Tome II - Chapitre 12 : Deuxième Epreuve
James arracha presque la lettre des mains des Sirius, le cœur au bord des lèvres.
- Qu'est-ce qu'elle dit ? Mon père va bien ?
- On ne l'a pas lu... répondit Peter, nerveux. On est venu dès que le hibou l'a apporté.
La lettre paraissait peser une tonne dans sa main et il hésita à l'ouvrir. Par-dessus son épaule, il sentit la présence de Lily qui s'était levé pour venir à ses côtés. Inspirant profondément, il déplia le parchemin. La première chose qui lui sauta aux yeux fut l'écriture de sa mère, bien plus soignée que la première fois. Visiblement, elle ne l'avait pas écrite dans la précipitation.
James,
Désolé si je t'ai inquiété avec ma première lettre. Il fallait que j'aille le plus vite possible à l'hôpital et je n'ai pas pris le temps de te rassurer.
Ne t'inquiète pas, ton père va bien. Les médicomages ont dit qu'il avait subi quelques sortilèges de combat mais qu'ils seraient en mesure de le soigner, il pourra sortir demain ou après-demain si tout se passe bien. D'après lui, ils menaient une mission de reconnaissance pour suivre une piste, des informations anonymes que les Aurors avaient réussi à obtenir, mais son équipe et lui ont attaqué une fois arrivé sur les lieux. Heureusement personne n'a été grièvement blessé.
Il t'enverra une lettre lui-même quand il rentrera à la maison, je te le promets. Nous avons tous les deux hâtes de te revoir à Noël. Embrasse Sirius, Remus et Peter de notre part.
On t'embrasse fort,
Maman.
Ce fut comme si le poids qui lui écrasait la poitrine s'allégeait soudainement. Son père allait bien. Son père était vivant.
- Il va bien, annonça-t-il. Les médicomages disent qu'il pourra rentrer à la maison demain.
- Merlin... lâcha Sirius, soulagé.
James ressentit un élan d'affection sans borne pour ses amis dont les visages avaient l'air aussi heureux que le sien devait l'être. Peter sourit et tapa dans la main de Lily en riant tandis que Remus lui donna une grande tape dans le dos.
- Eh... C'est une tarte au chocolat ?
Lily parut fière d'elle.
- Le meilleur remède, dit-elle. Un ami m'a dit ça un jour.
- Il devait être très intelligent.
- Tu viens de t'auto-complimenter ? Intervint Peter.
Même la cuisine paraissait plus lumineuse à James, ce qui n'avait pas vraiment de sens mais qu'importe. Alors même que la tension quittait son corps, la fatigue lui tomba dessus, comme un rappel de ses nuits trop courtes ces derniers temps.
- Vous savez quoi ? Ça mérite une fête ! Je vais aller préparer la salle commune !
- Quoi ? Peter ! Non ! Tu ne peux... commença Lily avant de lever les mains au ciel, exaspérée. Remus, viens avec moi, on ne peut pas le laisser faire.
Ils se précipitèrent à la suite de Peter, hors de la cuisine. James trouvait amusant que Lily se soit instinctivement tourné vers Remus, oubliant au passage que lui-même était préfet en chef. Apparemment, les habitudes étaient dures à perdre.
Il ne restait plus que Sirius avec lui, assis tranquillement à la table et terminant la part de tarte laissée par Lily. Son meilleur ami lui jeta un regard significatif. James déglutit en se souvenant de ses paroles il y a à peine une heure et il se passa une main nerveuse dans les cheveux. Même si Sirius avait tenté de paraître désinvolte, il savait qu'il l'avait blessé en le repoussant, tout simplement parce que ce n'était pas comme ça entre eux. Pas depuis leur violente dispute en cinquième année après toute l'histoire avec Rogue et la pleine lune.
- Patmol... dit-il maladroitement.
- Tu n'as pas besoin de le faire, coupa Sirius.
- Faire quoi ?
- T'excuser. Je comprends, tu t'inquiétais pour ton père...c'est bon.
