée à s'émerveiller sur le patronus pour demander à James ce qu'il entendait par là. Sur sa droite, elle capta un autre éclat de lumière et une seconde plus tard elle vit un chat, l'air minuscule à côté du chien de Sirius, se glisser entre les chevilles de Marlène.

- J'ai réussi ! S'exclama-t-elle.

- Il ressemble un peu à Chamallow, non ? S'enquit Peter.

- S'il a le même caractère, il n'aura aucun mal à repousser un détraqueur dans ce cas, dit Sirius en plissant le nez.

Après ça, plus personne ne parvint à jeter le sortilège de façon corporelle pendant la prochaine demi-heure. Ce fut Remus qui y parvint ensuite lorsqu'un loup majestueux apparut.

En voyant son patronus, le visage de Remus devint livide et il s'empressa de le faire disparaître alors même que les autres, inconscients du problème, le félicitaient.

- Le loup est un symbole de loyauté et de force, lança James faussement nonchalant. J'ai lu quelque part qu'il était la représentation d'une vive intelligence et une grande intuition.

Remus se força à sourire mais ne parut pas beaucoup réconforter. Son poing serré tenait sa baguette fermement contre lui, et il ne chercha pas à jeter une nouvelle fois le sortilège. Il ne comprenait pas pourquoi, de tous les animaux existants, son patronus devait être un loup. Un patronus était censé incarner une énergie positive, l'espoir et le bonheur. La simple idée du loup était la chose la plus éloignée pour lui de l'espoir, c'était un rappel du monstre qu'il devenait chaque mois.

Lily parut remarquer ses émotions.

- A quoi est-ce que tu as pensé ? Demanda-t-elle pour lui changer les idées. Qu'est-ce que tu as pris comme souvenir ?

- Je... J'ai repensé au jour où les garçons m'ont annoncé qu'il savait...pour moi, dit-il à voix basse. J'ai repensé à comment ils étaient restés avec moi au lieu de me tourner le dos. A toi aussi, parce que tu m'as accepté même en sachant ce que je suis.

- Incroyable, quelqu'un d'incroyable, dit-elle d'un ton qui ne soufflait aucune réplique. Je ne veux rien entendre d'autre.

Ils échangèrent un sourire. Sirius était lui aussi en train de raconter son souvenir heureux à Alexia, Dorcas, James, Marlène et Peter.

- J'ai choisi ma répartition à Gryffondor au départ, et puis après je me suis venu du soir où je suis parti de chez moi.

- En quoi c'est un souvenir heureux ? Dit Dorcas.

- Ce soir-là je me suis détaché des Black, expliqua-t-il, et j'ai été accepté sans jugement par une nouvelle famille.

Le poids des mots de Sirius s'imposa à eux solennellement.

- C'est juste que tu nous faisais pitié, lança James pour détendre l'atmosphère, sans parvenir à masquer sa fierté.

Sirius lui donna un coup de coude pour la forme, mais Lily vit la reconnaissance qui paraissait irradier de lui. Elle supposa que jamais elle ne cesserait d'être fascinée par ce groupe de garçons si différents les uns des autres et qui pourtant avaient su forger un lien si spécial entre eux. Elle le voyait tous les jours, dans des petites phrases ou des gestes apparemment anodins, mais il y avait des moments comme celui-ci où ce lien s'exprimait dans toute sa complexité. Et Peter lui donna raison un instant plus tard, quand il fit apparaître un superbe patronus en forme de rat et qu'il leur révéla son souvenir.

- Je me suis souvenu de mon premier week-end chez James, avec Remus et Sirius. Je n'avais jamais été invité à dormir chez un ami. Le manoir était énorme, et Mrs Potter avait fait son gâteau au chocolat. On était resté éveillé toute la nuit à discuter par terre sous une tente faite avec nos draps, c'était la première fois que j'ai eu l'impression de vraiment être accepté dans un groupe.

L'innocence dans la voix de Peter fit chavirer le cœur de Lily. Elle n'était pas la seule car Alexia, qui n'avait pas encore réussi à produire un patronus corporel malgré ses efforts, le serra contre elle de toutes ses forces. Elle se rappela que c'était Alex qui avait ramené des chocogrenouilles à Peter quand il était à l'infirmerie à cause de son rhume, comme dans une relation de grande sœur et petit frère.

