Tome II - Chapitre 14 : Une danse dans la cabane
- Noisette, noir, au lait ou blanc ?
- Hum ?
- Le chocolat pour Peter, précisa Alexia. Je lui ai promis de lui en ramener vu qu'il est coincé à l'infirmerie.
- Oh... au lait. Prends-lui des chocogrenouilles, il adore ça. Et il arrêtera de me piquer les miennes !
Alexia se hissa sur la pointe des pieds, bras tendus, pour attraper les bonbons de l'étagère d'Honeydukes. Elle sentit Sirius se glisser derrière elle et la soulever par les hanches pour l'aider.
- Ah merci ! Je savais bien que je sortais avec toi pour quelque chose.
- Très drôle, dit-il en la reposant au sol. T'aurais pas pris du poids toi ?
- Si ! Deux kilos cet été !
« Je suis sûrement la seule fille à annoncer ça avec enthousiasme », songea-t-elle, moitié amusée moitié embarrassée quand une cliente à côté d'elle la détailla du regard étrangement. Sirius ne parut pas le remarquer, ou du moins fit exprès de l'ignorer, et la déchargea de toutes ses friandises pour se diriger vers la caisse. Elle le rattrapa aussitôt.
- Certainement pas, s'exclama-t-elle en le voyant sortir des pièces de sa poche. C'est moi qui paye.
- Je peux très bien...
- Non, tu ne peux pas. C'est ton anniversaire et c'est moi qui ai dit à Peter que je lui ramènerais des bonbons. Donc je paye.
- « Je », « moi » ... On t'a déjà dit que t'étais égocentrique, princesse ?
- Dit le mec le plus égocentrique que je connaisse, répliqua-t-elle en riant.
- James sera ravi de savoir qu'il n'est plus premier en quelque chose.
Alexia détourna la tête pour qu'il ne la voit pas rire mais au vu de son sourire goguenard une seconde plus tard, elle avait lamentablement échoué.
En face d'eux, la gérante du magasin haussa un sourcil, clairement amusée elle aussi.
- Vous savez, du moment que je suis rémunérée, peu m'importe qui paye pour tout ça, mais il serait plus galant pour ce jeune homme de s'en charger. Croyez-moi, ma petite, il faut savoir se battre pour ses droits et être féministe en toutes occasions sauf quand vous pouvez économiser une mornille.
La vieille femme lui adressa un clin d'œil.
- J'y penserais pour la prochaine fois, promit-elle, juste pas aujourd'hui. C'est vraiment son anniversaire.
- Dans ce cas, remballez-moi ça. Tenez, cadeau de la maison.
- Quoi ? Non, madame, on...
- J'insiste, dit la gérante en tendant le sac à Sirius. Disons que c'est pour vous remercier de nous dévaliser à chaque sortie de Poudlard. Ça représente toujours un quart de notre chiffre d'affaire.
Alexia dû bien la remercier une bonne dizaine de fois avant de se faire jeter dehors. Ils remontèrent ensuite l'avenue principale jusqu'au bout du village, main dans la main. Rosemerta les salua depuis le perron des Trois Balais et finalement ils s'arrêtèrent pour s'assoir sur la barrière qui délimitait le terrain de la Cabane Hurlante qui se dressait sur une colline à quelques mètres d'eux.
- Vous rentrez vraiment tous là-dedans ?
- Dans quoi ? La cabane ? Evidemment, elle est plus grande qu'elle en a l'air.
- Tu veux dire...qu'elle est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur ?
- Hum ? Ouais, c'est ça.
Alexia roula des yeux et mordit dans la tête de sa chocogrenouille.
- Ok, j'ai compris, j'arrête avec les blagues sur Doctor Who.
- Désolé...J'ai encore loupé une référence moldue ?
- T'inquiète, je m'en remettrais, assura-t-elle. Donc tu disais ? Il y a un tunnel qui part du saule cogneur jusqu'ici c'est ça ?
- Exactement. Ça permet à Remus d'arriver dans un endroit sûr chaque soir de pleine lune sans se faire remarquer.
- Ingénieux ! Qui a eu l'idée ?
- Nous évidemment, dit Sirius d'un air important.
- Sérieusement ?
- Non, c'était Dumbledore...
Alexia éclata de rire et tendit la main pour piocher dans le paquet de dragées surprise de Berthie Crochue qu'il avait posé sur ses genoux.