James vint s'assoir en face de lui, l'air sérieux.
- Non. Justement ce n'est pas bon. Je n'aurais pas dû dire ça.
- James...
- A quoi ça sert que je te répète qu'on est frère ou qu'on est une famille si dans un moment comme celui-là j'agis comme je l'ai fait ?
- James, tu dramatises.
- Non, je le pense vraiment. Tu te souviens en cinquième année ? Après l'incident avec le saule cogneur et Rogue ? On s'était juré de se parler, de ne plus garder nos problèmes pour nous, de ne plus se repousser... Et j'ai fait exactement le contraire.
Frustré, Sirius secoua la tête avant même qu'il n'ait fini de parler. Evidemment qu'il se souvenait de leur cinquième année. Les pires semaines de sa vie. Ce qui avait commencé comme une simple blague contre Rogue s'était transformé en une des plus violentes disputes entre les Maraudeurs.
- Sérieusement, James, tu ne me dois rien. Tu n'avais juste pas envie de parler à ce moment-là c'est tout, et puis ce n'était même pas faux. Mes parents pourraient mourir, je m'en ficherais totalement. Je ferais même peut-être une fête pour célébrer ça !
- Avec des banderoles ?
- Et des confettis !
James secoua la tête. Il savait au fond de lui que les sentiments de Sirius à l'égard de ses parents étaient plus complexes qu'il tentait de le faire croire mais il laissa couler.
- Ça n'enlève rien au fait que je n'aurais pas dû...
- Ok, écoute-moi, coupa Sirius faussement exaspéré. Tu ne comprends pas ce que je voulais dire. Tu as fait déjà tant de choses pour moi, tes parents aussi... Merlin, Godrics Hollow est plus devenu une maison pour moi en un an que Square Grimmaurd le reste de ma vie ! Alors si juste pour cette fois tu avais besoin de t'inquiéter pour tes parents, parce que ce sont les tiens soyons réalistes, ça me va. Je suis là pour toi aussi. Et je vais m'arrêter là, notre conversation devient vraiment trop niaise à mon goût. Merlin, on est les Maraudeurs oui ou non ?
James sourit et se contenta de continuer à manger sa tarte. Si Sirius ne voulait pas entendre ses excuses directement, très bien, il n'allait pas le forcer. Son meilleur ami n'avait jamais aimé les discussions larmoyantes, surtout lorsqu'il en était le centre. C'était un paradoxe de Sirius : il adorait se mettre en avant, un peu trop pour son ego -mais James n'allait pas être celui qui ferait de commentaire sur ce point- sans jamais en révéler plus sur lui que nécessaire.
Ils repartirent quelques minutes plus tard vers la tour de Gryffondor pour découvrir que malheureusement Lily et Remus avaient réussi à dissuader Peter d'organiser une fête.
**
*
Deux semaines plus tard, les Maraudeurs descendirent prendre leur petit déjeuner en traînant des pieds. James avait passé une partie de la nuit à écrire à ses parents pour s'assurer que son père allait vraiment bien et les autres, par pure solidarité, l'avaient attendu avant d'aller se coucher. Son père avait beau être sorti de l'hôpital depuis plus d'une dizaine de jour, il n'avait toujours pas repris le travail, ce qui faisait que James ne passait pas une journée sans prendre de ses nouvelles.
Les filles étaient déjà attablées en bout de table, près des petits pains au beurre, et plus étonnement à côté de Mary McDonald. En face d'elles, Adrian Connelly, l'attrapeur de l'équipe, n'avait pas d'assiette devant lui mais trois tasses de thé dépareillées et un énorme grimoire, soutenu par la cruche de lait vers laquelle lorgnait Dorcas.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? Demanda Remus.
- La seconde épreuve est prévue pour aujourd'hui, expliqua Mary. C'est à mon tour de passer en Botanique...
- Ah...J'avais complétement oublié... avoua James. Désolé Mary, on ne t'a pas beaucoup aidé...