Quelque chose sembla se débloquer en James. Lily vit ses yeux noisette briller avant qu'il ne dise d'une voix claire et forte qui paradoxalement se réduisit à un murmure :

- Spero patronum...

Cette fois, le patronus qui jaillit de la baguette de James n'avait rien à voir avec un chat, un chien, ou un rat. Il était beaucoup plus grand. Le souffle de Lily se bloqua alors qu'elle contemplait avec admiration le cerf qui se tenait majestueusement à ses côtés. Il dégageait un tel sentiment de noblesse que la salle entière tomba dans le silence. Là encore, elle ne savait pas trop à quoi elle s'était attendue -un lion peut-être, ou un griffon- mais sans savoir exactement pourquoi, elle sut que le cerf correspondait parfaitement à James.

- Félicitation, monsieur Potter, dit le professeur Hyppolite. J'accorde dix points à messieurs Black, Lupin, Pettigrew, Potter et Ackerley, ainsi qu'à miss McKinnon. Pour les autres, vous avez encore dix minutes avant la fin du cours, mais ne vous inquiétez pas, nous ferons encore une séance sur les patronus et comme je l'ai dit c'est un sortilège d'une grande subtilité, il est tout à fait normal que vous ayez des difficultés.

Lily regarda les six patronus qui parcouraient encore la pièce, projetant leur lumière argentée sur les visages de ses camarades. Elle se sentit brusquement apaisée. Qu'est-ce qu'avait dit les garçons ? « Tu m'as accepté même en sachant ce que je suis », « j'ai été accepté sans jugement par une nouvelle famille », « j'ai eu l'impression de vraiment être accepté dans un groupe ». Ils avaient raison.

Tout être humain recherchait à être accepté. C'est ce qui manquait à son souvenir, celui avec Pétunia, tout simplement car elle savait au plus profond d'elle-même que sa sœur ne l'accepterait plus jamais pour ce qu'elle était. La même chose s'était produite avec Severus, alors même qu'elle avait pensé à lui pour faire apparaître son patronus. Mais ça ne fonctionnerait pas.

Elle repensa à Sirius qui la regardait droit dans les yeux il y a quelques jours, lui disant de choisir d'autres personnes pour avancer dans la vie, des personnes qui l'accepteront. Elle n'avait pas besoin de chercher loin, réalisa-t-elle. Elles étaient tout autour d'elle en ce moment même.

Avant même de lancer le sortilège, elle sut qu'elle allait réussir :

- Spero patronum !

La lumière l'aveugla une seconde mais elle entendit parfaitement les exclamations des autres et James qui hoqueta de surprise à côté d'elle. Il lui fallut une seconde pour réaliser pourquoi. Une magnifique biche aux longues pattes gracieuses et à la taille svelte se trouvait maintenant près du grand cerf à la ramure imposante, et c'était impossible d'ignorer la magie que les deux patronus dégageaient ainsi.

- Ils sont... incroyables, murmura Dorcas.

- Comme nous, plaisanta James.

Mais James pouvait tenter de se cacher derrière ses blagues, Lily vit bien qu'il était aussi émerveillé que tout le monde. Elle ne put s'empêcher de se demander quel souvenir il avait finalement choisi et hésita à lui demander directement. Cependant, alors qu'elle ouvrait la bouche, le cerf se dissipa dans l'air et Lily trouva que sa biche avait l'air soudainement bien seule.

- Très bien, nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui, lança le professeur Hyppolite. Dix points pour miss Evans également ! Les autres, entraînez-vous pendant la semaine et faites des recherches sur les patronus. Je ne ramasserai pas vos devoirs mais faites-le quand même, la théorie aide toujours la pratique.

Ils ne sortirent de la salle de classe qu'après avoir remis les tables en place et tout le petit groupe de Gryffondor se mit en route vers leur salle commune. Sur le chemin, Lily se retrouva un peu à la traine et Sirius se cala à son pas, laissant les autres avancer devant eux à quelques mètres.