- Eh ! Protesta-t-il. Termine déjà ton chocolat avant de me vandaliser.
- On a eu ce paquet gratuitement, je peux bien en manger tant que je veux, argua-t-elle.
Elle ponctua sa remarqua en lançant une poignée de dragées dans sa bouche et grimaça en sentant tous les goûts se mélanger. Elle reporta son regard sur la cabane. Même en sachant qu'elle n'était pas hantée pour de vrai, elle ne blâmait pas les habitants de Pré-au-Lard de la craindre car elle n'avait vraiment rien d'engageant.
A l'écart et solitaire sur sa colline, la maison avait un aspect intimidant. Entièrement condamnée, les fenêtres étaient obstruées avec des larges planches de bois et les tuiles de la toiture paraissaient pouvoir s'effondrer à tout instant. Un jardin sinistre entourait la demeure, des hautes herbes commençaient à ronger les murs et à envahir le petit chemin de terre qui menait à l'entrée.
Si l'extérieur était dans cet état, Alexia se demandait à quoi ressemblait l'intérieur. Comme d'habitude, Sirius parut deviner ce à quoi elle pensait.
- Tu veux aller faire un tour dedans ?
- On peut ?
- Tu es avec un Maraudeur, princesse, lança-t-il. Tout est possible !
Il sauta du muret et lui tendit la main, comme une invitation. Alexia n'hésita pas une seconde. Elle entrelaça ses doigts entre les siens et se laissa entraîner en direction de la cabane. C'était peut-être idiot, mais elle avait l'impression qu'il invitait à pénétrer un lieu privé, quelque chose qui jusque-là avait été hors de sa portée. Ça allait bientôt faire un an qu'ils sortaient ensemble, pourtant il y avait toujours eu une partie de Sirius à laquelle elle n'avait jamais eu accès, quelque chose qu'il ne semblait partager qu'avec James, Remus et Peter. Comme une sorte d'exclusivité de Maraudeur. La Cabane Hurlante représentait bien cette idée.
Elle crut une seconde qu'il allait la faire simplement passer par la porte d'entrée, mais elle s'aperçut que cette dernière, tout comme les fenêtres, était condamnée par des panneaux de bois (et sûrement par des sortilèges mis en place par le directeur lui-même, elle ne se faisait pas d'illusion). Sirius se contenta de continuer pour contourner la maison, avant de la conduire devant... l'entrée d'un tunnel sombre ?
- C'est la deuxième entrée du tunnel qu'on utilise sous le saule cogneur, dit-il en avançant sans marquer de pause. On ne passe jamais par ici, Dumbledore la juste crée au cas où Remus devrait sortir précipitamment de la cabane, pour qu'il n'ait pas à refaire tout le chemin jusqu'à Poudlard.
Effectivement, ils ne prirent pas plus de deux minutes pour sortir du tunnel. Une centaine de mètres plus loin, Alexia sentit le sol de terre se changer en parquet grinçant. Si elle avait cru que la cabane avait l'air lugubre de l'extérieur, l'intérieur n'était franchement pas mieux. De la poussière s'était incrustée un peu partout et les marches des escaliers émirent des bruits inquiétant sous son poids. En entrant dans la pièce principale, ou du moins celle qui paraissait avoir été utilisée ces derniers mois, Alexia resta clouée sur place.
Une vieille commode à la peinture écaillée était poussée contre le mur près de la porte, un grand lit à baldaquin aux draps rongés par les doxys occupait le côté droit et les vitres ébréchées des fenêtres laissait passer un faible rayon de lumière dans lequel se dessinait des grains de poussières en suspension dans l'air. Comment Remus faisait pour supporter cet endroit une fois par mois ?
- Ce n'est pas si terrible, dit Sirius en remarquant son expression. Je sais que ça peut paraître... délabré au premier regard, mais la cabane n'est pas en si mauvais état que ça. Dumbledore a pris des mesures quand il a décidé d'en faire le repère du loup. On a essayé de donner des trucs à Remus pour rendre l'endroit plus sympa aussi...
Alexia reprit son analyse de la pièce. Une couverture était soigneusement pliée au pied du lit, juste à côté d'une petite pile de livre. Sur la commode trônait un verre d'eau vide, un paquet de biscuit au chocolat (visiblement bien entamé), et un tourne disque à l'air incongru dans ce décor.