- C'est pas grave. J'ai entendu ce qui était arrivé à ton père, la Gazette en a encore parlé ce matin. Je comprends que tu n'aies pas pu assurer ton rôle de coach, dit-elle en souriant. Adrian t'a remplacé.
- Merci, Connelly. Même si je suis irremplaçable, j'apprécie le geste !
Adrian releva les yeux de l'une de ses tasse de thé.
- Tu me connais, je ferais tout pour mon cher capitaine.
- Je ne comprends toujours pas pourquoi vous avez besoin d'un grimoire et de tasse de thé pour l'épreuve, commenta Peter.
- Adrian essaye, et je dis bien essaye, de deviner en quoi va consister l'épreuve et comment je pourrais la gagner grâce à la divination.
- Tu n'avais pas arrêté la divination cette année ?
- Si, reconnut Adrian. Mais je me souviens encore un peu de mes cours de troisième année donc ça ne devrait pas être bien compliqué...Black, qu'est-ce que tu vois là ? Un agneau ou des caches-oreilles ?
Sirius vint se placer derrière lui et observa par-dessus son épaule.
- Personnellement je pencherais plus pour un pull à trois manches...
- Génial, s'exclama Mary. Je sens que cette épreuve va être géniale.
- Tu vas sûrement devoir affronter un agneau qui porte des caches-oreilles tout en tricotant un pull à trois manches, résuma Alexia. Rien d'insurmontable franchement.
- Pourquoi est-ce qu'un agneau aurait plusieurs caches-oreilles ? Répliqua la sixième année. Il n'a qu'une paire d'oreille !
- Est-ce que tu te rends compte que ça n'a aucun sens ? Intervint Marlène en avalant une cuillère de céréales. Je suis sûre que de toute façon Dumbledore a encore laissé un indice quelque part, comme la dernière fois, et qu'on n'a rien capté !
James tenta de se repasser dans la tête le discours du directeur quand il avait annoncé la deuxième épreuve, mais sa mémoire lui fit défaut. De toute façon, il était persuadé que même s'il s'en était rappelé il n'aurait pas compris l'énigme concocté par Dumbledore.
- Tu dois affronter qui déjà ?
- Tiberius Ackerley, Dymphna Zabini et Bertha Jorkins, cita Mary en comptant sur ses doigts. Vous en pensez quoi ? Ils sont bons en botanique ?
- En tout cas, ils sont nuls en divination, décréta Adrian qui était passé au chapitre suivant du grimoire et à sa troisième tasse.
Lily se tourna vers Mary, rassurante.
- Je ne connais pas trop leur niveau, ils sont tous en sixième année. Par contre je sais que toi, tu es la meilleure de notre maison. Tu n'as pas à t'en faire. Tu pourrais aller voir les membres du club de Botanique sinon, juste pour avoir un ou deux conseils ?
- On a un club de Botanique nous ? S'étonna James, stupéfait. Ça existe ?
- Merlin, Potter... Est-ce que tu t'intéresses à autre chose qu'au Quidditch ?
James eut envie de répondre « oui, à toi », mais il se mordit la langue au dernier moment. Il s'était promis d'être plus mature cette année, et surtout il avait affirmé à Lily qu'il ne la draguerait plus à chaque occasion, qu'il lui laisserait « de l'espace » comme disait Remus. Et jusqu'ici, sa technique avait l'air de plutôt bien fonctionner. Certes, elle n'était pas exactement sous son charme mais ils arrivaient à tenir une conversation sans se disputer, ce qui était en soi un large progrès.
Ils terminèrent leur petit-déjeuner tous ensemble, alternant entre les suppositions pour l'épreuve et les prédictions farfelues d'Adrian qui commençait à avoir le teint verdâtre à force de boire du thé depuis une heure, à moins que ça ne soit à force de faire tourner ses tasses dans le sens inverse des aiguilles d'une montre puis de de fixer intensément la bouillie de feuilles ramollies, lesquelles produisaient une douce vapeur à l'odeur douçâtre et écœurante.
- C'est un berret ça ? Non ?