- Bien joué Evans, la félicita-t-il. Je savais que tu arriverais à faire apparaître un patronus.

- Merci, dit-elle sans pouvoir retenir un sourire fier. C'est un peu grâce à toi, en fait. J'ai repensé à ce que tu m'as dit, sur mes amis et les personnes qui m'entourent. J'ai réalisé que c'était ça qui me rendait heureuse.

- Les personnes ? Pas...une personne en particulier ?

Lily fronça les sourcils, perplexe.

- Comment ça ?

Sirius eut soudain l'air gêné. Elle ne pensait pas voir ça un jour.

- Tu...tu ne sais pas ? Je veux dire, les légendes sur les patronus ? Non, évidemment, tu es née-moldu, où est-ce que tu aurais pu entendre ça ? Ajouta Sirius en répondant à sa propre question. Euh... ce n'est pas prouvé évidemment, et toutes les études sur le sujet n'ont pas abouties clairement, mais il y a une rumeur dans le monde sorcier à propos des patronus. De leurs formes.

- Oui ?

- Evans, ton patronus est une biche.

- Je sais, dit-elle sans comprendre où il voulait en venir.

- Une biche, répéta-t-il en la dévisageant. Et celui de James est...eh bien, un cerf.

Lily sentit ses joues s'enflammer. Elle se demanda une seconde si elle devait prétendre ne pas avoir compris ce que Sirius insinuait, la jouer idiote, mais d'après le regard qu'il lui adressa son expression l'avait trahie.

- Ça ne veut pas nécessairement dire...

- Non, c'est vrai, reconnu-t-il, apparemment soulagé qu'elle ait compris sans qu'il ait eu à lui expliquer. Mais certains sorciers ont un patronus qui...reflète celui de la personne qu'ils aiment.

- Je... Ce n'est pas un secret que James...m'apprécie.

- James ne t'apprécie pas, Evans, il est dingue de toi. Et la question c'était surtout : est-ce que toi tu l'apprécie.

Cette fois, le rouge lui monta jusqu'au bout des oreilles. Pour se donner une contenance et occuper ses mains, elle ralentit et attacha ses cheveux avec un élastique, ce qui creusa un peu plus la distance entre eux et les autres. Elle entendait à peine les voix d'Alexia et Dorcas qui débattaient sur la forme de chat du patronus de Marlène.

- Il n'est pas ce que je pensais, admit-elle finalement, incapable d'élaborer ou de se concentrer sur la signification de la boule dans sa gorge.

- Les gens sont rarement ce qu'ils paraissent d'être. James est sincère mais il a plus de facettes qu'il ne veut bien le montrer.

Lily repensa à sa conversation avec lui, dans les gradins du terrain de Quidditch lors de la dernière sortie à Pré-au-Lard ; leurs mains jointes entre eux alors qu'il lui racontait ses cauchemars d'une voix tremblante.

- Sirius ? Est-ce qu'il t'a parlé de...sa peur de Pré-au-Lard ? Avec ce qui s'est passé l'année dernière ?

- Non...pas besoin. Je l'entends la nuit parfois, dit-il, le regard droit devant lui. Il se lève et regarde par la fenêtre pendant une heure avant d'aller se coucher. J'ai essayé de lui en parler, mais je crois que tu as été plus rapide que moi parce qu'il m'a dit que vous en aviez discuté. Donc...merci, Evans. Merci d'être là pour lui.

Elle ne douta pas une seconde de la reconnaissance de Sirius. Il était tellement semblable à James sur ce point, incapable de voir un ami, surtout son meilleur ami, en détresse sans savoir quoi faire. Derrière leurs masques de garçons immatures, blagueurs, légèrement égoïste sur les bords, James et Sirius se ressemblaient tant. Pourtant, elles commençaient aussi à percevoir les différences entre eux. James lui semblait plus abordable, plus accessible, tandis que Sirius dressait toujours des barrières entre lui et les autres sans même s'en rendre compte.

Qu'importe, ce n'est pas ça qui perturbait Lily. Elle se demandait plutôt depuis quand elle se souciait autant de Potter.

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