- Un tourne disque ? S'amusa-t-elle.
- Ouais, Remus aime bien écouter de la musique parfois pour se détendre apparemment. On a trouvé celui-là dans le grenier chez les Potter, c'est un tourne disque sorcier.
- Et vous venez souvent ici ? Tu as l'air de tout connaître !
- De temps en temps, Remus nous montre la cabane, c'est tout, répondit-il d'un ton étrange.
Alexia ne s'attarda pas sur son hésitation. Encore une fois, elle était consciente de ne pas tout savoir sur les secrets des Maraudeurs et elle était déjà contente de visiter la cabane qui avait une signification si forte pour Remus.
- Tu veux danser ?
- Quoi ? Demanda-t-elle, hilare.
- Danser, répéta Sirius, un petit rictus aux lèvres. Au temps que ce tourne disque serve !
- Est-ce que tu as au moins un vinyle ?
- Tu crois vraiment qu'on est idiot au point d'installer un tourne disque ici mais d'oublier d'amener des disques ?
- Avec vous ? Je m'attends à tout ! « Tout est possible avec un Maraudeur », non ?
Sirius se contenta de sourire un peu plus, et, sans la quitter du regard, marcha à reculons jusqu'au tourne disque. D'un coup de baguette, le bras mécanique se déplaça et se posa sur la platine... Les notes de musique emplirent la pièce, lentes et entraînantes.
Alexia rejeta la tête en arrière et éclata de rire en reconnaissant le morceau.
- Tu as ensorcelé mon cœur ! Ne me dis pas que Remus est fan de Celestina Moldubec ?
- Je ne dénoncerais personne, dit-il.
Il lui prit la main et l'attira contre lui, incapable de se retenir de sourire, ce qui n'avait pas grande importante puisqu'Alexia était dans le même état. Ils tournèrent lentement sur place au rythme de la voix rauque de la chanteuse.
Si Alexia se contentait de danser sans grande cohérence, elle s'aperçut vite que Sirius semblait maîtriser chaque pas à la perfection.
- Tu as appris à danser ? S'étonna-t-elle en posant sa tête contre son épaule.
- Laborieusement mais oui, murmura-t-il. Ma mère tenait à ce que Reg et moi ne ridiculisions pas la famille pendant les bals de sangs-purs. Je peux te dire que Dymphna Zabini est une terrible partenaire, elle me marchait sur les pieds tout le temps.
Evidemment, pile à ce moment-là, Alexia sentit son pied écraser celui de Sirius. Elle rougit et Sirius pouffa.
- Désolée...
- Avec toi ce n'est pas grave, princesse.
Il entremêla leurs mains ensemble et caressa l'intérieur de son poignet, traçant des motifs alambiqués du bout du doigt. Il sentit son pouls battre à travers. Elle lui sembla plus vivante que jamais à cet instant.
**
*
La lettre était arrivée en fin d'après-midi, un peu après son retour du terrain de Quidditch avec James. Ce dernier avait eu l'air de bien meilleure humeur après leur discussion, plus léger, comme si un poids lui avait été soulevé des épaules, et il ressemblait déjà bien plus à lui-même quand il sautillait sur place ou souriait de ce sourire malicieux qui n'appartenait qu'à lui. Pas que Lily remarque le type de sourire de James, pas du tout.
A vrai dire, elle n'avait plus pensé à cette lettre depuis un moment. Il y a quelques semaines, James avait proposé à tout leur petit groupe de venir passer le dernier week-end des vacances de noël chez lui, au manoir Potter. Il avait assuré que ses parents étaient d'accord, que ça leur ferait même plaisir d'avoir du monde, et Remus et Peter s'étaient empressés d'accepter. Dorcas avait elle aussi dit oui sans même concerter ses parents.
Dans son cas, Lily avait envoyé une lettre, tout comme Marlène et Alexia qui avaient reçu toutes les deux l'autorisation hier. Le problème : Lily avait reçu deux lettres. Et si celle de ses parents lui souhaitait de bien s'amuser avec ses amis, celle de sa sœur était beaucoup plus acerbe.
Lily,
Maman m'a appris ce matin que tu ne serais pas là le week-end après noël. Apparemment tu seras chez un garçon, un ami, ...comme toi. J'ai toujours su qu'un jour tu ne reviendrais pas de ton monde. Ne t'avise plus jamais de dire que c'est moi qui te repousse.