- Si tu fermes l'œil gauche et que tu le regardes la tête à l'envers, oui sans doute, se moqua Sirius.
**
*
Il s'avéra, deux heures plus tard, que l'épreuve ne comportait ni agneau, ni berret, et encore moins de pull à trois manches.
Toute l'école avait reçu comme consigne de se rassembler dans les gradins du terrain de Quidditch...dont le terrain n'était plus vraiment un terrain, à la grande horreur de James. Un labyrinthe végétal se dressait désormais sur la pelouse soigneusement entretenue par les elfes et les élèves pouvaient voir l'intérieur grâce à leurs places en hauteur. Les quatre membres des équipes de chaque maison se tenaient en ligne devant l'entrée, près de Dumbledore. Ils portaient tous leur uniforme ainsi qu'un sac à dos, attendant fébrilement les instructions.
Ces dernières ne tardèrent pas à arriver car la voix de Dumbledore s'éleva brusquement :
- Bonjour à tous ! Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour cette deuxième Epreuve du Tournoi de Poudlard. L'épreuve de Botanique sera très simple...
Mary eut envie de lui dire que si l'épreuve était si simple que ça, alors ses paumes n'auraient pas dû être si moites d'appréhension.
-... Comme vous pouvez le voir, les professeurs et moi-même avons conçu ce labyrinthe végétal. Le but est de le traverser, ni plus ni moins. Qu'importe le chemin que vous emprunter, le premier à ressortir se verra attribuer les 150 points. Dans votre sac à dos se trouve quelques objets qui pourront vous aider face aux différentes plantes qui peuplent le labyrinthe. Certaines vous aideront, certaines seront des obstacles. Pour réussir cette épreuve, vous devrez faire preuve d'une grande connaissance en botanique afin de connaître et d'analyser les différentes propriétés des plantes. N'oubliez pas, chacune d'entre elles pourraient vous servir de plus d'une façon... Ah ! Et j'allais presque oublier : vous devrez traverser le labyrinthe sans baguette.
- Sans baguette ? Répéta Dymphna d'une voix aigüe. Vous voulez dire...sans magie ?
- C'est exact, miss Zabini. Comme je l'ai dit, ce ne sont pas vos aptitudes magiques qui sont testées ici, mais votre connaissance des plantes ainsi que votre capacité à vous en sortir sans avoir recours à la magie.
Il promena son regard bleu sur chacun d'entre eux et Mary resserra instinctivement ses doigts autour de sa baguette, comme si une liane ou une branche d'arbre allait surgir pour la lui arracher des mains.
- Bien, maintenant que toutes les règles ont été exposé, veillez donner votre baguette à votre directeur de maison. Vous les récupérez à la fin de l'Epreuve.
McGonagall se contenta d'un hochement de tête qui devait être pour elle un encouragement en récupérant sa baguette, et Mary vit du coin de l'œil le professeur Slughorn tapoter la joue de Dymphna qui paraissait vouloir lui mordre la main (ou lui casser le poignet).
Finalement, ils se mirent tous en ligne devant l'entrée du labyrinthe. Mary inspira un grand coup, puis, au signal du directeur avança avec les autres. Quand ils entrèrent à l'intérieur, la luminosité se réduisit fortement et un courant d'air s'engouffra autour d'eux. Ce n'était pas vraiment angoissant à proprement parler, la végétation qui les entourait était...chaleureuse ? Mary ne savait pas si on pouvait réellement qualifier des buissons d'amicale, mais c'est ce qu'elle ressentait au sein du labyrinthe. L'épreuve serait sans doute difficile, mais pas au point de mettre leur vie en danger. De l'autre côté des hautes haies, elle pouvait entendre les élèves dans les gradins qui criaient des encouragements et elle crut même reconnaître la voix de James dans le lot.
- Bon, commenta Tiberius Ackerley en regardant tournant sur lui-même pour observer. On ne va rester planter là hein ?
- On ne voudrait pas prendre racines, plaisanta Mary, tendue.
- Oh ! J'aime tes jeux de mots, McDonald ! Si on n'était pas en compétition je te donnerais un coup de pouce rien que pour ça !
Mary sourit.
- Ce n'est pas vos blagues qui vont nous faire avancer, dit Dymphna. On ferait mieux de se séparer, chacun de notre côté.
- Vous êtes sûrs ? Marmonna Bertha, l'air inquiet.
- Certaine. La dernière chose dont j'ai envie c'est de rester coincée dans un labyrinthe avec toi.
Sur ces bons mots, elle balança son sac à dos sur son épaule et partit vers la gauche, ses longs cheveux sombres battant ses épaules. Les autres s'attardèrent encore une seconde, gênés, avant de l'imiter.
Dès que Mary se retrouva seule, elle s'agenouilla et prit le temps de fouiller dans le sac qu'on lui avait donné. Une bouteille d'eau, une boîte d'allumette (étant née-moldue elle fut heureuse de savoir s'en servir, elle se demanda comment les trois autres issus de familles de sorcières allaient s'en sortir), et... une paire de cache-oreille ? Elle retint un éclat de rire et se jura de proclamer Adrian grand Divin du Siècle. Elle ne savait pas à quoi tout ça allait bien pouvoir lui servir, mais elle supposait qu'elle le découvrirait assez vite.
Mary avança de plusieurs pas sur le chemin qu'elle avait emprunté avant de bifurquer sur sa gauche. Les bruits de la foule s'accentuèrent. Bien. C'était déjà une bonne chose, elle avait remarqué que la sortie du labyrinthe se situait juste au pied des gradins. Plus elle entendait la foule et plus elle se rapprochait de la sortie.
Malgré tout, il n'y avait pas que les cris des élèves qui étaient perceptibles. Tout autour d'elle, des bruits étranges s'élevaient, comme des feuilles qui bruissaient ou encore des branches qui craquaient. Au loin, un cri retentit. Mary se figea. C'était Bertha Jorkins, impossible de confondre ce cri hystérique avec quelqu'un autre. Sur quoi avait-elle pu tomber ?
Cependant, alors qu'elle tournait à l'angle, Bertha Jorkins devint le dernier de ses soucis. Au milieu de l'allée, un pot en terre cuite barrait la route, avec dedans une drôle de plante à la face de bébé qui s'agitait en tous sens. D'une extrême laideur, elle avait d'épaisses feuilles qui lui sortaient du crâne et un teint vert pâle couvert de terre. Sa bouche ne cessait de s'ouvrir, comme si elle voulait crier mais en était incapable. Enfin, ça c'était jusqu'à ce qu'elle aperçoive Mary. Aussitôt la mandragore se mit à hurler.
Mary trébucha, étourdie. Elle avait l'impression d'avoir reçu un coup sur la tête et elle chancela, reculant instinctivement. Dès qu'elle fut hors de vue de la plante, l'effet maladif cessa. Le souffle court, elle se laissa tomber à genoux, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Sans savoir comment ils avaient bien pu faire, elle comprit que les professeurs avaient dû ensorceler cette jeune mandragore afin qu'elle ne se mette à crier qu'en voyant quelqu'un. Astucieux. On ne se rendait compte de sa présence que quand elle s'attaquait à vous.
La voix d'Adrian lui traversa l'esprit : « Black, qu'est-ce que tu vois là ? Un agneau ou des caches-oreilles ? ». Sirius s'était trompé. C'était bien un cache-oreille qu'il lui fallait, et justement il y en avait un dans son sac à dos ! Est-ce que ça voulait dire que tous les autres membres d'équipe allaient tomber sur une mandragore ? Possible. Si ça trouve, Bertha Jorkins s'était mise à hurler juste pour crier plus fort que la plante et pouvoir passer cet obstacle. La connaissant, elle avait dû être trop occupé en deuxième année à colporter des ragots pour écouter le cours sur la question.
Ses caches-oreilles en fourrure rose fermement en place sur sa tête -et l'air sûrement ridicule-, Mary s'engagea à nouveau dans l'allée. La mandragore se remit à crier dès qu'elle entra dans son champ de vision, ou du moins c'est ce que Mary supposa. Elle ne la voyait que s'égosiller sans rien entendre, ce qui avait un certain aspect comique.