Tu te souviens quand on passait le lendemain de noël toutes les deux, petites ? C'était notre tradition juste à nous. Je t'enveloppais dans une couverture et je te lisais une histoire. Un jour tu m'as demandé une histoire avec une sorcière. Mais avec « une gentille sorcière ». Je crois que j'ai compris ce jour-là que tu ne serais plus jamais comme moi.
On ne sera jamais pareilles Lily. Je ne veux pas être bizarre comme toi. Tu peux continuer à prétendre le contraire, à prétendre que rien a changé, mais c'est faux. Restes dans ton école de monstre avec les personnes qui te comprennent et que tu aimes visiblement plus que ta propre famille.
Tu n'es pas comme nous, tu ne le seras plus jamais et peut-être que tu ne l'as jamais été. Rends-nous les choses plus facile à toutes les deux, Lily, et ne reviens pas vers moi en prétendant être normale parce que tu ne l'es pas. Tu es un monstre.
Ta sœur il y a longtemps,
Pétunia
Le morceau de papier blanc et fin, qui n'avait rien à voir avec le parchemin sur lequel elle avait écrit sa demande, glissa entre ses mains alors que les mots se brouillaient à cause des larmes. La dernière fois qu'elle avait vu Pétunia, la veille de la rentrée en septembre, c'était pour le dîner où elle avait rencontré le petit ami de sa sœur, Vernon. Déjà il y a deux mois, la fissure entre elle lui avait paru être un gouffre...mais pas un gouffre insurmontable. Visiblement, elle s'était trompée.
Un sanglot coincé dans la gorge, ses doigts se crispèrent autour de la lettre.
- Lily ? Murmura James à côté d'elle. Ça va ?
- Hum ? Oui...oui...Ce sont mes parents, ils disent que je peux venir chez toi à noël.
- Génial...Alors pourquoi tu as l'air d'avoir avalé un bocal de couleuvre ? Tu espérais qu'ils te donnent une excuse pour m'éviter ?
Lily gloussa.
- Non, dit-elle en secouant la tête. Ma sœur n'est juste pas très contente, comme d'habitude.
Sans un mot, elle tendit la lettre à James. Ses sourcils se froncèrent à mesure qu'il parcourait les phrases à l'écriture penchée que Pétunia lui jetait au visage.
Ils étaient tous les deux assis dans le hall principal, sur le banc près des sabliers, là où ils avaient fait une pause sur le chemin du retour à la salle commune pour que Lily puisse lire ses lettres.
- Elle est idiote, déclara James après une minute. Elle est...
- Ma sœur donc évite de l'insulter.
- Parce qu'elle s'en prive, elle, peut-être ? Répliqua-t-il d'une voix tranchante. « Un monstre ». C'est ce qu'elle pense de toi ?
- C'est ce qu'elle pense de nous, plutôt. Des sorciers en général.
- On appelle ça du racisme, Lily.
- Non, elle...
- Tu appelles ça comment alors ? Sérieusement, c'est révoltant ! Tu devrais...je ne sais pas... je veux dire, toi plus qu'aucune autre personne que je connais devrait...
- Devrait quoi, James ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Elle reste ma sœur ! Et je te ferais dire que je reçois les mêmes réactions dans le monde sorcier parce que je suis née-moldue. Apparemment, je ne suis pas normale pour tout le monde, quoique ça veuille dire.
- Tout le monde ne pense pas ça, dit-il vertement. Et ceux qui le pensent...ce sont eux les monstres. Tu es autant une sorcière que moi, que Rosier ou n'importe qui dans ce château, peu importe ce qu'ils disent. Tu es même meilleure que la plupart !
- Je ne sais pas si je dois me sentir flatter par tes compliments ou révulser que tu me compares à Rosier.
James sourit et se tourna vers elle. Elle ne l'avait pas vu aussi détendu et calme depuis un moment.
- Je suis là pour toi, souffla-t-il sans cesser de lui sourire.
Les mots qu'elle avait prononcés il y a une à peine une heure se suspendirent entre eux. A nouveau, les larmes lui montèrent aux yeux.
- On fait une drôle d'équipe, non ? Marmonna-t-elle, une chaleur étrange au creux du ventre.
- La meilleure équipe, corrigea-t-il.