Ravie, elle continua sa route vers la gauche. Par précaution, elle garda ses caches-oreilles. Pour tout ce qu'elle en savait, d'autres mandragores pouvaient très bien encore se cacher plus loin, et même si elle n'entendait plus les bruits du public avec, elle avait une vague idée de vers où elle devait se diriger pour trouver la sortie. Par terre, elle distinguait plusieurs plantes et fleurs qui tapissaient le sol. Certaines brillaient, presque fluorescente, tandis que d'autres avaient l'air parfaitement normales. Elle hésita. Qu'avait dit Dumbledore ? Que chaque plante pouvait servir ? Elle commença à se baisser pour un cueillir quelques-unes, faisant glisser son cache-oreille dans son cou, quand un nouveau cri déchira le silence. Or, cette fois ce n'était ni une mandragore ni Bertha Jorkins.
- Non ! Hurla la voix. Non, lâche-moi ! Ah !
Mary se releva et sans réfléchir se précipita en direction des cris. En face d'elle, Dymphna Zabini était étendue de tout son long, les jambes prises par d'énormes racines qui ressemblaient de loin à des tentacules qui ne cessaient de s'enrouler autour d'elle comme un gros serpent. Paniquée, la Serpentard tentait vainement d'allumer ses allumettes, les mains tremblantes tandis que son sac à dos gisait un peu plus loin.
- McDonald ! Cria-t-elle en se rendant compte de sa présence. Par Merlin, aide-moi !
- Mais...
- Tout de suite !
Mary jura. Le temps qu'elle atteigne son adversaire, le filet du Diable entourait presque la taille de Dymphna. Du moins, Mary espérait que ça soit un filet du Diable, sinon les allumettes ne leur serait d'aucun secours.
Dès que la première s'enflamma, la planta sembla se retracter sur elle-même, apeurée, mais ne lâcha pas Dymphna pour autant.
- Il en faut plusieurs, dit Mary. Il faut plus de lumière !
- Et bah qu'est-ce que t'attends ? Allume tes trucs moldus, elle va m'étouffer !
Mary déglutit et fit un pas de côté pour éviter une des branches du filet qui tenait de lui saisir la cheville. Elle craqua une nouvelle allumette et la planta dans le sol. Puis une autre. Et encore un autre...jusqu'à vider sa boîte. Le halo des flammes projetait une douce lumière qui irradiait assez pour illuminer toute l'allée, comme si quelqu'un avait créer un gâteau d'anniversaire géant avec plein de bougies. Le filet du Diable parut vouloir luter, mais quand Mary commença à allumer les allumettes du paquet de Dymphna, la plante battit en retraite.
La Serpentard se releva lentement à genoux, secouée. Mary remarqua alors que ses manches étaient déchirées ainsi que des griffures tout le long de ses bras.
- Tu vas bien ?
- Je crois...
- Qu'est-ce que c'est ? C'est le filet du Diable qui a fait ça ?
Dymphna baissa les yeux.
- Non... C'était un Snargalouf. Il m'a eu par surprise à l'entrée du labyrinthe.
Le Snargalouf, si la mémoire de Mary était bonne, était une dangereuse plante carnivore qui ressemblait à une souche d'arbre morte dans son état passif avant de passer à l'action en projetant sur sa proie des vignes pleines d'épines.
- Comment...comment tu t'en es sorti ?
- Je me débattu et j'ai couru. Un peu plus loin j'ai vu Tiberius au prise avec une plante à Pipaillon.
- A papillon ?
Dymphna lui lança un regard noir.
- A Pipaillon, idiote. Tu sais, elle produit une fleur tous les cent ans dont le parfum attire les imprudents ? Elle égare les gens dans la forêt. Tiberius a dû partir dans la mauvaise direction.
- Et tu ne l'as pas aidé ? S'indigna-t-elle.
- Pourquoi je l'aurais fait ? Le but c'est de gagner !
- Si je ne t'avais pas aidé, tu serais toujours à essayer d'allumer une pauvre allumette, Zabini !
- J'avais à peine besoin de toi...
- C'est ça.
Mary secoua la tête. Que faire maintenant ? Repartir chacune de son côté ? Au vu des coups d'œil que Dymphna jetait vers la gauche, elle avait elle aussi remarquer que la sortie était dans cette direction. Nerveusement, elle jouait avec un bracelet à son poignet, étalant sans le faire exprès un filet de sang qui coulait de ses égratignures. Un bracelet qu'elle avait déjà vu sur une autre personne.
- Ça te fait étrange ?
- Quoi ?
- Ça te fait étrange de faire quelque chose sans ta sœur pour une fois ? Explicita Mary.
Cette fois, le regard de Dymphna était carrément glacial.
- A ton avis, McDonald ? Phyllida et moi, on n'a pas passé un jour séparé depuis notre naissance, on est dans le même dortoir depuis cinq ans, et là je me retrouve toute seule dans un labyrinthe plein de plantes monstrueuses qui viennent de manquer de me tuer. Alors oui, si tu veux savoir, je préfèrerais avoir Phyllida avec moi plutôt que...eh bien toi.
Au moins, ça avait le mérite d'être honnête. Mary piétina sur place, gênée. Au bout de quelques secondes, Dymphna soupira.
- Allez viens, il faut continuer. La sortie est par là, autant y aller toutes les deux. Où est mon sac ?
- Juste là...
- Ah ! Dit-elle en le ramassant avant de fouiller dedans. J'ai cru que j'avais perdu mes plantes !
- Quelles plantes ?
- Tu n'en as pas ramassé ?
- J'allais le faire mais...tu as crié alors...
- Hum... Tu veux retourner en chercher ?
- Et te laisser sortir du labyrinthe avant moi ? Hors de question. Je passe devant, tu me dois bien ça.
Dymphna parut sur le point de protester puis hocha la tête à contre cœur. Elles continuèrent leur chemin l'une derrière l'autre, en silence. Mary s'attendait à tout moment à retomber sur une plante carnivore ou un brugnon dévoreur, mais quand elles tournèrent à nouveau, elles furent aveuglées par un carrée de lumière. Les haies s'arrêtaient là, découpant la sortie à quelques mètres à peine.
Le bruit de la foule était assourdissant et Mary comprit pourquoi quand elle vit...Tiberius et Bertha qui se trouvaient déjà sur la pelouse aux côtés de Dumbledore. Son estomac se contracta. Apparemment, le Serdaigle ne s'était pas tant perdu de ça, et si Dymphna avait été l'aider, peut-être serait-elle sortie du labyrinthe bien plus tôt. Mais ce n'était pas le temps de refaire la journée avec des si. La dernière qui franchirait la ligne perdrait l'épreuve. Dymphna parut s'en apercevoir en même temps qu'elle.
Elles partirent au quart de tour. Sauf qu'à la course, Mary avait un avantage : les entraînements de Quidditch. Jamais elle n'avait autant remercié James de leur imposer de courir vingt minutes chaque semaine. Elle dépassa Dymphna en deux foulées et sortit du labyrinthe sous un tonnerre d'applaudissement de la part des Gryffondor.
- Après Serdaigle et Poufsouffle, Gryffondor se place troisième et Serpentard quatrième, annonça Dumbledore. Félicitations à tous !
Mary se précipita en direction des gradins et brandit sa paire de cache-oreille devant le visage d'Adrian, extatique. Il cligna des yeux.
- Tu es un génie ! S'exclama-t-elle.
- Je...J'ai vraiment prédit quelque chose de bon ?
- Oui ! Enfin, il n'y avait pas d'agneau ni rien mais...
Adrian se mit à sautiller sur place.
- Vite ! Donnez-moi une tasse de thé ! Je sens mon troisième œil s'agiter ! Et je prédis une super fête pour Mary McDonald, ce soir !
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