- Cornedrue, tu fais pleurer les filles maintenant ? Lança une voix.
Lily sursauta. Sur leur droite, Sirius et Alexia arrivaient vers eux, main dans la main. Ils avaient l'air radieux...et amoureux, songea-t-elle avec tendresse. Sans même demander, ils s'assirent sur le banc avec eux.
- Et je croyais que c'était toi et moi la meilleure équipe ? Ajouta Sirius en prenant un air vexé.
- Ça dépend des jours, dit James, badin. Alors Pré-au-Lard ? C'était bien ? Qu'est-ce que vous avez fait, à part vous désoler sur mon absence ?
- On a dansé, dit Alexia. Mais tu n'en sauras pas plus... fallait venir !
- Pour danser avec Sirius ? Non merci !
Sirius lui donna un coup dans l'épaule et ignora son meilleur ami pour se concentrer sur Lily, dont les yeux étaient encore rougis.
- Eh Evans ? Qu'est-ce qu'il a encore fait pour te faire pleurer ?
- Ce n'était pas lui cette fois, avoua-t-elle, touchée par l'inquiétude évidente de Sirius pour elle, même s'il tentait de le cacher. Pétunia m'a juste envoyé une lettre...un peu imagée si on peut dire.
- Ah... Le fameux « tu n'es pas comme nous donc je te déteste » ?
- Quelque chose comme ça, oui...
- Ne fais pas attention à ces gens-là, Evans. Même si c'est ta sœur ou ta famille. Ne change pas qui tu es pour leur faire plaisir. Ils n'en valent pas la peine. Crois-moi, je connais tout ça par cœur depuis que je suis en âge de comprendre. Les sang-purs qui clament que les nés-moldus valent moins qu'eux ont juste peur, n'oublie jamais ça. Ils ont peur de toi. Ils ont peur que tu sois meilleure sorcière qu'eux alors même que la magie est un don qu'ils ont depuis des siècles, tu remets en cause leur pouvoir, leur influence, leur importance dans la communauté sorcière. Qu'est-ce qu'ils leur restent si des « imposteurs », d'après leurs mots, peuvent rivaliser avec eux ? En quoi est-ce qu'ils sont légitimes pour continuer à exercer leur pouvoir ? Tu leur fais peur, Evans, pas le contraire. Ta sœur, mes parents... Ils ont peur de quelque chose qu'ils ne connaissent même pas. J'ai choisi d'apprendre, de me délivrer de tout ça. Ça ne tient qu'à toi de faire la même chose. Montre-leur que tu es capable de faire de grandes choses sans eux, sans leurs valeurs à deux noises. Tu verras, ils vont regretter de t'avoir sous-estimé.
- Et si je ne veux pas réussir sans eux ? Contesta-t-elle d'une petite voix. Si je ne veux pas perdre ma sœur ?
- Ce n'est pas toi qui y perd, Evans, répondit-il immédiatement. Ce n'est pas toi qui part, ce sont eux qui t'ont abandonné il y a longtemps. Choisis juste d'autres personnes pour avancer, des personnes qui seront là, peu importe qui tu décides d'être.
Lily dévisagea Sirius, qui continuait à lui sourire avec assurance, sans savoir exactement s'il parlait encore d'elle ou de lui. Elle prit soudain conscience de quelque chose. Sirius Black ne souriait que pour tromper son monde. Il avait appris à se cacher derrière ses blagues, son air nonchalant et son ton arrogant. Son bouclier ne tombait qu'en présence de ses véritables amis, ceux qu'il considérait comme sa vraie famille. Car au fond il n'était qu'un petit garçon rejeté par ses parents.
Elle regarda tour à tour Sirius, James, et Alexia, qui l'observaient tous avec une confiance sans borne. Une confiance qu'elle ne se rappelait même pas avoir jamais vu sur le visage de Pétunia. Sirius avait raison. Elle n'avait pas besoin de sa sœur si cette dernière ne pouvait pas voir au-delà de ses peurs et ses préjugés, elle avait besoin des personnes qui la soutenait. Ça ne voulait pas dire que ça ne faisait pas mal, ni qu'elle abandonnait tout à fait l'espoir qu'un jour les choses iraient mieux, mais pour l'instant elle pouvait s'en sortir. Elle ne pouvait pas rester éternellement tiraillée entre deux mondes, il était temps qu'elle trouve sa place.
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